09.02.2015 Views

De l'inconscient au conscient / par le Dr Gustave Geley. 1919.

De l'inconscient au conscient / par le Dr Gustave Geley. 1919.

De l'inconscient au conscient / par le Dr Gustave Geley. 1919.

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

<strong>De</strong> <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong><br />

<strong>conscient</strong> / <strong>par</strong> <strong>le</strong> <strong>Dr</strong><br />

<strong>Gustave</strong> Ge<strong>le</strong>y<br />

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationa<strong>le</strong> de France


Gé<strong>le</strong>y, <strong>Gustave</strong> (1868-1924). <strong>De</strong> <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong> / <strong>par</strong> <strong>le</strong> <strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Ge<strong>le</strong>y. <strong>1919.</strong><br />

1/ Les contenus accessib<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> site Gallica sont pour la plu<strong>par</strong>t des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans <strong>le</strong> domaine public provenant des col<strong>le</strong>ctions de la<br />

BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans <strong>le</strong> cadre de la loi n°78-753 du 17 juil<strong>le</strong>t 1978 :<br />

*La réutilisation non commercia<strong>le</strong> de ces contenus est libre et gratuite dans <strong>le</strong> respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source.<br />

*La réutilisation commercia<strong>le</strong> de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue <strong>par</strong> réutilisation commercia<strong>le</strong> la revente de contenus sous forme de produits<br />

élaborés ou de fourniture de service.<br />

Cliquer ici pour accéder <strong>au</strong>x tarifs et à la licence<br />

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF <strong>au</strong> sens de l'artic<strong>le</strong> L.2112-1 du code général de la propriété des personnes publiques.<br />

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation <strong>par</strong>ticulier. Il s'agit :<br />

*des reproductions de documents protégés <strong>par</strong> un droit d'<strong>au</strong>teur ap<strong>par</strong>tenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés, s<strong>au</strong>f dans <strong>le</strong> cadre de la copie privée, sans<br />

l'<strong>au</strong>torisation préalab<strong>le</strong> du titulaire des droits.<br />

*des reproductions de documents conservés dans <strong>le</strong>s bibliothèques ou <strong>au</strong>tres institutions <strong>par</strong>tenaires. Ceux-ci sont signalés <strong>par</strong> la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque<br />

municipa<strong>le</strong> de ... (ou <strong>au</strong>tre <strong>par</strong>tenaire). L'utilisateur est invité à s'informer <strong>au</strong>près de ces bibliothèques de <strong>le</strong>urs conditions de réutilisation.<br />

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est <strong>le</strong> producteur, protégée <strong>au</strong> sens des artic<strong>le</strong>s L341-1 et suivants du code de la propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.<br />

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica sont régies <strong>par</strong> la loi française. En cas de réutilisation prévue dans un <strong>au</strong>tre pays, il ap<strong>par</strong>tient à chaque utilisateur<br />

de vérifier la conformité de son projet avec <strong>le</strong> droit de ce pays.<br />

6/ L'utilisateur s'engage à respecter <strong>le</strong>s présentes conditions d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en matière de propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. En cas de non<br />

respect de ces dispositions, il est notamment passib<strong>le</strong> d'une amende prévue <strong>par</strong> la loi du 17 juil<strong>le</strong>t 1978.<br />

7/ Pour obtenir un document de Gallica en h<strong>au</strong>te définition, contacter reutilisation@bnf.fr.


DE PHILOSOPHIE CONTEMPORAINE<br />

DE<br />

L'INCONSCIENT<br />

AU<br />

CONSCIENT<br />

PAR<br />

LED" GUSTAVE GELEY<br />

PAtilS<br />

LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN<br />

108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, VIe


A LA MÊME LIBRAIRIE<br />

OUVRAGES DU MÊME AUTEUR<br />

Les preuves du transformisme et <strong>le</strong>s<br />

enseignements de la doctrine<br />

évolutionnisre. 1 vol in-8 avec planches 6 fr.<br />

L'être sub<strong>conscient</strong> 4' édit., <strong>1919.</strong> 1 vol. in-16 2 fr. 50


DE<br />

L'INCONSCIENT<br />

AU<br />

CONSCIENT<br />

PAR<br />

LE DOCTEUR GUSTAVE GELEY<br />

PARIS<br />

LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN<br />

108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, vie<br />

1919<br />

Tous droiln de roproriurtion, de traduetion et d'adaptation<br />

nberrii»1 pour tous pays.<br />

René<br />

PEROT


^uiK!*M» îrni*B3w saimffljs<br />

Co ti.GBT «V ÛU&TAVU Go>LK\


A Monsieur LE Professeur Rocco SANTOLIQUlDO<br />

DÉPUTÉ, CONSEILLER D'ÉTAT D'ITALIE,<br />


PREFACE<br />

BUT ET METHODE<br />

Cet ouvrage est la suite logique de mes études sur<br />

(Eire<br />

Sub<strong>conscient</strong>.<br />

Son but est de comprendre, dans une synthèse plus<br />

complète et plus vaste, l'évolution col<strong>le</strong>ctive et l'évolution<br />

individuel<strong>le</strong>. Sa réalisation s'inspire du même procédé<br />

exprimer <strong>le</strong>s idées avec <strong>le</strong> plus de simplicité,<br />

<strong>le</strong><br />

plus<br />

de<br />

clarté et <strong>le</strong><br />

plus de concision qu'il soit possib<strong>le</strong> éviter <strong>le</strong>s<br />

longues analyses ou <strong>le</strong>s développements écarter surtout<br />

<strong>le</strong>s<br />

digressions faci<strong>le</strong>s, à caractère imaginatif ou poétique.<br />

J'ai voulu, avant tout, faire oeuvre de synllzèse et cette<br />

synthèse doit être considérée en el<strong>le</strong>-même, en dehors et<br />

<strong>au</strong>-dessus de détails négligés ou volontairement omis. Il<br />

n'est pas, en effet, une seu<strong>le</strong> des questions envisagées qui<br />

ne nécessiterait, pour être approfondie, l'effort .de toute une<br />

vie. C'est là l'oeuvre propre des analystes et je la <strong>le</strong>ur<br />

abandonne. La mienne est tout <strong>au</strong>tre, puisqu'el<strong>le</strong> vise,<br />

avant tout, à la recherche idéa<strong>le</strong> d'une vaste conception<br />

de<br />

philosophie<br />

généra<strong>le</strong>,<br />

basée sur <strong>le</strong>s faits.<br />

Evidemment, une tel<strong>le</strong> philosophie<br />

ne s<strong>au</strong>rait avoir,<br />

dans l'état actuel 'des connaissances et de la conscience<br />

humaine, d'<strong>au</strong>tre prétention que de constituer un essai,<br />

une éb<strong>au</strong>che ou, si l'on veut, un plan<br />

dont<br />

<strong>le</strong>s<br />

grandes<br />

lignes et quelques détails sont seuls précisés.<br />

<strong>De</strong> même qu'el<strong>le</strong><br />

est forcément incomplète, cette philosophie<br />

ne s<strong>au</strong>rait être p<strong>le</strong>inement origina<strong>le</strong>.<br />

La plu<strong>par</strong>t<br />

des solutions<br />

qu'el<strong>le</strong> propose, se retrouvent forcément, çà<br />

et là, plus ou moins nettes om plus ou moins déformées,<br />

dans <strong>le</strong>s divers systèmes naturalistes ou métaphysiques.<br />

D- <strong>Gustave</strong> Gk<strong>le</strong>y. 1


U<br />

PRÉFACE<br />

La conception généra<strong>le</strong> de cet ouvrage est cel<strong>le</strong> qui,<br />

après avoir inspiré la plu<strong>par</strong>t, des grands systèmes métaphysiques,<br />

a trouvé son exposition la plus nette et la plus<br />

concrète dans l'œuvre de Schopenh<strong>au</strong>er. Ses prémisses<br />

sont donc identiques mais son développement et ses cou<br />

clusions sont tota<strong>le</strong>ment différents mon travail, en effet.<br />

tend précisément à comb<strong>le</strong>r l'abîme qui, pour Schopenh<strong>au</strong>er,<br />

sé<strong>par</strong>e l'In<strong>conscient</strong> du Conscient. <strong>De</strong> là, une interprétation<br />

tout <strong>au</strong>tre de l'évolution universel<strong>le</strong> et individuel<strong>le</strong>.<br />

Cette interprétation, <strong>au</strong> lieu de conduire <strong>au</strong> pessimisme,<br />

guide, je ne dirai pas à l'optimisme (<strong>le</strong> terme étant<br />

déconsidéré et équivoque), mais là l'idéal invétéré de l'humanité,<br />

idéal conforme à ses espérances éternel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s<br />

plus h<strong>au</strong>tes et <strong>le</strong>s plus sereines, de justice, de bonheur et<br />

de permanence individuel<strong>le</strong>.<br />

Mais l'originalité vraie de la philosophie idéaliste que<br />

j'expose ici, la seu<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> revendique h<strong>au</strong>tement, c'est<br />

d'être scientifique. Au lieu d'être enfermée dans un cadre<br />

dogmatique ou mystique, ou de tenir dans des formu<strong>le</strong>s<br />

purement intuitives ou aprioristiques, el<strong>le</strong> est basée sur<br />

une démonstration positive.<br />

C'est à 'titre de philosophie scientifique, et à ce titre<br />

seu<strong>le</strong>ment, qu'el<strong>le</strong> doit être étudiée et discutée.<br />

Pour édifier ma démonstration, je me suis efforcé de<br />

tenir compte de tous <strong>le</strong>s faits connus, soit dans <strong>le</strong>s sciences<br />

naturel<strong>le</strong>s et la biologie généra<strong>le</strong>, soit dans <strong>le</strong>s données<br />

relatives à la constitution physiologique et psychologique<br />

de l'individu. Dans <strong>le</strong> choix des grandes hypothèses<br />

explicatives, j'ai recherché, avant tout. cel<strong>le</strong>s qui présentaient<br />

<strong>le</strong> doub<strong>le</strong> caractère d'être logiquement déduites<br />

des faits et capab<strong>le</strong>s de s'adapter à tous <strong>le</strong>s faits d'un<br />

même groupe. 'Mon but constant a été d'arriver à des<br />

hypothèses de plus en plus vastes et de plus en plus généra<strong>le</strong>s<br />

jusqu'à découvrir, si possib<strong>le</strong>, une hypothèse suffisamment<br />

vaste et suffisamment généra<strong>le</strong> pour servir à l'in-


l'illilACK<br />

VI<br />

terprétation globa<strong>le</strong> de l'évolution individuel<strong>le</strong> et universel<strong>le</strong>.<br />

Cette méthodologie généra<strong>le</strong><br />

ne s<strong>au</strong>rait donner prise h<br />

la<br />

critique.<br />

Mais j'ai été amené, peu à peu, <strong>par</strong> la force des choses,<br />

à<br />

in<strong>au</strong>gurer d'abord timidement, puis à adopter systématiquement,<br />

une<br />

méthodologie d'ordre secondaire, quoique<br />

néanmoins fort<br />

importante, sur laquel<strong>le</strong> je dois nécessairement<br />

m'expliquer dès maintenant.<br />

En examinant <strong>le</strong>s diverses sciences<br />

biologiques ou psychologiques,<br />

en étudiant <strong>le</strong>s inductions, <strong>le</strong>s déductions t.<br />

<strong>le</strong>s hypothèses classiques tirées de <strong>le</strong>urs données et admises<br />

<strong>par</strong> la<br />

généralité des savants contemporains, j'ai été<br />

frappé des très graves erreurs évidentes dues à l'oubli des<br />

principes de la<br />

méthodologie généra<strong>le</strong> exposés ci-dessus.<br />

Il n'est pas une seu<strong>le</strong> des grandes hypothèses classiques<br />

sur l'évolution, sur la constitution de l'individu physique<br />

ou<br />

psychique, sur la vie et sur la conscience, qui<br />

soit<br />

capab<strong>le</strong> de s'adapter à tous <strong>le</strong>s faits évolutifs, à tous<br />

<strong>le</strong>s faits<br />

physiologiques<br />

ou à tous <strong>le</strong>s faits psychologiques;<br />

à plus forte raison n'en est-il <strong>au</strong>cune susceptib<strong>le</strong> d'embrasser<br />

dividuel<strong>le</strong>.<br />

l'ensemb<strong>le</strong><br />

synthétique<br />

de l'évolution col<strong>le</strong>ctive et in--<br />

Bien mieux, la plu<strong>par</strong>t de ces hypothèses sont, évidemment<br />

et sûrement, en opposition, je <strong>le</strong> démontrerai, avec<br />

des faits bien établis.<br />

Cherchant l'origine première et la c<strong>au</strong>se de ces erreurs<br />

de généralisation, j'ai été amené à <strong>le</strong>s trouver, avant tout,<br />

dans <strong>le</strong> choix des faits primordi<strong>au</strong>x sur <strong>le</strong>squels ont été<br />

basées <strong>le</strong>s inductions et <strong>le</strong>s hypothèses qui constituent la<br />

charpente de la philosophie scientifique contemporaine.<br />

C'est que,<br />

dans toutes <strong>le</strong>s sciences, mais spécia<strong>le</strong>ment en<br />

biologie<br />

et en<br />

psychologie,<br />

<strong>le</strong> choix des faits, en vue d'une<br />

explication synthétique, est<br />

susceptib<strong>le</strong> de conduire à des<br />

méthodes antagonistes<br />

et<br />

<strong>par</strong> suite à des conceptions des


IV<br />

PRÉFACE<br />

choses divergentes et même opposées. On peut concevoir<br />

idéa<strong>le</strong>ment deux méthodes principa<strong>le</strong>s découlant ainsi du<br />

choix des faits.<br />

La première de ces méthodes <strong>par</strong>t du principe qu'il f<strong>au</strong>t<br />

toujours, en sciences, al<strong>le</strong>r du simp<strong>le</strong> <strong>au</strong> comp<strong>le</strong>xe. El<strong>le</strong><br />

prend donc, comme point de dé<strong>par</strong>t, <strong>le</strong>s faits <strong>le</strong>s plus élémentaires,<br />

s'efforce de <strong>le</strong>s comprendre puis passe<br />

<strong>au</strong>x<br />

phénomènes un peu plus comp<strong>le</strong>xes du même ordre, en<br />

<strong>le</strong>ur appliquant la formu<strong>le</strong> explicative déduite de l'étude<br />

approfondie des premiers et ainsi de suite, de la base <strong>au</strong><br />

sommet.<br />

La deuxième de ces méthodes <strong>par</strong>t du principe qu'il<br />

n'existe, pour un ordre de<br />

faits quelconques, d'explication<br />

vraie<br />

que<br />

cel<strong>le</strong> qui est susceptib<strong>le</strong> de s'adapter à<br />

tous <strong>le</strong>s faits de cet ordre. El<strong>le</strong> cherchera, avant tout, une<br />

explication capab<strong>le</strong> de<br />

s'appliquer <strong>au</strong>x phénomènes <strong>le</strong>s<br />

plus comp<strong>le</strong>xes, car cette explication sera faci<strong>le</strong>ment étendue,<br />

à $orliori, <strong>au</strong>x phénomènes plus simp<strong>le</strong>s et moins<br />

é<strong>le</strong>vés et sera forcément conforme à toutes <strong>le</strong>s données<br />

acquises.<br />

La méthode va ainsi du sommet à la base.<br />

Il arrive<br />

fréquemment, bien entendu, que la seconde<br />

méthode aboutisse une impossibilité. C'est<br />

que <strong>le</strong>s données<br />

de fait sont insuffisantes. El<strong>le</strong> avoue alors purement<br />

et simp<strong>le</strong>ment son impuissance et se réserve, dédaignant,<br />

<strong>le</strong>s petites explications de détails, forcément insuffisantes<br />

puisqu'el<strong>le</strong>s n'envisagent qu'une face du<br />

problème.<br />

<strong>De</strong> ces deux méthodes, la première, avant tout analytique,<br />

convient à la science pure. La deuxième, avant<br />

tout synthétique, est cel<strong>le</strong> de la<br />

pure philosophie.<br />

Or, quand il<br />

s'agit<br />

de<br />

questions ressortant à la fois de<br />

ïa science et de la<br />

philosophie, on doit se demander quel<strong>le</strong><br />

est cel<strong>le</strong> de ces deux méthodes qu'il f<strong>au</strong>t adopter.<br />

Une fois une vérité bien établie, il importe peu quc<br />

l'explication connue des phénomènes divers <strong>par</strong>te de la


PRÉFACE<br />

V<br />

base ou du sommet, soit ascendante ou descendante la<br />

synthèse étant assurée, il n'est plus possib<strong>le</strong><br />

de s'égarer.<br />

Mais lorsqu'il s'agit précisément<br />

de rechercher la vérité<br />

et d'asseoir la synthèse,<br />

il est indispensab<strong>le</strong><br />

de faire un<br />

choix et d'examiner avec soin quel<strong>le</strong><br />

est la méthode la<br />

plus sûre et la plus<br />

féconde.<br />

La première méthode est presque<br />

exclusivement<br />

employée.<br />

Son usage repose sur un dogme mdiscuté de la<br />

science contemporaine. Voyons cependant d'un peu près,<br />

avant de nous décider, quelques-uns<br />

des premiers résultats,<br />

actuel<strong>le</strong>ment établis, qu'el<strong>le</strong> a donnés.<br />

Dans l'étude philosophique des phénomènes<br />

de la vie,<br />

si l'on va du sommet la base, de l'homme à l'animalité<br />

supérieure, de l'animalité supérieure à l'animalité inférieure,<br />

on est conduit à admettre que la conscience est ce<br />

qu'il y a de plus important<br />

dans la vie <strong>par</strong>ce que c'est ce<br />

qu'il y a de plus important chez l'homme. Nous sommes<br />

donc amenés à trouver que la conscience, avec tout ce qui<br />

s'y rattache, s'étend, en se rétrécissant peu à peu, jusqu'<strong>au</strong>x<br />

anim<strong>au</strong>x <strong>le</strong>s moins évolués, chez <strong>le</strong>squels el<strong>le</strong> existerait<br />

déjà à l'état d'éb<strong>au</strong>che.<br />

Si, <strong>au</strong> contraire, nous allons de la base <strong>au</strong> sommet, la<br />

conclusion que nous devons tirer des phénomènes<br />

de<br />

la<br />

vie est tout opposée. C'est ce que Le Dantec, entre <strong>au</strong>tres,,<br />

s'est efforcé de faire ressortir (1).<br />

Chez 4'animal très inférieur, <strong>le</strong>s réactions chimiques<br />

du milieu suffisent à déterminer <strong>le</strong>s phénomènes vit<strong>au</strong>x.<br />

La méthode « ascendante » permet donc d'affirmer que<br />

dans tous <strong>le</strong>s phénomènes de la vie, même chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x<br />

supérieurs,<br />

il est inuti<strong>le</strong> de chercher <strong>au</strong>tre chose que<br />

<strong>le</strong> résultat de réactions chimiques. La forme spécifique<br />

d'un animal el<strong>le</strong>-même, nous <strong>le</strong> veTrons, est, pour Le Dantec,<br />

simp<strong>le</strong> fonction de ces réactions.<br />

(1) La Dantec Déterminisme biologique.


VI Vïli. r'ACE<br />

Chez <strong>le</strong>s plastides,<br />

existe un étroit déterminisme chimique<br />

et il<br />

n'y a pas<br />

de motif pour <strong>le</strong>ur attribuer de la<br />

volonté ou de la liberté. Conclusion <strong>le</strong> déterminisme biochimique<br />

est <strong>le</strong> même dans toute la série anima<strong>le</strong> et la<br />

volonté ou la liberté, même chez l'homme, ne sont que des<br />

illusions.<br />

La notion d'une consciences anima<strong>le</strong> est superflue chez<br />

<strong>le</strong>s<br />

plastides.<br />

Si donc el<strong>le</strong> existe chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x supérieurs,<br />

ce n'est qu'à titre d'épiphénomène<br />

concordant <strong>au</strong>x<br />

réactions chimiques qui constitueraient <strong>le</strong> phénomène<br />

essentiel.<br />

Enfin, l'animal très inférieur, tel que l'éponge<br />

ou<br />

<strong>le</strong><br />

corail, n'étant, de toute évidence, qu'un simp<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus<br />

de vies élémentaires, on doit en inférer que même l'animal<br />

très comp<strong>le</strong>xe et très évolué, très centralisé en ap<strong>par</strong>ence,<br />

n'est cependant lui-même<br />

qu'un comp<strong>le</strong>xus analogue,<br />

existant et se .maintenant de lui-même <strong>par</strong> affinité<br />

uu cohésion moléculaires, sans <strong>le</strong> secours d'un<br />

dynamisme<br />

supérieur et indépendant.<br />

Tel est <strong>le</strong> raisonnement et tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s conclusions de<br />

ta méthode « ascendante ». Ces conclusions sont-el<strong>le</strong>s<br />

vraies ou sont-el<strong>le</strong>s f<strong>au</strong>sses <br />

Le raisonnement est rigoureux et impeccab<strong>le</strong>. Si <strong>le</strong>s<br />

conclusions sont f<strong>au</strong>sses, c'est seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>ce que la: méthode<br />

est m<strong>au</strong>vaise.<br />

Nous verrons, en réalité, <strong>par</strong> toute la suite de cet ouvrage.<br />

que, en dépit de la rigueur du raisonnement, l'es<br />

résultats de la méthode sont inacceptab<strong>le</strong>s et souvent<br />

absurdes.<br />

C'est ce qu'il est faci<strong>le</strong> d'établir dès maintenant, sans<br />

sortir du domaine de fa biologie,. Voici un exemp<strong>le</strong><br />

d'in-<br />

(ludion absurde et inévitab<strong>le</strong> de la méthode ascendante r<br />

tcelui de la sensibilité.<br />

Nous connaissons <strong>par</strong> expérience que nous sommes<br />

possesseurs de la sensibilité. Nous en induisons que la


PRÉFACE<br />

VU<br />

sensibilité ap<strong>par</strong>tient à l'humanité. Partant de ce sommet<br />

pour descendre l'échel<strong>le</strong> anima<strong>le</strong>, nous jugeons que l'animal<br />

supérieur possède éga<strong>le</strong>ment la sensibilité, <strong>par</strong>ce que<br />

ses manifestations de dou<strong>le</strong>ur ou de plaisir se rapprochent<br />

de nos propres manifestations.<br />

Si nous continuons descendre l'échel<strong>le</strong> anima<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

manifestations sont moins nettes et, pour <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x infériéurs,<br />

deviennent d'une interprétation douteuse.<br />

« Les signes de la dou<strong>le</strong>ur, dit Richet (1), ne suffisent<br />

pas affirmer la dou<strong>le</strong>ur. Qu'à une grenouil<strong>le</strong> décapitée<br />

on pince la patte el<strong>le</strong> se débattra, avec tous <strong>le</strong>s signes<br />

-extérieurs de la dou<strong>le</strong>ur, tout à fait comme si el<strong>le</strong> souffrait.<br />

Qu'on coupe en deux un lombric, <strong>le</strong>s deux tronçons<br />

vont se débattre convulsivement. Dira-t-on qu'ils souffrent<br />

tous <strong>le</strong>s deux, ou bien ce qui. ,me <strong>par</strong>aît be<strong>au</strong>coup<br />

plus rationnel, ne pensera-t-on pas que <strong>le</strong> tr<strong>au</strong>matisme a<br />

déterminé une vio<strong>le</strong>nte action réf<strong>le</strong>xe »<br />

Donc, si nous attribuons de la sensibilité <strong>au</strong>x êtres <strong>le</strong>s<br />

moins é<strong>le</strong>vés de l'échel<strong>le</strong> anima<strong>le</strong>, c'est <strong>par</strong> une induction<br />

descendante. Notre raisonnement va du sommet la<br />

base.<br />

Suivons la marche inverse si nous examinons d'abord,<br />

en faisant abstraction de notre expérience personnel<strong>le</strong>.<br />

des anim<strong>au</strong>x très inférieurs, nous serons portés logiquement<br />

à <strong>le</strong>ur dénier la sensibilité, puisque toutes <strong>le</strong>urs<br />

réactions peuvent s'expliquer <strong>par</strong> des réf<strong>le</strong>xes.<br />

La sensibilité <strong>au</strong> plaisir ou à la dou<strong>le</strong>ur est, chez eux,<br />

une hypothèse inuti<strong>le</strong>, et conformément <strong>au</strong> principe méthodologique<br />

de l'économie des hypothèses, el<strong>le</strong> doit être<br />

écartée.<br />

Mais alors, pourquoi admettre cette sensibilité chez <strong>le</strong>s<br />

anim<strong>au</strong>x plus é<strong>le</strong>vés Tout peut <strong>au</strong>ssi s'expliquer <strong>par</strong> des<br />

réf<strong>le</strong>xes. Comme dit Richet (1) ,<strong>le</strong> cri d'un chien que l'on<br />

(1) TIichet Psyeholoo if- généra<strong>le</strong>.


\'fll<br />

PRÉFACE<br />

1<br />

frappe peut n'être à la rigueur qu'un mouvement réf<strong>le</strong>xe<br />

Et ce raisonnement n'est pas absurde, puisque c'était précisément<br />

celui des Cartesiens. Cependant, poussé jusqu'à<br />

la négation de la sensibilité humaine, il devient insoutenab<strong>le</strong>.<br />

Il incite alors à mettre, comme <strong>De</strong>scartes, l'homme<br />

en dehors de l'animalité ce qui est évidemment une grossière<br />

et dangereuse erreur.<br />

Donc, la méthode qui consiste à <strong>par</strong>tir de la base pour<br />

expliquer l'un des phénomènes vit<strong>au</strong>x essentiels est prise<br />

en flagrant déli-t d'erreur. El<strong>le</strong> est donc suspecte pour<br />

tous <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres. Sans doute, objectera-ton, la méthode<br />

contraire peut <strong>au</strong>ssi induire en erreur « Témoin, dit Le<br />

Dantec (1), la fameuse observation de Carter, dans laquel<strong>le</strong><br />

une amibe guettait à la sortie du corps maternel une jeune<br />

acinète sur <strong>le</strong> point d'éclore. L'acinète est un protozaire<br />

muni, à l'état adulte, de tentacu<strong>le</strong>s vénimc.ux <strong>par</strong>ticulièrement<br />

dangereux pour l'amibe mais ces tentacu<strong>le</strong>s<br />

n'existent pas chez l'acinète jeune et l'amibe observée <strong>par</strong><br />

Carter s<strong>au</strong>ait (!!) que la jeune acinète qui allait sortir du<br />

corps de sa mère serait comestib<strong>le</strong> pendant <strong>le</strong>s premiers<br />

temps de son existence. »<br />

L'erreur est comique mais qui ne voit de suite qu'el<strong>le</strong><br />

est absolument insignifiante <strong>au</strong> point de vue philosophique<br />

et qu'el<strong>le</strong> dis<strong>par</strong>aît d'el<strong>le</strong>-même devant <strong>le</strong>s connaissances<br />

nouvel<strong>le</strong>s relatives à l'instinct. Cette erreur, ne portant<br />

que sur un point de détail, n'atteint en rien l'induction<br />

descendante qui accorde une conscience relative à<br />

toute<br />

l'animalité.<br />

Même si c'était arbitrairement que l'induction s'étendait<br />

à l'animalité inférieure, cela ,serait sans importance<br />

il n'y a pas d'inconvénient sérieux à attribuer à cette animalité,<br />

fut-ce arbitrairement, une conscience et une sensibilité<br />

rudit <strong>le</strong>ntaires.<br />

Au contraire, <strong>le</strong>s erreurs de la méthode ascendante sont<br />

(1) Ln Danteo Le Déterminisme biologique.


il<br />

formidab<strong>le</strong>s, puisqu'el<strong>le</strong>s iraient jusqu'à refuser <strong>au</strong>x anim<strong>au</strong>x<br />

supérieurs cette conscience et cette sensibilité<br />

On voit combien<br />

Auguste Comte avait raison quand il<br />

disait « Dès<br />

qu'il s'agit des caractères- de l'animalité,<br />

nous devons <strong>par</strong>tir de l'homme, et voir comment ils se dégradent<br />

peu à<br />

peu, plutôt que de <strong>par</strong>tir de l'éponge et de<br />

chercher comment ils se<br />

développent. La vie anima<strong>le</strong> de<br />

l'homme nous aide à<br />

comprendre cel<strong>le</strong> de<br />

l'éponge, mais<br />

la<br />

réciproque n'est pas vraie ».<br />

<strong>De</strong> la biologie, passons à la psychologie. Considérons,<br />

<strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s phénomènes dits de subconscience qui<br />

tiendront une si large place dans mon travail.<br />

Là, surtout nous verrons étalée l'opposition entre <strong>le</strong>s<br />

deux<br />

méthodes.<br />

Dans une étude <strong>par</strong>ue dans <strong>le</strong>s Anna<strong>le</strong>s des sciences<br />

psychiques, j'avais préconisé la méthode synthétique,<br />

pour l'étude<br />

philosophique des phénomènes de subconscience.<br />

Je m'étais efforcé de montrer que, seu<strong>le</strong>, l'étude<br />

des phénomènes <strong>le</strong>s plus comp<strong>le</strong>xes permettrait de comprendre<br />

l'ensemb<strong>le</strong> de la question tandis que l'étude, si<br />

approfondie fut-el<strong>le</strong>, des phénomènes élémentaires, serait<br />

toujours incapab<strong>le</strong> d'apporter <strong>le</strong> moindre éclaircissement.<br />

Je concluais que, <strong>au</strong> point de vue<br />

philosophique<br />

bien entendu,<br />

seu<strong>le</strong>s étaient vraiment capita<strong>le</strong>s l'étude et la compréhension<br />

des phénomènes supérieurs. (1)<br />

Cet exposé méthodologique<br />

m'a valu de vives attaques,<br />

spécia<strong>le</strong>ment de la <strong>par</strong>t de M. Boirac (2).<br />

M. Boirac, comme faisait Le Dantoc pour <strong>le</strong>s phéno-<br />

(.1) Il f<strong>au</strong>t remarquer expressément que, en ce qui concerne <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong>, phénomènes élémentaires et phénomènes comp<strong>le</strong>xes ront<br />

éga<strong>le</strong>ment inexpliqués. Que l'on prenne, <strong>le</strong>s uns ou <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres pour<br />

(point de dé<strong>par</strong>t, on va toujours de l'inconnu à Vinconnu. Le principe<br />

cartésien ne s<strong>au</strong>rait donc être objeacté à notre méthode.<br />

(2) Boirao Anna<strong>le</strong>s des Sciences psychiques, «et L'Avenir des<br />

étxedes psychique, o.


X<br />

PRÉFACE<br />

mènes<br />

biologiques,<br />

sui-<br />

l'appui de son idée, il<br />

apporte la<br />

com<strong>par</strong>aison<br />

vante vouloir comprendre <strong>le</strong>s phénomènes sub<strong>conscient</strong>s<br />

affirme que l'on doit étudier et interpréter,<br />

de la base <strong>au</strong> sommet, <strong>le</strong>s phénomènes élémentaires<br />

d'abord, puis <strong>le</strong>s phénomènes de plus en plus comp<strong>le</strong>xes.<br />

é<strong>le</strong>vés, avant de comprendre <strong>le</strong>s plus élémentaires, est<br />

<strong>au</strong>ssi illogique que de vouloir comprendre <strong>le</strong> phénomène<br />

de la foudre eu bou<strong>le</strong> avant d'avoir compris <strong>le</strong>s principes<br />

élémentaires de l'é<strong>le</strong>ctricité.<br />

A cela je pourrais répondre que<br />

c'est <strong>au</strong>tre chose d'étudier<br />

<strong>le</strong>s phénomènes de l'é<strong>le</strong>ctricité et même <strong>le</strong>s soumettre<br />

à des applications 'pratiques,<br />

et <strong>au</strong>tre chose de comprendre<br />

l'essence de l'é<strong>le</strong>ctricité. Notre compréhension de<br />

l'é<strong>le</strong>ctricité, notre compréhension philosophique ne<br />

repose<br />

et ne<br />

reposera que sur des hypothèses provisoires, tant<br />

qu'on n'en <strong>au</strong>ra pas compris <strong>le</strong>s manifestations <strong>le</strong>s plus<br />

comp<strong>le</strong>xes.<br />

Aussi bien, rien de plus faci<strong>le</strong> que d'opposer com<strong>par</strong>aison<br />

à<br />

com<strong>par</strong>aison<br />

rai à J. Loeb<br />

En voici une <strong>au</strong>tre Gue j'emprunte-<br />

« Heureux <strong>le</strong>s physiciens, s'écriait Loeb, de n'avoir<br />

jamais connu la méthode de recherches des coupes et des<br />

colorations Que fut-il advenu si, <strong>par</strong> fortune, une machine<br />

,à vapeur fût tombée dans <strong>le</strong>s mains d'un physicien<br />

histologiste Que de milliers de coupes ,en surface et en<br />

épaisseur, diversement colorées et recolorées, que<br />

de<br />

dessins,<br />

que<br />

de<br />

figures, sans arriver sans doute à apprendre<br />

que la machine est une machine à feu et qu'el<strong>le</strong> sert à<br />

transformer la cha<strong>le</strong>ur en mouvement » (Cité <strong>par</strong> Dastre).<br />

Cette com<strong>par</strong>aison met en lumière <strong>le</strong> caractère distinctif<br />

des deux méthodes<br />

La méthode d'analyses restreintes, d'études approfondies<br />

de détails a une<br />

grande importance scientifique el<strong>le</strong>


PRÉFACE<br />

XI<br />

"est sans va<strong>le</strong>ur philosophique. La méthode de synthèse<br />

généra<strong>le</strong> est la seu<strong>le</strong> qui importe la<br />

philosophie<br />

scientifique,<br />

<strong>par</strong>ce que seu<strong>le</strong> el<strong>le</strong> fait ressortir ce qu'il y a de<br />

vraiment<br />

important dans un ordre de faits.<br />

Ce qu'il<br />

a de vraiment important, dans la machine ;i<br />

vapeur, c'est la ch<strong>au</strong>dière et <strong>le</strong> mécanisme moteur. Quand<br />

on <strong>au</strong>ra compris ce mécanisme, il ne sera vraiment pas<br />

diffici<strong>le</strong> de comprendre <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> des pièces accessoires, des<br />

roues et des freins. Mais ce serait folie de vouloir comprendre<br />

la locomotive <strong>par</strong> une étude, si complète fût-el<strong>le</strong>,<br />

d'un boulon détaclt.é de la machine ou d'un rayon d'une<br />

roue<br />

<strong>au</strong>x « physiciens histologistcs<br />

» font évidemment pendant<br />

<strong>le</strong>s<br />

ipsychistes cantonnés dans l'étude systématique<br />

des petits faits. Les uns et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres aboutissent >à la même<br />

impuissance.<br />

Je conclus <strong>au</strong> point de vue plzilosoplzigue (<strong>le</strong> seul <strong>au</strong>quel<br />

je me<br />

place), dans un ordre de faits donné, seu<strong>le</strong> importe<br />

la compréhension des faits <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés, <strong>par</strong>ce<br />

qu'el<strong>le</strong> comporte, fortiori, cel<strong>le</strong> de tous <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres.<br />

Seu<strong>le</strong>, <strong>par</strong> conséquent, est féconde la méthode descendante<br />

qui <strong>par</strong>t systématiquement de ces faits é<strong>le</strong>vés.<br />

Du reste, on<br />

juge l'arbre à ses fruits c'est grâce<br />

à<br />

cette méthode, nous <strong>le</strong> verrons, qu'on arrive explique<br />

tous <strong>le</strong>s phénomènes de la vie et de la conscience, toute<br />

l'évolution col<strong>le</strong>ctive et individuel<strong>le</strong>, a<br />

<strong>le</strong> sens de l'univers.<br />

comprendre<br />

même<br />

Avec la méthode analytique et ascendante, <strong>au</strong> contraire,<br />

on ne voit rien, on n'arrive à rien, sinon à des erreurs de<br />

généralisation formidab<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>s qui ont vicié toute la<br />

philosophie contemporaine quand toutefois l'on ne Sp<br />

perd pas purement et simp<strong>le</strong>ment dans un verbalisme insignifiant.<br />

En voulant tirer, de<br />

-seignements<br />

génér<strong>au</strong>x,<br />

phénomènes élémentaires, des en-<br />

on en arrive dénier <strong>au</strong>x ani-


XII<br />

PRÉFACE<br />

m<strong>au</strong>x la sensibilité et à réduire la conscience <strong>au</strong> rô<strong>le</strong><br />

d'épiphénomène.<br />

En<br />

prenant comme base, dans l'étude des faits psychologiques,<br />

<strong>le</strong>s petites<br />

manifestations<br />

hypnoïdes<br />

ou hystériformes,<br />

on n'aboutit<br />

qu'à<br />

ramener toute la psychologie<br />

sub<strong>conscient</strong>e même supérieure,<br />

à l'<strong>au</strong>tomatisme ou à la<br />

suggestibilité.<br />

Pire encore, <strong>par</strong> fidélité aveug<strong>le</strong> à une méthode stérilisante,<br />

de très bons esprits sont fata<strong>le</strong>ment voués à l'impuissance<br />

et gaspil<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>ur temps et <strong>le</strong>ur peine à fabriquer<br />

ou à renouve<strong>le</strong>r des étiquettes à déf<strong>au</strong>t de l'idée généra<strong>le</strong><br />

qui se dérobe, ils inventent <strong>le</strong> pylhiatisme ou la<br />

métagnomie.<br />

La méthode que nous avons choisie nous offre, comme<br />

guides, deux critériums essentiels, un criterium<br />

critique<br />

et un critérium pratique.<br />

Le cr°itérium critiguc nous permettrai de considérer<br />

comme<br />

f<strong>au</strong>sse<br />

et de rejeter, sans plus amp<strong>le</strong> examen, toute<br />

explications ou hypothèse qui, dans un. ordre de laits connexes,<br />

ne s'adapte qu'à une <strong>par</strong>tie de ces<br />

laits<br />

et non à<br />

tous <strong>le</strong>s laits, spécia<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>x plus comp<strong>le</strong>xes.<br />

Le critériurn pratique nous imposera, dans urt ordre de<br />

laits connexes, l'étude systématique et immédiate des laits<br />

<strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés et <strong>le</strong>s<br />

plus comp<strong>le</strong>xes.<br />

Qu'il s'agisse de l'évolution universel<strong>le</strong> et des théories<br />

naturalistes, de l'individualité<br />

physiologique ou psychologique,<br />

ou même des plus h<strong>au</strong>tes questions philosophiques,<br />

nous nous attaquerons, tout d'abord, <strong>au</strong>x faits <strong>le</strong>s plus importants,<br />

qui sont <strong>le</strong>s seuls importants négligeant<br />

momentanément<br />

la poussière des faits élémentaires et simp<strong>le</strong>s,<br />

qui s'expliqueront d'eux-mêmes ensuite.<br />

Au lieu de<br />

piétiner dans cette menue poussière des faits<br />

élémentaires qui retarde indéfiniment, en l'obscurcissant,


PRÉFACE<br />

XHI<br />

la marche ascendante, nous nous élancerons, <strong>par</strong> bonds,<br />

sur <strong>le</strong>s sommets d'où nous pourrons ensuite, après nous<br />

être instruits <strong>par</strong> un large regard<br />

d'ensemb<strong>le</strong> sur ,tout <strong>le</strong><br />

domaine accessib<strong>le</strong>, redescendre à loisir et sans<br />

pour en explorer tous <strong>le</strong>s recoins.<br />

peine,<br />

Notre travail est tout naturel<strong>le</strong>ment divisé en deux <strong>par</strong>ties<br />

principa<strong>le</strong>s<br />

Le livre Ier est une étude critique des théories classiques<br />

relatives à l'évolution, à l'individualité<br />

physiologique,<br />

l'individualité<br />

psychologique<br />

et <strong>au</strong>x principa<strong>le</strong>s philosophies<br />

évolutives en même temps qu'un aperçu<br />

des inductions<br />

essentiel<strong>le</strong>s du livre TI.<br />

à<br />

Le livre II" est l'exposé même d r.nîrf<br />

scientifique.


LIVRE<br />

PREMIER<br />

L'UNIVERS ET L'INDIVIDU<br />

D'APRES LES THEORIES SCIENTIFIQUES<br />

ET PHILOSOPHIQUES CLASSIQUES<br />

{Elude<br />

Critique)


PREMIERE<br />

PARTIE<br />

LKS THEORIES NATURALISTES CLASSIQUES<br />

DE<br />

L'EVOLUTION<br />

<strong>Dr</strong> CrBS:4if. Gwjsiir. , 2


LES THEORIES NATURALISTES CLASSIQUES<br />

DE<br />

L'EVOLUTION<br />

AVANT-PROPOS<br />

Si l'évolution, considérée dans son ensemb<strong>le</strong>, constitue<br />

<strong>au</strong>jourd'hui l'une des<br />

grandes hypothèses scientifiques <strong>le</strong>s<br />

mieux établies, el<strong>le</strong> présente encore néanmoins, dans sa<br />

systématisation et dans sa philosophie, de sérieuses difficultés.<br />

Le principe même de l'évolutionnisme, basé sur <strong>le</strong>s<br />

preuves capita<strong>le</strong>s tirées des sciences naturel<strong>le</strong>s, défie tonte<br />

réfutation tentée de bonne foi.<br />

Par contre il est, dans la doctrine transformiste, tel<strong>le</strong><br />

qu'el<strong>le</strong> a été enseignée jusqu'à présent, .des points faib<strong>le</strong>s,<br />

de graves lacunes sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s spécu<strong>le</strong>nt ses adversaires.<br />

Ne pouvant plus ou n'osant plus attaquer<br />

l'évolutionnisme<br />

de front, ils gardent ainsi l'espoir d'en venir à bout<br />

<strong>par</strong> des voies détournées.<br />

II ne serait donc pas seu<strong>le</strong>ment puéril, il serait dangereux,<br />

<strong>au</strong> point de vue philosophique, de nier ou de dissimu<strong>le</strong>r<br />

ces points faib<strong>le</strong>s ou ces lacunes. Il<br />

importe, <strong>au</strong><br />

contraire, en <strong>le</strong>s mettant en p<strong>le</strong>ine lumière, de chercher<br />

<strong>le</strong>ur raison d'être et <strong>le</strong>ur explication.<br />

Les objections faites à l'évolutionnisme ne sont pas, je<br />

<strong>le</strong> répète, des objections de principe. El<strong>le</strong>s ne visent pas


6 DE l.'lNCOXSCIKNT AU CONSCIENT<br />

<strong>le</strong> fait même de l'évolution. El<strong>le</strong>s sont néanmoins redoutab<strong>le</strong>s,<br />

<strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong>s ébran<strong>le</strong>xri <strong>le</strong>s deux piliers sur <strong>le</strong>squels<br />

on avait basé <strong>le</strong> transformisme, c'est-à-dire ses notions<br />

classiques de c<strong>au</strong>salité et de modalité.<br />

C'est tout <strong>le</strong> mécanisme de l'évolution qui se trouve être<br />

maintenant<br />

sujet<br />

à révision. Ce mécanisme, on <strong>le</strong> sait,<br />

re<strong>le</strong>vait de deux grandes hypothèses l'hypothèse darwinienne<br />

et l'hypothèse lamarckienne.<br />

L'hypothèse<br />

darwinienne attribuait un rô<strong>le</strong> essentiel à<br />

la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>, c'est-à-dire à la survivance des plus<br />

aptes dans la lutte pour la vie <strong>le</strong>s plus aptes étant ceux<br />

qui se distinguent de <strong>le</strong>urs congénères <strong>par</strong> un avantage<br />

physique<br />

ou psychologique relativement <strong>au</strong>x nécessités<br />

vita<strong>le</strong>s ambiantes, et cet<br />

L'hypothèse lamarckienne accordait un rô<strong>le</strong> capital à<br />

l'influence du milieu, à<br />

organes<br />

nouve<strong>au</strong>x<br />

l'usage ou <strong>au</strong> non<br />

usage<br />

<strong>au</strong> besoin, créateur de nouvel<strong>le</strong>s fonctions et de<br />

organes.<br />

Ces deux c<strong>au</strong>ses classiques, <strong>par</strong>faitement conciliab<strong>le</strong>s<br />

ou même complémentaires l'une de l'<strong>au</strong>tre, impliquaient<br />

nécessairement la notion de modifications <strong>le</strong>ntes, insensib<strong>le</strong>s<br />

et innombrab<strong>le</strong>s, pour la formation progressive des<br />

diverses espèces, depuis la ou <strong>le</strong>s formes primitives et élémentaires<br />

jusqu'il. l'homme.<br />

A ces deux hypothèses généra<strong>le</strong>s sont venues s'ajouter.<br />

de nos jours, d'innombrab<strong>le</strong>s théories secondaires, destinées<br />

soit à établir des lois <strong>par</strong>ticulières, tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s<br />

de l'hérédité soit à combattre <strong>le</strong>s objections, sans cesse<br />

renaissantes et. multipliées, que l'analyse rigoureuse des<br />

faits apportais la conception classique du transformisme.<br />

Parmi ces théories, <strong>le</strong>s unes se rattachent <strong>au</strong> darwinisme,<br />

<strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres <strong>au</strong>u lamarckisme, <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres ec<strong>le</strong>ctiquement<br />

<strong>au</strong>x deux systèmes. Les unes ne comportent, que des<br />

explications purement mécaniques <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres s'élèvent<br />

des<br />

avantage étant ap<strong>par</strong>u <strong>par</strong> hasard.


LES THÉORIES NATURALISTES CLASSIQUES DE L'ÉVOLUTION 7<br />

<strong>au</strong>x conceptions dynamiques quelques unes enfin empiètent<br />

sur <strong>le</strong> domaine métaphysique (1).<br />

Sur toutes, on peut porter<br />

<strong>le</strong><br />

même<br />

jugement<br />

d'ensemb<strong>le</strong><br />

el<strong>le</strong>s font preuve d'une ingéniosité prodigieuse<br />

et<br />

d'une<br />

impuissance plus prodigieuse<br />

encore.<br />

Je ne discuterai ni ces théories, ni <strong>le</strong>urs explications<br />

prétendues<br />

des difficultés du transformisme.<br />

Les arguments innombrab<strong>le</strong>s, pour<br />

ou contre <strong>le</strong> transformisme,<br />

pour ou contre <strong>le</strong> naturalisme classique, qu'on<br />

a invoquées çà et là, ne s<strong>au</strong>raient comporter, tant qu'ils<br />

restent d'ordre secondaire, de conviction, ni de conclusion<br />

Fidè<strong>le</strong> à la méthode que j'ai exposée ci-dessus, je négligerai<br />

ces arguments<br />

de détails et considérerai seu<strong>le</strong>s, immédiatement<br />

et directement, <strong>le</strong>s difficultés essentiel<strong>le</strong>s ei<br />

primordia<strong>le</strong>s, c'est-à-dire <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s difficultés réel<strong>le</strong>s du<br />

transformisme. Peu importent <strong>le</strong>s imperfections secondaires<br />

de l'édifice naturaliste il s'agit de voir si <strong>le</strong> corps<br />

même de cet édifice, sa charpente et ses clés de voûte,<br />

sont solides ou débi<strong>le</strong>s<br />

Les difficultés capita<strong>le</strong>s du transformisme classique sont<br />

<strong>au</strong> nombre de cinq.<br />

En voici l'énumération<br />

1° Les facteurs classiques sont impuissants faire<br />

l'origine<br />

même des espèces.<br />

2° Les facteurs classiques sont impuissants d faire<br />

comprendre<br />

comprendre<br />

l'origine des instincts.<br />

3° Les facteurs classiques<br />

<strong>le</strong>s transformations brusques<br />

sont incapab<strong>le</strong>s d'exnliguer<br />

créatrices de nouvel<strong>le</strong>s espèces.<br />

4" Les facteurs classiques sont incapab<strong>le</strong>s d'expliquer<br />

(1) Consulteur surtout DEGAGE et *Jot,dsmith <strong>le</strong>st théories de<br />

l'Evolution (Flammarion, éditeur). <strong>De</strong>perrot .Les transformations<br />

du monde animal.


8<br />

DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

« la cristallisation » immédiate et définitive des caractères<br />

restent<br />

sont acquis très rapidement et, une fois acquis,<br />

immuab<strong>le</strong>s.<br />

5° Les lacteurs classiques sont impuissants à résoudre<br />

la diUiculté généra<strong>le</strong> d'ordire philosophigue relative à<br />

l'éuolution<br />

g-ui, du simp<strong>le</strong> lait sortir <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xes est du<br />

C'<br />

moins lait sortir <strong>le</strong> plus.<br />

essentiel<strong>le</strong>s.<br />

Etudions successivement ces cinq<br />

difficultés<br />

essentiels des nouvel<strong>le</strong>s espéces ou des nouve<strong>au</strong>x instincts;<br />

<strong>le</strong> fait que ces caractères, dans <strong>le</strong>urs grandes lignes,


PREMIERE<br />

PARTIE<br />

CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

LES FACTEURS CLASSIQUES SONT IMPUISSANTS<br />

A FAIRE COMPRENDRE L'ORIGINE MEME<br />

DES<br />

ESPECES<br />

'Il n'est pas<br />

malaisé de faire ressortir que ni l'hypothèse<br />

darwinienne, ni l'hypothèse lamarcltienne ne peuvent<br />

faire comprendre l'origine<br />

des caractères constitutifs d'une<br />

espèce<br />

aouvel<strong>le</strong><br />

L'hypothèse darwinienne d'abord<br />

La sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>, considérée comme facteur essentiel<br />

du transformisme, se heurte à de grosses objections,<br />

objections de principe. et objections de fait. Il est inuti<strong>le</strong><br />

de <strong>le</strong>s discuter toutes, car il suffit d'une seu<strong>le</strong> de ces objections,<br />

la plus grave, pour démontrer l'impuissance du système.<br />

La voici<br />

Pour<br />

qu'une<br />

modification<br />

quelconque,<br />

survenuc dans la<br />

caractéristique d'une espèce ou d'un individu, donne, à<br />

cette espèce ou à cet individu, un avantage appréciab<strong>le</strong><br />

dans la lutte pour la vie, il f<strong>au</strong>t, de toute évidence, que cette<br />

modification soit assez marquée pour être utilisab<strong>le</strong>.<br />

Or, .um organe embryonnaire, une modification à l'état<br />

d'éb<strong>au</strong>che seu<strong>le</strong>ment, ap<strong>par</strong>us <strong>par</strong> hasard chez un être ou<br />

un<br />

groupe d'êtres ne <strong>le</strong>ur peuvent être d'<strong>au</strong>cune utilité<br />

pratique<br />

et ne <strong>le</strong>ur- donnent <strong>au</strong>cun avantage (1).<br />

(1) Inuti<strong>le</strong> d'insister, d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, sur ce qu'il y a d'antiscientifique<br />

et d'antiphjlœapîiitjue ù faire an hasard, <strong>le</strong> facteur principal<br />

-de l'évolution.


UK t. l.N't O.S< li M < !• 1<br />

L'oise<strong>au</strong> provient du: repti<strong>le</strong>. Or, un embryon d'aî<strong>le</strong>,<br />

ap<strong>par</strong>u <strong>par</strong> hasard, on ne sait pourquoi.ni comn^snt, chez<br />

<strong>le</strong> repti<strong>le</strong> ancestral, ne<br />

pouvait pas<br />

donner a ce repti<strong>le</strong><br />

la<br />

capacité<br />

et <strong>le</strong>s avantages du vol et ne lui fournissai: <strong>au</strong>cune<br />

supériorité sur <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres repti<strong>le</strong>s, dépourvus de ce rudiment<br />

inutilisab<strong>le</strong>.<br />

Il est donc impossib<strong>le</strong> d'attribuer à la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> passage du repti<strong>le</strong> à l'oise<strong>au</strong>.<br />

Le batracien provient du poisson. Ce n'est<br />

pas<br />

douteux<br />

puisque nous voyons cette évolution se renouve<strong>le</strong>r pendant<br />

la vie du tétard, <strong>par</strong>une<br />

série de<br />

changements<br />

successifs,<br />

perfectionnant <strong>le</strong> cœur, faisant ap<strong>par</strong>aître <strong>le</strong> poumon,<br />

donnant naissance <strong>au</strong>x pattes, etc.<br />

Mais une éb<strong>au</strong>che de pattes et de poumons ne donne <strong>au</strong>cune<br />

supériorité <strong>au</strong> poisson qui la posséderais, Pour<br />

avoir un avantage sur ses congénères, il est indispensab<strong>le</strong><br />

que<br />

son cœur, ses poumons, ses crganes locomoteurs<br />

soient déjà suffisamment développés pour lui permettre<br />

de vivre hors de l'e<strong>au</strong> comme xe fait, cette évolution<br />

achevée, et à ce moment seu<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> têtard de la<br />

grenouil<strong>le</strong>.<br />

Les transformations embryonnaires<br />

de l'insecte sont<br />

plus frappantes encore. Il y<br />

a un tel abîme entre l'anatomie<br />

et la physiologie de la larve et cel<strong>le</strong>s de l'inssclc <strong>par</strong>fait,<br />

qu'il est évidemment impossib<strong>le</strong> de trouver, dans la<br />

sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>, l'explication<br />

de l'évolution ancestra<strong>le</strong><br />

(1).<br />

Comprenant toute la va<strong>le</strong>ur de l'objection, certains néodarwiniens<br />

n'ont pas hésité à faire appel à la théorie la-<br />

(1) La larve de l'insecte ne représente pas exactement l'ineecte<br />

primitif, car el<strong>le</strong> a subi des changements importants, <strong>par</strong> suite<br />

d'adaptations nécessitées <strong>par</strong> ses modes d'existences. Mais, même si<br />

l'on fait abstraction de ces modifications semndaires, on constate<br />

vn abîma énorme entre ce qu'était l'insecte primitif<br />

et ce qu'est<br />

l'insecte évolué.


l'oiugine DES ESPÈCES il<br />

marckienne de l'influence du milieu et placer l'origine<br />

des modifications créatrices de nouvel<strong>le</strong>s espèces<br />

dans<br />

une association d'influence de l'adaptation et de la sé<strong>le</strong>ction.<br />

Cette théorie, dite de la sé<strong>le</strong>cfion organique,<br />

a été formulée<br />

<strong>par</strong><br />

Baldwin et Osborn en Amérique, et Lloyd Morgan<br />

en Ang<strong>le</strong>terre. El<strong>le</strong> peut se résumer ainsi<br />

Si la variation ap<strong>par</strong>ue <strong>par</strong> hasard se trouve coïncider<br />

ou concorder avec une variation identique<br />

due à l'in-<br />

En réalité, cette théorie de la sé<strong>le</strong>ction organique<br />

fluence des conditions ambiantes, cette variation se trouve<br />

amplifiée <strong>par</strong> cef<strong>le</strong> doub<strong>le</strong> influence. Dès lors, el<strong>le</strong> pourra<br />

être assez marquée pour donner prise<br />

à la sé<strong>le</strong>ction.<br />

<strong>De</strong>lage et Goldsmith objectent à cette théorie<br />

« Si la variation innée est trop peu marquée <strong>au</strong> début<br />

pour présenter quelque avantage<br />

et si c'est à l'adaptation<br />

ontogénétique que revient, dans la constitution définitive<br />

de l'animal, <strong>le</strong><br />

plus grand rô<strong>le</strong>, cette adaptation se<br />

produit <strong>au</strong>ssi bien chez <strong>le</strong>s individus présentant la variation<br />

innée en question que chez ceux qui en sont dépourvus.<br />

Alors l'appoint apporté <strong>par</strong> la variation généra<strong>le</strong> suffira-t-il<br />

pour assurer la survie des uns <strong>au</strong> détriment des <strong>au</strong>tres<br />

Il est plus probab<strong>le</strong> que non, car, s'il en était <strong>au</strong>trement,<br />

cette variation <strong>au</strong>rait suffis à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong><br />

On peut faire à la théorie une objection plus catégorique<br />

encore en admettant même que la variation originel<strong>le</strong><br />

soit amplifiée et doublée, triplée même si l'on veut,<br />

ce n'en sera pas moins une très petite variations. El<strong>le</strong> n'expliquera<br />

donc jamais l'ap<strong>par</strong>ition de certaines formes de<br />

vie, tel<strong>le</strong>s que<br />

la forme oise<strong>au</strong>. Un embryon d'aî<strong>le</strong>, fût-il<br />

même exubérant, n'en est<br />

pas<br />

moins un embryon inutilisab<strong>le</strong><br />

et ne donnant <strong>au</strong>cune supériorité <strong>au</strong> repti<strong>le</strong><br />

ancestral.<br />

n'ajoute<br />

rien à la doctrine lamarckienne que nous allons étudier<br />

maintenant


12 DE l'iXCOXSCIIÏXT XV<br />

D'après<br />

cette doctrine, c'est l'adaptation à de nouve<strong>au</strong>x<br />

milieux qui amène la formation de nouvel<strong>le</strong>s espèces.<br />

L'origine de la modification créatrice n'est pas due <strong>au</strong><br />

hasard, mais <strong>au</strong> besoin. Le développement ultérieur des<br />

nouve<strong>au</strong>x organes caractéristiques provient alors de<br />

l'usage<br />

répété<br />

de ces organes et <strong>le</strong>ur atrophie du non<br />

usage.<br />

Il se produit ainsi, <strong>par</strong> des séries d'adaptations, des séries<br />

de variations correspondantes,<br />

d'abord<br />

minimes,<br />

mais s'accumulant pour produire<br />

<strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s transformations.<br />

La théorie lamarckienne a été adoptée <strong>par</strong> la<br />

grande<br />

majorité<br />

des naturalistes contemporains, qui s'efforcent deramener<br />

tout <strong>le</strong> transformisme à l'influence du milieu.<br />

Les systèmes de Cope (1), de Packard (2), en Amérique,<br />

de Giard et Le Dantec, en France, sont des systèmes la<br />

marckiens.<br />

Packard a résumé, dans <strong>le</strong>s lignes suivantes, quel<strong>le</strong>.<br />

sont, d'après lui, <strong>le</strong>s c<strong>au</strong>ses des variations<br />

Le néolamarckisme réunit et reconnaît <strong>le</strong>s facteurs d<br />

l'éco<strong>le</strong> de Saint-Hilaire et ceux de Lamarck, comme contenant<br />

<strong>le</strong>s c<strong>au</strong>ses <strong>le</strong>s plus fondamenta<strong>le</strong>s de variation il<br />

y ajoute<br />

l'iso<strong>le</strong>ment<br />

géographique<br />

ou la ségrégation<br />

(Wagner<br />

et Gulick), <strong>le</strong>s effets de la pesanteur,<br />

des courants<br />

d'air et d'e<strong>au</strong>, <strong>le</strong> genre de vie, fixe, sédentaire ou, <strong>au</strong> contraire,<br />

active <strong>le</strong>s résultats de tension et de contact (Payder,<br />

Cope et Osborn), <strong>le</strong> principe<br />

dit changement de folie<br />

tion comme amenant<br />

l'ap<strong>par</strong>ition<br />

de nouvel<strong>le</strong>s structures<br />

(Dohrn), <strong>le</strong>s effets du <strong>par</strong>asitisme, du comincnsalisme et<br />

de symbiose, bref du milieu biologique, ainsi que la sé<strong>le</strong>ction<br />

naturel<strong>le</strong> et sexuel<strong>le</strong> et l'hybridité.<br />

tous <strong>le</strong>s facteurs primaires concevab<strong>le</strong>s.<br />

En<br />

sominf<br />

(1) Cote The primary faction of organic evohdion.<br />

(2) Packakd Lamarck. the foumdcr of évolution his life œnà<br />

vtork.


L'ORIGINE DES espèces 13<br />

Coipc s'est spécia<strong>le</strong>ment efforcé de faire comprendre<br />

l'ap<strong>par</strong>ition des variations <strong>par</strong> l'action de ces facteurs primaires.<br />

II attribue <strong>au</strong>x variations deux c<strong>au</strong>ses essentiel<strong>le</strong>s<br />

la première est l'action directe du milieu environnant,<br />

de tous <strong>le</strong>s facteurs énumérés ci-dessus. Cope l'appel<strong>le</strong> du<br />

nom général de physiogénèse. La deuxième est l'influence<br />

de l'usage ou du non usage des organes, des réactions<br />

physiologiques qui se produisent dans l'être, en réponse<br />

<strong>au</strong>x excitations du milieu ambiant. Cope l'appel<strong>le</strong> la cmélogénèse.<br />

Cette deuxième c<strong>au</strong>se serait capita<strong>le</strong> et Cope en fait<br />

ressortir l'importance <strong>par</strong> l'étude de la paléontologie. Les<br />

exemp<strong>le</strong>s qu'il donne à l'appui de sa thèse sont innombrab<strong>le</strong>s.<br />

L'uai des plus connus est la formation du pied,<br />

<strong>par</strong> adaptation à la course, des quadrupèdes plantigrades<br />

est surtout digitigrades avec la réduction progressive si<br />

caractéristique du nombre des doigts chez ces derniers<br />

(<strong>le</strong> cheval, <strong>par</strong> adaptation à la course, ne possède plus<br />

qu'un seul doigt,, <strong>le</strong> médian, très hypertrophié et terminé<br />

<strong>par</strong> une épaisse couche de corne, et deux métacarpiens<br />

rudimentaires, accessib<strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> la dissection<br />

mais l'on voit la.réduction du nombre et du volume des<br />

doigts latér<strong>au</strong>x s'effectuer dans <strong>le</strong>s séries évolutives de<br />

ses ancêtres).<br />

La formation des articulations du pied et de la main des<br />

mammifères est éga<strong>le</strong>ment typique.<br />

« Cel<strong>le</strong> du pied, qui est très résistante, présente deux<br />

saillies de l'astraga<strong>le</strong>, premier os du pied, entrant dans<br />

deux fossettes correspondantes dan tibia, et une saillie de<br />

ce dernier os pénétrant dans une fossette de l'astraga<strong>le</strong>.<br />

Cette structure n'existe encore ni chez <strong>le</strong>s vertébrés inférieurs,<br />

comme <strong>le</strong>s repti<strong>le</strong>s, ni chez <strong>le</strong>s mammifères ancêtres<br />

de chacune des grandes branches actuel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong> s'est<br />

formée peu à peu grâce à un certain mode de mouvement<br />

et une certaine attitude de l'animal


14 DE L'INCONSCIENT AU COUSCIENT<br />

« Les <strong>par</strong>ois externes de ces os étant formées de matéri<strong>au</strong>x<br />

plus résistants que <strong>le</strong>urs <strong>par</strong>ties centra<strong>le</strong>s, voici ce<br />

qui a dû se produire l'astraga<strong>le</strong> est plus étroit que <strong>le</strong> tibia<br />

qui repose sur lui <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ties périphériques, plus<br />

résistantes, du premier os se trouvaient-el<strong>le</strong>s en face non<br />

des <strong>par</strong>ties éga<strong>le</strong>ment résistantes du second, mais de ses<br />

<strong>par</strong>ties relativement dépressib<strong>le</strong>s cel<strong>le</strong>s-ci, soumises à<br />

cette pression ont subi une certaine résorption de <strong>le</strong>ur<br />

substance, et des fossettes, correspondant <strong>au</strong>x deux bordes<br />

de l'astraga<strong>le</strong>, se sont formées. C'est exactement ce qui se<br />

produirait si on disposait d'une façon analogue quelques<br />

matières inertes plus ou moins plastiques et qu'on exerçât<br />

sur el<strong>le</strong>s une pression continue.<br />

« La fossette du milieu du bord supérieur de l'astraga<strong>le</strong><br />

tient à une c<strong>au</strong>se du même genre. Ici, l'extrémité inférieure,<br />

relativement peu résistante, du tibia, repose sur<br />

'Une région <strong>au</strong>ssi peu résistante de l'astraga<strong>le</strong> ce qui agit,<br />

ce sont <strong>le</strong>s secousses continuel<strong>le</strong>s. La conséquence de ces<br />

secousses doit être de faire prendre <strong>au</strong>x <strong>par</strong>ties malléab<strong>le</strong>s<br />

de l'os, la forme indiquée <strong>par</strong> la direction de la pesanteur<br />

il se formera une protubérance en h<strong>au</strong>t et une<br />

excavation en bas. C'est exactement ce qui s'est produit<br />

pour <strong>le</strong> tibia et l'astraga<strong>le</strong>. <strong>De</strong>puis l'époque tertiaire, jusqu'à<br />

nos jours, nous pouvons suivre la formation de cette<br />

articulation d'abord un astraga<strong>le</strong> plan (chez <strong>le</strong> Periplychus<br />

rhabdodon du Mexique, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>), puis une<br />

petite concavité qui s'accentue peu à peu pour former une<br />

véritab<strong>le</strong> fossette (chez <strong>le</strong> Poebrotherium labialum du Colorado),<br />

enfin une protubérance pénétrant dans une concavité<br />

du tibia venant compléter cette articulation (el<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>aît<br />

chez <strong>le</strong> Prothippus sejunclus, ancêtre du cheval actuel)<br />

» (Cité <strong>par</strong> <strong>De</strong>lage et Goldsmith).<br />

Toutefois Cope ne se borne pas à ces conceptions mécanistes.<br />

II admet, dans l'évolution, une sorte « d'énergie<br />

de croissance, » d'ail<strong>le</strong>urs mal déterminée, qu'il appel<strong>le</strong>


1.1 DKri ESl'ÈCKS 45<br />

balhrnisme », énergie qui<br />

se transmettrait <strong>par</strong> <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />

germina<strong>le</strong>s, et constituerait un véritab<strong>le</strong> dynamisme<br />

vital.<br />

Le dynamisme<br />

vital ferait seul comprendre<br />

comment « la<br />

fonction fait l'organe<br />

».<br />

Par contre, Le Dantec, qui soutient éga<strong>le</strong>ment<br />

doctrine<br />

lamarckienne, reste fidè<strong>le</strong> <strong>au</strong> mécanisme pur.<br />

la<br />

Il<br />

base<br />

l'évolution sur ce qu'il<br />

a<br />

«<br />

appelé l'assimilation<br />

fonctionnel<strong>le</strong><br />

». D'après ce système, la substance vivante <strong>au</strong> lieu<br />

de s'user, de se détruire, <strong>par</strong> son fonctionnement même,<br />

comme l'enseignaient<br />

<strong>le</strong>s<br />

physiologistes<br />

Cl. Bernard, se développe, <strong>au</strong> contraire, <strong>par</strong><br />

de l'éco<strong>le</strong> de<br />

ce<br />

fonctionnement.<br />

Ce qui<br />

s'use et se dépense, ce sont simp<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s matéri<strong>au</strong>x de réserve, tels que la<br />

graisse, <strong>le</strong> sucre des<br />

tissus, etc. mais la matière vivante el<strong>le</strong>-même, cel<strong>le</strong> du<br />

musc<strong>le</strong>, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, s'accroît <strong>par</strong> l'usage.<br />

C'est grâce à cette « assimilation fonctionnel<strong>le</strong> » que >=c<br />

font l'adaptation <strong>au</strong>x milieux et la progression consécutive.<br />

Quoiqu'il en soit, de toute évidence, la doctrine lamarckienne<br />

est infiniment plus satisfaisante que la doct.rine<br />

darwinienne.<br />

L'est-el<strong>le</strong> complètement <br />

Pas du tout.<br />

El<strong>le</strong> peut rendre compte de l'ap<strong>par</strong>ition<br />

d'unie fou<strong>le</strong> de<br />

•létails organiques secondaires, de modifications plus<br />

ou<br />

moins importantes,<br />

tel<strong>le</strong>s que l'atrophie des yeux de la<br />

t<strong>au</strong>pe, l'hypertrophie du doigt médian des équidés ou la<br />

structure spécia<strong>le</strong> des articulations du pied.<br />

Mais el<strong>le</strong> est sûrement f<strong>au</strong>sse, en tant<br />

que<br />

théorie<br />

généra<strong>le</strong>,<br />

<strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> est impuissante à \aire comprendre<br />

<strong>le</strong>s laits <strong>le</strong>s plus importants.<br />

El<strong>le</strong> n'explique pas <strong>le</strong>s grandes transformations que<br />

nous avons envisagées dans la critique de l'hypothèse<br />

•larwinienne.<br />

En face des grandes transformations, <strong>le</strong> lamarckisme


16 DE L'lNCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

est <strong>au</strong>ssi impuissant que <strong>le</strong> darwinisme, <strong>par</strong>ce que ces<br />

transformations impliquent des changements<br />

radic<strong>au</strong>x<br />

et<br />

pour ainsi dire immédiats et non une accumulation de<br />

modifications minimes et <strong>le</strong>ntes.<br />

Le<br />

passage<br />

de la vie<br />

aquatique à la vie terrestre, de la<br />

vie terrestre à la vie aérienne, ne peut absolument pas être<br />

envisagé<br />

comme <strong>le</strong> résullat d'une adaptation.<br />

Les espèces ancestra<strong>le</strong>s, adaptées à des milieux ïrè><br />

spéci<strong>au</strong>x, n'avaient nul besoin d'en changer et, en <strong>au</strong>raient-el<strong>le</strong>s<br />

senti <strong>le</strong> besoin, el<strong>le</strong>s ne l'<strong>au</strong>raienl pas pu.<br />

Comment <strong>le</strong> ;repti<strong>le</strong>, ancêtre de l'oise<strong>au</strong>, <strong>au</strong>rait-il pu<br />

s'adapter à un milieu qui n'était pas <strong>le</strong> sien et ne pouvait<br />

devenir <strong>le</strong> sien qu'après <strong>le</strong><br />

passage due la forme repti<strong>le</strong> à la<br />

forme<br />

oise<strong>au</strong>.<br />

Il<br />

ne<br />

pouvait,<br />

avant d'avoir des aî<strong>le</strong>s, des aî<strong>le</strong>s uti<strong>le</strong>s<br />

et non embryonnaires, avoir une vie aérienne et s'y adapter.<br />

Un<br />

raisonnement<br />

identique s'applique naturel<strong>le</strong>ment <strong>au</strong><br />

passage du poisson <strong>au</strong> batracien.<br />

Mais où l'impossibilité des transformations <strong>par</strong> adapta<br />

tion<br />

ap<strong>par</strong>aît plus évidente encore, c'est dans l'évolution de<br />

l'insecte.<br />

larve<br />

l'état<br />

Il<br />

n'y<br />

a <strong>au</strong>cun rapport entre la<br />

biologie<br />

de<br />

représentant, <strong>au</strong> moins dans une certaine mesure,<br />

primitif de l'insecte ancestral et la biologie de l'in-<br />

la<br />

secte <strong>par</strong>fait. On n'arrive même pas à concevoir<br />

<strong>par</strong> quel<strong>le</strong>s<br />

mystérieuses séries<br />

d'adaptations un insecte, habitué<br />

à la vie larvaire, sous terre ou dans <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x, <strong>au</strong>rait<br />

pu<br />

arriver<br />

progressivement se créer des aî<strong>le</strong>s pour une vie<br />

aérienne, qui lui était fermée et même sans doute inconnue.<br />

Quand,<br />

de<br />

plus,<br />

on<br />

pense que ces séries mystérieuses<br />

d'adaptations se seraient réalisées, non<br />

pas une fois,<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment, <strong>par</strong> une sorte de « mirac<strong>le</strong> naturel<br />

mais <strong>au</strong>tant de fois<br />

qu'il y a de genres d'insectes ailés,<br />

un abandonne toute<br />

espérance de rattacher<br />

l'ap<strong>par</strong>ition<br />

de


1,'OMGIXE DES ESL'HCES 17<br />

<strong>le</strong>urs espèces<br />

<strong>au</strong>x facteurs lamarckiens, comme on a<br />

rejeté l'idée de <strong>le</strong>s attribuer <strong>au</strong>x facteurs darwiniens.<br />

C'est l'évidence même. Plate, lui-même, avait bien compris<br />

l'impossibilité<br />

de ces transformations formidab<strong>le</strong>s <strong>par</strong><br />

adaptation,<br />

quand<br />

il écrivait «<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait même qu'un<br />

animal ap<strong>par</strong>tient<br />

à un certain groupe, <strong>le</strong>s possibilités<br />

de<br />

variations se trouvent restreintes, et, dans be<strong>au</strong>coup<br />

de<br />

cas, réduites à des limites très étroites<br />

Ainsi donc, lamarckisme et darwinisme sont<br />

éga<strong>le</strong>ment<br />

impuissants à donner une explication généra<strong>le</strong>, adaptab<strong>le</strong><br />

à tous <strong>le</strong>s cas, de l'ap<strong>par</strong>ition des espèces.<br />

Si la ·plu<strong>par</strong>t des transformistes ne <strong>le</strong> comprennent pas<br />

encore, il en est pourtant un certain nombre qvi l'avouent<br />

et s'efforcent de trouver ail<strong>le</strong>urs <strong>le</strong> facteur évolutif supérieur<br />

capab<strong>le</strong> de supprimer <strong>le</strong>s difficultés inhérentes <strong>au</strong><br />

naturalisme<br />

classique<br />

Certains néo-lamarckiens, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, tels que P<strong>au</strong>ly,<br />

attribuent <strong>au</strong>x éléments de l'organisme, à l'organisme<br />

lui-même, <strong>au</strong>x végét<strong>au</strong>x<br />

et <strong>au</strong>x minér<strong>au</strong>x, une sorte de<br />

conscience profonde. Cette conscience profonde serait à<br />

l'origine de toutes <strong>le</strong>s modifications et de toutes <strong>le</strong>s adaplations.<br />

Il y <strong>au</strong>rait, à tous <strong>le</strong>s degrés de l'échel<strong>le</strong> évolutive,<br />

un effort continu et voulu d'adaptation.<br />

Naegeli est plus catégorique encore<br />

d'après lui, <strong>le</strong>s<br />

organismes comprennent deux sortes de plasmas<br />

<strong>le</strong><br />

plasma nutritif, propre à toutes <strong>le</strong>s espèces et non différencié,<br />

non<br />

spécifique et <strong>le</strong> plasma spécifique ou idioplasma.<br />

Or, cet idioplasma contiendrait en lui, non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s « faisce<strong>au</strong>x micelliens » qui <strong>le</strong> caractérisent, mais <strong>au</strong>ssi<br />

une tendance évolutive interne avec toutes <strong>le</strong>s capacités,<br />

toutes <strong>le</strong>s potentialités de<br />

transformation et de perfectionnement.<br />

Cette<br />

potentialité <strong>au</strong>rait existé dès la première


ils DK l.'iXCONSntlïNT Au ^ONSCIliN'l"<br />

origine de la vie, dans <strong>le</strong>s premières<br />

formes vivantes. Les<br />

facteurs extérieurs ne feraient .dès lors que faciliter l'adaptation<br />

mais ils seraient incapab<strong>le</strong>s, à eux seuls, de provoquer<br />

l'évolution.<br />

Ils n'agiraient que pour aider, favoriser et soumettre u<br />

<strong>le</strong>ur rythme <strong>par</strong>ticulier<br />

cette<br />

évolution.<br />

Ces conceptions<br />

de<br />

Naegeli sont extrêmement intéressantes.<br />

El<strong>le</strong>s aboutissent, somme toute, à cette conclusion<br />

que l'évolution s'est effectuée, non pas <strong>par</strong> l'influence<br />

du milieu, mais conformément à cel<strong>le</strong>, influence.<br />

L'adaptation ap<strong>par</strong>aît dans tous <strong>le</strong>s cas comme une conséquence,<br />

<strong>par</strong>fois comme un facteur<br />

d'appoint, jamais<br />

comme une c<strong>au</strong>se essentiel<strong>le</strong> et suffisante.<br />

C'est évidemment à cette conclusion<br />

que mène nécessairement<br />

l'examen im<strong>par</strong>tial des modifications créatrices<br />

des espèces. Mais une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> conception est abso.<br />

lument contraire <strong>au</strong> naturalisme<br />

classique.


CHAPITRE<br />

II<br />

LES FACTEURS CLASSIQUES<br />

SONT IMPUISSANTS A FAIRE COMPRENDRE<br />

L'ORIGINE DES INSTINCTS<br />

Les instincts des anim<strong>au</strong>x, on <strong>le</strong> sait, sont <strong>au</strong>ssi innombrab<strong>le</strong>s<br />

que merveil<strong>le</strong>ux. Ils ont ce caractère commun de<br />

permettre à l'animal d'agir spontanément, sans réf<strong>le</strong>xion<br />

logique, sans hésitation ni tâtonnement, et d'atteindre <strong>le</strong><br />

but visé avec une sûreté à laquel<strong>le</strong> ne s<strong>au</strong>raient prétendre<br />

ni <strong>le</strong> raisonnement, ni l'éducation, ni l'entraînement.<br />

Grâce à l'instinct, l'animal, dans une espèce donnée,<br />

agit toujours conformément <strong>au</strong> génie de cette espèce, <strong>par</strong>fois<br />

d'une manière très' compliquée, dans <strong>le</strong> but d'attaquer,<br />

de se défendre, de se nourrir, de se reproduire, etc..<br />

L'instinct essentiel est identique pour tous <strong>le</strong>s individus<br />

d'une même espèce et semb<strong>le</strong> <strong>au</strong>ssi diffici<strong>le</strong>ment variab<strong>le</strong><br />

que l'espèce el<strong>le</strong>-même. Il constitue, pour cette espèce,<br />

une caractéristique psychique <strong>au</strong>ssi tranchée que sa caractéristique<br />

physique.<br />

Or, pas plus que la formation des espèces, l'origine des<br />

instincts n'est explicab<strong>le</strong> <strong>par</strong> la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong> ou <strong>par</strong><br />

l'influence du milieu.<br />

C'est chez l'insecte qu'on peut <strong>le</strong> mieux observer l'instinct<br />

dans toute sa pureté. Fabre a é<strong>le</strong>vé un monument<br />

impérissab<strong>le</strong> à son étude et c'est à ses trav<strong>au</strong>x qu'il f<strong>au</strong>t<br />

se reporter pour comprendre <strong>le</strong> caractère de variété, de<br />

comp<strong>le</strong>xité et de sûreté des instincts en même temps que<br />

l'impossibilité de <strong>le</strong>s expliquer <strong>par</strong> <strong>le</strong>s notions classiques.<br />

Je me contenterai naturel<strong>le</strong>ment de quelques exemp<strong>le</strong>s.<br />

<strong>Dr</strong> Gtota\7h Guet. 3


20 DE L. 'INCONSCIENT Al CONSCIENT<br />

Voici celui de Silaris, cité comme l'un des plus remarquab<strong>le</strong>s<br />

<strong>par</strong><br />

M.<br />

Bergson<br />

« Le Sitaris dépose ses œufs à l'entrée des ga<strong>le</strong>ries<br />

souterraines<br />

que creuse une espèce d'abeil<strong>le</strong>, l'anthophore.<br />

La larve du Sitaris, après une longue attente, guette l'anthophore<br />

mâ<strong>le</strong> <strong>au</strong> sortir de la<br />

ga<strong>le</strong>rie,<br />

se cramponne<br />

el<strong>le</strong>, y reste attachée, jusqu'<strong>au</strong> vol nuptial là, el<strong>le</strong> saisit<br />

à<br />

l'occasion de passer du mâ<strong>le</strong> à la femel<strong>le</strong> et attend tranquil<strong>le</strong>ment<br />

que cel<strong>le</strong>-ci ponde ses «euîs. El<strong>le</strong> s<strong>au</strong>te alors<br />

sur l'œuf, qui<br />

va lui servir de support dans <strong>le</strong> miel, dévore<br />

l'oeuf<br />

en<br />

quelques jours, et, installée sur la coquil<strong>le</strong>, subit<br />

sa première métamorphose.<br />

«<br />

Organisée maintenant pour flotter sur <strong>le</strong> miel, el<strong>le</strong> devient<br />

nymphe, puis insecte <strong>par</strong>fait. Tout se passe comme<br />

si la larve du sitaris, dès son éclosion; savait que l'anthophore<br />

mâ<strong>le</strong> sortira de la<br />

ga<strong>le</strong>rie d'abord, que <strong>le</strong> vof<br />

nuptial lui fournira <strong>le</strong> moyen de se transporter sur la<br />

femel<strong>le</strong>, que cel<strong>le</strong>-ci la conduira dans un magasin de<br />

miel capab<strong>le</strong> de l'alimenter, quand el<strong>le</strong> se sera transformée,<br />

que jusqu'à cette transformation, el<strong>le</strong> <strong>au</strong>ra dévoré<br />

peu à peu l'œuf de l'anthophore, de manière à se nourrir,<br />

à se soutenir à la surface du miel, et <strong>au</strong>ssi à supprimer<br />

<strong>le</strong><br />

rival<br />

qui<br />

serait sorti de l'œuf. Et tout se passe éga<strong>le</strong>ment<br />

comme si <strong>le</strong> Sitaris lui-même savait que sa larve s<strong>au</strong>ra toutes<br />

ces choses. »<br />

Un<br />

giboyeurs.<br />

<strong>au</strong>tre<br />

exemp<strong>le</strong> r.lassique est celui des hyménoptères<br />

Il f<strong>au</strong>t, à la larve de ces insectes, une proie immobi<strong>le</strong> et<br />

uiuan<strong>le</strong> immobi<strong>le</strong>, car <strong>au</strong>trement el<strong>le</strong><br />

pourrait<br />

mettre en<br />

péril, <strong>par</strong> ses mouvements défensifs, l'œuf délicat et ensuite<br />

<strong>le</strong> vermisse<strong>au</strong> fixé en l'un des points de son corps<br />

vivante, car la larve ne peut se nourrir de cadavre.<br />

Pour réaliser ce doub<strong>le</strong> desideratum nécessaire à sa<br />

larve, l'hyménoptère doit <strong>par</strong>alyser la victime sans la tuer.<br />

Pour cela, il f<strong>au</strong>drait à l'insecte, s'il agissait avec réf<strong>le</strong>xion,<br />

une science et une habi<strong>le</strong>té prodigieuses. Il de-


BRCSOLES CREATRICES 21<br />

vrait d'abord doser son redoutab<strong>le</strong> venin de tel<strong>le</strong> sorte<br />

qu'il<br />

y en ait juste assez pour <strong>par</strong>alyser sans tuer. Puis et surtout,<br />

il devrait avoir une connaissance approfondie de<br />

l'anatomie et de la physiologie de la victime et <strong>au</strong>ssi une<br />

sûreté d'action infaillib<strong>le</strong> pour frapper<br />

du premier coup<br />

<strong>par</strong> surprise <strong>au</strong> bon endroit car la proie est souvent redoutab<strong>le</strong>ment<br />

armée, et plus forte que l'agresseur.<br />

L'aiguillon<br />

empoisonné<br />

doit donc être<br />

dirigé, à coup<br />

sûr, sur <strong>le</strong>s centres nerveux moteurs et là seu<strong>le</strong>menl. Il<br />

f<strong>au</strong>t un, deux ou plusieurs coups<br />

de dard suivant <strong>le</strong> nombre<br />

ou la concentration des ganglions nerveux. Or, cette<br />

<strong>par</strong>faite, l'insecte ne l'a<br />

pas apprise,<br />

déchire son cocon et sort de des-<br />

ni ses prédécesseurs n'existent plus<br />

fonction redoutab<strong>le</strong> et<br />

Lorsque l'hyménoptère<br />

sous terre, ses <strong>par</strong>ents<br />

depuis longtemps<br />

et lui-même dis<strong>par</strong>aîtra sans connaître<br />

sa descendance ni ses successeurs. L'instinct ne peut donc<br />

pas être transmis <strong>par</strong> éducation ou <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>. Il est<br />

inné.<br />

Comment<br />

expliquer, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s facteurs<br />

classiques de l'évolution,<br />

l'origine<br />

de cet instinct <br />

L'instinct, nous dit-on, n'est qu'une<br />

habitude<br />

acquise.<br />

peu à peu et transmise <strong>par</strong> hérédité.<br />

Fabre s'est efforcé de montrer<br />

l'impossibilité<br />

de cette<br />

conception<br />

« quelque ammophi<strong>le</strong>, dans un passé très reculé,<br />

<strong>au</strong>rait atteint, <strong>par</strong> hasard, <strong>le</strong>s centres nerveux de<br />

la chenil<strong>le</strong>, et, se trouvant bien de l'opération, tant pour<br />

el<strong>le</strong>, délivrée d'une lutte non sans danger, que pour sa<br />

larve, approvisionnée d'un<br />

gibier frais, p<strong>le</strong>in de .vie et<br />

pourtant inoffensif, <strong>au</strong>rait doué sa race, <strong>par</strong> hérédité,<br />

d'une propension à répéter l'avantageuse lactique. Le don<br />

maternel n'avait pas éga<strong>le</strong>ment favorisé tous <strong>le</strong>s descendants.<br />

alors est survenu <strong>le</strong> combat pour l'existence.<br />

<strong>le</strong>s faib<strong>le</strong>s ont succombé <strong>le</strong>s forts ont<br />

prospéré et, d'un<br />

âge à l'<strong>au</strong>tre, la sé<strong>le</strong>ction, <strong>par</strong> la concurrence vita<strong>le</strong>, s<br />

transformé<br />

l'empreinte fugitive du débni en une empreinte


22 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

profonde, ineffaçab<strong>le</strong>, traduite <strong>par</strong> l'instinct savant que<br />

nous admirons <strong>au</strong>jourd'hui dans l'hyménoptère.<br />

»<br />

Que la sé<strong>le</strong>ction (hypothèse darwinienne) ou l'usage répété<br />

des instincts (hypothèse lamarckienne), aient pu<br />

renforcer ces instincts, <strong>le</strong>s perfectionner, c'est possib<strong>le</strong> et<br />

c'est même probab<strong>le</strong>. Mais l'une ni l'<strong>au</strong>tre hypothèse ne<br />

peut, d'après Fabre, expliquer l'origine même de l'instinct.<br />

Le hasard ni <strong>le</strong> besoin ne peuvent faire comprendre<br />

comment, chez l'insecte primitif, du premier coup, sans<br />

tâtonnement, l'aiguillon a su trouver <strong>le</strong><br />

ganglion<br />

nerveux<br />

et a pu <strong>par</strong>alyser sans tuer. En effet « Il n'y avait pas<br />

de raison pour un choix. Les coups de dard devaient<br />

s'adresser à la face supérieure de la proie saisie, à la face<br />

inférieure, <strong>au</strong> flanc, à l'avant, à l'arrière, indistinctement,<br />

d'après <strong>le</strong>s chances d'une lutte corps à corps. Or, combien<br />

y en a-t-il de points dans un ver gris, à la surface et<br />

à l'intérieur La rigueur mathématique répondrait une<br />

infinité. »<br />

Cependant, l'aiguillon doit frapper du premier coup et<br />

infaillib<strong>le</strong>ment « l'art d'apprêter <strong>le</strong>s provisions de la larve<br />

ne comporte que des maîtres et ne souffre pas d'apprentis.<br />

L'hyménoptère doit y excel<strong>le</strong>r du premier coup ou ne .pas<br />

s'en mê<strong>le</strong>r. pas de moyen terme admissib<strong>le</strong>, pas de demi<br />

succès. » Ou bien la chenil<strong>le</strong> est opérée suivant toutes <strong>le</strong>s<br />

règ<strong>le</strong>s, ou bien c'est la mort de l'agresseur et de sa descendance.<br />

Mais ce n'est pas tout « Admettons <strong>le</strong> point<br />

voulu atteint ce n'est que la moitié. Un <strong>au</strong>tre œuf est<br />

indispensab<strong>le</strong> pour compléter <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> futur et donner<br />

descendance. Il f<strong>au</strong>t donc qu'à peu de jours, peu d'heures,<br />

d'interval<strong>le</strong>, un second coup. de sty<strong>le</strong>t soit donné, <strong>au</strong>ssi<br />

heureux que <strong>le</strong> premier. C'est l'impossib<strong>le</strong> se répétant, l'impossib<strong>le</strong><br />

à la seconde puissance<br />

»<br />

Ces conclusions de Fabre ont été récemment, il est vrai,<br />

combattues comme trop absolues. Les recherches des<br />

Marchai, des Peckham, des Perez et de la plu<strong>par</strong>t des na-


l'origine DES instincts 23<br />

turalistes contemporains semb<strong>le</strong>nt démontrer que <strong>le</strong>s instincts<br />

primaires, sont, <strong>au</strong> moins dans <strong>le</strong>urs détails, perfectib<strong>le</strong>s<br />

et variab<strong>le</strong>s.<br />

Mais la difficulté primordia<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> de l'origine des instincts<br />

primaires, n'en persiste pas moins intégra<strong>le</strong>ment.<br />

Alors même qu'il serait possib<strong>le</strong> de ramener à l'action<br />

des facteurs classiques l'ap<strong>par</strong>ition d'instincts secondaires<br />

ou <strong>le</strong>s modalités des instincts primaires, l'origine même<br />

de ces instincts primaires est tout <strong>au</strong>ssi diffici<strong>le</strong> à interpréter<br />

que l'est l'origine des espèces.<br />

L'instinct d'utiliser <strong>le</strong> dard empoisonné pose exactement<br />

<strong>le</strong> même problème que l'origine de ce dard empoisonné.<br />

L'organe ni l'instinct ne peuvent jouer de rô<strong>le</strong> uti<strong>le</strong><br />

comme<br />

agents d'adaptation ou de sé<strong>le</strong>ction avant d'être<br />

suffisamment développés ou perfectionnés. Donc, pour<br />

l'instinct comme pour <strong>le</strong>s espèces, l'adaptation ni la sé<strong>le</strong>ction<br />

ne s<strong>au</strong>raient être des facteurs essentiels et créateurs.


CHAPITRE<br />

III<br />

LES FACTEURS CLASSIQUES<br />

SONT INCAPABLES D'EXPLIQUER<br />

LES TRANSFORMATIONS BRUSQUES CREATRICES<br />

DE NOUVELLES ESPECES<br />

Le lamarckisme, comme <strong>le</strong> darwinisme imposent la<br />

conception de modifications <strong>le</strong>ntes, minimes, innombrab<strong>le</strong>s<br />

pour la<br />

genèse progressive<br />

des<br />

espèces.<br />

,Cette conception, acceptée comme un dogme, semblait<br />

<strong>au</strong>-dessus de toute controverse.<br />

Lorsque, récemment, de Vries fit connaître ses observations<br />

sur ce qu'il appela <strong>le</strong>s mutations, c'est-à-dire <strong>le</strong>s<br />

ap<strong>par</strong>itions brusques de nouvel<strong>le</strong>s espèces végéta<strong>le</strong>s, sans<br />

formes de passage avec <strong>le</strong>s<br />

espèces ancestra<strong>le</strong>s, ce fui<br />

<strong>par</strong>tout, <strong>par</strong>mi <strong>le</strong>s personnes s'intéressant à la philosophie<br />

naturaliste, la confusion et <strong>le</strong> désarroi.<br />

On assista, pendant quelques années, à un spectac<strong>le</strong><br />

extraordinaire<br />

Les faits de mutations apportaient <strong>au</strong> transformisme la<br />

seu<strong>le</strong> preuve qui lui<br />

manquait cel<strong>le</strong> de la vérification<br />

expérimenta<strong>le</strong>.<br />

Cependant on vit des transformistes s'efforcer de diminuer<br />

<strong>au</strong>tant que possib<strong>le</strong> l'importance des faits nouve<strong>au</strong>x<br />

et la portée de la nouvel<strong>le</strong> théorie et., <strong>par</strong> contre, des<br />

adversaires naïfs l'adopter d'enthousiasme, s'imaginant <strong>le</strong>s<br />

uns et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres<br />

que<br />

l'écrou<strong>le</strong>ment des doctrines classiques<br />

entraînerait l'écrou<strong>le</strong>ment même de l'idée évolutionniste


TRANSF0RMA1I0X3 BRUSQUES CRÉATRICES 25<br />

Le Dantec, dans son livre « la crise du transformisme » (1),<br />

s'exprime ainsi « une théorie nouvel<strong>le</strong>, basée sur des expériences<br />

contrôlées, a vu <strong>le</strong> jour depuis quelques années<br />

et fait de nombreux adeptes dans <strong>le</strong> monde des sciences<br />

naturel<strong>le</strong>s. Or, cette théorie, dite des mutations ou des<br />

variations brusques, est la négation du, lamarckisme je<br />

dirais presque que c'est la négation du transformisme luimême.<br />

» En effet, ajoute-t-il « pour la philosophie, <strong>le</strong><br />

transformisme est <strong>le</strong> système qui explique l'ap<strong>par</strong>ition<br />

progressive et spontanée de mécanismes vivants merveil<strong>le</strong>usement<br />

coordon.nés ¡comme celui de l'homme et des<br />

anim<strong>au</strong>x supérieurs.<br />

»<br />

Nous verrons plus loin que l'ap<strong>par</strong>ition spontanée des<br />

êtres vivants est une impossibilité philosophique. Quant<br />

à l'ap<strong>par</strong>ition .progressive de ces êtres, el<strong>le</strong> n'est en rien<br />

niée <strong>par</strong> la théorie des mutations.<br />

C'est seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> mécanisme hypothétique, la genêt<br />

supposée des transformations progressives qui se trouvent<br />

en opposition formel<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s faits nouve<strong>au</strong>x.<br />

Le Dantec et <strong>le</strong>s naturalistes de son éco<strong>le</strong>, qui identifient<br />

<strong>le</strong> .transformisme avec ses facteurs classiques, sont<br />

dans une certaine mesure logiques quand ils s'efforcent de<br />

restreindre <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong> <strong>le</strong> domaine des mutations.<br />

Mais l'idée évolutionniste pure n'a rien à redouter des découvertes<br />

nouvel<strong>le</strong>s, bien <strong>au</strong> contraire, comme je m'efforcerai<br />

de <strong>le</strong> montrer plus loin.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs Le Dantec reste à peu près seul de son avis<br />

quand il affirme que <strong>le</strong>s mutations n'affectent que des<br />

caractères secondaires, en général des caractères ornementaires<br />

et « laissent intacts <strong>le</strong> patrimoine héréditaire. »<br />

<strong>De</strong>puis <strong>le</strong>s expériences de de Vries, de très nombreuses<br />

observations nouvel<strong>le</strong>s ont été mises à jour et l'importance<br />

capita<strong>le</strong> des mutations :est plus niée ni niab<strong>le</strong> (2).<br />

(1) Alcan, éditeur.<br />

(2) Consulter Les transformations brusques des<br />

êtres vivants (Flammarion, éditeur).


26 DE L'INCONSCIENT AU <strong>conscient</strong><br />

La seu<strong>le</strong> question qui reste posée est cel<strong>le</strong> de savoir si<br />

<strong>le</strong>s mutations constituent, dans l'évolution, la règ<strong>le</strong> ou<br />

une exception.<br />

<strong>De</strong> Vries admet nettement que <strong>le</strong>s transformations brusques<br />

sont la règ<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x comme pour <strong>le</strong>s végét<strong>au</strong>x<br />

et de Vries pourrait bien avoir raison.<br />

Si l'on examine en effet de près toute l'histoire des transformations<br />

dans l'échel<strong>le</strong> évolutive, on s'aperçoit que la<br />

théorie des mutations trouve <strong>par</strong>tout une éclatante confirmation.<br />

<strong>De</strong>s vérités, qui s<strong>au</strong>tent <strong>au</strong>x yeux, mais qu'on ne voulait<br />

pas voir ou qu'on escamotait inconsciemment, sont<br />

mises en p<strong>le</strong>ine lumière <strong>par</strong> un examen attentif.<br />

Ces vérités avaient été proclamées, cependant, <strong>par</strong> de<br />

grands naturalistes, tels que Geoffroy Saint-Hilaire<br />

mais el<strong>le</strong>s n'avaient pas triomphé et la thèse des transformations<br />

<strong>le</strong>ntes ne trouvait plus, jusqu'<strong>au</strong>x trav<strong>au</strong>x de<br />

de Vries, de contradicteur.<br />

Se basant sur la théorie des mutations, Cope a repris<br />

l'études des formes fossi<strong>le</strong>s, spécia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s formes fossi<strong>le</strong>s<br />

des batraciens et mammifères d'Amérique et n'a pas<br />

eu de peine à montrer la probabilité de <strong>le</strong>urs variations<br />

progressives <strong>par</strong> s<strong>au</strong>ts.<br />

Il est faci<strong>le</strong> d'ail<strong>le</strong>urs, d'après <strong>le</strong>s documents paléontologiques<br />

qui constituent « <strong>le</strong>s archives de la création », de<br />

constater l'ap<strong>par</strong>ition, toujours brusque en ap<strong>par</strong>ence, des<br />

principa<strong>le</strong>s grandes espèces.<br />

Batraciens, repti<strong>le</strong>s, oise<strong>au</strong>x, mammifères ap<strong>par</strong>aissent<br />

tout à coup dans <strong>le</strong>s terrains géologiques. Ils semb<strong>le</strong>nt,<br />

une fois ap<strong>par</strong>us, acquérir très vite <strong>le</strong>s caractères comp<strong>le</strong>ts<br />

qu'ils garderont ensuite intégra<strong>le</strong>ment, sans plus subir<br />

de modification essentiel<strong>le</strong>, tant que <strong>le</strong>urs espèces subsisteront.<br />

Sans doute, la paléontologie nous offre des formes de<br />

transition. Mais ces formes sont rares et, constatation


CRISTALLISATION IMMÉDIATE ET DÉFINITIVE 27<br />

plus grave, el<strong>le</strong>s <strong>par</strong>aissent plutôt des espèces iritermédiaires<br />

que des formes de passage.<br />

Prenons <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> l'archéoptéryx, la plus remarquab<strong>le</strong><br />

de ces espèces intermédiaires. Nous voyons un oise<strong>au</strong>repti<strong>le</strong>,<br />

un animal tenant à la fois du repti<strong>le</strong> et de l'oise<strong>au</strong>.<br />

Mais son espèce est bien déterminée et bien spécialisée.<br />

L'archéoptéryx a la constitution du repti<strong>le</strong> mais il a <strong>au</strong>ssi<br />

des ai<strong>le</strong>s, des ai<strong>le</strong>s bien développées des ai<strong>le</strong>s permettant<br />

<strong>le</strong> vol, des ai<strong>le</strong>s d'oise<strong>au</strong>.<br />

On n'a jamais trouvé de repti<strong>le</strong>s munis d'ai<strong>le</strong>s embryonnaires<br />

ou à l'état d'éb<strong>au</strong>che, <strong>au</strong> début de <strong>le</strong>ur développement.<br />

Ce qui est vrai pour l'archéoptérpx l'est éga<strong>le</strong>ment<br />

pour toutes <strong>le</strong>s formes intermédiaires connues ce sont<br />

des formes bien déterminées, à caractères spéci<strong>au</strong>x très<br />

nets permettant l'usage des organes caractéristiques des<br />

espèces.<br />

Alors que la paléontologie nous présente be<strong>au</strong>coup<br />

d'organes rudimentaires, résidus d'organes déchus et inuti<strong>le</strong>s,<br />

el<strong>le</strong> ne nous ol\re jamais d'organes éb<strong>au</strong>chés et encore<br />

inutitisab<strong>le</strong>s.<br />

Il semb<strong>le</strong> donc bien que <strong>le</strong>s transformations brusquessoient<br />

la règ<strong>le</strong> dans l'évolution.<br />

Or, il est bien évident que ni la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong> ni<br />

l'influence du milieu ne peuvent expliquer ces ap<strong>par</strong>itions<br />

brusques d'espèces nouvel<strong>le</strong>s.<br />

C'est ce que reconnaît Le Dantec quand il s'écrie<br />

« une mutation qui se produit sous mes yeux, c'est «ne<br />

serrure dont je n'ai pas la c<strong>le</strong>f » (1)<br />

(1) La crise du transformisme.


CHAPITRE<br />

IV<br />

LES FACTEURS CLASSIQUES SONT INCAPABLES<br />

D'EXPLIQUER LA a CRISTALLISATION » IMME-<br />

DIATE ET DEFINITIVE DES CARACTERES ESSEN-<br />

TIELS DES NOUVELLES ESPECES ET DES NOU-<br />

\EAUX<br />

INSTINCTS.<br />

En effet, qu'il s'agisse de caractères physiques ou d'instincts,<br />

<strong>le</strong>s uns et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres<br />

peuvent se développer ou<br />

ap<strong>par</strong>aissent immuab<strong>le</strong>s. Ils<br />

s'atrophier, varier dans des limites<br />

restreintes mais ces changements sont toujours des<br />

changements<br />

de détails, jamais des changements essentiels.<br />

Cette vérité avait depuis longtemps été mise en lumière<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>s recherches naturalistes. <strong>De</strong> Vries lui a apporté<br />

l'appui expérimental direct. Il l'a traduite dans la loi suivante<br />

« <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s<br />

stab<strong>le</strong>s. »<br />

espèces deviennent immédiatemnt<br />

Il y a là une nouvel<strong>le</strong> et formidab<strong>le</strong><br />

objection<br />

<strong>au</strong><br />

transformisme<br />

classique.<br />

Si <strong>le</strong>s espèces et <strong>le</strong>s instincts ap<strong>par</strong>aissent brusquement<br />

et deviennent immédiatement stab<strong>le</strong>s. la théorie des transformations<br />

<strong>le</strong>ntes et innombrab<strong>le</strong>s sous l'influence de la<br />

sé<strong>le</strong>ction ou de l'adaptation est définitivement ruinée en<br />

tant<br />

que<br />

théorie<br />

généra<strong>le</strong> et essentiel<strong>le</strong>.<br />

Il ne s'agirait plus, dans l'évolution, de<br />

changements<br />

minimes mais accumulés infiniment pour amener la formation<br />

de nouvel<strong>le</strong>s espèces mais de changements considérab<strong>le</strong>s<br />

et<br />

brusques se traduisant <strong>par</strong> l'ap<strong>par</strong>ition rapide de<br />

ces espèces, immuab<strong>le</strong>s une fois ap<strong>par</strong>ues.<br />

C'est, dans la<br />

révolution.<br />

philosophie naturaliste, une immense


LE TÉMOIGNAGE DE L INSECTE 29<br />

Les quatre difficultés que nous venons de passer en<br />

revue sont d'ordre naturaliste. Avant de passer à la cinquième<br />

difficulté, cel<strong>le</strong>-là toute différente, d'ordre métaphysique,<br />

je prierai <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur, qui ne serait pas convaincu,<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>s démonstrations précédentes, de l'impuissance des<br />

facteurs classiques, d'arrêter un instant sa pensée sur un<br />

témoignage précis, irréfutab<strong>le</strong>, que la nature semb<strong>le</strong> avoir<br />

spécia<strong>le</strong>ment mis en évidence, comme pour nous empêcher<br />

de nous égarer. Ce témoignage est <strong>le</strong> témoignage de<br />

l'insecte.


CHAPITRE<br />

V<br />

LE TEMOIGNAGE DE L'INSECTE<br />

Il suffit de considérer avec attention l'insecte pour<br />

comprendre<br />

<strong>le</strong> néant des théories anciennes ou modernes sur<br />

la création des espèces<br />

ou sur <strong>le</strong>ur évolution.<br />

A la conception de transformations perpétuel<strong>le</strong>s <strong>par</strong> des<br />

variations <strong>le</strong>ntes et infinies, <strong>le</strong> témoignage de l'insecte<br />

oppose son ap<strong>par</strong>ition dès <strong>le</strong>s premiers âges de la vie terrestre<br />

et, en tous cas, la stabilité essentiel<strong>le</strong> de ses espèces,<br />

une fois ap<strong>par</strong>ues.<br />

A la conception de l'évolution <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s facteurs classiques<br />

de sé<strong>le</strong>ction et d'adaptation, <strong>le</strong> témoignage de l'insecte oppose<br />

l'abîme qui <strong>le</strong> sé<strong>par</strong>e de sa larve, abîme dans <strong>le</strong>quel<br />

se<br />

perdent sans recours <strong>le</strong>s théories darwiniennes ou lamarclfiennes.<br />

Il<br />

oppose éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong>, <strong>par</strong> el<strong>le</strong>s<br />

inexplicab<strong>le</strong>,<br />

de ses instincts<br />

primaires, déconcertants et<br />

merveil<strong>le</strong>ux.<br />

A la conception de l'évolution <strong>par</strong> <strong>le</strong> jeu des agents extérieurs,<br />

<strong>le</strong><br />

témoignage<br />

de l'insecte oppose ses transformations<br />

formidab<strong>le</strong>s, mais pour ainsi dire spontanées, dans<br />

une chrysalide close, soustraite, dans une très large mesure,<br />

à l'action de ces agents<br />

extérieurs.<br />

<strong>par</strong><br />

A la conception de l'évolution continue et<br />

ininterrompue<br />

« assimilation fonctionnel<strong>le</strong> », <strong>le</strong><br />

témoignage de l'insecte<br />

oppose ses transformations et ses métamorphoses,<br />

ses<br />

altérations<br />

progressives<br />

ou regressives pendant sa vie<br />

larvaire. Il oppose, surtout, dans sa chrysalide, l'incroyab<strong>le</strong><br />

phénomène de<br />

l'histolyse, réduisant la plu<strong>par</strong>t de ses


LE TÉMOIGNAGE DE L'INSECTE 31<br />

organes en une bouillie amorphe avant <strong>le</strong>s transformations<br />

imminentes.<br />

Ce témoignage stupéfiant, en nous apprenant que ni <strong>le</strong>s<br />

formidab<strong>le</strong>s modifications larvaires ni la mystérieuse histolyse<br />

ne compromettent en rien la morphologie future de<br />

l'insecte <strong>par</strong>fait, renverse toutes nos conceptions sur l'édification<br />

de l'organisme comme sur <strong>le</strong>s transformations des<br />

espèces (1).<br />

L'insecte nous offre ainsi, dans toute sa biologie, comme<br />

<strong>le</strong> symbo<strong>le</strong> de ce qu'est en réalité, nous <strong>le</strong> verrons, l'évolution<br />

il nous prouve que la c<strong>au</strong>se essentiel<strong>le</strong> de cette<br />

dernière ne doit être cherchée ni dans l'influence du milieu<br />

ambiant ni dans <strong>le</strong>s réactions, vis-à-vis du milieu<br />

ambiant, de la matière organique mais qu'el<strong>le</strong> réside<br />

dans un dynamisme indépendant de cet<strong>le</strong> matière organique,<br />

supérieur et directeur.<br />

Il nous montre l'évolution s'effectuant surtout <strong>par</strong> une<br />

poussée intérieure, bien distincte de l'influence ambiante,<br />

<strong>par</strong> un effort primordial certain, mais encore mystérieux<br />

et, pour <strong>le</strong> naturalisme classique, absolument inexplicab<strong>le</strong>.<br />

Ce n'est pas tout <strong>le</strong> témoignage incom<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> de l'insecte,<br />

en même temps qu'il met en échec <strong>le</strong>s théories naturalistes<br />

contemporaines, contredit éga<strong>le</strong>ment l'antique<br />

conception de la création providentiel<strong>le</strong>.<br />

En effet, la caractéristique principa<strong>le</strong> de l'insecte, <strong>au</strong><br />

point de vue psychologique, est de posséder l'instinct presque<br />

pur, presque sans trace d'intelligence. Or, il se trouve<br />

que cet instinct, pur et resté pur pendant <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s des<br />

sièc<strong>le</strong>s, est marqué <strong>par</strong> une férocité raffinée, formidab<strong>le</strong>,<br />

(1) Un témoignage analogue à celui de l'insecte est celui de certaines<br />

espèces de mollusques ou de crustacés. Les anim<strong>au</strong>x de ces<br />

espèces subissent, on <strong>le</strong> sait, avant d'arriver à l'état adulte, des<br />

modifications extraordinaires, <strong>par</strong> des adaptations très diverses. Et<br />

cependant <strong>le</strong> développement futur de ces animaaix se (poursuit, en<br />

dépit de <strong>le</strong>urs métamorphoses, comme assuré <strong>par</strong> un principe directeur,<br />

inaltéré et immanent.


32 DE LIXCOXSCIENT AU CONSCIENT<br />

sans équiva<strong>le</strong>nt dans <strong>le</strong> reste de l'animalité cl en<br />

temps, pourtant, <strong>par</strong>faitement innocence.<br />

Cette férocité serait donc, s'il y avait un créaU'iir responsab<strong>le</strong>,<br />

l'œuvre pure, l'œuvre immaculée r<strong>le</strong> ce créateur,<br />

dont la création ap<strong>par</strong>aîtrait alors comme <strong>le</strong> miroir. (t)<br />

On voit qu'il v<strong>au</strong>t la peine de considérer l'insecte et de<br />

mettre en va<strong>le</strong>ur' son témoignage. Si ce témoignage n'avait<br />

pas été si négligé, il <strong>au</strong>rait évité à la philosophie bien des<br />

erreurs. Malheureusement, comme dii Schopenh<strong>au</strong>er<br />

« On ne comprend pas <strong>le</strong> langage de la nature. <strong>par</strong>ce qu'ü.<br />

est trop simp<strong>le</strong> Il<br />

(1) Nous verrons que l'idéalisme philosophique, basé sur <strong>le</strong>s faits.<br />

est complètement dégagé des vieil<strong>le</strong>s conceptions de la théologie<br />

dogmatique.


CHAPITRE<br />

VI<br />

LES FACTEURS CLASSIQUES SONT IMPUISSANTS<br />

A RESOUDRE LA DIFFICULTE GENERALE D'OR-<br />

DRE PHILOSOPHIQUE RELATIVE A L'EVOLU-<br />

TION QUI, DU SIMPLE FAIT SORTIR LE COM-<br />

PLEXE ET AU MOINS FAIT SORTIR LE PLUS.<br />

Cette difficulté avait été tota<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> transformisme<br />

classique.<br />

fait redoutab<strong>le</strong>.<br />

négligée<br />

ou esquivée<br />

El<strong>le</strong> est cependant tout à<br />

«<br />

formes<br />

L'ap<strong>par</strong>ition spontanée » de formes supérieures<br />

originel<strong>le</strong>s<br />

est une pure impossibilité, impossibilité<br />

<strong>au</strong>x<br />

scientifique et impossibilité philosophique.<br />

On ne peut échapper <strong>au</strong> di<strong>le</strong>mme suivanl ou l'évolution<br />

n'existe pas ou el<strong>le</strong> implique<br />

une « immanence<br />

potentiel<strong>le</strong> » dans l'univers évoluant.<br />

L'évolution étant démontrée, nous devons forcément<br />

admettre<br />

que<br />

toutes <strong>le</strong>s transformations progressives<br />

comp<strong>le</strong>xes réalisées se trouvaient en puissance dans la<br />

forme ou dans <strong>le</strong>s formes élémentaires primitives.<br />

Cela ne veut nul<strong>le</strong>ment dite<br />

que l'évolution, tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong><br />

a été réalisée, était en germe dans tel<strong>le</strong> forme primitive,<br />

comme l'être vivant est d'abord en<br />

doit lui donner naissance.<br />

germe dans l'œuf qui<br />

Cette finalité préétablie semb<strong>le</strong> infiniment<br />

peu probab<strong>le</strong>.<br />

Cela veut dire simp<strong>le</strong>ment que<br />

la forme primitive avait en<br />

el<strong>le</strong> toutes <strong>le</strong>s<br />

potentialités, cel<strong>le</strong>s qui<br />

ont été réalisées et<br />

cel<strong>le</strong>s<br />

qui<br />

ne l'ont pas été, dans <strong>le</strong> passé, <strong>le</strong> présent et <strong>le</strong><br />

futur.


34 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Quel est, dans cette conception philosophique, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><br />

assigné <strong>au</strong>x facteurs classiques de l'évolution <br />

Simp<strong>le</strong>ment celui de facteurs secondaires et accessoires.<br />

Ils ont joué un rô<strong>le</strong> évident ils ont imposé à l'évolution<br />

un rythme <strong>par</strong>ticulier, et l'ont favorisée mais ils ne Vont<br />

pas produite.<br />

On pourrait à la rigueur supposer l'évolution se faisant<br />

sans l'intervention de la sé<strong>le</strong>ction ou de l'adaptation on<br />

ne conçoit plus l'évolution se faisant <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur seul jeu.<br />

Tel<strong>le</strong> est la constatation capita<strong>le</strong> qui s'impose irrésistib<strong>le</strong>ment.<br />

Ainsi donc, <strong>le</strong> naturalisme classique, après un très long<br />

chemin, vainement battu dans tous <strong>le</strong>s sens, se trouve<br />

ramené, bon gré mal gré, à la recherche de la c<strong>au</strong>se première<br />

qu'il prétendait esquiver. Son impuissance avérée à<br />

trouver <strong>le</strong>s facteurs essentiels de l'évolution ne lni permet<br />

plus de f<strong>au</strong>x-fuyants.<br />

Fiske disait que <strong>le</strong> transformisme avait remis dans <strong>le</strong><br />

monde <strong>au</strong>tant de « téléologie » qu'il en avait en<strong>le</strong>vé. Cette<br />

formu<strong>le</strong> n'est pas heureuse, <strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> implique une<br />

sorte de finalité qui fixerait arbitrairement, d'avance, <strong>le</strong><br />

sens de l'évolution.<br />

Mais ce qui est indubitab<strong>le</strong>, ce qui résulte clairement de<br />

l'examen approfondi du transformisme, c'est la conclusion<br />

suivante<br />

L'évolutionnisme ne peut pas se passer de la philosophie.


IF<br />

PARTIE<br />

LA<br />

CONCEPTION<br />

PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE<br />

CLASSIQUE<br />

DE<br />

L'INDIVIDU<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Gelé*<br />

4


LA CONCEPTION PSYCHO-PHYSIOLOGIQUE<br />

CLASSIQUE DE L'INDIVIDU<br />

AVANT-PROPOS<br />

Nous venons de faire ressortir l'insuffisance de la conception<br />

classique de l'évolution.<br />

Nous allons maintenant tenter de montrer l'insuffisance<br />

de<br />

la<br />

conception classique<br />

de l'individu.<br />

Cette dernière repose sur deux grandes notions l'unicisme<br />

et la<br />

négation de l'unifé du moi.<br />

L'unicisme rejette <strong>le</strong>s anciennes théories<br />

spiritualistes,<br />

animistes et vitalistes qui prétendaient trouver, dans l'Etre,<br />

des principes dynamiques ou psychiques dt'llérertfs d'essence<br />

de l'organisme même. Il se base, pour cela, sur<br />

l'unité morphologique<br />

et<br />

chimique<br />

des êtres vivants l'absence<br />

de discontinuité positive entre <strong>le</strong>s corps vivants et<br />

<strong>le</strong>s corps bruts sur <strong>le</strong>s lois de l'énergétique biologique,<br />

<strong>au</strong>ssi nettes et <strong>au</strong>ssi précises que <strong>le</strong>s lois de l'énergétique<br />

physique<br />

et en concordance avec el<strong>le</strong>s.<br />

La négation de l'unité du moi est basée précisément sur<br />

la<br />

négation<br />

des principes spiritualistes, animistes ou vitalistes<br />

qui sé<strong>par</strong>aient,<br />

dans <strong>le</strong>s anciennes conceptions psycho-physiologiques,<br />

l'homme de l'animalité et l'animalité du<br />

règne minéral. Ces principes étant écartés, on en conclut<br />

que<br />

<strong>le</strong> moi n'est que la synthèse ou <strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xus des éléments<br />

constitutifs de<br />

l'organisme.<br />

A la base d'un être vivant, dit Dastre (1), on trouve<br />

(1) Dastee La vie et la mort.


38 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

« l'activité propre à chaque cellu<strong>le</strong>, la uie élémentaire, vie<br />

cellulaire <strong>au</strong>-dessus, <strong>le</strong>s formes d'activité résultant de<br />

l'association des cellu<strong>le</strong>s, la vie d'ensemb<strong>le</strong>, somme ou<br />

plutôt comp<strong>le</strong>xus des vies <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s élémentaires. »<br />

Or, c'est <strong>par</strong> un simp<strong>le</strong> ma<strong>le</strong>ntendu philosophique, ou<br />

même plutôt <strong>par</strong> une simp<strong>le</strong> erreur de raisonnement, que<br />

<strong>le</strong>s deux notions ci-dessus, unicisme naturaliste et négation<br />

de l'unité du moi sont étroitement liées l'une à l'<strong>au</strong>tre.<br />

La philosophie monistique non seu<strong>le</strong>ment n'implique<br />

pas nécessairement la conception du « moi simp<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus<br />

cellulaire », mais encore, nous <strong>le</strong> verrons, concorde<br />

mieux avec la conception opposée de l'unité centra<strong>le</strong> du<br />

moi.<br />

Si, abdiquant momentanément toute idée métaphysique<br />

sur la constitution de l'individu, nous nous en tenons strictement<br />

<strong>au</strong>x données de fait, nous nous trouvons en présence<br />

d'une constatation capita<strong>le</strong> il y a dans l'indiuidu<br />

des modalités diUérentes de l'énergie, et ces modalités,<br />

alors même qu'el<strong>le</strong>s sont théoriquement 'concevab<strong>le</strong>s<br />

comme re<strong>le</strong>vant d'une essence unique, ne sont pas équiva<strong>le</strong>ntes.<br />

Il y a dans l'Etre de l' « énergie matériel<strong>le</strong> », de l' « énergie<br />

dynamique » pour ainsi dire, de l' « énergie psychologique<br />

» et ces modalités de l'énergie nous ap<strong>par</strong>aissent<br />

à la fois distinctes et hiérarchisées. Tel<strong>le</strong>s sont bien <strong>le</strong>s<br />

données de fait.<br />

Or, en <strong>par</strong>tant de ces données, de ces constatations de<br />

fait, sans s'égarer dans la métaphysique, on peut concevoir<br />

l'Etre de deux façons différentes<br />

La première manière consiste à ne voir dans l'individu<br />

qu'un simp<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus d'individualités <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s élémentaires.<br />

Dans cette conception, <strong>le</strong>s hiérarchies ap<strong>par</strong>entes<br />

constatées dans un Etre sont simp<strong>le</strong> fonction d'orientation<br />

et de situation relative. C'est là la conception classique,.<br />

La deuxième manière consiste à voir dans l'individu un


AVANT-PROPOS 39<br />

comp<strong>le</strong>xus « plus comp<strong>le</strong>xe » pour ainsi dire, dont <strong>le</strong>s<br />

éléments forment des séries hiérarchisées, des « cadres »<br />

<strong>au</strong>tonomes et distincts. Ces séries hiérarchisées, ces cadres<br />

ne sont pas, encore une fois, forcément différents<br />

d'essence mais ils sont différents d'activité et de capacité,<br />

ou si l'on veut, de nive<strong>au</strong> évolutif. On peut concevoir,<br />

ainsi, <strong>au</strong>-dessus du comp<strong>le</strong>xus organique et matériel, un<br />

comp<strong>le</strong>xus dynamique et psychologique organisateur et<br />

centralisateur <strong>le</strong>quel serait lui-même susceptib<strong>le</strong> de subdivisions<br />

rationnel<strong>le</strong>s, jusqu'à permettre la découverte<br />

de l'entité centra<strong>le</strong>, du moi réel, seul, unique et indivisib<strong>le</strong>.<br />

Ces deux façons d'envisager l'individu demeurent, quel<strong>le</strong><br />

que soit la conception métaphysique, monis<strong>le</strong> ou pluraliste,<br />

d'envisager <strong>le</strong>s choses.<br />

La première conception a en sa faveur la simplicité et <strong>le</strong><br />

principe méthodologique de l'économie des c<strong>au</strong>ses.<br />

Mais el<strong>le</strong> a contre el<strong>le</strong> la diversité des faits physiologiques<br />

et des faits psychologiques, et <strong>le</strong>s difficultés insurmontab<strong>le</strong>s<br />

à subordonner <strong>le</strong>s seconds <strong>au</strong>x premiers.<br />

El<strong>le</strong> a contre el<strong>le</strong>, surtout, l'insuffisance flagrante à<br />

faire comprendre non seu<strong>le</strong>ment l'activité psychique, mais<br />

même l'activité vita<strong>le</strong>.<br />

C'est ce que va faire ressortir l'analyse méthodique de<br />

la conception classique de l'individualité physiologique et,<br />

de l'indiuidualité psychologique.


CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

L'INDIVIDUALITE PHYSIOLOGIQUE CLASSIQUE<br />

La<br />

conception du moi physique, simp<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus de<br />

cellu<strong>le</strong>s, se heurte à de grandes difficultés. Nous pouvons<br />

tenter de <strong>le</strong>s classer, comme nous avons classé <strong>le</strong>s difficultés<br />

des théories de l'évolution. Ce sont <strong>le</strong>s difficultés<br />

relatives à la conception généra<strong>le</strong> polyzoïste. <strong>le</strong>s difficultés<br />

relatives à la f orrne spécifique de l'individu, à l'édification,<br />

<strong>au</strong> maintien, <strong>au</strong>x ré<strong>par</strong>ations de l'organisme<br />

<strong>le</strong>s difficultés relafiues <strong>au</strong>x métamorphoses embryonnaire<br />

et<br />

post-embryonnaires <strong>le</strong>s difficultés relatives à la phystologie<br />

dite surpranorma<strong>le</strong>.<br />

1° Difficultés relatives A LA conception POLYZOÏSTE<br />

Voici la description que donne M. Dastre (1) de l'individualité<br />

physique<br />

« Nous nous représentons maintenant l'être vivant comp<strong>le</strong>xe,<br />

animal ou<br />

plante,<br />

avec sa forme qui <strong>le</strong> distingue de<br />

tout <strong>au</strong>tre, comme une cité popu<strong>le</strong>use que mil<strong>le</strong> traits distinguent<br />

de la cité voisine. Les éléments de cette cité sont<br />

indépendants et <strong>au</strong>tonomes <strong>au</strong> même titre que <strong>le</strong>s éléments<br />

anatomiques de l'organisme. Les uns comme <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres ont<br />

en eux-mêmes <strong>le</strong> ressort de <strong>le</strong>ur vie, qu'ils n'empruntent<br />

ni ne soutirent des voisins ou de l'ensemb<strong>le</strong>. Tous ces<br />

habitants vivent en définitive, et même, se nourrissent, res-<br />

(1) Dastrb La vie et la mort.


42 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

pirent<br />

de la même<br />

façon,<br />

possédant<br />

tous <strong>le</strong>s mêmes facultés<br />

généra<strong>le</strong>s,<br />

cel<strong>le</strong>s de l'homme, mais chacun a en outre,<br />

son métier, son industrie,<br />

ses<br />

aptitudes,<br />

ses<br />

ta<strong>le</strong>nts<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>squels<br />

il contribue à la vie socia<strong>le</strong> et<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>squels<br />

il<br />

en<br />

dépend<br />

à son tour. Les<br />

corps<br />

d'état,<br />

<strong>le</strong><br />

maçon,<br />

<strong>le</strong><br />

boulanger,<br />

<strong>le</strong> boucher, <strong>le</strong> manufacturier, l'artiste, exécutent des<br />

tâches diverses et fournissent <strong>le</strong>s<br />

produits<br />

différents<br />

et<br />

d'<strong>au</strong>tant<br />

plus variés, plus<br />

nombreux<br />

et<br />

plus<br />

nuancés<br />

que<br />

l'état social est<br />

<strong>par</strong>venu<br />

à<br />

un<br />

plus<br />

h<strong>au</strong>t<br />

degré<br />

de<br />

perfection.<br />

L'être vivant, animal ou<br />

plante,<br />

est une cité de ce<br />

genre.<br />

»<br />

On voit immédiatement <strong>le</strong>s<br />

graves objections qui<br />

se<br />

dressent contre cette<br />

conception.<br />

Le<br />

tabïe<strong>au</strong><br />

qui<br />

nous est donné comme étant celui d'un<br />

être vivant est<br />

purement<br />

et<br />

simp<strong>le</strong>ment<br />

celui d'une colonie<br />

anima<strong>le</strong>.<br />

Exact<br />

peut-être<br />

pour<br />

certaines<br />

formations<br />

n'ayant<br />

de<br />

l'individualisation<br />

que<br />

l'ap<strong>par</strong>ence,<br />

chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x<br />

inférieurs de l'ordre des<br />

zoophytes,<br />

il ne s<strong>au</strong>rait être considéré<br />

comme tel<br />

pour<br />

<strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x nettement individualisés<br />

des <strong>au</strong>tres ordres.<br />

Il<br />

manque<br />

à la cité<br />

que<br />

décrit Dastre, ce<br />

qu'il<br />

y<br />

a<br />

de<br />

plus<br />

essentiel la direction centralisatrice, seu<strong>le</strong><br />

capab<strong>le</strong><br />

de<br />

réunir<br />

d'abord,<br />

puis<br />

de maintenir, d'ordonner, de diriger<br />

<strong>le</strong>s<br />

corps<br />

d'état<br />

pour<br />

<strong>le</strong> bien commun.<br />

2° DIFFICULTÉS RELATIVES A LA FORME SPÉCIFIQIiE DE L'INDI-<br />

VIDU, A l'édification, AU MAINTIEN, <strong>au</strong>x RÉPARATIONS DE<br />

L'ORGANISME.<br />

Pour la conception classique, tout ce qui touche à la<br />

vie, à la formation, <strong>au</strong> développement,<br />

<strong>au</strong> maintien de l'organisme<br />

et à ses ré<strong>par</strong>ations,<br />

reste<br />

inexpliqué.<br />

Pour el<strong>le</strong>,<br />

Ta physiologie est encore, tota<strong>le</strong>ment, un pur mystère. Si<br />

<strong>le</strong> mystère n'ap<strong>par</strong>aît pas, <strong>au</strong> premier abord, c'est simp<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong> suite d'une illusion bien connue de l'esprit<br />

humain.


L'INDIVIDUALITÉPHYSIOLOGIQUECLASSIQUE 43<br />

L'esprit humain a tendance à croire comprendre une<br />

chose <strong>par</strong> <strong>le</strong> seul fait que cette chose lui est familière. Le<br />

philosophe réagit naturel<strong>le</strong>ment contre cette tendance<br />

mais la fou<strong>le</strong> s'y laisse irrésistib<strong>le</strong>ment entraîner. « Plus<br />

un homme est inférieur <strong>par</strong> l'intelligence, a écrit Schopenh<strong>au</strong>er,<br />

moins l'existence a pour lui de mystère. Toute<br />

chose lui <strong>par</strong>aît porter en el<strong>le</strong>-même l'explication de son<br />

comment et de son pourquoi. »<br />

Or, rien n'est plus familier que <strong>le</strong> fonctionnement, dans<br />

ses grandes lignes, de notre organisme et rien ne <strong>par</strong>aît<br />

plus simp<strong>le</strong> à l'homme vulgaire et cependant, rien n'est.<br />

plus mystérieux.<br />

La vie en el<strong>le</strong>-même comporte un mystère encore impénétré.<br />

Le mécanisme vital, l'activité des grandes fonctions<br />

organiques ne sont pas moins inexpliqués. Cette activité,<br />

qui échappe à la volonté <strong>conscient</strong>e de l'Etre, s'élabore et<br />

s'effectue d'une manière in<strong>conscient</strong>e, exactement comme<br />

nous <strong>le</strong> verrons pour la physiologie dite supranorma<strong>le</strong>.<br />

Le fonctionnement normal est tout <strong>au</strong>ssi « occulte » que<br />

<strong>le</strong> fonctionnement dit supranormal.<br />

La constitution même de l'organisme et tout ce qui s'y<br />

rattache la naissance, la croissance, <strong>le</strong> développement<br />

embryonnaire, <strong>le</strong> développement post-embryonnaire, <strong>le</strong><br />

maintien de la personnalité pendant la vie, <strong>le</strong>s ré<strong>par</strong>ations<br />

organiques, allant chez certains anim<strong>au</strong>x, jusqu'<strong>au</strong>x régénérations<br />

de membres et même de viscères, sont <strong>au</strong>tant<br />

d'énigmes insolub<strong>le</strong>s si l'on admet la conception classique<br />

de l'individualité.<br />

Essayons, en effet, de comprendre, à la lumière de cette<br />

conception, l'édification et <strong>le</strong> fonctionnement de l'individualité<br />

anatomo-physiologique. Laissons momentanément<br />

de côté la question purement philosophique ou même simp<strong>le</strong>ment<br />

psychologique. N'envisageons que l'être physique,<br />

l'individualité physiologique, considérée comme comp<strong>le</strong>xus<br />

cellulaire. D'où et comment <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus de cellu<strong>le</strong>s<br />

qui constitue un être quelconque tient-il sa forme spécifi-


44 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

que Comment<br />

garde-t-il<br />

cette forme sa vie durant Comment<br />

sa personnalité physique<br />

se farme-t-el<strong>le</strong>, se maintient-e<strong>le</strong>,<br />

se ré<strong>par</strong>e-t-eï<strong>le</strong> <br />

Il<br />

n'y<br />

a<br />

plus, remarquons-<strong>le</strong>,<br />

à<br />

invoquer l'action d'un<br />

dynamisme organisateur, que la<br />

physiologie classique<br />

repousse.<br />

On ne peut même<br />

plus<br />

avoir recours à l' « idée<br />

directrice » de Cl<strong>au</strong>de Bernard, que<br />

l'on tient pour surannée.<br />

Comment donc <strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xes cellulaire a-t-il en lui,<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> seul fait de l'association de ses éléments constitutifs,<br />

cette puissance vita<strong>le</strong> et individu alisatriee <br />

D'où comment pourquoi Encore une fois, <strong>au</strong>tant de<br />

mystères. Dastre déclare « insondab<strong>le</strong> » (ce sont ses propres<br />

termes) <strong>le</strong><br />

mystère <strong>par</strong> <strong>le</strong>quel, dans <strong>le</strong> développement<br />

embryonnaire,<br />

« la cellu<strong>le</strong> œuf, attirant à el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s matéri<strong>au</strong>x<br />

du dehors, arrive à édifier progressivement l'étonnante<br />

construction qui est <strong>le</strong> corps de l'animal, <strong>le</strong> corps<br />

de l'homme, <strong>le</strong> corps d'un homme déterminé ». On a cependant<br />

cherché et trouvé des explications el<strong>le</strong>s sont<br />

d'une faib<strong>le</strong>sse déconcertante.<br />

Le Dantec, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, déclare que la forme d'un être,<br />

sa constitution intégra<strong>le</strong>, dépendent nécessairement de la<br />

composition chimique, de la relation établie entre la forme<br />

-nf-cifique et cette composition chimique.<br />


l'ikdicidcalîté physiologique CLASSIQUE 45<br />

miquie, n'est point née dans l'esprit des chimistes ni dans<br />

celui des physiologistes,<br />

»<br />

En réalité, la prétendue explication de Le Dantec n'est<br />

pas <strong>au</strong>tre chose qu'une- explication verba<strong>le</strong>. EHe substitue<br />

simp<strong>le</strong>ment nue difficulté à une <strong>au</strong>tre. Au lieu de se demander<br />

« Comment se réalise ta forme spécifique » on<br />

est conduit, si l'on admet l'hypothèse de Le Dantec. à se<br />

demander « Comment se réalise et se maintient la condition<br />

d'équilibre chimique, base de la forme spécifique »<br />

Le mystère est tout <strong>au</strong>ssi profond. Mais, même prise tel<strong>le</strong><br />

quel<strong>le</strong>, l'hypothèse n'est pas soutenab<strong>le</strong>, car el<strong>le</strong> est incapab<strong>le</strong><br />

de rendre compte, comme nous <strong>le</strong> verrons plus loin,<br />

des changements subis <strong>par</strong> l'organisme pendant son développement<br />

embryonnaire.<br />

<strong>De</strong> même que la conception classique du moi est incapab<strong>le</strong><br />

de rendre compte de l'édification de l'organisme et<br />

de sa forme spécifiqiae, el<strong>le</strong> est incapab<strong>le</strong> de faire comprendre<br />

comment, pendant la vie, se maintient et se ré<strong>par</strong>e<br />

cet organisme.<br />

Rien de plus curieux- que <strong>le</strong>s efforts tentés <strong>par</strong> <strong>le</strong>s naturalistes<br />

et <strong>le</strong>s physiologistes, en face du problème permanence<br />

individuel<strong>le</strong>, malgré <strong>le</strong> perpétuel renouvel<strong>le</strong>ment<br />

cellulaire.<br />

Cl<strong>au</strong>de Bernard s'était attaché à démontrer que <strong>le</strong>s fonctions<br />

vita<strong>le</strong>s s'accompagnent fata<strong>le</strong>ment d'une destruction<br />

et d'une régénération organique.<br />

« Quand, écrivait-il, (1) chez l'homme et chez l'animal'<br />

un mouvement' survient, une <strong>par</strong>tie de la substance active<br />

du musc<strong>le</strong> se détruit ou se brû<strong>le</strong> quand la sensibilité et la<br />

volonté se manifestent, <strong>le</strong>s nerfs s'usent quand la pensée<br />

s'exerce, <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong> se consume. On peut dire que jamais<br />

la même matière ne sert deux fois à la vie. Lorsqu'un acte<br />

est accompli, la <strong>par</strong>cel<strong>le</strong> de matière vivante, qui a servi<br />

(1) Cl-AUDE Bebsabd Les Phénomènes de la vie.


46 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

à <strong>le</strong> produire n'est plus. Si <strong>le</strong> phénomène re<strong>par</strong>aît, c'est<br />

une matière nouvel<strong>le</strong> qui lui a prêté son concours. Partout,<br />

en un mot, la destruction physico-chimique est unie à<br />

l'activité fonctionnel<strong>le</strong> et nous pouvons regarder comme<br />

un axiome physiologique la proposition suivante toute<br />

mani$estation d'un phénomène dans l'ëtre vivant est nécessairement<br />

liée à une destruction organique. »<br />

Or, cet axiome est battu en brèche <strong>par</strong> <strong>le</strong>s physiologistes<br />

contemporains. Leurs efforts tendent à établir, qu'<strong>au</strong><br />

contraire de ce que pensait Cl<strong>au</strong>de Bernard, la substance<br />

réel<strong>le</strong>ment vivante, <strong>le</strong> protoplasma, se détruit be<strong>au</strong>coup<br />

moins, <strong>au</strong> cours de la vie, qu'on ne l'avait pensé. Le renouvel<strong>le</strong>ment<br />

cellulaire serait des plus restreints (Ch<strong>au</strong>ve<strong>au</strong>,<br />

Pfluger).<br />

Certains physiologistes n'ont même pas hésité à attribuer<br />

à la cellu<strong>le</strong> cérébra<strong>le</strong> une durée indéfinie (Marinesco).<br />

Enfin, Le Dantec, allant plus loin encore, déclare que<br />

non seu<strong>le</strong>ment la matière vivante ne se détruit pas, mais<br />

qu'el<strong>le</strong> s'acroît <strong>par</strong> l'usage.<br />

Il semb<strong>le</strong> que rien ne serait pluis faci<strong>le</strong> à résoudre expérimenta<strong>le</strong>ment<br />

que <strong>le</strong> problème de la destruction cellulaire,<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> dosage des déchets azotés de l'urine. En réalité, il<br />

est très diffici<strong>le</strong> de faire, dans cette élimination azotée, la<br />

<strong>par</strong>t qui revient <strong>au</strong>x albuminoïdes des aliments et <strong>au</strong>x<br />

albuminoïdes de l'organisme et <strong>le</strong>s recherches <strong>le</strong>s mieux<br />

conduites tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s de Igo K<strong>au</strong>p sont restées incertaines<br />

jusqu'à présent.<br />

Mais à déf<strong>au</strong>t de preuves de laboratoires, <strong>le</strong> raisonnement<br />

suffit à prouver la destruction et la régénération perpétuel<strong>le</strong>s<br />

du protoplasma cellulaire.<br />

Il semb<strong>le</strong> d'abord évident à priori, sans même qu'il soit<br />

besoin de <strong>le</strong> démontrer, que cet élément infime qu'est là<br />

cellu<strong>le</strong> vivante n'a forcément qu'une durée restreinte infiniment<br />

plus restreinte, en tous cas, que cel<strong>le</strong> de l'organisme<br />

<strong>au</strong>quel el<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>tient. El<strong>le</strong> se renouvel<strong>le</strong> donc un'<br />

nombre de fois x pendant la vie de cet organisme.


l'individualité PHYSIOLOGdQUECLASSIQUE 47<br />

<strong>De</strong> plus, la nécessité impérieuse de l'ingestion <strong>par</strong> l'être<br />

vivant d'aliments azotés en notab<strong>le</strong> quantité ne s'explique<br />

que <strong>par</strong> la nécessité de ses régénérations cellulaires.<br />

Il f<strong>au</strong>drait; <strong>au</strong>trement, faire cette supposition absurde<br />

que l'azote n'est ingéré que pour être <strong>au</strong>ssitôt éliminé, et<br />

ne constitue pas un aliment indispensab<strong>le</strong>, alors que <strong>le</strong><br />

contraire est bien établi.<br />

Donc, même si <strong>le</strong>s recherches ultérieures prouvaient que<br />

la cellu<strong>le</strong> vivante restes pendant la vie, intacte dans son<br />

cadre, cela ne signifierait pas du tout qu'el<strong>le</strong> reste intacte<br />

dans ses molécu<strong>le</strong>s constilutiues.<br />

Le problème du renouvel<strong>le</strong>ment moléculaire serait substitué<br />

<strong>au</strong> problème du renouvel<strong>le</strong>ment cellulaire, et la question<br />

resterait posée, ni plus ni moins mystérieuse.<br />

Ainsi, « l'idée directrice » préside nécessairement <strong>au</strong><br />

maintien de la personnalité comme el<strong>le</strong> préside à son édification.<br />

Les difficultés que nous venons rapidement de passer<br />

en revue sont déjà bien considérab<strong>le</strong>s. Mais el<strong>le</strong>s ne<br />

sont rien <strong>au</strong>près de cel<strong>le</strong>s que nous allons envisager<br />

maintenant. Le problème des métamorphoses embryonnaires<br />

et post-embryonnaires et <strong>le</strong> problème de la physiologie<br />

dire supranorma<strong>le</strong> permettent, si l'on se donne la<br />

peine de <strong>le</strong>s envisager intégra<strong>le</strong>ment, d'agir mer que la<br />

conception classique de l'individualité physique est erronée<br />

el que l'être est tout <strong>au</strong>tre chose qu'un cornp<strong>le</strong>xus de cellu<strong>le</strong>s.<br />

Nous allons saisir sur <strong>le</strong> vif la défectuosité fondamenta<strong>le</strong><br />

de la méthode ascendante, qui s'efforce d'adapter une explication<br />

à des faits simp<strong>le</strong>s ou relativement simp<strong>le</strong>s, en<br />

esquivant <strong>le</strong>s difficultés inhérentes <strong>au</strong>x faits comp<strong>le</strong>xes<br />

ou relativement comp<strong>le</strong>xes.<br />

Si l'on envisage la physiologie synthétiquement, dans<br />

son ensemb<strong>le</strong>, sans en écarter ces difficultés primordia<strong>le</strong>s<br />

à plus forte raison, si l'on s'attache avant tout à ces difficultés<br />

primordia<strong>le</strong>s, alors, la conception de l'individualité,


'18 DE L'INCONSCIENT AU COXtCIEMT<br />

Ja conception qui s'impose, indéniab<strong>le</strong> et évidente, est tout<br />

opposée à cel<strong>le</strong> que l'on s'était efforcé de baser en vain, sur<br />

des tâtonnements analytiques médiocres et restreints.<br />

3° LE PROBLÈME DES MÉTAMORPHOSES embryonnaires<br />

ET<br />

post-embryonnaires<br />

On sait que <strong>le</strong> développement embryonnaire ou posiembryonnaire,<br />

loin d'être uniformé, comporte des séries de<br />

métamorphoses. Ces métamorphoses, tantôt retracent <strong>le</strong>s<br />

états antérieurs traversés <strong>par</strong> l'espèce dans son évolution,<br />

tantôt reflètent des adaptations divergentes réalisées pendant<br />

la vie larvaire.<br />

Les métamorphoses existent chez tous <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x,<br />

mais sont surtout remarquab<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x ayant<br />

-une vie larvaire prolongée, en dehors de l'œuf, tels que ks<br />

batraciens, <strong>le</strong>s mollusques et <strong>le</strong>s annelés. Par <strong>le</strong> fait de ces<br />

métamorphoses, l'être revêt, dans son développement, 4es<br />

formes successives, très différentes <strong>le</strong>s unes des <strong>au</strong>tres,<br />

avant d'acquérir la forme adulte définitive. Ces laits sont<br />

la négation méme des théories classiques sur l'édification<br />

de<br />

l'organisme.<br />

Revenons, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, à l'explication que donne Le<br />

Dantec de la forme spécifique. F<strong>au</strong>t-il admettre que <strong>le</strong>s<br />

conditions d'équilibre chimique, base de la forme spécifique,<br />

changent constamment pendant <strong>le</strong> développement<br />

d'un être, et changent dans un sens donné, suivant une<br />

direction déterminée, cel<strong>le</strong> qui mène à la forme adulte <br />

Soit, mais alors c'est de nouve<strong>au</strong> recourir à « l'idée directrice<br />

» c'est-à-dire, remettre précisément dans la physiologie<br />

toute la finalité que l'on prétendait écarter<br />

Voici un tétard qui a tous <strong>le</strong>s organes, la constitution,<br />

<strong>le</strong> genre de vie d'un poisson. Tout à coup, sans qu'il<br />

change de milieu ni de genre de vie, ses conditions d'équilibre<br />

chimique vont se modifier. El<strong>le</strong>s vont se modifier de<br />

tel<strong>le</strong> sorte, suivant <strong>le</strong>s idées de Le Dantec, que des pattes


l'individualité physiologique CLASSIQUE 49<br />

vont ap<strong>par</strong>aître, que des poumons vont remplacer <strong>le</strong>s<br />

branchies, que <strong>le</strong> coeur, à deux cavités va se transformer<br />

en un cœur à quatre cavités bref que <strong>le</strong> poisson va devenir<br />

grenouil<strong>le</strong><br />

Voilà une méduse ses formes larvaires successives sont<br />

tel<strong>le</strong>ment différentes <strong>le</strong>s unes des <strong>au</strong>tres qu'el<strong>le</strong>s ont été<br />

longtemps prises pour des anim<strong>au</strong>x distincts.<br />

Comment expliquer la génèse de ces formes successives<br />

<strong>par</strong> des modifications dans l'équilibre chimique <br />

Dans ces métamorphoses de la vie embryonnaire, il<br />

y<br />

un doub<strong>le</strong> problème. Il y a d'abord <strong>le</strong> problème des métamorphoses<br />

el<strong>le</strong>s-mêmes. Comment s'effectuent-el<strong>le</strong>s Comment<br />

rappel<strong>le</strong>nt-el<strong>le</strong>s, soit <strong>le</strong>s formes de passage de l'évolution<br />

ancestra<strong>le</strong>, soit <strong>le</strong>s détails des adaptations larvaires<br />

divergentes Où et comment se conserve l'empreinte ineffaçab<strong>le</strong><br />

de ces formes ancestra<strong>le</strong>s et de ces adaptations <br />

Puis il y a <strong>le</strong> problème de l'épanouissement de la forme<br />

individuel<strong>le</strong>. Comment <strong>le</strong>s métamorphoses ne compromettent-el<strong>le</strong>s<br />

pas l'arrivée à la forme adulte et définitive <br />

Comment cette forme <strong>par</strong>vient-el<strong>le</strong> à se réaliser toujours,<br />

à coup sûr, infaillib<strong>le</strong>ment Si l'on ne voit dans l'être<br />

qu'un comp<strong>le</strong>xus cellulaire, <strong>le</strong> doub<strong>le</strong> problème est insolub<strong>le</strong>.<br />

Le mystère ne s'éclaircit que si l'on admet qu'<strong>au</strong>-dessus<br />

des métamorphoses, des modifications organiques et physiologiques,<br />

des révolutions dans l'équilibre chimique de<br />

la vie, il existe une dominante, la dorriinante directrice<br />

d'un dynamisme supérieur.<br />

a<br />

4° L'HISTOLYSE DE L'INSECTF.<br />

.Mais où l'évidence de cette dominante ap<strong>par</strong>aît <strong>le</strong> mieux<br />

et de la manière la plus frappante c'est dans <strong>le</strong> développement<br />

post-embryonnaire de certains insectes.<br />

Certains insectes, on <strong>le</strong> sait, subissent <strong>le</strong>ur dernière et<br />

principa<strong>le</strong> métamorphose dans la chrysalide. Ils sont alors


50 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

l'objet d'un phénomène infiniment mystérieux, celui de<br />

l'histolyse.<br />

Dans l'enveloppe protectrice de la<br />

chrysalide, qui dérobe<br />

l'animal <strong>au</strong>x influences perturbatrices extérieures et à la<br />

lumière, se passe une élaboration étrange, élaboration qui<br />

rappel<strong>le</strong> singulièrement<br />

cel<strong>le</strong> que nous décrirons plus loin<br />

dans la physiologie dite supranorma<strong>le</strong>. Le corps de l'insecte<br />

se dématérialise. Il se<br />

désagrège, fond en une sorte<br />

de bouillie uniforme, une substance<br />

amorphe<br />

unifiée dans<br />

laquel<strong>le</strong> dis<strong>par</strong>aissent en majeure <strong>par</strong>tie <strong>le</strong>s distinctions<br />

organiques<br />

ou<br />

spécifiques.<br />

Voilà <strong>le</strong> fait dans toute son importance.<br />

Sans doute la question de l'histolyse est loin d'être encore<br />

<strong>par</strong>faitement élucidée. <strong>De</strong>puis sa découverte en 1864<br />

<strong>par</strong> Weismann, <strong>le</strong>s naturalistes n'ont pu arriver à se mettre<br />

entièrement d'accord sur l'étendue du<br />

phénomène<br />

histolytique<br />

ni surtout sur son mécanisme.<br />

Voici, cependant, ce qui est bien établi<br />

« Quand la larve devient immobi<strong>le</strong> et se transforme en<br />

pupe, la plu<strong>par</strong>t des tissus dis<strong>par</strong>aissent <strong>par</strong> histolyse. Les<br />

tissus ainsi détruits sont <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s hypodermiques des<br />

quatre premiers segments,<br />

<strong>le</strong>s trachées, <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s, <strong>le</strong><br />

corps graisseux et <strong>le</strong>s nerfs<br />

périphériques.<br />

11 ne reste d'eux<br />

<strong>au</strong>cun élément cellulaire visib<strong>le</strong>. En même temps <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />

de l'intestin moyen se rassemb<strong>le</strong>nt en une masses<br />

centra<strong>le</strong>, constituant une sorte de<br />

magma » (1).<br />

Puis s'effectue une nouvel<strong>le</strong> histogenèse, en <strong>par</strong>tie <strong>au</strong>x<br />

dépens du magma résultant de l'histolyse, en <strong>par</strong>tie gràce<br />

à la prolifération de<br />

corpuscu<strong>le</strong>s spéci<strong>au</strong>x appelés disques<br />

imagin<strong>au</strong>x. Les <strong>par</strong>ties de l'organisme de nourel<strong>le</strong><br />

formation<br />

semb<strong>le</strong>nt ainsi n'avoir pas de rapport de liliation directe<br />

avec <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ties détruites de l'organisme larvaire.<br />

Qu'on <strong>le</strong> veuil<strong>le</strong> ou non, <strong>le</strong><br />

témoignage de <strong>par</strong>eils faits<br />

renverse toutes <strong>le</strong>s<br />

conceptions biologiques classiques<br />

(1) FEUX Hexneguy Les Insectes.


L'INDU IDl'ALITK PHYSIOLOGIQUE CLASSIOL'L 51<br />

l'équilibre chimique conditionnant la forme 'spécifique<br />

l'affinité cellulaire l'assimilation (fonctionnel<strong>le</strong> l'être,<br />

comp<strong>le</strong>xus cellulaire <strong>au</strong>tant de formu<strong>le</strong>s vaines, <strong>au</strong>tant<br />

de non sens<br />

Où bien il f<strong>au</strong>t se contenter de s'incliner devant <strong>le</strong><br />

mystère<br />

et <strong>le</strong> déclarer impénétrab<strong>le</strong> ou bien il f<strong>au</strong>t avoir <strong>le</strong><br />

courage d'avouer que la physiologie classique est<br />

dans une f<strong>au</strong>sse voie.<br />

aiguillée<br />

Il f<strong>au</strong>t et il suffit, en effet, pour tout comprendre, <strong>le</strong><br />

mystère de la forme spécifique, <strong>le</strong> développement embryonnaire<br />

et post-embryonnaire, la constitution et <strong>le</strong> maintien<br />

de la personnalité, <strong>le</strong>s répanations organiques<br />

et tous <strong>le</strong>s<br />

<strong>au</strong>tres problèmes génér<strong>au</strong>x<br />

de la<br />

biologie, d'admettre une<br />

notion non pas nouvel<strong>le</strong>, certes, mais envisagée d'une<br />

façon nouvel<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> d'un dynamisme supérieur à l'organisme<br />

et <strong>le</strong> conditionnunt.<br />

Il<br />

ne<br />

s'agit<br />

pas<br />

seu<strong>le</strong>ment de l'idée directrice de Cl<strong>au</strong>de<br />

Bernard, ^orte d'abstraction, d'entité métaphysico-biologique<br />

incompréhensib<strong>le</strong> il<br />

s'agit d'une notion concrète,<br />

cel<strong>le</strong> d'un dynamisme directeur et centralisateur, dominant<br />

<strong>le</strong>s contingences intrinsèques et extrinsèques, <strong>le</strong>s<br />

réactions chimiques du milieu<br />

comme <strong>le</strong>s influences<br />

ambiantes du milieu extérieur.<br />

organique<br />

Nous allons voir l'existence de ce<br />

dynamisme<br />

affirmée<br />

de la même manière, non avec plus<br />

de certitude, mais avec<br />

plus d'évidence encore, dans la<br />

physiologie dite supranorma<strong>le</strong>.<br />

Là, en effet, <strong>le</strong><br />

dynamisme physiologique dépasse, dans<br />

ses manifestations, <strong>le</strong>s limites de<br />

l'organisme, se sé<strong>par</strong>e<br />

de lui, agit<br />

en dehors de lui. Mieux encore, il<br />

peut désagréger<br />

<strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment cet organisme et reconstituer avec sa<br />

substances, en dehors de lui, de nouvel<strong>le</strong>s formes organiques,<br />

ou, pour employer l'expression philosophique, de<br />

nouvel<strong>le</strong>s représentations.<br />

<strong>Dr</strong> Gcbtavb Gh<strong>le</strong>y. S


CHAPITRE<br />

II<br />

LE<br />

PROBLEME<br />

DE LA PHYSIOLOGIE SUPRANOR.MALE<br />

Personne, <strong>au</strong>jourd'hui n'ignore plus ce<br />

qu'est<br />

la phyaiolocdie<br />

dite supranorma<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> se manifeste, chez des<br />

sujets spécia<strong>le</strong>ment doués et entraînés, appelés médiums,<br />

<strong>par</strong> des effets dynamiques et matériels, inexplicab<strong>le</strong>s <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong> jeu régulier de <strong>le</strong>urs organes, et dépassant <strong>le</strong>ur champ<br />

d'action.<br />

Les phénomènes <strong>le</strong>s plus importants<br />

el <strong>le</strong>s<br />

plus comp<strong>le</strong>xes<br />

de la<br />

physiologie<br />

dite<br />

supranorma<strong>le</strong> sont <strong>le</strong>s phénomènes<br />

dits de matérialisations et de dénlatérialisatioli.<br />

Conformément à notre méthode, ce sont <strong>le</strong>s seuls que<br />

nous nous efforcerons tout d'abord de comprendre et d'expliquer<br />

pour, ensuite, adapter<br />

la solution du problème'<br />

<strong>au</strong>x faits moins importants du même ordre, tels que<br />

<strong>le</strong>s<br />

mouvements<br />

d'objets sans contact.<br />

1° LES matérialisations<br />

Je n'ai pas l'intention de faire ici une étude historique<br />

ou critique des matérialisations, étude<br />

que<br />

<strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur trouvera<br />

dans tous <strong>le</strong>s ouvrages spéci<strong>au</strong>x (1). J'apporterai im-<br />

(1) Ouvrages et trav<strong>au</strong>x à compléter<br />

Aksakoff Animisme et spiritisme.<br />

•T. Bisson Les Pht nomenes dits de rïwtévinlUo.t'um.<br />

CaooKus Recherches sur <strong>le</strong>s phénomènes du Spiritua-lismr.<br />

<strong>De</strong>lannb Les ap<strong>par</strong>itions matérialisées.<br />

D'espérance<br />

Au<br />

pays de l'ombre.<br />

Flammarion Les forces naturel<strong>le</strong>s in-cunn-ues.<br />

Maxwell Les Phénomènes psychiques.<br />

"Richtit: Etudes sur <strong>le</strong>s (<strong>le</strong>, lu rilht Carmen.<br />

DE Sl'Hrenck-Xotzing<br />

<strong>De</strong><br />

Rocn>s


LE PROBLÈMEDE LA PHYSIOLOGIEDITE SUPRANORMALE53<br />

p<strong>le</strong>ment ma contribution personnel<strong>le</strong> à l'analyse et à la<br />

synthèse de ce phénomène d'une importance primordia<strong>le</strong>,<br />

puisque, plus sûrement, plus complètement que tout <strong>au</strong>tre,<br />

il bou<strong>le</strong>verse de fond en comb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s fondements de la physiologie.<br />

Le processus des matérialisations peut se résumer<br />

ainsi du corps du médium sort, s'extériorise une substance<br />

d'abord amorphe ou polymorphe. Cette substance se<br />

constitue en représentations diverses, généra<strong>le</strong>ment représentations<br />

d'organes plus ou moins comp<strong>le</strong>xe.<br />

Nous pouvons donc considérer successivement<br />

Il La substance substratum des matérialisations<br />

2° Ses représentations organisées.<br />

La substance s'extériorise soit sous la forme gazeuse ou<br />

vaporeuse, soit sous la forme liquide ou solide.<br />

La forme vaporeuse est la plus fréquente et la plu" counue.<br />

Auprès du médium se dessine ou s'agglomère une<br />

sorte de vapeur visib<strong>le</strong>, de brouillard souvent relié il son<br />

organisme <strong>par</strong> un lien ténu de la même substances. Puis,<br />

il se produit comme une condensation, en divers points<br />

de ce brouillard, <strong>par</strong> un processus que Le Cour a<br />

com<strong>par</strong>é ingénieusement à la formation supposée des<br />

nébu<strong>le</strong>uses. Ces points de condensation prennent enfin<br />

l'ap<strong>par</strong>ence d'organes, dont <strong>le</strong> développement s'achève<br />

très rapidement.<br />

Sous sa forme liquide ou solide, la substance productrice<br />

des matérialisations est plus accessib<strong>le</strong> à l'examen.<br />

Son organisation est <strong>par</strong>fois plus <strong>le</strong>nte. El<strong>le</strong> reste relativement<br />

longtemps à l'état amorphe et permet de se faire<br />

une idée précise de la genèse même du phénomène.<br />

El<strong>le</strong> a été observée, sous cette forme, chez plusieurs médiums,<br />

spécia<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong> fameux médium Eglinton (1).<br />

Mais c'est chez <strong>le</strong> médium Eva que la genèse de la subs-<br />

(1) Bêlasse Les ap<strong>par</strong>itions matérialisées. Tome 11, pp. G42 ensuivantes.


54 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

tance solide se produit surtout avec une intensité extraordinaire.<br />

Le <strong>le</strong>cteur devra se reporter <strong>au</strong> livre de Mme Bisson<br />

et à celui du docteur de Schrenck-Notzing pour trouver<br />

décrits <strong>le</strong>s aspects innombrab<strong>le</strong>s de la substance solide.<br />

Ayant entraîné et éduqué Eva, Mme Bisson a pu à loisir,<br />

pendant de longues années de recherches, étudier <strong>le</strong><br />

phénomène dont l'importance était restée insoupçonnée.<br />

Le livre de Mme Bisson ap<strong>par</strong>aît ainsi comme une vraie<br />

mine de documents généreusement offerts <strong>au</strong>x savants et<br />

<strong>au</strong>x philosophes.<br />

L'ouvrage du -docteur de Schrenck-Notzing est un exposé<br />

méthodique et comp<strong>le</strong>t, présenté avec art, clair, précis,<br />

documenté, de ses études sur <strong>le</strong> médium Eva. Il contient<br />

<strong>au</strong>ssi <strong>le</strong>s observations d'expériences similaires entreprises<br />

<strong>par</strong> lui avec un <strong>au</strong>tre médium, pourru de faculté<br />

identiques à cel<strong>le</strong>s d'Eva.<br />

J'ai eu l'honneur et l'avantage, grâce à l'amabilité et <strong>au</strong><br />

dévouement de Mme Bisson, d'étudier avec el<strong>le</strong> Eva pendant<br />

un <strong>au</strong> et demi, à des séances bi-hebdomadaires qui<br />

ont eu lieu d'abord chez el<strong>le</strong>, puis ensuite, pendant une<br />

série de trois mois consécutifs, exclusivement dans mon<br />

propre laboratoire (1).<br />

Après Eva, j'ai pu constater des phénomènes assez analogues,<br />

quoique élémentaires, chez des sujets neufs, que je<br />

m'efforçais d'entraîner à donner des matérialisations.<br />

Je vais donner simp<strong>le</strong>ment un résumé synthétique de<br />

mes expériences et observations c'est uniquement mon témoignage<br />

que j'apporte dans ce livre, témoignage concordant<br />

p<strong>le</strong>inement avec celui d'un très grand nombre d'hommes<br />

de science, spécia<strong>le</strong>ment médecins, <strong>au</strong>jourd'hui certains<br />

de l'<strong>au</strong>thenticité du phénomène, alors que la plu<strong>par</strong>t<br />

étaient <strong>par</strong>tis d'un scepticisme absolu.<br />

(1) Le résultat de ces trav<strong>au</strong>x a fait l'objet d'une conférence <strong>au</strong><br />

Collège de France, sous <strong>le</strong> titre La physiologie dite supranorma<strong>le</strong>,.<br />

On trouve cette conférence, illustrée de 24 photogravures, dans <strong>le</strong><br />

« Bul<strong>le</strong>tin de l'Institut pliysiologique » de janvier-juin 1918, 143, bon-<br />

Jovard- Saint-Michel, Paris.


LE PROBLÈMEDE LA PHYSIOLOGIEDITE SUPRANORMALE55<br />

Les matérialisations dont je vais <strong>par</strong><strong>le</strong>r, j'ai pu <strong>le</strong>s voir,<br />

<strong>le</strong>s toucher, <strong>le</strong>s photographier.<br />

J'ai maintes fois suivi <strong>le</strong> phénomène de son origine à sa<br />

terminaison car il se formait, se développait et dis<strong>par</strong>aissait<br />

à mes yeux.<br />

Quelque inattendue, quelque étrange, quelque impossib<strong>le</strong><br />

que semb<strong>le</strong> <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> manifestation, je n'ai plus <strong>le</strong> droit<br />

d'émettre un doute sur sa réalité.<br />

Le mode opératoire, pour l'obtention des matérialisations,<br />

avec Eva, est très simp<strong>le</strong> <strong>le</strong> médium est mis en<br />

état d'hypnose, état superficiel, mais comportant néanmoins<br />

l'oubli de la personnalité norma<strong>le</strong> après qu'on l'a<br />

fait asseoir dans <strong>le</strong> cabinet noir. Le cabinet noir des matérialisations<br />

n'a d'<strong>au</strong>tre but que de soustraire <strong>le</strong> médium<br />

endormi <strong>au</strong>x influences perturbatrices ambiantes et spécia<strong>le</strong>ment<br />

à l'action de la lumière. Il permet ainsi de garder<br />

dans la sal<strong>le</strong> un éclairage suffisant pour bien observer<br />

<strong>le</strong> phénomène.<br />

Les phénomènes se produisent quand ils se produisent,<br />

<strong>au</strong> bout d'un temps variab<strong>le</strong>, <strong>par</strong>fois très court,<br />

<strong>par</strong>fois très long, une heure et plus. Ils débutent toujours<br />

<strong>par</strong> des sensations douloureuses du médium. Ce dernier<br />

pousse des soupirs, des plaintes intermittentes, rappelant<br />

tout à fait cel<strong>le</strong>s d'une femme en couches. Ces plaintes<br />

atteignent <strong>le</strong>ur <strong>par</strong>oxysme <strong>au</strong> moment même du commencement<br />

ap<strong>par</strong>ent du phénomène. El<strong>le</strong>s diminuent ou cessent<br />

quand il est entièrement formé.<br />

L'ap<strong>par</strong>ition de la substance est annoncée, généra<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>par</strong> la présence de taches liquides blanches, lumineuses,<br />

de la dimension d'un pois à cel<strong>le</strong> d'une pièce de<br />

cinq francs, disséminées çà et là sur <strong>le</strong> sarr<strong>au</strong> noir du<br />

médium, principa<strong>le</strong>ment du côté g<strong>au</strong>che.<br />

Cette manifestation constitue un phénomène prémonitoire,<br />

survenant assez longtemps, <strong>par</strong>fois trois quarts<br />

d'heure à une heure, avant <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres phénomènes. El<strong>le</strong><br />

manque quelquefois et il arrive quelquefois <strong>au</strong>ssi qu'el<strong>le</strong> ne


50 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

soit suivie d'<strong>au</strong>cune <strong>au</strong>tre manifestation. La substance<br />

proprement dite, se dégage de tout <strong>le</strong> corps du médium,<br />

mais<br />

spécia<strong>le</strong>ment des orifices naturels et des extrémités<br />

du<br />

corps,<br />

sommet de la tête, bout des seins, extrémités des<br />

doigts.<br />

L'issue la plus fréquente, la plus faci<strong>le</strong> à observer est<br />

l'issue <strong>par</strong> la bouche on voit alors la substance s'extérioriser<br />

de la surface interne des joues, du voi<strong>le</strong> du palais<br />

et des<br />

gencives.<br />

La substance se<br />

présente sous un aspect variab<strong>le</strong> tantôt,<br />

et c'est <strong>le</strong><br />

plus caractéristique, celui d'une pâte malléab<strong>le</strong>,<br />

véritab<strong>le</strong> masse protoplasmique tantôt celui de fils<br />

nombreux et menus tantôt celui de cordons de<br />

grosseur,<br />

diverse, de rayons étroits et rigides tantôt celui de bande<br />

large et étalée tantôt celui de membrane tantôt celui<br />

d'une étoffe, d'un tissu mince, à contours indéfinis et irréguliers.<br />

La<br />

plus curieuse de ces ap<strong>par</strong>ences est cel<strong>le</strong> d'une<br />

membrane largement étalée, pourvue de franges, de bourre<strong>le</strong>ts<br />

et dont l'aspect général rappel<strong>le</strong><br />

tout-à fait cel<strong>le</strong> de<br />

l'épiploon.<br />

En somme, la substance est essentiel<strong>le</strong>ment<br />

amorphe, ou plutôt essentiel<strong>le</strong>ment polymorphe.<br />

L'abondance de la substance extériorisée est des<br />

plus<br />

variab<strong>le</strong> tantôt infime, tantôt considérab<strong>le</strong>, avec toutes<br />

<strong>le</strong>s transitions. Dans certains cas el<strong>le</strong> recouvre entièrement<br />

<strong>le</strong> médium comme d'un mante<strong>au</strong>.<br />

La substance peut présenter trois cou<strong>le</strong>urs différentes<br />

blanche, noire et<br />

grise.<br />

La cou<strong>le</strong>ur blanche est la<br />

plus<br />

fréquente, peut-être <strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> est la plus faci<strong>le</strong> à observer.<br />

Il<br />

y a <strong>par</strong>fois issue simultanée de substance des trois<br />

cou<strong>le</strong>urs. La visibilité de la substance est très variab<strong>le</strong>.<br />

Cette visibilité peut s'accentuer ou diminuer <strong>le</strong>ntement à<br />

diverses reprises. Au contact, la substance donne des impressions<br />

très variab<strong>le</strong>s, impressions généra<strong>le</strong>ment<br />

en rapport<br />

avec la forme momentanée qu'el<strong>le</strong> revêt. EUe semb<strong>le</strong><br />

mol<strong>le</strong> et un peu élastique quand el<strong>le</strong> s'éta<strong>le</strong> dure, noueuse<br />

ou fibreuse quand el<strong>le</strong> forme des cordons.


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRA-\ 0 57.<br />

Parfois el<strong>le</strong> donne la sensation d'une toi<strong>le</strong><br />

d'araignée<br />

frôlant la main des observateurs. Les fils de la substance<br />

sont à la fois Tigides et élastiques.<br />

La substance est mobi<strong>le</strong>. Tantôt el<strong>le</strong> évolue <strong>le</strong>ntement,<br />

monte, descend, se promène sur <strong>le</strong> médium, ses ép<strong>au</strong><strong>le</strong>s,<br />

sa poitrine, ses genoux, <strong>par</strong> un mouvement de reptation<br />

qui rappel<strong>le</strong> celui d'un repti<strong>le</strong> tantôt ses évolutions sont<br />

brusques et rapides el<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>aît et<br />

dis<strong>par</strong>aît<br />

comme<br />

un<br />

éclair.<br />

La substance est extrêmement sensib<strong>le</strong>, et sa sensibilité<br />

se confond avec cel<strong>le</strong> du médium hyperesthésié. Tout<br />

attouchement retentil douloureusement sur ce dernier. Si<br />

l'attouchement est tant soit peu brutal ou prolongé,<br />

<strong>le</strong><br />

médium accuse une dou<strong>le</strong>ur qu'il com<strong>par</strong>e à cel<strong>le</strong> que produirait<br />

un choc sur sa chair à vif.<br />

La substance est sensib<strong>le</strong> même <strong>au</strong>x rayons lumineux.<br />

Une lumière, surtout si el<strong>le</strong> est brusque et inattendue. provoque<br />

un ébran<strong>le</strong>ment douloureux du sujet. Toutefois,<br />

rien n'est<br />

plus<br />

variab<strong>le</strong> que cet effet de la lumière. Dans<br />

certains cas, la substance tolère même la<br />

grande<br />

lumière<br />

du jour. L'éclair du magnésium provoque<br />

un soubres<strong>au</strong>t<br />

du médium, mais il est supporté et permet <strong>le</strong>s<br />

photographies<br />

instantanées.<br />

Il est diffici<strong>le</strong> de distinguer, dans <strong>le</strong>s effets de la lumière<br />

sur la substance, ou dans ses répercussions sur <strong>le</strong> médium.<br />

ce qui est phénomène douloureux ou ref<strong>le</strong>xe pur<br />

dou<strong>le</strong>ur bu ref<strong>le</strong>xe gênent<br />

néanmoins <strong>le</strong>s investigations.<br />

C'est ainsi que, jusqu'à présent, la cinématographie des<br />

n'a<br />

phénomènes<br />

pu être obtenue. A la sensibilité, la substance<br />

joint une sorte d'instinct, rappelant l'instinct de la<br />

conservation chez <strong>le</strong>s invertébrés. La substance <strong>par</strong>aît<br />

avoir toute la méfiance d'un animal sans défense ou dont<br />

la seu<strong>le</strong> défense consiste à rentrer dans l'organisme du<br />

médium dont el<strong>le</strong> est issue. El<strong>le</strong> craint <strong>le</strong>s contacts, toujours<br />

prête<br />

à se dérober et à se résorber.<br />

La substance a une tendance immédiate, irrésistib<strong>le</strong> à'


58 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

l'organisation.<br />

pas longtemps à l'état originel.<br />

Il<br />

arrive<br />

El<strong>le</strong> ne demeure<br />

fréquemment que l'organisation est tel<strong>le</strong>ment<br />

rapide qu'el<strong>le</strong> ne laisse pas<br />

voir la substance primordia<strong>le</strong>.<br />

D'<strong>au</strong>tres fois on voit, simultanément, la substance<br />

amorphe et des représentations plus ou moins complètes<br />

englobées dans sa masse <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> un doigt pendant<br />

<strong>au</strong> milieu de franges de substance. On voit même des têtes,<br />

des visages, enveloppés de substance.<br />

J'arrive maintenant <strong>au</strong>x représentations.<br />

El<strong>le</strong>s sont des plus diverses.<br />

Quelquefois, ce sont des formations<br />

inorganiques<br />

indéterminées<br />

mais, <strong>le</strong> plus souvent, ce sont des formations<br />

organiques, variab<strong>le</strong>s comme comp<strong>le</strong>xité et comme perfection.<br />

On sait que différents observateurs, Crookes et Richet<br />

entre <strong>au</strong>tres, ont décrit des matérialisations<br />

complètes.<br />

11<br />

s'agissait non pas de fantômes, dans <strong>le</strong> sens propre du mot,<br />

mais d'êtres ayant momentanément toutes <strong>le</strong>s<br />

<strong>par</strong>ticularités<br />

vita<strong>le</strong>s d'êtres vivants, dont <strong>le</strong> cœur battait, <strong>le</strong> poumon<br />

respirait;' dont l'ap<strong>par</strong>ence corporel<strong>le</strong> était <strong>par</strong>faite.<br />

Je n'ai pas observé, hélas, <strong>par</strong>eil phénomène <strong>par</strong> contre,<br />

j'ai vu, assez fréquemment, des représentations complotes<br />

d'un organe, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> d'un visage, d'une main<br />

ou d'un doigt.<br />

Dans <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s plus <strong>par</strong>faits, l'organe<br />

matérialisé a toutes<br />

<strong>le</strong>s<br />

ap<strong>par</strong>ences<br />

et<br />

propriétés biologiques d'un organe<br />

vivant. J'ai vu des doigts admirab<strong>le</strong>ment modelés, avec<br />

<strong>le</strong>urs ong<strong>le</strong>s j'ai vu des mains complètes, avec os et articulations<br />

j'ai vu un crâne vivant, dont<br />

je palpais <strong>le</strong>s os,<br />

sous une épaisse chevelure. J'ai vu des<br />

visages bien formés,<br />

des visages vivants, des visages humains<br />

Dans de nombreux cas, ces représentations se sont faites,<br />

développées entièrement à mes yeux, clu commencement<br />

à ln<br />

lin<br />

du phénomène. J'ai vu maintes fois, <strong>par</strong><br />

exemp<strong>le</strong>,<br />

de la substance sortir des<br />

doigts, reliant entre


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE 59<br />

eux<br />

<strong>le</strong>s<br />

doigts<br />

de<br />

chaque main puis, <strong>le</strong> médium écar-ï<br />

tant ses mains, la substance s'allonger, former d'épais<br />

cordons, s'éta<strong>le</strong>r, constituer des franges semblab<strong>le</strong>s à des<br />

franges épiploïques. Enfin, <strong>au</strong> milieu de ces franges, ap<strong>par</strong>aître,<br />

<strong>par</strong> une représentation progressive, des<br />

doigts,<br />

ou<br />

une main,<br />

ou un visage, <strong>par</strong>faitement organisés.<br />

Dans d'<strong>au</strong>tres cas, j'ai<br />

été témoin d'une organisation<br />

analogue, après issue de la substance <strong>par</strong> la bouche.<br />

Un voici un exemp<strong>le</strong> pris dans mon cahier de notes<br />

« <strong>De</strong> la bouche descend <strong>le</strong>ntement, jusque sur <strong>le</strong>s<br />

d'Eva, un cordon de substance blanche, de la<br />

genoux<br />

largeur<br />

approximative de deux doigts ce ruban prend à nos yeux,<br />

<strong>le</strong>s formes <strong>le</strong>s plus variab<strong>le</strong>s tantôt il s'éta<strong>le</strong> sous la forme<br />

d'un. large tissu membraneux perforé, avec des vides et<br />

des renf<strong>le</strong>ments tantôt il se ramasse et se retrécit, puis<br />

se renf<strong>le</strong>, puis s'étire de nouve<strong>au</strong>. Çà et là, de la masse,<br />

<strong>par</strong>tent des prolongements, des espèces de pseudopodes<br />

et ces pseudopodes revêtent<br />

<strong>par</strong>fois, pendant quelques<br />

secondes,<br />

la forme de doigts,<br />

l'éb<strong>au</strong>che de mains, puis rentrent<br />

dans la masse. Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> cordon se ramasse sur<br />

lui-même, s'allonge<br />

sur <strong>le</strong>s genoux d'Eva puis son extrémité<br />

se relève, se détache du médium et s'avance près de<br />

nvi. Je vois alors cette extrémité s'épaissir sous forme d'un<br />

renf<strong>le</strong>ment, d'un bourgeonnement<br />

terminal et ce bourgeonnement<br />

terminal s'épanouit en une main <strong>par</strong>faitement modelée.<br />

Je touche cette main. El<strong>le</strong> donne une sensation norma<strong>le</strong><br />

je sens <strong>le</strong>s os, je sens <strong>le</strong>s doigts<br />

munis de <strong>le</strong>urs<br />

ora<strong>le</strong>s. Puis la main se rétrécit, diminue, dis<strong>par</strong>aît <strong>au</strong><br />

b «ut du cordon. Le cordon fait encore quelques évolutions,<br />

S'' rétracte et rentre dans la bouche du médium. »<br />

En même temps que<br />

la forme solide, on peut observer<br />

la forme vaporeuse de la substance el<strong>le</strong> sort alors de la<br />

surface du corps du médium sous une forme invisib<strong>le</strong> et<br />

impalpab<strong>le</strong>, sans doute à travers <strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s de son vêtement,<br />

et se condense à la surface de ce dernier. On voit<br />

alors comme un petit nuage qui s'agglomère en une tache


60 DE l'ixcoxscient ai; CONSCIENT<br />

blanche sur <strong>le</strong> sarr<strong>au</strong> noir, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de l'ép<strong>au</strong><strong>le</strong>, de la<br />

poitrine ou des genoux. La tache grandit, s'éta<strong>le</strong>, puis el<strong>le</strong><br />

prend <strong>le</strong>s contours ou <strong>le</strong>s reliefs d'une main ou d'un<br />

visage.<br />

Quel que soit son mode de formation, <strong>le</strong> phénomène ne<br />

reste pas toujours en contact avec <strong>le</strong> médium. On l'observe<br />

souvent tout à fait en dehors de lui. L'exemp<strong>le</strong> suivant est<br />

typique<br />

à cet égard<br />

« Une tête ap<strong>par</strong>aît tout à coup, à environ 75 centimètres<br />

de la tête d'Eva. <strong>au</strong>-dessus d'el<strong>le</strong> et à sa droite. C'est<br />

une tête d'homme, de dimension norma<strong>le</strong>, bien formée,<br />

avec ses reliefs habituels. Le sommet du crâne et <strong>le</strong> front<br />

sont <strong>par</strong>faitement matérialisés. Le front est large et h<strong>au</strong>t<br />

<strong>le</strong>s cheveux taillés en brosse et abondants, chatains ou<br />

noirs. Au-dessous des arcades sourcillières, <strong>le</strong>s contours<br />

s'estompent on ne voit bien que <strong>le</strong> front et <strong>le</strong> crâne.<br />

« La tête se dérobe un instant derrière <strong>le</strong> ride<strong>au</strong> puis<br />

re<strong>par</strong>aît dans <strong>le</strong>s mêmes conditions mais la face, incomplètement<br />

matérialisée, est masquée <strong>par</strong> une bande de<br />

substance blanche. J'avance la main je passe mes doigts<br />

à travers <strong>le</strong>s cheveux touffus et je palpe <strong>le</strong>s os du crâne.<br />

Un instant après, tout avait dis<strong>par</strong>u.<br />

»<br />

Les formations manifestent donc une certaine <strong>au</strong>tonomie,<br />

et cette <strong>au</strong>tonomie est physiologique <strong>au</strong>tant<br />

qu'anatomique.<br />

Les organes matérialisés ne sont pas inertes, mais biologiquement<br />

vivants. Une main bien constituée, <strong>par</strong><br />

exemp<strong>le</strong>,<br />

a <strong>le</strong>s capacités fonctionnel<strong>le</strong>s d'une main norma<strong>le</strong>.<br />

J'ai été, maintes fois, intentionnel<strong>le</strong>ment touché<br />

<strong>par</strong> une<br />

main ou saisi <strong>par</strong> des<br />

doigts.<br />

Les plus remarquab<strong>le</strong>s matérialisations que j'ai été à<br />

même d'observer sont cel<strong>le</strong>s qui ont été produites, dans<br />

mon laboratoire, <strong>par</strong> Eva, pendant 3 mois consécutifs,<br />

dans l'hiver de 1917-1918. Dans des séances bi-hebdomadaires,<br />

faites en collaboration avec Mme Bisson, M. <strong>le</strong><br />

Médecin inspecteur général Calmette, M. Ju<strong>le</strong>s Courtier,<br />

M. Le Cour, nous avons obtenu une série de documents


LE PrtOBÏJÈMK I»F. LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE 61<br />

du plus grand<br />

intérêt. Nous avons vu; touché, photographié<br />

des représentations de visages et de têtes, formées <strong>au</strong>x<br />

dépens de la substance originel<strong>le</strong>. Ces représentations se<br />

sont faites à nos yeux, <strong>le</strong>s ride<strong>au</strong>x constamment entrouverts.<br />

Tantôt el<strong>le</strong>s provenaient de<br />

l'organisation d'un cordon<br />

de substance solide issu du médium, tantôt el<strong>le</strong>s provenaient,<br />

<strong>par</strong> formation progressive, d'un brouillard de<br />

substance vaporeuse condensé <strong>au</strong> devant d'Eva, ou à ses<br />

côtés.<br />

Dans <strong>le</strong><br />

premier cas, on voyait fréquemment, sur la matérialisation<br />

terminée, des rudiments plus ou moins importants<br />

du cordon originel de substance.<br />

Les formes matérialisées, dont <strong>le</strong>s photographies ont<br />

été<br />

présentées<br />

dans ma conférence sur la physiologie dite<br />

supranorma<strong>le</strong>, étaient remarquab<strong>le</strong>s<br />

à divers points de<br />

vue.<br />

1° El<strong>le</strong>s avaient totcjours <strong>le</strong>s trois diniensions. J'ai pu<br />

m'en assurer, dans <strong>le</strong> cours des séances, <strong>par</strong> la vue et<br />

plusieurs<br />

fois <strong>par</strong> <strong>le</strong> toucher. Le relief est d'ail<strong>le</strong>urs évident<br />

dans <strong>le</strong>s clichés stéréoscopiques que j'ai pu prendre.<br />

2° Les divers visages de celte série présentaient quelques<br />

analogies avec de grandes variétés<br />

Variétés dans <strong>le</strong>s traits de la physionomie<br />

Variétés dans <strong>le</strong>s dimensions dé la forme, plus petites<br />

que nature mais de grandeur variab<strong>le</strong> d'une séance à l'<strong>au</strong>tre,<br />

et dans <strong>le</strong> cours d'une même séance<br />

Variétés dans la I)ej-<strong>le</strong>etioit des traits, tantôt très réguliers,<br />

tantôt défectueux<br />

com-<br />

Variétés dans <strong>le</strong> degré de matérialisation, <strong>par</strong>fois<br />

p<strong>le</strong>t <strong>par</strong>fois incomp<strong>le</strong>t, avec rudiments de subsfance<br />

<strong>par</strong>fois<br />

seu<strong>le</strong>ment éb<strong>au</strong>ché.<br />

J'appel<strong>le</strong> l'attention sur l'intérêt, à tous points<br />

de<br />

des rudiments de substance. L'importance des rudiments,<br />

vue,<br />

en «<br />

embryologie<br />

métapsychique<br />

» est com<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> à <strong>le</strong>ur<br />

importance en embryologie<br />

norma<strong>le</strong>. Ils sont <strong>le</strong>s témoins;<br />

de l'origine et de la genèse des formations.


62 DE L INCONSCIENT AU <strong>conscient</strong><br />

Les formes avaient d'<strong>au</strong>tant plus d'<strong>au</strong>tonomie qu'el<strong>le</strong>s<br />

étaient mieux matérialisées. El<strong>le</strong>s évoluaient <strong>au</strong>tour d'Eva,<br />

se montra en<br />

grandeur<br />

natu-<br />

et une grande<br />

<strong>par</strong>fois assez loin d'el<strong>le</strong>. L'une des figures<br />

premier lieu à l'ouverture du ride<strong>au</strong>, de<br />

rel<strong>le</strong>, avec une ap<strong>par</strong>ence de vie<br />

remarquab<strong>le</strong><br />

be<strong>au</strong>té.<br />

Dans une <strong>au</strong>tre séance, je pus percevoir avec mes mains,<br />

à travers <strong>le</strong> ride<strong>au</strong> du cabinet noir, <strong>le</strong> contact d'un corps<br />

humain<br />

qui<br />

faisait ondu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> ride<strong>au</strong> (Eva était étendue sur,<br />

son f<strong>au</strong>teuil, entièrement visib<strong>le</strong> et ses mains étaient tenues).<br />

Inuti<strong>le</strong> de dire que <strong>le</strong>s préc<strong>au</strong>tions habituel<strong>le</strong>s avaient<br />

été prises rigoureusement pendant <strong>le</strong>s séances en mon<br />

laboratoire. En entrant dans la sal<strong>le</strong> des séances, où je<br />

pénétrais<br />

seul dans l'interval<strong>le</strong>, <strong>le</strong> médium était, devant<br />

moi, entièrement déshabillé, revêtu d'un maillot<br />

comp<strong>le</strong>t<br />

que l'on cousait dans <strong>le</strong> dos et <strong>au</strong>x poignets. La chevelure,<br />

la cavité bucca<strong>le</strong> étaient visitées <strong>par</strong> moi et <strong>par</strong> mes collaborateurs,<br />

avant et après <strong>le</strong>s séances. On faisait asseoir<br />

Eva à reculons dans <strong>le</strong> f<strong>au</strong>teuil d'osier du cabinet noir<br />

ses mains restaient toujours uisib<strong>le</strong>s et tenues en dehors<br />

des ride<strong>au</strong>x une lumière très suffisante éclairait constamment<br />

la sal<strong>le</strong> des séances. Je ne dis pas seu<strong>le</strong>ment « Il n'y<br />

a pas eu de fr<strong>au</strong>de » je dis « Il n'y avait pas possibilité<br />

de<br />

fr<strong>au</strong>de. )' (IL Du reste, je<br />

ne s<strong>au</strong>rais trop<br />

<strong>le</strong><br />

répéter<br />

presque toujours <strong>le</strong>s matérialisations se sont fnites sous<br />

mes<br />

yeux<br />

et j'ai observé toute <strong>le</strong>ur genèse et tout <strong>le</strong>ur développement.<br />

Les formations organiques bien constituées, ayant tou-<br />

(1) Je suis d'ail<strong>le</strong>urs heureux de dêclarer qu'Eva a toujours fait<br />

preuve, en ma présence, d'une probité expérimenta<strong>le</strong> absolue. La<br />

résignation intelligente et dévouée avec laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> se soumet à<br />

toutes <strong>le</strong>s contraintes et subit <strong>le</strong>s épreuves vraiment pénib<strong>le</strong>s de sa<br />

médiumnité méritent, de la <strong>par</strong>t des hommes de science dignes de<br />

ce nom, une sincère et grande reconnaissance.


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE ô3<br />

tes <strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>ences de la vie, sont. assez souvent remplacées<br />

<strong>par</strong> des formations incomplètes. Le relief manque fréquemment<br />

et <strong>le</strong>s formes sont plates. 11 arrive qu'el<strong>le</strong>s sont <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment<br />

plates et <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment en relief. J'ai vu, dans<br />

certains cas, une main ou un visage ap<strong>par</strong>aître plats, puis,<br />

sous mes yeux, prendre <strong>le</strong>s trois dimensions, soit incomplètement,<br />

soit complètement. Les dimensions, dans <strong>le</strong> cas<br />

de formations incomplètes, sont quelquefois plus petites<br />

que nature. Ce sont <strong>par</strong>fois de véritab<strong>le</strong>s miniatures.<br />

Le caractère incomp<strong>le</strong>t des formations, <strong>au</strong> lieu de se<br />

manifester <strong>par</strong> une altération dans <strong>le</strong>s dimensions de grandeu;r,<br />

de largeur ou d'épaisseur, se présente assez souvent<br />

sous la forme lacunaire. Les matérialisations sont de<br />

dimension norma<strong>le</strong> mais offrent des lacunes dans <strong>le</strong>ur<br />

structure.<br />

Le docteur de Schenck-Notzing, en prenant des photographies<br />

stéréoscopiques simultanément de face, de profit<br />

et de dos, a vu que, généra<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s premières sont<br />

seu<strong>le</strong>s à révé<strong>le</strong>r une matérialisation complète la région<br />

dorsa<strong>le</strong> restant à l'état d'amas de substance amorphe. Il<br />

a observé éga<strong>le</strong>ment, <strong>par</strong>fois, dans <strong>le</strong>s régions même bien<br />

matérialisées, des vides, soit laissés tels quels, soit dissimulés<br />

sous un revêtement uniforme de substance.<br />

J'ai fait personnel<strong>le</strong>ment la même remarque.<br />

Il n'est pas douteux que <strong>le</strong>s voi<strong>le</strong>s flottants, <strong>le</strong>s turbans<br />

et ornements analogues dont se revêtent si souvent <strong>le</strong>s<br />

« fantômes.)) ne masquent des défectuosités ou des lacunes<br />

de <strong>le</strong>ur organisme néo-formé.<br />

Il y a du reste toutes <strong>le</strong>s transitions possib<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s<br />

formations organiques complètes et incomplètes et <strong>le</strong>s<br />

changements, encore une fois, s'effectuent souvent sous <strong>le</strong>s<br />

yeux des observateurs.<br />

A côté de ces formations complètes ou incomplètes, il<br />

f<strong>au</strong>t signa<strong>le</strong>r<br />

une catégorie bizarre de formations. Ce sont<br />

moins des organes que des imitations plus ou moins réus-


64 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> aL CONSCIENT<br />

sies ou plus ou moins<br />

grossièr es d'organes. Ce sont de<br />

véritab<strong>le</strong>s simulacres. On<br />

peut observer tous <strong>le</strong>s simulacres,<br />

simulacres de doigt, n'ayant de cet<br />

organe que la<br />

forme<br />

sans<br />

généra<strong>le</strong>,<br />

cha<strong>le</strong>ur, sans soup<strong>le</strong>sse, sans articulations<br />

des simulacres de<br />

visage<br />

semblant des images, des<br />

découpages ou des<br />

masques des touffes de cheveux adhérentes<br />

à des formations indéfinies, etc.<br />

Les simulacres, dont l'<strong>au</strong>thenticité métapsychique est<br />

indéniab<strong>le</strong> (et ce point est capital), ont déconcerté et troublé<br />

maints observateurs. « On dirait, s'écriait M. de Fontenay,<br />

qu'une sorte de<br />

génie malfaisant se moque des observateurs.<br />

»<br />

En réalité, ces simulacres<br />

s'expliquent faci<strong>le</strong>ment. Ils<br />

sont <strong>le</strong> produit d'une force dont <strong>le</strong> rendement métapsy chique<br />

est médiocre, qui dispose de moyens d'exécution plus<br />

médiocres encore et<br />

qui<br />

fait ce<br />

qu'el<strong>le</strong> peut. El<strong>le</strong> réussit rarement,<br />

précisément <strong>par</strong>ce que son activité, orientée hors<br />

de ses voies habituel<strong>le</strong>s, n'a plus la sûreté que donne, dans<br />

l'acte<br />

physiologique, l'entraînement biologique normal.<br />

Il f<strong>au</strong>t noter d'ail<strong>le</strong>urs, pour bien comprendre ce qui se<br />

passe alors, que la physiologie norma<strong>le</strong> présente el<strong>le</strong>-même<br />

<strong>par</strong>fois <strong>au</strong>ssi ses simulacres. A côté des formations<br />

organiques<br />

bien venues, des<br />

productions<br />

foeta<strong>le</strong>s accomplies,<br />

il y a des f<strong>au</strong>sses couches, des monstruosités, des représentations<br />

aberrantes. Rien de plus curieux, à cet<br />

égard,<br />

que ces néoplasies bizarres, appelées kystes dermoïdes,<br />

dans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s on retrouve des cheveux, des dents, des<br />

organes divers, des viscères et même des formations foeta<strong>le</strong>s<br />

plus ou moins<br />

complètes.<br />

Comme la<br />

physiologie<br />

norma<strong>le</strong>,<br />

la physiologie dite<br />

supranorma<strong>le</strong> a ses produits bien<br />

venus et ses<br />

produits avortés, ses monstruosités, ses productions<br />

dermoïdes. Le<br />

<strong>par</strong>allélisme<br />

est comp<strong>le</strong>t.<br />

Un phénomène <strong>au</strong>ssi curieux, <strong>au</strong> moin., que l'ap<strong>par</strong>ition<br />

des formations matérialisées, c'est <strong>le</strong>ur dis<strong>par</strong>ition.<br />

Cette<br />

dis<strong>par</strong>ition<br />

est<br />

<strong>par</strong>fois instantanée ou<br />

quasi<br />

instan-


LE PROBLÈMEDE LA PHYSIOLOGIEDITE SUPRANORMALE65<br />

tanée. En moins d'une seconde, la formation dont la présence<br />

avait été constatée <strong>par</strong> la vue et <strong>le</strong> contact, dis<strong>par</strong>ait.<br />

Dans d'<strong>au</strong>tres cas, la dis<strong>par</strong>ition se fait <strong>par</strong> degrés. On<br />

observe <strong>le</strong> retour à la substance originel<strong>le</strong> puis la résorption<br />

de la substance dans <strong>le</strong> corps du médium, comme,<br />

el<strong>le</strong> en était sortie et avec <strong>le</strong>s mêmes modalités. Dans d'<strong>au</strong>tres<br />

cas enfin, on voit la dis<strong>par</strong>ition se faire peu à peu,<br />

non <strong>par</strong> retour à la substance, mais <strong>par</strong> diminution progressive<br />

des caractères sensib<strong>le</strong>s. La visibilité de la formation<br />

diminue <strong>le</strong>ntement <strong>le</strong>s contours de l'ectoplasme<br />

pâlissent, s'eflacent et tout dis<strong>par</strong>aît.<br />

Pendant tout <strong>le</strong> temps que dure <strong>le</strong> phénomène de matérialisation,<br />

la formation est en rapport physiologique et<br />

psychologique évident avec <strong>le</strong> médium. Le rapport physiologique<br />

est <strong>par</strong>fois appréciab<strong>le</strong> sous forme d'un mince<br />

cordon de substance qui relie la forme <strong>au</strong> médium et qu'on<br />

peut com<strong>par</strong>er <strong>au</strong> cordon ombilical qui relie l'embryon à la<br />

mère. Même lorsqu'on ne voit pas <strong>le</strong> cordon, <strong>le</strong> rapport physiologique<br />

est toujours intime. Toute impression ireçue <strong>par</strong><br />

l'ectoplasme se répercute <strong>au</strong> médium et réciproquement.<br />

L'extrême sensibilité ref<strong>le</strong>xe de la formation se confond<br />

étroitement avec cel<strong>le</strong> du médium. Tout prouve, en un mot,<br />

que l'ectoplasme, c'est <strong>le</strong> médium même, <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment<br />

extériorisé. Je ne <strong>par</strong><strong>le</strong>, bien entendu, qu'<strong>au</strong> point de vue<br />

physiologique, car je n'envisage pas, en ce moment, <strong>le</strong> côté<br />

psychologique pur de la question.<br />

Tels sont <strong>le</strong>s faits. Reste à <strong>le</strong>s interpréter, si possib<strong>le</strong>.<br />

Il ne s<strong>au</strong>rait s'agir, bien entendu, de prétendre, en quelques<br />

mots et sans plus tarder, définir ce ,qu'est la vie<br />

Qu'il nous suffise d'abord et avant tout, de poser nettement<br />

<strong>le</strong>s termes du problème.<br />

2° L'UNITÉ DE SUBSTAXCEorganique<br />

Le premier terme est relatif à la constitution même de


66 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

la matière vivante. L'examen de la physiologie supranorma<strong>le</strong><br />

confirme à ce 'point de vue l'examen approfondi de la<br />

physiologie norma<strong>le</strong> ils tendent tous deux à établir la<br />

conception de l'unité de la substance organique. Dans nos<br />

expériences, nous avons vu, avant tout, s'extérioriser du<br />

corps du médium une substance unique, amorphe, d'où<br />

dérivaient ensuite <strong>le</strong>s diverses formations idéoplastiques.<br />

Cette substance unique, nous l'avons vue maintes fois, je <strong>le</strong><br />

répète, s'organiser sous nos yeux, se transformer sous nos<br />

veux. Nous avons vu une main sortir d'un amas de substance<br />

une masse blanche devenir un visage nous avons<br />

vu, en quelques instants, la représentation d'une tête<br />

faire place à la représentation d'une main nous avons<br />

pu, <strong>par</strong> <strong>le</strong> témoignage concordant de la vue et du toucher,<br />

percevoir <strong>le</strong> passage de la substance amorphe inorganique<br />

à une représentation formel<strong>le</strong> organique, ayant momentanément<br />

tous <strong>le</strong>s attributs de la vie, représentation complète<br />

en chair et en os, suivant l'expression populaire. Nous<br />

avons vu ces représentations dis<strong>par</strong>aître, se fondre en la<br />

substance originel<strong>le</strong> puis se résorber en un instant dans<br />

<strong>le</strong> corps du médium. Donc, dans la physiologie supranorma<strong>le</strong>,<br />

il n'y a pas; comme substratum des formations organiques<br />

diverses, des substances diverses, substance<br />

osseuse, musculaire, viscéra<strong>le</strong>, nerveuse, etc. il y a simp<strong>le</strong>ment<br />

de la susbtance, la substance unique, base, substratum<br />

de la vie organisée.<br />

Dans la physiologie norma<strong>le</strong>, il en est exactement de<br />

même mais cela est moins ap<strong>par</strong>ent. C'est cependant évident<br />

dans certains cas. Le même phénomène, nous l'avons<br />

dit, qui se passe dans <strong>le</strong> cabinet noir des séances, se passe<br />

dans la chrysalide close de l'insecte. L'histolyse réduit en<br />

grande <strong>par</strong>tie ses organes et ses <strong>par</strong>ties diverses en une<br />

substance unique, substance destinée à matérialiser <strong>le</strong>s<br />

organes et <strong>par</strong>ties diverses de la forme adulte. C'est <strong>le</strong><br />

même phénomène dans <strong>le</strong>s deux physiologies. L'assimilation<br />

est légitime et el<strong>le</strong> est complète.


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE 67<br />

A cette conception de l'unité de matière organique, on<br />

ne s<strong>au</strong>rait rien opposer, sinon des ap<strong>par</strong>ences.<br />

L'ap<strong>par</strong>ence de la physiologie bana<strong>le</strong>, de l'expérience<br />

journalière d'abord cette ap<strong>par</strong>ence ne prouve rien et<br />

nos observations démontrent précisément qu'el<strong>le</strong> est purement<br />

illusoire. Puis il y a l'ap<strong>par</strong>ence physico-chimique.<br />

El<strong>le</strong> est tout <strong>au</strong>ssi trompeuse.<br />

Sans doute, <strong>le</strong>s analyses de la substance manquent.<br />

L'impossibilité<br />

mora<strong>le</strong> de faire subir <strong>au</strong> médium, extériorisant<br />

sa substance, une amputation qui pourrait <strong>le</strong> b<strong>le</strong>sser grièvement<br />

ou <strong>le</strong> tuer, nous arrêtera toujours. Nous ignorons<br />

donc la constitution exacte de cette substance. Est-el<strong>le</strong> décomposab<strong>le</strong><br />

en <strong>le</strong>s différents corps simp<strong>le</strong>s que l'on trouve<br />

dans <strong>le</strong> corps de l'être vivant, carbone, oxygène, hydrogène,<br />

azote, fer, phosphore Réalise-t-el<strong>le</strong> l'unité atomique<br />

absolue Nous n'en savons rien. Peu importe. Ce qui est<br />

essentiel, c'est qu'el<strong>le</strong> réalise l'unité biologique.<br />

Conclusion. Tout se passe en biologie comme si l'être<br />

physique était essentiel<strong>le</strong>ment constitwé <strong>par</strong> une substance<br />

primordia<strong>le</strong> unigue, dont <strong>le</strong>s formations organiques ne sont<br />

que de simp<strong>le</strong>s représentations.<br />

L'unité essentiel<strong>le</strong> de la substance organique est ainsi <strong>le</strong><br />

premier terme du problème de la biologie.<br />

3° L'ÉVIDENCE D'UN DYNAMISME SUPÉRIEUR<br />

Le deuxième terme est inclus dans la nécessité d'admettre<br />

l'existence d'un dynamisme supérieur, organisateur,<br />

centralisateur et directeur.<br />

La nécessité de cette notion ressort de toutes nos connaissances<br />

physiologiques.<br />

Nous avons dit que seu<strong>le</strong> la notion de ce dynamisme permet<br />

de comprendre l'organisation vita<strong>le</strong>, la forme spécifique,<br />

l'édification de l'organisme, <strong>le</strong> maintien de la personnalité<br />

et <strong>le</strong>s ré<strong>par</strong>ations organiques. Nous avons vu surtout<br />

<strong>Dr</strong> GUSTAVE Geujt. 6


68 'Ï; DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

la notion de ce dynamisme supérieur imposée <strong>par</strong> 1 étude du<br />

développement embryonnaire et<br />

post-embryonnaire<br />

et<br />

spécia<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong> l'étude des métamorphoses. Enfin nous l'avons<br />

vu définitivement et absolument démontrée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s<br />

dématérialisations et rematérialisations de l'insecte dans sa<br />

chrysalide ou du médium dans <strong>le</strong> cabinet noir.<br />

Là, plus de doute, plus de discussion possib<strong>le</strong> <strong>le</strong>s faits<br />

prouvent que<br />

<strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s constitutives du comp<strong>le</strong>xus<br />

organique<br />

n'ont pas de spécificité absolue que <strong>le</strong>ur spécificité<br />

relative <strong>le</strong>ur vient<br />

uniquement du mou<strong>le</strong> dynamique<br />

ou idéal<br />

qui<br />

<strong>le</strong>s conditionne, qui<br />

en fait de la substance<br />

viscéra<strong>le</strong>, musculaire, nerveuse, etc. et <strong>le</strong>ur attribue une<br />

forme, une situation et une fonction définies.<br />

Tout se passe<br />

en un mot, dans la<br />

physiologie norma<strong>le</strong> oit<br />

supranorma<strong>le</strong>, comme si <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus organique était édifié,<br />

organisé, dirigé<br />

4° CONDITIONNEMENT du DYNAMISME <strong>par</strong> L'IDÉE<br />

Il est un troisième terme, et c'est <strong>le</strong> plus important <strong>le</strong><br />

dynamisme directeur obéit lui-même à une idée directrice.<br />

Cette idée directrice se retrouve dans toutes <strong>le</strong>s créations<br />

biologiques, soit qu'il s'agisse de la constitution norma<strong>le</strong><br />

d'un organisme, soit qu'il s'agisse d'une matérialisation<br />

anorma<strong>le</strong> plus ou moins comp<strong>le</strong>xe. El<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> un but bien<br />

défini. L'idée directrice n'aboutit<br />

pas toujours p<strong>le</strong>inement<br />

à ce but. Le résultat de son activité est souvent im<strong>par</strong>fait<br />

nous la voyons, soit en physiologie norma<strong>le</strong>, soit en<br />

et maintenu <strong>par</strong> un dynamisme supérieur.<br />

Et c'est là <strong>le</strong> deuxième terme du problème biologique.<br />

physiologie<br />

supranorma<strong>le</strong> donner tantôt des produits bien venus,<br />

tantôt des produits avortés ou monstrueux tantôt même<br />

des simulacres mais qu'el<strong>le</strong> aboutisse ou non, l'idée directrice<br />

se retrouve toujours. Cela est tel<strong>le</strong>ment évident, que<br />

<strong>le</strong> mot juste a été trouvé, d'instinct pour ainsi dire, pour<br />

s'appliquer <strong>au</strong>x phénomènes de matérialisation c'est <strong>le</strong>


LE PROBLÈMEDE LA PHYSIOLOGIEDITE SUPRANORMALE69<br />

mot « idéoplastie » <strong>au</strong>quel on a joint <strong>le</strong> mot de téléplastie<br />

impliquant <strong>le</strong> phénomène en dehors même de l'organisme<br />

décentralisé ou dématérialisé.<br />

Que veut dire ce mot « idéoplastie » Il veut dire modelage<br />

<strong>par</strong> l'idée de la matière vivante. La notion de l'idéoplastic<br />

imposée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s faits est capita<strong>le</strong> l'idée n'est plus<br />

une dépendance, un produit de la matière. C'est <strong>au</strong> contraire<br />

l'idée qui modè<strong>le</strong> la matière, lui procure sa forme et<br />

ses attributs.<br />

En d'<strong>au</strong>tres termes, la matière, la substance unique, se<br />

résoud, en dernière analyse, dans un dynamisme supérieur<br />

qui la conditionne et ce dynamisme est lui-même sous la<br />

dépendance de l'Idée.<br />

Or, cela, c'est <strong>le</strong> renversement total de la physiologie<br />

matérialiste. Cotvjtc îo dit Flammarion dans son livre admirab<strong>le</strong><br />

Les forces nafurel<strong>le</strong>s inconnues, ces manifestations<br />

« confirment ce que nous savons d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t que<br />

l'explication purement mécanique de la nature est insuffisante<br />

et qu'il y a dans l'univers <strong>au</strong>tre chose que la prétendue<br />

matière. Ce n'est pas la matière qui régit <strong>le</strong> monde<br />

c'est un élément dynamique et psychique. » Oui, <strong>le</strong>s matérialisations<br />

idéoplastiques démontrent que 1 être vivant ne<br />

s<strong>au</strong>rait plus être considéré comme un simp<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus<br />

cellulaire. L'être vivant nous ap<strong>par</strong>aît, avant tout, comme<br />

un dynarrto-psychisme et <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus cellulaire qui constitue<br />

son corps n'ap<strong>par</strong>aît plus que comme un produit idéoplastique<br />

de ce dynamo psychisme. Ainsi <strong>le</strong>s formations<br />

matérialisées dans <strong>le</strong>s séances médiumniques relèvent du<br />

même processus biologique que la génération. El<strong>le</strong>s sont<br />

ni plus ni moins miracu<strong>le</strong>uses, ni plus ni moins supranorma<strong>le</strong>s<br />

ou, si l'on veut, el<strong>le</strong>s <strong>le</strong> sont éga<strong>le</strong>ment c'est <strong>le</strong><br />

même mirac<strong>le</strong> idéoplastique qui forme, <strong>au</strong>x dépens du<br />

corps maternel, <strong>le</strong>s mains, <strong>le</strong> visage, <strong>le</strong>s viscères, tous <strong>le</strong>s<br />

tissus, l'organisme entier du fœtus ou, <strong>au</strong>x dépens du corps<br />

du médium, <strong>le</strong>s mains, <strong>le</strong> visage ou l'organisme entier d'une<br />

matérialisatian.


70 DE l'iXCOXsCIEXT AU CONSCIENT<br />

Cette singulière analogie entre la physiologie norma<strong>le</strong> et<br />

la physiologie dite supranorma<strong>le</strong> se retrouve jusque dans<br />

<strong>le</strong>s détails. Voici ces princip<strong>au</strong>x détails l'ectoplasme est<br />

relié <strong>au</strong> médium <strong>par</strong> un lien nourricier, véritab<strong>le</strong> cordon<br />

ombilical, com<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> à celui qui relie l'embryon à l'organisme<br />

maternel. Dans certains cas, <strong>le</strong>s formations matérialisées<br />

se présentent comme dans un œuf de substance.<br />

L'exemp<strong>le</strong> suivant de mon cahier de notes est caractéristique<br />

« sur <strong>le</strong>s genoux du médium ap<strong>par</strong>aît une tache<br />

blanche qui, très rapidement constitue une masse, ronde,<br />

irrégulière, ressemblant à une bou<strong>le</strong> de neige ou de laine<br />

blanche. A nos yeux la masse s'entrouvre, se <strong>par</strong>tage en<br />

deux <strong>par</strong>ties reliées <strong>par</strong> une bande de substance dans<br />

l'une des <strong>par</strong>ties est inclus un visage de femme dont <strong>le</strong>s<br />

traits sont admirab<strong>le</strong>ment modelés. Les yeux, spécia<strong>le</strong>ment,<br />

ont une expression de vie intense. Au bout de quelques<br />

instants, <strong>le</strong> phénomène s'efface, diminue peu à peu de visibilité<br />

et dis<strong>par</strong>aît. J'ai vu éga<strong>le</strong>ment, maintes fois, une main<br />

se présenter, enveloppée d'une membrane qui rappelait<br />

trait pour trait la membrane placentaire. L'impression, à<br />

la vue et <strong>au</strong> contact, était tout à fait cel<strong>le</strong> que donne, dans<br />

un accouchement dystocique, la présentation de la main,<br />

la poche des e<strong>au</strong>x étant intacte.<br />

Une <strong>au</strong>tre analogie avec l'accouchement est cel<strong>le</strong> de la<br />

dou<strong>le</strong>ur. Les gémissements et <strong>le</strong>s efforts du médium en<br />

trance rappel<strong>le</strong>nt étrangement ceux de la femme en couche.<br />

L'assimilation que nous proposons entre la physiologie<br />

norma<strong>le</strong> et la physiologie dite supranorma<strong>le</strong> est donc légitime,<br />

car el<strong>le</strong> décou<strong>le</strong> de l'examen même des faits. Toutefois,<br />

el<strong>le</strong> soulève de sérieuses objections que nous allons<br />

discuteur rapidement.<br />

Tout d'abord, peut-on objecter, si la physiologie norma<strong>le</strong><br />

et la physiologie supranorma<strong>le</strong> relèvent d'un même processus<br />

biologique, d'où vient <strong>le</strong>un diversité ap<strong>par</strong>ente Pourquoi<br />

l'une est-el<strong>le</strong> régulière l'<strong>au</strong>tre exceptionnel<strong>le</strong>, sous-


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE 71<br />

traite <strong>au</strong>x contingences habituel<strong>le</strong>s, cel<strong>le</strong>s de temps, d'espace,<br />

de conditions<br />

que la physiologie<br />

organique<br />

tel<strong>le</strong><br />

que<br />

génératrices,<br />

etc. Nous répondrons<br />

dite norma<strong>le</strong> est <strong>le</strong> produit de l'activité<br />

l'a faite l'évolution. L'idée directrice et<br />

créatrice se détermine norma<strong>le</strong>ment dans un sens donné,<br />

<strong>le</strong> sens de l'évolution de<br />

cette<br />

évolution.<br />

l'espèce se conforme <strong>au</strong> sens de<br />

La<br />

physiologie supranorma<strong>le</strong>, <strong>au</strong> contraire, est <strong>le</strong><br />

produit<br />

d'une activité<br />

idéoplastique orientée dans un sens divergent,<br />

<strong>par</strong> un effort anormal de l'idée directrice.<br />

Pour expliquer cel<strong>le</strong> activité divergente, en dehors des<br />

contingences<br />

habituel<strong>le</strong>s,<br />

il n'est nul besoin d'invoquer une<br />

capacité miracu<strong>le</strong>use ou supranorma<strong>le</strong>.<br />

La<br />

logique<br />

scientifique<br />

comme la<br />

logique philosophique<br />

sont d'accord pour<br />

recourir à une explication plus simp<strong>le</strong> et plus satisfaisante<br />

Les capacités idéoplastiques anorma<strong>le</strong>s, tous <strong>le</strong>s pouvoirs<br />

d'ap<strong>par</strong>ence mystérieuse sur la matière, prouvent simp<strong>le</strong>ment<br />

ceci <strong>le</strong>s lois qui président <strong>au</strong> monde matériel n'ont<br />

pas la rigueur inf<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> el absolue que l'on croyait<br />

el<strong>le</strong><br />

n'ont qu'une va<strong>le</strong>ur relatiue. El<strong>le</strong>s<br />

peuvent<br />

donc être tem*<br />

porairement ou accidentel<strong>le</strong>ment modifiées ou suspendues.<br />

5° LES modalités secondaires DE LA PHYSIOLOGIE<br />

SUPRANORMALE<br />

Ces notions sur <strong>le</strong><br />

processus et <strong>le</strong>s faits de matérialisation<br />

étant établies, il nous sera désormais faci<strong>le</strong>, conformément<br />

à notre méthode, de comprendre <strong>le</strong>s faits moins<br />

comp<strong>le</strong>xes de physiologie<br />

inexplicab<strong>le</strong>s, tant qu'on<br />

a voulu <strong>le</strong>s considérer primitivement<br />

ou isolément.<br />

dite supranorma<strong>le</strong>, faits restés<br />

Les phénomènes de télékinésie ou de mouvements sans<br />

contact, sont explicab<strong>le</strong>s <strong>par</strong> l'action du dynamisme vital<br />

extériorisé et obéissant à une impulsion sub<strong>conscient</strong>e.<br />

Les<br />

expériences<br />

d'Ochorovicz (1) ont établi nettement la<br />

(1) Anna<strong>le</strong>s des sciences psychiques.


72 ;>:: i.'i.vcoxrcieNT Au CONSCIENT<br />

genèse du phénomène. El<strong>le</strong>s ont démontré l'importance, à<br />

ce point<br />

de vue, des matérialisations élémentaires et éb<strong>au</strong>chées,<br />

des fils de substance, des rayons rigides, <strong>par</strong>fois<br />

visib<strong>le</strong>s, <strong>par</strong>fois invisib<strong>le</strong>s, sortant des doigts du médium<br />

et servant de substratum à son dynamisme extériorisé.<br />

Les faits de télékinésie, pour être moins comp<strong>le</strong>xes, ne<br />

sont guère moins importants que <strong>le</strong>s matérialisations. <strong>le</strong><br />

ne crois pas devoir <strong>le</strong>s décrire et je renvoie simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>cteur, <strong>au</strong>x ouvrages spéci<strong>au</strong>x (1).<br />

(1) Lire spécia<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> lumineux rapport de M. Courtier, sur <strong>le</strong>s<br />

expériences faites <strong>par</strong> l'Institut psychologique, avec <strong>le</strong> médium<br />

Eusapia Paladino, en 1905, 190G, 1907, dans <strong>le</strong> local même de l'Institut,<br />

<strong>par</strong> MM. D'Arsonval, Gilbert ¡Bal<strong>le</strong>t, M. et Mme Curie, Bergson,<br />

Ch. î ticket, de Gramont. Voici, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s oonclusione,<br />

que donne M. Courtier, de deux de ces expériences.<br />


LE PROBLÈME DE LA PHYSIOLOGIE DITE SUPRANORMALE 73<br />

Les<br />

phénomènes<br />

de<br />

stigmatisation,<br />

de modifications trophiques<br />

cutanées<br />

<strong>par</strong><br />

suggestion<br />

ou<br />

<strong>au</strong>to-suggestion<br />

ne<br />

sont<br />

que<br />

des<br />

phénomènes<br />

élémentaires<br />

d'idéoplastie,<br />

ùifi-<br />

plus simp<strong>le</strong>s, quoique<br />

de même ordre, que<br />

<strong>le</strong>s<br />

niment<br />

phénomènes<br />

de matérialisation.<br />

Les<br />

guérisons<br />

dites miracu<strong>le</strong>uses sont <strong>le</strong> fruit de la<br />

même<br />

idéoplastie, orientée, <strong>par</strong> suggestion<br />

ou<br />

<strong>au</strong>to-suggestion,<br />

dans un sens favorab<strong>le</strong> <strong>au</strong>x<br />

ré<strong>par</strong>ations<br />

organiques<br />

et<br />

concentrant<br />

pour<br />

un<br />

temps,<br />

dans<br />

ce<br />

but, toute la<br />

puissance<br />

du<br />

dynamisme<br />

vital. Il f<strong>au</strong>t<br />

remarquer<br />

que<br />

la<br />

force<br />

idéoplastique<br />

sub<strong>conscient</strong>e<br />

ré<strong>par</strong>atrice<br />

est<br />

be<strong>au</strong>coup<br />

plus<br />

active chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x inférieurs<br />

que<br />

chez<br />

i'homme<br />

sans<br />

doute<br />

<strong>par</strong>ce<br />

que,<br />

chez ce dernier, la fonction cérébra<strong>le</strong><br />

acca<strong>par</strong>e<br />

et détourne à son<br />

profit<br />

la<br />

majeure<br />

<strong>par</strong>tie<br />

de<br />

la<br />

force vita<strong>le</strong>. Il<br />

n'y<br />

a<br />

pas<br />

de<br />

mirac<strong>le</strong>,<br />

dans <strong>le</strong> retour accidentel<br />

à<br />

l'organisation<br />

humaine des actions<br />

dynamiques<br />

et<br />

idéoplastiques<br />

qui<br />

sont<br />

la<br />

règ<strong>le</strong><br />

<strong>au</strong> bas de l'échel<strong>le</strong> anima<strong>le</strong><br />

Les<br />

phénomènes<br />

de<br />

mintélisme,<br />

si<br />

fréquents<br />

éga<strong>le</strong>ment<br />

dans l'animalité et si<br />

mystérieux<br />

dans <strong>le</strong>ur mécanisme, peu-<br />

<strong>au</strong>ssi<br />

s'expliquer <strong>par</strong> l'idéoplastie<br />

sub<strong>conscient</strong>e.<br />

vent<br />

L'instinct<br />

provoquerait simp<strong>le</strong>ment l'idéoplastie<br />

dans un sens<br />

favorab<strong>le</strong>, et <strong>le</strong>s effets de cette dernière seraient ensuite<br />

facilités et fixés<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s facteurs de sé<strong>le</strong>ction et<br />

d'adaptation<br />

(1).<br />

<strong>par</strong>eil d'enregistrement était,<br />

bien entendu, absolument .passif, et,<br />

d'<strong>au</strong>tre<br />

<strong>par</strong>t,<br />

toute hypothèse d'hallucination col<strong>le</strong>ctive doit être<br />

écartée, puisque <strong>le</strong>s déplacements du meub<strong>le</strong> marquaient <strong>au</strong>tomatiquement<br />

<strong>le</strong>ur trace sur <strong>le</strong> cylindre de Marey. Notons enfin qu'il ne<br />

a'agit pas ici de phénomènes d'attraction ou de répulsion analogues à<br />

ceux des aimants, toujours brusques et de direction invariab<strong>le</strong>. Le<br />

guéridon est transporté avec une <strong>le</strong>nteur relative ses trajectoire<br />

sont ourvilignes, compliquées. Il évite <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s pour atteindre <strong>le</strong><br />

terme de sa course ».<br />

Si j'ai cité om observations des savants expérimentateurs de l'Institut<br />

psychologique,<br />

ce n'est pas à c<strong>au</strong>se de <strong>le</strong>ur importance, qui est<br />

faib<strong>le</strong> en présence de l'extrânt» variété et de la comp<strong>le</strong>xité de la -feéiékinôsio;<br />

c'est uniquement à titre d'exemp<strong>le</strong> indéniab<strong>le</strong> et irréfwtab<strong>le</strong>.<br />

(l)Voir,<br />

à ce<br />

propos, <strong>le</strong>s Mirac<strong>le</strong>s de la volonté, de E. Duchatel<br />

et WarcoU/IBR.


74 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

Nous pouvons résumer d'une manière frappante, dans <strong>le</strong><br />

tab<strong>le</strong><strong>au</strong> ci-après la conception nouvel<strong>le</strong> mise en face de<br />

la conception classique.<br />

6° LES CONCEPTIONS PHYSIOLOGIQUES DE l'individu<br />

RÉSUMÉ<br />

CONCEPTION CLASSIQUE. CONCEPTION NOUVELLE<br />

Ii' organisme est un simp<strong>le</strong> com, Le comp<strong>le</strong>xus organique, son foncp<strong>le</strong>xus<br />

cellulaire. Le dynamisme vi- tionnememt physiologique et tous <strong>le</strong>s<br />

tal n'est que la résultante synthéti- processvs vit<strong>au</strong>x sont conditionnés<br />

que des processus biologiques et du <strong>par</strong> un dynamisme supérieur.<br />

fonctionnement physiologique.<br />

tère.<br />

Phénomène vital primordial: mys- Tous ces phénomènes s'expliquent<br />

Forme<br />

aisément<br />

<strong>par</strong> l'action du dynamisme<br />

Formation de l'organisme: mystère. supérieur, «action généra,trioe, direc-<br />

DTai,nfien de l'organisme: hppothè- trice, oentralisatrice, conservatrice et<br />

ses vagues et insuffisantes.<br />

Développement embryonnaire mystère.<br />

Ré<strong>par</strong>ation de l'organisme: hypo-<br />

thèses vagues et insuffisantes:<br />

ré<strong>par</strong>atrice,<br />

La notion concrète de ce dyna-<br />

mise doit être substituée a la no-<br />

Développement post-embryonnaire tion abstraite de l'idée directrice.<br />

mystère.<br />

Métamorphoses<br />

mystère.<br />

Histolyse de l'insecte mystère. Ces phénomènes s'expliquent <strong>par</strong><br />

l'action<br />

Manifestafaoms sensoriel<strong>le</strong>s er. de-<br />

mtame vital. Le<br />

hors dès origines des sens mystère.<br />

dynamisme conditionne<br />

l'organisme <strong>au</strong> lieu d'être oon-<br />

Manifestations motrices en dehors<br />

ditionné <strong>par</strong> lui. Il peut donc se 6&-<br />

des musc<strong>le</strong>s: mystère.<br />

<strong>par</strong>er de lui et même <strong>le</strong> désorganiser<br />

Manifestations idéoplastiques: mys- <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment pour <strong>De</strong> réorganiser<br />

tèTe. dans des formes, des représentations<br />

différentes et distinctes.<br />

Matérialisations:<br />

mystère.


LE PROBLÈMEDE LA PHYSIOLOGIEDITE SUPRANORMALE75<br />

On <strong>le</strong> voit, <strong>le</strong> mystère qui régnait sur toute la physiologie<br />

nous ap<strong>par</strong>aît quelque peu éclairci. La trip<strong>le</strong> notion,<br />

déduite naturel<strong>le</strong>ment et logiquement des faits cel<strong>le</strong> de<br />

l'unité de substance, du dynamisme organisateur et du<br />

conditionnement de ce dynamisme <strong>par</strong> l'idée nous ont fait<br />

faire un pas décisif dans la marche vers la vérité.<br />

Mais que d'inconnues à dégager encore<br />

Quel<strong>le</strong>s sont l'origine, la fin, la nature exacte du dynamo-psychisme<br />

organisateur, centralisateur et directeur du<br />

comp<strong>le</strong>xus cellulaire Comment ce dynamo-psychisme<br />

mystérieux se trouve-t-il être en puissance dans l'ovu<strong>le</strong><br />

fécondé, la bouture ou <strong>le</strong> bourgeon dont va surgir un<br />

nouvel être Quels sont en un mot; ses rapports exacts.<br />

avec tous <strong>le</strong>s processus vit<strong>au</strong>x <br />

Nous avons <strong>par</strong>lé du pouvoir idéoplastique. Mais, ce<br />

pouvoir, quel est-il <strong>au</strong> juste L'idée directrice, <strong>le</strong>s capacités<br />

idéoplastiques qui se révè<strong>le</strong>nt en physiologie norma<strong>le</strong><br />

ou supranorma<strong>le</strong> ne dépendent pas de la conscience, dans<br />

laquel<strong>le</strong> nous avons l'habitude de résumer, de localiser<br />

tout notre « moi ». El<strong>le</strong>s surgissent des profondeurs d'un<br />

In<strong>conscient</strong> mystérieux et impénétrab<strong>le</strong>.<br />

La volonté <strong>conscient</strong>e et directrice de l'être n'a pas d'action<br />

sur <strong>le</strong>s grandes fonctions organiques et el<strong>le</strong> n'intervient<br />

pas dans <strong>le</strong>s matérialisations idéoplastiques. Cel<strong>le</strong>sci,<br />

produites <strong>au</strong>x dépens de la substance de l'être, semb<strong>le</strong>nt<br />

cependant <strong>par</strong>fois, sinon toujours, être formées ou<br />

dirigées en dehors de lui, <strong>par</strong> des entités distinctes de lui.<br />

Donc, dira-t-on, <strong>par</strong><strong>le</strong>r d'idéoplastie, de modelage de la<br />

matière <strong>par</strong> l'idée, de dynamo-psychisme sub<strong>conscient</strong><br />

organisateur, c'est simp<strong>le</strong>ment recu<strong>le</strong>r <strong>le</strong> mystère, ce ri'est<br />

pas <strong>le</strong> supprimer. L'énigme, plus lointaine n'en est pas<br />

moins insolub<strong>le</strong>.<br />

Insolub<strong>le</strong>, nul<strong>le</strong>ment.<br />

Ce qui est vrai, encore une fois, c'est qu'à <strong>par</strong>tir des<br />

données élémentaires, quoique essentiel<strong>le</strong>s, que nous


76 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

avons fait ressortir de notre démonstration, <strong>le</strong> problème<br />

biologique se complique formidab<strong>le</strong>ment.<br />

Il n'embrasse plus seu<strong>le</strong>ment la physiologie, mais la<br />

psychologie, toutes <strong>le</strong>s sciences naturel<strong>le</strong>s et la philosophie.<br />

En un mot, il ne s'agit plus seu<strong>le</strong>ment de la vie, mais<br />

de la constitution et de l'évolution de l'univers et de l'individu.<br />

Avant de compléter <strong>le</strong> chapitre de la physiologie, nous<br />

devons donc nous soumettre à ,une nouvel<strong>le</strong> application,<br />

plus vaste encore, de notre méthode synthétique. Interrogeons<br />

la psychologie, puis la philosophie <strong>le</strong>s réponses<br />

<strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s qui nous manquent encore nous seront données<br />

<strong>par</strong> la réponse généra<strong>le</strong> à la grande énigme, but de notre<br />

travail.


CHAPITRE<br />

III<br />

L'INDIVIDUALITE<br />

PSYCHOLOGIQUE<br />

Nous venons d'établir la faillite de la<br />

conception classique<br />

de l'individualité physiologique. Nous allons montrer<br />

maintenant la faillite de la conception classique<br />

de<br />

l'individualité<br />

psychologique.<br />

essentiel<strong>le</strong>s<br />

Examinons successivement ces deux<br />

propositions<br />

Cette dernière est basée sur deux notions principa<strong>le</strong>s<br />

La notion du moi<br />

sy nthèse d'états de conscience.<br />

La notion de la dépendance étroite de tout ce qui constilue<br />

l'Etre pensant <strong>au</strong> fonctionnement des centres nerveux:<br />

1° hE moi CONSIDÉRÉ COMME SYNTHÈSE D'ÉTATS DE conscience<br />

Voici, faisant suite à la conception physiologique que<br />

nous<br />

avons<br />

empruntée<br />

à M. Dastre, la conception psychologique<br />

que nous empruntons<br />

à M. Ribot (1)<br />

« C'est l'organisme et <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong>, sa représentation suprême,<br />

qui est la personnalité réel<strong>le</strong>, contenant en lui <strong>le</strong>s<br />

restes de ce<br />

que nous avons été et <strong>le</strong>s possibilités de ce<br />

que nous serons. Le caractère individuel tout entier est<br />

inscrit là avec ses aptitudes actives et passives, ses sympathies<br />

et ses antipathies, son génie, son ta<strong>le</strong>nt ou sa sottise,<br />

ses vertus et ses vices, sa torpeur ou son activité. Ce<br />

qui en émerge jusqu'à la conscience est peu <strong>au</strong> prix de ce<br />

(1) Ribot Les makuMes de la personnalité. (C'est moi qui ai souligné<br />

quelques passages).


78 DE L'L\COi\sCIIiKT AC CONSCIENT<br />

qui reste enseveli quoique agissant. La personnalité<br />

<strong>conscient</strong>e n'est jamais qu'une jaib<strong>le</strong> <strong>par</strong>tie de la personnalité<br />

psychique.<br />

« L'unité du moi n'est donc pas cel<strong>le</strong> de l'entité une des<br />

spiritualisjes qui s'é<strong>par</strong>pil<strong>le</strong> en phénomènes multip<strong>le</strong>s,<br />

mais la coordination d'un certain nombre d'états sans cesse<br />

renaissants, ayant pour seul point d'appui <strong>le</strong> sentiment<br />

vague de notre corps. Cette unité ne va pas de h<strong>au</strong>t en<br />

bas, mais de bas en h<strong>au</strong>t el<strong>le</strong> n'est pas un point initial,<br />

mais un point terminal.<br />

« Le moi est une coordination. Il oscil<strong>le</strong> entre ces deux<br />

,points extrêmes où il cesse d'être l'unité pure, l'incoor-<br />

'dination absolue.<br />

« Le dernier mot de tout ceci, c'est que <strong>le</strong> consensus<br />

de la conscience étant subordonné <strong>au</strong> consensus de l'organisme,<br />

<strong>le</strong> problème de l'unité du moi est, sous sa forme<br />

infime, un problème biologique. A la biologie d'expliquer,<br />

si el<strong>le</strong> <strong>le</strong> peut, la genèse des organismes et la solidarité<br />

de <strong>le</strong>urs <strong>par</strong>ties. L'interprétation psychologique ne peut<br />

que la suivre. »<br />

Le Dantec arrive <strong>au</strong>x mêmes conclusions (1). La conscience<br />

individuel<strong>le</strong>, selon lui, n'est que la somme de toutes<br />

<strong>le</strong>s consciences des neurones, de sorte que « notre moi<br />

sera déterminé <strong>par</strong> <strong>le</strong> nombre, la nature, la disposition,<br />

<strong>le</strong>s connexions réciproques de tous <strong>le</strong>s éléments de notre<br />

système nerveux. »<br />

Aussi donc, pour la psycho-physiologie classique contemporaine,<br />

<strong>le</strong> moi <strong>conscient</strong> n'a pas d'unité essentiel<strong>le</strong><br />

c'est une simp<strong>le</strong> coordination d'états, de mêrne que l'or°ganisme<br />

<strong>au</strong>guel il est lié n'est qu'une coordination polyzoïste<br />

Les objections qui s'imposent à cette conception sont <strong>le</strong>s<br />

mêmes que cel<strong>le</strong>s qui s'imposent à la conception physiologique<br />

de l'individu. El<strong>le</strong>s ne tiennent pas compte de la<br />

(1) LE Daotec Le. Déterminisme biologique et la pe-rsonnalité<br />

<strong>conscient</strong>e. L'Individualité. Théorie nouvel<strong>le</strong> de la vie.


l'individualité PSYCHOLOGIQUE 79<br />

nécessité d'un principe directeur et centralisateur, créant<br />

<strong>le</strong> moi et maintenant sa permanence.<br />

Le Dantec explique ainsi la permanence du moi « La<br />

conscience individuel<strong>le</strong>, dit-il, n'est pas invariab<strong>le</strong> el<strong>le</strong> se<br />

modifiera d'une manière <strong>le</strong>nte et continue avec <strong>le</strong>s changements<br />

incessants que produira dans notre organisme l'assimilation<br />

fonctionnel<strong>le</strong> accompagnant toutes <strong>le</strong>s opérations<br />

que nous exécutons c'est ce qui constituera la variation<br />

de notre personnalité mais, <strong>par</strong> suite de la loi<br />

d'assimilation et de la cohésion <strong>par</strong>ticulière des substances<br />

plastiques, il y <strong>au</strong>ra conlinuité dans <strong>le</strong> temps entre ces<br />

diverses personnalités successives c'est pour cela que <strong>le</strong><br />

moi psychologique accompagne l'individu physiologique<br />

depuis sa naissance jusqu'à sa mort, à travers ses modifications<br />

incessantes. »<br />

La conception du moi synthèse d'éléments est, avec des<br />

modalités diverses, cel<strong>le</strong> de l'immense majorité des psycho-physiologistes<br />

contemporains, <strong>par</strong> réaction contre <strong>le</strong>s<br />

anciennes hypothèses vitalistes ou spiritualistes.<br />

Tous <strong>le</strong>urs efforts tendant à faire concorder, bon gré,<br />

mal gré, cette conception avec la notion expérimenta<strong>le</strong> de<br />

l'unité du moi. Hoeffding (1), P<strong>au</strong>lhan (2), Wundt (3), bien<br />

d'<strong>au</strong>tres encore, ont rivalisé de subtilité dans cette tâche<br />

impossib<strong>le</strong>. Ils vont <strong>par</strong>fois, pour surmonter la difficulté,<br />

jusqu'à avoir recours à de véritab<strong>le</strong>s entités psycho-métaphysiques.<br />

Cl<strong>au</strong>de Bernard avait invoqué, en physiologie,<br />

l'Idée dineclrice. Wundt, en psychologie, attribue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><br />

unitaire à ce qu'il appel<strong>le</strong> l' aperception ».<br />

Ces subtilités ou ces « tours de force » n'ont pas, en réalité,<br />

fait faire un pas en avant à la question<br />

« A quelque<br />

point de vue que l'on se place, comme <strong>le</strong> dit Boutroux, la<br />

multiplicité ne contient pas la raison de l'unité (4). »<br />

(1) Hoeffding Esqwisse d'il/ne psychotogie fondée sur l'expérience.<br />

(2) P<strong>au</strong>lhan L'dctivité menta<strong>le</strong>.<br />

(3) Wcndt Physiologische Psylchologie.<br />

(4) Boutroux <strong>De</strong> la contingence des lois de la nature.


80 DE AC CONSCIENT<br />

C'est l'évidence même et <strong>le</strong> moment est venu de tirer,<br />

de cet aphorisme, ses conséquences logiques. Pour cela,<br />

il<br />

importe, avant tout. de nous dégager des abstractions,<br />

des idées préconçues, des vaines<br />

querel<strong>le</strong>s<br />

d'éco<strong>le</strong> et des<br />

étiquettes.<br />

La question est très simp<strong>le</strong> el<strong>le</strong> ne souffre pas d'équivoque<br />

oui ou non. <strong>le</strong> moi est-il simp<strong>le</strong>ment synthèse d'éléments<br />

<br />

Oui ou non. tel<strong>le</strong><br />

syntllcse<br />

n'est-el<strong>le</strong> que la somme de<br />

conscience ctea neurones et est-el<strong>le</strong> liée éiroifement et exclusivement<br />

<strong>au</strong> fonctionnement des centres nerveux <br />

C'est ce que nous allons examiner :') la lumière de tours<br />

<strong>le</strong>s faits psychologique".<br />

2° LE moi considéré comme miod-wt ur fonctionnement<br />

UT.* CENTRES NERVF.ITX<br />

La<br />

conception classique<br />

était basée, on <strong>le</strong> sait, sur la<br />

vieil<strong>le</strong> notion du <strong>par</strong>allélisme psycho-phgsiologigue dont<br />

on donnait <strong>le</strong>s<br />

preuves<br />

suivantes<br />

Le développement de l'intelligence <strong>conscient</strong>e accompagine<br />

<strong>le</strong> développement de<br />

l'organisme<br />

et sa diminution<br />

progressive concorde plus<br />

tard avec la décrépitude séni<strong>le</strong><br />

L'activité psychologique est proportionnel<strong>le</strong> à l'activité<br />

des centres nerveux<br />

L'activité psychologique dis<strong>par</strong>aît <strong>par</strong> <strong>le</strong> repos des<br />

centres nerveux dans <strong>le</strong> sommeil ou <strong>par</strong><br />

l'inaction des centres<br />

nerveux dans la syncope<br />

L'activité<br />

psychologique<br />

exige<br />

<strong>le</strong> fonctionnement<br />

normal des centres nerveux <strong>le</strong>s lésions<br />

atteignant ces<br />

centres, <strong>le</strong>s infections ou intoxications graves retentissant<br />

sur <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong> troub<strong>le</strong>nt, restreignent oit suppriment l'activité<br />

psychique<br />

Cette activité psychique est étroitement conditionnée<br />

<strong>par</strong> l'étendue des capacités organiques. El<strong>le</strong> en est strictement<br />

insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>.<br />

Les éléments<br />

qu'utilise l'intelligence


L'INDIVIDUALITÉ PSYCHOLOGIQUE 81<br />

lui viennent des sens « nihil est in intel<strong>le</strong>ctu quod non<br />

prius \uent in sensu. » La portée des sens limite ainsi la<br />

portée de l'intelligence <strong>conscient</strong>e.<br />

Toutes <strong>le</strong>s facultés psychologiques, enfin, dépendent<br />

de localisations cérébra<strong>le</strong>s précises et nettes. La destruction<br />

de l'un de ces centres supprime la faculté correspondante.<br />

Tel est l'enseignement classique sur <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisme psychologique,<br />

enseignement si longtemps considéré comme<br />

indiscutab<strong>le</strong> et d'ail<strong>le</strong>urs généra<strong>le</strong>ment indiscuté. Cependant,<br />

de nos jours, des difficultés sérieuses se sont imposées<br />

à l'attention.<br />

3° FAITS DE LA PSYCHOLOGIE norma<strong>le</strong><br />

en CONTRADICTION avec LA THÈSE DU PARALLELISME<br />

Tout d'abord <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisme, analysé à la lumière de<br />

faits nouve<strong>au</strong>x, ne <strong>par</strong>aît plus <strong>au</strong>ssi étroit qu'on<br />

<strong>le</strong> pensait<br />

<strong>le</strong>s tentatives de localisations cérébra<strong>le</strong>s, qui donnaient de<br />

si bel<strong>le</strong>s promesses, ont abouti à un demi échec, sinon à<br />

un échec comp<strong>le</strong>t. Les trav<strong>au</strong>x de Pierre Marie, la thèse<br />

de Moutier ont prouvé que même la localisation la mieux<br />

établie, cel<strong>le</strong> du pied de la troisième fronta<strong>le</strong> g<strong>au</strong>che, n'est<br />

pas la localisation étroite du langage. Le langage, comme<br />

toutes <strong>le</strong>s fonctions, exige l'action synergique de plusieurs<br />

centres.<br />

Certains cas anatomo-pathologiques ont prouvé que la<br />

privation de portions vraiment énormes du cerve<strong>au</strong>, dans<br />

<strong>le</strong>s régions qu'on croyait précisément essentiel<strong>le</strong>s, peut<br />

n'être suiuie d'<strong>au</strong>cun troub<strong>le</strong> psychique grave et d'<strong>au</strong>cune<br />

restriction de la personnafité.<br />

Voici <strong>le</strong> re<strong>le</strong>vé de ces princip<strong>au</strong>x cas, que j'emprunte<br />

<strong>au</strong>x « Anna<strong>le</strong>s des Sciences psychiques<br />

» de janvier 1917 (1).<br />

« M. Edmond Perrier présentait à l'Académie française<br />

{IJ Résumé de M. de Vesme.


82 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> CONSCIENT<br />

des Sciences, dans sa séance du 22 décembre 1913, une<br />

observation du Docteur R. Robinson, concernant un<br />

homme qui vécut un an, presque sans souffrance, sans<br />

<strong>au</strong>cun troub<strong>le</strong> mental ap<strong>par</strong>ent, avec un cerve<strong>au</strong> réduit à<br />

l'état de bouillie et ne formant qu'un vaste abcès puru<strong>le</strong>nt.<br />

«t En juil<strong>le</strong>t 1914, <strong>le</strong> docteur Hallope<strong>au</strong> apportait à la<br />

Société de chirurgie <strong>le</strong> récit d'une opération qu'on fit subir,<br />

à l'hôpital Necker, à une jeune fil<strong>le</strong> tombée d'un wagon<br />

du Métro. A la trépanation, on constate qu'une notab<strong>le</strong><br />

proportion de matière cérébra<strong>le</strong> est réduite littéra<strong>le</strong>ment<br />

en bouillie.<br />

« On nettoie, on draine, on referme et la malade guérit<br />

<strong>par</strong>faitement.<br />

« Maintenant, voici ce que publièrent <strong>le</strong>s journ<strong>au</strong>x <strong>par</strong>isiens<br />

à propos de la séance de l'Académie des Sciences,<br />

à Paris, 24 mars 1917<br />

« L'ablation <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong> du cerve<strong>au</strong>. Comme suite à ses<br />

communications antérieures sur cette intervention, qui va<br />

à l'encontre des idées généra<strong>le</strong>ment professées jusqu'ici,<br />

<strong>le</strong> docteur A. Guépin, de Paris, adresse à l'Académie une<br />

nouvel<strong>le</strong> contribution à l'étude de cette question. Il y mentionne<br />

que son premier opéré,<br />

<strong>le</strong> soldat Louis R., <strong>au</strong>jourd'hui<br />

jardinier près de Paris, malgré la perte d'une<br />

énorme <strong>par</strong>tie de son hémisphère cérébral g<strong>au</strong>che (substance<br />

cortica<strong>le</strong>, substance blanche, noy<strong>au</strong>x centr<strong>au</strong>x, etc.)<br />

continue à se développer intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment comme un sujet<br />

normal, en dépit des lésions et de l'enlèvement de circonvolutions<br />

considérées comme sièges de fonctions essentiel<strong>le</strong>s.<br />

<strong>De</strong> cette observation typique et des neuf <strong>au</strong>tres<br />

analogues du même <strong>au</strong>teur que connaît l'Académie des<br />

Sciences, <strong>le</strong> docteur Guépin estime que l'on peut conclure<br />

<strong>au</strong>jourd'hui sans témérité<br />

Il Que l'amputation <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong> du cerve<strong>au</strong> chez l'homme<br />

est possib<strong>le</strong>, relativement faci<strong>le</strong> et s<strong>au</strong>ve certains b<strong>le</strong>ssés,<br />

que <strong>le</strong>s traités classiques <strong>par</strong>aissent condamner encore à


L'INDIVIDUALITÉ PSYCHOLOGIQUE 83<br />

une mort certaine, ou tout <strong>au</strong> moins à des infirmités incu:<br />

rab<strong>le</strong>s<br />

« 2° Que ces opérés semb<strong>le</strong>nt <strong>par</strong>fois<br />

ne se ressentir<br />

en rien d'avoir perdu tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong><br />

région<br />

cérébra<strong>le</strong>.<br />

« Ce travail est<br />

renvoyé<br />

à l'examen du docteur Laveran,<br />

chargé<br />

de l'étudier dans un rapport.<br />

« Cette<br />

question<br />

est évidemment d'une tel<strong>le</strong> importance,<br />

<strong>au</strong> point<br />

de vue de nos études et <strong>au</strong><br />

point<br />

de vue « humain<br />

» en<br />

général, que<br />

nous<br />

croyons uti<strong>le</strong> de traduire et<br />

«'produire ici un passage d'un discours prononcé <strong>le</strong> 7 août<br />

M) 16 <strong>par</strong> <strong>le</strong> docteur Augustin llurricha, président<br />

de la<br />

Société .Anthropologique de Sucre (capita<strong>le</strong> de la Bolivie),<br />

<strong>au</strong> cours d'une séance de cette Société<br />

« Mais voici des faits plus surprenants encore recueillis<br />

dans la<br />

clinique du docteur Nicolas Ortiz, et que <strong>le</strong> docteur<br />

Domingo Guzman a eu l'amabilité de me communiquer.<br />

La source de ces observations ne peut être soupçon-<br />

Il' el<strong>le</strong> émane de deux h<strong>au</strong>tes personnalités de notre<br />

monde scientifique, de deux vrais savants<br />

\,


84 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

« Le deuxième cas n'est pas moins rare. Il est offert<br />

<strong>par</strong> un indigène âgé de 45 ans, ayant souffert d'une contusion<br />

cérébra<strong>le</strong> <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> de la circonvolution de Broca,<br />

avec fracture des os temporal et <strong>par</strong>iétal g<strong>au</strong>ches. L'observation<br />

du patient avait révélé élévation de la température,<br />

aphasie et hémiplégie droite. Le directeur et <strong>le</strong>s<br />

<strong>au</strong>tres médecins de la clinique entreprirent avec lui une<br />

intéressante expérience de rééducation du langage ils<br />

<strong>par</strong>vinrent à lui faire prononcer de huit à dix mots, <strong>par</strong>faitement<br />

compréhensib<strong>le</strong>s et <strong>conscient</strong>s. Malheureusement<br />

l'expérience ne put continuer <strong>par</strong>cè que <strong>le</strong> malade après<br />

une vingtaine de jours, fut saisi d'une forte élévation de<br />

température, d'une céphalalgie intense suivie de délire et<br />

de coma il expirait trente heures après. Au cours de<br />

l'<strong>au</strong>topsie, on rencontra un grand abcès occupant presque<br />

tout l'hémisphère cérébral g<strong>au</strong>che. Là <strong>au</strong>ssi on peut se<br />

demander « Comment cet homme pensa-t-il quel organe<br />

« lui servit pour penser, après la destruction de la région<br />

« qui, <strong>au</strong> dire des physiologues, est <strong>le</strong> siège de l'intelli-<br />

« gence »<br />

« Un troisième cas de la même clinique est présenté <strong>par</strong><br />

un jeune agriculteur de 1S ans l'<strong>au</strong>topsie montra trois<br />

abcès de la grosseur d'une mandarine, occupant chacun<br />

la <strong>par</strong>tie portérieure des deux hémisphères cérébr<strong>au</strong>x et<br />

une <strong>par</strong>tie du cerve<strong>le</strong>t, avec communications réciproques.<br />

Malgré cela, <strong>le</strong> malade pensait comme <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres hommes,<br />

de tel<strong>le</strong> façon qu'un be<strong>au</strong> jour il demanda et obtint un<br />

congé pour al<strong>le</strong>r s'occuper de ses petites affaires. II mourut<br />

en rentrant à l'hôpital. »<br />

Le <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique est donc tout à<br />

fait relatif.<br />

Ce n'est pas tout. Bien d'<strong>au</strong>tres objections se dressent<br />

encore contre la conception classique, sans même sortir du<br />

domaine de la psychologie ordinaire et bana<strong>le</strong>.<br />

Dans son livre « l'In<strong>conscient</strong> », M. Dwelsh<strong>au</strong>vers a<br />

résumé clairement <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s de ces objections.


l'individualité psychologique 85<br />

D'abord <strong>le</strong>s localisations sont strictement et uniquement<br />

anatomiques.<br />

« La mise en jeu des cellu<strong>le</strong>s cérébra<strong>le</strong>s des centres localisés<br />

suppose une excitation préalab<strong>le</strong>, et cette excitation<br />

préalab<strong>le</strong> provient d'un acte psycho-physiologique qui lui,<br />

ne peut être localisé.<br />

« Il n'y a pas de localisations psycho-physiologiques. Les<br />

localisations sont de la h<strong>au</strong>te fantaisie.<br />

« Et s'il est impossib<strong>le</strong> de localiser la moindre des sensations,<br />

il l'est be<strong>au</strong>coup plus encore d'assigner un endroit<br />

déterminé de l'écorce cérébra<strong>le</strong> à ce qu'on nommait jadis<br />

des facultés abstraction, volonté, sentiment, imagination,<br />

mémoire. »<br />

Donc <strong>le</strong>s hypothèses matérialistes qui faisaient de la<br />

pensée une sécrétion du cerve<strong>au</strong> et voulaient assigner des<br />

centres <strong>au</strong>x facultés menta<strong>le</strong>s sont erronées « Il n'y a pas<br />

de centres spéci<strong>au</strong>x présidant l'un à l'abstraction, l'<strong>au</strong>tre<br />

<strong>au</strong>x émotions, un troisième à la mémoire, un <strong>au</strong>tre à<br />

l'imagination .Cette mythologie cérébra<strong>le</strong> est abandonnée<br />

notre activité spirituel<strong>le</strong> n'obéit pas à des divinités loca<strong>le</strong>s,<br />

érigées -<strong>par</strong> des savants crédu<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s différents coins<br />

de <strong>le</strong>urs schémas cérébr<strong>au</strong>x »<br />

<strong>De</strong> plus il semb<strong>le</strong> réel<strong>le</strong>ment impossib<strong>le</strong> « d'expliquer,<br />

l'activité menta<strong>le</strong> <strong>par</strong> l'activité cérébra<strong>le</strong> et de réduire<br />

l'une à l'<strong>au</strong>tre. » En effet, « chaque fois que l'individu<br />

pensant ne se borne pas à répéter; mais qu'il acquiert<br />

quelque chose de nouve<strong>au</strong>, il dépasse <strong>le</strong>s mécanismes<br />

fixés en lui. l'effort va <strong>au</strong>-delà de l'acquis il forme la<br />

synthèse de l'acquis et d'impressions nouvel<strong>le</strong>s il exige<br />

de la <strong>par</strong>t de l'individu un surcroît d'activité. Le mécanisme<br />

cérébral reste en arrière de l'intelligence. Il y a<br />

dans cette activité qui est véritab<strong>le</strong>ment progressive et caractérise<br />

l'effort humain, une synthèse qui se renouvel<strong>le</strong><br />

et non une répétition de l'acquis. Chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x <strong>au</strong>ssi<br />

on constate cet effort qui est <strong>le</strong> propre de la vie menta<strong>le</strong>,<br />

lorsque, mis dans des conditions anorma<strong>le</strong>s, ils modifient


SU DE L'INCONSCIENT Ali CONSCIENT<br />

<strong>le</strong>urs habitudes et<br />

à des circonstances inaccoutumées.<br />

s'adaptent<br />

Ainsi donc, <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisnce v'est pas strict entre la série<br />

biologique<br />

première (1). »<br />

et, la série<br />

psychologique, cel<strong>le</strong>-ci déborde la<br />

Enfin, dernier argument important<br />

« L'éducation, depuis<br />

<strong>le</strong>s sensations<br />

jusqu'<strong>au</strong>x combinaisons d'idées, a pour<br />

conditions<br />

anatomiques<br />

et<br />

physiologiques l'association t<strong>le</strong><br />

nombreux éléments dont <strong>au</strong>cun en soi n'est, à<br />

proprement<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong>r,<br />

psychologique<br />

ce sont en effet des mouvements<br />

très comp<strong>le</strong>xes. L'activité psychologique ap<strong>par</strong>aît vis-a-vis<br />

d'eux comme une synthèse, et cette<br />

synthèse est dif/é/v/i/c<br />

des élérnerrts qui<br />

la<br />

composent, el<strong>le</strong> esL <strong>au</strong>tre chose


CHAPITRE<br />

IV<br />

LA PSYCHOLOGIE SUBCONSCIENTE<br />

1° La cRVPTorsYCiUK<br />

« Le sub<strong>conscient</strong>, a-t-on dit, est moins un problème<br />

psychologique<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

problème de la<br />

psychologie<br />

»<br />

Paro<strong>le</strong> profondément vraie toute étude, toute théorie,<br />

toute conception philosophique<br />

refusant de faire à <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

sa <strong>par</strong>t légitime, qui<br />

est la <strong>par</strong>t prépondérante,<br />

On se voit forcé d'attribuer à l'In<strong>conscient</strong> un rô<strong>le</strong><br />

primordial<br />

dans l'instinct, dans l'innéité psychologique,<br />

est f<strong>au</strong>ssée d'avance dans son essence et dans ses enseignements.<br />

El<strong>le</strong> voit immédiatement <strong>le</strong>s faitt se dresser<br />

contre el<strong>le</strong> et la submerger.<br />

L'importance de la<br />

psychologie<br />

subconscieiitv ne s'est<br />

imposée que<br />

de nos jours à la<br />

critique scientifique.<br />

Entièrement méconnue <strong>par</strong> el<strong>le</strong>, jusqu'<strong>au</strong><br />

xixe sièc<strong>le</strong>,<br />

puis considérée d'abord uniquement comme <strong>le</strong> fait d'anomalies,<br />

d'accidents ou de maladies, el<strong>le</strong> s'affirme progressivement<br />

et désormais toute nouvel<strong>le</strong> recherche. toute<br />

nouvel<strong>le</strong> découverte accroissent son domaine et sa profondeur.<br />

dans<br />

<strong>le</strong><br />

psychisme latent, dans <strong>le</strong><br />

génie.<br />

Avec <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x contemporains,<br />

<strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong><br />

ap<strong>par</strong>aît,<br />

de plus en plus, infiniment comp<strong>le</strong>xe et<br />

varié. Son rô<strong>le</strong> ressort nettement prépondérant<br />

dans tous<br />

<strong>le</strong>s domaines de la vie intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>. et affective.<br />

La thèse bien connue du docteur Chabaneix « <strong>le</strong> Sub-


88 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

<strong>conscient</strong> chez <strong>le</strong>s artistes, <strong>le</strong>s savants et <strong>le</strong>s écrivains ri<br />

donne un certain nombre d'exemp<strong>le</strong>s <strong>par</strong>ticulièrement<br />

frappants.<br />

Mais en réalité, <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s<br />

sont innombrab<strong>le</strong>s.<br />

On peut dire qu'il n'est pas d'artiste, de savant ou<br />

d'écrivain de va<strong>le</strong>ur qui ne connaisse, <strong>par</strong> son expérience<br />

personnel<strong>le</strong>, pour peu qu'il soit apte<br />

à l'<strong>au</strong>to-observation,<br />

l'importance sans<br />

éga<strong>le</strong><br />

du sub<strong>conscient</strong> (1).<br />

L'influence sub<strong>conscient</strong>e est <strong>par</strong>fois souveraine et impérative.<br />

El<strong>le</strong> constitue alors « l'Inspiration ».<br />

Sous son influence, l'artiste ou <strong>le</strong> savant produit son<br />

couvre, <strong>par</strong>fois un chef-d'oeuvre, d'un jet, sans réf<strong>le</strong>xion<br />

et sans raisonnement bien souvent en dehors de toute<br />

direction voulue et coordonnée toujours sans effort.<br />

L'inspiration sub<strong>conscient</strong>e se fait <strong>par</strong>fois sentir<br />

pendant<br />

<strong>le</strong> sommeil, sous forme de rêves coordonnés et lucides.<br />

Dans d'<strong>au</strong>tres cas, plus nombreux, il<br />

y a comme une<br />

collaboration entre <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> et <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>. 'L'oeuvre<br />

est « amorcée » <strong>par</strong> un acte de volonté et faite à la fois<br />

d'efforts réfléchis et d'inspiration spontanée et tout à fait<br />

involontaire. Cette collaboration aboutit <strong>par</strong>fois à âc*<br />

résultats différents des résultats primitivement cherchés.<br />

Il est extrêmement rare<br />

qu'un grand<br />

artiste ou écrivain<br />

dresse d'avance <strong>le</strong><br />

plan d'une œuvre et y reste fidè<strong>le</strong> commence<br />

son œuvre <strong>par</strong> <strong>le</strong> commencement et la termine <strong>par</strong><br />

la fin compose régulièrement et sans à-coups, comme un.<br />

inaçon, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, bâtit une maison.<br />

Le travail du grand artiste est irrégulier <strong>le</strong> plan qu'il<br />

avait primitivement couru subit, en cours<br />

d'ouvrage, des<br />

modifications profondes, et <strong>par</strong>fois complètes. Les éb<strong>au</strong>ches<br />

ne procèdent pas <strong>le</strong>s unes des <strong>au</strong>tres, avec régularité,<br />

du commencement à la fin de l'œuvre. El<strong>le</strong>s alternent <strong>au</strong><br />

gré<br />

de<br />

l'inspiration du moment. L'artiste n'est pas maître<br />

(1) Je crois superflu de citer des exemp<strong>le</strong>s bien connus. Consulter<br />

en outre de la. Thèse de Chabaneix, IL' In<strong>conscient</strong>, de M. Dtobmhatt-<br />

VERS et généra<strong>le</strong>ment tous <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x sur la psychologie subconscfiente.


LA PSYCHOLOGIE SUBCONSCIENTE 89<br />

en effet, de son inspiration. Parfois el<strong>le</strong> est absente si<br />

l'artiste s'obstine, malgré tous ses efforts, il n'arrivera dfc<br />

jour-là qu'à une tâche médiocre, qu'il jugera ensuite inférieure<br />

et m<strong>au</strong>vaise.<br />

S'il a la sagesse de ne pas insister, il verra, un <strong>au</strong>tre<br />

jour, la tâche abandonnée se terminer comme <strong>par</strong> enchantement<br />

car <strong>le</strong> travail in<strong>conscient</strong> se poursuit penaant<br />

<strong>le</strong> repos et surtout pendant <strong>le</strong> repos.<br />

L'artiste sent <strong>par</strong>faitement s'il est inspiré ou s'il ne l'est<br />

pas. Dans <strong>le</strong> premier cas, travail faci<strong>le</strong>, presque sans<br />

obstac<strong>le</strong>s, accompagné d'une profonde satisfaction, <strong>par</strong>fois<br />

de ravissement. Dans <strong>le</strong> deuxième cas, fatigue non<br />

seu<strong>le</strong>ment intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, mais vraiment physique arrêts<br />

perpétuels labeur fastidieux et douloureux accompagné<br />

d'une impression d'impuissance découragée. L'inspiration<br />

ne vient pas de l'effort, <strong>au</strong> contraire el<strong>le</strong> vient <strong>par</strong>fois <strong>au</strong><br />

moment où on l'attend <strong>le</strong> moins, surtout en dehors des<br />

périodes de travail réfléchi, quand l'esprit est distrait.<br />

Il est des écrivains ou artistes qui ont toujours avec eux<br />

un carnet pour noter, à toute heure et en toute circonstance,<br />

ce que <strong>le</strong>ur souff<strong>le</strong>ra <strong>le</strong> caprice de l'inspiration<br />

quelques vers si c'est un poète un postulat philosophique<br />

si c'est un penseur la solution d'un problème vainement<br />

creusé <strong>au</strong><strong>par</strong>avant si c'est un savant une période bien<br />

faite si c'est un littérateur, etc., etc.<br />

Ainsi guettent-ils, toujours et <strong>par</strong>tout, prêts à l'accueillir,<br />

l'inspiration bienfaisante dans <strong>le</strong>ur cabinet de travail<br />

ou en promenade dans l'iso<strong>le</strong>ment ou dans la fou<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong>ur lit de repos dans <strong>le</strong> train qui <strong>le</strong>s emporte en<br />

voyage dans la voiture qui <strong>le</strong>s emmène <strong>le</strong>urs affaires<br />

<strong>au</strong> sein d'une réunion mondaine où ils s'iso<strong>le</strong>nt <strong>au</strong> cours<br />

d'une conversation bana<strong>le</strong> qu'ils n'écoutent pas et à laquel<strong>le</strong><br />

ils ne s'associent que <strong>par</strong> monosyllabes <strong>par</strong>fois<br />

enfin en rêve <strong>conscient</strong>.<br />

Dans <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s plus remarquab<strong>le</strong>s de la collaboration<br />

conscience-sub<strong>conscient</strong>e, il semb<strong>le</strong> que V œuvre, amorcée


90 de l'l\co.\suent AU CONSCIENT<br />

consciemment s'élabore tout entière peu à peu dans la<br />

subconscience, avec <strong>le</strong> plan définitif, <strong>le</strong>s différents casiers<br />

et tous <strong>le</strong>s détails. Mais ces différents casiers et tous <strong>le</strong>s<br />

détails n'arrivent à la conscience que peu à peu et non<br />

dans un ordre de suite régulier. Ce n'est que quand l'oeuvre<br />

est très avancée, que <strong>le</strong> plan et l'ordre de disposition<br />

des <strong>par</strong>ties se révè<strong>le</strong>nt peu à peu. Il y a là comme un jeu<br />

de puzz<strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> et l'artiste ou écrivain (car c'est<br />

surtout des écrivains qu'il s'agit) doit faire effort pour<br />

trouver où vont se placer <strong>le</strong>s pages ou <strong>le</strong>s phrases inspirées.<br />

Quand l'oeuvre est terminée, el<strong>le</strong> se trouve tota<strong>le</strong>ment<br />

différente de l'éb<strong>au</strong>che du début mais el<strong>le</strong> donne une<br />

impression de be<strong>au</strong>té et d'arrangement qui semb<strong>le</strong> à l'artiste<br />

supérieure à ses propres capacités. El<strong>le</strong> lui laisse l'impression<br />

de lui être en <strong>par</strong>tie étrangère et il l'admire objectivement,<br />

comme il admirerait une œuvre qui ne serait<br />

pas de lui.<br />

Il y a d'ail<strong>le</strong>urs tous <strong>le</strong>s degrés, toutes <strong>le</strong>s modalités possib<strong>le</strong>s<br />

dans la collaboration <strong>conscient</strong>e-sub<strong>conscient</strong>e. Certains<br />

artistes ou savants, en général (mais non toujours)<br />

de va<strong>le</strong>ur médiocre, ne la perçoivent pas. Ils croient sin--<br />

cèrement que tout ce qu'ils produisent est <strong>le</strong> résultat de<br />

<strong>le</strong>ur effort. D'<strong>au</strong>tres la perçoivent plus ou moins et l'utilisent<br />

sans l'analyser. D'<strong>au</strong>tres enfin la comprennent si<br />

bien qu'ils l'emploient systématiquement, limitent rationnel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>urs efforts et arrivent à sentir très bien, en<br />

travaillant, s'ils sont ou non dans la bonne voie, large,<br />

faci<strong>le</strong>, bien défrichée, ou s'ils s'égarent sans profit dans<br />

des sentiers broussail<strong>le</strong>ux et perdus.<br />

L'inspiration, néanmoins, s<strong>au</strong>f dans des cas très rares.<br />

ne dispense pas de l'ettort. El<strong>le</strong> rend simp<strong>le</strong>ment l'effort<br />

fécond et <strong>le</strong> réduit <strong>au</strong> minimum. L'effort, <strong>par</strong> contre, ne<br />

peut se passer de l'inspiration. La collaboration de l'effort<br />

<strong>conscient</strong> et de l'inspiration sub<strong>conscient</strong>e produit <strong>le</strong>s<br />

chefs-d'oeuvre <strong>le</strong>s plus <strong>par</strong>faits.


LA PSVCHOLOGIL-: SIT.C0NSC1ENÏE 91<br />

Sans l'effort rationnel et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> conscieutiel, l'inspiration,<br />

même<br />

génia<strong>le</strong>, risque<br />

de<br />

s'égarer.<br />

Une œuvre<br />

magnifique,<br />

mais<br />

anarchique<br />

et exubérante, sans proportions,<br />

gâtée <strong>par</strong> des des f<strong>au</strong>tes ou des déviations<br />

peut être <strong>le</strong> résultai de l'inspiration désordonnée et sans<br />

guide.<br />

<strong>De</strong> même qu'une forêt vierge présente des frondaisons<br />

magnifiques,<br />

se détachant sur <strong>le</strong> ciel et, en même temps,<br />

des taillis broussail<strong>le</strong>ux, obscurs, impénétrab<strong>le</strong>s<br />

et devégétations<br />

<strong>par</strong>asites étouffées ou avortées ainsi une ceuvre<br />

puissante<br />

mais dont la génia<strong>le</strong> be<strong>au</strong>té dis<strong>par</strong>aît <strong>par</strong>fais<br />

sous <strong>le</strong>s aberrations et <strong>le</strong>s erreurs grossières,<br />

serait <strong>le</strong><br />

fruit d'une inspiration créatrice soustraite à la direction<br />

d'une conscience robuste et saine.<br />

A côté de l'inspiration, il f<strong>au</strong>t placer 1 Intuition, comme<br />

el<strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>e et comme el<strong>le</strong> toute puissante,<br />

à<br />

condition<br />

de subir, dans une juste mesure, <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du<br />

jugement<br />

rationnel.<br />

Les données de l'intuition sont acquises en dehors des<br />

faits, de l'expérience, de la réf<strong>le</strong>xion, el dépassent ces faits,<br />

cette expérience<br />

et cette réf<strong>le</strong>xion. L'intuition est l'essence<br />

même de la subconscience. Eb<strong>au</strong>chée dans l'animal<br />

où el<strong>le</strong> se manifeste sous forme d'instinct. el<strong>le</strong> acquiert,<br />

chez l'homme, <strong>le</strong>s caractères de faculté supérieure génia<strong>le</strong>.<br />

L'in<strong>conscient</strong> ne se révè<strong>le</strong> pas seu<strong>le</strong>ment pas l'inspirationtion<br />

ou l'intuition mais <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong> une intrusion perpétuel<strong>le</strong>,<br />

d'ordre sentimental, esthétique, religieux,<br />

etc.<br />

Les décisions inattendues, <strong>le</strong>s<br />

changements<br />

brusques<br />

d'opinions, une fou<strong>le</strong> de sentiments non raisonnés, sont en<br />

grande <strong>par</strong>tie d'origine sub<strong>conscient</strong>e ou <strong>le</strong> fait d'une élaboration<br />

sub<strong>conscient</strong>e.<br />

Qui sait même si certaines idées qui nous <strong>par</strong>aissent<br />

<strong>par</strong>faitement réfléchies ne sont pas comme <strong>le</strong>s floraisona<br />

d'une végétation sub<strong>conscient</strong>e invisib<strong>le</strong> <br />

Enfin, tout <strong>le</strong> fond de noire être ce gui constitue <strong>le</strong>


92 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

principal du rnoi <strong>le</strong>s capacités innées, <strong>le</strong>s disposition<br />

bonnes ou m<strong>au</strong>vaises, <strong>le</strong> caractère, ce qui sé<strong>par</strong>e essentiel<strong>le</strong>ment<br />

une intelligence d'une <strong>au</strong>tre intelligence, n'est pas<br />

<strong>le</strong> produit d'un effort personnel ou de l'éducation ou des<br />

exemp<strong>le</strong>s<br />

ambiants.<br />

Efforts, éducation, exemp<strong>le</strong>s peuvent développer ce qu'il<br />

y a dans l'Etre d'inné et d'essentiel ils ne peuvent pas <strong>le</strong><br />

créer. Ce fond inné et essentiel c'est <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>, dont<br />

l'activité constitue la cryptopsychie formidab<strong>le</strong> que nous<br />

venons de passer en revue.<br />

2° LA cryptomnésie.<br />

A côté de la cryptopsychie se place naturel<strong>le</strong>ment la<br />

cryplomnésie, c'est-à-dire la mémoire sub<strong>conscient</strong>e.<br />

En effet, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> n'apporte pas seu<strong>le</strong>ment à<br />

l'E6re ce qu'il a de psychiqucment essentiel il conserve<br />

<strong>au</strong>ssi et recè<strong>le</strong> tout ce que l'Etre, <strong>au</strong> cours de la vie, semb<strong>le</strong><br />

avoir acquis <strong>par</strong> son psychisme <strong>conscient</strong>.<br />

Pour lui, il n'y a pas d'oubli. Il garde tout, intégra<strong>le</strong>ment.<br />

La cryptomnésie s'observe dans la psychologie norma<strong>le</strong><br />

comme dans la psychologie anorma<strong>le</strong> mais c'est naturel<strong>le</strong>ment<br />

dans cette dernière qu'el<strong>le</strong> est <strong>le</strong> plus remarquab<strong>le</strong>.<br />

Floumioy (1) est peut-être <strong>le</strong> psychologue qui a <strong>le</strong> mieux<br />

étudié la cryptomiusie. Les fuits de réap<strong>par</strong>ition de souvenirs<br />

oubliés, que <strong>le</strong> sujet prend à tort pour quelque<br />

chose de nouve<strong>au</strong> et d'inédit, sont, dit-il, be<strong>au</strong>coup plus<br />

fréquents qu'on ne croit. « Les simp<strong>le</strong>s mortels, comme <strong>le</strong>s<br />

plus grands génies, sont exposés à ces lapsus de mémoire,<br />

portant non sur <strong>le</strong> contenu mnésique lui-même, puisque<br />

précisément <strong>le</strong> contenu revient avec une exactitude <strong>par</strong>fois<br />

désolante et traîtresse, mais sur ses associations loca<strong>le</strong>s et<br />

temporel<strong>le</strong>s (ou sur son caractère de « déjà vu ») qui l'<strong>au</strong>-<br />

(1) Floubnoy Esprits et médiums.


LA PSYCHOLOGIE SUBCONSCIEKTE 93<br />

raient fait reconnaître pour ce qu'il est et <strong>au</strong>raient empêché<br />

<strong>le</strong> sujet de se <strong>par</strong>er innocemment des plumes du<br />

paon. On en a signalé chez Hélène Kel<strong>le</strong>r, la célèbre aveug<strong>le</strong>-sourde-muette,<br />

qui, ayant à onze ans composé son<br />

fameux conte du Roi du Gel, se vit bien injustement et<br />

cruel<strong>le</strong>ment accusée de f<strong>au</strong>sseté <strong>par</strong>ce que ce conte présentait'<br />

la plus grande analogie avec une histoire qu'on lui<br />

avait lue trois ans <strong>au</strong><strong>par</strong>avant. On en a découvert chez<br />

Nieische, dont <strong>le</strong> « Zarathustra » renferme des petits détails<br />

provenant à son insu d'un ouvrage de Kerner que <strong>le</strong><br />

philosophe avait étudié à l'âge de 12 ou 15 ans. Mais c'est<br />

naturel<strong>le</strong>ment chez <strong>le</strong>s individus <strong>par</strong>ticulièrement prédisposés<br />

<strong>au</strong>x phénomènes de dissociation menta<strong>le</strong> et de dédoub<strong>le</strong>ment<br />

de la personnalité que la cryptomnésie atteint<br />

son apogée. »<br />

Un exemp<strong>le</strong> classique de la cryptomnésie dans la psy,<br />

chologie norma<strong>le</strong> est celui du rappel instantané de souvenirs<br />

latents,lors d'un vio<strong>le</strong>nt bou<strong>le</strong>versement psychologique<br />

tel que celui que peut produire un danger brusque de mort<br />

accidentel<strong>le</strong> on a cité des cas où l'individu <strong>au</strong>rait ainsi<br />

vu défi<strong>le</strong>r devant son esprit tous <strong>le</strong>s événements de ·a vie,<br />

tous ses actes et toutes ses pensées, même <strong>le</strong>s plus insignifiantes<br />

et <strong>le</strong>s plus effacées de sa conscience.<br />

La cryptomnésie peut se manifester dans <strong>le</strong> rêve.<br />

Le cas classique de <strong>De</strong>lbœuf (1) est tout à fait caractéristique<br />

à cet égard dans un rêve compliqué, il vit entre<br />

<strong>au</strong>tres choses, une plante avec son nom botanique, l'asp<strong>le</strong>nium<br />

ruta muraria. Or, <strong>De</strong>lbœuf ignorait tota<strong>le</strong>ment ce<br />

nom ou du moins croyait l'ignorer. Il finit, après de longues<br />

recherches, <strong>par</strong> trouver qu'il avait feuil<strong>le</strong>té distraitement,<br />

deux ans <strong>au</strong><strong>par</strong>avant, un album de botanique et qu'il<br />

avaii sûrement vu là ce nom de plante et la plante el<strong>le</strong>même,<br />

<strong>au</strong>xquels il n'avait jamais songé depuis lors.<br />

(1) Cité <strong>par</strong> M. Dwelsh<strong>au</strong>vers.


94 DE L'iNCOiVSCIJiNT Al l OiXtXIKNT<br />

Dans l'hypnose et <strong>le</strong>s états connexes, la cryptomuésie<br />

se<br />

manifeste <strong>par</strong>fois avec une remarquab<strong>le</strong><br />

intensité.<br />

Si <strong>le</strong><br />

sujet est reporté, spontanément ou <strong>par</strong> suggestion,<br />

à une époque reculée de sa vie, tous <strong>le</strong>s souvenirs oubliés<br />

re<strong>par</strong>aissent et <strong>le</strong> psychisme manifesté est exactement celui<br />

que<br />

<strong>le</strong> sujet avait à cet âge. Les expériences de Janet<br />

et cel<strong>le</strong>s plus récentes de de Rochas sur la régression<br />

de la<br />

mémoire ont mis <strong>le</strong> fait en évidence.<br />

Parfois <strong>le</strong> sujet, dans cet état de<br />

régression<br />

à un âge<br />

antérieur,<br />

fait preuve de connaissances complètes<br />

tota<strong>le</strong>ment<br />

oubliées <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> cel<strong>le</strong> d'une langue apprise dans l'enfance.<br />

Pitres (1) cite <strong>le</strong> cas d'une malade, Albertine M.<br />

qui employait ainsi <strong>le</strong><br />

patois de la<br />

avait<br />

Saintonge. qu'el<strong>le</strong><br />

<strong>par</strong>lé seu<strong>le</strong>ment dans son enfance. Pendant ce délire de<br />

régression, dit Pitre, « el<strong>le</strong> s'exprimait<br />

en<br />

patois,<br />

et si<br />

nous la priions de <strong>par</strong><strong>le</strong>r français, el<strong>le</strong> répondait invaa<br />

riab<strong>le</strong>ment et toujours en patois qu'ef<strong>le</strong><br />

« pas la langue des messieurs de la vil<strong>le</strong>",<br />

ne<br />

connaissait<br />

On connaît <strong>le</strong> cas fameux du sujet de Flournoy, qui,<br />

dans un état de somnanbulisme médiumnique, <strong>par</strong>lait<br />

en<br />

sanscrit, langue qu'il ignorait tota<strong>le</strong>ment, n'avait jamais<br />

apprise et dont malgré toutes ses recherches, Flournoy<br />

n'a pu découvrir la source (2).<br />

C'est dans <strong>le</strong> médiumnisme. en effet, que la cryptomnésie<br />

se manifeste dans toute sa sp<strong>le</strong>ndeur. El<strong>le</strong> serait alors<br />

la source insoupçonnée de messages stupéfiants<br />

M. Flournoy cite en effet une fou<strong>le</strong> de fait. qu'il attribue<br />

tous à la<br />

cryptomnésie médiums ([écrivant la biographie<br />

de<br />

personnages inconnus d'eux mais qu'ils ont pu connaître,<br />

à <strong>le</strong>ur insu, <strong>par</strong> un coup d'ceil oublié sur un journal<br />

ayant donné cette biologie médium.<br />

<strong>par</strong>lant des lambe<strong>au</strong>x<br />

d'une langue ignorée d'eux, simp<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>ce que ces<br />

(1) Pitres L'Hystérie et l'hypnotisme.<br />

(2) Fwktrnoy <strong>De</strong>s Indes à. la planète Marx.


LA PSYCHOLOGIE SUBCONSCIENTE 95<br />

lambe<strong>au</strong>x de phrase <strong>le</strong>ur sont un jour quelconque et oublié,<br />

tombé sous <strong>le</strong>s yeux, etc., etc.<br />

« En somme, conclut Flournoy, <strong>le</strong> contenu mnésique,<br />

quelque soit d'ail<strong>le</strong>urs la voie <strong>par</strong> laquel<strong>le</strong> il est entré,<br />

<strong>le</strong>cture, conversation, etc., ressort en <strong>au</strong>tomatismes sensoriels<br />

(visions, voix, etc.) ou moteurs (dictées typtologiques,<br />

écriture mécanique) ou tot<strong>au</strong>x (trances, incarnations,<br />

personnifications somnambuliques). Cette diversité, cela<br />

va sans dire, se complique encore des broderies dont la<br />

fantaisie. du médium entoure souvent des fragments proprement<br />

cryptonmésiques ».<br />

Parmi <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s donnés <strong>par</strong> Flournoy, il en est de<br />

<strong>par</strong>ticulièrement remarquab<strong>le</strong>s. En voici quelques-uns<br />

Cas Elisa Wood Mme Elisa Wood, veuve depuis une<br />

semaine, reçut la visite d'une amie, Mme Darel, (l'écrivain<br />

genevois bien connu) qui possédait alors de remarquab<strong>le</strong>s<br />

facultés médiumniques. Mme Darel lui apportait « de la<br />

<strong>par</strong>t du défunt <strong>le</strong> message suivant obtenu à sa tab<strong>le</strong>'<br />

« dites à Elisa qu'el<strong>le</strong> se rappel<strong>le</strong> <strong>le</strong> lundi de Pâques.<br />

C'était une allusion frappante à un fait connu de M. cl<br />

Mme Wood seuls il s'agissait d'une promenade faite en<br />

cachette de <strong>le</strong>urs famil<strong>le</strong>s, un certain lundi de Pâques<br />

avant <strong>le</strong>urs fiançail<strong>le</strong>s, et qui <strong>le</strong>ur avait laissé un souvenir<br />

ineffaçab<strong>le</strong>. Cette preuve éclatante d identité convainquit<br />

Mme Wood, qui ne tarda pas à en avoir une seconde, encore<br />

plus importante, <strong>au</strong>x séances qu'el<strong>le</strong> alla faire chez<br />

Mme Darel. M. Wood étant mort assez rapidement après<br />

<strong>le</strong>ur voyage de noce, sa veuve ne croyait pas qu'il eut<br />

laissé un testament, et <strong>le</strong>s recherches qu'el<strong>le</strong> fit à ce sujet,<br />

sur <strong>le</strong> conseil de ses <strong>par</strong>ents, restèrent vaincs, jusqu'à ce<br />

qu'un jour où el<strong>le</strong> était avec Mme Darel à la tab<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong>-ci<br />

lui dicta de la <strong>par</strong>t du défunt « icc trouveras quelque chose<br />

de mot sous une soudasse dans <strong>le</strong> tiroir du lavabo ». El<strong>le</strong><br />

y trouva en effet une feuil<strong>le</strong> de papier constituant <strong>le</strong> document<br />

en question. El<strong>le</strong> se souvint alors qu'à l'instant de


96 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

<strong>par</strong>tir en voyage, son mari l'avait fait attendre un moment,<br />

et était rentré sous un prétexte quelconque dans <strong>le</strong>ur chambre<br />

à coucher, évidemment pour y écrire et y cacher son<br />

testament ».<br />

« Or, dit M. Flournoy, rien ne prouve que Mme Darel<br />

ou l'un des siens, se promenant <strong>le</strong> lundi de Pâques (qui<br />

est jour férié chez nous) dans <strong>le</strong>s environs de Genève, n'ont<br />

pas rencontré ou aperçu de loin <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> des futurs fiancés,<br />

et que ce souvenir oublié ne soit pas l'origine du message<br />

qui impressionna tant la jeune veuve de même <strong>le</strong><br />

second message concernant <strong>le</strong> testament caché, peut fort<br />

bien avoir eu sa source dans de simp<strong>le</strong>s réminiscences et<br />

inférences sub<strong>conscient</strong>e, de Mme Wood ».<br />

Cas du curé Burnet.<br />

'Le sujet de Flournoy, dans l'état second, reproduisit un<br />

jour un prétendu message d'un certain Burnet, curé d'une<br />

commune de la H<strong>au</strong>te-Savoie, mort depuis un sièc<strong>le</strong>. Les<br />

recherches entreprises <strong>par</strong> <strong>le</strong> Professeur démontrèrent<br />

l'identité absolue de l'écriture et de la signature du message<br />

avec cel<strong>le</strong>s du curé, de son vivant.<br />

Comment expliquer cela Le médium, suppose Flournoy,<br />

avait passé un jour, dans son enfance, <strong>par</strong> la commune<br />

qu'avait habitée <strong>le</strong> curé. Il avait vu <strong>par</strong> hasard, (c'est<br />

toujours l'hypothèse de Flournoy) sur un document quelconque,<br />

<strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> un vieux contrat de mariage, l'écriture<br />

et la signature du curé. En tous cas, il n'avait pas <strong>le</strong><br />

moindre souvenir de ce voyage. Il s'agissait d'un souvenir<br />

acquis à son insu et ignoré, mais intact, qui avait provoqué<br />

dans l'état second, cette étrange et <strong>par</strong>faite réminiscence.<br />

A côté de ces exemp<strong>le</strong>s remarquab<strong>le</strong>s, que <strong>le</strong>s spirites<br />

attribuent, non à la cryptomnésie, mais à des manifestations<br />

post-mortem, Flournoy en donne d'<strong>au</strong>tres, très nombreux<br />

qui, sous des allures tout <strong>au</strong>ssi mystérieuses en ap<strong>par</strong>ence,<br />

relèvent, à coup sûr, de la pure cryptomnésie


LE SUBCONSCIENT DIT SUPRANORMAL 97<br />

médiums donnant, comme venant de soi-disant défunts,<br />

des preuves -d'identité reconnues, après enquête, erronées,<br />

mais conformes à des clichés <strong>par</strong>us dans tel ou tel journal,<br />

clichés qui avaient évidemment frappé <strong>le</strong>s regards du médium,<br />

à un moment quelconque, sans éveil<strong>le</strong>r son attention<br />

<strong>conscient</strong>e.<br />

Ce qui frappe <strong>par</strong>ticulièrement, dans l'étude de la psychologie<br />

sub<strong>conscient</strong>e, pour peu que l'on mette dans cette<br />

étude un peu de sens philosophique, c'est qu'el<strong>le</strong> ne répond<br />

<strong>au</strong>cune loi physiologigue connue toujours la même<br />

question, fata<strong>le</strong>ment, s'impose à l'esprit du chercheur<br />

pourquoi et comment la portion du psychisme qui constitue<br />

ce qu'il y a de plus important dans <strong>le</strong> moi est-el<strong>le</strong> cryptoïde<br />

Pourquoi et comment la conscience et la volonté de l'Etre,<br />

sans <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il n'y <strong>au</strong>rait pas de moi, voient-el<strong>le</strong>s <strong>le</strong>ur<br />

échapper la majeure <strong>par</strong>tie de ce moi Le mystère est<br />

éga<strong>le</strong>ment profond, qu'il s'agisse de cryptomnésie ou de<br />

cryptopsychie. Il est physiologiquement impossib<strong>le</strong> de<br />

comprendre comment la mémoire <strong>conscient</strong>e, soumise à la<br />

volonté et à la direction de l'Etre est éminemment caduque,<br />

débi<strong>le</strong>, infidè<strong>le</strong> alors que la mémoire sub<strong>conscient</strong>e, qui ne<br />

lui est accessib<strong>le</strong> que <strong>par</strong> accidents ou dans <strong>le</strong>s états<br />

anorm<strong>au</strong>x ou supranorm<strong>au</strong>x, semb<strong>le</strong> <strong>au</strong>ssi étendue qu'infaillib<strong>le</strong>.<br />

C'est ce que tout démontre cependant.<br />

Bien mieux, la débilité et l'impuissance de la mémoire<br />

norma<strong>le</strong> sont tel<strong>le</strong>s que <strong>par</strong>fois <strong>le</strong>s connaissances ou capacités<br />

sub<strong>conscient</strong>es qui échappent à la .direction du moi<br />

<strong>par</strong>aissent lui être tota<strong>le</strong>ment étrangères et constituent.<br />

dans l'individu, comme de véritab<strong>le</strong>s « consciences secondes<br />

».<br />

C'est ainsi que surgissent, dans la comp<strong>le</strong>xité effarante<br />

du sub<strong>conscient</strong>, non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> dédoub<strong>le</strong>ment, mais la<br />

multiplication de la personnalité.


98 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

3° Les altérations DE LA personnalité.<br />

Les problèmes princip<strong>au</strong>x que pose lit mise <strong>au</strong> jour<br />

des<br />

secondes sont <strong>au</strong> nombre de deux, éga<strong>le</strong>ment<br />

personnalités<br />

ardus<br />

la<br />

1° Le hroblèrne de la<br />

différence psychologigue<br />

avec<br />

personnalité norma<strong>le</strong> différence non seu<strong>le</strong>ment de direction,<br />

de volonté mais de caractère général, de tendances,<br />

de facultés, de connaissances différences tel<strong>le</strong>ment radica<strong>le</strong>s<br />

<strong>par</strong>fois, qu'el<strong>le</strong>s impliquent entre <strong>le</strong> moi normal et<br />

la personnalité seconde opposition complète et hostilité.<br />

2° Le problème des capacités supranorma<strong>le</strong>s, qu.i<br />

sont<br />

liées fréquement <strong>au</strong>x manifestations de personnalités secondes.<br />

Or, si <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x sur <strong>le</strong>s personnalités multip<strong>le</strong>s sont<br />

<strong>au</strong>jourd'hui innombrab<strong>le</strong>s et ont mis en lumière la fréquence,<br />

l'importance et <strong>le</strong> caractère polymorphe de ces<br />

manifestations, ils n'ont rien fait<br />

pour<br />

la solution de tes<br />

deux<br />

problèmes (1).<br />

Ils n'ont réussi qu'à révélcr l'abime qu'il y<br />

a euliv<br />

<strong>le</strong>s personnalités bana<strong>le</strong>s et sans originalité de la<br />

suggestion<br />

hypnotique, <strong>le</strong>s altérations psychiques d'origine pathologique<br />

ou tr<strong>au</strong>matique, et <strong>le</strong>s personnalités <strong>au</strong>tonomie<br />

et complètes qui semb<strong>le</strong>nt <strong>par</strong>fois occuper tout <strong>le</strong> champ<br />

psychique du sujet.<br />

Ils ont montré, surtout, l'impuissance tota<strong>le</strong> des<br />

explications<br />

de la<br />

psycho-physiologie classique vis-à-vis des<br />

facultés<br />

supranorma<strong>le</strong>s.<br />

(1) Consulter surtout <strong>le</strong> travail d'ensemb<strong>le</strong> de M. Jastoow r.a<br />

Sub<strong>conscient</strong>e.


CHAPITRE<br />

V<br />

LE SUBCONSCIENT DIT SUPRANORJMAL<br />

La psychologie supranorma<strong>le</strong> est un monde, dont l'exploration<br />

est à peine commencée.<br />

Sans vouloir entrer ici dans une description analytique,<br />

que <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur trouvera dans <strong>le</strong>s ouvrages spéci<strong>au</strong>x, je dois<br />

l'examiner en bloc, dans ses princip<strong>au</strong>x aspects.<br />

1° LA PSYCHOLOGIE SUPRANORMALE<br />

CONDITIONNE LA PHYSIOLOGIE SUPRANORMALE<br />

Tout d'abord, la psychologie supranorma<strong>le</strong> conditionne<br />

la physiologie supranornia<strong>le</strong>, que nous avons décrite.<br />

Tous <strong>le</strong>s phénomènes d'extériorisation, de télékinésie,<br />

d'action mystérieuse sur la matière, de matérialisation et<br />

d'idéoplastie, ne dépendent en rien de la volonté <strong>conscient</strong>e<br />

du sujet. Ils sont toujours produits, soit <strong>par</strong> une volonté<br />

étrangère en ap<strong>par</strong>ence, cel<strong>le</strong> d'une entité X. soit <strong>par</strong> une<br />

idée sub<strong>conscient</strong>e ou une personnalité sub<strong>conscient</strong>e.<br />

Je n'insiste pas, pour <strong>le</strong> moment, sur cette vérité, évidente<br />

pour tous ceux qui ont observé dans <strong>le</strong> domaine du<br />

supranormal. Comme je l'ai démontré dans « l'Etre sub<strong>conscient</strong><br />

» la physiologie supranorma<strong>le</strong> est un simp<strong>le</strong> aspect,<br />

une simp<strong>le</strong> dépendance de la psychologie supranorma<strong>le</strong>.<br />

El<strong>le</strong> en est insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> et el<strong>le</strong> est incompréhensib<strong>le</strong><br />

et d'ail<strong>le</strong>urs inobservab<strong>le</strong> isolément.<br />

2° LES ACTIONS MENTO-MENTALES<br />

En second lieu, la psychologie supranorma<strong>le</strong> comprend'<br />

<strong>Dr</strong> Gubtave G-uijnr. 8


100 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

<strong>le</strong>s actions wento-menia<strong>le</strong>s, sans intermédiaire<br />

appréciab<strong>le</strong>, qu'il s'agisse de <strong>le</strong>cture de pensée,<br />

suggestion<br />

menta<strong>le</strong> ou de télépathie.<br />

de<br />

physique<br />

Je ne vois rien à ajouter <strong>au</strong> résumé que j'avais<br />

donné<br />

de<br />

ces actions mento-menta<strong>le</strong>s dans « l'Etre sub<strong>conscient</strong> »<br />

« Lecture DE PENSÉE. Le phénomène de <strong>le</strong>cture de<br />

pensée semb<strong>le</strong> bien établi dans <strong>le</strong>s états hypnotiques et<br />

médiumniques. C'est du moins l'explication la plus commode<br />

(trop commode même, car on en abuse singulièrement)<br />

de be<strong>au</strong>coup de.faits. El<strong>le</strong> semb<strong>le</strong>, jusqu'à un certain<br />

point, possib<strong>le</strong> à l'état de veil<strong>le</strong>, ou du moins dans un état<br />

d'hypnose ou d'<strong>au</strong>to-hypnose assez léger pour passer inaperçu.<br />

« Mais en dehors de l'hypnose et du médiumnisme, la<br />

<strong>le</strong>cture de pensée est. rarement observée d'une manière<br />

satisfaisante. (Il f<strong>au</strong>t exclure bien entendu <strong>le</strong>s cas de prétendue<br />

<strong>le</strong>cture de pensée obtenus avec contact de l'agent<br />

et du sujet, qui sont souvent des cas de divination <strong>par</strong><br />

mouvements<br />

in<strong>conscient</strong>s).<br />

« SUGGESTION MENTALE. La possibilité et la 'réalité de<br />

la suggestion menta<strong>le</strong> sont établies de la manière la plus<br />

rigoureuse (1).<br />

« Un ordre suggestif du magnétiseur peut être transmis<br />

<strong>par</strong> la simp<strong>le</strong> tension de la volonté, sans <strong>au</strong>cune manifestation<br />

extérieure, <strong>le</strong> sujet étant en état d'hypnose.<br />

u La suggestion menta<strong>le</strong> peut s'effectuer à distance, <strong>par</strong>fois<br />

à longue distance, et à travers <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s matériels.<br />

a Télépathie (2). La<br />

télépathie consiste essentiel<strong>le</strong>-<br />

(1) Lire l'ouvrage classique du D» Ochouottics: La Suggestion nen.<br />

taie. On trouvera toutes <strong>le</strong>s preuves désirabke.<br />

(2) Voir Les Hallucinations télépatlviqwes, traduction abréâéo des<br />

Fhantasms of the Livi-ry, <strong>par</strong> MM. GcENTar, MYERS et PODMORE,<br />

récit de 700 cas, tous bien recueütis et contrôlés (Paris, F. A<strong>le</strong>an).<br />

Voir <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong> livre de Flammarion l'Inconnu et <strong>le</strong>s problèmes psychiques.<br />

La col<strong>le</strong>ction des Revues psychiques et <strong>par</strong>ti<strong>au</strong>ièrement<br />

des Anna<strong>le</strong>s des sciences psychiqiues contient de nombreux et fort remarquab<strong>le</strong>s<br />

cas de télépathie.


LE SUBCONSCIENT DIT SUPRANORMAL 101<br />

ment dans <strong>le</strong> fait d'urne impression psychique intense se<br />

mani$eslant en général inopinément chez une personne<br />

norma<strong>le</strong>, soit pendant l'état de veil<strong>le</strong>, soit peadant <strong>le</strong> sommeil,<br />

impression qui se trouve étre en rapport concordant<br />

avec un événements survenu à distance.<br />

« Tantôt cette impression psychique constitue tout <strong>le</strong><br />

phénomènes.<br />

« Tantôt. el<strong>le</strong> s'accompagne d'une vision en ap<strong>par</strong>ence<br />

objective et extérieure <strong>au</strong> percipient.<br />

« La télépathie peut être spontanée ou expérimenta<strong>le</strong> (1).<br />

« Télépathie SPONTANÉE. El<strong>le</strong><br />

peut<br />

« a) Relative à un événements futur imrninent.<br />

« Cas de pressentiments, de prémonitions, 'de visions<br />

prémonitoires, d'ap<strong>par</strong>itions d'un mourant.<br />

« b) Relative <strong>au</strong> présent ou à un passé récent.<br />

Cas de visions nettes ou de divination d'événements éloignés<br />

(dans l'état normal).<br />

« Cas d'ap<strong>par</strong>itions d'un mort, soit à l'instant précis du<br />

décès, soit quelques instants, quelques heures, ou quelques<br />

jours plus tard.<br />

« Cas d'ap<strong>par</strong>itions d'un vivant, plongé en général dans<br />

un sommeil anormal ou pathologique (léthargie, délire fébri<strong>le</strong>,<br />

crise nerveuse, etc.).<br />

« Le plus souvent <strong>le</strong> phénomène a trait à une personne<br />

unie <strong>au</strong> percipient <strong>par</strong> des liens d'affection plus ou moins<br />

étroits.<br />

« Il s'agit en général d'un événement malheureux rarement<br />

d'un événement heureux exceptionnel<strong>le</strong>ment d'un<br />

événement indifférent.<br />

« Le phénomène télépathique est en général inattendu.<br />

Souvent il frappe des personnes tout à fait éloignées, <strong>par</strong><br />

goût et <strong>par</strong> occupations, du merveil<strong>le</strong>ux et qui, rarement,<br />

sont influencées plus d'une fois dans <strong>le</strong>ur vie.<br />

être<br />

(1) Nous négligerons l'analyse de la télépathie expérimenta<strong>le</strong>, qui<br />

Ue comprend jusqu'à présent que des faits élémentaires.


lCfô DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

« Il <strong>le</strong>s frappe soit à l'état de veil<strong>le</strong>, soit plutôt pendant<br />

<strong>le</strong> sommeil, qu'il interrompt.<br />

« En ce qui concerne <strong>le</strong> phénomène lui-même, il f<strong>au</strong>t<br />

noter deux caractères importants<br />

« a) La vision télépathique est en général très précise<br />

<strong>le</strong>s détails relatifs à l'événement, <strong>au</strong>x circonstances ambiantes,<br />

à la victime ou à l'objet de la vision, sont tout à<br />

fait exacts.<br />

b) La distance ni <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s matériels n'ont d'importance<br />

appréciab<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s conditions du phénomène.<br />

« Un troisième caractère, exceptionnel, est <strong>le</strong> suivant<br />

« La vision peut affecter simultanément ou successivement<br />

plusieurs personnes el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> pouvoir affecter<br />

des anim<strong>au</strong>x <strong>par</strong>fois el<strong>le</strong> <strong>au</strong>rait laissé des traces physiques<br />

de son passage.<br />

« Enfin l'impression télépathique n'affecte pas seu<strong>le</strong>ment<br />

la vue, lorsqu'il y a vision en ap<strong>par</strong>ence objective,<br />

mais <strong>par</strong>fois <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres sens (ouïe, contact). »<br />

3° La LUCIDITÉ (1).<br />

Enfin la Psychologie supranorma<strong>le</strong> comprend la lucidité<br />

dans ses diverses et infinies variétés pressentiments,<br />

acquisitions sensoriel<strong>le</strong>s hors de la portée des sens, vision<br />

précise d'événements passés ou lointains, vision enfin de<br />

l'avenir.<br />

On peut décrire la lucidité la faculté sub<strong>conscient</strong>e qui<br />

permet l'acquisition de connaissances sans <strong>le</strong> secours des<br />

sens et en deho.rs des contingences qui règ<strong>le</strong>nt, dans la vie<br />

norma<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s rapports du moi avec <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres moi ou avec <strong>le</strong><br />

monde extérieur.<br />

a) Sans <strong>le</strong> secours des sens.<br />

En effet, <strong>le</strong>s sens n'interviennent pas. Le sujet est endormi<br />

ou anesthésié. Les événements qu'il décrit se passent<br />

généra<strong>le</strong>ment hors de <strong>le</strong>ur portée il en est souvent<br />

(1) Consulter spécia<strong>le</strong>ment BozzAio Les Phénomènes prémonitoires.<br />

<strong>Dr</strong> 0aTr Lucidité et intuition.


LE SUBCONSCIENT DIT SUPRANORMAL 103<br />

très loin et sé<strong>par</strong>é <strong>par</strong> des obstac<strong>le</strong>s absolus. Les connaissances<br />

ainsi acquises sont relatives <strong>par</strong>fois à des événements<br />

qui n'existent plus ou n'existent pas encore. <strong>De</strong><br />

toute évidence. l'action sensoriel<strong>le</strong> est nul<strong>le</strong>.<br />

Cependant, <strong>par</strong> habitude psychologique, <strong>le</strong> sujet donne<br />

<strong>par</strong>fois à sa perception anorma<strong>le</strong> une allure sensoriel<strong>le</strong> et<br />

la rapporte à la vue ou à l'<strong>au</strong>dition alors même que, de<br />

toute évidence, je <strong>le</strong> répète, ni la vue, ni l'<strong>au</strong>dition ne s<strong>au</strong>raient<br />

être en c<strong>au</strong>se.<br />

Voilà un 'sujet, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, qui, <strong>au</strong>tohypnotisé <strong>par</strong> un<br />

verre d'e<strong>au</strong> ou une bou<strong>le</strong> de cristal, prétend voir, dans ce<br />

verre ou cette bou<strong>le</strong>, des événements ou éloignés ou passés,<br />

ou futurs. Il ne fait que projeter, extérioriser, objectiver<br />

une connaissance anorma<strong>le</strong>ment perçue. A tel <strong>au</strong>tre,<br />

la perception anorma<strong>le</strong> provoquera de même une illusion<br />

<strong>au</strong>ditive allant jusqu'à l'hallucination.<br />

b) En dehors des contingences qui règ<strong>le</strong>nt, dans la vie<br />

norma<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s rapports de l'Etre avec ses semblab<strong>le</strong>s ou avec<br />

<strong>le</strong> monde exlérieur.<br />

En effet, ces acquisitions ne proviennent ni du raisonnement,<br />

ni d'<strong>au</strong>cun des modes norm<strong>au</strong>x d'expression de la<br />

pensée, du langage, de l'écriture, de la vision ou de l'<strong>au</strong>dition.<br />

El<strong>le</strong>s ne comportent ni induction ni déduction, ni réf<strong>le</strong>xion,<br />

ni recherche, ni effort.<br />

Dans sa forme la plus <strong>par</strong>faite, la lucidité se manifeste<br />

avec une allure synthétique d'une extrême simplicité. C'est<br />

comme un éclair qui frappe brusquement <strong>le</strong> sujet et lui<br />

procure, instantanément, soit la connaissance d'un fait<br />

ignoré<br />

et inaccessib<strong>le</strong> <strong>au</strong>x voies sensoriel<strong>le</strong>s, soit une connaissance<br />

comp<strong>le</strong>xe, qui nécessiterait norma<strong>le</strong>ment un<br />

travail compliqué sur de nombreux éléments de recherche<br />

(1).<br />

(1) Il ne f<strong>au</strong>t pas confondre avec <strong>le</strong>s faits de lucidité, <strong>le</strong>s manifestations<br />

psychiques qui ne sont qua la mise aaz jour brusque d'un<br />

calcul de (probabilité ou d'un raisonnement sub<strong>conscient</strong> .Il y a dans<br />

ces caa, simp<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>ence de lucidité.


104 DE l'iNCONSCKNT AU<br />

<strong>De</strong> même que la lucidité se manifeste en dehors des contiogeftees<br />

psychologiques, sensoriel<strong>le</strong>s, dynamiques<br />

ou<br />

physiques, de même el<strong>le</strong> se manifeste en dehors des contingences<br />

d'espace et de temps.<br />

L'espace ni <strong>le</strong>s obstac<strong>le</strong>s matériels n'ont d'action sur<br />

el<strong>le</strong>, et, quant <strong>au</strong> temps, el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong> connaît pas.<br />

L'événement qu'el<strong>le</strong> fait connaître, la connaissance<br />

qu'el<strong>le</strong> donne, el<strong>le</strong> ne la situe pas dans <strong>le</strong> temps. Le passé,<br />

<strong>le</strong> présent et l'avenir se confondent pour el<strong>le</strong>. Quand, <strong>par</strong><br />

exemp<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> cas fameux de lucidité dans l'avenir du<br />

<strong>Dr</strong> GaHet, la prévision annonce l'é<strong>le</strong>ction de Casimir Perrier<br />

à la présidence de la République <strong>par</strong> 451 voix, el<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> fait <strong>au</strong> présent et non <strong>au</strong> futur « M. Casimir Perrier<br />

est élu. » <strong>De</strong> même dans la prédiction Sonrel relative à<br />

la guerre 1870-71 et la guerre de 1914-1918. Cette prédiction,<br />

laite en 1868, donne sur ces guerres des détails extrêmement<br />

précis et vrais, mais <strong>le</strong>s donne <strong>au</strong> présent et non<br />

<strong>au</strong> futur. Le visionnaire décrit <strong>le</strong>s désastres de 70, Sedan<br />

puis <strong>le</strong> siège de Paris, la commune la guerre de 1914-<br />

1918 commençant <strong>par</strong> un désastre et se terminant <strong>par</strong> la<br />

victoire complète. comme s'il s'agissait d'événements<br />

présents dont il serait témoin (1) <strong>au</strong> moment même.<br />

40 LES PHÉNOMÈNES SPIRITOÏDES<br />

On peut grouper sous ce titre l'ensemb<strong>le</strong> des phénomènes<br />

semblant produits ou dirigés, grâce à l'intermédiaire<br />

d'un médium, de ses capacités physiques, dynamiques ou<br />

psychiques, <strong>par</strong> une intelligence étrangère, extrinsèque,<br />

<strong>au</strong>tonome. Je n'entrerai pas dans <strong>le</strong> détail descriptif de ces<br />

faits, que <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur trouvera aisément ail<strong>le</strong>2ms (2).<br />

Je me contenterai de quelques remarques<br />

(1) Ces cas merveil<strong>le</strong>ux et purement vrais de lucidité ont été rapportés<br />

en détail, avec enquête minutieuse, daaia <strong>le</strong>s Anna<strong>le</strong>s des<br />

Sciences<br />

psychiques.<br />

(2) Vair, (pour la discnseion phiI(»opIii(}Uie de ces faite, <strong>le</strong> livre II.


LE SUBCONSCIENT DIT SUPRANORMAL 105<br />

Tout d'abord, une très large <strong>par</strong>tie de la psycho-physiologie<br />

supranorma<strong>le</strong> revêt généra<strong>le</strong>ment cette allure spiritoïde.Les<br />

phénomènes <strong>le</strong>s plus simp<strong>le</strong>s comme <strong>le</strong>s plus comp<strong>le</strong>xes,<br />

depuis <strong>le</strong>s etiets <strong>au</strong>tomatiques et télékinésiques jusqu'à<br />

la prédiction de l'avenir sont très souvent attribués,<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> sujet, à une influence spiritique.<br />

Les personnalités médiumniques apportent généra<strong>le</strong>ment<br />

une affirmation concordante à cet égard avec cel<strong>le</strong> du<br />

médium et s'efforcent fréquemment de donner des preuves<br />

de <strong>le</strong>ur identité, preuves tantôt très simp<strong>le</strong>s, tantôt très<br />

comp<strong>le</strong>xes, comme dans <strong>le</strong> cas de correspondances croisées.<br />

On ne peut souvent faire d'<strong>au</strong>tre objection <strong>au</strong>x affirmations<br />

spiritoïdes que cel<strong>le</strong> de la possibilité de tout expliquer<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>s facultés supranorma<strong>le</strong>s du médium. On<br />

est alors obligé d'admettre une extension formidab<strong>le</strong> des<br />

facultés de cryptopsychie ou de crpytomnésie, de vision<br />

à distance, d'action mento-menta<strong>le</strong> ou de lucidité et <strong>au</strong>ssi<br />

de<br />

téréplastie.<br />

Pour tous <strong>le</strong>s détails concernant <strong>le</strong>s faits mystérieux du<br />

sub<strong>conscient</strong> supranormal, je renvoie <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur <strong>au</strong>x<br />

ouvrages spéci<strong>au</strong>x, car je considère en ce moment ces faits<br />

non à un point de vue descriptif ou documentaire, mais<br />

<strong>au</strong> point de vue strictement philosophique.<br />

Quel enseignement, à ce point de vue, peut-on et doit-on<br />

en tirer C'est évidemment que <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> dépasse<br />

de toutes <strong>par</strong>ts, déborde entièrement <strong>le</strong> cadre des capacités<br />

sensoriel<strong>le</strong>s et cérébra<strong>le</strong>s c'est que, dans ce qu'il a d'essentiel,<br />

il est en dehors de toutes <strong>le</strong>s représentations, en dehors<br />

même du cadre des représentations, c'est-à-dire de<br />

l'espace et du temps. C'est ce que nous ferons ressortir,<br />

avec toute la netteté désirab<strong>le</strong>, dans un chapitre prochain.<br />

Mais nous devons, <strong>au</strong><strong>par</strong>avant, examiner <strong>le</strong>s tentatives<br />

faites pour accorder <strong>le</strong>s phénomènes du sub<strong>conscient</strong><br />

avec la conception classique du « moi synthèse d'états de<br />

conscience et produit du fonctionnement cérébral. m


CHAPITRE<br />

VI<br />

LES THEORIES: CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT<br />

L'afflux des notions récentes sur <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> semblait<br />

devoir dérouter la psycho-physiologie classique.<br />

<strong>De</strong>s tentatives nombreuses ont été faites cependant pour<br />

accorder <strong>le</strong>s faits nouve<strong>au</strong>x avec <strong>le</strong>s théories anciennes.<br />

La plu<strong>par</strong>t sont basées sur des trav<strong>au</strong>x très consciencieux.<br />

Aucune, de toute évidence, n'a cependant atteint son<br />

but. Nous allons <strong>le</strong>s examiner successivement, en nous<br />

efforçant de montrer en quoi el<strong>le</strong>s sont insuffisantes ou<br />

inacceptab<strong>le</strong>s.<br />

Les théories classiques du sub<strong>conscient</strong> peuvent être divisées<br />

en deux grandes catégories<br />

Les théories physiologiques.<br />

Les théories purement psychologiques.<br />

THEORIES PHYSIOLOGIQUES<br />

Les théories physiologiques sont <strong>au</strong> nombre de deux<br />

La théorie de l'<strong>au</strong>tomatisme.<br />

Le théorie de la morbidité.<br />

1 THÉORIE DE L'AUTOMATISME<br />

Pour la tentative d'interprétation, du sub<strong>conscient</strong>, la<br />

première hypothèse, venue naturel<strong>le</strong>ment à l'esprit, a été<br />

cel<strong>le</strong> de l'<strong>au</strong>tomatisme psychologigue, <strong>par</strong> com<strong>par</strong>aison<br />

avec ce que nous savons de l'<strong>au</strong>tomatisme physiologique.<br />

Dans l'un comme dans l'<strong>au</strong>tre, on noterait, simp<strong>le</strong>ment la<br />

manifestation d'une activité passive <strong>le</strong> psychisme incon-


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 107<br />

scient résulterait simp<strong>le</strong>ment de l'activité <strong>au</strong>tomatique du.<br />

cerve<strong>au</strong>».<br />

Pour appuyer cette théorie, P. Janet a surtout étudié<br />

certaines manifestations d'ordre pathologique comme l'épi<strong>le</strong>psie<br />

ambulatoire, ou <strong>le</strong>s manifestations élémentaires de<br />

l'hystérie, de l'hypnose, du somnambulisme et du médiumnisme.<br />

L'<strong>au</strong>tomatisme psychologique, dans ces cas, n'est pas<br />

douteux de là, à généraliser, à étendre <strong>le</strong> domaine de<br />

l'<strong>au</strong>tomatisme à tout <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, il n'y avait qu'un pas<br />

et il fut vite franchi.<br />

Mais des difficultés insurmontab<strong>le</strong>s surgirent dès que,<br />

dépassant la limite des phénomènes d'ordre inférieur et<br />

banal, on considéra <strong>le</strong>s manifestations sub<strong>conscient</strong>es d'un<br />

ordre<br />

é<strong>le</strong>vé.<br />

L'<strong>au</strong>tomatisme physiologique, <strong>au</strong>quel on com<strong>par</strong>aît l'<strong>au</strong>tomatisme<br />

psychologique, est de deux ordres inné ou acquis.<br />

L'<strong>au</strong>tomatisme inné se manifeste, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, dans l'activité<br />

des grandes fonctions organiques tel<strong>le</strong>s que la circulation<br />

du sang ou la digestion.<br />

Or, cet <strong>au</strong>tomatisme est identique de la naissance à la<br />

mort, sinon, quantitativement, du moins qualitativement.<br />

Il reste toujours dans <strong>le</strong>s limites propres de ces fonctions<br />

vita<strong>le</strong>s et n'in<strong>au</strong>gure rien. Outre donc que ce dynamisme<br />

<strong>au</strong>tomatique est inexpliqué, comme nous l'avons vu, il est<br />

clair qu'il ne peut en rien faire comprendre <strong>le</strong> psychisme<br />

in<strong>conscient</strong> nouateur et créateur.<br />

Quant à l'<strong>au</strong>tomatisme acquis, il est <strong>le</strong> résultat d'un travail<br />

compliqué. Grâce à ce travail, certains modes d'activité,<br />

qui nécessitaient d'abord l'attention et l'exercice continu<br />

de la volonté, arrivent ensuite, <strong>par</strong> habitude, à s'effectuer<br />

sans attention volontaire ni continue, avec un minimum<br />

d'efforts.<br />

Mais cet <strong>au</strong>tomatisme acquis reste dans <strong>le</strong>s limites rigoureuses<br />

de l'habitude et ne va pas <strong>au</strong>-delà. Or, <strong>le</strong>s ma-


108 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

nifestatioos sub<strong>conscient</strong>es é<strong>le</strong>vées sont des manifestations<br />

inhabituel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> plus souvent et en tous cas ne rentrent pas<br />

et ne restent pas dans <strong>le</strong> cadre d'une habitude.<br />

Cela est évident pour <strong>le</strong>s manifestations supranorma<strong>le</strong><br />

qui ne peuvent évidemment en rien être ramenées à une<br />

accoutumance. Mais, même pour <strong>le</strong>s phénomènes moins<br />

mystérieux, l'<strong>au</strong>tomatisme ne s<strong>au</strong>rait être une explication<br />

Les personnatités multip<strong>le</strong>s mises en lumière chez<br />

certains individus font preuve d'une spontanéité et d'une<br />

volonté <strong>au</strong>tonome. El<strong>le</strong>s n'agissent pas d'après une habitude<br />

<strong>au</strong>tomatique, mais d'après une direction origina<strong>le</strong>.<br />

Leur volonté est non seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>faitement nette mais<br />

encore el<strong>le</strong> diffère de la volonté propre du sujet et peut être<br />

opposée ou même hosti<strong>le</strong> à cette dernière (comme dans <strong>le</strong><br />

cas de Miss Be<strong>au</strong>champ étudié <strong>par</strong> <strong>le</strong> <strong>Dr</strong> Morton Prince (1).<br />

Dans <strong>le</strong> médiumnisme, cette spontanéité, cette volonté et<br />

cette <strong>au</strong>tonomie des personnalités dites secondes ap<strong>par</strong>aît<br />

plus remarquab<strong>le</strong> encore. El<strong>le</strong>s jouissent <strong>par</strong>fois d'un psychisme<br />

absolument comp<strong>le</strong>t, avec ses facultés propres de<br />

vouloir, de savoir et de raisonner avec ses connaissances<br />

souvent très différentes de cel<strong>le</strong>s du sujet <strong>conscient</strong>,<br />

comme <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> cel<strong>le</strong> d'une langue ignorée de lui. El<strong>le</strong>s<br />

semb<strong>le</strong>nt vraiment n'avoir, dans <strong>le</strong>s cas <strong>le</strong>s plus remarquab<strong>le</strong>s,<br />

rien de commun avec ce dernier.<br />

Comment <strong>par</strong><strong>le</strong>r, pour tous ces faits, d'<strong>au</strong>fomatisme <br />

Passons maintenant <strong>au</strong>x productions sub<strong>conscient</strong>es<br />

d'ordre artistique, philosophique ou scientifique. L'inspiration<br />

ou <strong>le</strong> génie ne peuvent être attribués à l'<strong>au</strong>tomatisme<br />

du cerve<strong>au</strong> que <strong>par</strong> un vice de raisonnement<br />

Analysons en effet ce qui se passe dans ces productions<br />

sub<strong>conscient</strong>s:<br />

Voici un premier cas type un savant, artiste ou pen-<br />

(1) <strong>Dr</strong> Mouton Prince The dissociation, ef a Personaliiy.


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT<br />

109<br />

setrr entreprend un travail. Rebuté <strong>par</strong> des difficultés inattendues,<br />

il s'interrompt, découragé.<br />

A sa grande surprise, quelques temps après, la solution,<br />

qu'il avait cherchée en vain, se présente à lui sans effort et<br />

<strong>le</strong> travail éb<strong>au</strong>ché est achevé avec une incom<strong>par</strong>ab<strong>le</strong><br />

facilité.<br />

C'est, dit-on, que <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong> a continué à travail<strong>le</strong>r <strong>au</strong>tomatiquement<br />

dans la direction imprimée <strong>au</strong> début. Or,<br />

il est impossib<strong>le</strong> de trouuer, dans la physiologie, un exempte<br />

analogue de travail <strong>au</strong>tomatique.<br />

Quand on apprend un sport quelconque, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, à<br />

momter à bicyc<strong>le</strong>tte, il f<strong>au</strong>t une suite d'efforts volontaires répétés<br />

longtemps pour arriver à se diriger ensuite <strong>au</strong>tomatiquement.<br />

Si, <strong>au</strong> contraire, après un premier essai, on<br />

cessait, découragé, on <strong>au</strong>rait be<strong>au</strong> attendre dans l'inaction,<br />

<strong>au</strong>ssi longtemps que ce soit, on ne serait pas plus<br />

avancé- <strong>le</strong> jour où l'on ferait un nouvel essai. Il n'y <strong>au</strong>rait<br />

pas eu, dans l'interval<strong>le</strong>, « de travail physiologique latent »<br />

permettant de cesser l'effort nécessaire pour apprendre à<br />

se conduire à bicyc<strong>le</strong>tte et tenant lieu de cet effort.<br />

Quand on s'entraîne à la course, on arrive peu à peu<br />

à<br />

habituer, non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s musc<strong>le</strong>s, mais <strong>le</strong>s poumons et<br />

<strong>le</strong> cœur, à supporter la fatigue qu'impose ce sport mais,<br />

us premier et unique effort ne s<strong>au</strong>rait jamais tenir lieu de<br />

l'entraînement méthodique et répété.<br />

Quand donc, on <strong>par</strong>ie de travail <strong>au</strong>tomatique latent du<br />

cerve<strong>au</strong>, cm émet simp<strong>le</strong>ment une hypothèse qui se trouve<br />

contraire à tout ce que nous enseigne la physiologie hypothèse<br />

imposant une notion toute nouvel<strong>le</strong> et absolument<br />

gratuite que l'organe cerve<strong>au</strong> <strong>au</strong>rait un mode de<br />

travail digèrent, d'essence et de nature, de celui des <strong>au</strong>tres<br />

organes.<br />

Choisissons maintenant un deuxième cas<br />

Un savant, artiste, penseur, etc. ne prévoit pas d'avance<br />

<strong>le</strong> travail qu'il va faire et ne <strong>le</strong> pré<strong>par</strong>e pas. Il produit sous<br />

l'influence d'une « inspiration » tout à fait indépendante de


110 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

son désir, et de sa volonté, <strong>par</strong>fois contraire à ce désir<br />

ou à cette volonté Il n'y a pas eu même d'amorce<br />

à l'<strong>au</strong>tomatisme prétendu. Ce savant, artiste ou penseur, ne<br />

dirige pas t'inspiration il la subit.<br />

Comment <strong>par</strong><strong>le</strong>r alors d'<strong>au</strong>tomatisme psychologique <br />

« Le processus in<strong>conscient</strong>,<br />

dit M. Dwelh<strong>au</strong>vers, n'est<br />

pas ici un <strong>au</strong>tomatisme, mais une action vivante.<br />

L'inspiration, dit <strong>au</strong>ssi M. Ribot, « révè<strong>le</strong> une puissance<br />

supérieure à l'individu <strong>conscient</strong>, étrangère à lui quoique<br />

agissant <strong>par</strong> lui état que tant d'inventeurs ont exprimé<br />

en ces termes je n'y suis pour rien. »<br />

M. Dwelsh<strong>au</strong>vers (1), .étudiant récemment <strong>le</strong>s productions<br />

sub<strong>conscient</strong>es, a démontré surabondamment que,<br />

<strong>au</strong>-dessus de l'<strong>au</strong>tomatisme psychologique, qui n'est qu'une<br />

forme inférieure et bana<strong>le</strong> de l'In<strong>conscient</strong>, il y a <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

latent actif qui<br />

« sert d'arsenal à la synthèse créatrice<br />

et aide l'homme à former <strong>le</strong>s produits <strong>le</strong>s plus <strong>par</strong>faits<br />

de l'esprit.<br />

»<br />

Que conclure Simp<strong>le</strong>ment que la théorie de l'<strong>au</strong>tomatisme<br />

psychologique ne s'applique qu'à un petit nombre de<br />

faits, <strong>le</strong>s moins importants et ne s<strong>au</strong>rait prétendre à fournir<br />

une explication généra<strong>le</strong>.<br />

P. Janet est bien obligé de <strong>le</strong> reconnaître, et il <strong>le</strong> fait<br />

sans bonne grâce: « depuis l'époque, écrit-il, où j'employais<br />

ce mot de « sub<strong>conscient</strong> » dans un sens clinique et un peu<br />

terre à terre, j'en conviens, d'<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs ont employé<br />

<strong>le</strong> même mot dans un sens infiniment plus re<strong>le</strong>vé<br />

« On a désigné <strong>par</strong> ce mot des activités merveil<strong>le</strong>uses qui<br />

existent, <strong>par</strong>aît-il, <strong>au</strong> dedans de nous-mêmes, sans que<br />

nous soupçonnions <strong>le</strong>ur existence on s'en est servi pour<br />

expliquer des enthousiasmes subits et des divinations du<br />

génie. je me garde bien de discuter des théories <strong>au</strong>ssi<br />

consolantes et qui sont peut-être vraies.<br />

(1) DwntsHAtrvERS L'In<strong>conscient</strong> (Chez Flammarion).


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 111<br />

« Je me borne à rappe<strong>le</strong>r que je me suis occupé de tout<br />

<strong>au</strong>tre chose. Les p<strong>au</strong>vres malades que j'étudiais n'avaient<br />

<strong>au</strong>cun génie <strong>le</strong>s phénomènes, qui chez eux, étaient devenus<br />

sub<strong>conscient</strong>s étaient des phénomènes bien simp<strong>le</strong>s,<br />

qui chez <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres hommes font <strong>par</strong>tie de la conscience<br />

personnel<strong>le</strong> sans que cela excite <strong>au</strong>cune admiration. Ils<br />

en avaient perdu la libre disposition et la connaissance<br />

personnel<strong>le</strong>, ils avaient une maladie de la personnalité et<br />

voilà tout. » (1).<br />

Voilà en effet à quoi se réduit <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> <strong>au</strong>tomatique.<br />

Il f<strong>au</strong>t en distinguer expressément <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

supérieure actif, <strong>le</strong>quel est entièrement différent d'essence<br />

et de nature.<br />

2° LA THÉORIE DE LA MORBIDITÉ<br />

Une seconde explication généra<strong>le</strong> a eu, a encore un<br />

grand succès, bien qu'el<strong>le</strong> soit moins logique encore, plus<br />

arbitraire et plus vaine que la première c'est l'explication<br />

<strong>par</strong> la morbidité (2).<br />

On hésite à l'avouer mais c'est à cette p<strong>au</strong>vre explication<br />

que ne craignent pas d'avoir recours, enoore <strong>au</strong>jourd'hui,<br />

la majorité des psychologues contemporains.D'après<br />

eux, tout ce qui, <strong>au</strong> point de vue psychologique, n'est pas<br />

dans la moyenne, relèverait de la maladie. Les capacités<br />

sub<strong>conscient</strong>es seraient des produits morbides l'hypnotisme<br />

serait assimilab<strong>le</strong> à une névrose <strong>le</strong>s manifestations<br />

de personnalités multip<strong>le</strong>s résulteraient de désintégrations<br />

pathologiques du moi <strong>le</strong>s phénomènes supranorm<strong>au</strong>x ne<br />

seraient que des symptômes d'hystérie quant à l'inspiration<br />

supérieure et <strong>au</strong> génie, ils seraient simp<strong>le</strong>ment des<br />

fruits de la folie.<br />

(1) P. Janbt; Préface à la Subaonscience, de J. Jastrow.<br />

(2) La principa<strong>le</strong> revue psychologique française porte pour titre<br />

Revue de psychologie norma<strong>le</strong> et pathologique.


112 DE L'INCONSCIENT AU<br />

A la base de toutes ces manifestations morbides, on trouverait<br />

d'ail<strong>le</strong>urs une c<strong>au</strong>se


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 113<br />

à craindre pour l'humanité el<strong>le</strong> lui donne, en revanche,<br />

la<br />

possibilité<br />

de perfectionner ses<br />

moyens<br />

d'action et compense<br />

ainsi, dans une certaine mesure, <strong>par</strong><br />

son<br />

action<br />

hypertrophiante<br />

cérébra<strong>le</strong>, créatrice des idées<br />

<strong>par</strong>ticulières<br />

génia<strong>le</strong>s,<br />

ses méfaits redoutab<strong>le</strong>s. »<br />

On<br />

ne<br />

peut<br />

se défendre de<br />

quelque impatience lorsqu'on<br />

voit des hommes de science soutenir de semblab<strong>le</strong>s théories<br />

et l'on<br />

éprouve<br />

comme une sorte de malaise d'être<br />

obligé<br />

de réfuter des idées<br />

qui<br />

ne<br />

mériteraient<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

dédain<br />

Il <strong>le</strong> f<strong>au</strong>t cependant.<br />

Remarquons,<br />

en<br />

premier<br />

lieu.<br />

que,<br />

des divers facteurs<br />

morbides<br />

invoqués,<br />

un seul semb<strong>le</strong> avoir en sa faveur<br />

sinon l'appui, du moins la concordance des faits c'est la<br />

névropathie.<br />

Il est très vrai<br />

que<br />

<strong>le</strong>s hommes de<br />

grand<br />

ta<strong>le</strong>nt ou de<br />

génie sont, s<strong>au</strong>f rarissimes<br />

exceptions,<br />

des «<br />

névropathes ».<br />

Mais<br />

qu'est-ce<br />

que<br />

la<br />

névropathie <br />

La science médica<strong>le</strong><br />

d'ail-<br />

l'ignore tota<strong>le</strong>ment. Les névroses sont de<br />

<strong>au</strong> point de vue de l'anatomie<br />

pathologique,<br />

<strong>le</strong>urs la folie essentiel<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-même.<br />

pures<br />

comme<br />

énigmes<br />

Nous<br />

verrons<br />

que,<br />

bien<br />

loin<br />

d'expliquer<br />

<strong>le</strong><br />

mécanisme<br />

du<br />

psychisme<br />

anormal<br />

ou<br />

supérieur, <strong>le</strong>s névroses recevront<br />

el<strong>le</strong>s-mêmes <strong>le</strong>ur propre explication des connaissances<br />

approfondies sur la nature essentiel<strong>le</strong> du sub<strong>conscient</strong>.<br />

liais ce n'est pas tout supposons <strong>le</strong>s théories morbides<br />

justifiées el<strong>le</strong>s ne résolvent en rien <strong>le</strong>s problèmes psychologigues<br />

posés <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s<br />

mani<strong>le</strong>stations<br />

sub<strong>conscient</strong>es.<br />

Ce n'est pas <strong>par</strong>ce qu'on<br />

<strong>au</strong>ra dit « <strong>le</strong><br />

génie<br />

est<br />

névrose<br />

ou folie<br />

» qu'on<br />

<strong>au</strong>ra<br />

fait<br />

comprendre<br />

<strong>le</strong><br />

mécanisme<br />

essentiet<br />

des<br />

productions<br />

génia<strong>le</strong>s.<br />

Le<br />

grand<br />

penseur,<br />

artiste<br />

ou<br />

savant,<br />

apporte<br />

à<br />

l'humanité<br />

quelque<br />

chose de nouve<strong>au</strong> il crée. C'est un fou dites-vous.<br />

Soit, mais comment la folie est-el<strong>le</strong> créatrice <br />

Tant<br />

que<br />

vous<br />

n'<strong>au</strong>rez<br />

pas<br />

étalé à nos<br />

yeuX<br />

<strong>le</strong><br />

mécanisme


114 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

du psychisme sub<strong>conscient</strong>, vous n'<strong>au</strong>rez fait, en <strong>le</strong> couvrant<br />

d'une étiquette morbide, que recu<strong>le</strong>r la difficulté.<br />

Ce n'est pas <strong>par</strong>ce qu'on <strong>au</strong>ra dit <strong>le</strong>s manifestations<br />

de personnalités secondes ne sont que <strong>le</strong>s produits de la<br />

désintégration du moi qu'on <strong>le</strong>s <strong>au</strong>ra fait comprendre, bien<br />

<strong>au</strong> contraire. La désagrégation de la synthèse psychique<br />

peut donner la c<strong>le</strong>f des altérations de la personnalité<br />

mais seu<strong>le</strong>ment des altérations <strong>par</strong> diminution de cette personnatité.<br />

Cette diminution de la personnalité est évidente dans<br />

certains cas d'amnésie, consécutive <strong>au</strong>x tr<strong>au</strong>matismes craniens,<br />

à de grosses émotions, à des infections graves, à<br />

l'épi<strong>le</strong>psie, etc.<br />

El<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>aît <strong>au</strong>ssi dans l'<strong>au</strong>tomatisme psychologique<br />

de P. Janet. Mais dans <strong>le</strong>s manifestations de « personnalités<br />

secondes » <strong>au</strong>tonomes et complètes, on ne la retrouve<br />

plus. Quand ces personnalités secondes occupent tout <strong>le</strong><br />

champ psychologique du sujet, manifestent une volonté<br />

très origina<strong>le</strong>, font preuve de facultés et de connaissances<br />

différentes de cel<strong>le</strong>s du sujet et <strong>par</strong>fois supérieures à cel<strong>le</strong>s<br />

qu'il possède norma<strong>le</strong>ment, on ne peut plus invoquer<br />

comme explication unique la désintégration du moi. Il est<br />

en effet impossib<strong>le</strong> d'admettre que la personnalité seconde,<br />

fraction du moi, soil <strong>au</strong>ssi étendue et même plus étendue<br />

que <strong>le</strong> moi total. La <strong>par</strong>tie n'est jamais éga<strong>le</strong> ou supérieure<br />

<strong>au</strong> tout.<br />

Il f<strong>au</strong>t donc renoncer à trouver, dans la désagrégation<br />

psychologoque, une explication généra<strong>le</strong> des modifications<br />

de la personnalité.<br />

Ce n'est pas <strong>par</strong>ce qu'on <strong>au</strong>ra dit tel médium est un<br />

hystérique, qu'on <strong>au</strong>ra fait comprendre l'action à distance<br />

(en dehors de ses sens, de ses musc<strong>le</strong>s et de son cerve<strong>au</strong>),<br />

de sa sensibilité, de sa motricité et de son intelligence


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 115<br />

qu'on <strong>au</strong>ra donné la c<strong>le</strong>f du formidab<strong>le</strong> problème posé <strong>par</strong><br />

la psycho-physiologie supranorma<strong>le</strong> avec ses facultés de<br />

<strong>le</strong>cture, de pensée, de lucidité, ou d'action idéoplastique et<br />

téléplastique.<br />

Enfin, dernier argument d'ensemb<strong>le</strong> contre la théorie,<br />

morbide cette théorie est contraire à la logique des laits.<br />

Il est contraire à tout ce que nous enseigne la physiologie<br />

de déclarer qu'un organe malade est capab<strong>le</strong> de donner<br />

des produits supérieurs à ceux d'un organe sain, cela surtout<br />

d'une manière constante et quasi-régulière.<br />

Il y a une contradiction insoutenab<strong>le</strong>, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, à<br />

déclarer la puissance physique lonclion de la santé et la<br />

puissance intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> génia<strong>le</strong> lonclion de la maladie.<br />

F<strong>au</strong>t-il <strong>par</strong><strong>le</strong>r maintenant des théories morbides non plus<br />

généra<strong>le</strong>s', mais. spécia<strong>le</strong>s à tel ou tel groupe de phénomènes<br />

sub<strong>conscient</strong>s <br />

Qu'il nous suffise de <strong>le</strong>s signa<strong>le</strong>r brièvement<br />

Ces théories ont toutes une base commune el<strong>le</strong>s invoquent<br />

des disjonctions morbides dans <strong>le</strong> fonctionnement du<br />

cerve<strong>au</strong>.<br />

Azam expliquait <strong>le</strong> dédoub<strong>le</strong>ment de la personnalité <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong> fonctionnement isolé des deux lobes cérébr<strong>au</strong>x thèse<br />

qui n'a plus qu'un intérêt historique depuis la connaissance<br />

de personnifications non plus ,doub<strong>le</strong>s, mais multip<strong>le</strong>s chez<br />

<strong>le</strong> même individu.<br />

Le <strong>Dr</strong> Sollier explique l'hystérie <strong>par</strong> des disjonctions<br />

élémentaires dans <strong>le</strong>s éléments du cerve<strong>au</strong> tous <strong>le</strong>s symptômes<br />

de la névrose s'expliquant <strong>par</strong> la non activité ou<br />

l'hyperactivité de tels ou tels de ces éléments.<br />

Le Professeur Grasset croit expliquer <strong>le</strong>s manifestations<br />

sub<strong>conscient</strong>es <strong>par</strong> une disjonction entre <strong>le</strong> fonctionnement<br />

du « polygone » schématique de Charcot et un certain<br />

centre 0 localisé quelque <strong>par</strong>t dans la substance grise<br />

du<br />

cerve<strong>au</strong>.<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> G-elbv. 9


116 de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

A toutes ces théories, on peut faire <strong>le</strong>s mêmes objections<br />

1° El<strong>le</strong>s ne s'adaptent qu'à quelques faits, laissant de<br />

côté précisément ce qu'il y a de plus important dans <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong> la cryptopsychie supérieure et <strong>le</strong> supranormal.<br />

2" Même pour <strong>le</strong>s faits restreints qu'el<strong>le</strong>s embrassent,<br />

el<strong>le</strong>s sont insuffisantes. El<strong>le</strong>s invoquent précisément ce<br />

qu'il f<strong>au</strong>drait expliquer <strong>le</strong> pourquoi et <strong>le</strong> comment des<br />

disjonctions.<br />

Passons maintenant <strong>au</strong>x théories psychologiques du sub<strong>conscient</strong><br />

THEORIES PSYCHOLOGIQUES DU SUBCONSCIENT<br />

Ces théories sont nombreuses et de va<strong>le</strong>ur inéga<strong>le</strong>. Il en<br />

est, tout d'abord, qui reposent sur un vice évident de raisonnement,<br />

qui ne sont<br />

que<br />

des pesons de<br />

principe<br />

ou<br />

des explications verba<strong>le</strong>s.<br />

l'assons-<strong>le</strong>s rapidement en revue.<br />

3° Pétitions DE principe.<br />

Les pétitions de principe consistent à ramener un phénomène<br />

mystérieux à un <strong>au</strong>tre phénomène non moins<br />

mystérieux,<br />

mais simp<strong>le</strong>ment plus anciennement connu et plus<br />

familier.<br />

Parmi <strong>le</strong>s phénomènes supranorm<strong>au</strong>x, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, la<br />

télépathie et la <strong>le</strong>cture de pensée sont <strong>le</strong>s plus familiers<br />

et <strong>le</strong>s plus connus, ce qui <strong>le</strong>ur donne une sorte de « droit<br />

de cité » de «<br />

préemption ». Aussi<br />

s'efforce-t-on,<br />

à<br />

qui<br />

mieux mieux, de ramener à el<strong>le</strong>s tout <strong>le</strong> médiumnisme in-


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 117<br />

tel<strong>le</strong>ctuèl ce qui est absurde et ne fait que compliquer la<br />

question, car <strong>le</strong>cture de pensée et télépathie sont <strong>au</strong>ssi<br />

contraires <strong>au</strong>x lois connues que la clairvoyance ou <strong>le</strong>s communications<br />

médiumniques transcendantes.<br />

« Démontrer qu'un cerve<strong>au</strong>, écrivait, avec <strong>au</strong>tant de<br />

verve que de raison, <strong>le</strong> Professeur Pouchet (1), <strong>par</strong> une<br />

sorte de gravitation, agit à distance sur un <strong>au</strong>tre cerve<strong>au</strong><br />

comme l'aimant sur <strong>le</strong> fer, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il sur <strong>le</strong>s planètes, la terre<br />

sur <strong>le</strong> corps qui tombe Arriver à la découverte d'une influence,<br />

d'une vibratiora nerveuse se propageant sans conducteur<br />

matériel Le prodige, c'est que tous ceux qui<br />

croient peu ou prou à quelque<br />

chose de la sorte ne semb<strong>le</strong>nt<br />

même pas, <strong>le</strong>s ignorants se douter de l'importance, de l'intérêt<br />

de la nouve<strong>au</strong>té qu'il y <strong>au</strong>rait là-dedans et de la révolution<br />

que ce serait pour <strong>le</strong> monde social de demain. Mais<br />

prouviez donc cela, bonnes gens, et votre nom ira plus h<strong>au</strong>t<br />

que celui de Newton dans l'immortalité, et je vous réponds<br />

que <strong>le</strong>s Berthelot et <strong>le</strong>s Pasteur vous tireront <strong>le</strong>ur chape<strong>au</strong><br />

bien bas »<br />

Une pétition de principe encore plus familière est cel<strong>le</strong><br />

qui consiste à expliquer l'hypnotisme <strong>par</strong> l'hystérie ou<br />

l'hystérie <strong>par</strong> l'hypnotisme<br />

« qu'y a-t-il d'étonnant dans<br />

<strong>le</strong>s manifestations provoquées <strong>par</strong> l'hypnose On constate<br />

des manifestations spontanées analogues dans l'hystérie<br />

Pourquoi s'étonner des manifestations hystériques On<br />

peut à volonté provoquer des manifestations analogues <strong>par</strong><br />

l'hypnose<br />

»<br />

Puis l'on fait un pas de plus dans la voie des pétitions<br />

de principe et l'on ramène à la fois l'hystérie et l'hypnotisme<br />

à la suggestibilité ou <strong>au</strong> « pythiatisme, comme dit <strong>le</strong><br />

Professeur<br />

Babinski.<br />

Or, la suggestion, facteur hypnogène ou même lrystérogène,<br />

habituel et commode, est absolument sans va<strong>le</strong>ur,<br />

sans importance, en tant qu'explication philosophique.<br />

(1) CSté <strong>par</strong> M. DE Rochas Extériorisation de la motricité.


118 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

« C'est ce que nous avons démontré dans « l'Etre sub<strong>conscient</strong><br />

».<br />

C'est ce que M. Boirac a établi de son côté<br />

« Quel<strong>le</strong> conclusion pouvons-nous tirer, écrit-il, de toute<br />

cette discussion Tout d'abord la méthode qui consiste à<br />

expliquer des faits concrets <strong>par</strong> des termes abstraits tels<br />

que suggestion et suggestibilité, nous <strong>par</strong>aît antiscientifique<br />

<strong>au</strong> premier chef c'est un vieux reste de la méthode<br />

scolastique, ou recours <strong>au</strong>x entités, <strong>au</strong>x qualités et vertus<br />

occultes. Voilà un sujet ,à qui je donne à ma volonté <strong>le</strong>s<br />

hallucinations <strong>le</strong>s plus invraisemblab<strong>le</strong>s dont je <strong>par</strong>alyse<br />

à mon gré tous <strong>le</strong>s organes. Quel<strong>le</strong> peut être la c<strong>au</strong>se d'effets<br />

<strong>au</strong>ssi extraordinaires C'est bien simp<strong>le</strong> tout cela,<br />

c'est de la suggestion. Mais encore cette suggestion comment<br />

s'explique-t-el<strong>le</strong> D'où lui vient sa puissance <br />

C'est bien simp<strong>le</strong> encore el<strong>le</strong> est une conséquence de la<br />

suggestibilité, propriété naturel<strong>le</strong> du cerve<strong>au</strong> humain.<br />

Aussi on croit expliquer <strong>le</strong>s faits en <strong>le</strong>s affublant d'un nom,<br />

tout comme <strong>le</strong>s scolastiques croyaient expliquer <strong>le</strong> sommeil<br />

produit <strong>par</strong> l'opium en disant que l'opium a une vertu<br />

dormitive. » (1)<br />

Le raisonnement de M. Boirac peut s'adapter <strong>au</strong>x explications<br />

classiques de tous <strong>le</strong>s phénomènes sub<strong>conscient</strong>s,<br />

métapsychiques ou supranorm<strong>au</strong>x.<br />

Ega<strong>le</strong>ment sans va<strong>le</strong>ur sont <strong>le</strong>s explications qu'on peut<br />

appe<strong>le</strong>r purement verba<strong>le</strong>s et qui abondent dans la psychologie<br />

classique du sub<strong>conscient</strong>.<br />

4° Disjonctions ARTIFICIELLES ET explications VERBALES<br />

La tendance actuel<strong>le</strong> des psychologues est en effet de<br />

recourir à des disjonctions artificiel<strong>le</strong>s dans <strong>le</strong>s capacités<br />

(1) Boirac L'Avenir des Sciences Psyehiques.


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 119<br />

sub<strong>conscient</strong>es. Leur effort tend simp<strong>le</strong>ment à établir des<br />

classifications et à étiqueter <strong>le</strong>s faits ainsi classés. Ils se<br />

donnent ainsi l'illusion d'une explication.<br />

Parmi <strong>le</strong>s faits sub<strong>conscient</strong>s, il en est de familiers et<br />

très connus <strong>le</strong>s faits d'inspiration. On en fera une classe<br />

à <strong>par</strong>t, qui constituera <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> ucltf, opposé <strong>au</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

<strong>au</strong>tomatique de P. Janet. Mais on n'ira ni plus<br />

h<strong>au</strong>t, ni plus loin, et, dans cette grande classe, un délimitera<br />

des classes secondaires <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> de l'invention,<br />

<strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> de la mémoire, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> des tendances,<br />

<strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> des associations d'idées, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> des états<br />

affectifs, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> religieux, etc.<br />

La grande classe des manifestations de personnalités<br />

multip<strong>le</strong>s sera divisée en cases diverses, étiquetées infraconscience,<br />

supra-conscience, co-conscience.<br />

Dans <strong>le</strong> même ordre d'idées, d'éminents psychistes distinguent<br />

<strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong> proprement dit d'avec<br />

ce qu'ils appel<strong>le</strong>nt « <strong>le</strong> métapsychisme ». <strong>De</strong> l'un à l'<strong>au</strong>tre.<br />

cependant, il n'y a que des analogies et <strong>au</strong>cune distinction<br />

de nature.<br />

Le sub<strong>conscient</strong> normal et <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> métapsychique<br />

se manifestent dans des états très com<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>s<br />

L'état d'extase, de ravissement, « d'absence » d'un poète,<br />

artiste ou philosophe, composant sous l'influence de l'inspiration,<br />

est tout à fait identique, <strong>au</strong> fond, à l'état second<br />

du médium.<br />

Qu'on ne dise pas que <strong>le</strong> médium <strong>par</strong><strong>le</strong>, agit, écrit tout<br />

à fait <strong>au</strong>tomatiquement; tandis que l'artiste, alors même que<br />

sa volonté <strong>conscient</strong>e n'intervient pas, sait néanmoins ce<br />

qu'il produit cette distinction n'existe pas toujours. Bien<br />

des mediums savent <strong>par</strong>faitement ce qui va être donné <strong>par</strong>,<br />

<strong>le</strong>ur canal, sous une influence soi-disant étrangère, comme<br />

l'artiste sait, <strong>au</strong> fur et à mesure, ce qu'il va donner, sous<br />

une inspiration dont il n'est ni <strong>le</strong> maître ni <strong>le</strong> guide.<br />

Rousse<strong>au</strong> couvrant des pages d'écriture sans réf<strong>le</strong>xion<br />

et sans effort, dans un état de ravissement qui lui arrachait


120 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

des larmes Musset écoutant <strong>le</strong> génie mystérieux qui lui<br />

dictait ses vers Socrate obéissant à son « démon » Sehopenh<strong>au</strong>er<br />

refusant de croire que ses postulats inattendus<br />

et non cherchés fussent son œuvre propre, se comportaient<br />

tout à fait comme des médiums.<br />

Il n'est pas rare, d'ail<strong>le</strong>urs, que <strong>le</strong> médiumnisme coexiste<br />

avec <strong>le</strong>s manifestations de l'inspiration artistique Musset,<br />

<strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, était un « sensitif » remarquab<strong>le</strong> et presque<br />

un visionnaire.<br />

Il n'est pas besoin de faire remarquer que la cryptomnésie<br />

et la cryptopsychie sont éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> fond du médiumnisme<br />

et <strong>le</strong> fond du psychisme sub<strong>conscient</strong> normal.<br />

de<br />

En fait il n'est pas toujours commode de distinguer l'un<br />

l'<strong>au</strong>tre.<br />

Dira-t-on que la distinction du psychisme sub<strong>conscient</strong><br />

proprement dit d'avec <strong>le</strong> métapsychisme réside dans l'ap<strong>par</strong>ition<br />

du supranormal Mais où commence <strong>le</strong> supranormal<br />

Nous avons démontré, dans notre chapitre sur la<br />

physiologie, <strong>le</strong> vide et l'inanité de ce terme « supranormal<br />

». Nous avons démontré que la physiologie dite norma<strong>le</strong><br />

et la physiologie dite supranorma<strong>le</strong> sont éga<strong>le</strong>ment<br />

mystérieuses et posent un seul et même problème. Il en<br />

est pour la psychologie exactement comme pour la physiologie.<br />

Le sub<strong>conscient</strong> est, en bloc. incompréhensib<strong>le</strong> à la<br />

psychologie classique.<br />

La seu<strong>le</strong> distinction qu'a su faire cette psychologie classique<br />

vis-à-vis du supranormal, c'est de multiplier, en sa<br />

faveur, <strong>le</strong> nombre des étiquettes. En effet, plus il y <strong>au</strong>ra<br />

d'étiquettes, plus on <strong>au</strong>ra l'illusion de comprendre. Il y<br />

<strong>au</strong>ra donc l'extériorisation de la sensibilité, l'extériorisation<br />

de la motricité, l'extériorisation de l'intelligence, la<br />

télésthésie, la télépathie, la télékinésie. la tèléplastie, l'idéoplastie.<br />

M. Boirac jugeant cette nomenclature encore trop p<strong>au</strong>vre,<br />

propose d'y adjoindre l'hypnologie, la psychodyna-


THÉORIES CLASSIOLTES DU SUBCONSCIENT 121<br />

mie, la télépsychie, l'hyloscopie, la métagnomie, <strong>le</strong> biactinisme,<br />

la diapsychie, etc. (1).<br />

En réalité, <strong>le</strong>s classifications répondent à un besoin inné<br />

de l'esprit humain et sont légitimes, en un sens. Mais <strong>le</strong>ur<br />

danger réside dans <strong>le</strong> fait qu'on est porté à voir en el<strong>le</strong>s<br />

<strong>au</strong>tre chose que des classifications une interprétation,<br />

qui reste, en réalité, <strong>par</strong>faitement illusoire. C'est en cela<br />

qu'el<strong>le</strong>s endorment ou détournent l'effart logique de compréhension<br />

et de raisonnement. El<strong>le</strong>s ont un <strong>au</strong>tre danger<br />

encore<br />

El<strong>le</strong>s masquent l'unité essentiel<strong>le</strong> de la synthèse psychologique<br />

et laissent croire qu'il peut y avoir, pour <strong>le</strong>s diverses<br />

manifestations sub<strong>conscient</strong>es, des explications isolées<br />

et <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong>s égarent ainsi <strong>le</strong> chercheur et retardent<br />

tout progrès philosophique.<br />

Il se passe en ce moment, pour la question du sub<strong>conscient</strong>,<br />

ce qui s'est passé pour toutes <strong>le</strong>s graves questions<br />

de philosophie scientifique tôt ou tard, on arrive à trouver<br />

<strong>le</strong> lien commun tous <strong>le</strong>s faits d'un même ordre à<br />

construire ainsi une synthèse harmonieuse capab<strong>le</strong> d'expliquer,<br />

sinon <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s difficultés de détails (qui seront<br />

fina<strong>le</strong>ment résolues ensuite peu à peu, sous la direction<br />

et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de l'idée généra<strong>le</strong>) du moins toutes <strong>le</strong>s grandes<br />

difficultés. Mais, avant d'arriver à cette phase synthétique,<br />

l'esprit humain se débat pénib<strong>le</strong>ment dans une longue<br />

phase analytique, où il ne fait qu'observer <strong>le</strong>s faits<br />

et <strong>le</strong>s classer plus ou moins adroitement.<br />

Il s'efforce cependant, dès cette période, de trouver des<br />

explications mais ces explications sont basées simp<strong>le</strong>ment<br />

sur un petit nombre de faits, étudiés spécia<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong> tel ou tel chercheur, et généralisés hâtivement <strong>par</strong>,<br />

lui, à l'aide d'une adaptation arbitraire et forcée, <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres<br />

groupes de faits analogues.<br />

(1) Boihao La Psychologie ine&n-ivueet V Avenir des études psychiques.


122 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Alors, de deux choses l'une<br />

Ou bien ces théories hâtives et superficiel<strong>le</strong>s sont en outre<br />

uagues et imprécises, n'aboutissent qu'à un verbalisme<br />

insidieux et trompeur ou bien el<strong>le</strong>s sont précises, mais<br />

alors el<strong>le</strong>s n'embrassent réel<strong>le</strong>ment qu'un petit nombre de<br />

laits et ne supportent pas répreuve d'une vérification généra<strong>le</strong>.<br />

Ces deux catégories de théories sont déjà nombreuses<br />

dans <strong>le</strong> domaine de la philosophie du sub<strong>conscient</strong>.<br />

Nous avons déjà cité <strong>le</strong>s théories <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s de Janet, de<br />

Grasset, de Sollier.<br />

En voici deux <strong>au</strong>tres, d'un caractère plus général, mais<br />

.évidemment insuffisantes encore<br />

5° THÉORIE DU professeur Jastrow<br />

Le lype de la théorie vague, imprécise et verba<strong>le</strong> est<br />

représenté <strong>par</strong> cel<strong>le</strong> du Professeur Jastrow. Voici la conclusion<br />

qu'il donne à sa longue étude sur la Subconscience<br />

(1)<br />

·r<br />

L'impression<br />

que<br />

nous laisse cette étude, c'est que<br />

la<br />

vie menta<strong>le</strong> de l'homme ne repose pas sur la conscience<br />

seu<strong>le</strong>. Au-dessous de la conscience existe une organisation<br />

psychique antérienre à el<strong>le</strong> (2) et qui est sans doute<br />

la source d'où el<strong>le</strong> est sortie.<br />

Il est à présumer que la naissance de la conscience est<br />

due à la nécessité de satisfaire quelque<br />

besoin qui, sans<br />

el<strong>le</strong>, n'<strong>au</strong>rait été satisfait que d'une façon incomplète.<br />

Sa naissance marque <strong>le</strong> début d'une plus grande coordination<br />

des fonctions. Son rô<strong>le</strong> consiste avant tout à intégrer<br />

<strong>le</strong>s expériences, à établir l'unité de l'esprit. Les dissociatinns<br />

morbides (2) ne font<br />

que<br />

mettre mieux en relief<br />

cette unité que l'esprit normal conserve pendant tout son<br />

(1) La Svbconscience, <strong>par</strong> J. Jastrow (Chez Alcan).<br />

(2) C'est moi qui souligne.


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 123<br />

développement, et qui résiste à toutes <strong>le</strong>s vicissitudes <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il passe.<br />

C'est à la lumière des conceptions évolutionnistes que<br />

nous avons interprété <strong>le</strong>s divers phénomènes psychiques.<br />

L'interprétation des différentes variétés d'actiuités sub<strong>conscient</strong>es<br />

tl) doit rentrer dans un système fondé sur l'évolution<br />

menta<strong>le</strong>. La subconscience doit être présentée<br />

comme un produit naturel de la constitution menta<strong>le</strong>.<br />

On doit <strong>au</strong>ssi montrer qu'à mesure que la comp<strong>le</strong>xité de<br />

l'esprit <strong>au</strong>gmente, la subconscience se modifie de façon<br />

à pouvoir continuer à jouer <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> a en <strong>par</strong>tage.<br />

Mais toute évolution implique arrêt, affaiblissement, décadence,<br />

dissolution. Or, en examinant <strong>le</strong>s produits de la<br />

dissolution d'une fonction, on arrive souvent à mieux comprendre<br />

<strong>le</strong> développement normal de cette fonction. C'est<br />

pour cela que nous avons étudié avec tant de soin dans cet<br />

ouvrage <strong>le</strong>s altéralions de l'esprit (1). »<br />

Cette théorie du <strong>Dr</strong> Jastrow, si el<strong>le</strong> n'explique rien du<br />

tout, donne du moins une idée très nette de l'état d'esprit.<br />

des psychologues contemporains. El<strong>le</strong> fait appel à des<br />

dillérenciations qui, en réalité, n'existent pas en tant que<br />

différenciations essentiel<strong>le</strong>s à des facteurs morbides, impuissants<br />

et vains à un verbalisme pur plus impuissant<br />

encore. Enfin el<strong>le</strong> est absolument et systématiquement imprécise.<br />

El<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> <strong>par</strong>fois entrevoir une <strong>par</strong>tie de la vérité<br />

mais el<strong>le</strong> est incapab<strong>le</strong> de s'é<strong>le</strong>ver, dans une large<br />

envolée, <strong>au</strong>-dessus de la routine classique et du fatras des<br />

liiMix communs. El<strong>le</strong> n'apporte absolument rien sur la nature,<br />

l'origine, l'essence de la subconscience. El<strong>le</strong> n'explique<br />

pas comment il peut y avoir en el<strong>le</strong>, avec une formidab<strong>le</strong><br />

cryptomnésie, tant de facultés si merveil<strong>le</strong>uses et si<br />

puissantes, tant de connaissances inattendues, resïées cependunl<br />

latentes, inutilisées et inutilisab<strong>le</strong>s, et nécessitant,<br />

(1) C'est moi qui souligne.


124 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

pour ap<strong>par</strong>aître <strong>au</strong> jour, une désagrégation morbide du<br />

moi<br />

6° THÉORIE DE M. RIBOT<br />

Voici maintenant une théorie toute récente, qu'on peut<br />

considérer comme <strong>le</strong> dernier mot de la conception classique<br />

du sub<strong>conscient</strong>, cel<strong>le</strong> de M. Ribot (1).<br />

Pour M. Ribot, c'est très simp<strong>le</strong> il n'y a pas de moi<br />

in<strong>conscient</strong>.<br />

« Ce terme et la conception qu'il implique sont abusifs<br />

et inacceptab<strong>le</strong>s. Le moi, la personne est tout un composé<br />

d'éléments constamment variab<strong>le</strong>s, mais qui, dans <strong>le</strong>ur<br />

perpétuel devenir, conservent une certaine unité. Or, on<br />

ne trouve rien de semblab<strong>le</strong> dans ce prétendu moi <strong>au</strong>cun<br />

principe d'unité, tout <strong>au</strong> contraire une tendance à la dispersion<br />

et à l'émiettememt.<br />

En somme, ce soi-disant moi est un bloc fruste, fait d'éléments<br />

et de mécanismes moteurs. Quand il entre en activité,<br />

c'est un orchestre, sans chef qui <strong>le</strong> dirige.<br />

»<br />

La fonction de l'In<strong>conscient</strong> ne diffère pas de l'activité<br />

<strong>conscient</strong>e, sinon <strong>par</strong> <strong>le</strong> manque d'ordre et d'unité. En ce<br />

qui concerne sa'structure, il est constitué <strong>par</strong><br />

« des résidus<br />

psychiques<br />

» c'est-à-dire « des éléments isolés ou associés<br />

qui ont été <strong>au</strong>trefois des états de conscience. c'est<br />

de la conscience éfeinte, figée, crislallisée dans ses éléments<br />

moteurs. »<br />

Cependant, reconnaît M. Ribot, il y a dans l'In<strong>conscient</strong>,<br />

un « fonds impénétrab<strong>le</strong><br />

« Ce fait de quelque façon qu'on l'explique qu'il y<br />

a en nous une vie souterraine qui n'ap<strong>par</strong>aît qu'en passant<br />

et jamais tota<strong>le</strong>ment, est d'une grande portée c'est que<br />

la connaissance de nous-même<br />

(yvwT-. g^wtov ) n'est pas<br />

seu<strong>le</strong>ment diffici<strong>le</strong>, mais impossib<strong>le</strong>. » Nous devons recon-<br />

(1) Ribot La vie in<strong>conscient</strong>e et <strong>le</strong>s mouvements.


THÉORIES CLASSIQUES DU SUBCONSCIENT 125<br />

naître « l'incapacité absolue de connaître notre individualité<br />

intégra<strong>le</strong>ment et d'en être certain. »<br />

En somme, d'après M. Ribot, <strong>le</strong> moi <strong>conscient</strong> est une<br />

coordination d'états <strong>le</strong> moi in<strong>conscient</strong>, un résidu d'anciens<br />

états <strong>conscient</strong>s. L'activité du premier révè<strong>le</strong> une<br />

certaine unité tandis que cel<strong>le</strong> du deuxième est purement<br />

anarchique et désordonnée.<br />

Sans doute, il persiste des obscurités, mais ces obscurités<br />

ne s<strong>au</strong>raient dis<strong>par</strong>aître. Ce que nous ne comprenons<br />

pas dans l'individualité psychique est purement et simp<strong>le</strong>ment<br />

ce qu'il est impossib<strong>le</strong> de comprendre.<br />

Retenons simp<strong>le</strong>ment cet aveu d'impuissance. Quant à<br />

la théorie même de M. Ribot, el<strong>le</strong> échappe, <strong>par</strong> son insuffisance<br />

évidente, à la discussion. La documentation sur laquel<strong>le</strong><br />

el<strong>le</strong> repose, ne tient compte ni de ce qu'on peut appe<strong>le</strong>r<br />

avec M. Dwehsh<strong>au</strong>vers <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> latent actif, ni<br />

du supranormal.<br />

El<strong>le</strong> ne s<strong>au</strong>rait donc prétendre <strong>au</strong> rô<strong>le</strong> de théorie généra<strong>le</strong>.<br />

7° CONCLUSIONS DE l'examen DE LA PSYCHO-PHYSIOLOGIE<br />

CLASSIQUE.<br />

Tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s explications classiques des phénomènes<br />

sub<strong>conscient</strong>s.<br />

L'insuffisance tota<strong>le</strong>, absolue de ces explications est évidente<br />

et flagrante.<br />

La conception classique de l'individualité physiologique<br />

et psychologique ap<strong>par</strong>aît, à l'examen, plus insuffisante<br />

encore, plus bornée, plus déficitaire que la conception classique<br />

de l'évolution.<br />

Cel<strong>le</strong>-ci, du moins, a réussi à mettre en lumière <strong>le</strong>s facteurs<br />

secondaires et, si el<strong>le</strong> s'est trompée sur <strong>le</strong>ur importance,<br />

si el<strong>le</strong> n'a pu expliquer complètement <strong>le</strong> transfor-


126 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

misme, el<strong>le</strong> est du moins <strong>par</strong>venue à mettre sa réalité <strong>au</strong>dessus<br />

de toute discussion.<br />

Cel<strong>le</strong>-là, <strong>au</strong> contraire, n'a pu résoudre <strong>au</strong>cun des problèmes<br />

qu'el<strong>le</strong> envisageait.<br />

Enfermée dans <strong>le</strong> cadre étroit du polyzoïsme et du polypsychisme.<br />

qui lui masque la réalité essentiel<strong>le</strong> des choses,<br />

el<strong>le</strong> se heurte Ue toutes <strong>par</strong>ts à des énigmes énigme<br />

de la formation et du maintien de l'organisme, énigme de<br />

la vie, énigme de la personnalité, énigme de la conscience,<br />

énigme de la subconscience.<br />

Incapab<strong>le</strong> d'une vue synthétique, el<strong>le</strong> n'a tiré de ses analyses<br />

que des généralisations factices, basées sur une méthode<br />

stérilisante, qui n'échappent à l'insuffisance que pour<br />

tomber dans l'absurde. La conception classique de l'individu,<br />

pour tout dire, porte la<br />

marque<br />

de l'impuissance lamentab<strong>le</strong><br />

de ce qu'on peut appe<strong>le</strong>r la psycho-physiologie<br />

universitaire officiel<strong>le</strong> con<strong>le</strong>mporaine.<br />

Sans originalité, sans profondeur, sans vérité, cette psycho-physiologie<br />

officiel<strong>le</strong> présente un contraste frappant<br />

avec <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres sciences. entrainées dans <strong>le</strong> merveil<strong>le</strong>ux es-<br />

•^or de notre époque.<br />

El<strong>le</strong> forme, à l'écart de <strong>le</strong>ur lumière, comme une zone<br />

obscure où tâtonnent et se débattent en vain <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs<br />

esprits. Il est temps qu'un grand souff<strong>le</strong> d'air pur balaye<br />

cette épaisse et lourde brume de petites idées accrochées<br />

à de petits faits.


CHAPITRE<br />

VII<br />

LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES<br />

RATIONNELLES<br />

BASEES SUR LE SUBCONSCIENT<br />

Notre examen de la psycho-physiologie classique nous a<br />

fait saisir sur <strong>le</strong> vif l'erreur et l'illusion de la méthode ascendante,<br />

qui prétend <strong>par</strong>tir des faits élémentaires pour<br />

interpréter <strong>le</strong>s faits comp<strong>le</strong>xes.<br />

Servons-nous donc hardiment de la méthode opposée,<br />

de la méthode descendante et considérons d'abord et avant<br />

tout <strong>le</strong>s faits <strong>le</strong>s plus comp<strong>le</strong>xes de la psychologie, c'est-àdire<br />

<strong>le</strong>s phénomènes sub<strong>conscient</strong>s.<br />

La méthode nous donnera dans <strong>le</strong> domaine psychique ce<br />

qu'el<strong>le</strong> nous a donné dans <strong>le</strong> domaine physiologique une<br />

lumière nouvel<strong>le</strong>, éblouissante, éclairant notre route et<br />

rendant simp<strong>le</strong>s, aisées, fécondes, toutes nos investigations.<br />

1° Le SUBCONSCIENT EST L'ESSENCE MÊME DE LA psychologie<br />

individuel<strong>le</strong><br />

Lorsqu'on procède, sans idée préconçue et sans tenir<br />

compte des enseignements classiques, de <strong>le</strong>urs formu<strong>le</strong> ou<br />

de <strong>le</strong>urs dogmes, à l'examen de la psychologie sub<strong>conscient</strong>e,<br />

on éprouve une première et grande surprise<br />

Le sub<strong>conscient</strong> nous <strong>par</strong>ait être l'essence même de la<br />

psdettotogie<br />

individuel<strong>le</strong>.


12S de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

Ce<br />

qu'il y a de<br />

plus important dans <strong>le</strong><br />

psychisme<br />

individuel<br />

est sub<strong>conscient</strong>. Le fonds même du moi, sa caractéristique<br />

sont sub<strong>conscient</strong>s. Toutes <strong>le</strong>s capacités innées<br />

sont sub<strong>conscient</strong>es de même <strong>le</strong>s facultés supérieures,<br />

l'intuition, <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt, <strong>le</strong> génie, l'inspiration artistique ou<br />

créatrice. Ces facultés sont cryptoïdes dans <strong>le</strong>ur origine,<br />

cryptoïdes dans <strong>le</strong>urs manifestations, dont tout <strong>le</strong> mécanisme<br />

échappe en majeure <strong>par</strong>tie à la volonté, à la direction<br />

norma<strong>le</strong> et régulière de l'être et ne se révè<strong>le</strong>nt que <strong>par</strong><br />

la mise <strong>au</strong> jour, en dehors de la<br />

rég<strong>le</strong>mentation<br />

<strong>conscient</strong>e,<br />

de produits intermittents et<br />

d'ap<strong>par</strong>ence<br />

spontanée.<br />

Cette activité<br />

psychique sub<strong>conscient</strong>e, formidab<strong>le</strong> en<br />

el<strong>le</strong>-m.ème, est doublée d'une mémoire plus formidab<strong>le</strong> encore,<br />

mémoire toute puissante et infaillib<strong>le</strong>, qui<br />

laisse<br />

bien<br />

loin derrière el<strong>le</strong> la p<strong>au</strong>vre mémoire<br />

<strong>conscient</strong>e,<br />

si<br />

caduque,<br />

débi<strong>le</strong> et bornée.<br />

A côté du sub<strong>conscient</strong>, <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> n'ap<strong>par</strong>aît plus que<br />

comme un psychisme restreint, limité et<br />

irongué<br />

et encore<br />

ce<br />

psychisme est-il soumis, même pour ses manifestations<br />

<strong>le</strong>s plus importantes, à cette<br />

portion cryptoïde du moi, qui<br />

en forme la<br />

caractéristique<br />

et <strong>le</strong> fonds.<br />

Tout se passe, en un mot, comme si <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> ne constituait<br />

qu'une <strong>par</strong>tie, la plus faib<strong>le</strong>, du moi <strong>par</strong>tie entièrement<br />

conditionnée <strong>par</strong> la <strong>par</strong>tie la plus importante,<br />

res-<br />

dans <strong>le</strong>s conditions ordinaires de la vie indi-<br />

tée<br />

cryptoïde,<br />

viduel<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>.<br />

Une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> constatation est, pour la<br />

psyclzologie<br />

classique,<br />

gui considère <strong>le</strong> moi comme la somme des consciences<br />

des neurones, un insolub<strong>le</strong> mystère.<br />

Il est impossib<strong>le</strong>, en <strong>par</strong>tant de sa conception, de comprendre<br />

ou même de tenter une interprétation qui<br />

ne<br />

soit<br />

pas 'purement verba<strong>le</strong>, soit de la<br />

cryptomnésie,.<br />

cryptopsychie,<br />

soit de la


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 129<br />

2° L'IMPUISSANCE DE LA PSYCHOLOGIE classique EN FACE DE LA<br />

CRYPTOPSYCHIE ET DE la cryptomnésie<br />

La cryptopsychie, <strong>au</strong> point de vue de la psychologie individuel<strong>le</strong><br />

ap<strong>par</strong>aît comme un non sens.<br />

Comment une <strong>par</strong>t de l'activité menta<strong>le</strong> échappe-t-el<strong>le</strong> à<br />

la disposition de l'individu ou ne lui est-el<strong>le</strong> accessib<strong>le</strong><br />

qu'irrégulièrement et <strong>par</strong> accidents <br />

Comment cette activité menta<strong>le</strong> involontaire et latente<br />

est-el<strong>le</strong> supérieure à l'activité menta<strong>le</strong> volontaire et <strong>conscient</strong>e<br />

'<br />

Comment toutes <strong>le</strong>s capacités supérieures non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong>s facultés supranorma<strong>le</strong>s, mais <strong>au</strong>ssi l'inspiration<br />

créatrice et <strong>le</strong> génie et tout ce qu'il y a d'essentiel <strong>au</strong> point<br />

de vue psychique dans l'intel<strong>le</strong>ct, lui sont-ils, en majeure<br />

<strong>par</strong>tie, inaccessib<strong>le</strong>s et inconnus Pourquoi, en un mot,<br />

sont-ils sub<strong>conscient</strong>s et non <strong>conscient</strong>s Encore une fois,<br />

impossib<strong>le</strong> de <strong>le</strong> comprendre dans la psychologie classique.<br />

Se basant sur ces arguments, Myers n'avait pas eu de<br />

peine à montrer l'impossibilité de faire de la cryptopsychie<br />

<strong>le</strong> produit de l'évolution physiologique norma<strong>le</strong>. Il y<br />

a en effet contradiction absolue dans la constatation de<br />

facultés à la fois très puissantes et très uti<strong>le</strong>s et, en même<br />

temps, en majeure <strong>par</strong>tie inutilisab<strong>le</strong>s <strong>par</strong> l'être dans la<br />

vie norma<strong>le</strong>.<br />

Passons maintenant à la cryptomnésie<br />

La cryptomnésie, nous l'avons vu, serait pourvue d'une<br />

puissance prodigieuse, puissance qui ne connaîtrait pas de<br />

limites. El<strong>le</strong> permettrait l'enregistrement Íidè<strong>le</strong> de tout ce<br />

gui a Irappé nos sens, soit consciemment, soit même à<br />

notre insu et assurerait à cet enregistrement un caractère<br />

indélébi<strong>le</strong>.


130 DE AU CONSCIENT<br />

Or, une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> conception diffère du tout <strong>au</strong> tout des<br />

notions classiques de la mémoire.<br />

La mémoire ordinaire est d'<strong>au</strong>tant plus précise que <strong>le</strong><br />

fait <strong>au</strong>quel el<strong>le</strong> se rapporte a frappé plus fortement l'attention<br />

de l'Etre et que ce fait est plus récent.<br />

Si <strong>le</strong> fait enregistré est, pour l'Etre, d'importance secondaire<br />

ou nul<strong>le</strong>, il dis<strong>par</strong>aît bientôt et à jamais à moins,<br />

bien entendu, d'être conservé grâce à une association<br />

d'idées plus importantes, à laquel<strong>le</strong> il <strong>au</strong>rait été lié <strong>par</strong><br />

hasard.<br />

<strong>De</strong> même, si <strong>le</strong> fait enregistré est ancien, <strong>le</strong>- souvenir<br />

en devient vague, confus, et finit à la longue <strong>par</strong> dis<strong>par</strong>aître<br />

<strong>au</strong>ssi, souvent tota<strong>le</strong>ment. C'est là un processus régulier,<br />

normal, conforme à tout ce que nous enseigne la physiologie<br />

L'impression produite sur <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong> est superficiel<strong>le</strong> et<br />

éphémère pour <strong>le</strong>s étals de conscience d'intensité médiocre<br />

et celte impression, même pour <strong>le</strong>s états de conscience plus<br />

importants, tend à s'ellacer avec <strong>le</strong> temps.<br />

Le Dantec (1) résume ainsi sa théorie psychologique de<br />

la mémoire « il y a deux choses à considérer dans la<br />

mémoire <strong>au</strong> point de vue objectif<br />

« 1° Le fait que nous n'avons pas oublié une chose, que<br />

nous sommes susceptib<strong>le</strong>s de nous la rappe<strong>le</strong>r<br />

« 2° L'opération qui consiste à nous en souvenir.<br />

« La première chose consiste en une <strong>par</strong>ticularité histologique,<br />

la deuxième est corrélative d'un phénomène<br />

physiologique.<br />

« Exécutons une opération quelconque, menta<strong>le</strong> ou <strong>au</strong>tre,<br />

un certain nombre de fois. Le chemin <strong>par</strong>couru <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

ref<strong>le</strong>xe correspondant sera, en vertu de la loi d'assimilation<br />

fonctionnel<strong>le</strong>, consolidée <strong>par</strong> ce ref<strong>le</strong>xe même il y<br />

<strong>au</strong>ra donc dans notre systième nerveux un certain nombre<br />

(1) LE Daotbc Le Déterminisme biologique.


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 131<br />

de<br />

modifications<br />

histologiques<br />

corrélatives<br />

de<br />

l'opération<br />

en<br />

question.<br />

CI Tant que ces modifications<br />

histologiques<br />

persisteront,<br />

la<br />

mémoire<br />

Itistologigue<br />

de<br />

l'opération<br />

en<br />

question<br />

persis-<br />

il suffira de la<br />

répéter de temps<br />

en<br />

temps<br />

pour<br />

tora<br />

entretenir<br />

<strong>par</strong><br />

assimilation fonctionnel<strong>le</strong> cette mémoire histo-<br />

Si l'on reste<br />

longtemps<br />

sans<br />

la<br />

répéter,<br />

la<br />

logique.<br />

destruction<br />

plastique qui accompagne<br />

<strong>le</strong><br />

repos<br />

des<br />

organes<br />

déIndra cette <strong>par</strong>ticularité de notre<br />

système<br />

nerveux<br />

il<br />

y<br />

<strong>au</strong>ra oubli ».<br />

Quand<br />

l'oubli<br />

est<br />

comp<strong>le</strong>t<br />

et<br />

absolu,<br />

il est <strong>au</strong>ssi irrémédiab<strong>le</strong>.<br />

La mémoire<br />

hislologigue ayanl dis<strong>par</strong>u, il<br />

ne<br />

s<strong>au</strong>rait<br />

subsister de mémoire<br />

psychologique.<br />

Cela semb<strong>le</strong> évident<br />

et tels semb<strong>le</strong>nt bien être, en<br />

effet,<br />

<strong>le</strong><br />

processus<br />

et<br />

<strong>le</strong>s<br />

conditions de la mémoire ordinaire.<br />

Or,<br />

la<br />

cryptomnésie<br />

est tout différente el<strong>le</strong> se<br />

rapporte<br />

non seu<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>x faits<br />

importants,<br />

mais <strong>au</strong>ssi ,à des faits<br />

même sans importance,<br />

à des faits, qui <strong>par</strong>fois,<br />

n'ont<br />

même<br />

pas retenu l'attention <strong>conscient</strong>e de l'Etre.<br />

D'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, l'enregistrement<br />

des états de conscience,<br />

dans la mémoire<br />

occulte, n'est en rien subordonné à la<br />

question<br />

de<br />

temps.<br />

Cet<br />

enregistrement<br />

<strong>par</strong>aît<br />

indélébi<strong>le</strong>.<br />

La<br />

gamme<br />

des<br />

souvenirs latents s'étend ainsi des détails<br />

<strong>le</strong>s<br />

plus<br />

insignifiants,<br />

même<br />

enregistrés<br />

inconsciemment,<br />

<strong>au</strong>x faits <strong>le</strong>s<br />

plus<br />

importants<br />

de notre vie <strong>conscient</strong>e. Leur<br />

souvenir,<br />

même<br />

lorsqu'il<br />

semb<strong>le</strong><br />

à<br />

jamais<br />

dis<strong>par</strong>u,<br />

inaccessib<strong>le</strong><br />

<strong>au</strong> moi normal, peut,<br />

dans <strong>le</strong>s états anorm<strong>au</strong>x,<br />

spécia<strong>le</strong>ment<br />

dans <strong>le</strong> somnambulisme ou <strong>le</strong> médiumnisme,<br />

re<strong>par</strong>aître<br />

intégra<strong>le</strong>ment<br />

<strong>au</strong><br />

premier<br />

plan.<br />

La<br />

cryptomnésie<br />

n'est<br />

pas<br />

seu<strong>le</strong>ment<br />

faite<br />

d'expériences<br />

extrinsèques,<br />

mais<br />

<strong>au</strong>ssi<br />

d'expériences intrinsèques, pour<br />

ainsi dire. El<strong>le</strong> est constituée non seu<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong><br />

des<br />

souvenirs<br />

réels mais <strong>au</strong>ssi<br />

<strong>par</strong> des souvenirs d'ordre<br />

imaginatif.<br />

L'imagination, qui joue<br />

dans<br />

<strong>le</strong><br />

psychisme<br />

normal<br />

un<br />

rô<strong>le</strong> si considérab<strong>le</strong>, créé ou réalise des faits fictifs<br />

qui.<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Getj»-. 10


132 DE L'INCONSCIENT AU <strong>conscient</strong><br />

de même que <strong>le</strong>s faits réels, sont enregistrés dans la cryptomnésic.<br />

<strong>De</strong> même, naturel<strong>le</strong>ment, toutes <strong>le</strong>s émotions et<br />

tous <strong>le</strong>s états d'âme.<br />

En somme, tout ce gui a été dans <strong>le</strong> champ psychique,<br />

consciemment ou inconsciemment, peu importe, demeure,<br />

indestructib<strong>le</strong>, même quand il semb<strong>le</strong> à jamais perdu.<br />

En vain, un temps très long s'est-il écoulé depuis cette<br />

acquisition psychique ou sensoriel<strong>le</strong> en vain <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s<br />

cérébra<strong>le</strong>s, qui avaient vibré synchroniquement, ont-el<strong>le</strong>s<br />

été, depuis lors, sans doute, bien des fois renouuelées (1).<br />

En dépit du temps et en dépit des changements, <strong>le</strong> souvenir<br />

intégral reste, gravé d'une manière indélébi<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>.<br />

Comment Pourquoi Mystère insolub<strong>le</strong> pour la physiologie<br />

classique.<br />

Le souvenir sub<strong>conscient</strong> intégral sembte donc mdependant<br />

des contingences cérébra<strong>le</strong>s. On a même cité des cas<br />

où il persistait, réap<strong>par</strong>aissant <strong>par</strong> éclairs, en dépit de la<br />

perte de la mémoire ordinaire <strong>par</strong> maladie du cerve<strong>au</strong>. Tel<br />

est <strong>le</strong> cas fameux de M. Hanna, bien caractéristique à ce<br />

sujet (2). M. Hanraa, à la suite d'une chute sur la tête, oublia<br />

tota<strong>le</strong>ment toute sa vie passée, toutes ses connaissances,<br />

tout son acquit et se trouva ramené à l'état psychologique<br />

d'un nouve<strong>au</strong>-né à qui on doit tout apprendre.<br />

Mais chose curieuse, si la mémoire avait dis<strong>par</strong>u, la capacité<br />

d'apprendre était intacte. La rééducation fut très rapide<br />

et complète. Or, pendant cette rééducation, M. Hanna<br />

avait à chaque instant, constate M. Flournoy, « des rêves<br />

ou visions incompréhensib<strong>le</strong>s pour lui, qu'il décrivait avec<br />

étonnement à ses <strong>par</strong>ents et où ceux-ci reconnaissaient <strong>le</strong>s<br />

souvenirs très exacts de localités où <strong>le</strong> patient avait été<br />

avant son accident ». Il y avait donc une mémoire latente,<br />

(1) En tous eae l'impression s'en est effaoée et a dis<strong>par</strong>u.<br />

(2) Sidy and Goodhart Multip<strong>le</strong> persorudity.


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 133<br />

laquel<strong>le</strong> se manifestait évidemment <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong> la faculté de<br />

rapprendre très vite.<br />

En somme, de l'étude de la cryptomnésie ressort avec<br />

évidence ce qui suit<br />

Tout se passe commune si l'état psychique qu'on nomme<br />

un souvenir, enregistré <strong>par</strong> <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s cérébra<strong>le</strong>s, et destiné<br />

à dis<strong>par</strong>aître bientôt avec el<strong>le</strong>s, éphémère comme el<strong>le</strong>s,<br />

était enregistré, en même temps, dans « quelque chose » de<br />

permanent, dont ce souvenir sera dorénavant <strong>par</strong>tie intégrante<br />

et permanente el<strong>le</strong>-même.<br />

Retenons bien cette constatation. Nous en comprendrons<br />

plus tard seu<strong>le</strong>ment toute l'importance. Qu'il nous suffise,<br />

pour <strong>le</strong> moment, d'établir une première induction, induction<br />

imposée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s faits<br />

La présence, dans l'Etre, de facultés puissantes et<br />

étendues, mais sub<strong>conscient</strong>es, jouant dans <strong>le</strong> psychisme<br />

individuel<strong>le</strong> rô<strong>le</strong> principal bien que cryptoïde, conditionnant<br />

ce psychisme individuel tout en échappant en majeure<br />

<strong>par</strong>tie à la connaissance et à la volonté norma<strong>le</strong>s et directes<br />

La constatation d'une mémoire sub<strong>conscient</strong>e diUérente<br />

de la m,émoire norma<strong>le</strong>, plus sure et plus étendue que<br />

cette dernière et semblant presque sans timites ces laits<br />

nous entraînent <strong>au</strong>-delà du cadre des notions classiques<br />

sur <strong>le</strong> moi, son origine, ses fins et ses destinées.<br />

Il n'y a rien dans <strong>le</strong>s connaissances classiques, dans ce<br />

que nous avions pensé définitivement établi <strong>par</strong> <strong>le</strong>s.sciences<br />

naturel<strong>le</strong>s, <strong>par</strong> la physiologie ou la psychologie, qui<br />

permette de se rendre compte des phénomènes sub<strong>conscient</strong>s,<br />

qui ne soit en opposition flagrante avec ces phénomènes.<br />

En un mot, cette induction formidab<strong>le</strong> nous met en<br />

présence d'un point d'interrogation plus formidab<strong>le</strong> encore.<br />

Nous sommes amenés impérieusement à nous de-


134 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

mander si la psycho-physiologie classique n'est pas purement<br />

et simp<strong>le</strong>ment un monument .d'erreurs <br />

Dès lors, nous avons <strong>le</strong> devoir .de considérer de près<br />

tous ses enseignements, et d'examiner surtout, â la lumière<br />

des faits, son fameux dogme, <strong>le</strong> dogme fondamental<br />

sur <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> repose entièrement, celui du <strong>par</strong>allélisme<br />

psy cho-physi olog ique.<br />

Il importe de rechercher ce <strong>par</strong>allélisme <strong>par</strong>tout où il<br />

3° Absence DE PARALLÉLISME ENTRE LE<br />

SUBCONSCIENT,<br />

D'UNE<br />

PART ET L'ÉTAT DU DÉVELOPPEMENT DU<br />

CERVEAU,<br />

était affirmé, et de voir s'il peut s'adapter <strong>au</strong>x faits sub<strong>conscient</strong>s.<br />

L'HÉRÉ-<br />

DITÉ, LES acquisitions sensoriel<strong>le</strong>s OIJ INTELLECTUELLES,<br />

d'<strong>au</strong>tre<br />

PART.<br />

« Le développement psychiques, nous enseigne-t-on tout<br />

d'abord, accompagne régulièrement <strong>le</strong> développement du<br />

cerve<strong>au</strong> et il est<br />

proportionnel à ce développement pendant<br />

l'enfance et jusqu'à la maturité ».<br />

Or, <strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong> a précisément, <strong>par</strong>mi ses<br />

caractéristiques, d'ap<strong>par</strong>aître, souvent avec toute son importance,<br />

bien avant l'épanouissement comp<strong>le</strong>t du cerve<strong>au</strong>.<br />

Sans<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong>r même du sub<strong>conscient</strong> dit supranormal, relativement<br />

plus fréquent chez <strong>le</strong>s enfants que chez l'adulte,<br />

la précocité des manifestations du génie, surtout en art,<br />

est une notion bana<strong>le</strong> et dont il n'est pas besoin de rappe<strong>le</strong>r<br />

<strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s si connus. L'ap<strong>par</strong>ition du génie avant <strong>le</strong><br />

développement comp<strong>le</strong>t du cerve<strong>au</strong> est un fait contraire à<br />

la théorie du <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique.<br />

Autre constatation, plus importante encore. Le développement<br />

psychique, en ce qui concerne <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>, ap<strong>par</strong>ait<br />

indépendant des conditions héréditaires indépendant<br />

c<strong>le</strong>s<br />

acquisitions sensoriel<strong>le</strong>s et de<br />

l'effort nécessaire<br />

pour <strong>le</strong>s acquisitions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s <strong>conscient</strong>e.


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 135<br />

D'où proviennent, en effet, <strong>le</strong>s capacités sub<strong>conscient</strong>es <br />

Ces capacités, qui se manifestent dans <strong>le</strong> génie, <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt<br />

ou l'inspiration, ne sont pas acquises el<strong>le</strong>s sont innées.<br />

Le travail, l'entraînement ou l'effort répété peuvent, dans<br />

une certaine mesure, <strong>le</strong>s développer. Ils ne peuvent pas <strong>le</strong>s<br />

créer.<br />

Comment comprendre <strong>le</strong>s capacités innées <br />

L'échec des tentatives d'interprétation, soit <strong>par</strong> l'hérédité,<br />

soit <strong>par</strong> la conformation cérébra<strong>le</strong>, est <strong>au</strong>jourd'hui<br />

définitif.<br />

Les exemp<strong>le</strong>s d'hérédité psychique bien nette et bien<br />

établie sont tout à fait exceptionnels.<br />

Le plus connu est celui de la famil<strong>le</strong> de Jean Sébastien<br />

Bach, laquel<strong>le</strong> présenta, de 1550 à 1846, 29 musiciens<br />

éminents. Mais s'agit-il bien d'hérédité Il f<strong>au</strong>drait, .pour <strong>le</strong><br />

démontrer, éliminer d'abord d'<strong>au</strong>tres facteurs l'ambiance,<br />

l'éducation, <strong>le</strong>s traditions familia<strong>le</strong>s, l'entraînement col<strong>le</strong>ctif,<br />

etc.<br />

Ce qui est extraordinaire, ce n'est pas que l'on rencontre,<br />

ça et là, quelques cas de soi-disant hérédité psychique<br />

c'est bien plutôt qu'on en rencontre si peu, en regard<br />

surtout de la fréquence et de la banalité de l'hérédité physique.<br />

Le fait est là<br />

Le rô<strong>le</strong> de l'hérédité est <strong>au</strong>ssi e\\acé et secondaire ep<br />

psychologie qu'il est important et prédominant en physio<br />

logie. Certaines dispositions, surtout d'ordre artistique,<br />

sont <strong>par</strong>fois héréditaires mais <strong>le</strong>s h<strong>au</strong>tes facultés psychiques,<br />

<strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt, et <strong>le</strong> génie ne proviennent pas plus des<br />

ascendants qu'ils ne se transmettent <strong>au</strong>x descendants. C'est<br />

là une constatation courante.<br />

Les différences entre l'hérédité physique et l'hérédité<br />

psychique sont trop impo-rtantes pour être rattachées à<br />

des c<strong>au</strong>ses physiologiques. Comment expliquer que deux<br />

frères puissent se ressemb<strong>le</strong>r physiquement et n'avoir rien<br />

de commun mora<strong>le</strong>ment


.136 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

Les inégalités psychiques si considérab<strong>le</strong>s entre <strong>le</strong>s êtres<br />

voisins <strong>par</strong> <strong>le</strong>s conditions de naissance, de vie et d'éducation<br />

ne sont en rien corrélatives à des inégalités physiques.<br />

Les physiologistes n'en sont plus à rechercher, la c<strong>au</strong>se<br />

de ces inégalités dans <strong>le</strong> poids, <strong>le</strong> volume ou la conformation<br />

du cerve<strong>au</strong> mais ils invoquent des variations, imperceptib<strong>le</strong>s<br />

et inappréciab<strong>le</strong>s, du tissu cérébral des c<strong>au</strong>ses<br />

inaperçues, des influences diverses, pathologiques ou<br />

<strong>au</strong>tres, pendant la vie intra-utérine des conditions ignorées<br />

de la génération, des formations généalogiques<br />

ou<br />

<strong>au</strong>tres, compliquées, etc. toutes hypothèses qui n'ont<br />

même pas, en <strong>le</strong>ur faveur, un commencement de démonstration.<br />

En somme, <strong>par</strong> <strong>le</strong> fait qu'il est à la fois inné et non héréditaire,<br />

<strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> ap<strong>par</strong>aît comme indépendant de<br />

l'organisation anatomique du cerve<strong>au</strong>, comme il l'est des<br />

acquisitions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s et de l'effort qu'el<strong>le</strong>s nécessitent.<br />

Par <strong>le</strong> fait qu'il ap<strong>par</strong>aît souvent dès l'enfance, il<br />

semb<strong>le</strong> indépendant de l'épanouissement comp<strong>le</strong>t du cerve<strong>au</strong>.<br />

Voilà donc déjà un point établi il n'y a pas <strong>par</strong>allélisme<br />

psycho-physiologique entre l'ap<strong>par</strong>ition et <strong>le</strong> développement<br />

du sub<strong>conscient</strong> et <strong>le</strong> développement individuel des<br />

centres<br />

nerveux.<br />

Continuons notre investigation.<br />

4° ABSENCE DE PARALLÉLISME ENTRE LE SUBCONSCIENT<br />

ET L'ACTIVITÉ CÉRÉBRALE<br />

« L'activité psychique, enseigne-t-on ensuite, est proportionnel<strong>le</strong><br />

à d'activité des centres nerveux<br />

Là, <strong>le</strong> raisonnement est très simp<strong>le</strong> et très clair. S'il est<br />

un axiome que la physiologie ne peut nier sans se nier el<strong>le</strong>même,<br />

c'est <strong>le</strong> suivant


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 137<br />

« Le rendement d'un organe, de puissance donnée, est<br />

« rigoureusement proportionnel <strong>au</strong> degré d'activité de cet<br />

« organe ».<br />

C'est précisément en se basant sur <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique<br />

ap<strong>par</strong>ent qu'on avait conclu, d'abord,<br />

de l'étude analytique du psychisme <strong>conscient</strong>, que <strong>le</strong> moi<br />

est la fonction du cerve<strong>au</strong> ou du moins ne peut pas être<br />

sé<strong>par</strong>é du cerve<strong>au</strong><br />

« Nous ne pouvons pas plus, écrivait Haeckel, sé<strong>par</strong>er<br />

notre âme individuel<strong>le</strong> du cerve<strong>au</strong> que <strong>le</strong> mouvement volontaire<br />

de nos bras ne peut être sé<strong>par</strong>é de la contraction<br />

de nos musc<strong>le</strong>s (1). »<br />

Or, dans <strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong>, <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisme<br />

n'existe plus. Si nous faisons momentanément abstraction<br />

des produits de l'activité <strong>au</strong>tomatique du cerve<strong>au</strong>, qui<br />

constituent une sorte de subconscience inférieure, on ne<br />

peut plus trouver <strong>au</strong>cun rapport entre l'importance des<br />

manifestations du sub<strong>conscient</strong> actil ou supérieur et <strong>le</strong> degré<br />

d'activité cérébra<strong>le</strong>.<br />

Au contraire, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> supérieur se montre d'<strong>au</strong>tant<br />

plus actif que l'organe cérébral l'est moins.<br />

Il ap<strong>par</strong>aît et prend toute son importance, non pas dans<br />

un ellort psychologique volontaire, mais dans l'inaction<br />

ou <strong>le</strong> repos du eerue<strong>au</strong> dans <strong>le</strong>s états de distraction, de<br />

rêve ou même de sommeil, sommeil naturel, ou sommeil<br />

artificiel.<br />

Be<strong>au</strong>nis (2), qui a étudié <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> non pas en .psychologue,<br />

mais en physiologiste, fait cette remarque<br />

« <strong>le</strong><br />

travail in<strong>conscient</strong> ne fatigue pas comme <strong>le</strong> travail <strong>conscient</strong>.<br />

<strong>au</strong>ssi me permettrai-je de dire à tous ceux qui,<br />

savants, littérateurs, artistes, vivent surtout <strong>par</strong> <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong><br />

laissez travail<strong>le</strong>r <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, il ne se fatigue jamais<br />

».<br />

(1) Habckhd Tfe Monisme.<br />

(S) Cité <strong>par</strong> M. DTOtesBàUVBBS.


138 DE AU<br />

On se demande, après cela, comment un physiologiste<br />

de la va<strong>le</strong>ur de Be<strong>au</strong>nis n'a pas vu <strong>le</strong>s formidab<strong>le</strong>s conséquences<br />

d'une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> constatation.<br />

Ces conséquences sont cependant inéluctab<strong>le</strong>s <strong>le</strong> [>sychisme<br />

sub<strong>conscient</strong> est entièrement et spécifiquement distinct<br />

de Z'ejf/orZ volontaire.<br />

L'effort ne peut rien pour créer <strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong>.<br />

Il peut tout <strong>au</strong> plus amorcer son activité, l'orienter<br />

dans un sens donné mais c'est tout. Loin de <strong>le</strong> favoriser<br />

ensuite, il <strong>le</strong> gêne et la cessation de l'effort est la condition<br />

même des productions intuitives, artistiques ou génia<strong>le</strong>s.<br />

Tandis que, d'ail<strong>le</strong>urs, l'effort intel<strong>le</strong>ctuel est intermittent<br />

comme tout effort et que <strong>le</strong> fonctionnement cérébral<br />

exige de longues et régulières périodes de repos, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

reste permanent dans ses capacités. Non seu<strong>le</strong>ment<br />

il ne dis<strong>par</strong>aît pas <strong>par</strong> ce repos du cerve<strong>au</strong>, mais<br />

il prend tout son essor dans <strong>le</strong>s états de torpeur cérébra<strong>le</strong>,<br />

de rêve, de distraction. C'est dans ces états très divers,<br />

mais toujours caractérisés essentiel<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> l'absence<br />

de travail et d'effort que l'inspiration se dérou<strong>le</strong> dans toute<br />

son amp<strong>le</strong>ur et toute sa spontanéité.<br />

On ne s<strong>au</strong>rait trop insister sur ce fait de la dissociation<br />

des productions sub<strong>conscient</strong>es d'avec l'activité du cerve<strong>au</strong><br />

et d'avec l'effort volontaire.<br />

Tout se passe, pour ces productions sub<strong>conscient</strong>es,<br />

comme si el<strong>le</strong>s étaient tout à lait indépendantes de la physiologie<br />

cérébra<strong>le</strong>.<br />

5° ABSENCE nE PARALLÉLISME ENTRE LA cryptomnésie<br />

F:T LA physiologie CÉRÉBRALE<br />

Tout <strong>au</strong>tant que dans la<br />

cryptopsychie, <strong>le</strong> <strong>par</strong>allélisme<br />

est absent dans la cryptomnésie. Comme nous l'avons déjà<br />

longuement établi, l'enregistrement, la conservation, <strong>le</strong>


LES INDUCTIONS -PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 139<br />

rappel à la connaissance des états de mémoire sub<strong>conscient</strong>s<br />

ne dépendent en rien de l'effort, et sont indépendants,<br />

strictement, des conditions et contingences de la<br />

mémoire cérébra<strong>le</strong> norma<strong>le</strong>.<br />

<strong>De</strong> plus, la mémoire sub<strong>conscient</strong>e est infiniment plus<br />

vaste, plus étendue, plus profonde que la mémiore nurma<strong>le</strong>.<br />

Enfin et surtout la mémoire sub<strong>conscient</strong>e est indélébi<strong>le</strong><br />

commee acquil alors que la mémoire cérébra<strong>le</strong> est<br />

éphémère, comme <strong>le</strong> sont <strong>le</strong>s neurones eux-mêmes <strong>au</strong>xquels<br />

el<strong>le</strong> est attachée.<br />

Nul<strong>le</strong> <strong>par</strong>t, on <strong>le</strong> voit, il n'y a. pour <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>.<br />

trace de <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique.<br />

60 ABSENCE DE LOCALISATIONS CÉRÉBRALES<br />

POUR LE sub<strong>conscient</strong><br />

Continuons notre examen<br />

« Les faculté» psychologiques, dit-on encore, dépendent<br />

de localisalions précises et nettes<br />

Est-il besoin de faire remarquer qu'il est impossib<strong>le</strong> de<br />

trouver, pour <strong>le</strong>s facultés sub<strong>conscient</strong>es, de, localisation<br />

cérébra<strong>le</strong>. Pour que cette recherche <strong>par</strong>aisse même absurde<br />

a priori, il f<strong>au</strong>t bien que l'on sente toute l'absence<br />

de <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologiq^p quand il s'agit du<br />

sub<strong>conscient</strong>.<br />

Passons<br />

7° ABSENCE DE PARALLÉLISME ENTRE LE sub<strong>conscient</strong> ET LES<br />

capacités<br />

sensoriel<strong>le</strong>s.<br />

«<br />

L'aclwité psychique. a$firme-l-on <strong>au</strong>ssi, est étroitement<br />

conditionnée <strong>par</strong> l'étendue des capacités organiques.<br />

El<strong>le</strong> en est strictement insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>. Les éléments qu'utilise


140 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

ï intelligence lui viennent des sens. La pprtée<br />

des sens.<br />

limite ainsi, la portée du psychisme. »<br />

Autant de mots, <strong>au</strong>tant d'erreurs en ce qui concerne <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong>.<br />

L'origine des capacités sub<strong>conscient</strong>es n'est pas senso-<br />

| riel<strong>le</strong><br />

car ces capacités sont innées. La portée des capa-<br />

.cités sub<strong>conscient</strong>es déborde de <strong>par</strong>tout <strong>le</strong> cadre des capa-<br />

« cités sensoriel<strong>le</strong>s.<br />

L'inspiration supérieure, l'intuition, <strong>le</strong> génie sont indépendants,<br />

tota<strong>le</strong>ment, des acquisitions.<br />

8° ABSENCE DE PARALLÉLISME ENTRE LES capacités organi-<br />

QUES ET LE SUBCONSCIENT SUPRANORMAL<br />

Le supranormal enfin, prouve que <strong>le</strong> psychisme subs<strong>conscient</strong><br />

dépasse toutes <strong>le</strong>s capacités organiques, puisqu'il<br />

se manifeste, même sans el<strong>le</strong>s ou en dehors d'el<strong>le</strong>s.<br />

Les phénomènes d'extériorisation nous révè<strong>le</strong>nt un dynamo-psychisme<br />

sé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> de l'organisme. C'est là la négation<br />

même du <strong>par</strong>allélisme classique<br />

Il n'y a pas de <strong>par</strong>allélisme psycho-anatomique<br />

L'action sensoriel<strong>le</strong> peut se révé<strong>le</strong>r en dehors des organes<br />

des sens l'action motrice peut s'exécuter en dehors<br />

des musc<strong>le</strong>s l'action psychique ,peut se dérou<strong>le</strong>r en dehors<br />

du<br />

cerve<strong>au</strong><br />

Il ny a pas de <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique<br />

Le fonctionnement ap<strong>par</strong>ent, sensoriel, moteur ou intel<strong>le</strong>ctuel<br />

peut être supprimé ou inerte. Le corps du sujet,<br />

dont la sensibilité s'exerce à distance est, généra<strong>le</strong>ment,<br />

pendant ce temps, profondément anesthésié. Ses musc<strong>le</strong>s<br />

exécutent <strong>par</strong>fois, pendant l'extériorisation motrice, quelques<br />

vagues mouvements réf<strong>le</strong>xes associés mais ces contractions<br />

synergiques, d'ail<strong>le</strong>urs non constantes, ne représentent<br />

jamais un effort concordant à l'effet. Quant à ses<br />

centres nerveux, ils sont plongés dans un état d'annihi-


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 141<br />

lation, variant de l'engourdissement vague à la « trance »<br />

spécia<strong>le</strong>, sorte de coma transitoire pendant <strong>le</strong>quel toutes<br />

<strong>le</strong>s fonctions, exçepté cel<strong>le</strong>s de la vie végétative, sont<br />

tota<strong>le</strong>ment<br />

supprimées.<br />

Plus cette annihilation fonctionnel<strong>le</strong> est profonde, plus<br />

remarquab<strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>aissent souvent <strong>le</strong>s manifestations métapsychiques.<br />

Plus l'extériorisation, la sécession d'avec<br />

l'organisme est complète, plus <strong>le</strong>s phénomènes se montrent<br />

é<strong>le</strong>vés et comp<strong>le</strong>xes<br />

S'agit-il de vision à distance ou de télépathie <strong>le</strong>s cas<br />

<strong>le</strong>s plus remarquab<strong>le</strong>s sont ceux qui dépassent <strong>le</strong> plus,<br />

dans <strong>le</strong>s proportions <strong>le</strong>s plus invraisemblab<strong>le</strong>s, la portée<br />

des<br />

sens.<br />

S'agit-il de matérialisation idéoplastique ;Les formations<br />

ont d'<strong>au</strong>tant plus d'activité propre et d'<strong>au</strong>tonomie ap-<br />

.<strong>par</strong>ente qu'el<strong>le</strong>s sont mieux distinctes et sé<strong>par</strong>ées du médium.<br />

En somme, comme je l'avais exposé dans l'Etre Sub-<br />

'<strong>conscient</strong>, la démonstration classique en faveur du <strong>par</strong>allélisme<br />

psycho-physiologique, dans <strong>le</strong> fonctionnement dit<br />

normal de l'Etre, se retourne tota<strong>le</strong>ment contre ce <strong>par</strong>allélisme<br />

dans <strong>le</strong> fonctionnement dit supranormal<br />

Cette démonstration négative tient dans la trip<strong>le</strong> formu<strong>le</strong><br />

Pas de corrélation entre l'anatomo-physiologie et <strong>le</strong>s<br />

manifestations métapsychiques.<br />

Activité métapsychique en raison inverse de l'activité<br />

fonctionnel<strong>le</strong>.<br />

Activité métapsychique (sensib<strong>le</strong>, dynamique, motrice,<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, idéoplastique) sé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> de l'organisme<br />

même.<br />

Tout se passe, avec évidence, on peut l'affirmer sans<br />

réserve, comme s'il n'y avait pas, pour <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> supranormal,<br />

de <strong>par</strong>allélisme psycho-physiologique.


142 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIEAT<br />

9° LE sub<strong>conscient</strong> DÉBORDE L'ORGANISME ET LE CONDITIONNE<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> porte, en lui-même, une preuve<br />

suprême de cette vérité non seu<strong>le</strong>ment, en effet, il dépasse,<br />

dans ses manifestations, toutes <strong>le</strong>s contingences<br />

dynamiques et matériel<strong>le</strong>s mais encore il <strong>le</strong>s conditionne.<br />

C'est ce que nous avons vu en ¡psychologie, puisque <strong>le</strong><br />

psychisme <strong>conscient</strong> n'est qu'une <strong>par</strong>t, la plus faib<strong>le</strong>, du<br />

psychisme total et est véritab<strong>le</strong>ment conditionné <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

psychisme sub<strong>conscient</strong> qui constitue <strong>le</strong> fond même de<br />

l'être pensant, sa caractéristique essentiel<strong>le</strong>.<br />

C'est ce qui est plus évident encore en physiologie, où<br />

nous avons pu démontrer que la substance organique se<br />

résoud dans un dynamisme supérieur et que ce dynamisme<br />

supérieur a son idée directrice dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>.<br />

L'idée directrice sub<strong>conscient</strong>e se montre même, dans <strong>le</strong>s<br />

états supranorm<strong>au</strong>x, capab<strong>le</strong> de désorganiser momentanément<br />

la substance organique pour la reconstituer dans<br />

des représentations différentes. Il est donc certain que<br />

l'organisme, loin d'être, comme l'enseignait la théorie<br />

matérialiste, <strong>le</strong> générateur de l'idée est <strong>au</strong> contraire conditionné<br />

<strong>par</strong> l'idée et n'ap<strong>par</strong>aît que comme un produit<br />

idéoplastique de ce qu'il y a d'essentiel dans l'être, c'està-dire<br />

son psychisme sub<strong>conscient</strong>.<br />

Mais ce n'est pas tout encore<br />

Ce sub<strong>conscient</strong>, qui a en lui <strong>le</strong>s capacités directrices<br />

et centralisatrices du moi. dans toutes ses représentations,<br />

a <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong> pouuoir de s'é<strong>le</strong>ver <strong>au</strong>-dessus dc ces représentetions<br />

mêmes.<br />

Les facultés de télépathie, d'action mento-menta<strong>le</strong> ou de<br />

lucidité sont des facultés qui échappent <strong>au</strong>x représentations<br />

<strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong>s échappent précisément <strong>au</strong>x conditions<br />

dynamiques ou matériel<strong>le</strong>s qui <strong>le</strong>s régissent.<br />

Le sub<strong>conscient</strong> est <strong>au</strong>-dessus du cadre même des re-


LES INDUCTIONS PSYCHOLOGIQUES RATIONNELLES 143<br />

présentations, c'est-à-dire du temps et de l'espace, dans<br />

l'intuition, <strong>le</strong> génie et dans la lucidité.<br />

Ainsi, la thèse que Carl du Prel avait soutenue dans des<br />

œuvres admirab<strong>le</strong>s d'intuition que Myers avait basée<br />

sur une documentation solide et nous-mêmes sur. un raisonnement<br />

qui n'a pas été réfuté, s'offre maintenant, dans<br />

toute son amp<strong>le</strong>ur, à l'examen et à la discussion des savants<br />

et des penseurs de bonne foi.<br />

On peut l'affirmer sans réserve<br />

Il y a, dans l'Etre vivant, un dynamo-psychisrne qui<br />

conslilue l'esseatiel du moi, et qui ne peut absolument pas<br />

sel ramener <strong>au</strong> fonctionnement des centres nerveux. Ce<br />

dynamo-psychisme essentiel n'est pas conditionné <strong>par</strong> l'organisme<br />

bien <strong>au</strong> contraire, tout se passe comme si l'organisme<br />

et <strong>le</strong> fonctionnement cérébral étaient conditionnés<br />

<strong>par</strong> lui.<br />

10° CONCLUSIONS DE L'EXAMEN SYNTHÉTIQUE DE LA PSYCHOphysiolocie<br />

Tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s premières conclusions essentiel<strong>le</strong>s d'une<br />

psycho-physiologie intégra<strong>le</strong>, basée sur tous <strong>le</strong>s faits<br />

mais spécia<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s faits <strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vés et <strong>le</strong>s plus<br />

comp<strong>le</strong>xes imposée <strong>par</strong> la connaissance approfondie du<br />

sub<strong>conscient</strong> mais s'adaptant aisément, comme nous <strong>le</strong><br />

montrerons plus loin, à l'ensemb<strong>le</strong> des faits plus simp<strong>le</strong>s,<br />

qu'el<strong>le</strong> éclaire complètement.<br />

La science offre ainsi <strong>le</strong>s matéri<strong>au</strong>x de bon aloi qu'il<br />

suffira de réunir, de coordonner et de classer pour substituer,<br />

y l'indescriptib<strong>le</strong> chaos de la psycho-physiologie<br />

classique, un édifice harmonieux basé sur ces deux solide<br />

piliers


144 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

lVotion d'un dynamisme supérieur conditionnant <strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xus organique.<br />

Notion d'un psychisme supérieur indépendant des<br />

contingences cérébra<strong>le</strong>s et coordonnant la multiplicité des<br />

états de conscience.<br />

Mais, avant de tenter l'oeuvre de synthèse, nous devons<br />

chercher, dans <strong>le</strong>s systèmes connus, ce que nous offre la<br />

philosophie.


LIVRE<br />

PREMIER<br />

TROISIEME<br />

PARTIE<br />

LES THEORIES PHILOSOPHIQUES<br />

DE<br />

L'EVOLUTION


TROISIEME<br />

PARTIE<br />

LES ÏHEOUIES PHILOSOPHIQUES<br />

DE<br />

L'EVOLUTION<br />

LES FONDEMENTS scientifiques DES philosopihes<br />

DE<br />

l'évolution<br />

Les philosophies qui prennent pour base la connaissance<br />

des faits connus, sur l'évolution col<strong>le</strong>ctive et sur l'évolution<br />

individuel<strong>le</strong>, arrivent à des conclusions extrêmement<br />

différentes, suivant qu'el<strong>le</strong>s embrassent plus ou moins de<br />

ces faits connus et suivant qu'el<strong>le</strong>s vont plus ou moins<br />

loin <strong>au</strong>-delà de ces faits connus.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, <strong>au</strong> fur et à mesure du ,progrès ininterrompu<br />

des sciences naturel<strong>le</strong>s, la conception de l'évolution doit<br />

s'adapter <strong>au</strong>x connaissances nouvel<strong>le</strong>ment acquises. El<strong>le</strong><br />

subit ainsi des modifications successives, <strong>par</strong>fois complètes.<br />

Les questions généra<strong>le</strong>s que soulève l'évolution peuvent<br />

être ramenées à trois<br />

l' a-t-il évolution <br />

Qu'est-ce gui évolue <br />

Comment et pourquoï l'évolution <br />

y a-i-il évolution On peut considérer la question<br />

comme résolue scientifiquement. Oui, il y a évolution,<br />

évolution ininterrompue du simp<strong>le</strong> <strong>au</strong> comp<strong>le</strong>xe.<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Geuet. 11


liS DE i.'iM.o.\tv:ii:vr a; co.ysuhnt<br />

Qucs-ce qui évolue <br />

La question est déjà infiniment<br />

plus compliquée et diffici<strong>le</strong>.<br />

Les notions<br />

scientifiques actuel<strong>le</strong>s tendent à établir<br />

l'unité de substance. El<strong>le</strong>s tendent en outre à décomposer<br />

cette substançe une jusqu'à l'atome. El<strong>le</strong>s tendent enfin,<br />

<strong>au</strong>jourd'hui, à faire de l'atome non pas quelque chose de<br />

matériel proprement dit, mais<br />

centre de forces.<br />

quelque chose comme un<br />

» La matière, écrit M. <strong>Gustave</strong> Le Bon (l1, a successivement<br />

passé <strong>par</strong> des stades d'existence fort différents<br />

Le premier nous reporte à l'origine même des mondes et<br />

échappe à toutes <strong>le</strong>s données de l'etpérience. C'est la période<br />

du chaos des vieil<strong>le</strong>s légendes. Ce qui devait former<br />

l'univers n'était alors constitué que <strong>par</strong> des nuages informes<br />

d éther.<br />

« En s'orientant et en, se condensant sous l'influence de<br />

forces inconnues, agissant pendant des entassements<br />

d'âges, l'éther a fini <strong>par</strong> s'organiser sous forme d'atomes.<br />

C'est de l'agrégation de ces derniers que se compose la<br />

matière<br />

tel<strong>le</strong><br />

qu'el<strong>le</strong> existe dans notre globe ou tel<strong>le</strong> que<br />

nous pouvons l'observer dans <strong>le</strong>s astres à diverses phases<br />

d'évolution.<br />

« Pendant cette période de formation<br />

progressive,<br />

<strong>le</strong>s<br />

atomes ont<br />

emmagasiné la provision d'énergie qu'ils<br />

devaient<br />

dépensier sous des formes diverses cha<strong>le</strong>ur, é<strong>le</strong>ctricité,<br />

etc. dans la suite des temps.<br />

« En<br />

perdant <strong>le</strong>ntement ensuite l'énergie, d'abord accumulée<br />

<strong>par</strong> eux, ils ont subi des évolutions diverses et<br />

revêtu <strong>par</strong> conséquent des aspects variés.<br />

«<br />

Quand ils ont<br />

rayonné toute <strong>le</strong>ur<br />

énergie sous forme<br />

de vibrations<br />

lumineuses, caloriques ou <strong>au</strong>tres, ils retournent<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait même des rayonnements consécutifs à <strong>le</strong>ur<br />

(1) M. <strong>Gustave</strong> Le Bon l'Evolution de la matière,.


l'évolutionnjsme PROVIDENTIEL 149<br />

dissociation, à l'éther primitif, d'où ils dérivent. Ce dernier<br />

représente donc <strong>le</strong> nirvana final <strong>au</strong>quel reviennent<br />

toutes choses après une existence plus ou moins éphémère.<br />

« Ces aperçus sommaires sur <strong>le</strong>s origines de notre univers<br />

et sur sa fin ne constituent évidemment que de faib<strong>le</strong>s<br />

hieurs projetées dans <strong>le</strong>s ténèbres profondes qui enveloppent<br />

notre passé et voi<strong>le</strong>nt notre avenir. Ce sont de bien<br />

insuffisantes explications. La science ne peut en proposer<br />

d'<strong>au</strong>tres. El<strong>le</strong> n'entrevoit pas encore <strong>le</strong> moment où el<strong>le</strong><br />

pourra découvrir la véritab<strong>le</strong> raison première des choses,<br />

ni même atteindre <strong>le</strong>s c<strong>au</strong>ses réel<strong>le</strong>s d'un seul phénomène.<br />

Il lui f<strong>au</strong>t donc laisser <strong>au</strong>x religions et <strong>au</strong>x philosophies <strong>le</strong><br />

soin d'imaginer des systèmes capab<strong>le</strong>s de salisfaire notre<br />

besoin de connaître. »<br />

Nous essayerons, dans la suite de cet ouvrage, de montrer<br />

que nos connaissances actuel<strong>le</strong>s nous permettent<br />

d'al<strong>le</strong>r bien plus loin que ne <strong>le</strong> pense M. Le Bon à la recherche<br />

du sens de l'évolution.<br />

Analysons d'abord <strong>le</strong>s systèmes proposés, jusqu'à présent<br />

pour la solution de la 3e question<br />

Comment et. pourguoi l'éuolution <br />

Les théories philosophiques de l'évolution pourraient à<br />

la rigueur, se ramener à deux La théorie déiste ou providentiel<strong>le</strong><br />

et la théorie panthéiste.<br />

En fait, la métaphysique panthéistique est infiniment<br />

comp<strong>le</strong>xe, puisqu'el<strong>le</strong> embrasse tous <strong>le</strong>s systèmes qui placent<br />

dans l'univers même sa saison<br />

d'être et sa fin.<br />

Çes systèmes, soit <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur développement, soit <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>urs conclusions, sont très différents <strong>le</strong>s uns des <strong>au</strong>tres et<br />

ne s<strong>au</strong>raient être confondus dans une étude uniforme.<br />

Nous ne s<strong>au</strong>rions, d'ail<strong>le</strong>urs, dans <strong>le</strong> cadre de cet ouvrage,<br />

<strong>le</strong>s passer tous en revue. Un choix s'impose, et ce<br />

choix sera naturel<strong>le</strong>ment déterminé <strong>par</strong> l'objectif que nous<br />

poursuivons.


150 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Nous considérerons simp<strong>le</strong>ment<br />

La philosophie de l'évolution providentiel<strong>le</strong> et dogmatique.<br />

L'évolution panthéistique ou monistique eontemporaine.<br />

Le système de « l'Evolution créatrice » de M. Bergson.<br />

La philosophie de l'In<strong>conscient</strong>, d'après Schopenh<strong>au</strong>er<br />

et de Hartmann,


CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

L'EVOLUTIONNISÏIE<br />

PROVIDENTIEL<br />

1° TENTATIVES DE CONCILIATION DE L'ÉVOLUTIONNISIiE<br />

AVEC L'IDÉE PROVIDENTIELLE ET dogmatique<br />

Après avoir lutté<br />

longtemps<br />

et désespérément contre<br />

l'idée évolutionniste, un certain nombre de <strong>par</strong>tisans de<br />

à<br />

la<br />

philosophie<br />

et<br />

théologique<br />

dogmatique arrivent, peu<br />

peu, bon<br />

gré, mal gré, à s'y rallier.<br />

Ils<br />

comprennent,<br />

en effet, que <strong>le</strong> dogme de la création<br />

n'est pas plus satisfaisant que <strong>le</strong>s enseignements matérialistes.<br />

Comme <strong>le</strong> dit très bien Vogel (1)<br />

« <strong>au</strong> point de vue<br />

strictement<br />

rationnel, il est équiva<strong>le</strong>nt de proclamer que<br />

l'homme est un produit du hasard ou d'affirmer que sa<br />

création est due à l'acte arbitraire d'un Dieu<br />

personnel.<br />

Au point de vue moral, faire<br />

dis<strong>par</strong>aître l'individu humain<br />

après une vie toute d'aventure et sans sanction <strong>au</strong>cune<br />

à ses actes est éga<strong>le</strong>ment équiva<strong>le</strong>nt<br />

à <strong>le</strong> faire<br />

juger,<br />

<strong>par</strong> un arrêt absolu et pour l'éternité, sur la base d'actes<br />

matériels d'une va<strong>le</strong>ur, d'une durée et d'une <strong>au</strong>tonomie<br />

infimes. Mais cette<br />

équiva<strong>le</strong>nce de probabilités et d'absurdités,<br />

qui<br />

existe dans l'apport des éco<strong>le</strong>s matérialistes et<br />

des<br />

religions occidenta<strong>le</strong>s à la solution du<br />

problème<br />

cosmique,<br />

cesse dès que surgit la théorie évolutionniste. »<br />

D'après <strong>le</strong>s croyants ralliés à l'évolutionnisme, l'univers<br />

Brunies).<br />

(1) Vogel La Religion de l'Evolutionnisme (Chez Fischlin, à


152 de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU COKSCIFAT<br />

évoluerait <strong>par</strong> la volonté et sous la direction d'une Provi<br />

dence souverainement puissante,<br />

souverainement juste et<br />

souverainement<br />

bonne.<br />

Le transformisme ne serait nul<strong>le</strong>ment incompatib<strong>le</strong><br />

avec<br />

l'idée d'un plan divin et avec <strong>le</strong>s<br />

enseignements<br />

traditiontels,<br />

débarrassés,<br />

bien entendu, d'impedimenta dogmatises<br />

puérils et surannés.<br />

Loin d'être contraire à 1 idée providentiel<strong>le</strong>, disent-ils,<br />

la formu<strong>le</strong> évolutive soulagerait cette dernière de la très<br />

grave objection<br />

basée sur <strong>le</strong>s imperfections de l'univers.<br />

Ces imperfections, trop marquées pour<br />

être canciliab<strong>le</strong>s<br />

avec la notion d'une providence responsab<strong>le</strong>,<br />

dans<br />

une<br />

créution définitive, sont <strong>au</strong> contraire faci<strong>le</strong>ment compréhensib<strong>le</strong>s<br />

dans un monde en voie d'éoolution el<strong>le</strong> n'ap<strong>par</strong>aissent<br />

plus alors<br />

que<br />

comme une nécessité inhérente à un<br />

état inférieur et comme la mesure même de 1 infériorité<br />

momentanée de cet état (1).<br />

Ce n'est pas sans une certaine hésitation que nous allons<br />

discuter ld va<strong>le</strong>ur de ce raisonnement (2). Pareil<strong>le</strong> discussinon<br />

semb<strong>le</strong>ra en effet inuti<strong>le</strong> et fastidieuse, <strong>au</strong>ssi bien<br />

<strong>au</strong>x <strong>par</strong>tisans qu'<strong>au</strong>x<br />

adversaires de l'idée providentiel<strong>le</strong><br />

car tout a déjà été dit. depuis longtemps, a ce sujet et<br />

d'<strong>au</strong>tre<br />

<strong>par</strong>t<br />

la<br />

question<br />

est de cel<strong>le</strong><br />

qui comporte généra<strong>le</strong>rnent<br />

due- convictions ou des croyances inébranlab<strong>le</strong>s.<br />

Mais. du moment que certains prétendent substituer, à<br />

l'ancien acte de foi. dérobé toute critique, une argumentation<br />

logique, force e>t bien de <strong>le</strong>s suivre sur <strong>le</strong> terrain<br />

(1) Consulter <strong>le</strong> curieux, recueil de Conférences du IL P. Zahm traduit<br />

soue <strong>le</strong> t.itre l' Evolution et <strong>le</strong> tkiqmr, <strong>par</strong> l'abbé Flageo<strong>le</strong>t<br />

Letliiel<strong>le</strong>ux éditeur, 10, rue Cassette, Paris.<br />

(2) Ce chapitre ne doit absolument pas être considérée isolément.<br />

C'e qui précède et ce qui suit, prouve qu'il n'est pas besoin d'avoir<br />

recours à la conception providentiel<strong>le</strong>, pour reconnaître dans l'univers,<br />

une harmonie idéa<strong>le</strong>. Nous nous efforcerons de démontrer que<br />

l'évoiufion est précisément la réalisation de la souveraine conscience,<br />

de la souveraine justice, du souverain bien


l'évolitio.nnisme providentiel 153<br />

des faits et d'exposer, une fois de<br />

plus,<br />

s'opposent<br />

inévitab<strong>le</strong>ment à <strong>le</strong>ur thèse.<br />

<strong>le</strong>s objections qui<br />

Ces objections peuvent être ramenées à deux principa<strong>le</strong>s<br />

A) L'objection basée sur la constatation, dans révolution,<br />

de tâtonnements et d'erreurs.<br />

B) L'objection basée sur la prédominance<br />

du mal dans<br />

l'univers.<br />

2° Objection BASÉE SUR LA constatation<br />

évidente,<br />

DANS L 'ÉVOCATION, DE TATONNEMENTS I:T DERKECHS.<br />

Une évolution s'effectuant sur un plan divin préétabli<br />

ou régi constamment<br />

<strong>par</strong> une providence<br />

souverainement<br />

<strong>par</strong>faite ne s<strong>au</strong>rait comporter de tâtonnements ni d'erreurs.<br />

Or ces tâtonnements et ces erreurs sont innombrab<strong>le</strong>s.<br />

Ils ne constituent pa> une exception ils semb<strong>le</strong>nt presque<br />

la<br />

règ<strong>le</strong>.<br />

<strong>De</strong>s milliers et des milliers d'espèces ont dis<strong>par</strong>u dans<br />

la suite des sièc<strong>le</strong>s. Il y a eu, dans ces formes évolutive,<br />

comme un véritab<strong>le</strong> gaspillage de forces vivantes et d'énergies.<br />

Tout nous montre, dans ïéuolution, une force créatrice<br />

qui n'est pas sure d'el<strong>le</strong>.-même qui produit surabondamment,<br />

pour arriver à se concrétiser dans des larmes sé<strong>le</strong>c-<br />

/tonnées.<br />

Ces tâtonnements sont absolument évidents dans <strong>le</strong>s<br />

phases inférieures de 1 évolution<br />

Il se produit pour <strong>le</strong>s espèces ce qui se produit pour <strong>le</strong>s<br />

individus des germes<br />

sont doruiés <strong>par</strong> rnilliers nn<br />

petit<br />

nombre seu<strong>le</strong>ment arrivent à la croissance<br />

<strong>par</strong>mi<br />

ces<br />

privilégiés, quelques-uns seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>viennent à l'étal<br />

adulte.<br />

Comment faire rentrer dans un plan divin un <strong>par</strong>eil gaspillage<br />

qui<br />

serait inexplicab<strong>le</strong> et inuti<strong>le</strong>


154 DE AU CONSCIENT<br />

Tout se passe en réalité, comme s'il n'y avait pas de<br />

plan appréciab<strong>le</strong> de Vries a montré que, dans <strong>le</strong>s espèces<br />

végéta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s mutations se font tout à fait indépendamment<br />

des facteurs vit<strong>au</strong>x et se produisent tout à coup, simultanément<br />

et anarchiquement, dans des directions différentes<br />

et sans rapport avec l'utilité de tel ou tel caractère<br />

nouve<strong>au</strong>. La sé<strong>le</strong>ction opère ensuite. Les facteurs<br />

classiques agissent pour faciliter ou contrarier <strong>le</strong> développement<br />

des caractères ap<strong>par</strong>us faire triompher ou faire<br />

dis<strong>par</strong>aître <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s espèces. Mais la poussée créatrice<br />

interne pour <strong>le</strong>s végét<strong>au</strong>x et sans doute pour <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x<br />

inférieurs, est une poussée aveug<strong>le</strong>, une sorte d'explosion<br />

désordonnée et incohérente.<br />

Pour <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x d'un ordre é<strong>le</strong>vé, même si la poussée<br />

est moins aveug<strong>le</strong>, si el<strong>le</strong> correspond <strong>au</strong> besoin, à quelque<br />

chose comme une aspiration obscure à des formes supérieures,<br />

el<strong>le</strong> comporte néanmoins encore des tâtonnements<br />

et des erreurs.<br />

Comment ne pas voir, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong>, dans l'histoire des<br />

repti<strong>le</strong>s de l'époque secondaire, comme un tâtonnement<br />

pour arriver à la série évolutive supérieure des mammifères<br />

Toute l'évolution d'ail<strong>le</strong>urs est-el<strong>le</strong> <strong>au</strong>tre chose<br />

qu'une longue série de tâtonnements <br />

Les tâtonnements et <strong>le</strong>s erreurs se retrouvent dans <strong>le</strong>s<br />

détails comme dans l'ensemb<strong>le</strong>. Les caractères organiques<br />

inuti<strong>le</strong>s, ne pouvant se rattacher à <strong>au</strong>cun plan, n'ont rien<br />

d'exceptionnel.<br />

<strong>De</strong>lage et Goldsmith en citent de nombreux exemp<strong>le</strong>s.<br />

« Les divers caractères de coloration des ai<strong>le</strong>s des insectes,<br />

des coquil<strong>le</strong>s des mollusques, caractères qui, suivant<br />

l'expression d'Eimer, ne <strong>le</strong>ur sont pas plus uti<strong>le</strong>s que<br />

n'est la coloration brillante de l'or pour ce métal ou ne<br />

<strong>le</strong> sont pour la bul<strong>le</strong> de savon ses ref<strong>le</strong>ts irisés ». Les dimensions<br />

exagérées des bois de l'élan fossi<strong>le</strong> d'Irlande<br />

<strong>le</strong>s défenses contournées et pratiquement inutilisab<strong>le</strong>s du<br />

mammouth <strong>le</strong>s défenses extraordinairement développées


l'évolutionnisme PROVIDENTIEL 155<br />

du babyrussa moderne <strong>le</strong>s yeux de certains crustacés<br />

placés à l'extrémité de pédoncu<strong>le</strong>s trop longs 'etc. « Il<br />

semb<strong>le</strong> ici que <strong>le</strong> développement, une fbis commencé se<br />

soit poursuivi comme <strong>par</strong> inertie. »<br />

Il y a même des organes qui ne sont pas seu<strong>le</strong>ment inuti<strong>le</strong>s,<br />

mais nuisib<strong>le</strong>s, comme l'appendice de l'homme.<br />

Les instincts sont eux-mêmes <strong>par</strong>fois erronés C'est<br />

trompés <strong>par</strong> <strong>le</strong>urs instincts que certains gibiers, tels que<br />

<strong>le</strong>s bécasses, vont toujours <strong>au</strong>x mêmes gites, où el<strong>le</strong>s<br />

trouvent la mort que <strong>le</strong>s poissons migrateurs sont incapab<strong>le</strong>s<br />

d'éviter <strong>le</strong>s zones dangereuses, toujours <strong>le</strong>s mêmes,<br />

où ils périssent <strong>par</strong> milliers, etc.<br />

3° Objection BASÉE SUR LE MAL UNIVERSEL<br />

Si la constatation des tâtonnements et des erreurs dans<br />

l'évolution semb<strong>le</strong> diffici<strong>le</strong>ment compatib<strong>le</strong> avec la notion<br />

d'un plan divin, il en est une <strong>au</strong>tre plus redoutab<strong>le</strong> encore<br />

pour l'idée providentiel<strong>le</strong>, c'est la constatation du mal universel.<br />

Le mal est <strong>par</strong>tout, en effet. Il semb<strong>le</strong> que l'écrasement<br />

du plus faib<strong>le</strong> domine la vie humaine et anima<strong>le</strong>. La terre,<br />

<strong>le</strong> ciel et <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x ne sont que d'immenses et perpétuels<br />

champs de carnage, <strong>au</strong>près desquels <strong>le</strong>s champs de batail<strong>le</strong><br />

de l'humanité n'ap<strong>par</strong>aissent que des modalités intermittentes<br />

et atténuées<br />

Les plus charmants oise<strong>au</strong>x, <strong>le</strong>s insectes <strong>le</strong>s plus délicats<br />

ne sont <strong>le</strong> plus souvent que des bêtes féroces, pires<br />

que <strong>le</strong>s grands carnassiers.<br />

Pourquoi cet instinct de férocité, de férocité raffinée,<br />

mais exempte de toute réf<strong>le</strong>xion et de toute responsabilité<br />

chez <strong>le</strong>s insectes <br />

Il n'y a pas une nécessité inéluctab<strong>le</strong> à ce que <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x<br />

s'entredévorent puisque cèrtains d'entre eux, et


IT/'i DE I.'l\CO\CII NT AU CO.\>' I. NT<br />

<strong>par</strong>mi <strong>le</strong>s plus puissants.<br />

se nourrissent exclusivement de<br />

végét<strong>au</strong>x.<br />

Pourquoi<br />

toutes <strong>le</strong>. maladies, <strong>le</strong>s épidémies, <strong>le</strong>s catastrophes<br />

cosmiques Pourquoi, toujours<br />

et<br />

<strong>par</strong>tout,<br />

tant<br />

de souffrances et tant de mal <br />

L'objection du mal est vraiment la plus formidab<strong>le</strong><br />

que<br />

l'on puisse opposer à l'idée providentiel<strong>le</strong>.<br />

Le vieil et irréfutab<strong>le</strong><br />

argument se présente immédiatement et fata<strong>le</strong>ment<br />

à l'esprit s'il est un créateur ,ce créateur n'a pas su, n'a<br />

i>as voulu ou n'a pas pu empêcher <strong>le</strong> mal il ne s<strong>au</strong>rait<br />

donc être .souverainement<br />

intelligent,<br />

souverainement<br />

bon<br />

i'U souverainement puissant.<br />

La solidité de cet argument<br />

est encore mise en va<strong>le</strong>ur<br />

<strong>par</strong> la faib<strong>le</strong>sse des réfutation- ilui<br />

en ont été tentées<br />

On a dit que, si <strong>le</strong> mal n'existait pas, la créature serait<br />

léga<strong>le</strong> du créateur. Ce sophisme ne tient pas debout. A<br />

mnins d'ètre Reuvre. non d'une véritab<strong>le</strong> Providence.<br />

mais d'un médiocre démiurge, la création ne s<strong>au</strong>rait être<br />

basée sur la souffrance universel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> devrait comporter<br />

non <strong>le</strong> maximum, mais <strong>le</strong> minimum de mal possib<strong>le</strong>.<br />

On a dit <strong>au</strong>s.-i que <strong>le</strong> mal était la conséquence de la<br />

liberté donnée pur Dieu à la créature.<br />

Or il est clair<br />

que<br />

<strong>le</strong>s<br />

grandes épidémies, la<br />

plu<strong>par</strong>t<br />

des<br />

infirmités et des maladie-, <strong>le</strong>s<br />

grandes<br />

miques, etc. n'ont rien à voir avec la liberté humaine.<br />

On a<br />

invoqué<br />

enfin <strong>le</strong> (1 Péché originel )1.<br />

Or <strong>le</strong><br />

dogme du péché originel lui-même ne s<strong>au</strong>rait innocenter<br />

du mal la Providence. G.uy<strong>au</strong> fait ressortir cette<br />

vérité dans une page magistra<strong>le</strong><br />

« La suprême ressource du Christianisme et de la plu<strong>par</strong>t<br />

des religion. écrit-il dans son irréligion de l'avenir<br />

», c'est l'idée de chute. Mais cette explication du mal<br />

<strong>par</strong> une défaillance- primitive revient à<br />

expliquer <strong>le</strong> mal<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> mal lui-même il f<strong>au</strong>t qu'antérieurement à la chute.<br />

il y ait déjà quelque chose de m<strong>au</strong>vais dans <strong>le</strong> prétendu<br />

libre arbitre lui-même, ou <strong>au</strong>tour de lui, pour qu'il puisse


l'évolutionmsme PROVIDENTIEL 157<br />

faiblir une f<strong>au</strong>te n'est jamais primitive. On ne tombe<br />

pas quand il n'y a pas de pierres sur la route, qu'on a<br />

<strong>le</strong>s jambes bien faites et qu'on marche sous l'œil de Dieu.<br />

Il ne s<strong>au</strong>rait y avoir de péché sans tentation; et nous revenons<br />

ainsi à cette idée que Dieu a été <strong>le</strong> premier tentateur<br />

c'est Dieu même qui déchoit alors mora<strong>le</strong>ment dans<br />

la chute de ses créatures, <strong>par</strong> lui voulue. Pour expliquer<br />

la f<strong>au</strong>te primitive, source de toutes <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres, la f<strong>au</strong>te de<br />

Lucifer, <strong>le</strong>s théologiens, <strong>au</strong> lieu d'une tentation <strong>par</strong> <strong>le</strong>s<br />

sens, ont eu l'idée d'une tentation de l'intelligence même<br />

c'est seu<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> orgueil que pèchent <strong>le</strong>s anges, et c'est<br />

du plus profond d'eux-mêmes que vient ainsi <strong>le</strong>ur f<strong>au</strong>te.<br />

Mais l'orgueil, cette f<strong>au</strong>te de l'intelligence, ne tient en<br />

réalité qu'à sa courte vue la science la plus complète et la<br />

plus h<strong>au</strong>te n'est-el<strong>le</strong> pas cel<strong>le</strong> qui voit <strong>le</strong> mieux ses limi<strong>le</strong>s<br />

L'orgueil est donc donné, pour ainsi dire, avec l'étmitesse<br />

même du savoir 1 orgueil des anges ne peut provenir<br />

que de Dieu. On ne veut et on ne fait <strong>le</strong> mal qu'en<br />

vertu de raisons mais il ny- a pas de raisons contre la<br />

raison mêmes. Si. suivant <strong>le</strong>s <strong>par</strong>tisans du libre arbitre, l'intelligence<br />

humaine peut, dans des mouvements d'orgueil<br />

et de perversité intérieure, se créer, se susciter à el<strong>le</strong>mêmes<br />

des motifs de faire <strong>le</strong> mal, el<strong>le</strong> ne <strong>le</strong> peut du moins<br />

que là où son savoir est borné, ambigu, incertain. On<br />

n'hésite pratiquement que là où il n'y a pas l'absolue<br />

évidence intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> ou ne peut pas faillir dans la lumisère<br />

et centre la lumière. Un Lucifer était donc <strong>par</strong> sa<br />

nature même impeccab<strong>le</strong>. La volonté du mal ne naît que<br />

dE' l'opposition qu'une intelligence im<strong>par</strong>faite croit saisir<br />

<strong>par</strong> erreur, dans un monde hypothétiquement <strong>par</strong>fait, entre<br />

son bien et celui de tou=. Mais, si Dieu et son œuvre<br />

sont bien réel<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>faits. une tel<strong>le</strong> antinomie entre <strong>le</strong><br />

bien individuel et <strong>le</strong> bien universel qui ap<strong>par</strong>aît déjà<br />

<strong>au</strong>x plus hantes intelligences humaines comme n'étant<br />

s.ins doute que provisoire ap<strong>par</strong>aîtra bien mieux encore<br />

C'tmme tel<strong>le</strong> à l'archange de l'intelligence même, <strong>au</strong>


158 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

« porte lumière » de la pensée. Savoir, c'est <strong>par</strong>ticiper<br />

en<br />

quelque sorte à la conscience de la Vérité suprême, à la<br />

conscience divine avoir toute la science, ce serait concentrer<br />

en soi tous <strong>le</strong>s ref<strong>le</strong>ts de la conscience même de Dieu<br />

comment, de tout ce divin, <strong>le</strong> satanique pourrait-il sortir »<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong> dogme du péché originel ne<br />

l'humanité.<br />

s'applique<br />

qu'à<br />

Les Cartésiens l'avaient si bien<br />

compris que, systématiquement,<br />

ils écartèrent<br />

l'objection<br />

en déclarant que <strong>le</strong>s<br />

anim<strong>au</strong>x n'étaient<br />

que<br />

des <strong>au</strong>tomates.<br />

Si <strong>le</strong>s bêtes pensent, disaient-ils, el<strong>le</strong>s ont une âme.<br />

Si cette âme est mortel<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> de l'homme pourrait bien<br />

l'être <strong>au</strong>ssi. Si el<strong>le</strong> est immortel<strong>le</strong>, on ne comprend ni<br />

comment ni<br />

pourquoi <strong>le</strong>s bêtes peuvent souffrir et sentir<br />

<strong>le</strong>urs souffrances. Les bêtes ont-el<strong>le</strong>s donc<br />

mangé<br />

du<br />

foin défendu Attendent-el<strong>le</strong>s un Messine »<br />

Aujourd'hui que la question de l'âme anima<strong>le</strong> » ne<br />

fait<br />

plus de doute, l'argument des Cartésiens se retourne<br />

forcément contre l'idée providentiel<strong>le</strong>.<br />

En dernière ressource, <strong>le</strong>s <strong>par</strong>tisans de cette idée en sont<br />

réduits à dénier à<br />

l'intelligence humaine la capacité de<br />

comprendre <strong>le</strong> plan divin.<br />

Sans doute, l'intelligence humaine est encore bien débi<strong>le</strong><br />

mais c'est <strong>par</strong> trop la rabaisser que de lui refuser <strong>le</strong><br />

droit de porter un<br />

jugement<br />

sur <strong>le</strong>s douloureuses conditions<br />

de la vie terrestre. Ce jugement ne comporte pas<br />

de<br />

doute<br />

L'évolution ne s<strong>au</strong>rait être l'œuvre d'une divinité souverainement<br />

intelligente, juste, bonne et puissante, soit<br />

que cette divinité ait réglé d'avance, dans son entendement,<br />

cette évolution dans ses moindres détails; soit qu'el<strong>le</strong><br />

intervienne constamment pour la<br />

régir <strong>au</strong> fur et à mesure.<br />

On a cependant tenté de concilier avec <strong>le</strong>s faits l'idée<br />

providentiel<strong>le</strong><br />

Le mal, <strong>le</strong>s tâtonnements et <strong>le</strong>s erreurs pourraient se<br />

comprendre, a-t-on dit, de la façon suivante


L'ÉVOLUTMNMSME PROVIDENTIEL 159<br />

La Providence se serait bornée, en créant l'univers primitif,<br />

à mettre en lui, avec l'élan progressif, toutes <strong>le</strong>s potentialités.<br />

L'évolution, l'élan donné, se serait alors faite<br />

d'el<strong>le</strong>-même, et <strong>le</strong>s réalisations s'effectueraient librement,<br />

en dehors de tout plan préétabli et de la direction providentiel<strong>le</strong>,<br />

qui <strong>au</strong>rait cessé d'intervenir.<br />

C'est à peu près ce qu'exprime <strong>le</strong> père Zahn dans son<br />

livre « l'Euolution et Ze dogme »<br />

« Pour toute l'ancienne éco<strong>le</strong> de théologie naturel<strong>le</strong>,<br />

Dieu était la c<strong>au</strong>se directe de tout ce qui existe. Pour<br />

l'évolutionniste, il est la 'c<strong>au</strong>se des c<strong>au</strong>ses, c<strong>au</strong>sa c<strong>au</strong>sarium,<br />

du monde et de tout ce qu'il renferme. Dans <strong>le</strong>s<br />

anciennes théories, Dieu créait chaque chose directement<br />

et dans l'état où el<strong>le</strong> existe actuel<strong>le</strong>ment.<br />

« D'après l'évolution, la création, ou plutôt <strong>le</strong> développement<br />

des Etres a été un progrès <strong>le</strong>nt et graduel, exigeant<br />

d'incalculab<strong>le</strong>s périodes de temps pour transformer<br />

<strong>le</strong> chaos en cosmos et pour donner à l'univers visib<strong>le</strong><br />

toute la be<strong>au</strong>té et toute l'harmonie qu'il présente. Ainsi<br />

comprise, et c'est son véritab<strong>le</strong> sens, l'évolution, pour emprunter<br />

<strong>le</strong>s expressions de Temp<strong>le</strong> (1) « nous enseigne que<br />

l'exécution du plan divin relève davantage de l'acte primordial<br />

de la création, et moins des actes ultérieurs de<br />

son gouvernement providentiel. Il<br />

y a là, de la <strong>par</strong>t de<br />

Dieu, plus de prévoyance d'un côté et, de l'<strong>au</strong>tre, moins<br />

d'interventions répétées, et tout ce qui a été en<strong>le</strong>vé à cel<strong>le</strong>ssi<br />

à été ajouté à cel<strong>le</strong>-là. »<br />

La responsabilité du créateur, vis-à-vis du problème du<br />

mal, serait ainsi diminuée mais non tota<strong>le</strong>ment écartée,<br />

car on ne s<strong>au</strong>rait admettre, en effet, que Dieu, dans son<br />

omniscience, n'eut pas prévu la future prédominance du<br />

mal.<br />

Les déistes sont alors conduits à conclure que l'évolution<br />

n'<strong>au</strong>rait pas pu être orientée dans un sens différent,<br />

(1) Relations betioeen Religion and Science.


lUli DE AU CONSCIENT<br />

<strong>par</strong>ce que <strong>le</strong> mal est la condition même de l'évolutian, et<br />

contient en germe <strong>le</strong> bien futur.<br />

Il y a 1à une restriction singulière à la toute puissance<br />

divine, qui ne s<strong>au</strong>rait être conditionnée <strong>par</strong> quoi que ce<br />

soit.<br />

<strong>De</strong> plus, il n'est nul<strong>le</strong>ment démontré que <strong>le</strong> mal soit un<br />

facteur évolutif indispeusab<strong>le</strong>. In grand nombre de naturalistes<br />

contemporains pensent <strong>le</strong> contraire. Us se basent,<br />

non sur des idées préconçues, mais sur l'examen im<strong>par</strong>tial<br />

des faits.<br />

Que démontrent ces faits c'est que <strong>le</strong>s variations nouvel<strong>le</strong>s<br />

ap<strong>par</strong>aissent et prospèrent d'<strong>au</strong>tant mieux que <strong>le</strong>s<br />

conditions ambiantes <strong>le</strong>ur procurent un mode d'existence<br />

plus faci<strong>le</strong> et plus doux.<br />

Kropotkine, étudiant <strong>le</strong>s régions Sibériennes, remarque<br />

que la vie y est relativement rare et que <strong>le</strong>s périodes <strong>le</strong>s<br />

plus dures, <strong>au</strong> point de vue climatérique, sont suivies non<br />

d'une évolution progressive, mais d'une régression dans<br />

tous <strong>le</strong>s sens.<br />

Un botaniste russe, Kor&cbinsky (1) est arrivé <strong>au</strong>x confusions<br />

suivantes<br />

Les nouvel<strong>le</strong>s formes n'ap<strong>par</strong>aissent pas dans des conditions<br />

d'existence rigoureuses, ou, si el<strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>aissent,<br />

el<strong>le</strong>s s'éteignent rapidement. Les variations sont surtout<br />

fréquentes quand l'ambiance est avantageuse, tandis que<br />

<strong>le</strong>s conditions inclémentes, loin de favoriser l'évolution, la<br />

ra<strong>le</strong>ntissent en restreignant <strong>le</strong>s variations et en éliminant<br />

<strong>le</strong>s formes nouvel<strong>le</strong>s en train de se constituer.<br />

Un <strong>au</strong>tre botaniste, Liither Burbank, cultivateur en<br />

Californie (2) conclut, de très nombreuses recherches,<br />

qu'un sol riche et des conditions généra<strong>le</strong>s favorab<strong>le</strong>s déterminent<br />

<strong>le</strong>s variations généra<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s favorisent, alors<br />

(1) Korschlnbkt Hétérogénèse et Evolution. Contribution à la<br />

théoric de l'origine des espèces (mém. acad. Pétrograd, IX, 1899.<br />

(2) Délace et Goldsmiih Les Théories de l'Evolution.


!,Ï;\OIXT1OX l'IiOYIDtKTlïLLE JÔ1<br />

que <strong>le</strong>s conditions de vie<br />

rigoureuse<br />

<strong>le</strong>s<br />

empêchent<br />

et amènent<br />

une<br />

régression généra<strong>le</strong>..<br />

Il en est pour l'humanité comme pour <strong>le</strong>s formes de vie<br />

inférieure. Les années marquées <strong>par</strong> des disettes, des<br />

épidémies, des guerres, ets. donnent naissance à une génération<br />

affaiblie et inférieure.<br />

Il est donc certain<br />

que<br />

1° <strong>le</strong> mal, trop accentué ne<br />

favorise pas l'évolution, mais la gène. Ce n'est plus<br />

un<br />

aiguillon,<br />

c'est un frein.<br />

2° Le mal n'est<br />

pas indispensab<strong>le</strong> pour l'évolution, puisque<br />

la vie est surtout surabondante et variée dans <strong>le</strong>s régions<br />

favorisées <strong>au</strong><br />

point<br />

de vue des conditions de climat,<br />

d'alimentation et de bien-être.<br />

Autre considération, cel<strong>le</strong>-là calfita<strong>le</strong><br />

Puisque la lutte<br />

pour<br />

la vie et l'adaptation sont des facteurs<br />

secondaires et<br />

qu'on peut concevoir l'évolution se<br />

faisant sans eux, il est clair que <strong>le</strong> mal ne peut plus être<br />

considéré comme la condition sine qua non de l'évolution.<br />

Que <strong>le</strong> mal soit inévitab<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s phases inférieures de<br />

l'évolution et ap<strong>par</strong>aisse simp<strong>le</strong>ment<br />

comme la mesure<br />

même de l'infériorité des mondes, cela est pl<strong>au</strong>sib<strong>le</strong><br />

mais ce ne<br />

l'est que<br />

si l'on considère <strong>le</strong>s mondes éuoiuant<br />

<strong>par</strong> une poussée primitiuement aveug<strong>le</strong> et in<strong>conscient</strong>e.<br />

Ce n'est plus dans l'hypothèse d'un plan divin.<br />

Aucune<br />

argumentation,<br />

si subti<strong>le</strong> soit-el<strong>le</strong>, ne peut tenir<br />

contre cette évidence « un créateur est un être en qui<br />

toutes choses ont <strong>le</strong>ur raison et <strong>le</strong>ur c<strong>au</strong>se, conséquemment<br />

à qui vient aboutir toute responsabilité suprême<br />

et<br />

dernière. Il assume ainsi sur sa tète <strong>le</strong> poids de font ce<br />

qu'il<br />

y<br />

a de mal dans l'univers. A, mesure<br />

que<br />

l'idée<br />

d'une<br />

puissance infinie, d'une Liberté suprême devient. insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong><br />

de l'idée de Dieu, Dieu<br />

perd<br />

toute excuse, car l'absolu<br />

ne<br />

dépend de rien,<br />

il n'est solidaire de rien et. <strong>au</strong><br />

contraire, tout dépend de lui, a en lui sa raison. Toute<br />

culpabilité<br />

remonte ainsi jusqu'à lui son œuvre, dans ]a<br />

série multip<strong>le</strong><br />

de ses effets, n'ap<strong>par</strong>aît plus la pensée


162 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

moderne que comme une seu<strong>le</strong> action, et cette action est<br />

susceptib<strong>le</strong>, <strong>au</strong> même titre que toute <strong>au</strong>tre, d'être appréciée<br />

<strong>au</strong> point de vue moral el<strong>le</strong> permet de juger son<br />

<strong>au</strong>teur <strong>le</strong> monde devient pour nous <strong>le</strong> jugement de Dieu.<br />

Or, comme <strong>le</strong> mal et l'immoral, avec <strong>le</strong> progrès même du<br />

sens moral, deviennent plus choquants, dans l'univers, il<br />

semb<strong>le</strong>, de plus en plus, qu'admettre<br />

un « créateur » du<br />

monde, c'est, pour ainsi dire, centraliser tout ce mal en<br />

un foyer unique, concentrer toute cette immoralité dans<br />

un seul être et justifier <strong>le</strong> <strong>par</strong>adoxe<br />

« Dieu, c'est <strong>le</strong> mal. »<br />

Admettre un créateur, c'est, en un mot, faire dis<strong>par</strong>aître<br />

du monde tout <strong>le</strong> mal pour <strong>le</strong> faire rentrer en Dieu comme<br />

en sa source primordia<strong>le</strong> c'est absoudre l'homme et l'univers<br />

pour accuser <strong>le</strong>ur libre <strong>au</strong>teur. » (1)<br />

4° LE: néo-manichéisme<br />

Il resterait à l'esprit humain une ressource suprême<br />

pour absoudre non seu<strong>le</strong>ment l'homme et l'univers mais<br />

pour absoudre Dieu lui-même ce serait de se refuser à<br />

voir en lui <strong>le</strong> libre <strong>au</strong>teur du monde et d'attribuer la création<br />

de ce dernier à un demi dieu ou à un démon malfaisant<br />

de voir dans l'univers « un doub<strong>le</strong> principe du bien<br />

et du rrial luttant à armes éga<strong>le</strong>s et triomphant tour à tour.» »<br />

Or, la conception manichéenne, quelque compliquée,<br />

absurde et niaise qu'el<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>aisse à tout esprit philosophique,<br />

n'est pas morte. El<strong>le</strong> a cours encore, <strong>par</strong>aît-il<br />

dans des sectes mystiques qui ont hérité des enseignements<br />

moyenâgeux. L'écho de ces vieil<strong>le</strong>s traditions se retrouve<br />

même ail<strong>le</strong>urs. Ce n'est pas sans un sentiment de profonde<br />

surprise qu'on voit la pensée manichéenne affirmée <strong>par</strong><br />

des esprits imbus du traditionnalisme chrétien (2). Flour-<br />

(1) GUYAU L'Irréligion de l'avenir.<br />

(2)<br />

Fi.oitrnoy Le génie relipieux.


L'ÉVOLUTION PROVIDENTIELLE 163<br />

noy qui n'a pas craint d'exposer de semblab<strong>le</strong>s idées,<br />

s'efforce d'écarter <strong>le</strong>s objections inévitab<strong>le</strong>s <strong>par</strong> un f<strong>au</strong>xfuyant<br />

« Si Dieu existe, il est dès l'origine en lutte contre<br />

un principe indépendant de lui et d'où vient tout <strong>le</strong> mal il<br />

n'est donc pas l'Absolu, <strong>le</strong> Tout-puissant, <strong>le</strong> Créateur et<br />

<strong>le</strong> maître omnipotent de cet univers, et nous retombons<br />

fata<strong>le</strong>ment dans la vieil<strong>le</strong> doctrine des manichéens. Je<br />

vous avoue que je ne suis pas assez théologien ni philosophe<br />

pour tirer ça <strong>au</strong> clair Mais ce ne serait peut-être pas<br />

la première fois qu'une hérésie condamnée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s conci<strong>le</strong>s<br />

se trouverait avoir raison contre eux et présenter<br />

plus de conformité avec la pensée du Christ que la tradition<br />

reçue. Quoi qu'il en soit, la notion d'un Dieu, limité<br />

sans doute, mais pure bonté, sans cesse à l'œuvre pour<br />

tirer tout <strong>le</strong> bien possib<strong>le</strong> de m<strong>au</strong>x dont il n'est pas l'<strong>au</strong>teur,<br />

et luttant contre des résistances étrangères pour<br />

introduire son règne d'amour dans <strong>le</strong> chaos primordial<br />

(ce qui serait la c<strong>au</strong>se et <strong>le</strong> mot dernier de l'évolution),<br />

cette notion, dis-je, qui me <strong>par</strong>aît ressortir de toute la<br />

carrière de Jésus, me semb<strong>le</strong> infiniment plus généreuse<br />

que la conception courante du Dieu morigéneur et vindicatif,<br />

punissant sur <strong>le</strong>s enfants l'iniquité des pères, et comblant<br />

ses créatures (et de préférence <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures)<br />

d'épreuves dont el<strong>le</strong>s devraient encore <strong>le</strong> remercier »<br />

Est-il besoin de discuter <strong>le</strong> manichéisme ou <strong>le</strong> néo-manichéisme<br />

Non, évidemment. Il suffit de faire observer<br />

qu'il est encore plus compliqué que vain et <strong>par</strong> suite, contraire<br />

à toute méthodologie, soit philosophique, soit<br />

scientifique.<br />

Le manichéisme ap<strong>par</strong>aît simp<strong>le</strong>ment comme une preuve<br />

éclatante de l'impossibilité de concilier, avec <strong>le</strong> problème<br />

du mal, l'hypothèse d'une création providentiel<strong>le</strong>. Mais il<br />

ne résiste pas à cet argument que l'hypothèse d'une<br />

c<strong>au</strong>se première extérieure à l'univers est une hypothèse<br />

inuti<strong>le</strong>.<br />

Puisque, bon gré mal gré, nous devons toujours arri-<br />

IÎT GUSTAVE Qbubsz. 12


164 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

ver à la conceptions d'une c<strong>au</strong>se première, el<strong>le</strong>-même sans<br />

c<strong>au</strong>se, il est tout à fait superflu de placer cet.te c<strong>au</strong>se première<br />

ail<strong>le</strong>urs que dans l'univers même.<br />

La conception d'une création ex nihilo ne s<strong>au</strong>rait solutionner<br />

la difficulté inhérente, fata<strong>le</strong>ment, à la recherche<br />

de la c<strong>au</strong>se première. El<strong>le</strong> ne fait que<br />

<strong>au</strong>gmente encore cette difficulté, en la<br />

chargeant du formidah<strong>le</strong><br />

problème du mal.<br />

la révé<strong>le</strong>r et el<strong>le</strong>


CHAPITRE<br />

II<br />

LE<br />

MONISME<br />

Le monisme, qui<br />

n'est<br />

que l'adaptation du panthéisme<br />

<strong>au</strong>x sciences naturel<strong>le</strong>s et à la théorie évolutionniste, présente<br />

une grandie force de réduction<br />

D'une <strong>par</strong>t, il simplifie la h<strong>au</strong>te<br />

philosoplie en ramenant<br />

tout à une hypothèse unique, ce qui est conforme à<br />

l'esprit et à la méthode<br />

scientifiques.<br />

D'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, il est en concordante évidente avec la<br />

synthèse évolutionniste, considérée dans l'ensemb<strong>le</strong> et<br />

dans <strong>le</strong>s<br />

<strong>par</strong>ties, dans l'univers et dans l'individu.<br />

La philosophie panthéistique s'offre ainsi à nous avec<br />

un caractère de probabilité indiscutab<strong>le</strong>.<br />

Nous verrons, dans la suite de ce travail, ce caractère de<br />

probabilité s'affirmer davantage encore <strong>par</strong> <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s<br />

conceptions de la<br />

psychologie.<br />

Sans sortir du domaine des sciences naturel<strong>le</strong>s, il est<br />

permis d'affirnzer que <strong>le</strong>s conceptions mécanistes. déterministes<br />

ou finalistes, sujet des séculaires controverses philosophiques,<br />

sont. faci<strong>le</strong>ment conciliab<strong>le</strong>s dans la synthèse<br />

panthéistique tandis qu'el<strong>le</strong>s sont, en dehors d'el<strong>le</strong>, dépourvues<br />

de toute base positive et condamnées à demeurer<br />

de vaines et stéri<strong>le</strong>s spéculations.<br />

En dehors de la philosophie panthéistique,<br />

<strong>le</strong>s<br />

conceptions<br />

dites scientifiques de l'univers se ramènent à cette<br />

formu<strong>le</strong><br />

« L'univers évoluant est déterminé <strong>par</strong> l'adjonction, la<br />

superposition mécanique <strong>au</strong>x éléments<br />

primitifs<br />

d'éléments


166 DE L'INCONSCIENT AU <strong>conscient</strong><br />

nouve<strong>au</strong>x, créant ainsi une construction graduel<strong>le</strong> de plus<br />

en plus comp<strong>le</strong>xe et perfectionnée.<br />

»<br />

Or, <strong>le</strong>s faits démentent cette hypothèse Comme <strong>le</strong> fait<br />

remarquer Bergson<br />

« Un simp<strong>le</strong> coup d'œil, jeté sur <strong>le</strong><br />

développement d'un embryon, montre que la vie procède<br />

non <strong>par</strong> association et addition d'éléments, mais <strong>par</strong> dissociation<br />

et dédoub<strong>le</strong>ment. »<br />

Enfin, nous l'avons vu, <strong>le</strong> plus ne peut sortir du moins<br />

que s'il est contenu en puissance dans <strong>le</strong> moins.<br />

Quant <strong>au</strong>x conceptions finalistes, el<strong>le</strong>s aboutissent fata<strong>le</strong>ment,<br />

si el<strong>le</strong>s ne prennent pas pour base et point de<br />

dé<strong>par</strong>t la philosophie panthéiste, à ces théories vulgaires<br />

et enfantines, qu'il est si faci<strong>le</strong> de ridiculiser, d'après <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

tous <strong>le</strong>s éléments de la structure universel<strong>le</strong> ont<br />

été faits l'un <strong>par</strong> l'<strong>au</strong>tre. Il suffit, pour ruiner cette conception,<br />

de faire remarquer, avec R. Wallace, que toute<br />

adaptation a nécessairement l'ap<strong>par</strong>ence d'un arrangement<br />

intentionnel.<br />

Au contraire, en <strong>par</strong>tant du panthéisme, <strong>le</strong> mécanisme<br />

et <strong>le</strong> finalisme sont tout <strong>au</strong>tre chose <strong>par</strong>ce qu'ils se fondent<br />

dans une seu<strong>le</strong> hypothèse métaphysique.<br />

Ils impliquent l'idée que notre conception du temps et<br />

de l'espace est chose relative à notre entendement qu'en<br />

s'é<strong>le</strong>vant <strong>au</strong>-dessus de ces conceptions relatives, on ne<br />

doit voir ni commencement ni fin, ni point de dé<strong>par</strong>t, ni<br />

but, ni arrivée, ni passé, ni présent, ni avenir, mais simp<strong>le</strong>ment<br />

un tout harmonieux. Il ne f<strong>au</strong>t pas dire « L'univers<br />

a été construit dans un but donné <strong>par</strong> des moyens<br />

donnés », ni « <strong>le</strong>s moyens ont déterminé nécessairement<br />

<strong>le</strong> but. »<br />

Ces distinctions mécanistes ou finalistes sont vaines.<br />

El<strong>le</strong>s s'évanouissent dans l'absolu. On arrive ainsi, comme<br />

dit Bergson, à « une métaphysique où la totalité du réel<br />

est posée en bloc, dans l'éternité et où la durée ap<strong>par</strong>ente<br />

des choses exprime simp<strong>le</strong>ment l'infirmité d'un esprit qui<br />

ne peut pas connaître tout à la fois. »


LE MONISME 167<br />

C'est ce que Laplace avait exprimé dans la phrase célèbre<br />

« Une intelligence qui, pour un instant donné, connaîtrait<br />

toutes <strong>le</strong>s forces dont la nature est animée et la situation<br />

respective des êtres qui la composent si, d'ail<strong>le</strong>urs<br />

el<strong>le</strong> était assez vaste<br />

pour<br />

soumettre ces données à l'analyse,<br />

embrasserait dans la même formu<strong>le</strong> <strong>le</strong>s mouvements<br />

des plus grands corps de l'univers et ceux du plus léger<br />

atome rien ne serait incertain pour el<strong>le</strong> et l'avenir,<br />

comme <strong>le</strong> passé, serait présent à ses yeux.<br />

»<br />

Qu'objecte à cela M. Bergson Qu'on ne s<strong>au</strong>rait faire<br />

abstraction du temps.<br />

« La durée, dit-il, est ce<br />

qu'il y a de<br />

plus indiscutab<strong>le</strong> dans notre expérience. Nous percevons<br />

la durée comme un courant qu'on ne s<strong>au</strong>rait remonter. El<strong>le</strong><br />

est <strong>le</strong> fond de notre être et nous <strong>le</strong> sentons bien, la substance<br />

même des choses avec<br />

communication. »<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s nous sommes en<br />

Cette objection est sûrement insuffisante. Si <strong>le</strong> temps et<br />

l'espace ne sont que des illusions relatives à notre entendement<br />

limité, il est évident que ces illusions peuvent s'imposer<br />

à cet entendement comme une réalité sans cesser<br />

pour cela d'être des illusions.<br />

Ce qui semb<strong>le</strong> vrai, c'est<br />

que<br />

la<br />

métaphysique<br />

mécaniste<br />

ou finaliste n'est ni démontrab<strong>le</strong> ni ré\utàb<strong>le</strong> <strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong><br />

se place en dehors et <strong>au</strong>-dessus de nos procédés de raisonnement<br />

et de nos méthodes.<br />

El<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> cependant trouver un appui inattendu dans<br />

<strong>le</strong>s faits de lucidité dans l'avenir faits dont un certain<br />

nombre sont <strong>au</strong>jourd'hui bien établis.<br />

ajouter à la doc-<br />

Mais, même en admettant sa<br />

possibilité<br />

abstraite, el<strong>le</strong> n'apporte rien de concret à<br />

trine de l'évolution.<br />

métaphysique<br />

La<br />

question du mécanisme ou finalisme transcendant se<br />

confond avec la<br />

question de l'absolu. El<strong>le</strong> est <strong>au</strong>-dessus de<br />

notre intelligence et ne peut être discutée avec fruit.<br />

Nous devons nous contenter d'admettre la nécessité d'un


DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

principe unique renier niant en lui toutes <strong>le</strong>s potentialités<br />

évolutives et d'essayer simp<strong>le</strong>ment de comprendre comment<br />

se réalisent ces potentialités.<br />

Or, il est bien certain que <strong>le</strong> panthéisme naturaliste<br />

classique, ou monisme, ne permet pas cette compréhension.<br />

Quand Haeckei écrit <strong>au</strong> sujet de la loi d'évolution<br />

« Cette loi suprême de la nature étant posée et toutes <strong>le</strong>s<br />

<strong>au</strong>tres lois lui étant subordonnées, nous nous sommes convaincus<br />

de l'universel<strong>le</strong> Unilé de la nature et de l'éternel<strong>le</strong><br />

va<strong>le</strong>ur des lois naturel<strong>le</strong>s. <strong>De</strong> l'obscur problème de la substance<br />

est issue la claire loi de substance. » il ne fait qu'énoncer<br />

une formu<strong>le</strong> très incomplète sinon sans va<strong>le</strong>ur<br />

La claire loi de substance nïi rien de clair en réalité,<br />

sinon dans son affirma lion de l'Unité.<br />

El<strong>le</strong> est <strong>par</strong>faitement obscure en tout ce qui concerne <strong>le</strong>s<br />

facteurs essentiels et <strong>le</strong> sens de l'évolution.<br />

(1) Hafx-kel Les énigmes de l'univers.


CHAPITRE<br />

ÎÎI<br />

L'EVOLUTION CREATRICE DE M. BERGSON<br />

J"ai<br />

déjà eu, mail<strong>le</strong>s fois, à citer M.<br />

Bergson.<br />

Il est temps d'entreprendre<br />

un examen méthodique de<br />

son œuvre et de rechercher si el<strong>le</strong> nous<br />

apporte<br />

la<br />

solution<br />

du problème évolutionniste.<br />

Bien que je ne veuil<strong>le</strong> envisager ici, des idées de M.<br />

Bergson, que cel<strong>le</strong>s qui concernent l'évolution, je serai<br />

obligé<br />

de m'arrêter <strong>par</strong>fois sur sa philosophie en général.<br />

Sa théorie de « l'Evolution créatrice » est en effet son<br />

oeuvre maîtresse mais il serait impossib<strong>le</strong> de la comprendre<br />

considérée isolément, en dehors de ses <strong>au</strong>tres trav<strong>au</strong>x.<br />

Je vais donc tenter d'exposer fidè<strong>le</strong>ment, dans ses grandes<br />

lignes,<br />

la synthèse de M. Bergson, et de la discuter<br />

.librement, sans <strong>le</strong><br />

<strong>par</strong>ti pris<br />

de ses détracteurs systématiques<br />

ou de ses admirateurs béats.<br />

1° Exposé DE LA piitlosophie betsgsonïenne SUR L'ÉVOLUTION<br />

M. Bergson admet <strong>le</strong> transformisme. Il considère ses<br />

preuves comme suffisantes et indiscutab<strong>le</strong>s. Mais, ajoutet-il,<br />

alors même qu'el<strong>le</strong>s ne <strong>le</strong> seraient pas,<br />

on ne s<strong>au</strong>rait<br />

'écarter la conception de l'évolution. Il s'efforce de démontrer<br />

cette nécessité dans une page qui<br />

est<br />

certainement<br />

l'une des phts fortes, des plus profondes<br />

et des plus<br />

remarquab<strong>le</strong>s<br />

qu'il<br />

ait écrites<br />

« Admettons pourtant que <strong>le</strong> transformisme soit convaincu<br />

d'erreur.<br />

Supposons<br />

qu'on<br />

arrive établir, <strong>par</strong><br />

ingérence<br />

ou<br />

<strong>par</strong> expérience, que<br />

<strong>le</strong>s espèces sont nées<br />

<strong>par</strong>


170 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

un processus discontinu, dont nous n'avons<br />

<strong>au</strong>jourd'hui<br />

<strong>au</strong>cune idée. La doctrine serait-el<strong>le</strong> atteinte dans ce qu'el<strong>le</strong><br />

a de plus intéressant et, pour nous, de plus important <br />

La classification subsisterait sans doute dans ses<br />

grandes<br />

lignes. Les données actuel<strong>le</strong>s de<br />

l'embryologie<br />

subsisteraient<br />

éga<strong>le</strong>ment. La correspondance subsisterait entre<br />

l'embryogénie com<strong>par</strong>ée et l'anatomie<br />

com<strong>par</strong>ée.<br />

« Dès lors, la<br />

biologie pourrait et devrait continuer à établir<br />

entre <strong>le</strong>s formes vivantes <strong>le</strong>s mêmes relations<br />

que suppose<br />

<strong>au</strong>jourd'hui <strong>le</strong> transformisme, la même <strong>par</strong>enté. Il<br />

s'agirait, il est vrai, d'une <strong>par</strong>enté idéa<strong>le</strong> et non d'une<br />

filiation matériel<strong>le</strong>. Mais, comme <strong>le</strong>s données actuel<strong>le</strong>s de<br />

la<br />

paléontologie subsisteraient <strong>au</strong>ssi, force serait bien<br />

d'admettre<br />

encore<br />

que c'est successivement, et non pas<br />

simultanément, que sont<br />

ap<strong>par</strong>ues <strong>le</strong>s formes entre <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s<br />

une <strong>par</strong>enté idéa<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong>. Or, la théorie évolutionniste,<br />

dans ce<br />

qu'el<strong>le</strong> a<br />

d'important <strong>au</strong>x yeux du philosophe,<br />

n'en demande pas davantage. El<strong>le</strong> consiste surtout<br />

à constater des relations de<br />

<strong>par</strong>enté<br />

idéa<strong>le</strong> et à soutenir<br />

que, la où il y a ce rapport de filiation pour ainsi<br />

dire logique entre des formes, il<br />

y a <strong>au</strong>ssi un rapport de<br />

succession chronologique entre <strong>le</strong>s espèces où ces formes<br />

se matérialisent. Cette doub<strong>le</strong> thèse subsisterait en tout<br />

état de c<strong>au</strong>se. Et dès lors, il f<strong>au</strong>drait bien encore supposer<br />

une évolution<br />

quelque <strong>par</strong>t, soit dans une pensée créatrice<br />

où <strong>le</strong>s idées des diverses<br />

espèces se seraient<br />

engendrées<br />

<strong>le</strong>s unes <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres exactement comme <strong>le</strong> transformisme<br />

veut<br />

que <strong>le</strong>s espèces el<strong>le</strong>s-mêmes se soient<br />

engendrées<br />

sur la terre, soit dans un<br />

plan d'organisation<br />

vita<strong>le</strong> immanent à la nature, qui s'expliciterait peu à<br />

peu,<br />

ou <strong>le</strong>s rapports de filiation logique et<br />

chronologique<br />

entre<br />

<strong>le</strong>s formes pures, seraient précisément ceux que <strong>le</strong> transformisme<br />

nous présente comme des<br />

rapports de filiation<br />

réel<strong>le</strong> entre des individus vivants, soit enfin dans quelque<br />

c<strong>au</strong>se inconnue de la vie, qui développerait ses effets<br />

comme si <strong>le</strong>s uns engendraient <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres. On <strong>au</strong>rait donc


L'ÉVOLUTIONCRÉATRICEDE M. BERGSON 171<br />

simp<strong>le</strong>ment transposé l'évolution. On l'<strong>au</strong>rait fait passer<br />

du visib<strong>le</strong> dans l'invisib<strong>le</strong>. Presque tout ce que <strong>le</strong> transformisme<br />

nous dit <strong>au</strong>jourd'hui se conserverait, quitte à<br />

s'interpréter d'une <strong>au</strong>tre manière.<br />

« Ne v<strong>au</strong>t-il pas mieux, dès lors, s'en teni.r à la <strong>le</strong>ttre du<br />

transformisme, tel que <strong>le</strong> professe la presque unanimité<br />

des savants . C'est pourquoi nous estimons que <strong>le</strong> langage<br />

du transformisme s'impose maintenant à toute philosophie,<br />

comme l'affirmation dogmatique du transformisme<br />

s'impose à la science. »<br />

L'évolution étant définitivement établie et ayant la va<strong>le</strong>ur<br />

d'un fait certain, il est indispensab<strong>le</strong> de chercher à<br />

comprendre comment el<strong>le</strong> se réalise.<br />

Pour M. Bergson, el<strong>le</strong> n'est due à <strong>au</strong>cun des facteurs<br />

classiques invoqués <strong>par</strong> <strong>le</strong>s naturalistes ces facteurs sont<br />

secondaires<br />

« Que la condition nécessaire de l'évolution soit l'adaptation<br />

<strong>au</strong> milieu, nous ne <strong>le</strong> contestons <strong>au</strong>cunement. mais<br />

<strong>au</strong>tre chose est reconnaître que <strong>le</strong>s circonstances extérieures<br />

sont des forces avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l'évolution doit compter;<br />

<strong>au</strong>tre chose soutenir qu'el<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s c<strong>au</strong>ses directrices<br />

de l'évolution. La vérité est que l'adaptation explique<br />

<strong>le</strong>s sinuosités du mouvement évolutif, mais non pas <strong>le</strong>s<br />

directions généra<strong>le</strong>s du mouvement, encore moinq <strong>le</strong> mouvement<br />

lui-même. La route qui mène à la vil<strong>le</strong> est bien<br />

obligée de monter, <strong>le</strong>s cotes et de descendre <strong>le</strong>s pentes,<br />

el<strong>le</strong> s'adapte <strong>au</strong>x accidents du terrain, mais <strong>le</strong>s accidents<br />

du terrain ne sont pas c<strong>au</strong>se de la route et ne lui ont pas<br />

imprimé sa direction. »<br />

Quel est donc <strong>le</strong> facteur essentiel <br />

Ce facteur essentiel, c'est une sorte de poussée intérieure,<br />

un « élan vital » originel et indéfini.<br />

Cet élan vital ap<strong>par</strong>tient à un principe immanent qui<br />

est vie, intelligence, matière, mais qui déborde la vie,<br />

l'intelligence et la matière dans <strong>le</strong> passé, <strong>le</strong> présent et


172 DE L'iNCON.SCItiNT AL: CUXStlKNT<br />

l'avenir, qui<br />

<strong>le</strong>s contient, <strong>le</strong>s présuppose et <strong>le</strong>s précrée,<br />

pour<br />

ainsi dire, <strong>au</strong> fur et à mesure de <strong>le</strong>ur réalisation.<br />

Ce principe immanent, cependant,<br />

n'a rien de tout fait<br />

<strong>par</strong> lui-même il se crée progressivement<br />

en même temps<br />

qu'il crée l'univers évoluant. Il constitue ce que M. Berg-<br />

appel<strong>le</strong><br />

« la Durée ». La « Durée » n'est<br />

pas<br />

très<br />

son<br />

commode<br />

à comprendre. Un<br />

la décrit ainsi<br />

discip<strong>le</strong><br />

éminent de M. Bergson<br />

«<br />

C'est, nous dit-il, une évolution mélodique de moments<br />

dont chacun contient la résonnance des précédents<br />

et annonce celui<br />

qui va suivre c'est un enrichissement<br />

qui<br />

ne s'arrête jamais<br />

et une perpétuel<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>ition<br />

de nouve<strong>au</strong>tés. C'est un devenir indivisib<strong>le</strong>, qualitatif,<br />

organique,<br />

étranger<br />

à l'espace, réfractaire <strong>au</strong> nombre.<br />

Imaginez une symphonie qui <strong>au</strong>rait sentiment d'el<strong>le</strong>-même<br />

et<br />

qui serait créatrice de soi voilà comment il convient<br />

de concevoir la durée. » (1)<br />

C'est la durée avec son élan vital qui est la c<strong>au</strong>se essentiel<strong>le</strong><br />

de<br />

l'évolution, et non l'adaptation darwinienne ou<br />

lamarckienne.<br />

Comment concevoir l'évolution dans la«<br />

Çtàrée<br />

Tout<br />

se passe comme s'il<br />

y avait un centre d'où <strong>le</strong>s mondes<br />

jaüliraient comme <strong>le</strong>s fusées divergentes d'un immense<br />

bouquet.<br />

Mais ce centre n'est<br />

continuité de jaillissement.<br />

pas une chose concrète c'est « une<br />

»<br />

Ce centre, c'est Dieu mais Dieu, ainsi défini, n'a rien<br />

de tout fait il est vie incessante, action, liberté. La création,<br />

ainsi<br />

conçue, n'est pas un mystère. Nous l'expérimentons<br />

en nom dès que nous<br />

agissons<br />

librement. »<br />

Donc, il n'y a pas de finalité préétablie pas de plan<br />

'déterminé d'avance pour l'évolution il<br />

n'y a que des réalisations<br />

qui<br />

se commandent et s'enchaînent<br />

réciproquement<br />

« une création<br />

qui<br />

se poursuit sans fin en vertu<br />

(1) Lb Rot Une philosophie nouvel<strong>le</strong>. Aloan, éditeur.


L ÉVOLUTION CRÉATRICE DE NI. BERGSON 173<br />

d'un mouvement initial ». Cette création réalise <strong>au</strong> fur et<br />

à mesure, non seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s formes de la vie, mais <strong>le</strong>s<br />

idées qui permettent à l'intelligence de la comprendre et<br />

!<strong>le</strong>s termes qui servent à l'exprimer.<br />

« Son avenir déborde<br />

son présent et ne pourrait s'y dessiner en une idée. »<br />

M. Le Roy (1) a résumé, <strong>au</strong>ssi clairement que possib<strong>le</strong>,<br />

la pensée de M. Bergson, sur <strong>le</strong> processus créateur et sa,<br />

conception de l'esprit et de la matière issus de ce processus<br />

« Danc cette conception de l'être, la conscienceest<br />

<strong>par</strong>tout, comme la réalité originel<strong>le</strong> et fondamenta<strong>le</strong>,<br />

toujours présente à mil<strong>le</strong> et mil<strong>le</strong> degrés de tension ou de<br />

sommeil et sous des rythmes infiniment divers.<br />

« L'élan vital consiste en une « exigence de création »<br />

la vie, à son plus humb<strong>le</strong> stade, constitue déjà une activité<br />

spirituel<strong>le</strong> et son effort lance un courant de réalisation<br />

ascendante, qui à son tour détermine <strong>le</strong> contre-courant<br />

de la matière. Ainsi tout <strong>le</strong> réel se résume en un doub<strong>le</strong><br />

mouvement de montée et de descente. Le premier seul,<br />

qui traduit un travail intérieur de maturation créatrice^<br />

dure éternel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> second, en droit, pourrait être<br />

presque instantané, tel celui d'un ressort qui se détend<br />

mais l'un impose à l'<strong>au</strong>tre son rythme. Esprit et matière<br />

ap<strong>par</strong>aissent de ce point de vue non pas comme deux<br />

choses qui s'opposeraient, termes statiques d'une antithèse<br />

immobi<strong>le</strong>, mais plutôt comme deux sens inverses de mouvement<br />

et, à certains égards, il f<strong>au</strong>t donc moins <strong>par</strong><strong>le</strong>r<br />

de matière ou d'esprit que de spirilualisalion ou de matérialisation,<br />

cel<strong>le</strong>-ci résultant d'ail<strong>le</strong>urs <strong>au</strong>tomatiquement<br />

d'une simp<strong>le</strong> interruption de cel<strong>le</strong>-là >< conscience ou<br />

supra-conscience est la fusée dont <strong>le</strong>s débris éteints retombent<br />

en matière. »<br />

Quel<strong>le</strong> image de l'évolution universel<strong>le</strong> nous est alors<br />

suggérée Non pas une cascade déductive, ni un système<br />

de pulsations stati.onnaires, mais un jet qui s'épanouit en<br />

(1) LE Rot: Une philosophies nouvel<strong>le</strong>.


174 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AL' CONSCIENT<br />

gerbe et qu'arrêtent <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment ou du moins gênent et<br />

retardent <strong>le</strong>s goutte<strong>le</strong>ttes retombantes. Le jet lui-même,<br />

la réalité qui se fait, c'est l'activité vita<strong>le</strong>, dont l'activité<br />

spirituel<strong>le</strong> représente la forme la plus h<strong>au</strong>te et <strong>le</strong>s goutte<strong>le</strong>ttes<br />

qui redescendent, c'est <strong>le</strong> geste créateur qui retombe,<br />

c'est la réalité qui se défait, c'est la matière et c'est l'inertie.<br />

»<br />

En définitive, selon M. Bergson,<br />

« la matière est définie<br />

<strong>par</strong> une espèce de descente, cette descente <strong>par</strong> l'interruption<br />

d'une montée, cette montée el<strong>le</strong>-même <strong>par</strong> une croissance,<br />

et un principe de création est ainsi <strong>au</strong> fond des<br />

choses » (1).<br />

Mais alors se pose la formidab<strong>le</strong> question du commencement.<br />

Comment l'univers a-t-il pu sortir de rien Comment<br />

ce qui est peut-il provenir de ce qui n'est pas du<br />

néant <br />

Pour M. Bergson, la question ne doit même pas se poser<br />

« l'idée de néant, <strong>au</strong> sens où nous la prenons quand<br />

nous l'opposons à cel<strong>le</strong> d'existence, est une pseudo-idée. »<br />

En réalité, « <strong>le</strong> néant est impensab<strong>le</strong>, puisque, penser<br />

<strong>le</strong> rien est nécessairement penser quelque chose « la représentation<br />

du vide est toujours une représentation<br />

p<strong>le</strong>ine, qui se résoud à l'analyse en deux éléments positifs<br />

l'idée distincte, ou confuse, d'une substitution, et <strong>le</strong> sentiment,<br />

éprouvé ou imaginé, d'un désir ou d'un regret. »<br />

Donc « l'idée du néant absolu, entendu <strong>au</strong> sens d'une<br />

abolition de fout, est une idée destructive d'el<strong>le</strong>-même, une<br />

pseudo-idée, un simp<strong>le</strong> mot. »<br />

« Quand je dis il n'y a rien, ce n'est pas que je perçoive<br />

un « rien » je ne perçois jamais que de l'être mais<br />

je n'ai pas perçu ce que je cherchais, ce que j'attendais.<br />

et j'exprime ma déception dans <strong>le</strong> langage de mon désir.<br />

»<br />

En somme, c'est <strong>par</strong> une simp<strong>le</strong> illusion de raisonne-<br />

(1) LE Hoy Ibid.


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE M. BERGSON 175<br />

ment que l'on oppose l'idée de rien à cel<strong>le</strong> de tout. C'est<br />

« opposer du p<strong>le</strong>in à du p<strong>le</strong>in » et « la question de savoir<br />

pourquoi quelque chose existe est <strong>par</strong> conséquent une<br />

question dépourvue de sens, un pseudo-problème sou<strong>le</strong>vé<br />

<strong>au</strong>tour d'une pseudo-idée. »<br />

Le processus créateur ne peut donc pas ne pas exister<br />

et il n'y a <strong>au</strong>cun mystère dans la constatation de l'existence<br />

de la matière, de la vie, de la conscience. Ce sont<br />

fonctions de la « durée ».<br />

Le seul mystère réside dans la question des rapports<br />

réciproques, dans l'Evolution créatrice, de la matière,<br />

de la vie et de la conscience.<br />

M. Bergson rejette <strong>le</strong>s théories matérialistes. Pour lui,<br />

la conscience n'est pas <strong>le</strong> produit du fonctionnement du<br />

cerve<strong>au</strong> « Cerve<strong>au</strong> et conscience se correspondent, <strong>par</strong>ce<br />

qu'ils mesurent éga<strong>le</strong>ment, l'un <strong>par</strong> la comp<strong>le</strong>xité de sa<br />

structure et l'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong> l'intensité de son réveil, la quantité<br />

de choix dont l'être vivant dispose. Mais cette correspondance<br />

n'a rien d'une équiva<strong>le</strong>nce ni d'un <strong>par</strong>allélisme.<br />

Précisément <strong>par</strong>ce qu'un état cérébral exprime simp<strong>le</strong>ment<br />

ce qu'il y a d'action naissante dans l'état psychologique<br />

correspondant, l'état psychologique déborde infiniment<br />

l'état cérébral. »<br />

« M. Bergson, dit M. G. Gillouin (1) abonde en com<strong>par</strong>aisons<br />

ingénieuses et frappantes pour signifier cette solidarité<br />

sui generis de la conscience et de l'organisme.<br />

« Parce qu'un certain écrou, dit-il, est nécessaire à une<br />

certaine machine <strong>par</strong>ce que la machine fonctionne quand<br />

on laisse l'écrou et s'arrête quand on l'enlève, on ne prétendra<br />

pas que l'écrou soit l'équiva<strong>le</strong>nt de la machine. Or,<br />

la relation de la conscience <strong>au</strong> cerve<strong>au</strong> <strong>par</strong>aît bien être<br />

cel<strong>le</strong> de l'écrou à la machine. La conscience d'un être vivant,<br />

dit-il encore, est solidaire de son cerve<strong>au</strong> dans <strong>le</strong><br />

(1) G. Gtiujyvw La philosophie de M. H. Bergson. Bernard Grasset,<br />

éditeur.


170 DE L iiVtOi\SUKvT AU COttSCUiNT<br />

sens où un coute<strong>au</strong> pointu est solidaire de sa puislte <strong>le</strong><br />

cerve<strong>au</strong> est la pointe<br />

acérée <strong>par</strong> où la conscience pénètre<br />

dans <strong>le</strong> tissu compact des événements, mais il n'est pas<br />

plus co-extensif à la conscience que la pointe ne l'est <strong>au</strong><br />

coute<strong>au</strong>. »<br />

Donc ce<br />

qu'il y a en nous de conscience n'est pas lié à<br />

l'mrganisme et juuit de liberté. Mais ce mot de liberté doit<br />

être pris dans un sens très large.<br />

Ce<br />

qui<br />

est libre, c'est<br />

moins l'être « individualisé » pour ainsi dire, que l'être<br />

intérieur, l'être comp<strong>le</strong>t.<br />

« Nous sommes libres, dit M. Bergson (1) quand<br />

nos<br />

actes émanent de notre personnalité entière. La liberté<br />

est donc fonction de notre pouvoir d'introspection ».<br />

« La liberté est chose qui se fait en nous sans cesse<br />

nous sommes libérab<strong>le</strong>s plutôt que libres et la liberté<br />

enfin est chose de durée, non<br />

d'espace et de nombre, non<br />

d'improvisation<br />

ni de décret est libre l'acte<br />

longtemps<br />

pré<strong>par</strong>é,<br />

l'acte lourd de toute notre histoire, qui<br />

tombe<br />

comme un fruit mûr de notre vie antérieure.<br />

«<br />

Que sommes-nous (3) en effet, qu'est-ce que notre<br />

caractère, sinon la condensation de l'histoire que<br />

nous<br />

avons vécue depuis notre naissance, avant notre naissance<br />

même, puisque nous apportons avec nous des dispositions<br />

prenata<strong>le</strong>s Sans doute nous ne pensons qu'avec une petite<br />

<strong>par</strong>tie de notre<br />

passé mais c'est avec notre passé tout<br />

entier, y compris notre courbure dame originel<strong>le</strong>, que<br />

nous désirons, voulons, agissons.<br />

Ces notions généra<strong>le</strong>s admises, pénétrons plus avant<br />

dans <strong>le</strong> mécanisme de l'Evolution créatrice. Cette évolution<br />

ne se fait pas sur une seu<strong>le</strong><br />

ligne.<br />

Du<br />

centre<br />

origines<br />

jaillissent des lignes, <strong>au</strong> début confondues et s'interpénétrant,<br />

puis <strong>au</strong> fur et à mesure de l'évolution, se déga-<br />

(1) Essai svr <strong>le</strong>s clomées immédiates de <strong>le</strong> conscirnce.<br />

(2) Lu Rot Ibid.<br />

(3) L' Evolution n tutrice.


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE M. BERGSON 17T<br />

gea.nt et se distinguant <strong>le</strong>s unes des <strong>au</strong>tres, en divergeant<br />

de plus en plus, comme <strong>le</strong>s fusées d'un feu d'artifice.<br />

Sur terre, <strong>le</strong>s principa<strong>le</strong>s lignes d'évolution aboutissent<br />

à la création de la vie végéta<strong>le</strong>, de la vie anima<strong>le</strong> et instinclioe,<br />

de la vie humaine et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.<br />

Ces formes de vie sont absolument distinctes. Il y a<br />

un abîme entre <strong>le</strong>s végét<strong>au</strong>x, <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x et l'homme.<br />

« L'erreur capita<strong>le</strong>, dit M. Bergson, cel<strong>le</strong> qui, se transmettant<br />

depuis Aristote, a vicié la plu<strong>par</strong>t des philosophies<br />

de la nature, est de voir dans la vie végétative, dans la vie<br />

instinctive et dans la vie raisonnab<strong>le</strong> trois degrés successifs<br />

d'une même tendance qui se développe, alors que ce<br />

sont trois directions divergentes d'une activité qui s'est<br />

scindée en grandissant. La différence entre el<strong>le</strong>s n'est pas<br />

une différence de degré, mais de nalrere. »<br />

« Instinct et intelligence, dit-il <strong>au</strong>ssi, représentent <strong>le</strong>s<br />

deux solutions divergentes, éga<strong>le</strong>ment élégantes d'un seul<br />

et même problème. entre <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x et 1 homme, il n'y<br />

a plus une différence de degré, mais de nature. »<br />

Pour <strong>par</strong>er à l'objection de la présence d'intelligence<br />

chez l'animal et d'instinct chez l'homme, NI. Bergson dit<br />

« Intelligence et instinct, ayant commencé <strong>par</strong> suinterpénéireu,<br />

conservent quelque chose de <strong>le</strong>ur origine commune.<br />

Ni l'un ni l'<strong>au</strong>tre ne se rencontrent jamais à 1 état<br />

pur. Il n'y a pas d'intelligence où l'on ne découvre des<br />

traces d'instinct pas d'instiuct surtout qui ne soit entoura<br />

d'une frange d'intelligence.<br />

»<br />

Mais ce qui caractérise essentiel<strong>le</strong>cnent l'animal, c'est<br />

l'instinct ce qui caractérise essentiel<strong>le</strong>ment l'homme,<br />

c'est l'intelligence.<br />

Quel est <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> de l'homme dans la création Ce rô<strong>le</strong><br />

est tout à fait à <strong>par</strong>t.<br />

Il représente ce qu'il y a d'essentiel dans l'évolution<br />

actuel<strong>le</strong>ment réalisée la vie végéta<strong>le</strong> et anima<strong>le</strong> n'étant<br />

que des produits d'un tâtonnement pour arriver à la viehumaine<br />

« tout se passe, dit M. Bergson, comme si un


178 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

être indécis et flou, qu'on pourra appe<strong>le</strong>r, comme on voudra,<br />

homme ou surhomme, avait cherché à se réaliser et<br />

n'y était <strong>par</strong>venu qu'en abandonnant en route une <strong>par</strong>tie<br />

de lui-même. Ces déchets sont représentés <strong>par</strong> <strong>le</strong> reste<br />

de l'animalité et même <strong>par</strong> <strong>le</strong> monde végétal. »<br />

Seul l'homme a pu acquérir la conscience<br />

« Avec l'homme, la conscience brise la chaîne. (des nécessités<br />

matériel<strong>le</strong>s) chez l'homme, et chez l'homme seu<strong>le</strong>ment,<br />

el<strong>le</strong> se libère.<br />

« Toute l'histoire de la vie, jusque là, avait été cel<strong>le</strong><br />

d'un effort de la conscience pour sou<strong>le</strong>ver la matière, et<br />

d'un écrasement plus ou moins comp<strong>le</strong>t de la conscience<br />

<strong>par</strong> la matière qui retombait sur el<strong>le</strong>. 11 s'agissait de<br />

créer, avec la matière, qui est la nécessité même, un instrument<br />

de liberté, de fabriquer une mécanique qui triomphât<br />

du mécanisme, et d'employer <strong>le</strong> déterminisme de la<br />

nature à passer à travers <strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s du fi<strong>le</strong>t qu'il avait<br />

tendu. Mais, <strong>par</strong>tout ail<strong>le</strong>urs que chez l'homme la conscience<br />

s'est laissée prendre <strong>au</strong> fi<strong>le</strong>t dont el<strong>le</strong> voulait traverser<br />

<strong>le</strong>s mail<strong>le</strong>s.<br />

« El<strong>le</strong> est restée captive des mécanismes qu'el<strong>le</strong> avait<br />

montés. Au bout du large tremplin sur <strong>le</strong>quel la vie avait<br />

pris son élan tous <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres sont descendus trouvant la<br />

carde tendue trop h<strong>au</strong>te l'homme seul a s<strong>au</strong>té l'obstac<strong>le</strong>. »<br />

La conscience humaine, ainsi formée et libre, est-el<strong>le</strong><br />

indestructib<strong>le</strong> ou est-el<strong>le</strong> mortel<strong>le</strong> <br />

A cette grave question, qui domine toutes <strong>le</strong>s philosophies<br />

et toutes <strong>le</strong>s religions, M. Bergson répond simp<strong>le</strong>ment<br />

« L'humanité entière, dans l'espace et dans <strong>le</strong> temps, est<br />

une immense armée qui galope à côté de chacun de nous,<br />

en avant et en arrière de nous, dans une charge entraînante<br />

capab<strong>le</strong> de bouscu<strong>le</strong>r toutes <strong>le</strong>s résistances et de<br />

franchir bien des obstac<strong>le</strong>s, même peut-être la mort. »<br />

Tels sont, résumés, <strong>le</strong>s princip<strong>au</strong>x enseignements de M.


l'évolution créatrice DE m. BERGSON 179<br />

Bergson.<br />

Il nous reste à <strong>par</strong><strong>le</strong>r de la méthode sur laquel<strong>le</strong><br />

sont basés ces enseignements.<br />

Cette méthode de M. Bergson consiste faire appel,<br />

pour résoudre <strong>le</strong>s<br />

problèmes philosophiques, non à l'intelligence,<br />

mais à l'intuilion..<br />

A l'intelligence ap<strong>par</strong>tiendrait la solution des problèmes<br />

concernant <strong>le</strong>s rapports de l'être avec l'univers, la connaissance<br />

du matériel et de<br />

l'inorganique et cela seu<strong>le</strong>ment.<br />

C'est là <strong>le</strong> domaine propre de la science.<br />

Quant <strong>au</strong> monde de la vie et de l'âme, il ne relève<br />

pas<br />

de la réf<strong>le</strong>xion ni de la connaissance<br />

scientifique mais de<br />

l'intuition.<br />

Qu'est-ce<br />

donc<br />

que l'intuition, tel<strong>le</strong><br />

qu'il<br />

f<strong>au</strong>t la comprendre,<br />

suivant M. Bergson <br />

L'intuition n'est pas <strong>au</strong>tre chose que l'instinct <strong>conscient</strong><br />

de lui-même, capab<strong>le</strong> de réfléchir sur son objet et de l'élargir<br />

indéfiniment.<br />

« Si la conscience<br />

qui sommeil<strong>le</strong> en l'instinct se réveil-<br />

la<br />

vie<br />

organise<br />

la matière. »<br />

Malheureusement, <strong>par</strong> suite de l'évolution de l'animalité<br />

à l'homme, l'intuition est<br />

vague<br />

et discontinue « c'est<br />

une lampe presque éteinte, qui ne se ranime que de loin e;i<br />

loin, pour quelques instants à peine. Sur notre<br />

lait, s'il s'intériorisait en connaissance <strong>au</strong> lieu de s'extérioriser<br />

en action si nous savions<br />

l'interroger<br />

et s'il pouvait<br />

répondre,<br />

il nous livrerait <strong>le</strong>s secrets <strong>le</strong>s plus intimes<br />

de la vie, car il ne fait que continuer <strong>le</strong> travail <strong>par</strong> <strong>le</strong>quel<br />

personnalité,<br />

sur la place que nous occupons dans la nature,<br />

sur notre origine et notre destinée, el<strong>le</strong> projette une lumière<br />

vacillante et faib<strong>le</strong>, mais qui<br />

n'en<br />

perce pas moins<br />

l'obscurité de la nuit où nous laisse »<br />

l'intelligence.<br />

L'intuition, cependant, ne doit ni ne peut<br />

faire<br />

abstraction<br />

complète<br />

de<br />

l'intelligence<br />

il est inévitab<strong>le</strong> de tenir<br />

compte, dans une certaine mesure, de l'enseignement des<br />

faits et du contrô<strong>le</strong> rationnel.<br />

Mais « la tâche propre du philosophe serait de résjrb.;r<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> GELEY. Ir


180 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

l'intelligence<br />

dans l'instinct ou plutôt<br />

de réintégrer l'instinct<br />

dans l'intelligence ». Ainsi comprise<br />

« la philosophie<br />

s'appuie sur la science, l'enveloppe et la suppose puis<br />

el<strong>le</strong> implique une épreuve de vérification proprement<br />

dite. » (1)<br />

On a objecté que<br />

cette conception de l'intuition et de ses<br />

rapports<br />

avec l'intelligence était <strong>par</strong>adoxa<strong>le</strong>, <strong>le</strong> raisonnement<br />

qui l'appuyait<br />

tournant dans un cerc<strong>le</strong> vicieux d'une<br />

<strong>par</strong>t, a-t-on dit <strong>au</strong>x Bergsoniens,<br />

l'intuition va '<strong>au</strong>-delà de l'intelligence,<br />

vous prétendez que<br />

dans un domaine<br />

qui lui est propre et d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t vous réservez à l'intelligence<br />

un droit de contrô<strong>le</strong> dans ce domaine qui n'est |>ôs<br />

<strong>le</strong><br />

sien<br />

C'est, répondent<br />

<strong>le</strong>s Bergsoniens, que l'intelligence<br />

évoquée <strong>par</strong> nous n'est<br />

«<br />

pas l'intelligence<br />

discursive et<br />

critique, laissée à ses propres forces. enfermée dais Tin<br />

cerc<strong>le</strong> infranchissab<strong>le</strong> ». Il s'agit de tout <strong>au</strong>tre chose<br />

«<br />

que l'intelligence accepte <strong>le</strong> risque de faire <strong>le</strong> s<strong>au</strong>t dans<br />

<strong>le</strong> fluide phosphorescent qui<br />

la baigne et à qui el<strong>le</strong> n'est<br />

pas tout à fait étrangère, puisqu'el<strong>le</strong> son est détachée et<br />

qu'en lui résident <strong>le</strong>s puissances complémentaires de l'entendement,<br />

el<strong>le</strong> s'y adaptera bientôt et ainsi ne sria<br />

momentanément perdue que pour se retrouver plus grande,<br />

plus forte, plus riche. » (1)<br />

Pour rompre « <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> infranchissab<strong>le</strong> » l'intelligence<br />

doit faire abstraction de ses méthodes habituel<strong>le</strong>s de raisonnement<br />

et s'abandonner à la puissance magique<br />

de<br />

l'intuition. Rénovée, vivifiée, exaltée, transformée <strong>par</strong><br />

l'intuition, l'intelligence deviendra une super-intelligence<br />

capab<strong>le</strong> de juger même <strong>le</strong>s produits de l'intuition.<br />

2° Critioie DE LA Philosophie bergsonienne<br />

La philosophie bergsonienne offre à la critique une méthode<br />

et des enseignements..<br />

(1) Le Roy Ibid.


L'ÉVOLUTION CRÉATtRtCJt; DE M. BERGSON 181<br />

Examinons d'abord la méthode<br />

D'après M. Bergson, <strong>le</strong>s grands problèmes philosophiques<br />

sur la vie, la nature de l'être et de l'univers, Dieu<br />

et la destinée, sont<br />

extra-scientifiques<br />

et <strong>le</strong>ur solution dépend<br />

uniquement de l'intuition.<br />

L'intuition, tel<strong>le</strong> qu'il la comprend, est à la fois inspiration<br />

instinctive et introspection. El<strong>le</strong> admet <strong>le</strong> conirô<strong>le</strong><br />

de l'intelligence, mais d'une intelligence super-intelligente,<br />

pour ainsi dire, d'une<br />

intelligence exaltée et vivifiée el<strong>le</strong>même<br />

<strong>par</strong> l'intuition.<br />

Cette méthode permettrait et permettrait seu<strong>le</strong> d'al<strong>le</strong>r<br />

<strong>au</strong> delà des faits connus et des notions scientifiques.<br />

La première question qui se pose est de se demander<br />

1" Si l'intuition<br />

bergsonienne<br />

in<strong>au</strong>gure une méthode inédite.<br />

« est chose nouvel<strong>le</strong> » et<br />

des<br />

intuitifs.<br />

D'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, l'intuition ne s<strong>au</strong>rait être spécialisée à la<br />

philosophie.<br />

El<strong>le</strong> est de tous <strong>le</strong>s domaines, philosophique,<br />

2° Si cette méthode doit être spécialisée à la philosophie<br />

comme la philosophie serait spécialisée à el<strong>le</strong>.<br />

Or, ces deux<br />

propositions ne sont nul<strong>le</strong>ment démontrées.<br />

Il est certain que tous <strong>le</strong>s hommes de<br />

génie, tous <strong>le</strong>s<br />

inventeurs, tous <strong>le</strong>s<br />

grands esprits qui ont ajouté quelque<br />

chose de nouve<strong>au</strong> à l'activité humaine, étaient, avant tout,<br />

artistique, industriel, scientifique.<br />

La science comporter<br />

<strong>au</strong>tant d'intuition<br />

que de raisonnement. Les grandes<br />

découvertes<br />

scientifiques ont été dans l'entendement d'hommes<br />

due génie avant d'être adaptées <strong>au</strong>x faits ou démontrées<br />

vraies. Il y a <strong>au</strong>tant d'intuition dans <strong>le</strong> génie d'un<br />

Newton ou d'un Pasteur que dans celui d'un grand métaphysicien.<br />

Ce<br />

qui distingue la méthode des philosophes de la méthode<br />

des savants et cela seu<strong>le</strong>ment c'est que <strong>le</strong>s<br />

savants se tiennent, <strong>au</strong>tant<br />

que possib<strong>le</strong>, dans la limite des<br />

faits, ont comme critérium l'adaptation <strong>au</strong>x faits ou <strong>le</strong>s


182 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

déductions rationnel<strong>le</strong>s tandis que<br />

<strong>le</strong>s<br />

philosophes,<br />

tout<br />

en cherchant à mettre <strong>le</strong>ur intuition en accord avec <strong>le</strong>s<br />

faits, s'élèvent <strong>par</strong>fois, dans des<br />

delà des faits.<br />

hypothèses hardies. <strong>au</strong><br />

clrose.<br />

C'est précisément ce que fait M. Bergson et pas <strong>au</strong>tre<br />

berg-<br />

Je sais bien qu'on a voulu voir dans « l'intuition<br />

sunienne »<br />

quelque<br />

chose d'inédit. J'avoue humb<strong>le</strong>ment<br />

n'avoir pas compris<br />

et trouver absolument fastidieuses <strong>le</strong>s<br />

discussions<br />

engagées à ce sujet entre <strong>par</strong>tisans et adversaires<br />

de M. Bergson.<br />

Il est bon d'ail<strong>le</strong>urs de faire ressortir que cette prétendue<br />

méthode nouvel<strong>le</strong><br />

qui consiste à<br />

opposer l'intuition à la<br />

raison et à<br />

placer dans la première la seu<strong>le</strong> source des<br />

vérités<br />

philosophiques avait déjà été revendiquée expressément<br />

et avait été déjà critiquée jadis, exactement comme<br />

el<strong>le</strong> l'est <strong>au</strong>jourd'hui<br />

« On cherche à passer en contrebande des<br />

sophismes<br />

palpab<strong>le</strong>s <strong>au</strong> lieu de preuves on en appel<strong>le</strong> à l'intuition.<br />

On abhorre <strong>le</strong> terrain de la réf<strong>le</strong>xion, c'est-à-dire de la<br />

connaissance raisonnée, de la délibération<br />

de l'exposition de bonne foi en un mot<br />

judicieuse<br />

et<br />

l'usage propre et<br />

normal de la raison on proclame un mépris souverain<br />

pour<br />

la<br />

philosophie réfléchie, en<br />

désignant <strong>par</strong> là toute<br />

suite de pensées bien enchaînées et bien<br />

logiques<br />

dans<br />

<strong>le</strong>urs déductions tel<strong>le</strong>s<br />

qu'el<strong>le</strong>s caractérisent <strong>le</strong>s trav<strong>au</strong>x<br />

des philosophes antérieurs.<br />

«<br />

Ensuite, quand la dose<br />

d'impudence est suffisante et,<br />

de plus, encouragée <strong>par</strong> l'ignorance de l'époque, on s'exprimera<br />

à ce sujet à peu près en ces termes « Il n'est<br />

pas diffici<strong>le</strong> de comprendre que celte « manière<br />

» qui<br />

consiste à énoncer une proposition, à donner <strong>le</strong>s raisons<br />

(lui l'appuient et à réfuter de même <strong>par</strong> des raisons la<br />

thèse contraire, n'est<br />

pas la forme sous laquel<strong>le</strong> puisse<br />

se présenter la vérité. La vérité est <strong>le</strong> mouvement d'el<strong>le</strong>même<br />

<strong>par</strong> el<strong>le</strong>-même. »


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE BERGSON 183<br />

Qui a écrit cette viru<strong>le</strong>nte apostrophe '<br />

Sans doute, pensera-t-on, un détracteur de M. Bergson<br />

critiquant la philosophie de la durée. Pas du tout c'est<br />

Schopenh<strong>au</strong>er <strong>par</strong>lant de Hegel (1).<br />

A vrai dire, la question de la nouve<strong>au</strong>té et de l'originalité<br />

de « l'intuition bergsonienne » est tout à fait secondaire.<br />

Admettons, un instant, cette nouve<strong>au</strong>té et contentonsnous<br />

d'apprécier la méthode <strong>par</strong> ses enseignements. Notre<br />

jugement dépendra des résultats obtenus.<br />

S'il est démontré que <strong>le</strong>s enseignements de JI. Bergson<br />

de va<strong>le</strong>ur gcce dans la limite où ils peuvent èlre contrôlés<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>s laits que, lorsqu'ils vont trop <strong>au</strong> delà des<br />

laits, ils sont ou insuffisantes ou erronés, il sera prouvé,<br />

<strong>par</strong> cel<strong>le</strong> démonstration, que « l'infrcition bergsonienne »<br />

n'a <strong>au</strong>cune va<strong>le</strong>ur spécia<strong>le</strong>.<br />

Il ne sera plus permis, dès lors, d'opposer la méthode<br />

intuitive à la méthode scientifique. Il sera établi, une fois<br />

de plus, qu'il n'y a, pour arriver à la vérité qu'une seu<strong>le</strong><br />

et même méthode, cel<strong>le</strong> qui fait concorder l'intuition avec<br />

la logique et l'examen des faits cel<strong>le</strong> qui n'admet pas<br />

d'<strong>au</strong>tres inductions que <strong>le</strong>s inductions rationnel<strong>le</strong>s, la méthode<br />

positive.<br />

Or, <strong>le</strong>s enseignements de M. Bergson peuvent'être divisés<br />

en trois catégories<br />

A) Les enseignements qui sont en concordance avec <strong>le</strong>s<br />

laits et rentrent, <strong>par</strong> conséquent dans <strong>le</strong> cadre de la mé1-<br />

thode scientifique.<br />

B) Les enseignements qui ne sont pas déeluits des laits<br />

et sont indémontrab<strong>le</strong>s.<br />

C) Les enseigr<strong>le</strong>ments qui sont en opposition avec des<br />

laits bien établis, et sont <strong>par</strong> conséquent erronés.<br />

Examinons successivement ces trois catégories d'enseignements.<br />

(1) Sohvpenh<strong>au</strong>er « <strong>par</strong>erga et <strong>par</strong>alipomena D.


184 DE 1. 'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

3° Enseignements en coNCtoRDA^ct: AVEC LES faits<br />

01' DÉDUITS DES FAITS<br />

Ce sont <strong>le</strong>s enseignements relatifs à l'évolution, en tant<br />

que doctrine généra<strong>le</strong>, à ses preuves, à son principe de<br />

c<strong>au</strong>salité essentiel<strong>le</strong>.<br />

La réalité du transformisme, l'impossibilité de l'expliquer<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>s facteurs classiques, sé<strong>le</strong>ction et<br />

adaptation.<br />

sont mises en lumière<br />

<strong>par</strong><br />

M.<br />

Bergson avec une<br />

logique<br />

impeccab<strong>le</strong> et une force de conviction irrésistib<strong>le</strong>.<br />

Aux raisons que j'ai exposées dans la première <strong>par</strong>tie de<br />

ce travail, raisons d'ordre synthétique, qu'on retrouve,<br />

pour la plu<strong>par</strong>t, plus ou moins<br />

développées, çà et là, dans<br />

divers chapitres de « l'Evolution créatrice » M. Bergson<br />

ajoute des raisons d'ordre analytique et spécial.<br />

Il trouve de nouvel<strong>le</strong>s preuves de l'impuissance des facteurs<br />

classiques dans l'examen de<br />

quelques détails cfanatomie<br />

com<strong>par</strong>ée, tels que l'oeil de certains mollusques com<strong>par</strong>é<br />

à l'œil des vertébrés.<br />

Ce travail analytique de M.<br />

Bergson<br />

est très consciencieux<br />

et <strong>le</strong> raisonnement déduit des faits considérés est<br />

précis et<br />

rigoureux.<br />

S'il n'est<br />

pas de nature à convaincre<br />

<strong>le</strong>s naturalistes (car la discussion<br />

peut s'éterniser sur ce<br />

sujet sans arriver à des conclusions irréfutab<strong>le</strong>s), cela est<br />

de peu d'importance, puisque l'examen<br />

synthétique<br />

de<br />

l'évolution prouve, d'une manière indéniab<strong>le</strong>, que <strong>le</strong>s facteurs<br />

classiques ne sont<br />

que des facteurs secondaires et<br />

qu'il existe un facteur essentiel encore inconnu.<br />

La nécessité de ce facteur essentiel, consistant dans une<br />

sorte de<br />

poussée intérieure créatrice, dans « l'élan vital »<br />

est mise en évidence<br />

<strong>par</strong> l'examen de tous <strong>le</strong>s faits.<br />

Ces enseignements de M.<br />

Bergson sont, je <strong>le</strong> répète, des<br />

inductions strictement rationnel<strong>le</strong>s et ne sortent pas du<br />

domaine de la méthode scientilique.<br />

Tels<br />

qu'ils sont, et en faisant abstraction des <strong>au</strong>tres


l'évolution CRÉATRICE DE M. BERCSOX 185<br />

enseignements,<br />

bergsoniesne,<br />

ils suffisent à assurer, à la philosophie<br />

un rang à <strong>par</strong>t dans <strong>le</strong>s h<strong>au</strong>tes manifestations<br />

de la pensée contemporaine.<br />

La notion de l'élan vital était en germe dans certains<br />

systèmes naturalistes, tels<br />

que<br />

celui de Noegeli et dans<br />

la<br />

philosophie panthéistkjue<br />

ancienne ou moderne mais<br />

<strong>le</strong> mérite propre du système bergsonien<br />

est de l'avoir<br />

adaptée rigoureusement <strong>au</strong>x faits et de l'avoir présenfée<br />

avec une puissance vraiment génia<strong>le</strong>.<br />

41 ENSEIGNEMENTS oui NE sont PAS DÉDUITS DES FAITS<br />

ET QUI NE sont PAS DÉMONTRABLES<br />

Ce sont <strong>le</strong>s enseignements sur Dieu, sur l'inexistence<br />

du néant, sur la nature de l'esprit et de la matière, sur<br />

<strong>le</strong>s<br />

rapports<br />

de la conscience et de<br />

l'organisme, sur l'indépendance<br />

de la conscience vis-à-vis de la matière, sur<br />

la liberté humaine, sur <strong>le</strong>s espérances de survie.<br />

Tous ces enseignements sont donnés sans être basés sur<br />

<strong>le</strong>s faits, même sur <strong>le</strong>s faits qui seraient susceptib<strong>le</strong>s,<br />

comme nous <strong>le</strong> verrons plus loin, de <strong>le</strong>s confirmer <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>ment.<br />

Ils sont d'ordre purement intuitif.<br />

Est-il besoin de démontrer <strong>le</strong>ur impuissance <br />

-Il f<strong>au</strong>t d'<strong>au</strong>tres arguments que <strong>le</strong> recours à l'intuition<br />

pour ruiner <strong>le</strong>s conceptions physiologiques classiques relatives<br />

à la dépendance de la conscience <strong>au</strong> cerve<strong>au</strong>. Tant<br />

que subsistera, dans la science, la notions expérimenta<strong>le</strong> du<br />

<strong>par</strong>allélisme tous <strong>le</strong>s plus be<strong>au</strong>x<br />

raisonnements d'ordre spiritualiste ou toutes <strong>le</strong>s plus<br />

h<strong>au</strong>tes<br />

espérances idéalistes, exprimées en dehors d'un<br />

acte de foi, resteront absolument sans va<strong>le</strong>ur.<br />

C'est en vain que M.<br />

Bergson<br />

s'efforce<br />

d'appuyer ses<br />

enseignements intuitifs sur des com<strong>par</strong>aisons,. II a be<strong>au</strong><br />

com<strong>par</strong>er l'évolution à un feu d'artifice Dieu <strong>au</strong> centre<br />

de jaillissement de ce feu d'artifice l'intelligence à la force<br />

ascendante des fusées et la matière <strong>au</strong>x débris retombantes


186 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

des fusées éteintes il a be<strong>au</strong> imaginer mil<strong>le</strong> com<strong>par</strong>aisons<br />

pour<br />

faire comprendre comment, en<br />

dépit<br />

du<br />

<strong>par</strong>allélisme<br />

psycho-physiologique<br />

liée à son<br />

organe.<br />

ap<strong>par</strong>ent,<br />

la conscience n'est pas<br />

toutes ces com<strong>par</strong>aisons, plus ingénieuses<br />

<strong>le</strong>s unes que <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres, peuvent donner à l'esprit<br />

une satisfaction superficiel<strong>le</strong><br />

et<br />

passagère<br />

el<strong>le</strong>s ne prouvent<br />

rien.<br />

Non seu<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong>s ne prouvent rien mais encore el<strong>le</strong>s<br />

sont dangereuses, <strong>par</strong><br />

l'illusion<br />

à un examen non approfondi<br />

de<br />

preuve qu'el<strong>le</strong>s donnent,<br />

et <strong>par</strong> <strong>le</strong>s erreurs où el<strong>le</strong>s<br />

peuvent<br />

entraîner.<br />

La principa<strong>le</strong> erreur de la philosophe bergsonienne,<br />

erreur gue nnus<br />

ferons<br />

ressortir tout l'heure, la conceplion<br />

anthropocentrique, vient probab<strong>le</strong>ment de la com<strong>par</strong>aison<br />

initia<strong>le</strong> de l'évolution un<br />

jeu d'artifice fusées<br />

divergentes.<br />

5° Contradictions ET imprécisions.<br />

ses,<br />

En dehors de ces com<strong>par</strong>aisons, illusoires ou<br />

dangereu-<br />

la<br />

philosophie<br />

de M.<br />

Bergson<br />

offre un caractère spécial,<br />

fait de contrndictions évidentes et d'imprécision quasi<br />

systématique.<br />

Lea contradictions sont tout à fait frappantes<br />

M. Bergson fait de l'intuition une sorte d'instinct déchu,<br />

un résidu de l'évolution anima<strong>le</strong>. Mais en même temps, il<br />

en fait la base de la<br />

méthode'philosophique de sorte que<br />

l'homme, l'Etre<br />

privilégié<br />

de la création, d'après son système<br />

,ne peut savoir la vérité<br />

qu'en ayant recours à la faculté<br />

qui, toujours d'après son système, caractérise l'évolution<br />

anima<strong>le</strong> Puis, pour pallier<br />

l'insuffisance de cette<br />

notion première de l'intuition, il arrive à en faire uine<br />

faculté supra humaine mais qui, cependant, n'est toujours<br />

que<br />

de l'instinct<br />

Il<br />

repousse <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> de<br />

l'intelligence<br />

en matière de<br />

philosophie, et il se voit contraint d'avoir recours, pour <strong>le</strong>


L'ÉVOLUTIONCRÉATRICEDE M. BERGSON 187<br />

contrô<strong>le</strong>, à je rie sais quel<strong>le</strong> super-intelligence différente<br />

de l'intelligence même.<br />

Il oppose l'intuition à l'intelligence, mais, <strong>par</strong> <strong>le</strong> raisonnement<br />

<strong>le</strong> plus subtil, il s'efforce de ramener l'une à<br />

l'<strong>au</strong>tre place <strong>le</strong> critérium de la vérité dans l'intuition contrôlée<br />

<strong>par</strong> l'intelligence, vivifiée el<strong>le</strong>-même <strong>par</strong> l'intuition<br />

de sorte qu'en dernier lieu, c'est l'intuition qui est à la lois<br />

juge et <strong>par</strong>tie.<br />

Il dénie à la logique <strong>le</strong> droit de connaître ce qui concerne<br />

la vie et <strong>le</strong>s grands problèmes philosophiques mais,<br />

n'en fait pas moins, dans son œuvre, une très large <strong>par</strong>t<br />

à l'érudition et <strong>au</strong> raisonnement<br />

Il invente une nouvel<strong>le</strong> entité métaphysique, « la durée<br />

», mais il se trouve que cette entité est basée précisément<br />

sur ce qu'il y a de moins certain, de plus subjectif,<br />

de plus relatif à notre entendement <strong>le</strong> concept du<br />

temps<br />

L'imprécision est plus formidab<strong>le</strong> encore L'oeuvre de<br />

M. Bergson aboutit fina<strong>le</strong>ment, grâce à cette imprécision,<br />

à un vague idéalisme, mais un ictéadisme gui n'arrive pas<br />

à s'exprimer franchement et nel<strong>le</strong>ment.<br />

Les difficultés semb<strong>le</strong>nt esquivées plutôt que résolues.<br />

Les anciennes ant.inomies ne sont pas conciliées dans une<br />

synthèse supérieure, vraie ou f<strong>au</strong>sse, mais du moins précise<br />

el<strong>le</strong>s sont, osons <strong>le</strong> dire, comme subtilisées sous des<br />

formu<strong>le</strong>s confuses et floues.<br />

Cette imprécision quasi systématique provoque, à la<br />

<strong>le</strong>cture approfondie de l'œuvre de M. Bergson, une sorte<br />

de malaise, que ni l'immense ta<strong>le</strong>nt de l'écrivain, ni ses<br />

vues génia<strong>le</strong>s n'arrivent à dissiper.<br />

On ne sait plus, en effet, si l'on entrevoit la vérité à<br />

travers un mirage ou si l'on est simp<strong>le</strong>ment dupe d'une<br />

illusion <strong>par</strong>adoxa<strong>le</strong>. On a l'impression d'une construction<br />

fort bel<strong>le</strong>, mais quasi fantomatique faite de draperies<br />

chatoyantes, masquant une structure intérieure incomplète<br />

et défectueuse, dont la base et <strong>le</strong> couronnement<br />

ap<strong>par</strong>aissent éga<strong>le</strong>ment évanescents.


188 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

On a la crainte d'être<br />

dupe<br />

d'une sorte de<br />

mirage<br />

ou<br />

de<br />

la<br />

fantasmagorie<br />

d'un<br />

magicien.<br />

« M.<br />

Bergson,<br />

dit M. Gillouin<br />

(1),<br />

nous entraîne avec<br />

lui, tournant et surmontant tous <strong>le</strong>s<br />

obstac<strong>le</strong>s, avec une<br />

aisance<br />

qui<br />

fait<br />

songer<br />

à je ne sais<br />

quel<strong>le</strong><br />

h<strong>au</strong>te<br />

éco<strong>le</strong><br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> » El<strong>le</strong> fait<br />

songer <strong>au</strong>ssi, malheureusement,<br />

à une sorte de<br />

prestidigitation.<br />

L'imprécision<br />

de<br />

la<br />

philosophie<br />

bergsonienne<br />

fait<br />

qu'el<strong>le</strong><br />

semb<strong>le</strong> conforme, à un examen<br />

superficiel,<br />

<strong>au</strong>x<br />

doctrines<br />

<strong>le</strong>s<br />

plus<br />

opposées.<br />

C'est<br />

un<br />

spectac<strong>le</strong><br />

comique<br />

et<br />

en<br />

même<br />

temps<br />

attristant,<br />

de voir <strong>le</strong>s tendances <strong>le</strong>s<br />

plus<br />

contraires<br />

se<br />

placer<br />

sous la tutel<strong>le</strong> de<br />

M. Bergson<br />

Déistes<br />

et<br />

panthéistes,<br />

dogmatiques<br />

et<br />

théosophes,<br />

néo-<br />

néo occultistes et<br />

même,<br />

<strong>par</strong>aît-il,<br />

néo<br />

catholiques,<br />

syndicalistes<br />

(2), invoquer<br />

son<br />

<strong>au</strong>torité<br />

Quant<br />

<strong>au</strong>x<br />

philosophes,<br />

ils<br />

sont<br />

simp<strong>le</strong>ment<br />

déconcertés<br />

<strong>par</strong><br />

un<br />

système<br />

assez<br />

soup<strong>le</strong> pour permettre<br />

de<br />

déclarer<br />

d'une<br />

<strong>par</strong>t (3)<br />

«<br />

Quel<strong>le</strong><br />

que<br />

soit l'essence intime de ce<br />

qui<br />

est et de ce<br />

qui<br />

se fait, nous en sommes » ce<br />

qui<br />

semb<strong>le</strong><br />

bien<br />

une<br />

profession<br />

de<br />

foi<br />

panthéiste,<br />

conforme<br />

à<br />

l'esprit<br />

général<br />

de<br />

la<br />

métaphysique bergsonienne et, d'<strong>au</strong>tre<br />

<strong>par</strong>t,<br />

affirmer<br />

que,<br />

de toute cette même<br />

métaphysique,<br />

« se<br />

générateur<br />

dégage<br />

nettement l'idée d'un Dieu créateur et libre,<br />

à la fois de la matière et de la vie, et dont<br />

l'effort de création se<br />

continue,<br />

du côté de la vie, <strong>par</strong><br />

l'évolution<br />

des<br />

espèces<br />

et<br />

<strong>par</strong><br />

la constitution des<br />

personnalités<br />

humaines » et<br />

que<br />

cette œuvre « est la réfutation<br />

catégorique<br />

du monisme et du<br />

panthéisme » (4).<br />

6" Enseignements contraires A DES FArTS BIEN ÉTABLIS<br />

L'un<br />

des<br />

princip<strong>au</strong>x<br />

enseignements<br />

de M.<br />

Bergson<br />

est<br />

(1) Giuxtoin La. philosophie, de M. "Bergson.<br />

(Q) Id.<br />

(3) Revue de métaphysique et de mora<strong>le</strong>, nov. 1911.<br />

(4) Etudes, 20 février 1917.


l'évolution CRLATBICE DE M. bergson 189*<br />

celui de la distinction, non pas de degré, mais de nature,<br />

entre l'animal et l'homme.<br />

Or cet enseignement<br />

ne s'appuie, sur <strong>au</strong>cun fait et il est<br />

en contradiction avec <strong>le</strong>s censaissances <strong>le</strong>s plus précises<br />

de la psychologie contemporaine.<br />

D'après M. Bergson, l'évolution en lignes divergentes<br />

<strong>au</strong>rait abouti, d'une<br />

<strong>par</strong>t,<br />

à l'instinct animal d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t<br />

à l'intelligence humaine. L'instinct animal <strong>au</strong>rait gardé<br />

des «<br />

»<br />

franges d'intelligence<br />

et l'intelligence humaine<br />

un résidu d'instinct. Mais instinct et intelligence sont sé<strong>par</strong>és<br />

<strong>par</strong> un abîme infranchissab<strong>le</strong> et l'l2omme représente<br />

seul <strong>le</strong> produit essentiel et supérieur de l'évolution,<br />

tandis<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

monde<br />

véc/élal<br />

et animal n'en sont que <strong>le</strong>s<br />

déchets.<br />

Cette théorie répugne profondément <strong>au</strong>x philosophes<br />

naturalistes,<br />

qui<br />

voient en el<strong>le</strong> un retour, plus ou moins<br />

sincère ou plus ou moins déguisé, <strong>au</strong>x vieil<strong>le</strong>s idées anthropocentriques.<br />

El<strong>le</strong> troub<strong>le</strong>rait infiniment, si el<strong>le</strong> était<br />

établie sur une base<br />

positive, l'harmonie de la synthèse<br />

évolutive.<br />

Mais cet'te base n'existe pas et<br />

l'enseignement<br />

de<br />

M.<br />

Bergson repose sur une omission<br />

capita<strong>le</strong> sur la mise<br />

à l'écart, dans la<br />

conception de « l'évolution créatrice »,<br />

du psychisme sub<strong>conscient</strong>.<br />

L'étude du psychisme sub<strong>conscient</strong> chez l'animal et chez<br />

l'homme prouve avec évidence, nous allons <strong>le</strong> faire ressortir,<br />

l'identité de nature de l'animal et de l'homme.<br />

Point n'est besoin de rechercher s'il n'y a pas, chez<br />

l'animal, plus que des<br />

franges d'intelligence<br />

la<br />

psychologie<br />

com<strong>par</strong>ée est<br />

trop peu avancée pour permettre de<br />

l'établir avec certitude. Il suffira de démontrer qu'il y a,<br />

chez l'homme, <strong>au</strong>tre chose que des résidus d'instinct<br />

un domaine sttb<strong>conscient</strong><br />

infiniment vaste gui n'est gue <strong>le</strong><br />

dévelopuement de cet instinct.<br />

A' ce domaine<br />

ap<strong>par</strong>tient l'<strong>au</strong>tomatisme des<br />

grandes<br />

fonctions vita<strong>le</strong>s, identique chez l'homme et chez l'animal<br />

<strong>le</strong>s<br />

grandes forces instinctives (instinct de conservation, de


190 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

reproduction, etc.) éga<strong>le</strong>ment puissantes<br />

chez l'animal et<br />

chez l'homme, bien<br />

que <strong>par</strong>fois masquées<br />

chez ce dernier<br />

et enfin <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

supérieur<br />

actif,<br />

dont<br />

l'instinct<br />

animal<br />

n'est<br />

que<br />

la<br />

première<br />

manifestation,<br />

et<br />

qui<br />

joue,<br />

dans la vie menta<strong>le</strong> de<br />

l'homme,<br />

un rô<strong>le</strong> infiniment<br />

plus<br />

vaste<br />

que<br />

celui de la<br />

conscience,<br />

derrière<br />

laquel<strong>le</strong><br />

il<br />

se<br />

dérobe<br />

simp<strong>le</strong>ment.<br />

La<br />

psychologie<br />

sub<strong>conscient</strong>e domine la rie aninta<strong>le</strong><br />

comme el<strong>le</strong> domine la vie humaine et la conscience<br />

n'ap<strong>par</strong>ait<br />

que<br />

comme<br />

une<br />

acquisition,<br />

qui<br />

se réalise <strong>au</strong><br />

[un<br />

et èc mesure de cel<strong>le</strong> évolution et<br />

proportionnel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>au</strong><br />

nive<strong>au</strong><br />

atteint de cette évolution. Il<br />

n'y<br />

a<br />

donc<br />

pas<br />

de<br />

di||érence<br />

de nature entre l'canrmal et l'homme tous deux sont<br />

régis<br />

<strong>au</strong><br />

point<br />

de<br />

vue<br />

psychique,<br />

pair'<br />

l'In<strong>conscient</strong>.<br />

Il<br />

n'y<br />

a,<br />

entre eux, qu'une difâérence<br />

de<br />

degré, marquée <strong>par</strong> <strong>le</strong>.<br />

degré<br />

de réalisation conscienliel<strong>le</strong>.<br />

La démonstration de cette vérité est<br />

capita<strong>le</strong>,<br />

car<br />

el<strong>le</strong><br />

porte<br />

avec el<strong>le</strong> la faillite d'un I<strong>le</strong>s<br />

princip<strong>au</strong>x<br />

enseignements<br />

du<br />

système<br />

bergsonicn,<br />

et<br />

<strong>par</strong><br />

suite,<br />

de sa méthode.<br />

Cette<br />

démonstration<br />

comporte<br />

trois<br />

<strong>par</strong>ties<br />

A) L'instinct animal n'est<br />

que<br />

la<br />

manifestations<br />

première,<br />

d'ordre<br />

intérieur,<br />

du<br />

psychisme<br />

in<strong>conscient</strong>.<br />

B) La subconscience humaine, n'est<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

développe.-<br />

n<strong>le</strong>nt,<br />

l'épanouissement,<br />

l'enrichissement,<br />

<strong>par</strong><br />

l'évolution<br />

progressive,<br />

C) Le<br />

degré<br />

de l'instinct animal.<br />

de réalisation conscienüel<strong>le</strong> chez l'animal<br />

et chez l'homme, et de l'animal l'homme, est<br />

purement<br />

et<br />

simp<strong>le</strong>ment<br />

fonction<br />

du<br />

nive<strong>au</strong><br />

évolutif.<br />

A) L'INSTINCT ANIMAL n'est o<strong>le</strong> LA manifestation PREMIÈRE,<br />

D'ORDRE<br />

INFÉRIEUR,<br />

<strong>Dr</strong> PSYCHISME SUBCONSCIENT.<br />

En effet, l'instinct n'obéit, en majeure <strong>par</strong>tie, ni à la<br />

logique, ni à la réf<strong>le</strong>xion <strong>conscient</strong>e, ni à la volonté. Ses<br />

ap<strong>par</strong>ences sont cel<strong>le</strong>s du sub<strong>conscient</strong> humain.<br />

L'instinct aboutit à des résultats merveil<strong>le</strong>ux, souvent


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE M. BERGSON 191<br />

supérieurs <strong>au</strong>x résultats de la réf<strong>le</strong>xion voulue et <strong>conscient</strong>e<br />

c'est exactement ce<br />

que<br />

fait <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> humain.<br />

L'instinct est mystérieux dans son essence il ne relève<br />

d'<strong>au</strong>cune des règ<strong>le</strong>s psychologiques connues, tout comme<br />

<strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> humain.<br />

L'instinct enfin, se rattache <strong>au</strong> sub<strong>conscient</strong> humain <strong>par</strong><br />

la psychologie dite<br />

supranorma<strong>le</strong>, dont il est impossib<strong>le</strong><br />

de ne pas<br />

tenir<br />

compte <strong>au</strong>jourd'hui.<br />

On observe, dans l'instinct dit accidentel, une transition<br />

très nette et très<br />

frappante<br />

entre <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> instinctif<br />

proprement<br />

dit et <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> supranormal.<br />

Guidés <strong>par</strong> cet instinct accidentel, <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x se comportent<br />

<strong>par</strong>fois avec la sûreté, la lucidité inhérentes <strong>au</strong><br />

somnanbulisme<br />

humain.<br />

Fabre a cité <strong>le</strong>s exemp<strong>le</strong>s suivants, observés <strong>par</strong> luimême<br />

Un chat est transporté, sans pouvoir se rendre compte<br />

du chemin <strong>par</strong>couru, loin de la maison familière, d'un<br />

bout à l'<strong>au</strong>tre de la vil<strong>le</strong> d'Avignon. Il s'échappe tout à<br />

coup et, en<br />

quelques instants, arrive à son ancien domici<strong>le</strong>.<br />

Il avait traversé la vil<strong>le</strong> sensib<strong>le</strong>ment en droite<br />

ligne,<br />

sans tenir compte des obstac<strong>le</strong>s non absolument infranchissab<strong>le</strong>s.<br />

Il avait <strong>par</strong>couru un<br />

long<br />

déda<strong>le</strong> de rues popu-<br />

de la route, <strong>le</strong>s<br />

gamins<br />

<strong>le</strong>uses, sans voir <strong>le</strong>s mil<strong>le</strong><br />

périls<br />

ni <strong>le</strong>s chiens. Il avait traversé à la nage un cours d'e<strong>au</strong>,<br />

la Sorgue, dédaignant <strong>le</strong>s ponts, qui<br />

ne se trouvaient pas<br />

exactement sur son passage bref, il avait<br />

comme en état de somnanbulisme.<br />

agi<br />

tout à fait<br />

Un <strong>au</strong>tre chat est emmené, en chemin de fer, d'Orange<br />

à Sérignan (7 kilomètres de distance). Il semb<strong>le</strong>, pendant<br />

<strong>le</strong>s premiers jours, s'accoutumer à sa nouvel<strong>le</strong> demeure<br />

et ne manifeste <strong>au</strong>cune idée de fugue. Puis, tout à coup,<br />

emporté <strong>par</strong> une impulsion irrésistib<strong>le</strong>, il<br />

s'échappe<br />

et<br />

rejoint son ancien domici<strong>le</strong> <strong>par</strong> la ligne la plus courte, en<br />

traversant l'Aygues à la nage


192 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> .il: CONSCIENT<br />

<strong>De</strong>s cas analogues<br />

de chiens, <strong>par</strong>courant un trajet inconnu,<br />

long<br />

et<br />

compliqué, pour rejoindre la maison de<br />

<strong>le</strong>ur maître, ont été maintes fois<br />

signalés.<br />

Nous touchons, <strong>par</strong> ces exemp<strong>le</strong>s, à ce qu'os a appelé<br />

la<br />

phénoménologie mélapsy chique.<br />

Et, en effet, on a pu constater, chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x, non<br />

seu<strong>le</strong>ment des manifestations hypnotiques ou somnambuliques,<br />

mais de véritab<strong>le</strong>s<br />

phénomènes<br />

supr<strong>au</strong>onn<strong>au</strong>x.<br />

Certains ont <strong>par</strong>fois d'étranges prémonitions <strong>le</strong> « hurliement<br />

à la mort » des chiens ne peut plus être oublié,<br />

quand on l'a une fois entendu, dans des ciramstaaoes tragiques.<br />

Je l'ai moi-même observé à diverses reprises et<br />

j'en ai été vivement impressionné.<br />

En voici un cas<br />

Une nuit, je veillais, en qualité de médecin, une jeune<br />

femme qui, atteinte en p<strong>le</strong>ine santé, <strong>le</strong> jour même, d'un<br />

mal<br />

foudroyant, était à l'agonie. La famil<strong>le</strong> était avec moi,<br />

si<strong>le</strong>ncieuse et éplorée. La malade râlait. Il était use heure<br />

du matin (la mort survint <strong>au</strong> jour).<br />

Tout à coup, dans <strong>le</strong> jardin qui entourait la maison,<br />

retentirent des hur<strong>le</strong>ments à la mort, poussés <strong>par</strong> <strong>le</strong> chien<br />

de la maison. C'était une<br />

longue plainte, lugubre, sur une<br />

note<br />

unique, émise d'abord sur un ton é<strong>le</strong>vé, puis qui<br />

allait, decrescendo, jusqu'à s'éteindre doucement et très<br />

<strong>le</strong>ntement.<br />

11 y avait un si<strong>le</strong>nce de<br />

quelques secondes, et la plainte<br />

reprenait,<br />

identique<br />

et monotone, infrniment triste. La<br />

malade eut une lueur de connaissance et nous regarda,<br />

anxieuse. El<strong>le</strong> avait<br />

compris. Le mari descendit à la hâte<br />

pour faire taire <strong>le</strong> chien. A son approche, l'animal se cacha<br />

et il fut<br />

impossib<strong>le</strong>, <strong>au</strong> milieu de la nuit, de <strong>le</strong> trouver.<br />

Dès<br />

que <strong>le</strong> mari fut remonté, la plainte recoœmeaça<br />

et ce fut ainsi pendant plus d'une heure, jusqu'à ce que<br />

<strong>le</strong> chien put être saisi et emmené <strong>au</strong> loin.<br />

Le naturaliste R. Wallace et d'<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs ont cité<br />

nombre de cas, d'ordre<br />

métapsychique, plus mystérieux


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE M. BERGSON 193<br />

encore, ay<strong>au</strong>t pour acteurs des anim<strong>au</strong>x, spécia<strong>le</strong>ment ks<br />

,chiens et <strong>le</strong>s chev<strong>au</strong>x.<br />

On connaît, à ce propos, <strong>le</strong>s cas des chev<strong>au</strong>x calculateurs,<br />

d'Elbedeld. Ce cas a été observé <strong>par</strong> maints savants,<br />

tels que <strong>le</strong> professeur Cla<strong>par</strong>ède, de Genève, et<br />

tous sont unanimes à en affirmer l'<strong>au</strong>thenticité.<br />

M. de Vesme a montré qu'il ne s<strong>au</strong>rait<br />

s'agir<br />

de calculs<br />

<strong>conscient</strong>s et<br />

réfléchis, mais de solutions d'ordre métapsychique<br />

et sub<strong>conscient</strong> (1).<br />

Je crois inuti<strong>le</strong> d'insister sur ces faits où des faits analogues<br />

connus de tous <strong>le</strong>s spécialistes.<br />

<strong>De</strong> Hartmann avait déjà assimilé <strong>le</strong>s caractères de l'instinct<br />

<strong>au</strong>x caractères des manifestations supranorma<strong>le</strong>s<br />

dans <strong>le</strong>s cas de doub<strong>le</strong> vue, de pressentiment, de clairvoyance.<br />

C'est, remarque-t-il, avec la même soudaineté et<br />

la<br />

même<br />

précision, que l'instinct et <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> imposent<br />

<strong>le</strong>urs données à la conscience.<br />

En<br />

résumé, ce qu'il f<strong>au</strong>t retentir de l'analyse de l'instinct<br />

animal, c'est qu'il est d'ordre sub<strong>conscient</strong> qu'il est<br />

de la même essence que<br />

<strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> humain qu'il<br />

n'est, de toute évidence, que la manifestations première,<br />

d'ordre inférieur, de ce psychisme sub<strong>conscient</strong>.<br />

S'il occupe, chez l'animal la totalité ou la<br />

quasi<br />

totalité<br />

du champ psychologique,<br />

c'est simp<strong>le</strong>ment <strong>par</strong>ce que,<br />

chez lui, <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> n'est encore qu'à l'état d'éb<strong>au</strong>che.<br />

B) LA Scbconscience humaine n'est que LE développement,<br />

l'enrichissement DE l'instinct animal.<br />

l'épanouissement,<br />

Cette loi n'est que<br />

<strong>le</strong> corollaire de la<br />

et<br />

première<br />

repose<br />

sur la même argumentation.<br />

On trouve, dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

humain, tout ce qui caractérise essentiel<strong>le</strong>ment l'instinct<br />

animal. M. Ribot a dit de l'inspiration<br />

Avant<br />

tout,<br />

(1) Anna<strong>le</strong>s des sciences psychiques.


194 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

el<strong>le</strong> est impersonnel<strong>le</strong> et involontaire el<strong>le</strong> agit à la façon<br />

d'un instinct, quand<br />

et comme il lui<br />

plaît. » (1)<br />

Il reste seu<strong>le</strong>ment à établir que<br />

ce<br />

qui, dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>,<br />

est<br />

supérieur<br />

à l'instinct, peut s'expliquer simp<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong> la différence de nive<strong>au</strong> évolutif.<br />

Cette démonstration sera faite dans <strong>le</strong> livre II, <strong>au</strong>quel<br />

nous<br />

renvoyons <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur.<br />

Nous montrerons <strong>par</strong> quel processus se fait l'enrichissement<br />

progressif<br />

du sub<strong>conscient</strong> et comment l'inspiration<br />

génia<strong>le</strong>,<br />

l'intuition supérieure, <strong>le</strong>s facultés créatrices<br />

qu'il possède ont déjà <strong>le</strong>ur éb<strong>au</strong>che dans l'instinct animal.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs il serait diffici<strong>le</strong>, <strong>au</strong>x <strong>par</strong>tisans de M. Bergson,<br />

de<br />

s'insurger contre cette loi, puisque, pour eux,<br />

l'intuition est d'essence instinctive.<br />

On<br />

comprend infiniment mieux l'intuition, en la considérant<br />

comme un épanouissement et un enrichissement<br />

de l'instinct, qu'en la considérant comme un résidu d'une<br />

faculté spécia<strong>le</strong> à l'animal.<br />

C) LE DEGRÉ DE réalisation COXSCIENTIELLE chez L'ANIMAL<br />

ET CHEZ L'HOMME ET DE L'ANIMAL A I.'lIOMME EST PUREMENT<br />

ET SIMPLEMENT FONCTION DU NIVEAU ÉVOLUTIF.<br />

La démonstration de cette loi sera faite, éga<strong>le</strong>ment,<br />

dant. <strong>le</strong> livre II. Cette démonstration<br />

perd d'ail<strong>le</strong>urs be<strong>au</strong>coup<br />

de son<br />

importance <strong>par</strong> suite de la constatation que<br />

la majeure <strong>par</strong>tie de la<br />

psychologie, soit humaine, soit<br />

anima<strong>le</strong> est sùb<strong>conscient</strong>e et<br />

que <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> est de<br />

même essence chez l'homme et chez l'animal.<br />

Dès lors, la<br />

dtflérence capita<strong>le</strong> que M. Bergson s'eUorçait<br />

d'établir entre l'instinct animal et<br />

humaine,<br />

perd toute<br />

impohtance.<br />

t'intelligence<br />

A ne considérer que <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> de l'évolution <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>,<br />

prise sé<strong>par</strong>ément, il devient bien évident<br />

est<br />

qu'el<strong>le</strong><br />

simp<strong>le</strong> fonction du nive<strong>au</strong> évolutif et qu'il n'y a pas<br />

(1) Ribot<br />

Psychologie des sentiments. (C'est moi qui ai souligné<br />

à la façon d'un instinct.)


L'ÉVOLUTION CRÉATRICE DE M. BERGSON 195<br />

<strong>le</strong> moins du monde d'abîme infranchissab<strong>le</strong> entre l'intelligence<br />

anima<strong>le</strong> et l'intelligence humaine.<br />

ll ap<strong>par</strong>aît profondément illogique et f<strong>au</strong>x de dire qu'il<br />

n'y a, dans l'animal, que des franges résiduel<strong>le</strong>s d'intelligence.<br />

<strong>De</strong> la base <strong>au</strong> sommet actuel de l'évolution, il y a une<br />

intelligence <strong>conscient</strong>e qui se développe <strong>par</strong> degrés potentiel<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> monde végétal et dans l'animalité très<br />

inférieure éb<strong>au</strong>chée dans l'animalité plus é<strong>le</strong>vée déjà<br />

nette et active dans l'animalité avancée, où el<strong>le</strong> commence<br />

à jouer un rô<strong>le</strong> important plus nette et plus active encore<br />

dans l'humanité inférieure rayonnante et épanouie<br />

dans l'humanité supérieure.<br />

Il nous reste à tirer une conclusion d'ensemb<strong>le</strong> de cet<br />

examen de la conception bergsonienne de a l'Evolution<br />

créatrice ».<br />

<strong>De</strong> tous ses enseignements, <strong>le</strong>s seuls qui résistent à la<br />

critique, sont précisément <strong>le</strong>s enseignements basés sur<br />

l'examen des laits ou tirées, <strong>par</strong> une induclion rationnel<strong>le</strong>,<br />

de l'examen des laits:<br />

Ce sont <strong>le</strong>s enseignements sur la c<strong>au</strong>se primordia<strong>le</strong> de<br />

l'évolution, sur l'insuffisance des facteurs classiques, sé<strong>le</strong>ction<br />

ou adaptation, sur la nécessité d'admettre un élan<br />

vital essentiel et créateur.<br />

Les <strong>au</strong>tres enseignements, ceux qui sont basés sur une<br />

conception soi-disant nouvel<strong>le</strong> de l'intuition sont, ou bien<br />

insuffisants et imprécis, ou bien, pire encore, contraires<br />

<strong>au</strong>x<br />

faits.<br />

Quoi que l'on pense de la méthode de M. Bergson,<br />

quelque admiration que l'on professe pour son incom<strong>par</strong>ab<strong>le</strong><br />

ta<strong>le</strong>nt d'exposition et de séduction, on ne s<strong>au</strong>rait<br />

trouver, dans <strong>le</strong> système de « l'Evolution créatrice » une solution<br />

de la grande énigme.<br />

Les vérités qu'il contient sont éclipsées <strong>par</strong> une erreur<br />

certaine, portant sur un point-essentiel et viciant radica<strong>le</strong>ment<br />

toute sa métaphysique.<br />

<strong>Dr</strong> GtTSTAVE GrELlîT. 14


CHAPITRE<br />

IV<br />

LA PHILOSOPHIE DE L'INCONSCIENT<br />

Nous venons de voir que la principa<strong>le</strong> erreur de « l'Evolution<br />

créatrice » et en général de tout <strong>le</strong> système bergsonien,<br />

consiste dans la mise à l'écart de la psychologie<br />

dite in<strong>conscient</strong>e ou subconscienfe.<br />

Nous allons examiner maintenant la philosophie basée<br />

précisément, <strong>au</strong> contraire de cel<strong>le</strong> de M. Bergson, sur<br />

l'In<strong>conscient</strong>.<br />

L'expression<br />

«<br />

philosophie de l'In<strong>conscient</strong> » a été<br />

inventée <strong>par</strong> de Hartmann mais la base de cette philosophie,<br />

la notion d'un In<strong>conscient</strong> créateur, immanent et<br />

omniprésent, est de toutes <strong>le</strong>s époques et de toutes <strong>le</strong>s<br />

civilisations.<br />

Les nombreuses conceptions métaphysiques de l'entendement<br />

humain sur la nature des choses se ramènent,<br />

somme toute, à deux, en ap<strong>par</strong>ence contradictoires, si la<br />

contradiction n'est pas due simp<strong>le</strong>ment à la limitation<br />

actuel<strong>le</strong> de nos facultés intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s et intuitives.<br />

Les unes admettant un créateur et une création, font de<br />

la création une œuvre raisonnée, l'effort d'une volonté<br />

souveraine et <strong>conscient</strong>e. El<strong>le</strong>s se heurtent à des antinomies<br />

inconciliab<strong>le</strong>s, comme cel<strong>le</strong>s de l'idée providentiel<strong>le</strong><br />

et de l'universalité du mal ou de l'âme individuel<strong>le</strong>, immortel<strong>le</strong>,<br />

mais non éternel<strong>le</strong>, n'ayant pas de fin, mais<br />

ayant eu un commencement.<br />

Les <strong>au</strong>tres placent <strong>le</strong> divin dans l'univers même. <strong>De</strong><br />

1 infinie variété et multiplicité des phénomènes, passagers


LA PHILOSOPHIE DE L'INCONSCIENT 197<br />

et éphémères, el<strong>le</strong>s s'efforcent de dégager l'essence divine,<br />

seu<strong>le</strong> réel<strong>le</strong> et permanente.<br />

Pour el<strong>le</strong>s l'univers matériel, dynamique et intel<strong>le</strong>ctuel<br />

est fait de « représentations » ou d'obdectivations », de<br />

l'immanence créatrice mais ces représentations ne procèdent<br />

pas nécessairement d'an effort réfléchi et voulu<br />

car la conscience n'ap<strong>par</strong>aît pets comme un attribut primordial<br />

de l'Unité.<br />

L'Unique, <strong>le</strong> Réel, opposé <strong>au</strong> divers et à l'illusoire, c'est<br />

<strong>le</strong> principe divin des religions de l'Inde ou <strong>le</strong> principe<br />

unique des panthéistes et des monistes, c'est « l'Idée » de<br />

Platon, c'est « l'Intel<strong>le</strong>ct actif » d'Averrhoes, c'est la « Natura<br />

naturans », de Spinoza c'est « la Chose en soi » de<br />

Kant c'est ta « Volonté » de Schopenh<strong>au</strong>er et c'est « l'In<strong>conscient</strong><br />

» de de Hartmann.<br />

1° La démonstration DE Schopeniiacer<br />

Jusqu'à la période moderne, cette conception grandiose<br />

n'avait reposé que sur l'intuition. El<strong>le</strong> était restée d'ordre<br />

purement métaphysique et, <strong>par</strong> suite, entourée d'obscurités<br />

on de contradictions.<br />

<strong>De</strong> nos jours seu<strong>le</strong>ment et de plus en plus. el<strong>le</strong> s'adapte<br />

<strong>au</strong>x laits el<strong>le</strong> entre dans <strong>le</strong> domaine de la philosophie<br />

scienlilique. El<strong>le</strong> s'y adapte si bien qu'el<strong>le</strong> est destinée,<br />

sans doute, à permettre la fusion, la condensation du génie<br />

oriental et du génie oce-idental à rendre accessib<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s plus. h<strong>au</strong>tes vérités à constituer la base et la charpente<br />

de l'édifice à la fois philosophique et scientifique qui<br />

abritera désormais toutes <strong>le</strong>s aspirations et tous <strong>le</strong>s idéals.<br />

C'est à Schopenh<strong>au</strong>er qvte revient <strong>le</strong> mérite premier de<br />

cette adaptation <strong>au</strong>x faits. Sans doute, son système comprend<br />

de graves erreurs erreurs explicab<strong>le</strong>s <strong>par</strong> l'insuffisance<br />

des notions naturalistes et p:syehologiqL<strong>le</strong>s dont<br />

il <strong>par</strong>tait mais, <strong>par</strong> sa clarté et sa précision, <strong>par</strong> sa profondeur<br />

génia<strong>le</strong>, il mérite d'être pris comme point de<br />

dé<strong>par</strong>t de toute étude moderne sur la nature des choses.


198 dk <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

Il est indispensab<strong>le</strong>, pour bien comprendre la suite de<br />

ce travail, d'avoir, présente<br />

à l'esprit, la thèse de Schopenh<strong>au</strong>er.<br />

Or,<br />

« <strong>le</strong> monde comme volonté et comme représentalion»<br />

» ne peut pas<br />

être résumé. Il doit être étudié et médité<br />

tel<br />

quel.<br />

L'idée<br />

première,<br />

qui<br />

ramène <strong>le</strong>s diverses,<br />

<strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>ences des choses à un principe<br />

unique, essentiel et permanent, ne s<strong>au</strong>rait être isolée de<br />

sa démonstration intuitive et logique, des développements<br />

dictés<br />

<strong>par</strong><br />

une inspiration souveraine, en un mot du cadre<br />

magique où l'a<br />

exposée <strong>le</strong> grande philosophe.<br />

Ce cadre est<br />

nécessaire pour en faire comprendre la puissance et pour<br />

mettre en va<strong>le</strong>ur sa be<strong>au</strong>té.<br />

Un exposé analytique est cependant indispensab<strong>le</strong> ici et<br />

je m'en rends bien<br />

compte.<br />

Mais je prie du moins <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur<br />

instruit d'en <strong>par</strong>donner l'insuffisance fata<strong>le</strong>, et je<br />

m'en excuse d'avance comme d'une profanation.<br />

Le système de Schopenh<strong>au</strong>er ne prétend pas tout<br />

expliquer. Il proclame que certaines<br />

questions<br />

de h<strong>au</strong>te<br />

métaphysique,<br />

cel<strong>le</strong>s du commencement et de la fin, ne<br />

sont<br />

pas susceptib<strong>le</strong>s d'être tota<strong>le</strong>ment résolues. Il ne se<br />

demande donc pas d'où vient <strong>le</strong> monde ni comment il finira.<br />

Il recherche simp<strong>le</strong>ment<br />

ce<br />

qu'il est.<br />

Pour<br />

Schopenh<strong>au</strong>er, <strong>le</strong> monde est la fois volonté et représeratation<br />

volonté réel<strong>le</strong>, représentation illusoire et<br />

factice.<br />

Pourquoi<br />

la<br />

désignation de volonté, appliquée<br />

à<br />

l'essence<br />

réel<strong>le</strong> des choses C'est que la volonté « est quelque<br />

chose<br />

d'immédiatement !Connu, et connu de tel<strong>le</strong><br />

sorte que nous savons et<br />

comprenons mieux ce qu'est la<br />

volonté<br />

que<br />

tout ce qu'on voudra. <strong>le</strong> concept de volonté<br />

est <strong>le</strong> seul, <strong>par</strong>mi tous <strong>le</strong>s<br />

concepts possib<strong>le</strong>s, qui n'ait<br />

pas<br />

son origine dans <strong>le</strong><br />

phénomène, dans une simp<strong>le</strong> représentation<br />

intuitive, mais vienne du fond même, de la cons-


LA PHILOSOPHIE DE l'iNCO.NSCILNT 199<br />

cience immédiate de l'individu, dans laquel<strong>le</strong> il se reconnaisse<br />

lui-même, dans son essence, immédiatement, sans<br />

<strong>au</strong>cune formé, même cel<strong>le</strong> du sujet et de<br />

l'objet,<br />

qu'ici<br />

<strong>le</strong> connaissant et <strong>le</strong> connu coïncident. »<br />

attendu<br />

La volonté est la seu<strong>le</strong> chose<br />

qui<br />

soit réel<strong>le</strong>ment. C'est<br />

l'absolu divin. El<strong>le</strong> est une, indestructib<strong>le</strong>, éternel<strong>le</strong>, en<br />

dehors de l'espace et du temps. El<strong>le</strong> ne<br />

comporte ni individualisation,<br />

ni '.commencement, ni fin, ni<br />

anéantissement.<br />

origine,<br />

ni<br />

La<br />

volonté, en s'objectivant, produit <strong>le</strong>s diverses, <strong>le</strong>s<br />

innombrab<strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>ences des choses « Dans la multiplicité<br />

des phénomènes qui remplissent <strong>le</strong> monde, où ils se<br />

juxtaposent ou se chassent<br />

réciproquement comme successions<br />

d'événements, c'est la volonté seu<strong>le</strong><br />

qui se manifeste<br />

c'est el<strong>le</strong> dont tous ces phénomènes constituent la visibilité,<br />

l'objectivité c'est el<strong>le</strong> qui demeure immuab<strong>le</strong> <strong>au</strong> milieu<br />

de toutes <strong>le</strong>s variations. El<strong>le</strong> seu<strong>le</strong> est la chose en<br />

soi et tout objet est manifestation, phénomène, pour<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong>r<br />

<strong>le</strong><br />

langage<br />

de Kant. » (1)<br />

La volonté est primitivement et essentiel<strong>le</strong>ment in<strong>conscient</strong>e.<br />

El<strong>le</strong> n'a pas besoin de motifs pour agir. Nous la<br />

voyons, en effet, chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x, se montrer active sans<br />

<strong>au</strong>cune espèce de connaissance, sous l'impulsion de l'instinct<br />

aveug<strong>le</strong>.<br />

Chez l'homme même, la volonté est in<strong>conscient</strong>e<br />

dans toutes <strong>le</strong>s fonctions organiques, la digestion,<br />

<strong>le</strong>s sécrétions, la croissance, la reproduction et dans tous<br />

<strong>le</strong>s processus vit<strong>au</strong>x. « Ce ne sont pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s actions<br />

du corps, c'est <strong>le</strong> corps entier lui-même<br />

qui est, nous<br />

l'avons vu, l'expression phénoména<strong>le</strong> de la volonté, la<br />

volonté objectivée, la volonté devenue concrète tout ce<br />

qui<br />

se<br />

passe en lui doit donc sortir de la volonté ici toutefois,<br />

cette volonté n'est plus guidée <strong>par</strong> la conscience,'<br />

el<strong>le</strong> n'est plus réglée <strong>par</strong> des motifs el<strong>le</strong> agit aveuglément.<br />

»<br />

(1) « Le monde conime volonté et représentation ».


300 DE AU CONSCIENT<br />

La volonté se révè<strong>le</strong> comme in<strong>conscient</strong>e dans l'immense<br />

majorité de ses représentations dans tout <strong>le</strong> monde inorganique,<br />

dans <strong>le</strong> monde végétal et dans presque tout <strong>le</strong><br />

règne animal.<br />

Ce que nous appelons la conscience n'a rien., en soi,<br />

d'essentiel. El<strong>le</strong> ne tient pas la volonté même. El<strong>le</strong> n'en<br />

est qu'une réalisation temporaire, un produit éphémère<br />

et<br />

vain.<br />

« La volonté, la volonté sans intelligence (ea soi, el<strong>le</strong><br />

n'est point <strong>au</strong>tre), désir aveug<strong>le</strong>, irrésistib<strong>le</strong>, teJie que nous<br />

la voyons se montrer encore dans <strong>le</strong> monde brut, dans la<br />

nature végéta<strong>le</strong>, et dans <strong>le</strong>urs his, <strong>au</strong>ssi bien que dans la<br />

<strong>par</strong>tie végétative de notre propre corps, cette volonté,<br />

dis-je, grâce <strong>au</strong> monde représenté, qui vieat .s'offrir à<br />

el<strong>le</strong> et qui se développe pour la servir, arrive à savoir<br />

qu'el<strong>le</strong> veut, à savoir- ce qu'est ce qu'el<strong>le</strong> veut c'est ce<br />

monde même, c'est la vie, tel<strong>le</strong> justement qu'el<strong>le</strong> se réalise<br />

là. »<br />

Mais cette conscience, si limitée, qu'acquiert ainsi la<br />

volonté est encore plus éphémère el<strong>le</strong> ne dépasse pas<br />

<strong>le</strong>s bornes temporaires de l'individualisation. C'est seu<strong>le</strong>ment<br />

pendant la durée de l'individualisation qu'el<strong>le</strong> a un<br />

rô<strong>le</strong> et ce rô<strong>le</strong> consiste simp<strong>le</strong>ment à substituer, à l'entraînement<br />

irréfléchi et infini, une activité réfléchie<br />

bornée.<br />

Il importe donc de distinguer expressément la volonté,<br />

in<strong>conscient</strong>e de sa représentation <strong>conscient</strong>e. Ce qu'il y<br />

a dans l'homme de vraiment supérieur, l'essence éternel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong> génie, l'inspiration, <strong>le</strong> pouvoir créateur, tout cela est<br />

impersonnel tout cela ap<strong>par</strong>tient à la volonté in<strong>conscient</strong>e.<br />

Le domaine de la conscience, créé <strong>par</strong> l'objectivation<br />

des attributs de la volonté, ne relève que du psychisme<br />

cérébral. La conscience est liée, chez <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x supérieurs<br />

et l'homme, à <strong>le</strong>ur représentation organique el<strong>le</strong><br />

naît et dis<strong>par</strong>aît avec el<strong>le</strong>.<br />


LA PHILOSOPHIE DE L'INCONSCIENT 201<br />

La mort entraîne son anéantissement. Par contre, ce<br />

qui est l'essence de l'Etre, la volonté, n'est pas atteinte<br />

« Quand <strong>par</strong> la mort, nous perdons l'intel<strong>le</strong>ct, nous sommes<br />

simp<strong>le</strong>ment transportés <strong>par</strong> là dans aotre état primitif<br />

dépourvu de connaissance. mais qui n'est pas ab&olament<br />

in<strong>conscient</strong>. C'est sans doute plutôt un éiat supérimeur<br />

cette forme là, où l'opposition du sujet et de l'objet<br />

dis<strong>par</strong>aît.<br />

« La mort s'annonce ouvertement comme la fin de l'individu<br />

mais en cet individu réside <strong>le</strong> germe d'un nouvel<br />

être. Donc, rien de ce qui meurt là ne meurt pour, toujours<br />

mais rien de ce qui naît ne reçoit non plus une<br />

existence fondamenta<strong>le</strong>ment nouvel<strong>le</strong>s. Ce qui meurt périt r<br />

mais un germe subsiste, d'où sort une nouvel<strong>le</strong> vie, qui<br />

entre maintenant dans l'existence, sans savoir d'où el<strong>le</strong><br />

vient et pourquoi .el<strong>le</strong> est justement ce qu'el<strong>le</strong> est. Ceci est<br />

<strong>le</strong> mystère de la palingénésie.<br />

« On peut en conséquence considérer chaque être humain<br />

de deux points de vue opposés du premier, il est<br />

un individu commençant et finissant dans <strong>le</strong> temps, passant<br />

d'une manière fugitive. <strong>De</strong> l'<strong>au</strong>tre, il est l'être originel<br />

indestructib<strong>le</strong> qui s'objective en tout être existant.<br />

Sans doute, un tel être pourrait faire quelque chose de<br />

mieux que de se manifester dans un monde comme celuici<br />

car c'est <strong>le</strong> monde fini de la souffrance et de la mo-rl.<br />

Ce qui est en lui et ce qui sort de lui doit f'mir et mourir.<br />

Mais ce qui ne sort pas de lui et ne veut pas sortir de luï<br />

<strong>le</strong> traverse avec la toute puissance d'un éclair qui frappe<br />

'en h<strong>au</strong>t et ne connaît ensuite ni temps ni mort. » (1)<br />

Ainsi donc la conscience individuel<strong>le</strong>, de même que<br />

l'univers n'a pas 4'existenoe propre et réel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est fonction<br />

temporaire de la Vioioaié. El<strong>le</strong> naît du wuloir vivre.<br />

Or, <strong>le</strong> vouloir vivre est ia conséquence d'une illusion<br />

aélaste de la voloaM.<br />

(1) Schopenhattkb « .La Religion ».


2D2 DE L'INCONSCIENT AL' CONSCIENT<br />

2° LE Pessimisme DE Schopenha<strong>le</strong>iî<br />

Le pessimisme de Schopenh<strong>au</strong>er, qui lui a inspiré des<br />

pages de la plus h<strong>au</strong>te<br />

éloquence,<br />

décou<strong>le</strong> avec une rigoureuse<br />

logique de ses<br />

prémisses.<br />

Si l'individualisation et la conscience ne sont<br />

qu'illusions<br />

passagères,<br />

bientôt dis<strong>par</strong>ues, tous <strong>le</strong>s efforts, <strong>le</strong>a<br />

peines, <strong>le</strong>s luttes et <strong>le</strong>s souffrances n'aboutissent rien.<br />

Les injustices subies <strong>le</strong> sont sans compensation. La vie<br />

n'a<br />

pas d'objet.<br />

Les<br />

espérances religieuses sont absurdes, puisque,<br />

sans<br />

même <strong>par</strong><strong>le</strong>r des difficultés<br />

dogmatiques qu'el<strong>le</strong>s soulèvent,,<br />

el<strong>le</strong>s sont toutes basées sur cette conception insensée<br />

qu'une chose ayant eu un commencement, rame individuel<strong>le</strong>,<br />

n'<strong>au</strong>rait cependant pas de lin.<br />

Il<br />

n'y a donc pas d'espoir, ni dans un monde futur, ni<br />

dans <strong>le</strong> monde présent.<br />

Le vouloir vivre ne fait<br />

qu'engendrer l'effort sans but<br />

et la souffrance sans résultat «<br />

Déjà, en considérant la<br />

nature brute, nous avons reconnu pour son essence intime<br />

l'effort, un effort continu, sans but, sans repos mais<br />

chez la bête et chez l'homme, la même vérité éclate bien<br />

plus évidemment. Or, tout vouloir a pour principe un besoin,<br />

un manque. donc une dou<strong>le</strong>ur c'est<br />

<strong>par</strong> nature,<br />

nécessairement, qu'ils doivent devenir la proie de la dou<strong>le</strong>ur.<br />

Mais que la volonté vienne à manquer d'objet.<br />

qu'une prompte satisfaction vienne lui en<strong>le</strong>ver tout motif<br />


LA PHILOSOPHIE DE L'INCONSCIENT 203<br />

a Or, cet effort incessant, qui<br />

constitue <strong>le</strong> fond même<br />

de toutes <strong>le</strong>s formes visib<strong>le</strong>s revêtues <strong>par</strong><br />

la volonté, arrive<br />

enfin, dans <strong>le</strong>s sommets de l'échel<strong>le</strong> de ses manifestations<br />

objectives, à trouver son<br />

principe<br />

vrai et <strong>le</strong> plus général<br />

là, en effet, la volonté se révèlc à el<strong>le</strong>-même en un corps<br />

vivant,<br />

et ce qui<br />

qui<br />

lui<br />

donne<br />

impose une loi de fer, cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong> nourrir<br />

vigueur<br />

a cette loi, c'est que ce corps<br />

(-'est tout simp<strong>le</strong>ment<br />

la volonté Tuème de vivre, mais<br />

incarnée. Ajoutez un second besoin, que<br />

<strong>le</strong><br />

premier<br />

traîne à sa suite, celui de perpétuer l'espèce. En même<br />

temps, de tous côtés, viennent l'assiéger des périls<br />

variés<br />

à l'infini, <strong>au</strong>xquels<br />

n'échappe qu'<strong>au</strong> prix d'une surveillance<br />

sans relâche.<br />

il<br />

« Pour la plu<strong>par</strong>t, la vie n'est qu'un combat perpétuel<br />

pour l'existence même, avec la certitude d'être enfin<br />

vaincus. La vie el<strong>le</strong>-même est une mer p<strong>le</strong>ine<br />

d'écueils<br />

et<br />

de gouffres l'homme, à force de prudence et de soin, <strong>le</strong>s<br />

évite et sait pourtant que, vint-il à bout, <strong>par</strong> son énergie<br />

et son art, de se glisser entre eux, il ne fait que s'avancer<br />

<strong>le</strong> total, finévitab<strong>le</strong> et irrémé-<br />

peu à<br />

peu vers <strong>le</strong><br />

grande.<br />

diab<strong>le</strong> n<strong>au</strong>frage qu'il a <strong>le</strong><br />

la mort.<br />

cap sur <strong>le</strong> lieu de sa perte, sur<br />

Efforts souffrances, mort, c'est là tout ce que la volonté<br />

acquiert<br />

de la connaissance et c'est pour cela<br />

qu'après<br />

« s'être affirmée » el<strong>le</strong> en arriver à « se nier ("est <strong>le</strong> fruit<br />

même de l'existence individuel<strong>le</strong>.<br />

«<br />

Quel<strong>le</strong> différence, s'écrie Schopenh<strong>au</strong>er,. entre notre<br />

commencement et notre fin. Celui-là caractérisé <strong>par</strong> <strong>le</strong>s<br />

illusions du désir et <strong>le</strong>s transports de la volupté cel<strong>le</strong>-ci.<br />

<strong>par</strong> la destruction de tous nos<br />

organes<br />

et l'odeur cadavérique<br />

La- route qui <strong>le</strong>s<br />

sé<strong>par</strong>e, quant <strong>au</strong> bien-être et à<br />

la joie de la vie, va<br />

toujours <strong>au</strong>ssi en<br />

pente descendante<br />

l'enfance <strong>au</strong>x rêves joyeux, la gaie jeunesse, la virilité<br />

laborieuse, la vieil<strong>le</strong>sse caduque et souvent lamentab<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s<br />

tortures de la dernière maladie et enfin <strong>le</strong> combat de la<br />

mort »


204 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Le pessimisme de Schopenh<strong>au</strong>er n'est pas seu<strong>le</strong>ment la<br />

conséquence logique de ses prémisses philosophiques<br />

il<br />

repose <strong>au</strong>ssi sur La claire vision de la vie.<br />

Cette vision lui inspire une immense pitié pitié pour<br />

<strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x qui, lorsqu'ils ne s'entredévorent pas euxmêmes,<br />

souffrent toutes <strong>le</strong>s misères « dans un enfer dont<br />

<strong>le</strong>s hommes sont <strong>le</strong>s démons »<br />

Pitié pour <strong>le</strong>s hommes, que <strong>le</strong> vouloir vivre conduit à<br />

des peines et des dou<strong>le</strong>urs non compensées <strong>par</strong> quelques<br />

joies clairsemées et basées d'ail<strong>le</strong>urs en grande <strong>par</strong>tie<br />

sur l'illusion.<br />

Comment de plus, l'homme jouirait-il de ces courtes<br />

joies, quand il a acquis la conscience de son identité essentiel<strong>le</strong><br />

avec un monde où <strong>le</strong> mal règne en souverain Comment<br />

ne pas souffrir de l'immense dou<strong>le</strong>ur universel<strong>le</strong> <br />

Comment ne pas comprendre que <strong>le</strong> vouloir vivre est<br />

néfaste et qu'il f<strong>au</strong>t arriver -à l'anéantir <strong>par</strong> l'abdication<br />

du désir et <strong>le</strong> renoncement <strong>au</strong>x motifs illusoires dont se<br />

berce l'intelligence, pour trouver à la vie une raison suffisante.<br />

C'est seu<strong>le</strong>ment en atteignant cette conception que l'on<br />

comprend la raison de la vie et de la souffrance<br />

Pour <strong>le</strong>s anim<strong>au</strong>x, la souffrance s'explique<br />

« <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

fait que la volonté de vivre, ne trouvant absolument rien<br />

en dehors d'el<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> monde des phénomènes et étant<br />

une volonté affamée, doit dévorer sa propre chair. » Pour<br />

l'homme, plus <strong>conscient</strong> « la va<strong>le</strong>ur de la vie consiste<br />

précisément à lui apprendre à ne pas vouloir d'el<strong>le</strong>. »<br />

L'existence n'est <strong>au</strong>tre chose qu'une sorte d'aberration,<br />

dont la connaissance exacte du monde doit nous guérir.<br />

3° LA Systématisation DE DE Hartma&n<br />

<strong>De</strong> Hartmann n'a fait que reprendre la thèse de Schopenh<strong>au</strong>er,<br />

en développant certaines données relatives <strong>au</strong>x<br />

sciences naturel<strong>le</strong>s et ,à la psychologie.


LA PHILOSOPHIE DE L'iNCtoKSClEVT 205<br />

Pour de Hartmann, à côté et <strong>au</strong>-dessus des c<strong>au</strong>ses admises<br />

<strong>par</strong> la conception mécanique de la nature, existe<br />

un principe supérieur qu'il appel<strong>le</strong> <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>.<br />

L'in<strong>conscient</strong> est ce qu'il y a d'essentiel, de divin dans<br />

l'univers. En lui sont en puissance la volonté et la représentation.<br />

Tout ce qui est réalisé l'est ainsi <strong>par</strong> la volonté de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>.<br />

Dans l'évolution, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> primordial<br />

la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong> n'explique pas l'origine des<br />

formes nouvel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong> n'est qu'un moyen, que l'un des<br />

procédés que <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> utilise pour arriver à ses fins.<br />

Dans l'indiuidu, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> prédominant<br />

sur <strong>le</strong>s phénomènes vit<strong>au</strong>x il a en lni l'essence de<br />

la vie il forme l'organisme et <strong>le</strong> maintient, ré<strong>par</strong>e ses<br />

dommages internes et externes, et guide avec finalité ses<br />

mouvements.<br />

Il joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> essentiel dans <strong>le</strong>s phénomènes psychologiques<br />

Il est la source des instincts, de l'intuition, du sens<br />

artistique et du génie créateur.<br />

Enfin <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> est à la base de la phénoménologiesupranorma<strong>le</strong>,<br />

qui est une simp<strong>le</strong> manifestation de son<br />

pouvoir divin, indépendant des contingences relatives <strong>au</strong><br />

temps, à l'espace, <strong>au</strong>x représentations psychologiques,<br />

dynamiques et matériel<strong>le</strong>s.<br />

Pour de Hartmann, comme pour Schopenh<strong>au</strong>er, il y a<br />

un abîme entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

Le premier est divin et <strong>le</strong> deuxième purement humain.<br />

Le <strong>conscient</strong>, suffisamment développé, nous permet cependant<br />

de juger l'univers et la vie. Or ce jugement n'est<br />

pas favorab<strong>le</strong>. La conscience, étant à la fois éphémère et<br />

improductive, ne s<strong>au</strong>rait <strong>par</strong>ticiper de l'infini divin.<br />

El<strong>le</strong> souffre de sa limitation sans compensation et sans<br />

espoir, de son impuissance, de toutes <strong>le</strong>s contingences pénib<strong>le</strong>s,<br />

d'<strong>au</strong>tant plus pénib<strong>le</strong>s pour el<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> est plus


206 DE AU CONSCIENT<br />

développée, de l'existence individuel<strong>le</strong>. Sa dernière ressource<br />

serait de tendre, <strong>par</strong> un effort suprême, à se supprimer<br />

el<strong>le</strong>-même mais peut-être même ce sacrifice serait<br />

il inuti<strong>le</strong>, car <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> créateur, indestructib<strong>le</strong>, recommencerait<br />

sans doute une évolution, destinée à aboutir<br />

à la même réalisation <strong>conscient</strong>e et <strong>au</strong>x mêmes désolantes<br />

conséquences de cette réalisation.<br />

4° Critique DE LA DISTINCTION SPÉCIFIQUE<br />

ENTRE CONSCIENT ET INCONSCIENT<br />

<strong>De</strong>ux choses frappent avant tout dans <strong>le</strong>s systèmes de<br />

Schopenh<strong>au</strong>er et de de Hartmann<br />

C'est, en premier lieu, la nettete du raisonnement et sa<br />

rigueur quasi scientifique, et c'est, en deuxième lieu, la<br />

conclusion pessimiste qui semb<strong>le</strong> en décou<strong>le</strong>r natulwl<strong>le</strong>ment<br />

et forcément.<br />

Cette conclusion s'impose, en effet, si l'on admet, comme<br />

ces deux ,philosophes, qu'il y a, entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong><br />

<strong>conscient</strong>, un abîme infranchissab<strong>le</strong>, un'e différence essentiel<strong>le</strong>.<br />

Celte diUérence essentiel<strong>le</strong> enlève à l'univers et à la vie<br />

lottte fin idéa<strong>le</strong> et toute signification..<br />

Or, alors que <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres postulats des philosophes al<strong>le</strong>mands<br />

sont déduits avec une rigueur mathématique, la<br />

distitzetion essentiel<strong>le</strong> entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> ne<br />

repose sur rien.<br />

L'assimilation de la conscience à une simp<strong>le</strong> « représentation<br />

» n'est pas logique.<br />

Pourquoi la conscience serait-el<strong>le</strong> exclusivement liée<br />

<strong>au</strong>x ap<strong>par</strong>ences temporaires qui constituent l'univers <br />

Pourquoi tout ce qui est de son domaine ne serait-il pas<br />

enregistré, assimilé et conservé <strong>par</strong> l'essence éternel<strong>le</strong> de<br />

l'Etre <br />

Quoi Le principe divin, Volonté ou In<strong>conscient</strong>, <strong>au</strong>rait<br />

toutes <strong>le</strong>s potentialités, hormis une seu<strong>le</strong>, la plus impor-


LA PHILOSOPHIE DE L'iNdONSCIENT 207<br />

tante, cel<strong>le</strong> d'acquérir et de garder la connaissance de,<br />

soi <br />

Combien il est plus logique de supposer cette volonté<br />

réel<strong>le</strong> et éternel<strong>le</strong>, objectivée dans <strong>le</strong>s<br />

personnalités<br />

factices<br />

et transitoires, gardant <strong>le</strong> souvenir intégral acquis<br />

dans ces obdecliuations et passant ainsi, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s expériences<br />

infinies, de l'In<strong>conscient</strong> primitif <strong>au</strong> Conscient.<br />

Certes, la « personnalité » humaine, cel<strong>le</strong> qui s'étend<br />

de la naissance à la mort de l'organisme, est destinée<br />

à périr, à avoir une fin comme el<strong>le</strong> a eu un commencement<br />

mais « l'individualité » réel<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> qui est l'essentiel<br />

de l'être, garde, gravés en el<strong>le</strong>, tous <strong>le</strong>s états de<br />

conscience de la personnalité transitoire et se <strong>le</strong>s assimi<strong>le</strong>.<br />

Quand, conformément <strong>au</strong> mystère palingénésique dont<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong> Schopenh<strong>au</strong>er, el<strong>le</strong> constitue une <strong>au</strong>tre personnalité<br />

vivante, el<strong>le</strong> apporte à cette personnalité l'acquit antérieur<br />

et s'enrichit ensuite el<strong>le</strong>-même de nouve<strong>au</strong>, dans et <strong>par</strong><br />

cette nouvel<strong>le</strong> objectivation.<br />

C'est ainsi en un mot, que la volonté in<strong>conscient</strong>e originel<strong>le</strong><br />

devient peu à peu la volonté <strong>conscient</strong>e.<br />

Chose curieuse Schelling et Hegel, dont <strong>le</strong>s systèmes<br />

avaient précédé ceux de Schopenh<strong>au</strong>er et de de Hartmann<br />

et sont infiniment moins précis, avaient cependant proclamé<br />

<strong>le</strong> passage de l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient et en<br />

avaient tiré des conclusions idéalistes et optimistes.<br />

La métaphysique des deux derniers philosophes, plus<br />

précise, plus documentée <strong>au</strong> point de vue scientifique,<br />

accuse ainsi un recul<br />

regrettab<strong>le</strong> <strong>au</strong> point de vue idéaliste.<br />

Pour Schelling, l'univers est <strong>le</strong> produit d'une « activité »<br />

essentiel<strong>le</strong> in<strong>conscient</strong>e. Cette activité devient, en <strong>par</strong>tie<br />

du moins, <strong>conscient</strong>e d'el<strong>le</strong>-même chez l'homme.<br />

Pour Hegel, cette activité essentiel<strong>le</strong> in<strong>conscient</strong>e est<br />

cependant pourvue d'une sorte de raison la création<br />

est rationnel<strong>le</strong>. Une finalité raisonnab<strong>le</strong> se retrouve dans<br />

l'evolution et <strong>le</strong> progrès qu'el<strong>le</strong> comporte. Mais la raison


DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

devient graduel<strong>le</strong>ment <strong>conscient</strong>e. L'évotation n'est en<br />

somme que <strong>le</strong> moyen qu'emploie la raison universel<strong>le</strong> et<br />

créatrice<br />

pour<br />

arriver à prendre conseieace d'el<strong>le</strong>-même.<br />

Il n'y a pas d'objection positive à faire à cette conception.<br />

Mais cela ne suffit pas.<br />

Il importe de l'établir sur des<br />

dis-<br />

laits.<br />

Les lacunes, <strong>le</strong>s erreurs et <strong>le</strong>s contradictions, ainsi<br />

<strong>le</strong>s navrantes conclusions pessimistes,<br />

sont appelées<br />

<strong>par</strong>aître à la lumière des faits nouve<strong>au</strong>x.<br />

à<br />

que<br />

A la philosophie de l'In<strong>conscient</strong>, grandiose et génia<strong>le</strong>,<br />

certes, mais f<strong>au</strong>ssée <strong>par</strong> ces lacunes et ces erreurs, <strong>le</strong>s<br />

faits nouve<strong>au</strong>x et <strong>le</strong>s inductions qu'ils comportent permettent<br />

de substituer une philosophie identique comme essence<br />

et comme prémisses, mais tota<strong>le</strong>ment différente <strong>par</strong><br />

son<br />

développement<br />

et <strong>par</strong> ses conclusions.<br />

Par son ctéceloppement <strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> embrasse la totalité<br />

des faits tout en restant strictement ratinnnel<strong>le</strong>, en<br />

évitant tout dogmatisme et en sachant faire la<br />

<strong>par</strong>t<br />

de<br />

ce<br />

qui peut être expliqué et de ce qui échappe<br />

encore<br />

forcément<br />

à nos<br />

capacités<br />

de savoir et de comprendre.<br />

Par ses conclusions. diamétra<strong>le</strong>ment opposées <strong>au</strong> pessimisme<br />

désolant de<br />

Schopenh<strong>au</strong>er, <strong>par</strong> <strong>le</strong> seul fait que se<br />

trouve comblé l'abîme artifiriel creusé <strong>par</strong><br />

lui entre l'In<strong>conscient</strong><br />

et <strong>le</strong> Conscient.


LIVRE<br />

II<br />

DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

ESQUISSE D'UNE PHILOSOPHIE RATIONNELLE.<br />

DE<br />

L'EVOLUTION ET DE L'INDIVIDU


AVANT-PROPOS<br />

Nous pouvons maintenant tenter une théorie explicative<br />

généra<strong>le</strong> de l'évolution et de l'individu, basée sur l'examen<br />

de tous <strong>le</strong>s faits connus, d'ordre naturaliste et d'ordre<br />

psychologique,<br />

sur <strong>le</strong>s déductions qu'ils comportent<br />

et<br />

<strong>au</strong>ssi<br />

strictement<br />

sur<br />

quelques inductions, mais sur des inductions<br />

rationnel<strong>le</strong>s.<br />

Nous laisserons de côté, systématiquement,<br />

tout ce qui<br />

est pure métaphysique la question de Dieu, de l'infiili,<br />

de<br />

l'absolu, du commencement et de la fin, de la nature<br />

essentiel<strong>le</strong> des choses.<br />

Nous n'engagerons que ce qu'il<br />

est henncis de savoir<br />

et<br />

de<br />

comprendre, sur la destinée du monde et sur lu<br />

destirzée individuel<strong>le</strong>, d'après <strong>le</strong> degré de capacité à la lois<br />

intuitive et intet<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> que comporte la réalisation écolutive<br />

actuel<strong>le</strong>.<br />

que<br />

C'est peu, relativement. C'est<br />

cependant be<strong>au</strong>coup plus<br />

ne<br />

l'enseigne<br />

la<br />

philosophie naturaliste classique.<br />

11 est<br />

possib<strong>le</strong>, dès maintenant, de connaître <strong>le</strong> mécanisme<br />

et <strong>le</strong> sens » de l'évolution col<strong>le</strong>ctive et individuel<strong>le</strong>,<br />

1e<br />

degré<br />

de dépendance et <strong>le</strong><br />

degré d'indépendance de la<br />

conscience individuel<strong>le</strong> vis-à-vis de l'organisme matériel,<br />

<strong>le</strong><br />

pourquoi de la vie.<br />

Ces notions bien établies comportent un enseignements<br />

nettement idéaliste, n.on plus vague<br />

basé sur un acte de loi ou de prétendue<br />

mais<br />

précis,<br />

non plus<br />

« intuition », mais<br />

sur un, calcul de probabilité.<br />

La limitation préalab<strong>le</strong> que nous nous imposons<br />

n'est<br />

pas fondée sur l'antique et caduque distinction entre « <strong>le</strong><br />

connaissab<strong>le</strong> et l'inconnaissab<strong>le</strong> » mais simp<strong>le</strong>ment sur la<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Gelbt. 15


212 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

constatation de l'incapacité relative de nos facultés actueldes<br />

de savoir et de comprendre.<br />

Il n'y a pas, à proprement <strong>par</strong><strong>le</strong>r, d'inconnaissab<strong>le</strong>. Ce<br />

qu'on appel<strong>le</strong> <strong>le</strong> domaine de l'inconnaissab<strong>le</strong> se réduit<br />

incessamment dans <strong>le</strong> cours de l'évolution. Les phénomènes<br />

météorologiques <strong>le</strong>s plus simp<strong>le</strong>s étaient de l'inconnaissab<strong>le</strong><br />

pour nos ancêtres des cavernes <strong>le</strong>s lois de la<br />

gravitation, la constitution physique des astres, l'origine<br />

des espèces anima<strong>le</strong>s étaient de l'inconnaissab<strong>le</strong> jusqu'à<br />

la période scientifique contemporaine ils sont <strong>au</strong>jourd'hui<br />

du domaine de la science. Il doit en être de même,<br />

désormais, pour <strong>le</strong>s grandes lois de la vie et de la destinée,<br />

de l'univers et de l'individu.<br />

Quant <strong>au</strong>x problèmes qui, fata<strong>le</strong>ment, échappent encore<br />

à toute tentative d'interprétation, ils peuvent être résolument<br />

et systématiquement écartés ils constitueront la<br />

philosophie des humanités futures, idéa<strong>le</strong>ment évoluées.<br />

Le sacrifice que s'impose la philosophie scientifique moderne,<br />

en limitant ainsi rationnel<strong>le</strong>ment ses visées, présente<br />

d'ail<strong>le</strong>urs d'immenses avantages<br />

Tout d'abord, ce sacrifice, une lois résolument et courageusement<br />

accepté, nous éloigne éga<strong>le</strong>ment de ces deux<br />

formidab<strong>le</strong>s pierres d'achoppement de l'idealisme <strong>le</strong> mysticisme<br />

et <strong>le</strong> découragement.<br />

Le penseur évitera <strong>le</strong> mysticisme, car il s<strong>au</strong>ra désormais<br />

se soustraire <strong>au</strong> dévergondage de l'imagination personnel<strong>le</strong>,<br />

<strong>par</strong>ticulièrement luxuriante quand il s'agit de l'imagination<br />

sublimina<strong>le</strong> comme <strong>au</strong> dogmatisme ancien ou<br />

nouve<strong>au</strong> <strong>au</strong> messianisme et <strong>au</strong> « magisme à l'attrait<br />

orgueil<strong>le</strong>ux et puéril des prétendues initiations et du néoprophétisme.<br />

Il évitera <strong>le</strong> découragement et il ne sera plus porté à<br />

dire, comme Herbert Spencer, <strong>par</strong>aphrasant et dwelqppant<br />

lui-même une .pensée célèbre de Pascal<br />

« Puis vient l'idée de cette matrice universel<strong>le</strong>, antérieure<br />

à toute création comme à toute évolution et dé-


AVANT-PROPOS 213<br />

passant infiniment l'une et l'<strong>au</strong>tre en étendue comme en<br />

durée puisque l'une et l'<strong>au</strong>tre, pour êtare intelligib<strong>le</strong>s,<br />

doivent être conçues comme ayant eu un commencement,<br />

tandis que l'espace n'a pas de commencement. L'idée de<br />

cette forme d'existence, qui, <strong>par</strong>courue en tous sens, si<br />

loin que puisse porter l'imagination, contient toujours,<br />

<strong>au</strong> delà, des régions inexplorées, en com<strong>par</strong>aison desquel<strong>le</strong>s<br />

la portion traversée <strong>par</strong> l'esprit est infinitésima<strong>le</strong><br />

la représentation d'un espace où notre immense système<br />

solaire se réduit à un point est trop écrasante pour que<br />

l'esprit s'y puisse appesantir. A mesure que j'avance en<br />

âge, la conscience que, sans origine ni c<strong>au</strong>se, l'espace<br />

infini a toujours existé et doit exister toujours, produit en<br />

moi une émotion qui me fait recu<strong>le</strong>r d'effroi (1) »<br />

Le vertige de l'infini et de l'absolu n'existe plus pour<br />

<strong>le</strong> philosophe qui a compris et admis <strong>le</strong>s limitations actuel<strong>le</strong>s<br />

de la philosophie. Il trouve, <strong>au</strong> contraire, une<br />

grande sérénité dans 'l'affirmation résignée de ces limitations<br />

et dans la discipline féconde qu'el<strong>le</strong> lui impose.<br />

Puis et surtout, ce sacrifice permet d'éviter toutes <strong>le</strong>s<br />

vaines et prétentieuses discussions spéculatives, toutes <strong>le</strong>s<br />

formu<strong>le</strong>s stéri<strong>le</strong>s, tous <strong>le</strong>s systèmes contradictoires où se<br />

sont enlisées tour à tour <strong>le</strong>s plus h<strong>au</strong>tes intelligences et<br />

qui n'ont plus qu'un intérêt historique ou artistique.<br />

<strong>De</strong> même, il permet de se passer définitivement des<br />

entités métaphysiques « la chose en soi », <strong>le</strong> « non être o,<br />

la « volonté », l' « in<strong>conscient</strong> », « la durée », etc. qui,<br />

<strong>au</strong> fond, ne sont que de vaines formu<strong>le</strong>s. A ces entités<br />

factices, abstractions pures, nous proposons de substituer<br />

quelque chosé de concret La notion d'un dynamo-psychisme<br />

essentiel., que l'on constate comme une réalité,<br />

alors même que l'on ne peut encore en pénétrer la nature<br />

métaphysique et qu'il convient même de s'abstenir de cette<br />

recherche.<br />

(I) HimiMjno'Spkîpkr<br />

« '<strong>le</strong>ts and Coments Il.


214 DR L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

Mais, ici, se dresse immédiatement une. objection <strong>le</strong><br />

dynamo-psychisme essenliel », <strong>par</strong> cela même qu'il est<br />

quelque chose de concret ou de concevab<strong>le</strong> comme tel et<br />

que nous pouvons, en quelque mesure, nous <strong>le</strong> représenter,<br />

n'est plus la chose en soi, soustraite, <strong>par</strong> définition,<br />

à toute représentation et <strong>par</strong>faitement inconcevab<strong>le</strong>,<br />

comme Kant l'avait établi.<br />

A cela, nous répondrons que la même objection peut<br />

être adressée à tous <strong>le</strong>s systèmes basés sur la distinction<br />

de l'essence divine de l'univers d'avec <strong>le</strong>s manifestations<br />

phénoména<strong>le</strong>s. Schopenh<strong>au</strong>er avait cru esquiver la difficulté<br />

en faisant de la chose en soi la volonté in<strong>conscient</strong>e<br />

d'el<strong>le</strong>-même, n'ayant ni substratum, ni c<strong>au</strong>se, ni but, <strong>par</strong>ce<br />

qu'el<strong>le</strong> est « hors du domaine où règne <strong>le</strong> principe de<br />

raison ». Ainsi privée de tous ses attributs, la volonté qui<br />

ne sait ni ce qu'el<strong>le</strong> veut, ni comment el<strong>le</strong> veut, ni pourquoi<br />

el<strong>le</strong> veut, ni même si el<strong>le</strong> veut, n'est plus qu'une<br />

abstraction <strong>au</strong>ssi inconcevab<strong>le</strong> que la chose en soi.<br />

L'in<strong>conscient</strong> de de Hartmann se conçoit mieux, simp<strong>le</strong>ment<br />

<strong>par</strong>ce que notre entendement attribue naturel<strong>le</strong>ment,<br />

spontanément et nécessairement à <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> u.i<br />

substratum concret, et en fait justement ce que nous proposons<br />

ici sans équivoque <strong>le</strong> dynamo-psychisme in<strong>conscient</strong>.<br />

Evidemment, c'est là, si l'on veut, une « représentation<br />

», mais c'est la seu<strong>le</strong> manière qui s'offre à nous de.<br />

comprendre « la nature des choses Tenter de comprendre<br />

l'absolu, il ne f<strong>au</strong>t pas l'oublier, c'est avant tout, de<br />

la <strong>par</strong>t de l'intelligence relative, limiter l'absolu.<br />

Qu'importe donc que « la chose en soi » nous soit, en<br />

el<strong>le</strong>-même, inaccessib<strong>le</strong> nous pouvons du moins l'atteindre<br />

dans une première limitation. Nous constatons alors,<br />

sous l'immense variété des ap<strong>par</strong>ences phénoména<strong>le</strong>s,<br />

transitoires et passagères, qui constituent l'univers physique,<br />

dynamique et intel<strong>le</strong>ctuel, un dynamo-psychisme<br />

essentiel, permanent et réel. Ce dynamo-psychisme et


AVA.NT-IMSOL'03 213<br />

son activité immanente se révè<strong>le</strong>nt à nous dan- l'immense<br />

série d'expériences que représente l'évolution et l'évolution,<br />

el<strong>le</strong>-même, nous <strong>le</strong> verrons, n'est <strong>au</strong>tre chose que<br />

son passage de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

Les deux bases, <strong>le</strong>s deux postulats primordi<strong>au</strong>x de la<br />

philosophie que nous allons<br />

<strong>le</strong>s<br />

suivants<br />

exposer et soutenir sont donc<br />

INCONSCIENT MAIS AYANT EN LUI TOUTES LES POTENTIALITÉS; LES<br />

APPARENCES DIVERSES ET INNOMBRABLES DES CHOSES N'ÉTANT<br />

JAMAIS QUE<br />

SES REPRÉSENTATIONS.<br />

II. LE dynamo-psychisme essentiel ET CRÉATEUR PASSE,<br />

<strong>par</strong> DE AI' CONSCIENT.<br />

Ces deux propositions reposent sur des faits. El<strong>le</strong>s peuvent<br />

<strong>au</strong>jourd'hui faire l'objet dune démonstration précise.<br />

dans l'individu d'abord puis <strong>par</strong> une vaste induction,<br />

être reportées à Y univers.


LIVRE<br />

II<br />

PREMIERE<br />

PARTIE<br />

L'INDIVIDU<br />

ET L'EVOLUTION INDIVIDUELLE<br />

OU LE PASSAGE DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT DANS L'INDIVIDU


CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

L'INDIVIDU CONÇU COMME DYNAMO-PSYCHISME<br />

ESSENTIEL ET COMME REPRESENTATIONS<br />

10 LES BASES scientifiques<br />

<strong>Dr</strong> cette conception (1:<br />

La distinction, dans l'indiuidu, d'un<br />

dynanro-psychisme<br />

essentiel et réel et de représentations ap<strong>par</strong>entes a été bien<br />

démontrée<br />

<strong>par</strong><br />

tous <strong>le</strong>s faits connus, dans notre étude sur<br />

l'individu physiologique.<br />

Nous avons établi,<br />

de<br />

<strong>par</strong> ces fails mêmes, <strong>le</strong> néant des<br />

ap<strong>par</strong>ences sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s est basée la conception généra<strong>le</strong><br />

de la physiologie classique conception de l'Etre simp<strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xus cellulaire, s'organisant<br />

de lui-même en tissus<br />

spécifiquement distincts et<br />

ayant<br />

en lui seul sa raison<br />

d'être, son origine et ses fins, la raison de sa forme, de<br />

son<br />

mécanisme, de son fonctionnement toutes<br />

propriétés<br />

provenant uniquement, <strong>par</strong> hérédité, des cellu<strong>le</strong>s génératrices.<br />

A l'encontre de cette conception, nous avons montré<br />

qu'il n'était pas possib<strong>le</strong> de trouver, dans<br />

l'organisme<br />

même et dans l'associationnisme cellulaire, <strong>le</strong>s raisons de<br />

la forme spécifique, ni l'origine, la c<strong>au</strong>se essentiel<strong>le</strong> ou <strong>le</strong>s<br />

fins de ses différents modes d'activité.<br />

Nous avons été forcés de cnmprendre que<br />

la forme corporel<strong>le</strong><br />

n'est qu'une illusion temporaire que <strong>le</strong>s organes<br />

et tissus n'ont pas de véritab<strong>le</strong>s déterminations spécifi-<br />

(1) Tout- ce chapitra et <strong>le</strong>s suivants sont étroitement reliés <strong>au</strong>x<br />

démonstrations physiologiques et psychologiques du livre 1er de cet<br />

ouvrage. Ils semaient peu comipréheiisib<strong>le</strong>s isolément.


220 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

ques que tous ces organes et tissus, de même qu'ils sont<br />

nés d'une substance primordia<strong>le</strong> unique, cel<strong>le</strong> de la cellu<strong>le</strong><br />

œuf, peuvent. être, dans <strong>le</strong>- cours. srême de la vie, ramenés<br />

à cette substance primordia<strong>le</strong> unique laquel<strong>le</strong> peut<br />

el<strong>le</strong>-même, ensuite, s'organiser sous des formes nouvel<strong>le</strong>s<br />

et: constituer, temporairement, des organes ou tissus différents<br />

et distincts.<br />

Ea un-, mot!, nous avons dû nous rendre à ï'éràtenee <strong>le</strong><br />

comp<strong>le</strong>xus organique, <strong>le</strong> corps, n'a ni qualités définitives<br />

et absolues, ni spécificité propre. Par son erigiae^ pur son<br />

développement, <strong>par</strong> ses métamorphoses embryonnaires et<br />

post-embryonnaires, <strong>par</strong> son fonctionnerne»* normal<br />

comme <strong>par</strong> ses possibilités dites supranormates, <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

maintien de la forme habituel<strong>le</strong> comme <strong>par</strong>, tes dénaatérialisations<br />

et rematérialisations méterç»sycft«piesv eet organisme<br />

se résoud dans un dynamisme supérieur qui te conditionne.<br />

Il ap<strong>par</strong>aît non plus comme tout l'individu, mais simp<strong>le</strong>ment<br />

comme un produit idéoplasRque de ce qu'il y a


l'individu 221<br />

tion de la matière solide pas la matière solide, <strong>le</strong>s matérialisations<br />

et dématérialisations organiques nous <strong>par</strong>aissent<br />

impossib<strong>le</strong>s, c'est <strong>par</strong>ce que nous attribuons. une réalité<br />

<strong>au</strong>x caractères et propriétés <strong>par</strong> <strong>le</strong>squels nous nous<br />

représentons la matière.Si,, <strong>au</strong>, contraire, nous comprenons<br />

que ces caractères et propriétés, sont. factices et irréels,<br />

alors <strong>le</strong> mystère et l'impossibilité dis<strong>par</strong>aîsseat ou du<br />

moins ne sont plus que relatifs, simp<strong>le</strong> fonction de notre<br />

ignorance ou de notre débilité. Les changements que<br />

nous offre la physiologie norma<strong>le</strong> comme la physiologie<br />

supraoermak n'ont pas d'<strong>au</strong>tre importance philosophique<br />

qjae des ihang^ments dans <strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>ences. Leur c<strong>au</strong>salité<br />

et <strong>le</strong>ur explication ne- sont pas dans ces ap<strong>par</strong>ences, el<strong>le</strong>s<br />

sont entièrement dans <strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>s<br />

conditionne.<br />

dynamo-psychisme essentiel qui<br />

Ce q-uà est wai en ce 'fui concerne la physiologie l'est, à<br />

plus forte raison encore, en ce qui concerne la psychologie<br />

<strong>le</strong> supranormal ne devient compréhensib<strong>le</strong> que lorsqu'on<br />

a appris à distinguer <strong>le</strong> dynamo-psychisme essentiel<br />

de ses représentations. Pour concevoir la possibilité des<br />

actions mento-menta<strong>le</strong>s, il f<strong>au</strong>t commencer <strong>par</strong> admettre<br />

la réalité d'un psychisme supérieur, dégagé des contingences<br />

habituel<strong>le</strong>s <strong>au</strong>x représentations psychologiques.<br />

Pour que la vision à distance, hors de la portée des<br />

sens ou la lucidité dans <strong>le</strong> passé, <strong>le</strong> présent ou l'avenir<br />

perdent <strong>le</strong>ur ap<strong>par</strong>ence d'incroyab<strong>le</strong>s mirac<strong>le</strong>s, il est indispensab<strong>le</strong><br />

de comprendre tout d'abord que <strong>le</strong> temps et l'espace<br />

ne, seat que<br />

« <strong>le</strong>s cadres de nos représentations »<br />

<strong>au</strong>ssi factices, <strong>au</strong>ssi illusoires que <strong>le</strong>s représentations mêmes.<br />

Ainsi, la<br />

conception qui a trouvé son expression la plus<br />

forte dans l'œuvre de Schopenh<strong>au</strong>er (l)s, doit sortir désor-<br />

(1) Senopenli<strong>au</strong>er avait déja eu l'intuition de l'importance des faits<br />

dits empranonit<strong>au</strong>x pour appuyer sa métaphysique (ff&rerga' et .Fanallî-


222 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

mais du domaine de la métaphysique pour entrer dans<br />

celui de la science.<br />

La distinction, dans l'individu, de ce qu'il a de réel et de<br />

permanent, que Schopenh<strong>au</strong>er appelait la volonté et que<br />

nous désignons sous <strong>le</strong> nom de dynamo-psychisme essentiel,<br />

d'avec <strong>le</strong>s représentations temporaires est établie sur<br />

<strong>le</strong>s faits. Tout se passe, du moins, comme si <strong>le</strong>s choses<br />

étaient<br />

ainsi.<br />

Nous pouvons, maintenant, faire un pas de plus dans<br />

la recherche de la vérité et, toujours en nous basant sur<br />

<strong>le</strong>s faits, étudier et chercher à comprendre, dans la mesure<br />

du possib<strong>le</strong>, ce gui est, dans l'individu, représentetions<br />

et ce qui est dynamo-psychisme essentiel.<br />

2° L'individu considéré COMME représentations<br />

Pour Schopenh<strong>au</strong>er, faisait siennes, à ce point de vue,<br />

<strong>le</strong>s idées courantes sur la biologie, la conception de la<br />

représentation individuel<strong>le</strong> était très simpliste. Théorie<br />

métaphysique à <strong>par</strong>t, el<strong>le</strong> concordait avec la thèse matérialiste.<br />

Alors que cette dernière enseignait l'individu,<br />

c'est l'organisme, la philosophie de Schopenh<strong>au</strong>er ajoutait<br />

simp<strong>le</strong>ment l'individu, c'est la volonté objectivée en<br />

organisme. Mais l'organisme est l'unique représentation<br />

individuel<strong>le</strong> de la volonté.<br />

Pour Schopenh<strong>au</strong>er, comme pour <strong>le</strong> physiologiste matérialiste,<br />

cette représentation unique, l'organisme, renferme<br />

en el<strong>le</strong> toutes <strong>le</strong>s manifestations de l'activité individuel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s tiennent étroitement dans <strong>le</strong>s limites de<br />

temps et d'espace qui sont cel<strong>le</strong>s du corps. El<strong>le</strong>s naissent<br />

et dis<strong>par</strong>aissent avec lui et ne s<strong>au</strong>raient dépasser la portée<br />

de ses capacités physiques <strong>au</strong> sensoriel<strong>le</strong>s. Son psychisme<br />

est purement et simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> produit de l'activité des<br />

centres nerveux. Sa conscience propre est fonction de<br />

cette activité. Tous <strong>le</strong>s attributs de l'individu sont des


L'INDIVIDU 223<br />

attributs passagers et éphémères créés <strong>par</strong> l'objectivation<br />

de la volonté en un Entre organisé.<br />

Cette conception de Schopenh<strong>au</strong>er était d'accord avec<br />

<strong>le</strong>s connaissances<br />

biologiques<br />

de son temps. El<strong>le</strong> ne l'est<br />

plus avec nos connaissances actuel<strong>le</strong>s.<br />

Les faits connus <strong>au</strong>jourd'hui démentent cette vue simpliste<br />

de l'individu. Les faits<br />

prouvent que<br />

<strong>le</strong>s<br />

mani$estations<br />

de l'activité individuel<strong>le</strong> dépasser <strong>le</strong>s limites el<br />

<strong>le</strong> cadre de<br />

l'organisme.<br />

Ils prouvent, en termes<br />

philosophiques, qu'il y<br />

a<br />

dans<br />

l'individu, des a repTésentations<br />

» du dynamo-psychisme<br />

créateur différentes de l'organisme même, représentations<br />

supérieures à l'organisme et<br />

d'être conditionnées <strong>par</strong> lui.<br />

qui<br />

<strong>le</strong> conditionnent <strong>au</strong> lieu<br />

Tout se passe, en réalité, nous allons <strong>le</strong> démontrer,<br />

comme si <strong>le</strong><br />

dynanto-psychisme<br />

essentiel s'objectivait,<br />

pour créer l'individu, non pas en une représentation unique,<br />

l'organisme, mais en une série de représentations'<br />

hiérarchisées se conditionnant <strong>le</strong>s unes <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres.<br />

Nous avons vu, en physiologie, l'organisme étroitement<br />

et absolument conditionné <strong>par</strong> <strong>le</strong> dynamisme vital, dynamisme<br />

organisateur, directeur, centralisateur, capab<strong>le</strong> de<br />

3e sé<strong>par</strong>er de l'organisme même, d'agir en dehors de lui,<br />

de <strong>le</strong><br />

désagréger<br />

et de <strong>le</strong> reconstituer en formes nouvel<strong>le</strong>s<br />

et distinctes. Nous<br />

pouvons<br />

et devons donc conclure que la<br />

représentation<br />

organisme<br />

» est conditionnée <strong>par</strong> une<br />

représentation plus é<strong>le</strong>vée, la<br />

«<br />

représentation<br />

dynamisme<br />

vital » (1).<br />

La physiologie ne comporte pas, à el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>, d'<strong>au</strong>tre<br />

renseignement<br />

ni d'<strong>au</strong>tres inductions.<br />

Mais l'étude de l'individu psychologique nous a<br />

permis,<br />

(1) Schopenh&uer admettait l'existence d'une fomce vita<strong>le</strong> n mais<br />

n'en faisait pas une objectivation distincte et supérieure.


224 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

<strong>par</strong> contre, d'arriver à des notions nouvel<strong>le</strong>s et capita<strong>le</strong>s.<br />

Ces notions, en résumé, sont <strong>le</strong>s suivantes<br />

L'ap<strong>par</strong>ence d'après laquel<strong>le</strong> la somme des consciences<br />

des neurones et <strong>le</strong> psychisme cérébral constituent toute<br />

l'individualité psychologique est f<strong>au</strong>sse.<br />

En réalité, comme l'organisme lui-même, <strong>le</strong> psychisme<br />

cérébral a son origine, ses fins, toutes ses conditions intimes<br />

de fonctionnement dans un dynamo-psychisme supérieur,<br />

en majeure <strong>par</strong>tie sub<strong>conscient</strong>. Il y a, nous l'avons<br />

démontré, dans l'.individualité psychologique, un psychisme<br />

supérieur, indépendant du fonctionnement des centres<br />

nerveux, soustrait à toutes <strong>le</strong>s contingences organiques,<br />

et ce psychisme supérieur forme <strong>le</strong> fond même de<br />

l'Etre, joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> centralisateur et directeur de la synthèse<br />

psychique, relie tous <strong>le</strong>s états de conscience dans <strong>le</strong><br />

présent <strong>par</strong> son activité toujours immanente, quoique en<br />

majeure <strong>par</strong>tie Latente, et du présent <strong>au</strong> passé <strong>par</strong> sa cryptomnésie<br />

possède ^enfia <strong>le</strong>s facultés dites supranorma<strong>le</strong>s.<br />

Si nous voulons exprimer en termes philosophiques la<br />

nouvel<strong>le</strong> conception psycho-physiologique imposée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s<br />

faits, nous dirons La représentation « organisme » loin<br />

de constituer tout l'individu, n'est que l'objectivation inférieure,<br />

la plus grossière, du dynamo-psychisme essentiel<br />

de cet individu. Au-dessus de la représentation « organisme<br />

» et la conditionnant, est une représentation supérieure<br />

« <strong>le</strong> dynamisme vital ». Au-dessus des représentations<br />

« organisme » et « dynamisme vital » et <strong>le</strong>s conditionnant,<br />

est une troisième représentation, plus é<strong>le</strong>vée et<br />

d'ordre mental.<br />

Ces conceptions ne sont pas nouvel<strong>le</strong>s. On sait que Pythagore<br />

et Aristote distinguaient du corps ie dynamisme<br />

vital, qu'ils .appelaient « Psyché et de rla Psyché <strong>le</strong> dynamo-psychisme<br />

mental qu'ils appelaient « Nous ».<br />

<strong>De</strong> même .<strong>le</strong>s vitaiistes, tes spiritualistes de Ja vieil<strong>le</strong><br />

éco<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s animistes admettaient des catégories analo-


L'INDIVIDU 225<br />

gues. Mais la différence est grande, cependant, entre <strong>le</strong>s<br />

idées anciennes et l'idée nouvel<strong>le</strong>. D'abord, l'idée nouvel<strong>le</strong>s<br />

est busée sur des laits, démmïtî'ée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s faite.<br />

-Eî<strong>le</strong><br />

repose,<br />

nous <strong>le</strong> verrons mieux encore dans 'la suite, sur <strong>le</strong> raisonnement<br />

« tout se<br />

ainsi. »<br />

passe<br />

comme si <strong>le</strong>s choses étaient<br />

Puis, <strong>au</strong>ssi, Vidée noarel<strong>le</strong> ne fait pas appel à des<br />

diflérenciations<br />

d'essence entre <strong>le</strong> corps, <strong>le</strong><br />

dynamisme vital,<br />

<strong>le</strong><br />

dynamo-psychisme<br />

mental. Les uns et <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres, pour<br />

el<strong>le</strong>, sont simp<strong>le</strong>ment des (représentations hiérarchisées<br />

d'un même<br />

principe<br />

essentiel. Leur différence est simp<strong>le</strong><br />

question d'évolution, d'activité, de réalisation..<br />

Mais cela ne<br />

peut être bien compris avant d'avoir complété<br />

notre étude du moi. Réservons donc momentanément<br />

la suite de notre analyse des<br />

représentations et passons<br />

à l'examen du moi considéré comme dynamo-psydtisme<br />

essenliel.<br />

3° LE MOI CONSIDÉRÉ COMME DY.VÀMO-PSYCHISME F.SSEXTIF.T,<br />

Le moi est-il distinct de ses représentations Ou'est <strong>le</strong><br />

moi en dehors de ses<br />

représentations Jusqu'à présent,<br />

la<br />

réponse à ces questions était d'ordre purement métaphysique.<br />

Consultons <strong>le</strong>s faits et cherchons, dans cet examen seul.<br />

ce<br />

qu'il en est.<br />

Vis-à-vis des faits, la question se pose ainsi<br />

Le moi esi-il, comme<br />

l'enseigne<br />

la<br />

psychologie<br />

classique,<br />

la somme des états de conscience oit bien est-il sé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>,<br />

est-il concevab<strong>le</strong> sé<strong>par</strong>ément des états de conscience<br />

<br />

Nous<br />

verrons<br />

moi ne se confond<br />

que la réponse n'est pas douteuse, que <strong>le</strong><br />

pas avec <strong>le</strong>s états de conscience. Mais,<br />

pour "<strong>le</strong> comprendre, 'un certain effort est nécessaifre.<br />

Nous admettons, sans<br />

trop de difficulté, que <strong>le</strong> moi ne<br />

sïdtesftifîe fa-s avec <strong>le</strong> corps matériel, mais be<strong>au</strong>coup plus


226 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

malaisément qu'il ne s'identifie pas avec <strong>le</strong> mental ». On<br />

se distingue moins aisément soi-même de la représentation<br />

menta<strong>le</strong> que de la représentation organique. Il f<strong>au</strong>t modifier<br />

des habitudes intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s invétérées et faire appel<br />

à toute la rigueur du raisonnement pour al<strong>le</strong>r <strong>au</strong>-delà du<br />

« je pense, donc je suis » pour admettre « je suis, même<br />

en dehors de mes pensées. El<strong>le</strong>s me représentent, mais<br />

mes représentations menta<strong>le</strong>s ne sont pas tout moi ». Cependant,<br />

en se basant sur <strong>le</strong>s faits, rien n'est plus certain.<br />

Le raisonnement est précis si <strong>le</strong> moi n'était que la somme<br />

des états de conscience, on ne pourrait comprendre coinment,<br />

ces états de conscience étant intacts, <strong>le</strong> moi, qui ne<br />

serait que <strong>le</strong>ur synthèse, pourrait perdre ce qu'il a de plus<br />

important, d'essentiel, la notion de son unité et la possibilité<br />

de son contrô<strong>le</strong> sur la synthèse psychique. Or c'est<br />

là précisément ccn lait banal que cette intégrité des états de<br />

conscience coexistant <strong>au</strong>ec la dis<strong>par</strong>ition de l'unité synthétique<br />

el de la direction centralisatrice.<br />

La diminution ou la dis<strong>par</strong>ition du contrô<strong>le</strong> du moi est<br />

la base de toute la psychologie anorma<strong>le</strong>, de toutes <strong>le</strong>s<br />

anomalies psychologiques cocxistant avec l'intégrité anatomo-physiologique<br />

des centres nerveux.<br />

Qu'il s'agisse de névrose pure comme l'hystérie, de folie<br />

essentiel<strong>le</strong>, d'hypnose, de dédoub<strong>le</strong>ment de la personnalité,<br />

de médiumnisme, toujours et avant tout on constate,<br />

comme phénomène primitif, la dis<strong>par</strong>ition du contrô<strong>le</strong> et<br />

de la direction centralisatrice du moi. Dans <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s<br />

hystériformes, dans la folie essentiel<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s états de conscience<br />

sont et restent longtemps intacts. Les facultés prises<br />

isolément ne sont pas atteintes la mémoire, l'imagination,<br />

<strong>le</strong> sentiment, etc., sont <strong>le</strong>s mêmes mais la direction centra<strong>le</strong><br />

a fait place à l'anarchie ou à la polyarchie.<br />

Dans l'hypnose, <strong>le</strong> dédoub<strong>le</strong>ment de la personnalité, <strong>le</strong><br />

médiumnisme, <strong>le</strong>s facultés et connaissances, <strong>le</strong>s états de<br />

conscience <strong>le</strong>s plus variés, <strong>le</strong>s processus ment<strong>au</strong>x consscienls<br />

ou sub<strong>conscient</strong>s persistent intégra<strong>le</strong>ment. Mais là<br />

encore, la direction centra<strong>le</strong> habituel<strong>le</strong> du moi a dis<strong>par</strong>u,


L'INDIVIDU 227<br />

pour faire place à une direction hétérogène. En un mot,<br />

<strong>le</strong>s étais de conscience, <strong>le</strong>s facultés, <strong>le</strong>s capacités, <strong>le</strong>s connaissances<br />

peuvent être dissociés, sé<strong>par</strong>és de ce qu'il y a<br />

d'essentiel dans <strong>le</strong> moi la conscience de son unité et de<br />

sa réalité.<br />

Donc, <strong>le</strong> moi est distinct des états constitutifs gui nous<br />

<strong>le</strong> représentent.<br />

Le phénomène <strong>le</strong> plus typique <strong>au</strong> point de vue de notre<br />

démonstration, est celui des altérations de la personnalité.<br />

Les modifications de la personnalité prouvent deux choses<br />

1° L'existence dans <strong>le</strong> « mental » de « groupements de<br />

strates », comme dit Jastrow (1), constituant <strong>au</strong>tant de formations<br />

suB<strong>conscient</strong>es.<br />

2° L'existence d'une direction psychique, centralisatrice<br />

et directrice de ces groupements ment<strong>au</strong>x, puisque c'est<br />

précisément la défaillance, la mise en déf<strong>au</strong>t de cette direction<br />

centra<strong>le</strong> qui est la base et la condition sine qua non<br />

des altérations de la personnalité et de l'ap<strong>par</strong>ition d'états<br />

seconds. « Lorsque, dit Jastrow, <strong>le</strong> moi dominant abandonne<br />

une <strong>par</strong>t quelque peu considérab<strong>le</strong> de sa souveraineté,<br />

il peut se faire que des activités organisées s'émancipent.<br />

» On voit alors « <strong>le</strong> moi altéré entretenir des<br />

relations si <strong>par</strong>ticulières, si incomplètes, si détournées<br />

avec <strong>le</strong> moi normal que l'on est forcé d'admettre que l'esprit<br />

est dissocié. On voit encore l'<strong>au</strong>tocratie psychique renversée<br />

faire place à un gouvertaement affaibli exerçant son<br />

pouvoir sur un territoire réduit. Il<br />

En résumé, <strong>le</strong> moi réel conditionne et dirige <strong>le</strong> dynamopsychisme<br />

mental.<br />

Ce qu'il y a d'essentiel dans <strong>le</strong> moi ne peut donc pas<br />

être confondu avec <strong>le</strong>s états de conscience subordonnés et<br />

secondaires.<br />

Dnns <strong>le</strong> mental comme dans l'organisme, il f<strong>au</strong>t distinguer<br />

l'essence permanente et <strong>le</strong>s « représentations » temporaires.<br />

Les états de conscience ne sont que des repré-<br />

Il) .Tasitrow « La subconscicncc » (c'est moi qui ai souligaé).<br />

<strong>Dr</strong> GkratAVBGklby. 16


228 de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

senta lions du moi. Mais <strong>le</strong> moi, <strong>par</strong>cel<strong>le</strong> individualisée du<br />

dynamo-psychisme universel, ne s<strong>au</strong>rait se confondra<br />

avec ses représentations.<br />

Du reste, cette assertion a, en sa faveur, uae <strong>au</strong>tre<br />

preuve encore Les laits démonlreat qu'il y a, dans <strong>le</strong> moi,<br />

des capacités qui dépassent <strong>le</strong>s Limites des éiats de conscience<br />

et dominent toutes <strong>le</strong>s représentations.<br />

L'intuition, <strong>le</strong> pie créateur dépassent largement <strong>le</strong><br />

cadre des facultés intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s.<br />

II n'y a, da«s l'intuition et dans <strong>le</strong> génie, rien de ce qui<br />

caractérise <strong>le</strong>s enchaînements de la logique. Ce sont laides<br />

buttés supérieures, tenant évidemment de fesse.ce divine<br />

du moi.<br />

A plus forte raison, <strong>le</strong>s facultés psychiques supraBorma<strong>le</strong>s<br />

et spécia<strong>le</strong>ment la lucidité, indépendante de toutes<br />

<strong>le</strong>s contingences, ne peuvent-el<strong>le</strong>s se rattacher à l'intdloct.<br />

Ainsi, encore une fois, <strong>le</strong> moi, <strong>le</strong> moi esseaiiei, Je îiioi<br />

réel, est distinct des états de conscience et des processus<br />

ment<strong>au</strong>x qui <strong>le</strong> iHipr


CHAPITRE<br />

Il<br />

LE I>YNAMO-PSYCHISME ESSENTIEL PASSE,<br />

DANS L'EVOLUTION INDIVIDUELLE,<br />

DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Jusqu'à présent, notre démonstration est restée rigoureusement<br />

scientifique, basée tota<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s faits ou<br />

des inductions étroitement tirées des faits. Dans la suite,<br />

tout en suivant la même méthode, nous serons amenés à<br />

laisser une marge un peu plus large l'hypothèse.<br />

Mais<br />

que<br />

<strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur veuil<strong>le</strong> bien suspendre son jugement<br />

tout<br />

se tient .dans cet<br />

ouvrage.<br />

Aucun des détails de ses enseignements<br />

ne doit étre considéré isolénterzt et en dehors de<br />

la synthèse d'ensemb<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong><br />

est<br />

synthèse<br />

tel<strong>le</strong>, nous <strong>le</strong><br />

verrons plus loin, qu'el<strong>le</strong> s'impose en bloc, avec toute la<br />

force de la vérité.<br />

Pour Schopenh<strong>au</strong>er et pour de Hartmann, <strong>le</strong> <strong>conscient</strong><br />

est<br />

insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> des représentations. Entre <strong>le</strong> <strong>conscient</strong><br />

d'une <strong>par</strong>t, et la volonté ou <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> d'<strong>au</strong>tre<br />

<strong>par</strong>t,<br />

existe, d'après eux, un abîme que rien ne peut comb<strong>le</strong>r.<br />

Il y a, entre l'un et l'<strong>au</strong>tre, une différenciation essentiel<strong>le</strong>.<br />

Nous voulons démontrer, <strong>au</strong> contraire 1°<br />

qu'il n'y a nul<br />

abîme entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> qu'ils s'interpénètrent<br />

perpétuel<strong>le</strong>ment dans l'individu qu'ils se conditionnent<br />

mutuel<strong>le</strong>ment. 2" Qu'il se fait un passage ininterrompu<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong> que <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

primitif tend de plus en plus, <strong>par</strong> une évolution indéfinie<br />

et<br />

ininterrompue, à devenir <strong>conscient</strong>.


230 DE L'INCONSCIENTAU CONSCIENT<br />

LE<br />

CONSCIENTET L'INCONSCIENTS'INTERPÉNÈTRENT<br />

ET SE CONDITIONNENTRÉCIPROQUEMENT<br />

Considérons <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

Dans l'étude analytique de ses éléments constitutifs,<br />

nous trouvons des éléments innés, que nous étudierons<br />

plus loin et des éléments acquis. Ces derniers ont d'abord<br />

été <strong>conscient</strong>s puis du champ de la conscience ont passé<br />

dans <strong>le</strong> champ de la subconscience et sont devenus cryptomnésiques.<br />

Une <strong>par</strong>t de la cryptomnésie sub<strong>conscient</strong>e<br />

est faite ainsi d'anciennes acquisitions <strong>conscient</strong>es. Il y a<br />

donc un courant perpétuel du <strong>conscient</strong> à <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>.<br />

Considérons maintenant <strong>le</strong> <strong>conscient</strong><br />

Dans l'étude analytique de ses 'éléments constitutifs,<br />

nous avons trouvé des éléments acquis, que nous connaissons<br />

bien, et des éléments innés, qui sont plus obscurs.<br />

Ces derniers sont d'abord sub<strong>conscient</strong>s, puis du champ de<br />

la subconscience, passent dans <strong>le</strong> champ de la conscience<br />

de c'ryptopsychiques, ils deviennent psychiques.<br />

Le fonds même de l'être <strong>conscient</strong>, sa caractéristique<br />

essentiel<strong>le</strong> sont faits des capacités sub<strong>conscient</strong>es.<br />

Le psychisme <strong>conscient</strong> est ainsi constitué en majeure<br />

<strong>par</strong>tie <strong>par</strong> <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> même, qui <strong>le</strong> conditionne et <strong>le</strong><br />

dirige. Il y a donc un courant perpétuel de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

<strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

En somme do:ub<strong>le</strong> influence réciproque et perpétuel<strong>le</strong>,<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>. et du <strong>conscient</strong> à <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

interpénétration tota<strong>le</strong>.<br />

Non seu<strong>le</strong>ment l'abîme infranchissab<strong>le</strong> n'existe pas, mais<br />

<strong>le</strong>s connexions sont absolument étroites et directes.<br />

L'in<strong>conscient</strong> conditionnant <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> perd, <strong>par</strong> cela<br />

même, en <strong>par</strong>tie, son caractère d'in<strong>conscient</strong>. Il se comporte<br />

alors, non comme de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, mais comme du<br />

<strong>conscient</strong> cryptoide, tantôt actif, tantôt latent.


DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT 231<br />

A son tour <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> conditionne en<br />

<strong>par</strong>tie<br />

en reversant dans son sein la masse de ses<br />

<strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>,<br />

acquisitions<br />

psychologiques.<br />

Enfin<br />

ces<br />

acquisitions,<br />

<strong>au</strong>trefois<br />

<strong>conscient</strong>es el devenues<br />

sub<strong>conscient</strong>es,<br />

sont<br />

susceptib<strong>le</strong>s,<br />

quand<br />

<strong>le</strong>s conditions sont<br />

favorab<strong>le</strong>s,<br />

de<br />

réintégrer<br />

<strong>le</strong><br />

domaine<br />

du <strong>conscient</strong>.<br />

Que conclure de tout cela <br />

Simp<strong>le</strong>ment<br />

ceci<br />

Ce<br />


232 Di: l'iNCOIOClENî AU CONSCIENT<br />

Cette catégorie, cette portion du moi reste forcement<br />

mystérieuse el<strong>le</strong> tient à l'essence même de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

El<strong>le</strong> lui fait <strong>par</strong>ticiper à ce qu'il y a de divin dans l'univers<br />

et se dérobe encore à notre investigation rationnel<strong>le</strong> comme<br />

à une complète interprétation.<br />

B) La seconde catégorie comprend <strong>le</strong>s faculiés et connaissances<br />

analogues, comme essence, <strong>au</strong>x facultés et connaissances<br />

<strong>conscient</strong>s et n'en différant que ptr la variété<br />

et l'étendwe. Cette catégorie est plus iaci<strong>le</strong> à interpréter.<br />

Nous constatons tout d'abord qu'el<strong>le</strong> est faite, pow une<br />

<strong>par</strong>t, des expériences psychologiques acquises consciemment<br />

ou même à notre insu et passées intégra<strong>le</strong>ment dansla<br />

subeonscience.<br />

Tout se puisse tomme si la multitude des expérience<br />

journalières avait pour but ou pour résultai un enrichissement<br />

inireterrompu, pendml <strong>le</strong> cours de noire vie, de ntrire<br />

sub<strong>conscient</strong>.<br />

Aucun souvenir, <strong>au</strong>cune expérience psychologique ou<br />

vita<strong>le</strong> n'est perdue. L'organisme, dans <strong>le</strong> cours de la vie,<br />

subit d'immenses modkficatioas et, sans doute, se renouvel<strong>le</strong><br />

plusieurs fois, molécu<strong>le</strong> <strong>par</strong> molécu<strong>le</strong>. Les états de<br />

conscience se succèdent, tous plus ou moins différents <strong>le</strong>s<br />

uns des <strong>au</strong>tres. Une vie est faite en réalité d'une série de<br />

vies vies de la première enfance, de l'enfonce, de l'ado<strong>le</strong>scence,<br />

de l'âge adulte et de la vieil<strong>le</strong>sse vies distinctes,<br />

bien que réunies <strong>par</strong> un ïonds commun.<br />

Ces vies successives sont plus ou moins, affectées <strong>par</strong> tes<br />

oublis, en ap<strong>par</strong>ence définitifs, qui constituent, pour l'être,<br />

comme <strong>au</strong>tant de petites morts.<br />

Mais, à travers <strong>le</strong> renouvel<strong>le</strong>ment des molécu<strong>le</strong> organiques<br />

et des états de conscience, persiste un psychisme supérieur<br />

et profond, gui, a enregistré ious ces étals de conscience<br />

et gui <strong>le</strong>s conserve d'une manière indélébi<strong>le</strong>.<br />

Ils ne sont donc paq perdus, bien qu'il" restent en majeure<br />

<strong>par</strong>tie latents.<br />

Mais ce n'est pas tout <strong>le</strong> psychisme subeonscient, qui


D£ l'hVCWv'SCIENT AU CONSCIENT 233<br />

s'enrichit ainsi, dans <strong>le</strong> cours de ta vie, de tous <strong>le</strong>s nouve<strong>au</strong>x<br />

états de conscience, ne fait pas que <strong>le</strong>s enregistrer<br />

il se <strong>le</strong>s assimi<strong>le</strong>.<br />

Toutes <strong>le</strong>s acquisitions <strong>conscient</strong>es sont assimilées et<br />

transmuées en facultés. Cela est bien visib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> cours<br />

de l'existence. L'Etre « se développe », acquiert des facultés<br />

nouvel<strong>le</strong>s ou plus marquées de sentir, de connaître,<br />

de savoir. Le progrès psychologique ne peut être que <strong>le</strong><br />

résultat de cette transmutation des connaissances en Jactêtès.<br />

Or, cette transomtatton est sub<strong>conscient</strong>e. El<strong>le</strong> ne<br />

se passe pas dans <strong>le</strong>s molécu<strong>le</strong>s cérébra<strong>le</strong>s instab<strong>le</strong>s et<br />

éphémères el<strong>le</strong> nécessite une élaboration continue et profonde<br />

dans la <strong>par</strong>tie permanente et essentiel<strong>le</strong> de l'Etre,<br />

c'est-à-dire dans son dynamo>-psychisme sub<strong>conscient</strong>.<br />

Ainsi donc, peu importent <strong>le</strong>s désagrégations perpétuel<strong>le</strong>s<br />

de la personnalité <strong>conscient</strong>e. L'individualité sub<strong>conscient</strong>e<br />

permanente conserve <strong>le</strong> souvenir indélébi<strong>le</strong> de<br />

tous <strong>le</strong>s états de conscience qui l'ont constituée. El<strong>le</strong> tire<br />

de ces états de conscience, assimilés <strong>par</strong> el<strong>le</strong>, de nouvel<strong>le</strong>s<br />

capacités.<br />

Pendant <strong>le</strong> cours de la vie, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> individuel a<br />

fait ainsi un pas nouve<strong>au</strong> vers <strong>le</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

Nous avons, dès lors, une base ferme d'où <strong>par</strong>tir pour<br />

al<strong>le</strong>r, plus h<strong>au</strong>t et plus loin, à la découverte dé la vérité.<br />

La cryptopsychie n'est faite qu'en petite <strong>par</strong>tie des expériences<br />

de la vie présente. La majeure <strong>par</strong>tie est innée.<br />

D'oè provient-el<strong>le</strong> àone <br />

L'hypothèse explicative la plus<br />

« naturel<strong>le</strong> » et la plus<br />

raisonnab<strong>le</strong> est cel<strong>le</strong> qui sera basée sur <strong>le</strong>s faits Puisque<br />

la eryptopsychie et la cryptomnésie sont faites, en <strong>par</strong>tie,<br />

des expériences journalières, passées dans la swbconscieace<br />

qu'el<strong>le</strong>s enrichissent, il est légitime d'inférer<br />

qu'el<strong>le</strong>s sont faites tota<strong>le</strong>ment d'expériences passées.<br />

puisque donc, on ne trouve, dans <strong>le</strong> cours de notre<br />

existence, l'oTigw&e que d'Mne <strong>par</strong>tie seu<strong>le</strong>ment da trésor


234 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AC CONSCIENT<br />

sub<strong>conscient</strong>, on est <strong>au</strong>torise à chercher <strong>le</strong> complément<br />

de<br />

cette<br />

orirdine dans des expériences antérieures et à recu<strong>le</strong>r,<br />

<strong>au</strong>-delà de l'existence actuel<strong>le</strong>, la cryptoninésie<br />

et la cryptopsychie<br />

de l'Etre.<br />

Evidemment, cette induction est formidab<strong>le</strong>. A be<strong>au</strong>coup<br />

de <strong>le</strong>cteurs, el<strong>le</strong><br />

<strong>par</strong>aîtra<br />

de<br />

prime abord, sinon<br />

absurde, du moins hors de proportion avec <strong>le</strong>s faits sur<br />

<strong>le</strong>squels el<strong>le</strong> repose.<br />

Seu<strong>le</strong>ment el<strong>le</strong> ne doit<br />

pas être considérée isolément.<br />

El<strong>le</strong> doit être associée à l'ensemb<strong>le</strong> des démonstrations<br />

précédentes.<br />

essentiel,<br />

El<strong>le</strong> acquiert alors une force nouvel<strong>le</strong>. Il n'est<br />

pas<br />

de<br />

comprendre comment <strong>le</strong> dynamo-psychisme<br />

en<br />

s'objectivant dans de nouvel<strong>le</strong>s représentations<br />

diffici<strong>le</strong><br />

organiques, garde en lui la mémoire profonde des expériences<br />

réalisées dans <strong>le</strong>s représentations antérieures.<br />

Si, <strong>au</strong> lieu d'une seu<strong>le</strong> existence, on embrasse des séries<br />

d'existences successives, on comprend immédiatement<br />

comment s'est faite l'acquisition de la conscience en<br />

<strong>par</strong>tant<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

primitif.<br />

Chacune des expériences, infiniment nombreuses et variées,<br />

s'est gravée dans <strong>le</strong><br />

dynamisme essentiel de l'Etre<br />

et s'est traduite <strong>par</strong><br />

un état de conscience c'est-à-dire <strong>par</strong><br />

un souvenir et<br />

<strong>par</strong> ,une capacité.<br />

C'est<br />

ainsi<br />

que<br />

l'Etre<br />

passe, peu à peu, de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

<strong>au</strong><br />

<strong>conscient</strong>.<br />

L'induction<br />

palingénésique, d'ail<strong>le</strong>urs, ne se heurte à<br />

<strong>au</strong>cune objection d'ordre scientifique. C'est en vain<br />

qu'on<br />

s'efforcerait d'en trouver une seu<strong>le</strong>7dans la masse de nos<br />

connaissances.<br />

Quant à l'oubli des existences antérieures, il est sans<br />

<strong>au</strong>cune<br />

importance pour la science moderne. Le souvenir<br />

ne joue qu'un rô<strong>le</strong> secondaire dans la<br />

psychologie<br />

norma<strong>le</strong><br />

l'oubli est toujours et<br />

<strong>par</strong>tout. La majeure <strong>par</strong>tie<br />

des souvenirs dis<strong>par</strong>aît <strong>au</strong> cours de l'existence. La mémoire<br />

de la personnalité, mémoire cérébra<strong>le</strong>, est tout à


DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT 235<br />

fait débi<strong>le</strong>, infidè<strong>le</strong>, défaillante. El<strong>le</strong> est mise en déf<strong>au</strong>t dans<br />

la vie régulière et norma<strong>le</strong> el<strong>le</strong> l'est davantage encore<br />

dans <strong>le</strong>s états anorm<strong>au</strong>x <strong>par</strong> <strong>le</strong>s « états seconds », soit<br />

spontanés, soit hypnotiques ou médiumniques.<br />

Par contre, <strong>au</strong>-dessus de cette mémoire cérébra<strong>le</strong>, <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>,<br />

éphémère, existe la mémoire sub<strong>conscient</strong>e, la mémoire<br />

de l'individualité vraie et tota<strong>le</strong>, mémoire infaillib<strong>le</strong><br />

et indestructib<strong>le</strong> comme el<strong>le</strong>.<br />

C'est dans cette mémoire essentiel<strong>le</strong> que restent, gravés<br />

à jamais, à la fois tous <strong>le</strong>s événements de la vie actuel<strong>le</strong> et<br />

tous <strong>le</strong>s souvenirs, toutes <strong>le</strong>s acquisitions <strong>conscient</strong>es de<br />

l'immense série des vies antérieures.<br />

A la lumière des deux propositions que nous venons<br />

d'établir, nous sommes à même de comprendre complètement<br />

l'évolution individuel<strong>le</strong> et de résoudre tous <strong>le</strong>s probtèmes<br />

naturalistes et philosophiques relatifs à l'individu.<br />

Sans doute, <strong>au</strong> point de vue métaphysique, notre conception<br />

accorde nécessairement une large place encore à<br />

l'hypothèse, mais <strong>au</strong> point de cue psychologique, el<strong>le</strong> ne<br />

laisse pas d'énigme qui ne soit éclaircie.


CHAPITRE<br />

IH<br />

SYNTHESE DE L'INDIVIDU<br />

<strong>le</strong> REPRÉSENTATIONS primordia<strong>le</strong>s ET SECONDAIRES<br />

La conception rationnel<strong>le</strong> de l'individu, conception<br />

en<br />

accord avec tous <strong>le</strong>s faits, est la suivante<br />

Pour la genèse de l'individu, <strong>le</strong> dynamo-psychisme essentiel<br />

s'objective en représentations primordia<strong>le</strong>s hiérarchisées<br />

et se conditionnant <strong>le</strong>s unes <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres.<br />

Les représentations primordia<strong>le</strong>s so*t, d'après nos connaissances<br />

actuel<strong>le</strong>*<br />

Le mental,<br />

Le<br />

dynamisme priai,<br />

La substance<br />

organique unique (1).<br />

Ces représentations primordia<strong>le</strong>s se constituent el<strong>le</strong>smêmes<br />

en représentations secondaires <strong>le</strong> mental en états<br />

de conscience et<br />

pensées la substance unique en organes<br />

et cellu<strong>le</strong>s. Les représentations primordia<strong>le</strong>s sont des cadres<br />

qui res<strong>le</strong>nt <strong>le</strong>s mêmes de la naissance à la mort du<br />

groupement<br />

individuel.<br />

Les représentations secondaires, <strong>au</strong> contraire sont en<br />

perpétuel étal de renouvel<strong>le</strong>ment. Les cellu<strong>le</strong>s du comp<strong>le</strong>xus<br />

organique naissent, meurent, se succèdent avec une<br />

grande rapidité. Les états de conscience et <strong>le</strong>s pensées se<br />

(1) Les éoo<strong>le</strong>s dites occultistes qui, <strong>par</strong> des méthodes intuitives ou<br />

mystiques sont<br />

a.rrivées, chose curieuse, à des systématisations assez<br />

voisines, décrivent <strong>le</strong>s diverses représentations primordia<strong>le</strong>s comme<br />

pourvues chacune d'une ap<strong>par</strong>ence concrète, d'un substratum organique<br />

ou fluidique.


SYNTHÈSE DE L'INDIVIDU<br />

23T<br />

succèdent de même, s'associait, s'opposant; convergeant<br />

ou divergeant dans un cb*es formidab<strong>le</strong>, que seu<strong>le</strong> ordonne<br />

et régularise la direction du moi.<br />

Les derniers termes des représentations,, cellu<strong>le</strong>s ou pensées<br />

ont, dans l'ensemb<strong>le</strong>, <strong>le</strong>ur <strong>au</strong>tonoanie, <strong>le</strong>ur dynamisme<br />

propre, <strong>le</strong>ur conscience éb<strong>au</strong>chée. Les cellu<strong>le</strong>s ou pensées<br />

sant des Il tout », des dynamo-psychismes <strong>par</strong>cellaires, des<br />

monades (1).<br />

Les hiérarchies qui se constatent entre <strong>le</strong>s représentations<br />

principa<strong>le</strong>s existent <strong>au</strong>ssi, dans <strong>le</strong>ur cadre, pour <strong>le</strong>s<br />

représentations secondaires. Il y a une hiérarchie des tissus<br />

et une hiérarchie des groupements ment<strong>au</strong>x. Enfin,<br />

dans <strong>le</strong>s cadres des représentations primordia<strong>le</strong>s, cadres<br />

fixes et immuab<strong>le</strong>s pour la durée du groupement vital, il y<br />

a, pour tes représentations secondaires, possibilité de représentations<br />

différentes 4es représentations accoutumées.<br />

Ainsi <strong>le</strong>s tissus et organes de la substance unique peuvent<br />

se constituer en représentations formel<strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s dans<br />

<strong>le</strong>s matérialisations métapsychiques. Ainsi <strong>le</strong>s représentations<br />

menta<strong>le</strong>s peuvent se constituer en personnalités<br />

secondes dans <strong>le</strong> psychisme anormal.<br />

Dès lofs tout devient clair, soit dans la conception de<br />

l'individu, soit dans <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ticularités multip<strong>le</strong>s de sa physiologie<br />

ou de sa psychologie.<br />

Reprenions maintenant notre analyse de l'individu et de<br />

ses représentations. Etudions-<strong>le</strong>s en détail.<br />

2* CORPS ET DYNAMISME VITAF,<br />

Le corps, objectivation inférieure, représentation iêè&-<br />

plastique du rem, ne joue plus <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> primordial et essentiel<br />

que lui assignait la psycho-physiologie classique.<br />

Les<br />

phénomènes connus de physiologie supranormal<br />

(1) C'oet ce q»e <strong>le</strong>s expériences oéfebres du dooteor Cartel ont positivieim«nt<br />

démontré pour lm cellu<strong>le</strong>s.


238 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

semb<strong>le</strong>nt établir que <strong>le</strong>s diverses modalités anatomiques de<br />

l'organisme se ramènent à une représentation unique la<br />

substance primordia<strong>le</strong>, qui n'est pas de la substance nerveuse,<br />

osseuse, musculaire, etc. mais qui est purement et<br />

simp<strong>le</strong>ment la substance.<br />

Il y a un champ d'études formidab<strong>le</strong>ment vaste.<br />

L'étude des modalités organiques devra être ainsi reprise<br />

sur un plan tout nouve<strong>au</strong>.<br />

Cette substance organique est édifiée, développée, maintenue,<br />

ré<strong>par</strong>ée <strong>par</strong> <strong>le</strong> dynamisme vital, principe d'activité<br />

supérieure qui <strong>le</strong> conditionne.<br />

Nous avons suffisamment démontré, dans l'étude de<br />

l'individualité physiologique, la réalité du dynamisme vital<br />

conçu comme indépendant du comp<strong>le</strong>xus organique et<br />

comme principe organisateur et directeur de ce comp<strong>le</strong>xus<br />

pour n'avoir pas à .revenir sur cette démonstration.<br />

Le dynamisme vital, d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, a son existence propre,<br />

<strong>au</strong>tonome, distincte de cel<strong>le</strong> des principes dynamopsychiques<br />

supérieurs de l'individu, démontrée <strong>par</strong> ses limitations,<br />

limitations dans l'espace et <strong>le</strong> temps, <strong>au</strong>xquel<strong>le</strong>s<br />

échappent <strong>le</strong>s principes supérieurs.<br />

Sa puissance organisatrice, directrice, ré<strong>par</strong>atrice ne<br />

dépasse, dans ses manifestations ap<strong>par</strong>entes, ni la naissance<br />

ni la mort de l'organisme qu'el<strong>le</strong> conditionne. El<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong>ur est liée, du moins, de toute évidence, dans des<br />

limites<br />

étroites.<br />

Dans l'édification de l'organisme, <strong>le</strong> dynamisme vital<br />

subit une doub<strong>le</strong> influence l'influence du dynamo-psychisme<br />

supérieur du moi et l'influence héréditai.re liée à la<br />

substance même, s'oit actioe de<br />

l'Etre et l'influence idéoplaslique passive, l'empreinte idéa<strong>le</strong><br />

marquée dans la substance <strong>par</strong> <strong>le</strong>s générateurs.<br />

Schopenh<strong>au</strong>er concevait déjà <strong>le</strong> processus de l'édification<br />

organique comme re<strong>le</strong>vant réel<strong>le</strong>ment de l'idéoplastie<br />

active « Les <strong>par</strong>ties du corps doivent correspondre <strong>par</strong>faitement<br />

<strong>au</strong>x princip<strong>au</strong>x appétits <strong>par</strong> <strong>le</strong>squels se manifeste


SYNTHÈSE DE L'INDIVIDU 239<br />

la votonté el<strong>le</strong>s doivent en être l'expression visib<strong>le</strong>. Les<br />

dents, l'cesophage et <strong>le</strong> canal intestinal sont la faim objectivée<br />

de même, <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ties génita<strong>le</strong>s sont l'instinct sexuel<br />

objectivé <strong>le</strong>s mains qui saisissent, <strong>le</strong>s pieds rapides correspondent<br />

à l'exercice déjà moins immédiat de la volonté<br />

qu'ils représentent. <strong>De</strong> même que la forme humaine en<br />

général correspond à la volonté humaine en général, la<br />

fo.rme individuel<strong>le</strong> du corps, très caractéristique et très<br />

expressive <strong>par</strong> conséquent, dans son ensemb<strong>le</strong> et dans toutes<br />

ses <strong>par</strong>ties, correspond à une modification individuel<strong>le</strong><br />

de la volonté, à un caractère <strong>par</strong>ticulier.<br />

Ce que nous devons ajouter simp<strong>le</strong>ment à cette conception<br />

de l'idéoplastie active, c'est que l'objectivation du<br />

dynamo-psychisme essentiel n'est pas immédiatement et<br />

primitivement une objectivation dans la matière. El<strong>le</strong> est<br />

d'abord menta<strong>le</strong>. Puis, l'objectivation menta<strong>le</strong> se transpose<br />

en objectivation dynamique et l'objectivation dynamique<br />

crée à son tour la représentation organique.<br />

Quant à l'idéoplastie passive, l'empreinte idéa<strong>le</strong> génératrice,<br />

c'est toute l'hérédité. El<strong>le</strong> joue un rô<strong>le</strong> très important<br />

dans l'édification de l'organisme, <strong>par</strong>ce que, <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

évolutif actuel, la volonté directrice du moi n'est pas capab<strong>le</strong><br />

de modifier <strong>le</strong>s grandes fonctions physiologiques. Le<br />

corps et <strong>le</strong> dynamisme vital forment, dans <strong>le</strong> groupement<br />

individuel, comme un « bloc inférieur <strong>au</strong>tonome, sur<br />

<strong>le</strong>quel <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> du « bloc supérieur<br />

et relatif.<br />

»<br />

» n'est que <strong>par</strong>tiel<br />

L'influence de l'idéoplastie active n'en est pas moins<br />

capita<strong>le</strong>. C'est el<strong>le</strong> qui assure à l'organisme sa destination<br />

et sa fin et qui adapte la cérébration, chez l'homme, <strong>au</strong><br />

rô<strong>le</strong> normal qu'el<strong>le</strong> devra remplir.<br />

»ans la direction supérieure, l'action du dynamisme vital<br />

chez <strong>le</strong>s êtres évolués et spécia<strong>le</strong>ment dans l'humanité,<br />

peut être déviée, f<strong>au</strong>ssée ou impuissante n'aboutir qu'à<br />

de formations avortées ou monstrueuses.<br />

'a de l'organisme, somme-


240 de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

iou<strong>le</strong>, ap<strong>par</strong>aît comme une « imiérialisation régulière<br />

et norma<strong>le</strong> tandis que La. mél&psydùque<br />

a'e$t qu'une \ormalvon idéopktstique irréguiière et tutor~<br />

amie.<br />

L'édification de l'organisme peut se faire, d'ail<strong>le</strong>urs, norma<strong>le</strong>ment<br />

en dehors des conditions habituel<strong>le</strong>s qui président<br />

à la génération des êtres <strong>le</strong>s pkts évolués. Dans la<br />

<strong>par</strong>thénogenèse, dans la reproduction <strong>par</strong> boutures, <strong>le</strong><br />

groupement des monades organiques et dynamiques se<br />

fait sans la conjonction d'un spermatozoïde et .'ua ovu<strong>le</strong>.<br />

Ces faits, en ap<strong>par</strong>ence déconcertants, peuvent aisément se<br />

«Méprendre avec <strong>le</strong>s notions nouvel<strong>le</strong>s<br />

ils prouvent simp<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong> conditionnement corporel<br />

et dynamique du groupement individuel ne réside pas exclusivement<br />

dans la fécondation (1).<br />

Une fois constitué, <strong>le</strong> dynamisme vital représente comme<br />

un emmagasinèrent, une provision de foroes, ét«M*e*neat<br />

limité dans sa durée comme dans sa puissance<br />

Dans sa durée, car ses capacités de ré<strong>par</strong>ation organique<br />

diminuent avec la maturité et n'empêchent pas <strong>le</strong> corps<br />

de se désagréger peu à peu dans l'usure de la vieil<strong>le</strong>sse.<br />

Dans sa puissance, car une lésion organique trop grave<br />

surpasse, même avant <strong>le</strong> terme final, ses capacités ré<strong>par</strong>atrices<br />

et amène la fin prématurée du groupement corporel.<br />

Il est remarquab<strong>le</strong> que la limitation du dynamisme vi-<br />

(1) Il y a une singulière analogie, qu'il nous soit portais de <strong>le</strong><br />

faire remarquer on passant, entre <strong>le</strong>s roproductions <strong>par</strong> bouteras et<br />

strrtont <strong>par</strong> bourgeonnement, et <strong>le</strong>s matérialisations métapsychiques.<br />

La m»toérijdis*faio« n'opère souvent, wons Pavane va, <strong>par</strong> une sorte de<br />

bourgeocuteaaeat ou de |>r»Jonge»K*ut dane la *ubet»nc>e unique du<br />

médium, ce bourgeonnement s'épanouisssunt en un Etne ou un fri»gment<br />

d'Etre.<br />

1a différence réside dame La. durée mots ce n'est là que question<br />

de médaillé et de temp». Rien ne dit epa'oa u'arrivet-a pas à eé<strong>par</strong>or<br />

la .matérialisatioii du<br />

médium, comme la. boutuc© ou <strong>le</strong> bourgfton<br />

de la souche originel<strong>le</strong>, et à lui donner une existence sé<strong>par</strong>ée Impossib<strong>le</strong><br />

dira-t-on Non l'insensé serait celui qui, connaissant ce que<br />

*oua savons, affirmerait l'imiweHièilité du fait.


DE l/lMHVIWJ 241<br />

tai soit plus marquée chez <strong>le</strong>s .êtres<br />

tes êtres li est d'ail<strong>le</strong>urs<br />

supérieurs que chez<br />

possib<strong>le</strong> qu'il y<br />

ait<br />

i»eias, chez .ces derniers, puissance plus forte que spécialisation<br />

moias étroite.<br />

En tout cas, l'étude du dynamisme vital chez tes êtres<br />

inférieurs, végét<strong>au</strong>x ou pxjtazo aires, «écessà&era une étude<br />

spécia<strong>le</strong>, à c<strong>au</strong>se de ses différences de<br />

propriétés et d'action.<br />

Ce qui panait certain, e'est que, chez l'être évolué, l'action<br />

ré<strong>par</strong>atrice du dynamisme vital est infiniment plus<br />

faib<strong>le</strong> qoe chez l'être inférieur, à .c<strong>au</strong>se de la ceotralisation<br />

étroite qui détourne, <strong>au</strong> profit presque exclusif des<br />

éJéaients nob<strong>le</strong>s de l'organisme, du<br />

système aerveux, ractivité<br />

majeure de ce dynamisme (1).<br />

El<strong>le</strong> .est loin d'avoir cette<br />

puissance prodigieuse tjiu; l'on<br />

Mie chez certains iuvertébrés, et même chez <strong>le</strong>s vertébrés<br />

iûférieurs,<br />

et<br />

qui<br />

se manifeste jusque dans la .régéBératkm<br />

de membres ou même de viscères.<br />

Tel<strong>le</strong> qu'el<strong>le</strong> est, el<strong>le</strong> est certainement susceptib<strong>le</strong> de<br />

merveil<strong>le</strong>s insoupçonnées, et s'il est prématuré d'envisager<br />

une<br />

thérapeutique nouvel<strong>le</strong>s, li«sée sur la connaissance approfondie<br />

du dynamisme vital, il est permis d'en prévoir<br />

la<br />

possibilité.<br />

Le rô<strong>le</strong> et la fin du « bloc inférieur » corps et dynamisme<br />

vital, dans <strong>le</strong> groupement individuel, semb<strong>le</strong>nt être de<br />

limiter l'activité du moi, de la<br />

spécialiser pour ainsi dire,<br />

due la déterminer dans un sens étroit. Tout se passe comme<br />

si chaque existence terrestre, chaque objectivation organifl)<br />

Il n'est pas absurde de paneor que la diminution artificialte<br />

prolongée de 1a centralisation nerveuse, si al<strong>le</strong> était .poesib<strong>le</strong>, <strong>par</strong><br />

«Eeiapte <strong>par</strong> un état d'hyyaeaes <strong>par</strong>&o«rtï'OT à lowgu« •échéaaioo, per-<br />

--trait aine puieeiwieo a-ôp«ina.trio« et théM^tenii^wB inabbeuâue du<br />

dynamisme<br />

vital.<br />

Cette puissance se manifeste d'ail<strong>le</strong>urs, <strong>par</strong> exception, dans dos<br />

«t«ta «aormans, <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong> é*ns <strong>le</strong>s g«érisone ditee miraxw<strong>le</strong>Bses


242 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

que ou, si l'on veut, chaque « incarnation » était, pour<br />

l'activité de l'Etre, une limitation dans <strong>le</strong> temps, dans l'espace<br />

et dans <strong>le</strong>s moyens. Ce serait comme une contrainte<br />

à une tâche étroite et spécialisée, à un effort quasi exclusif<br />

dans une seu<strong>le</strong> direction. Nette <strong>au</strong> point de vue physiologique,<br />

la limitation est plus nette encore <strong>au</strong> point de<br />

vue psychologique.<br />

Cette limitation est la c<strong>au</strong>se de l'impuissance des facultés<br />

supranorma<strong>le</strong>s. El<strong>le</strong> est la c<strong>au</strong>se de la difficulté des<br />

manifestations de l'inspiration supérieure, intuitive, créatrice<br />

ou génia<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est la c<strong>au</strong>se de l'oubli, pour l'Etre,<br />

pendant la vie organique, de l'immense majorité des expériences<br />

acquises en tant que souvenirs la c<strong>au</strong>se enfin de<br />

l'ignorance de sa situation réel<strong>le</strong>.<br />

En effet, l'organe cérébral est indispensab<strong>le</strong> pour <strong>le</strong><br />

fonctionnement psychologique dans ses rapports avec <strong>le</strong><br />

monde extérieur. Or, cet organe n'est capab<strong>le</strong> que d'une<br />

activité restreinte et d'une capacité restreinte d'emmagasinement<br />

et de mémoire. A mesure que <strong>le</strong>s impressions<br />

passagères subies s'effacent, la mémoire de ces impressions<br />

tend à dis<strong>par</strong>aître el<strong>le</strong>-même de la conscience norma<strong>le</strong>.<br />

Cela est très net dans <strong>le</strong> cours d'une seu<strong>le</strong> existence. A<br />

plus forte raison, d'une existence à l'<strong>au</strong>tre, <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong> nouvel<strong>le</strong>ment<br />

acquis ne peut plus vibrer harmonieusement<br />

avec <strong>le</strong>s impressions passées et cel<strong>le</strong>s-ci, dans la vie norma<strong>le</strong>,<br />

n'a:rrivent pas, s<strong>au</strong>f rares exceptions, <strong>au</strong> seuil de la<br />

conscience.<br />

Ces oublis ne sont qu'ap<strong>par</strong>ents, puisque <strong>le</strong>s souvenirs<br />

restent, intégra<strong>le</strong>ment conservés, dans la mémoire essentiel<strong>le</strong><br />

de l'Etre. Leur résultat, dans <strong>le</strong>s phases inférieures<br />

(<strong>le</strong> l'évolution, est d'ail<strong>le</strong>urs heureux l'oubli nécessite des<br />

expériences multip<strong>le</strong>s et dans des conditions toujours<br />

nouael<strong>le</strong>s.<br />

Il empêche, en outre, l'Etre d'être gêné ou détourné


SYNTHÈSE DE L'INDIVIDU 243<br />

dans sa voie. Il est, comme la mort el<strong>le</strong>-même, un facteur<br />

favorisant de l'évolution (1).<br />

D'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, la non disponibilité habituel<strong>le</strong> des facultés<br />

propres<br />

à <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> instinct, intuition ou facultés<br />

supranorma<strong>le</strong>s impose l'effarl réfléchi constant et favorise<br />

<strong>au</strong>ssi l'évolution.<br />

3° LES REPRÉSENTATIONS MENTALES ET LE MOI<br />

Nous venons de considérer <strong>le</strong> bloc inférieur du groupement<br />

constitutif de l'individu <strong>le</strong> corps et <strong>le</strong> dynamisme<br />

vital.<br />

Considérons maintenant <strong>le</strong> bloc supérieur, <strong>le</strong> dynamopsychisme<br />

mental et <strong>le</strong> moi.<br />

C'est en lui que réside tout ce qu'il y a d'essentiel dans<br />

l'Etre <strong>le</strong>s facultés innées, <strong>le</strong>s dispositions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s<br />

et <strong>le</strong>s capacités primordia<strong>le</strong>s.<br />

La monade centra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> moi réel, est la source et <strong>le</strong> principe<br />

du génie créateur, de l'inspiration. El<strong>le</strong> joue <strong>le</strong> rô<strong>le</strong><br />

directeur et centralisateur dans la synthèse psychologique.<br />

El<strong>le</strong> assure la permanence individuel<strong>le</strong>, en dépit du perpétuel<br />

renouvel<strong>le</strong>ment des états de conscience dans une<br />

vie et des changements de personnalité d'une existence<br />

à<br />

l'<strong>au</strong>tre.<br />

El<strong>le</strong> conserve la mémoire intégra<strong>le</strong> de toutes <strong>le</strong>s acquisitions<br />

et se <strong>le</strong>s assimi<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> développe ainsi peu à peu, <strong>par</strong><br />

cette assimilation, la conscience qui représente et synthétise<br />

toutes <strong>le</strong>s réalisations.<br />

En el<strong>le</strong> réside toute la conscience latente, faite d'un formidab<strong>le</strong><br />

passé d'innombrab<strong>le</strong>s expérieuces, d'innombrab<strong>le</strong>s<br />

acquisitions, d'innombrab<strong>le</strong>s réalisations.<br />

Le mental que dirige <strong>le</strong> moi est fait des états de conscience<br />

non encore assimilés <strong>par</strong> lui, mais qu'il gouverne<br />

(1) Voir la 3'° <strong>par</strong>tie.<br />

Iir Gustav» Gbust. 17


244 DE I, 'INCONSCIENT AC CONSCIENT<br />

et dont il se sert. 11 y a là un<br />

groupement. .formidab<strong>le</strong> de<br />

« dynamo-psychismes élémentaires », de ruoaades iatel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s,<br />

à un nive<strong>au</strong> é<strong>le</strong>vé d'évolution et ayant un degré<br />

déjà marqué d'<strong>au</strong>tonomie, d'activité propre, d'individualisation.<br />

Ces éléments forment, dans la synthèse psychique, des<br />

groupements secondaires déterminés <strong>par</strong> 1'affinité, des<br />

associations qui toutes visent à l'<strong>au</strong>tonomie. il<br />

y<br />

a ainsi,<br />

dans <strong>le</strong> psychisme, deux courants<br />

perpétuels un courant<br />

divergent centrifuge et décentralisateur., une tendance à<br />

l'<strong>au</strong>arefoe ou à la polyarchie et une tendance centripète,<br />

centralisatrice et dominatrice qui est cel<strong>le</strong> du moi.<br />

Le<br />

groupement général est lui-même déterminé pai' l'affinité.<br />

Ce sont <strong>le</strong>s tendances, <strong>le</strong> nive<strong>au</strong>, évolutif du moi et<br />

ses aspirations déterminées <strong>par</strong> l'évolution antérieure<br />

vont<br />

grouper <strong>le</strong>s éléments psychiques dans. la formation<br />

d'un nouvel être.<br />

qui<br />

Pendant la durée du groupement corporel, il f<strong>au</strong>t <strong>le</strong><br />

répéter, car il s'agit là d'un fait primordial, <strong>le</strong><br />

psychisme<br />

total est lié, pour ses manifestations dans ses rapports<br />

avec <strong>le</strong> monde extérieur, <strong>au</strong> psychisme cérébral et limité<br />

<strong>par</strong> lui.<br />

L'expression de la pensée et toutes <strong>le</strong>s manifestations<br />

de l'activité menta<strong>le</strong> doivent<br />

emprunter <strong>le</strong> canal<br />

cérébral et ce canal, étroit et<br />

dirigé dans un sens donné,<br />

limite et détermine dans ce sens toute 1 activité du moi.<br />

L'association étroite du<br />

groupement implique donc une<br />

diminution de activité du moi tandis<br />

que<br />

la sé<strong>par</strong>ation<br />

d'avec <strong>le</strong> bloc inférieur en<br />

implique l'élargissement.<br />

Le psychisme total est donc différent du psychisme de la<br />

vie norma<strong>le</strong>, limité<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s conditions cérébra<strong>le</strong>s.<br />

Il<br />

y a, dans cette<br />

conception, un point sur<br />

<strong>le</strong>quel<br />

il est<br />

nécessaire<br />

d'appe<strong>le</strong>r spécia<strong>le</strong>ment l'attention, po»r éviter<br />

de f<strong>au</strong>sses et désastreuses interprétations c'est sur la<br />

subordination du psychisme cérébral <strong>au</strong> psychisme supérieur.


SYNTHÈSE DE l/lNDlVIDi: 24i<br />

El<strong>le</strong> ne doit absolument<br />

pas<br />

être comprise dans te sens<br />

qu'il y <strong>au</strong>rait dans l'Etre deux êtres distincts, différents<br />

d'essence et de destinée.<br />

Pareil<strong>le</strong><br />

est<br />

équivoque<br />

malheureusement, jusqu'à posent,<br />

presque constante. ËHe domaine <strong>le</strong>s systèmes de Schopenh<strong>au</strong>er<br />

et de de Hartmann.<br />

«<br />

Consolons-nous, écrivait de Hartmann, d'avoir ua<br />

esprit si<br />

pratique<br />

et si bas, si peu poétique et ::i peu religieux<br />

il<br />

y a, <strong>au</strong> tond de chacun de nous, un merveil<strong>le</strong>ux<br />

in<strong>conscient</strong> qui rêve et<br />

qui prie pendant que<br />

nous travaillons<br />

à<br />

gagner<br />

notre vie. »<br />

C'est dans la même erreur que tombent certaines mystiques,<br />

qui enseignent gravement que <strong>le</strong>s actes <strong>conscient</strong>s.,<br />

même <strong>le</strong>s plus méritoires ou <strong>le</strong>s<br />

plus coupab<strong>le</strong>s, n'ont que<br />

peu d'importance, <strong>par</strong>ce qu'ils<br />

ne<br />

proviennent pas de l'Etre<br />

intérieur et n'ont<br />

pas de répercussion sur lui.<br />

Cela est radica<strong>le</strong>ment f<strong>au</strong>x.<br />

Le moi n'est pas d;oub<strong>le</strong>. Il est<br />

unique.<br />

Mais pendant la<br />

vie terrestre, <strong>le</strong>s<br />

contingences cérébra<strong>le</strong>s ne<br />

permettent<br />

que la manifestation restreinte et tronquée du psychisme<br />

totat. Cette limitation clissimu<strong>le</strong> à l'Etre, non seu<strong>le</strong>ment<br />

son essence<br />

métaphysique, nrais <strong>au</strong>ssi 6a <strong>par</strong>i la piu* considérab<strong>le</strong><br />

de ses réalisations <strong>conscient</strong>ieRtx<br />

Quand, dans <strong>le</strong>s états anorm<strong>au</strong>x, ïa portion subcousciente<br />

et latente se manifeste<br />

plus<br />

ou moins nettement,<br />

el<strong>le</strong> crée l'illusion dualiste, précisément <strong>par</strong>ce qtr'eUe ap<strong>par</strong>aît<br />

toute différente du psychisme normal, étant en dehors<br />

et <strong>au</strong>-dessus de ses limitations temporaires.<br />

Mais, <strong>conscient</strong> et sub<strong>conscient</strong> constituent une seu<strong>le</strong> et<br />

même individualité, dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong>s répercussions de<br />

l'un à l'antre sont corrélatives et<br />

perpétuel<strong>le</strong>s.<br />

'1 est d'ail<strong>le</strong>urs très diffici<strong>le</strong>, f<strong>au</strong>te


246 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

Dans l'existence permanente et indestructib<strong>le</strong> de l'individu,<br />

il y <strong>au</strong>rait, d'après <strong>le</strong>s notions ci-dessus, des alternatives<br />

perpétuel<strong>le</strong>s de « vie associée » et de « vie dissociée<br />

».<br />

Les phases de vie associée, de vie organique et matériel<strong>le</strong><br />

comportent un travail d'analyse, de perfectionnements<br />

de détails, un acheminement à la conscience <strong>par</strong> des<br />

eflorts restreints, efforts dirigés dans <strong>le</strong> sens spécial imposé<br />

<strong>par</strong> la présente objectivation efforts solidaires, <strong>par</strong><br />

conséquent, des efforts des <strong>au</strong>tres « monades » constitutives<br />

de l'organisme dynamique et matériel.<br />

Les phases de vie dissociée comportent un travail de<br />

recueil<strong>le</strong>ment, d'assimilation profonde et intime, de synthèse.<br />

Myers croyait en outre <strong>au</strong> développement spécial, pendant<br />

ces phases de « désincarnation », des facultés dites<br />

supranorma<strong>le</strong>s. Ces facultés, qui tiennent de l'essence divine<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, doivent être, en réalité, immuab<strong>le</strong>s.<br />

Mais il est <strong>par</strong> contre fort possib<strong>le</strong> que l'Etre apprenne,<br />

en dehors de ses existences terrestres, à se servir de ces<br />

facultés supranonna<strong>le</strong>s, ù <strong>le</strong>s comprendre suffisamment<br />

pour <strong>le</strong>s soumetlre, peu à peu, à sa volonté.<br />

L'hypothèse est grandiose. 11 ap<strong>par</strong>tient <strong>au</strong>x recherches<br />

futures, dans <strong>le</strong> domaine du méta psychisme, de l'étudier et<br />

peut-être de <strong>le</strong> confirmer.<br />

Ce qu'on peut, dès maintenant, induire avec plus de<br />

certitude, c'est que l'Etre, dans ses phases de désincarnation,<br />

libéré des contingences cérébra<strong>le</strong>s, peut et doit, lorsqu'il<br />

est arrivé à un nive<strong>au</strong> suffisant de conscience et de<br />

liberté (1), se connaître lui-même de mieux en mieux. Son<br />

passé lui serait accessib<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s limites de son<br />

évolution actuel<strong>le</strong>ment réalisée et il serait à même de pré<strong>par</strong>er<br />

consciemment son avenir.<br />

(1) Nous avons montré,dans « l'être sub<strong>conscient</strong>» que la liberté et<br />

la conscience sont corrélatives l'un© de l'antre.


SYNTHÈSE DE l' INDIVIDU 247<br />

4° Inductions métaphysiques SUR L'ORIGINE ET LA<br />

FIN DE l'individualisation<br />

Ce <strong>par</strong>agraphe ne s<strong>au</strong>rait avoir de prétention scientifique.<br />

Les hypothèses qui <strong>le</strong> constituent n'ont d'<strong>au</strong>tre but<br />

que d'offrir matière à discussion.<br />

L'origine DE L'INDIVIDU<br />

A l'.origine de 1'évolution, dans la mesure 'où nous pouvons<br />

concevoir cette origine, il n'y a ni conscience, ni<br />

individualisation. C'est ce que Schopenh<strong>au</strong>er exprimait<br />

dans ces termes<br />

« Ainsi nous avons vu, <strong>au</strong> degré <strong>le</strong> plus bas, la volonté<br />

nous ap<strong>par</strong>aître comme une poussée aveug<strong>le</strong>, comme un<br />

effort mystérieux et sourd, éloigné de toute conscience immédiate.<br />

C'est l'espèce la plus simp<strong>le</strong> et la plus faib<strong>le</strong> dç<br />

ses objectivations. En tant que poussée aveug<strong>le</strong> et effort<br />

in<strong>conscient</strong>, el<strong>le</strong> se manifeste dans toute la nature inorganique,<br />

dans toutes <strong>le</strong>s forces premières, dont c'est <strong>le</strong> ro's<br />

de la physique et de la chimie de chercher à connaître los<br />

lois, et dont chacune nous ap<strong>par</strong>aît, dans des millions de<br />

phénomènes, tout à fait semblab<strong>le</strong>s et réguliers, ne portant<br />

<strong>au</strong>cune trace de caractère individuel. »<br />

On peut admettre que l'individualisalion commence <strong>par</strong>tottt<br />

ou ap<strong>par</strong>aît, dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> primitif, un rudiment<br />

de<br />

conscience.<br />

Ce rudiment de conscience est d'abord infime, inappréciab<strong>le</strong>.<br />

Il existe cependant déjà, sans doute, dès que se manifeste<br />

dans l'univers, une éb<strong>au</strong>che d'organisation plus<br />

tôt, peut-être, que ne <strong>le</strong> croyait Schopenh<strong>au</strong>er.<br />

Quoiqu'il en soit, dès que ce rudiment de conscience est<br />

acquis, it demeure indélébi<strong>le</strong>, et ira, désormais, en s'accroissant<br />

sans cesse l'inlini.<br />

Ainsi se constituenf, de <strong>par</strong> l'accession rudimentaire à la


\2'tS DK l,"l.\< ONS( IKNT AU CONSCIENT<br />

conscience, des monades individuel<strong>le</strong>s. On<br />

peut,<br />

conserver<br />

ee vieux mot de monades, ce ne lui attribuant que <strong>le</strong> sens<br />

général d'individualité dynamo-psychique, <strong>par</strong>cel<strong>le</strong> du dynamo-psychisme<br />

universel créateur ayant, comme lui,<br />

toutes <strong>le</strong>s potentialités de réalisation et <strong>le</strong> caractère de<br />

permanence<br />

divine.<br />

La réalisation des monades, puis Leur évolution, sont la<br />

résultante de l'effort, continu du dynamo-psychisme in<strong>conscient</strong><br />

dans sa tendance à la conscience, effort qui<br />

nécessite<br />

un travail immense d'analyses et de rapports.<br />

fte ce tracail perpétuel d'analyses et due rapports résultent<br />

<strong>le</strong>s groupement de monades cjtti constituent toute<br />

la représentation organisée de l'univers.<br />

Il n'y a. ainsi, dans l'universalité des que des<br />

monades éternel<strong>le</strong>s et des groupemerrts temporaires de mottades,<br />

des représentations<br />

» éphémères.<br />

Ce qu'on appel<strong>le</strong> la formation d'un Et4'e ne serait ainsi<br />

que l'association comp<strong>le</strong>xe, la formaticxn -d'un groupement.<br />

Ce qu'on appel<strong>le</strong> la mort d'un Etre »e 9erait en réalité<br />

que la dissociation d'un groupement. :Ce n'est pas l'anéantissement<br />

des monades constitutives qui 'vont, suivant <strong>le</strong>s<br />

affinités déterminées <strong>par</strong> <strong>le</strong> passé, ou tes nécessités requises<br />

pour l'évolution future, constituer un nouvel Etre <strong>par</strong><br />

nn nouve<strong>au</strong> groupement.<br />

Ces monades ou individus sont. t<strong>au</strong>jowrs identiques -en<br />

potentialité, mais non en .réalisation. Grâce <strong>au</strong> rudiment<br />

de conscience acquise, la poussée évolutive devient de plus<br />

en plus accessib<strong>le</strong> <strong>au</strong>x « rapports ». Les facteurs ^'adaptation<br />

et de sé<strong>le</strong>ction commencent à jouer <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>. Ces facteurs<br />

imposent l'effort effort Sabord purement ref<strong>le</strong>sc,<br />

puis instinctif, puis réfléchi et l'effort amène forcément<br />

(inégalité, inégalité de conscience, c'est-à-dire inégalité<br />

de réalisation.<br />

Toutefois, <strong>le</strong>s inégalités des <strong>par</strong>ties évoluantes se trouvent<br />

largement restreintes et atténuées <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur solidarité<br />

»riginel<strong>le</strong> et essentiel<strong>le</strong>.


SYNTHt- de l'individu 249<br />

Grâce h cette solidarité toute puissante, 'l'accession à la<br />

conscience ne s<strong>au</strong>rait être purement individuel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> demeure<br />

fata<strong>le</strong>ment col<strong>le</strong>ctive, dans une très large mesure.<br />

Ainsi, l'évolution des monades ptos <strong>conscient</strong>es favorise<br />

l'évolution des monades moins <strong>conscient</strong>es mais de même<br />

<strong>le</strong> retard de ces dernières freine, pour ainsi dire, l'évolution<br />

des premières.<br />

Cette solidarité, évidente dans tonte ta col<strong>le</strong>ctivité des<br />

'êtres et -dans tout l'univers, est surtout visib<strong>le</strong> dans ces associations<br />

comp<strong>le</strong>xes qui constiteeM <strong>le</strong>s colonies anima<strong>le</strong>s<br />

et surtout dans ces associations hiérarchisées qui constituent<br />

<strong>le</strong>s èu-es vivants et que nous avons déjà étudiées.<br />

L'avenir de i /individu<br />

Si maim<strong>le</strong>naal, après<br />

avoir considéré l'évolotkai<br />

passée<br />

et présente, nous essayons de ce tjive sera so« avenir,<br />

nous sommes conduits naturel<strong>le</strong>ment à une induction<br />

capita<strong>le</strong>.<br />

Les reversions du <strong>conscient</strong> dans i' in<strong>conscient</strong>, éclairant<br />

de plus en plus ce dernier, il arrivera nécessairement un<br />

moment où il n'<strong>au</strong>ra plus rien de mystérieux ni d'obscur.<br />

A ce que nous appel<strong>le</strong>rons <strong>le</strong> sommet de Vévolulion, <strong>au</strong>tant<br />

qu'on puisse concevoir ce sommet, la sé<strong>par</strong>ation ap<strong>par</strong>ente,<br />

la scission temporaire entre <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> et <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong> n'existera plus. Tout ce qui constitue l'Etre,<br />

comme capacités et comme connaissances, tout son formidab<strong>le</strong><br />

passé lui seront dès lors accessib<strong>le</strong>s, intégra<strong>le</strong>ment,<br />

directement, régulièrement, norma<strong>le</strong>ment. <strong>De</strong> même <strong>le</strong>s<br />

capacités supranorma<strong>le</strong>s seront soumises à la volonté<br />

<strong>conscient</strong>e.<br />

L'Etre sub<strong>conscient</strong> <strong>au</strong>ra dis<strong>par</strong>u il n'y <strong>au</strong>ra plus que.<br />

l'Etre <strong>conscient</strong>. Son essence métaphysique restera la<br />

même, mais <strong>au</strong>ra acquis la connaissance d'el<strong>le</strong>-même et<br />

la connaissance du tout. Alors, mais alors seu<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>


250 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

dynamo-psychisme essentiel méritera d'être appelé Volonté.<br />

.Si nous ne craignions pas de nous égarer <strong>par</strong> trop dans<br />

<strong>le</strong> domaine métaphysique, nous pourrions<br />

nous permettre<br />

une <strong>au</strong>tre induction encore, mais induction qu'il f<strong>au</strong>t se<br />

contenter de signa<strong>le</strong>r discrètement et sous toutes réserves.<br />

L'élargissement, infiniment vaste, de la conscience de<br />

l'Etre doit avoir pour résultat fatal de faire éclater, pour<br />

ainsi dire, <strong>le</strong>s cadres factices et transitoires de l'individualisation.<br />

Dès lors, <strong>le</strong>s monades reviendront à l'unité originel<strong>le</strong><br />

dont el<strong>le</strong>s étaient sorties.<br />

Mais cette unité, synthèse de toutes <strong>le</strong>s consciences, <strong>le</strong>s<br />

absorbera tout en <strong>le</strong>s laissant, dans son sein, indélébi<strong>le</strong>s<br />

et<br />

éternel<strong>le</strong>s.<br />

Arrivée à son summum, chaque conscience individuel<strong>le</strong><br />

se sera « élargie » jusqu'à embrasser la conscience tota<strong>le</strong><br />

el<strong>le</strong> sera devenue la conscience tota<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-même.<br />

Le « sommet » de l'évolution pourrait donc être imaginé<br />

comme une sorte de « nirvana <strong>conscient</strong> ».


CHAPITRE<br />

IV<br />

L'INTERPRETATION DE LA PSYCHOLOGIE<br />

D'APRES LES NOTIONS NOUVELLES<br />

Il nous reste à adapter <strong>le</strong>s notions précédentes à l'interprétation<br />

intégra<strong>le</strong> de la<br />

psychologie.<br />

Nous allons trouver une<br />

preuve magnifique et concluante<br />

de <strong>le</strong>ur véracité dans l'aisance et la limpidité de cette interprétation,<br />

faisant place<br />

de la<br />

psychologie<br />

classique.<br />

à la lamentab<strong>le</strong><br />

impuissance<br />

Pour la psychologie classique, en ejfei, tous <strong>le</strong>s états,<br />

tous <strong>le</strong>s laits que nous allons<br />

envisager sont encore de<br />

purs<br />

mystères.<br />

1° LA Psychologie DITE NORMALE<br />

Supposons, chez un individu quelconque, la synthèse<br />

bien établie entre ses divers principes constitutifs. Ils sont<br />

liés <strong>par</strong> une affinité suffisante et il n'y a <strong>au</strong>cun sujet de<br />

désharmonie.<br />

La centralisation est forte et<br />

l'homogénéité<br />

évidente.<br />

La monade centra<strong>le</strong>, <strong>le</strong> moi, dirige <strong>le</strong> dynamo-psychisme<br />

mental et a <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> comp<strong>le</strong>t sur tous ses éléments. Par<br />

<strong>le</strong> dynamo-psychisme mental, il<br />

dirige<br />

<strong>le</strong> dynamisme vital<br />

et l'organisme, dans <strong>le</strong>s limites seu<strong>le</strong>s<br />

que comporte<br />

son<br />

nive<strong>au</strong> évolutif, (on sait<br />

que<br />

<strong>le</strong> nive<strong>au</strong> actuel d'évolution<br />

humaine ne donne pas la connaissance du mécanisme vital<br />

ni la possibilité d'agir sur <strong>le</strong>s grandes fonctions <strong>le</strong><br />

dynamisme vital gardant une large' <strong>au</strong>tonomie).<br />

L'individu, ainsi constitué, est bien équilibré. Sa santé


252 DE i. 'in<strong>conscient</strong> ai: roxscïF.NT<br />

est<br />

psychique<br />

<strong>par</strong>faite.<br />

Mais en même temps, il se trouve<br />

très limité <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s<br />

contingences<br />

organiques.<br />

La solidarité<br />

de son psychisme supérieur<br />

et de son psychisme cérébral<br />

étant absolue; toute l'activité du premier<br />

est bornée <strong>par</strong>l'étendue<br />

du second et restreinte à ses contingences.<br />

Cet individu n'a pas, ne peut pas avoir conscience de<br />

ses capacités latentes ni de rien de ce qui concerne <strong>le</strong><br />

psychisme<br />

supérieur.<br />

Chez lui, <strong>le</strong>s<br />

produits<br />

de<br />

l'inspiration<br />

supérieure et du travail cérébral, étroitement amalgamés,<br />

forment un tout harmonieux. Sa psychologie<br />

est la psychologie<br />

norma<strong>le</strong>, typique, marquée <strong>par</strong> des<br />

facultés et <strong>le</strong>ur rendement régulier, mais <strong>au</strong>ssi <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur<br />

étroite<br />

limitation.<br />

Les êtres bien équilibrés peuvent être d un nive<strong>au</strong> -évolut.if<br />

très variab<strong>le</strong>. Il<br />

y a, <strong>par</strong>mi eux, be<strong>au</strong>coup de médk)-<br />

ores, mais <strong>au</strong>ssi des hommes fort intelligents.<br />

Leurs productions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s sont régulières et sans<br />

coup. Hs ne s'aperçoivent jamais du rendement suheonscient,<br />

qui se confond étroitement chez eux avec <strong>le</strong> résultat<br />

du travail volontaire.<br />

Ils ne connaissent guère l'intuitMMi. Ils ne sont pas origin<strong>au</strong>x.<br />

S'ils comprennent l'art, ils ne sont jamais des<br />

artistes, dans <strong>le</strong> be<strong>au</strong> sens du terme encore moffls des<br />

inventeurs ni des créateurs. Ils n'ont<br />

jamais<br />

de vue<br />

génia<strong>le</strong><br />

ni d'inspiration supérieure.<br />

Les êtres bien<br />

équilibrés jouent un rô<strong>le</strong> scientifique<br />

ou<br />

social uti<strong>le</strong> <strong>par</strong> <strong>le</strong>nr pondération<br />

et la de <strong>le</strong>ur raisonnement<br />

l'égard<br />

des contingences et<br />

en mêmes temps<br />

nrxisib<strong>le</strong> <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur misonéisme et <strong>le</strong>ur esprit de stabilité.<br />

Leurs opinions sont généra<strong>le</strong>ment<br />

cel<strong>le</strong>s de ierbr milieu.<br />

Ils ne cherchent pas à innover et sont portés il accepter<br />

ce qui est idée régnante,<br />

cel<strong>le</strong>-ci <strong>le</strong>ur scmWant étabhe<br />

comme juste <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong> seul fait qn'el<strong>le</strong> est régnante.<br />

Ils sont réfractaires à la philosophie, ou bien se consentent<br />

d'une philosophie bana<strong>le</strong>, terne, conforme <strong>au</strong>x iêées<br />

•établies. Ils ont une forte tendance an matérialisme ..car


LES'TERPeÉTATJON DE LA PSVC1IOI-OG1E 253<br />

la fusion étroite des principes constitutifs et <strong>le</strong>ur limitation<br />

<strong>par</strong> la matière ne <strong>le</strong>ur permet pas<br />

de voir <strong>au</strong> delà de la<br />

matière. Ce qui, en eux, est an-dessus de cette limitation<br />

matéifei<strong>le</strong> <strong>le</strong>ur est tout à fait incanna. Ils n'ont •d'ail<strong>le</strong>urs<br />

guère de ouriosité<br />

philosophique réel<strong>le</strong>. tout est<br />

relativement simp<strong>le</strong>, <strong>par</strong>ce qu'ils évitent d'al<strong>le</strong>r <strong>au</strong> fond des<br />

choses.<br />

2° PsYCfrOI.OGlE<br />

Supposons maintenant <strong>au</strong> lieu de la synthèse Jmrrio-<br />

«ieuse bien établie et de<br />

l'amalgame <strong>par</strong>lait,<br />

hiérarchisé<br />

fil kmdu âes divers<br />

principes constitutifs du moi, une synthèse<br />

instab<strong>le</strong>, un<br />

manque<br />

d'union ou d'affinité entre <strong>le</strong>s<br />

« cadres une disharmonie t<strong>au</strong><strong>le</strong> la<br />

.psychologie<br />

anormil<strong>le</strong><br />

en sera <strong>le</strong> résultat.<br />

Qu'il y ait rupture d'équilibre ou mïwiqtift d'harm«aie<br />

entre <strong>le</strong> corps et <strong>le</strong> dynamisme vifial<br />

qui<br />

<strong>le</strong> dirige et <strong>le</strong> conditionne,<br />

nous avons là l'origine de krotes <strong>le</strong>s manifestations<br />

hysféiiformes d'ordre<br />

physiologique.<br />

Qu'il<br />

y<br />

ait rupture d'équilibre.ou :mai>que d'harmonie<br />

entre<br />

l'organisme<br />

et <strong>le</strong> dynamisme vital d'une <strong>par</strong>t, et <strong>le</strong><br />

dynamo-psychisme d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, nous avons là<br />

l'origine<br />

de toutes 1es manifestations hyslérifwmes d'ordre<br />

psychologique.<br />

Qu'il y ait<br />

déséquilibre<br />

entre <strong>le</strong> mental et <strong>le</strong> moi, nous<br />

avons là la source de toutes <strong>le</strong>s manifestations de déséquilibre<br />

mental depuis la névrose simp<strong>le</strong> jusqu'à<br />

la<br />

désintégration<br />

en personnalités multip<strong>le</strong>s<br />

et<br />

jusqu'à la folie.<br />

Théori-qoemewt,<br />

te<br />

éésécjTrëHhre pourrait n'exister qu'en-<br />

'Ire deux des principes constitutifs eu moi mats en réalité,il<br />

n'y a jamais de déséepui libre esektsiwemefti <strong>par</strong>tiel.<br />

Par suite de la solidarité esserrtief<strong>le</strong> du 'groupement<br />

individuel,<br />

toute c<strong>au</strong>se de désharmonie entre deux « cadres »<br />

retentit sur tout <strong>le</strong><br />

groupement. C'est pourquoi<br />

il n'y a<br />

pas de troub<strong>le</strong>s hystérico-physiologiques sans troub<strong>le</strong>s


DE L'INCONSCIENIT AU CONSCIENT<br />

ment<strong>au</strong>x et pas de troub<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> mental sans répercus-'<br />

sions hystériformes.<br />

La même c<strong>au</strong>se productrice de la psychologie anorma<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong> manque d'équilibre <strong>par</strong>fait entre <strong>le</strong>s principes constitutifs<br />

du groupement individuel, permet <strong>au</strong>ssi la manifestation<br />

isolée de l'un ou l'<strong>au</strong>tre de ces principes sa « sécession<br />

» ou même son « extériorisation ».<br />

El<strong>le</strong> a enfin un résultat heureux celui de diminuer la<br />

limitation du psychisme supérieur.<br />

Ainsi, <strong>le</strong> même fadeur est la source de la morbidité psychologique<br />

et des manifestations psychiques étevées ouvre<br />

la porte à la fois <strong>au</strong> désordre mental et <strong>au</strong>x productions<br />

cryptopsychiques, cryptomnésiques, intuitives, génia<strong>le</strong>s ou<br />

supranorma<strong>le</strong>s permet à l'Etre la vision, <strong>par</strong> éclairs, de<br />

son état réel et de sa destinée.<br />

Ces notions généra<strong>le</strong>s acquises, nous pouvons entrer<br />

dans la voie des détails<br />

Nous considérerons successivement<br />

Les états névropathiques<br />

La<br />

neurasthénie<br />

L'hystérie et l'hypnotisme<br />

La folie<br />

Les altérations de la personnalité<br />

Le travail intel<strong>le</strong>ctuel dans <strong>le</strong> psychisme sub<strong>conscient</strong><br />

supérieur et <strong>le</strong> génie.<br />

La cryptosychie et la cryptomnésie<br />

Le<br />

Le<br />

supranormal<br />

médiumnisme.<br />

Tous ces états psychologiques anorm<strong>au</strong>x ont des points<br />

de contact inévitab<strong>le</strong>s et des rapports réciproques, tant <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>ur nature originel<strong>le</strong> que <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur conditionnement. Ils<br />

s'interpénètrent<br />

fréquemment.


L'INTERPRÉTATION DE LA PSYCHOLOGIE 255<br />

3° LES ÉTATS névropathiques<br />

A la base de tout état névropathique,<br />

il<br />

y<br />

a instabilité<br />

d'équilibre<br />

dans <strong>le</strong><br />

groupement individuel, avec désordres<br />

relatifs <strong>par</strong>tiels, fragmentaires, c<strong>au</strong>ses de toutes <strong>le</strong>s manifestations<br />

de souffrance nerveuse.<br />

Au contraire de ce<br />

que<br />

nous avons constaté dans l'Etre<br />

bien<br />

équilibré,<br />

nous voyons un manque d'homogénéité,<br />

d'affinité, de dépendance entre <strong>le</strong>s divers principes<br />

constitutifs.<br />

La direction centralisatrice est im<strong>par</strong>faite<br />

il n'y<br />

a plus de fusion harmonieuse entre <strong>le</strong> moi et <strong>le</strong> mental,<br />

entre <strong>le</strong> mental et <strong>le</strong><br />

dynamisme vital, entre ce dernier et<br />

l'organisme.<br />

Cet état d'équilibre instab<strong>le</strong> permet des décentralisations<br />

momentanées et <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s, sources de désordres mais <strong>au</strong>ssi<br />

conditions d'une moindre limitation <strong>par</strong> l'organisme et de<br />

l'ap<strong>par</strong>ition,<br />

de la mise <strong>au</strong> jour possib<strong>le</strong><br />

de tout ce qui,<br />

dans l'Etre<br />

psychique normal, est<br />

cryptoïde ou occulte,<br />

comme facultés et comme connaissances. Mais cette mise<br />

<strong>au</strong> jour ne se manifeste jamais <strong>par</strong> un rendement régulier<br />

La<br />

production intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> se fait <strong>par</strong> à-coups. El<strong>le</strong> nécessite<br />

une collaboration <strong>conscient</strong>e-sub<strong>conscient</strong>e dont<br />

nous connaissons <strong>le</strong>s modalités et <strong>le</strong>s difficultés.<br />

Les êtres ainsi constitués, sont, comme <strong>le</strong>s êtres bien<br />

équilibrés, d'un nive<strong>au</strong> évolutif très variab<strong>le</strong><br />

II est <strong>par</strong>mi eux des médiocres, dont un<br />

grain d'originalité<br />

corrige cependant. la monotonie psychologique.<br />

Il est des névropathes inférieurs, qui traînent une existence<br />

morbide de demi-fous ou de demi-imbéci<strong>le</strong>s, avec <strong>le</strong>s<br />

tares<br />

physiques<br />

et menta<strong>le</strong>s dites de dégénérescence.<br />

Il<br />

y<br />

a enfin <strong>le</strong>s névropathes supérieurs<br />

dont <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt ou<br />

<strong>le</strong><br />

génie,<br />

de<br />

<strong>par</strong> sa nature originel<strong>le</strong>, est insé<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> des<br />

mêmes tares.<br />

Le névropathe supérieur souffre infiniment de ces tares<br />

il<br />

a<br />

peine<br />

à bien conduire son groupement, à diriger son


25t) Uf. I.'lM Oi\S( ifcjYl' AU CONSCIENT<br />

organisme et même son mental. Souvent cè menta<strong>le</strong> lui<br />

échappe plus ou moins et il lui arrive, alors, de frô<strong>le</strong>r <strong>le</strong><br />

déséquilibre total ou la folie. En dehors des tares<br />

psyçltophysiologiques,<br />

<strong>le</strong> névropathe, supérieur sent <strong>au</strong>ssi obscurément<br />

la limitation imposée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s sens et <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong>, et<br />

c'est là, pour lui. sans même<br />

grande<br />

soutïrance.<br />

qu'il l'analyse bien, sa plus<br />

Ouelk" peine, en effet, dans cette limitation dans la<br />

perception intuitive des facultés<br />

supérieures<br />

récites mais<br />

échappant néanmoins à la libre disposition dans <strong>le</strong> besoin<br />

de ramoiHT à nu travail analytique concret de vastes pensées<br />

abstraites dans î' effort pour exprimer <strong>par</strong> des mots<br />

ce<br />

qui se conçoit si bien sans <strong>le</strong>s mots dans la nécessité,<br />

de soumettre à ce du'il y a de plus inférieur, te mécanisme<br />

<strong>le</strong> moi <strong>conscient</strong><br />

organique, ce qu'il y 4-<strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vés,<br />

G-uy<strong>au</strong> a magnifiquement fait ressortir ce point de vue<br />

« Nous souffrons, écrit-il, d'une sorte 4' hypertrophie de<br />

r intelligence. Tous ceux qui travail<strong>le</strong>nt de la<br />

pensée,<br />

tous<br />

ceux qui méditent sur la vie et la mort, tous ceux qtti<br />

philosophent finis:ent <strong>par</strong> éprouver cette souffrance. Et il<br />

en est de même des vrais artistes, qui passer kur vie à<br />

essayer la réalisa (ion ci'un idéal plus ou moins inaccessib<strong>le</strong>.<br />

"On est attiré à la fois de tous lm côtés, <strong>par</strong> toutes <strong>le</strong>s<br />

sciences, <strong>par</strong> tous <strong>le</strong>s arts on voudrait se donner à tous<br />

on est forcé de se retenir, de se <strong>par</strong>tager. Il f<strong>au</strong>t sentir<br />

son cerve<strong>au</strong> avide, attirer à lui la sève de tout l'organisme,<br />

être forcé de <strong>le</strong> dompter, se résigner à- végéter <strong>au</strong> hew de<br />

vivre On ne s'y résigne pas, on aime mieux s'abandonner<br />

à la flamme intérieure qui consume. La pensée affaiblit<br />

graduel<strong>le</strong>ment, exagère <strong>le</strong> système nerveux, rend<br />

femme el<strong>le</strong> n'ôte pourtant rien à la volonté, qui reste viri<strong>le</strong>,<br />

toujours tendue, inassouvie. <strong>De</strong> là des luttes longues.<br />

un maltaise sans fin, une guerre de soi contre soi. H f<strong>au</strong>drait<br />

choisir avoir des musc<strong>le</strong>s ou des nergs, êtres homme<br />

ou femme <strong>le</strong> penseur, l'artiste n'est ni t'un ni l'<strong>au</strong>tre.


DE LA PSYCïlOLOGll:. 257<br />

« Ah si. on une seu<strong>le</strong> fois et d uo seul effort immense,<br />

nous pouvions arracher de nous-mêrnes et mettre 4.iu jour:<br />

<strong>le</strong> monde de<br />

pensées<br />

ou de sentioaienls que<br />

nous<br />

portons,<br />

comme on <strong>le</strong> ferait avec joie, avec volupté, dût notre organisme<br />

tout entier se briser dans ce déchirement d'une création<br />

Mais non, il f<strong>au</strong>t se donner <strong>par</strong> petites fractions, se<br />

répandre goutte à<br />

goutte, subir toutes <strong>le</strong>s in<strong>le</strong>nruptions<br />

de la vie. Peu à<br />

peu l'organisme s'épuise dans cette lutte<br />

de l'idée avec <strong>le</strong> corps, puis l'intelligence<br />

el<strong>le</strong>-même se<br />

l'es-<br />

troub<strong>le</strong>, pâlit, comme une lumière vivante et souffrante<br />

tremb<strong>le</strong> à un vent toujours plus âpre, jusqu'à ce<br />

que<br />

prit vaincu s'affaisse sur lui-même. »<br />

qui<br />

La coexistence des troub<strong>le</strong>s névropathiques ou même de<br />

la folie avec l'inspiration génia<strong>le</strong> ne prouve donc<br />

pas que<br />

cette dernière dérive de ceux-là. El<strong>le</strong><br />

prouve simp<strong>le</strong>ment<br />

que Ie déséquilibre dans <strong>le</strong><br />

groupements individuel, condition<br />

première de ses manifestations décentralisatrices, est<br />

à la base du, génie.<br />

<strong>De</strong> fait, la décentralisation<br />

psychologique<br />

est<br />

<strong>par</strong>fois poussée à tel point chez l'homme de génie,<br />

qu.'il lui arrive de se comporter cumme un visionnaire<br />

d'extérioriser ses inspira-lions, de <strong>le</strong>s objectiver jusqu'à<br />

l'halhiciiiatim».<br />

Un type de névropathe non moins curieux que l'homme<br />

été génie est <strong>le</strong> médium<br />

Ce qui caractérise essentiel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> type médium, c'est<br />

l'excessive tendance à la décentralisation dans son groupement<br />

individuel. C'est<br />

grâce<br />

à cette tendance que <strong>le</strong>s phénomènes<br />

d'extériorisation ou d'action isolée des éléments<br />

constitutifs, la mise en<br />

jeu des réserves cryptoïdes et l'irruption<br />

du supranormal sont<br />

possib<strong>le</strong>s.<br />

La tendance décentralisatrice est<br />

l'origine<br />

des tares néwopathiques<br />

habituel<strong>le</strong>s mais de plus el<strong>le</strong> soustrait d'une<br />

manière anorma<strong>le</strong>, plus forte<br />

que chez <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres névropathes,<br />

<strong>le</strong><br />

groupement individuel à l'action directrice du


258 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

moi. Le médium n'est pas maître claez lui de là, <strong>au</strong> point<br />

de vue psychologique, une trip<strong>le</strong> caractéristique<br />

Il présente une grande impressionnabilité<br />

Il est très suggestib<strong>le</strong><br />

Il offre une instabilité extrême d'humeur et d'idées.<br />

Cette caractéristique se retrouve, plus ou moins, chez<br />

tous <strong>le</strong>s médiums, quel<strong>le</strong> que soit <strong>le</strong>ur va<strong>le</strong>ur intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.<br />

L'instabilité psychologique des médiums n'empêche<br />

d'ail<strong>le</strong>urs ni la volonté d'être forte ni l'esprit de suite d'être<br />

remarquab<strong>le</strong>, chez <strong>le</strong>s médiums supérieurs du moins, mais<br />

l'un et l'<strong>au</strong>tre ne sont tels que lorsqu'ils s'appuient sur une<br />

suggestion ou une <strong>au</strong>to-suggestion.<br />

En'dehors de ces circonstances, d'étranges défaillances<br />

peuvent se manifester <strong>le</strong>s opinions du médium sont instab<strong>le</strong>s,<br />

éminemment accessib<strong>le</strong>s <strong>au</strong>x influences ambiantes,<br />

quand il n'est pas sur ses gardes. On <strong>le</strong> voit, d'un jour à<br />

l'<strong>au</strong>tre, de la meil<strong>le</strong>ure foi du monde et avec une ardeur<br />

toujours nouvel<strong>le</strong>, soutenir des idées diamétra<strong>le</strong>ment opposées.<br />

Il lui arrive, d'ail<strong>le</strong>urs, dans un court espace de<br />

temps, de passer <strong>par</strong> des alternatives extrêmes dans l'expression<br />

de sentiments contradictoires.<br />

L'impuissance régulatrice du moi sur <strong>le</strong> mental se manifeste<br />

<strong>par</strong> une grande tendance <strong>au</strong>x disjonctions dans ce<br />

dernier. Ces disjonctions aboutissent <strong>par</strong>fois à la formation<br />

de personnalités secondes, suivant un processus que<br />

nous étudierons plus loin plus fréquemment des éb<strong>au</strong>ches<br />

de dédoub<strong>le</strong>ment, grâce <strong>au</strong>xquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> médium ap<strong>par</strong>aît<br />

essentiel<strong>le</strong>ment comp<strong>le</strong>xe, diffici<strong>le</strong> à juger, capab<strong>le</strong> des<br />

actes et pensées <strong>le</strong>s plus divers et <strong>le</strong>s plus contradictoires.<br />

Dans la vie de tous <strong>le</strong>s jours, on observe constamment la<br />

prédominance brusque et dominatrice d'une idée, d'une<br />

impression, d'un sentiment. Aussitôt, toutes <strong>le</strong>s forces psychologiques,<br />

échappant <strong>au</strong> contrô<strong>le</strong> du moi, se groupent<br />

<strong>au</strong>tour de l'idée usurpatrice et lui donnent une force inattendue.


l'interprétation DE LA PSYCHOLOGIE 259<br />

C'est<br />

pour<br />

cette<br />

raison<br />

que<br />

<strong>le</strong>s médiums font de très bons<br />

comédiens.<br />

Cette<br />

toute<br />

puissance<br />

d'une<br />

idée<br />

peut<br />

avoir des résultats<br />

féconds mais en<br />

général,<br />

la<br />

pseudo<br />

centralisation<br />

<strong>au</strong>tour<br />

de l'idée dure<br />

peu.<br />

Une idée nouvel<strong>le</strong><br />

prend<br />

la<br />

place<br />

de<br />

l'idée<br />

usurpatrice<br />

et détermine un nouve<strong>au</strong><br />

groupement<br />

et<br />

une<br />

nouvel<strong>le</strong><br />

impulsion.<br />

A la merci de<br />

l'impression<br />

du<br />

moment,<br />

<strong>le</strong> médium est en<br />

proie<br />

<strong>au</strong> déclanchement subit,<br />

disproportionné,<br />

des<br />

forces<br />

psychiques<br />

dans <strong>le</strong> sens donné<br />

<strong>par</strong><br />

l'impression.<br />

Il<br />

échappe<br />

alors à toute influence extérieure<br />

comme à tout raisonnement. Dans ces moments,<br />

une<br />

contradiction extérieure n'est<br />

jamais<br />

accueillie.<br />

La concentration des forces psychologiques <strong>au</strong>tour<br />

d'idées incessamment renouvelées et immédiatement renforcées<br />

<strong>par</strong> cette concentration fait que <strong>le</strong>s médiums, quand<br />

ils sont intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>ment supérieurs, font de brillants<br />

c<strong>au</strong>seurs et des improvisateurs hors ligne mais <strong>le</strong> fonds<br />

même de <strong>le</strong>urs productions intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s est extrêmement<br />

variab<strong>le</strong> il varie de l'inspiration supérieure à la fluence<br />

bana<strong>le</strong>, véritab<strong>le</strong> incontinence de la pensée.<br />

<strong>De</strong> même que <strong>le</strong>s tares névropathiques des hommes de<br />

génie n'expliquent pas <strong>le</strong> génie, de même <strong>le</strong>s caractères ou<br />

déf<strong>au</strong>ts psychologiques des médiums n'expliquent pas <strong>le</strong><br />

médiumnisme,. El<strong>le</strong>s en sont, simp<strong>le</strong>ment, l'accompagnement<br />

inévitab<strong>le</strong>.<br />

4° La. neurasthénie<br />

Il<br />

peut semb<strong>le</strong>r bizarre de faire de la neurasthénie un<br />

état re<strong>le</strong>vant du déséquilibre dans <strong>le</strong> groupement individuel.<br />

Rien n'est plus vrai cependant.<br />

La neurasthénie est essentiel<strong>le</strong>ment due à un rapport défectueux<br />

entre <strong>le</strong> dynamisme vital et l'organisme.<br />

Le troub<strong>le</strong> ne s<strong>au</strong>rait exister sans une prédisposition congénita<strong>le</strong><br />

mais il est généra<strong>le</strong>ment déclanchë <strong>par</strong> une c<strong>au</strong>se<br />

quelconque, une infection ou intoxication légère, nn déf<strong>au</strong>t<br />

D' Gtfstavr is


260 DE L IXCOXSl 1ï:\T AU CONSCIENT<br />

de sécrétion glandulaire,<br />

une petite<br />

tare<br />

organique,<br />

un<br />

élément réf<strong>le</strong>xe. Quel<strong>le</strong> que<br />

soit «<br />

l'épine » catusa<strong>le</strong>, il n'y<br />

a <strong>au</strong>cune proportion entre <strong>le</strong>s symptômes<br />

et l'élément originel.<br />

La défectuosité d'action du<br />

dynamisme<br />

vital se traduit,<br />

avant tout, <strong>par</strong> une impression de fatigue. Les fonctions<br />

vitates, l'usage régulier<br />

des<br />

org'anes,"<br />

tout ce qui dans l'action<br />

physiologique,<br />

s'exécute généra<strong>le</strong>ment<br />

sans attention<br />

et sans peine, nécessite un effort douloureux chez <strong>le</strong> neurasthénique.<br />

Le sommeil est troublé. Il y a toujours insomnie ou hypo-somnie<br />

n'interrompant pas complètement l'activité du<br />

cerve<strong>au</strong>. Aussi <strong>le</strong> sommeil n'est<br />

plus ré<strong>par</strong>ateur<br />

et <strong>le</strong> réveil<br />

est marqué <strong>par</strong> une grande fatigue.<br />

Dans <strong>le</strong><br />

jour,<br />

<strong>le</strong> travail<br />

cérébral est <strong>le</strong>nt, diffici<strong>le</strong>, marqué <strong>par</strong><br />

la difficulté<br />

d'associer <strong>le</strong>s idées et de concentrer l'attention.<br />

Le déséquilibre entre l'organisme et <strong>le</strong> dynamisme vital<br />

se<br />

répercute plus ou moins dans tout <strong>le</strong><br />

groupement.<br />

Ainsi, la neurasthénie n'est pas la conséquence de l'épuisement<br />

nerveux, qui est secondaire mais d'un troub<strong>le</strong><br />

dans l'action du dynamisme<br />

vital sur <strong>le</strong><br />

corps.<br />

Pour<br />

guérir<br />

la neurasthénie, il ne<br />

s'agit pas de donner<br />

des «<br />

toniques ». Il f<strong>au</strong>t, avant tout, régulariser <strong>le</strong>s rapports<br />

de<br />

l'organisme avec <strong>le</strong> dynamisme vital, et en même<br />

temps supprimer <strong>le</strong> troub<strong>le</strong><br />

organique<br />

c<strong>au</strong>sal.<br />

Ce dernier point est actuel<strong>le</strong>ment accessib<strong>le</strong> à la science<br />

médica<strong>le</strong> et en fait on améliore toujours la neurasthénie<br />

lorsqu'on<br />

supprimer la c<strong>au</strong>se originel<strong>le</strong>.<br />

arrive a connaitre et à<br />

Le<br />

premier point, <strong>le</strong> plus important, la régulation<br />

du<br />

dynamisme vital dans ses rapports avec l'organisme, devra<br />

èlre étudiée et découvert en se basant sur <strong>le</strong>s notions nouvel<strong>le</strong>s<br />

et la connaissance<br />

précise de ce dynamisme vital.<br />

On devra essayer probab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s agents physiques dont<br />

<strong>le</strong><br />

dynamisme<br />

est si puisant. Déjà, l'héliothérapie, la vie


l'interprétation DE L.A PSYCHOLOGIE 261<br />

'\u grand air, jouent un rô<strong>le</strong> appréciab<strong>le</strong>. Il y a là tout un<br />

vaste champ d'explorations.<br />

La médiumnité curative mérite d'être sérieusement étudiée.<br />

Certains sujets semb<strong>le</strong>nt capab<strong>le</strong>s d'extérioriser <strong>par</strong>tie<br />

de <strong>le</strong>ur propre dynamisme vital pour renfoiver Je dynamisme<br />

vital défaillant de malades.<br />

<strong>De</strong> là des cures surprenantes et qui dépassent même,<br />

peut-être, <strong>le</strong> cadre des maladies nerveuses.<br />

L'hystérie est conditionnée <strong>par</strong> la désharmonie entre <strong>le</strong>s<br />

principes constitutifs du groupement individuel et l'absence<br />

de subordination à la direction centra<strong>le</strong> du moi.<br />

Au point de vue physique et physiologique, la désharmonie,<br />

l'absence d'affinité et de concordance entre <strong>le</strong>s organes<br />

et <strong>le</strong> dynamisme vital expliquent toutes <strong>le</strong>s tares<br />

polymorphes, toutes <strong>le</strong>s localisations morbides anesthésies,<br />

hyperesthésies, contractures, <strong>par</strong>alysies, troub<strong>le</strong>s trophiques.<br />

Les manifestations de la névrose seront instab<strong>le</strong>s et<br />

changeantes, précisément <strong>par</strong>ce qu'eues ne sont pas des<br />

manifestations organiques mais des produits de l'insuffisante<br />

régulatrice du dynamisme vital.<br />

Au 'point de une psychologiques, la disharmonie entre <strong>le</strong><br />

mental et <strong>le</strong> moi et l'impuissance directrice de ce dernier<br />

expliquent toutes <strong>le</strong>s tares psychiques si connues et si<br />

bana<strong>le</strong>s. L'hystérique est généra<strong>le</strong>ment un névropathe inférieur,<br />

incapab<strong>le</strong> de s'acquitter de sa tâche c'est un mécanicien<br />

qui ne sait pas conduire sa machine.<br />

La suggestibilité, <strong>le</strong> pythiatisme, sont corollaires de la<br />

débilité de la direction du moi. Ils ne sont pas la c<strong>au</strong>se<br />

:mais la conséquence de l'état hystérique.


262 DE L'INCONSCIENT AL CONSCIENT<br />

6° LA Folie<br />

Faisons un pas de plus supposons un déséquilibre non<br />

plus relatifs, mais absolu ou à peu près absolu un manque<br />

de direction non plus incomp<strong>le</strong>t, mais total, ou peu près<br />

total nous avons la jolie.<br />

La folie c'est, avant tout, l'anarchie des éléments ment<strong>au</strong>x,<br />

sur <strong>le</strong>squels <strong>le</strong> moi n'a plus d'action pas même <strong>le</strong><br />

contrô<strong>le</strong> limité, caduc et intermittent qu'il garde encore<br />

dans l'hystérie.<br />

L'anarchie menta<strong>le</strong>, <strong>par</strong> suppression du contrô<strong>le</strong> du moi,<br />

étant établie, que va-t-il se passer <br />

Les fonctions psychiques, <strong>le</strong>s facultés, <strong>le</strong>s connaissances<br />

sont intactes, mais privées de direction. El<strong>le</strong>s peuvent n'accuser<br />

que de l'incohérence mais plus souvent la prédominance<br />

d'une idée, d'un sentiment, d'un groupement psychique<br />

élémentaire s'établit tant bien que mal et tend à<br />

s'imposer. <strong>De</strong> là, <strong>le</strong>s troub<strong>le</strong>s monoïdéiques et <strong>le</strong>s délires<br />

systématisés.<br />

Le déséquilibre mental n'est pas isolé il s'accompagne<br />

toujours d'un déséquilibre total du groupement individuel,<br />

<strong>par</strong> suite de la solidarité fondamenta<strong>le</strong> des principes constitutifs.<br />

La folie peut d'ail<strong>le</strong>urs être ascendante ou descendante,<br />

provenir du mental ou y aboutir. Très souvent, on<br />

<strong>le</strong> sait, el<strong>le</strong> est déclanchée <strong>par</strong> un troub<strong>le</strong> d'origine physiologique<br />

toxique, infectieux ou réf<strong>le</strong>xe atteignant <strong>le</strong> cerve<strong>au</strong>.<br />

Dans ces cas el<strong>le</strong> se traduira fréquemment <strong>par</strong> la<br />

confusion menta<strong>le</strong> ou <strong>par</strong> des phénomènes d'excitation maniaque<br />

ou de dépression mélancolique, alternant <strong>par</strong>fois<br />

dans <strong>le</strong> délire circulaire. L'hérédité habituel<strong>le</strong> de la folie<br />

prouve l'importance du facteur physiologique dans sa genèse.<br />

D'<strong>au</strong>tres fois, el<strong>le</strong> est d'origine purement menta<strong>le</strong> dans<br />

ces cas el<strong>le</strong> est souvent incomplète. Il persiste alors un<br />

certain degré de contrô<strong>le</strong> du moi, insuffisant pour éviter


L'INTERPRÉTATION DE LA PSYCEiOLOGIE 263<br />

la tendance <strong>au</strong> délire et la systématisation anorma<strong>le</strong> <strong>au</strong>tour<br />

d'une idée prédominante, mais suffisant pour laisser une<br />

ap<strong>par</strong>ence de raison et permettre la continuation de la vie<br />

psychique.<br />

Il<br />

y a tous <strong>le</strong>s degrés dans la folie d'origine menta<strong>le</strong><br />

toutes <strong>le</strong>s transitions entre <strong>le</strong> détraquement éb<strong>au</strong>ché et la<br />

démence complète. Il n'y a pas seu<strong>le</strong>ment des demi-fous »<br />

il y a des « quarts et des dixièmes de fous. »<br />

Le contrô<strong>le</strong> du moi sur son mental, dans la phase évolutive<br />

actuel<strong>le</strong> de l'humanité, est établi sur des bases si fragi<strong>le</strong>s,<br />

qu'il s'affirme rarement avec «régularité. En ce sens<br />

il n'est pas d'homme qui échappe complètement <strong>au</strong> déséquilibre<br />

mental. La folie éb<strong>au</strong>chée est presque la règ<strong>le</strong>,<br />

et la santé psychique <strong>par</strong>faite l'exception.<br />

Qu'el<strong>le</strong> soit d'origine organique ou d'origine menta<strong>le</strong>,<br />

la folie essentiel<strong>le</strong> n'est pas à proprement <strong>par</strong><strong>le</strong>r une maladie<br />

du cerve<strong>au</strong>. El<strong>le</strong> est simp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> insuffisant<br />

ou nul du moi sur son mental. Les groupes élémentaires<br />

de ce dernier sont intacts et restent longtemps intacts.<br />

Toutefois, si <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> supérieur ne se rétablit pas,<br />

la désorganisation prolongée se répercute sur la fonction<br />

cérébra<strong>le</strong> et finit <strong>par</strong> s'y traduire <strong>par</strong> des lésions dégénératrices.<br />

7° L'Hypnotisme<br />

L'hypnotisme et ses modalités sont d'une interprétation<br />

extrêmement simp<strong>le</strong>.<br />

Ses manifestations sont analogues à cel<strong>le</strong>s de l'hystérie,<br />

avec la différence qu'el<strong>le</strong>s sont artificiel<strong>le</strong>s et généra<strong>le</strong>ment<br />

amplifiées.<br />

Ûhypnose exige un certain état de prédisposition à la<br />

décentralisation, comme <strong>le</strong> médiumnisme.<br />

El<strong>le</strong> se réalise <strong>par</strong> une rupture factice dans l'équilibre<br />

du groupement individuel.<br />

La c<strong>au</strong>se réel<strong>le</strong> et vraie, la condition primordia<strong>le</strong>, c'est<br />

la décentralisation du groupement individuel.


201 D: <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AL <strong>conscient</strong><br />

Tous <strong>le</strong>s phénomènes habituels se comprennent alors<br />

immédiatement l'<strong>au</strong>tomatisme, la suggestibilité, <strong>le</strong>s modifications<br />

de la<br />

la substitution à la direction<br />

centra<strong>le</strong> d'une direction usurpatrice intrinsèque<br />

personnalité,<br />

ou<br />

extrinsèque,<br />

lt monoïdéisme, etc.<br />

<strong>par</strong><br />

Le psychisme cérébral, isolé, sera surtout remarquab<strong>le</strong><br />

son <strong>au</strong>tomatisme et son extrême soggestibililé.<br />

!Il<br />

constituera, dans ses manifestations, comme une sorte de<br />

subconscience inférieure, passive, incapab<strong>le</strong><br />

<strong>au</strong>delà<br />

de acquis et de l'habitude.<br />

d'al<strong>le</strong>r<br />

Le<br />

psychisme<br />

extra-cérébral se manifestera <strong>par</strong><br />

la cryploninésie<br />

et la<br />

cryptopsychie, <strong>par</strong> sa comp<strong>le</strong>xité extrême,<br />

<strong>par</strong><br />

son<br />

en<br />

groupement<br />

personnalités<br />

d'ordre très variab<strong>le</strong>.<br />

Parfois enfin, il se révé<strong>le</strong>ra <strong>par</strong> ses capacités supérieures<br />

et<br />

<strong>par</strong><br />

des éclairs supranorm<strong>au</strong>x<br />

dus à la décentralisation<br />

et <strong>par</strong> suite à la diminution relative et momentanée<br />

de la limitation organique l'hypnotisme<br />

es!<br />

comme<br />

une porte entrouverte sur la<br />

portion cryptoïdc du moi.<br />

Quel rô<strong>le</strong> est dévolu à la suggestion<br />

dans la genèse de<br />

l'hypnose Simp<strong>le</strong>ment celui d'un facteur fréquent, commonde<br />

mais nul<strong>le</strong>ment indispensab<strong>le</strong>.<br />

La<br />

suggestion,<br />

<strong>par</strong><br />

el<strong>le</strong>-même, n'explique<br />

rien. El<strong>le</strong> n'agit<br />

d'ail<strong>le</strong>urs que secondairement,<br />

<strong>par</strong> suite de la diminution ou de la suppression<br />

de la direction supérieure du moi sur <strong>le</strong> groupement<br />

individuel décentralisé.<br />

El<strong>le</strong><br />

peut agir, exceptionnel<strong>le</strong>ment,<br />

sur <strong>le</strong>s éléments ment<strong>au</strong>x mais el<strong>le</strong> agit surtout,<br />

est-il besoin de <strong>le</strong> faire remarquer sur <strong>le</strong> psychisme<br />

cérébral.<br />

L'état d'hypnose banal. celui qui est classique, est dû,<br />

avant<br />

tout,<br />

à la sécession du bloc inférieur (dynamisme<br />

vital et<br />

organisme)<br />

Ce bloc inférieur<br />

un esclave sous la<br />

d'avec <strong>le</strong> bloc supérieur (mental et moi).<br />

agit<br />

ou comme un <strong>au</strong>tomate ou comme<br />

suggestion<br />

du<br />

magnétiseur.<br />

Automatisme et toute puissaace de la<br />

suggestion<br />

se<br />

comprennent<br />

ainsi<br />

sans<br />

peine.


L'INTERPRÉTATION DE LA psychologie<br />

2G5<br />

L'Automatisme dans l'hypnose et <strong>le</strong> somnambulisme est<br />

remarquab<strong>le</strong> <strong>par</strong> ta perfection des actes accomplis.<br />

Dans « l'être sub<strong>conscient</strong> » j'avais expliqué cette perfection<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait que toutes <strong>le</strong>s forces vita<strong>le</strong>s, groupées <strong>au</strong>tour<br />

d'une seu<strong>le</strong> idée, sans réf<strong>le</strong>xion fi sans distraction, lui<br />

donnent une grande puissance et une grande sûreté. Cela<br />

est vrai, sans doute, mais il y a <strong>au</strong>tre chose il y a comme<br />

une singulière régression de l'humanité l'anirnalüé<br />

Le bloc inférieur, privé de la direction <strong>conscient</strong>e, semb<strong>le</strong><br />

recouvrer alors, -pour un temps, la sûreté caractéristique<br />

de I'ùtstinet animal.<br />

8° LES altérations of. i.a personnalité<br />

Rien ne fait mieux ressortir la vérité de notre conception<br />

de l'individu que l'aisance avec laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> va nous 1termettre<br />

de comprendre <strong>le</strong>s altérations de la personnalité.<br />

Ces manifestations ont été, jusqu'à préscnt, ou bien de<br />

pures énigmes, ou bien l'origine de pseudo-interprétation-,<br />

<strong>le</strong>s plus grossières ou <strong>le</strong>s plus insensées, quand<br />

toutefois<br />

ces pseudo-interprétations n'aboutissaient<br />

pas simp<strong>le</strong>ment<br />

à un verbalisme imbéci<strong>le</strong>, distinguant la subconscience de<br />

rinfraconscienee, de la superconscience ou de la cocoriscience<br />

A la base'du<br />

phénomène<br />

et comme c<strong>au</strong>se originel<strong>le</strong>, ou<br />

note la mise à l'écart de la direction centra<strong>le</strong> du moi<br />

Les personnalités factices sont dues à des manifestations<br />

isolées dans <strong>le</strong><br />

moi.<br />

groupement psychologique sé<strong>par</strong>é du<br />

L'activité isolée du psychisme cérébral se traduira soit<br />

<strong>par</strong> l'<strong>au</strong>tomatisme, soit<br />

<strong>par</strong> des pseudo personnalités d'origine<br />

suggestive, pseudo personnalités bana<strong>le</strong>s, d'ordre inférieur,<br />

sans originalité.<br />

L'activité isolée des éléments ment<strong>au</strong>x du psychisme<br />

extra cérébral sera la source de la<br />

multiplication<br />

des<br />

personnalités<br />

dans ses modalités C<strong>le</strong>vées et ©OTnp<strong>le</strong>xep.


266 DE AU CONSCIENT<br />

Le phénomène de dissociation menta<strong>le</strong> éb<strong>au</strong>chée, de<br />

tendance <strong>au</strong> dédoub<strong>le</strong>ment est fréquent dans la vie norma<strong>le</strong>,<br />

<strong>par</strong> suite de la comp<strong>le</strong>xité du mental, de la prédominance<br />

alternative de certains groupements, <strong>par</strong>fois riv<strong>au</strong>x<br />

ou antagonistes et de l'impuissance relative du moi<br />

à <strong>le</strong>s mettre d'accord.<br />

Mais dans <strong>le</strong>s états anorm<strong>au</strong>x et chez certains prédisposés,<br />

<strong>le</strong> dédoub<strong>le</strong>ment de la personnalité acquiert une<br />

puissance inattendue.<br />

Pour que de véritab<strong>le</strong>s personnalités multip<strong>le</strong>s ap<strong>par</strong>aissent,<br />

deux conditions essentiel<strong>le</strong>s doivent se présenter<br />

D'abord la \aculté de décenlra lisation et l'instabilité<br />

de la direction centra<strong>le</strong>, l'impuissance de « l'<strong>au</strong>tocratisme »<br />

individuel.<br />

Puis <strong>le</strong> déf<strong>au</strong>t d'assimilation des éléments ment<strong>au</strong>x<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> moi.<br />

Cette seconde condition est capita<strong>le</strong>. Sans ce déf<strong>au</strong>t<br />

d'assimilation, II pourra y avoir décentralisation il n'y<br />

<strong>au</strong>ra pas ap<strong>par</strong>ition d'une « personnalité » digne de ce<br />

nom.<br />

Nous avons vu que <strong>le</strong> moi garde en lui la notion intégra<strong>le</strong><br />

des états de conscience et se <strong>le</strong>s assimi<strong>le</strong>. Si l'assimilation<br />

est im<strong>par</strong>faite, <strong>le</strong>s états de conscience conservent,<br />

avec <strong>le</strong>ur <strong>au</strong>tonomie, <strong>le</strong>ur activité excentrique et centrifuge,<br />

avec tendance <strong>au</strong>x manifestations isolées et distinctes.<br />

La genèse d'une personnalité seconde est alors faci<strong>le</strong> à<br />

se représenter Tout d'abord, il y a activité anorma<strong>le</strong>,<br />

« bourgeonnement <strong>par</strong>asitaire » dans <strong>le</strong> mental. Un groupement<br />

mal assimilé se constituera <strong>au</strong>tour d'une pensée<br />

<strong>par</strong>ticulièrement active, d'une émotion, d'une tendance,<br />

d'une impression, d'une suggestion ou d'une <strong>au</strong>to-suggestion.<br />

Ce groupement primaire, échappant en <strong>par</strong>tie <strong>au</strong><br />

contrô<strong>le</strong> directeur et centralisateur, attire <strong>au</strong>tour de lui,<br />

<strong>par</strong> affinité, des éléments ment<strong>au</strong>x secondaires plus faib<strong>le</strong>s.<br />

Dès lors s'élaborera, dans <strong>le</strong>s profondeurs du mental,


l'interprétation DE la psychologie 267<br />

une lutte latente et sourde entre <strong>le</strong> moi et la personnage<br />

<strong>par</strong>asitaire. Le plus souvent, cette dernière, vaincue, se<br />

désagrège et s'assimi<strong>le</strong> <strong>au</strong> moi. Mais <strong>par</strong>fois, <strong>par</strong> suite de<br />

l'impuissance directrice de ce dernier, soit qu'il soit faib<strong>le</strong><br />

<strong>par</strong> son nive<strong>au</strong> évolutif, soit que son action se trouve gênée<br />

<strong>par</strong> un manque d'affinité originel ou acquis ou <strong>par</strong> la<br />

tendance congénita<strong>le</strong> du groupement à la décentralisation,<br />

la personnalité <strong>par</strong>asitaire prospère et se développe.<br />

El<strong>le</strong> groupe <strong>au</strong>tour d'el<strong>le</strong> une <strong>par</strong>t de plus en plus vaste<br />

des activités menta<strong>le</strong>s, s'adjoint des éléments imaginatifs,<br />

se fortifie <strong>par</strong> un exercice journalier et bientôt, une rupture<br />

sera possib<strong>le</strong> une confédération nouvel<strong>le</strong> se sera<br />

formée dans <strong>le</strong> mental une secession d'avec <strong>le</strong> moi.<br />

Dès lors, une lutte ouverte s'établira, avec résultats variab<strong>le</strong>s,<br />

retours de fortune, entre <strong>le</strong> moi et la ou <strong>le</strong>s personnalités<br />

factices, pour la possession du pouvoir, pour<br />

l'intégrité ou <strong>le</strong>s désagrégations <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s, pour la domination<br />

sur <strong>le</strong> champ psychologique.<br />

Il n'est <strong>au</strong>cun cas connu de personnalités secondes qui<br />

ne soit explicab<strong>le</strong> <strong>par</strong> ce processus.<br />

On pourrait peut-être al<strong>le</strong>r plus loin encore supposer<br />

un déf<strong>au</strong>t d'assimilation des éléments ment<strong>au</strong>x <strong>par</strong> <strong>le</strong> moi,<br />

non seulément dans la période comprise depuis la naissance<br />

du groupement vital actuel, mais jusqu'en deçà de<br />

ce groupement, dans un groupement antérieur dans cette<br />

hypothèse, qui <strong>au</strong>rait besoin d'être établie sur des faits,<br />

on recu<strong>le</strong>rait encore, on élargirait formidab<strong>le</strong>ment la<br />

genèse possib<strong>le</strong> des personnalités secondes.<br />

Tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> de ces personnalités secondes pourrait<br />

ainsi n'être que la « représentation » mal assimilée et Testée<br />

<strong>au</strong>tonome, du moi dans une vie précédente.<br />

Parmi <strong>le</strong>s personnalités secondes, une <strong>par</strong>t toute spécia<strong>le</strong><br />

doit être faite <strong>au</strong>x personnalités médiumniques. Par <strong>le</strong>ur<br />

caractère d'<strong>au</strong>tonomie, <strong>le</strong>ur originalité, <strong>le</strong>ur permanence,<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong>urs affirmations très spécia<strong>le</strong>s <strong>au</strong>ssi sur <strong>le</strong>ur origine


268 DE Al CONSCIENT<br />

enfm <strong>par</strong> <strong>le</strong>s facultés<br />

supranormaies dont el<strong>le</strong>s font preuve<br />

<strong>par</strong>fois, el<strong>le</strong>s doivent faire l'objet d'une étude sé<strong>par</strong>ée.<br />

Nous <strong>le</strong>s considérerons en dernier lieu.<br />

9° J.F. TliAYAJL L\Tt;i.U:CTL£I. ET ST.S MODALITÉS. Le GÉNIE<br />

Le travail intel<strong>le</strong>ctuel ordinaire est dû essentiel<strong>le</strong>ment à<br />

une collaboration étroite du psychisme cérébral et du psychisme<br />

supérieur.<br />

Pendant l'état de veithe, chez l'homme normal, il y a fusion,<br />

union. homogénéité des deux psychisme*, d'où productions<br />

régulières mais qualitativement limitées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s<br />

capacités cérébra<strong>le</strong>s. Les facultés supérieures<br />

ne se manifestent<br />

guère que <strong>par</strong> <strong>le</strong>s tendances innées, ies capacités<br />

généra<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> caractère de l'individu.<br />

Pendant <strong>le</strong><br />

repos du cerve<strong>au</strong>, l'activité psychique supérieures<br />

persiste, mais n'est guère perçue ou reste tota<strong>le</strong>ment<br />

latente. Son action se manifeste néanmoins dans <strong>le</strong> mécanisme<br />

si connu de l'élaboration subcouscietHe. qu'on attribuait<br />

à torf, nous t'avons vu. à l'<strong>au</strong>tomatisme du cerve<strong>au</strong>.<br />

L'<strong>au</strong>tomatisme du cerve<strong>au</strong> n'ap<strong>par</strong>aît que dans <strong>le</strong>s rêves<br />

ordinaires. incohérents, futi<strong>le</strong>s, d'ordre banal.<br />

Les rêves logiques, cohérents ou géni<strong>au</strong>x son) dus à<br />

une répercussion accidentel<strong>le</strong> du psychisme supérieur,<br />

toujours<br />

actif bien qu'inaperçu, dans <strong>le</strong> psychisme cérébral,.<br />

A côté du rêve, se place la rêverie. La rêverie est due <strong>au</strong><br />

relâchement de l'effort intel<strong>le</strong>ctuel et..du contrô<strong>le</strong> précis<br />

du moi. Les idées se dérou<strong>le</strong>nt suivant des associations<br />

ou des affinités habituel<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> moi assiste à <strong>le</strong>ur défilé<br />

comme à un<br />

spectac<strong>le</strong>.<br />

Il n'intervient guère, sinon de<br />

temps en<br />

temps pour écarteur une idée<br />

pénib<strong>le</strong>, orienteur <strong>le</strong>s<br />

idées dans <strong>le</strong> sens désiré ou lâcher la bride à des broderies<br />

imaginatives.<br />

Le travail intel<strong>le</strong>ctuel, pour donner tout son rendement,<br />

pour assurer à la collaboration et..la direction du psychisme


L'INTERPRÉTATION DE LA PSYCHOLOGIE<br />

supérieur extra cérébral toute son activité, nécessite une<br />

diminution, un relâchement de la centralisation du groupement<br />

individuel.<br />

C'est pour cela que l'étendue de l'élaboration sub<strong>conscient</strong>e<br />

et l'ap<strong>par</strong>ition de l'inspiration sont presque toujours<br />

associées <strong>au</strong>x états anorm<strong>au</strong>x et hévropathiques que<br />

conditionne cette décentralisation relative et momentanée.<br />

It semb<strong>le</strong> <strong>par</strong> moments, que la limitation de l'Etre <strong>par</strong><br />

la cérébration soit comme brisée alors ap<strong>par</strong>aissent <strong>le</strong>s<br />

facultés supérieures, qui n'en resteront pas moins toujours<br />

gênées ou même déviées, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s alternatives d'effort,<br />

c'est-à-dire d'action centralisée, et de relâchement de la<br />

synthèse, seu<strong>le</strong> capab<strong>le</strong> de diminuer la limitation cérébra<strong>le</strong>.<br />

La cnjplopsychie el la cryplomnésie, incompréhensib<strong>le</strong>s<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait des facultés cérébra<strong>le</strong>s, s'expliquent, très aisément<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> fait du psychisme sub<strong>conscient</strong> supérieur.<br />

Non accessib<strong>le</strong>s, directement, à la volonté et à la connaissance<br />

de l'Etre bonne norma<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> ses limitations<br />

cérébra<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s n'en eontribuent, pas moins largement,<br />

quoique d'une façon occulte, à élargir <strong>le</strong> champ de son activité<br />

psychique, dont el<strong>le</strong>s constituent la meil<strong>le</strong>ure <strong>par</strong>t.<br />

L'innéité, tes capacités non héréditaires, l'inspiration,<br />

h ta<strong>le</strong>nt ou <strong>le</strong> génie, se manifestant en dehors du travail<br />

volontaire, s'expliquant <strong>par</strong> la nature essentiel<strong>le</strong> du psychisme<br />

sub<strong>conscient</strong> et <strong>par</strong> son rô<strong>le</strong> dans l'origine. <strong>le</strong> développement<br />

et <strong>le</strong> fonctionnement de l'Etre normal.<br />

L'inspiration est <strong>le</strong> produit de l'activité, libérée et accrue<br />

<strong>par</strong> cette libération, du psychisme supérieur extra cénébrat.<br />

Mais cette activité, <strong>par</strong> la même c<strong>au</strong>se qui la libère, la décentralisation,<br />

ne se répercute dans la conscience norma<strong>le</strong><br />

que <strong>par</strong> éclairs, <strong>par</strong> interval<strong>le</strong>s ou <strong>par</strong> fragments, avec<br />

inconstance et irrégularité.<br />

Ce qu'on appel<strong>le</strong> « travail in<strong>conscient</strong> » est d'ail<strong>le</strong>urs rarement<br />

inspiration pure. C'est, <strong>le</strong> plus souvent, nous <strong>le</strong><br />

répétons, <strong>le</strong> résultat d'une sorte de collaboration du psy-


270 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

chisme dit <strong>conscient</strong> et du psychisme sub<strong>conscient</strong> supérieur.<br />

Le <strong>conscient</strong> élabore ou amorce <strong>le</strong> travail mais la limitation<br />

des capacités cérébra<strong>le</strong>s ne lui permet pas, en dépit<br />

de tous <strong>le</strong>s efforts, de <strong>le</strong> mener à bien. Alors, la collaboration<br />

avec <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> s'établit, d'une manière latente.<br />

El<strong>le</strong> se poursuit même et surtout pendant <strong>le</strong> repos du<br />

cerve<strong>au</strong> car <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> est dégagé des contingences<br />

physiologiques de cet organe et <strong>au</strong>-dessus de ses limitations.<br />

Le caractère inaperçu de cette collaboration fait que<br />

<strong>le</strong>ur résultat prend <strong>par</strong>fois l'ap<strong>par</strong>ence d'une révélation.<br />

Le génie tient de l'essence même du moi son pouvoir<br />

créateur. Il est bon de remarquer que, théoriquement, <strong>le</strong><br />

génie n'implique pas forcément, pour ses manifestations,<br />

une évolution menta<strong>le</strong> supérieure. Il peut ap<strong>par</strong>aître <strong>par</strong><br />

éclairs et il s'observe, en réalité, à tous <strong>le</strong>s degrés de<br />

l'échel<strong>le</strong> évolutive. Mais, pratiquement, pour donner une<br />

création durab<strong>le</strong>, <strong>le</strong> génie nécessite des connaissances<br />

étendues des rapports des choses entre el<strong>le</strong>s, connaissances<br />

<strong>conscient</strong>es ou suboonscientes qui impliquent une<br />

h<strong>au</strong>te évolution antérieure. Il f<strong>au</strong>t remarquer <strong>au</strong>ssi que <strong>le</strong><br />

génie n'implique pas la perfection. Le génie, dans ses diverses<br />

manifestations, scientifiques, philosophiques, artistiques,<br />

religieuses, etc. n'est pas à l'abri des désharmonies<br />

et des erreurs. Le contrô<strong>le</strong> réfléchi lui est indispensab<strong>le</strong>,<br />

comme nous l'avons montré plus h<strong>au</strong>t. C'est pour cela<br />

qu'un homme de génie ne peut rien apporter d'uti<strong>le</strong> à l'humanité<br />

s'il n'est pas, en même temps, un homme h<strong>au</strong>tement<br />

évolué.<br />

10° Le Supranokmal<br />

Il en est de l'ap<strong>par</strong>ition du supranormal comme de cel<strong>le</strong><br />

de l'inspiration créatrice ou du génie el<strong>le</strong> est conditionnée<br />

<strong>par</strong> un degré de décentralisation suffisant pour briser momentanément<br />

la limitation cérébra<strong>le</strong> de l'Etre.


l'interprétation DE LA PSYCHOLOGIE 271<br />

<strong>De</strong> la profondeur de la conscience sublimina<strong>le</strong> jailliront<br />

alors <strong>par</strong>fois, comme d'une fenêtre brusquement ouverte<br />

dans <strong>le</strong> cadre opaque de cette limitation, des éclairs<br />

éblouissants, quoique éphémères,<br />

de divination ap<strong>par</strong>aîtront<br />

<strong>le</strong>s capacités d'action mento-m.enta<strong>le</strong>, où se feront<br />

jour des pouvoirs supérieurs<br />

à la matière et<br />

dégagés<br />

des<br />

contingences de temps et d'espace.<br />

Ces capacités lucides, ces pouvoirs<br />

en ap<strong>par</strong>ence<br />

illimités,<br />

n'ont en réalité rien de merveil<strong>le</strong>ux ou, du moins, ils ne<br />

sont ni<br />

plus<br />

ni moins merveil<strong>le</strong>ux que tous <strong>le</strong>s<br />

phénomènes<br />

de la vie et de la pensée.<br />

Entre <strong>le</strong> normal et <strong>le</strong> suprunonnul, il' n'y<br />

a pas de ligne<br />

de démarcation, de frontière sé<strong>par</strong>atine<br />

l'un et l'<strong>au</strong>tre Telèvent<br />

des<br />

processus<br />

vit<strong>au</strong>x et <strong>le</strong>ur seu<strong>le</strong> différence vient de<br />

ce que <strong>le</strong> premier nous est familier, ce qui nous donne<br />

l'illusion de l'avoir compris<br />

tandis que <strong>le</strong> second tient son<br />

caractère occulte de ce<br />

qu'il était( ignoré.<br />

Le<br />

supranormal physiologique présente exactement <strong>le</strong><br />

même mystère que<br />

<strong>le</strong> normal physiologique la formation<br />

ni moins mer-<br />

norma<strong>le</strong> d'un<br />

organisme<br />

veil<strong>le</strong>use, ni plus ni moins<br />

vivant n'est ni plus<br />

compréhensib<strong>le</strong> que la formation<br />

anorma<strong>le</strong> du médiumnisme. C'est, nous <strong>le</strong> répétons,<br />

<strong>le</strong> même mirac<strong>le</strong> idéoplastique qui forme, <strong>au</strong>x dépens du<br />

corps maternel, <strong>le</strong>s mains,<br />

<strong>le</strong><br />

visage,<br />

tous <strong>le</strong>s tissus, l'organisme<br />

entier de l'enfant ou, <strong>au</strong>x dépens du corps du médium,<br />

<strong>le</strong>s mains, <strong>le</strong><br />

« matérialisation ».<br />

visage<br />

ou l'organisme entier d'une<br />

Le supranormal psychologique<br />

lui-même n'est qu'une<br />

face, la face cachée, du conditionnement. normal de l'Etre<br />

dont sa conscience ap<strong>par</strong>ente n'est que <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t limité de sa<br />

conscience tota<strong>le</strong>. Il y a <strong>le</strong> même mystère dans la création<br />

génia<strong>le</strong><br />

et dans la lucidité, la même indépendance des contingences,<br />

<strong>le</strong> même ref<strong>le</strong>t divin.<br />

Dans l'ensemb<strong>le</strong> des phénomènes de la vie, de la conscience,<br />

de l'évolution de l'Etre, on ne comprend rien ou<br />

bien l'on comprend tout. On ne comprend rien, si on veut


272 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

ramener tout l'Elfe à l'un de ses principes, surtout <strong>au</strong> plus<br />

grossier, l'organisme matériel on comprend<br />

tout<br />

lorsqu'on<br />

envisage<br />

<strong>le</strong> moi divin et<br />

permanent dans ses objectivations<br />

passagères<br />

et<br />

diverses.<br />

En somme, il n'y a pas de supranormal comme il n'y a<br />

pas de mirac<strong>le</strong>s- Le supranormal n'est<br />

que<br />

la manifestation<br />

inhabituel<strong>le</strong>, élargie <strong>par</strong> la décentralisation, du moi<br />

se révélant dans toutes ses capacités, même <strong>le</strong>s plus supérieures<br />

et <strong>le</strong>s plus latentes tandis que la vie psychique<br />

norma<strong>le</strong> ne comporte que<br />

ses manifestations étroites, strictement<br />

rétrécies <strong>au</strong><br />

champ matériel, <strong>au</strong>x représentations.<br />

La connaissance du « » supranormal prouve simp<strong>le</strong>ment<br />

qu'il y a, dans <strong>le</strong> moi, des capacités supérieures inutilisées<br />

et inutilisab<strong>le</strong>s pendant l'objectivation terrestre, facultés<br />

d'action mento-menta<strong>le</strong>, facultés extra-sensoriel<strong>le</strong>s, îacultés<br />

de divination synthétique et de clairvoyance, enfin facultés<br />

dominatrices sur la matière.<br />

On peut admettre, avec Myers, que ces facultés supérieures,<br />

qui échappent<br />

entièrement à notre volonté pendant<br />

la vie terrestre, qui nous sont accessib<strong>le</strong>s d'une manière<br />

relative et fragmentaire, à mesure<br />

que diminue dans<br />

la décentralisation anorma<strong>le</strong> la limitation organique, nous<br />

sont accessib<strong>le</strong>s d'une manière plus complète, après la<br />

rupture fina<strong>le</strong> de cette limitation<br />

<strong>par</strong> la mort. <strong>De</strong><br />

plus<br />

et<br />

surtout, il semb<strong>le</strong> évident que ces facultés, en voie de<br />

culture, seront un jour p<strong>le</strong>inement soumises <strong>au</strong> moi. Leur<br />

nsage régulier et normal<br />

marquera la vie<br />

supérieure,<br />

idéa<strong>le</strong>ment<br />

évoluée, ou la conscience <strong>au</strong>ra établi son triomphe<br />

comp<strong>le</strong>t srer l'inconscience originel<strong>le</strong>,. Alors, il<br />

n'y<br />

<strong>au</strong>ra<br />

plus<br />

de limitation » du moi <strong>par</strong> <strong>le</strong> groupement individuel<br />

qu'il<br />

dirige.<br />

Le moi connaîtra tout et pourra tout Il <strong>au</strong>ra<br />

vraiment réalisé ses potentialités diverses et infinies.<br />

11° LE Médïumnisme<br />

Le médiumnisme pose de grands problèmes mais ces


l'interprétation <strong>Dr</strong> la psychologie 273<br />

problèmes<br />

sont relativement simp<strong>le</strong>s<br />

si nous nous reportons<br />

<strong>au</strong>x notions précédentes<br />

Le mécanisme de l'action médiumnique peut se résamer<br />

décentrali-<br />

ainsi décentralisation dans <strong>le</strong><br />

groupements<br />

médium. 'et<br />

manifestations<br />

isolées des portion<br />

sées.<br />

individuel<br />

dit<br />

Tantôt ces manifestations isolées s'exécutent dans <strong>le</strong><br />

groupement même, intrinsèquement<br />

tantôt el<strong>le</strong>s s'exécutent<br />

extrinsèquement. <strong>par</strong> une véritab<strong>le</strong> extériorisation.<br />

On<br />

voit<br />

quel champ immense est capab<strong>le</strong> d'embrasser<br />

Faction<br />

médiumnique<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s<br />

Extériorisations motrices, sensoriel<strong>le</strong>s, dynamiques,<br />

Automatismes<br />

divers<br />

Manifestations d'ordre psychologique<br />

d'une<br />

immense<br />

variété<br />

Action isolée du psychisme cérébral disjonctions<br />

dans <strong>le</strong> mental avec personnifications de nature et de nive<strong>au</strong><br />

variab<strong>le</strong> manifestations pythiatiques<br />

ou<br />

suggestives;<br />

manifestations<br />

cryptospyclticlues,<br />

et<br />

cryploronésiques<br />

manifestations<br />

dites supranornia<strong>le</strong>s.<br />

Ainsi compris, <strong>le</strong> médiumnisme est un monde monde<br />

défiant toute exploration <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong> et fragmentaire, se dérobant<br />

à toute vision de détail, mais se révélant, dans la<br />

majestueuse constitution comp<strong>le</strong>xe de l'Etre, à la h<strong>au</strong>te et<br />

claire vision d'ensemb<strong>le</strong>.<br />

Vouloir expliquer <strong>le</strong> médiumnisme <strong>par</strong> des séries d'hypothèses<br />

fragmentaires, adaptées seu<strong>le</strong>ment à quelquesuns<br />

de ses casiers, comme <strong>le</strong> font certains psychistes, est<br />

une entreprise insensée. Aucune des explications <strong>par</strong>tiel<strong>le</strong>s<br />

ou de détail n'a, ne peut avoir la moindre va<strong>le</strong>ur. On ne<br />

peut comprendre <strong>le</strong> médiumnisme, dans sa<br />

prodigieuse<br />

diversité,<br />

que <strong>par</strong> la connaissance de ce qu'est l'individu, de<br />

ce qu'est son<br />

groupement individuel, avec ses possibilités<br />

de dissociation relative et momentanée <strong>par</strong> la notion


274 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

surtout de son essence métaphysique, du dynamo-psychisme<br />

créateur objectivé en lui.<br />

Si l'on <strong>par</strong>t de dette conception nouvel<strong>le</strong> du moi et dans<br />

ce cas seu<strong>le</strong>ment. il devient aisé de comprendre, dans son<br />

infinie diversité, l'action médiumnique.<br />

Cependant, à propos du médiumnisme, il reste et restera<br />

toujours des questions sujettes à controverses, même si l'on<br />

<strong>par</strong>t des notions précises, ci-dessus exposées, sur la constitution<br />

de l'Etre.<br />

Parmi ces questions réservées, deux surtout prêtent à<br />

discussion cel<strong>le</strong> des personnalités médiumniques et cel<strong>le</strong><br />

des enseignements donnés <strong>par</strong> ces personnalités.<br />

1. Personnalités médiumniques. Dans toute manifestation<br />

d'ordre médiumnique, s'observe une tendance extrêmement<br />

marquée à la personnification ». Les disjonctions<br />

menta<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s extériorisations, <strong>le</strong>s phénomènes cryptomnésiques<br />

ou cryptopsychiques, <strong>le</strong>s pouvoirs supérieurs<br />

sur la matière ne sont généra<strong>le</strong>ment pas incohérents ou<br />

anarchiques ils dénotent un but, ils révè<strong>le</strong>nt une direction.<br />

Cette direction est cel<strong>le</strong> d'une personnalité seconde,<br />

en ap<strong>par</strong>ence distincte du moi.<br />

Souvent la personnalité médiumnique 'est insignifiante<br />

et éphémère.<br />

<strong>De</strong> même que la menue monnaie du médiumnisme (phénomènes<br />

élémentaires d'extériorisation ou éb<strong>au</strong>ches d'action<br />

mento-menta<strong>le</strong> ou de clairvoyance) sont choses cou-<br />

,'antes dans l'existence, même norma<strong>le</strong>, des médiums, ainsi<br />

la tendance <strong>au</strong>x disjonctions menta<strong>le</strong>s et <strong>au</strong>x personnüications<br />

<strong>au</strong>tonomeç ap<strong>par</strong>aît comme un phénomène banal<br />

et sans<br />

intérêt.<br />

Mais, dans l'atmosphère favorah<strong>le</strong> créée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s séances<br />

spiritiques ou à la suite d'entraînement et d'exercice, ou<br />

spontanément <strong>par</strong>fois. <strong>le</strong>s manifestations se précisent et<br />

s'accentuent, ct la personnification directrice acquiert alors


l'interprétation DE LA psychologie 275<br />

une<br />

puissance<br />

<strong>par</strong>fois<br />

extrêmement<br />

remarquab<strong>le</strong><br />

et<br />

digne<br />

de<br />

la<br />

plus<br />

grande<br />

attention.<br />

Quel<strong>le</strong><br />

est<br />

l'origine<br />

et la nature des<br />

personnalités<br />

médiumniques<br />

<br />

Dans<br />

<strong>le</strong>s<br />

disjonctions ordinaires, <strong>le</strong>s<br />

personnalités<br />

secondes, que<br />

nous avons vu<br />

ap<strong>par</strong>aître<br />

<strong>par</strong><br />

la<br />

décentralisation<br />

menta<strong>le</strong>,<br />

se<br />

comportent<br />

généra<strong>le</strong>ment<br />

comme<br />

des<br />

personnalités<br />

usurpatrices<br />

dans <strong>le</strong> moi. El<strong>le</strong>s semb<strong>le</strong>nt<br />

aspirer<br />

à<br />

remplacer<br />

l'<strong>au</strong>tocratie<br />

légitime.<br />

El<strong>le</strong>s<br />

déclarent<br />

être <strong>le</strong> erai moi. Dans <strong>le</strong> médiumnisme, <strong>le</strong>ur allure est différente<br />

el<strong>le</strong>s déclarent être<br />

étrangères<br />

<strong>au</strong> moi. el<strong>le</strong>s se<br />

donnent comme des entités distinctes<br />

généra<strong>le</strong>ment,<br />

du<br />

moins de nos<br />

jours<br />

et en occident, comme <strong>le</strong>s «<br />

esprits<br />

» des<br />

morts,<br />

et<br />

disent<br />

n'emprunter<br />

<strong>au</strong><br />

médium<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

dynamisme<br />

vital et <strong>le</strong>s éléments<br />

organiques<br />

qui<br />

<strong>le</strong>ur<br />

manquent<br />

pour<br />

agir<br />

sur<br />

<strong>le</strong><br />

plan<br />

matériel.<br />

Les<br />

preuves<br />

données<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s<br />

personnalités<br />

médiumniques,<br />

à<br />

l'appui<br />

de<br />

<strong>le</strong>ur<br />

dire,<br />

sont<br />

<strong>le</strong><br />

plus<br />

souvent très vagues<br />

et ne résistent<br />

pas<br />

à l'examen mais<br />

<strong>par</strong>fois<br />

el<strong>le</strong>s<br />

sont<br />

singulièrement<br />

nettes.<br />

Il<br />

s'agit<br />

du<br />

rappel<br />

de la caractéristique<br />

du défunt., de souvenirs<br />

personnels<br />

dans des détails<br />

ignorés<br />

et<br />

minutieux,<br />

de<br />

sa<br />

langue maternel<strong>le</strong>, de ses<br />

traits en cas de<br />

téléplastie,<br />

de<br />

sa<br />

signature,<br />

etc.<br />

Que<br />

penser<br />

de cette affirmation Est-el<strong>le</strong><br />

toujours<br />

f<strong>au</strong>sse Le médiumnisme n'est-il<br />

que<br />

<strong>le</strong> domaine du men-<br />

et de l'illusion C'est ce<br />

que<br />

ne<br />

craignent<br />

pas<br />

songe<br />

d'affirmer<br />

nombre de<br />

psychistes.<br />

Ecoutons<br />

<strong>le</strong>ur<br />

argumentation<br />

« Les<br />

personnalités médiumniques, disent-ils, peuvent<br />

<strong>par</strong>faitement n'être, en<br />

dépit<br />

de<br />

<strong>le</strong>urs<br />

affirmations,<br />

que<br />

des<br />

personnalités<br />

secondes<br />

Leur<br />

genèse,<br />

analogue<br />

à cel<strong>le</strong> de<br />

ces<br />

dernières,<br />

débutant<br />

<strong>par</strong><br />

une<br />

suggestion<br />

ou une <strong>au</strong>to-<br />

<strong>conscient</strong>e<br />

ou<br />

sub<strong>conscient</strong>e,<br />

<strong>le</strong>ur<br />

suggestion,<br />

développement,<br />

<strong>le</strong>ur enrichissement obéirait <strong>au</strong> même mécanisme.<br />

Aucune<br />

des<br />

preuves d'<strong>au</strong>tonomie et<br />

d'indépendance<br />

ne s<strong>au</strong>rait être formel<strong>le</strong> la différence<br />

psychologique<br />

de<br />

facultés et connaissances avec cel<strong>le</strong>s du médium<br />

peut<br />

s'ex-<br />

Df Gpstavib Ge<strong>le</strong>t. 19'


270 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

pliquer simp<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> la comp<strong>le</strong>xité du mental et l'étendue<br />

de la cryptopsychie <strong>le</strong>s contradictions d'idées, de<br />

caractère, de volonté, peuvent représenter simp<strong>le</strong>ment des<br />

tendances intimes refoulées <strong>par</strong> la vie journalière, et se<br />

faisant jour avec vio<strong>le</strong>nce <strong>par</strong> la soupape du médiumnisme;<br />

<strong>le</strong> supranormal peut ap<strong>par</strong>tenir <strong>au</strong> sub<strong>conscient</strong> médiumnique.<br />

Aucune des preuves d'identité ne s<strong>au</strong>rait être p<strong>le</strong>inement<br />

convaincante l'origine de toutes <strong>le</strong>s connaissances,<br />

même <strong>le</strong>s plus inattendues et <strong>le</strong>s plus secrètes, même cel<strong>le</strong><br />

d'une langue ignorée du médium peut être dans la cryptomnésie,<br />

l'action mento-menta<strong>le</strong> ou la clairvoyance.<br />

« Les preuves nouvel<strong>le</strong>s inventées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s chercheurs<br />

anglo-américains (correspondances croisées, communications<br />

de la même entité à divers médiums isolés et sans<br />

rapports) sont évidemment, <strong>au</strong> premier abord, déconcertantes<br />

et redoutab<strong>le</strong>s à notre thèse. Il est clair que des<br />

faits <strong>au</strong>ssi précis et extraordinaires que ceux observés, <strong>par</strong><br />

exemp<strong>le</strong>, <strong>par</strong> Mme de W. (1), semb<strong>le</strong>nt indiquer une volonté<br />

directrice bien indépendante et <strong>au</strong>tonome. Mais n'estce<br />

pas là encore une illusion Oui sait si la personnalité<br />

n'arrive pas à<br />

acquérir, <strong>par</strong> la culture<br />

médiumnique, en<br />

plus d'une grande <strong>au</strong>tonomie, un dynamisme passager, <strong>au</strong><br />

moins pendant la durée de l'expérience, dynamisme emprunté<br />

<strong>au</strong> médium même et lui permettant alors une action<br />

à distance sur des médiums différents . »<br />

Tout est possib<strong>le</strong>, en effet. Mais il ne f<strong>au</strong>t jamais oublier,<br />

quand on raisonne sur <strong>le</strong> médiumnisme, de tenir compte<br />

de toutes <strong>le</strong>s notions que nous avons établies sur la nature<br />

et la constitution individuel<strong>le</strong>. Ces notions qui, acceptées<br />

intégra<strong>le</strong>ment, nous ont permis de sortir de l'abîme obscur,<br />

du chaos de la psycho-physiologie classique, de compren-<br />

(1) « Anna<strong>le</strong>s des sciences psychiques » Contribution à l'étude des<br />

correspondances croisées.


l'interprétation de la psychologie 277<br />

tire enfin <strong>le</strong> sens et la nature de l'Etre et de l'Univers, permettent<br />

en outre d'affirmer la survivance ctu mot et son<br />

éternel<strong>le</strong> écolulion c<strong>le</strong> l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient.<br />

Que <strong>le</strong> moi préexiste<br />

et survive <strong>au</strong> groupement qu'il<br />

dirige pendant<br />

la durée d'une vie terrestre qu'il<br />

survive<br />

spécia<strong>le</strong>ment<br />

à l'organisme, son objectivation<br />

inférieure<br />

pendant cette vie, cela ne s<strong>au</strong>rait faire de doute cela doit<br />

<strong>au</strong> moins être admis, sinon comme une certitude mathématique,<br />

du xnoins comme résultat d'un calcul de \or<strong>le</strong><br />

probabilité.<br />

La manifestation, sur <strong>le</strong> plan matériel, à l'aide d'éléments<br />

dynamiques et organiques empruntés <strong>au</strong> médium,<br />

d'un «<br />

esprit désincarné ap<strong>par</strong>aît dès lors comme une<br />

indéniab<strong>le</strong> possibilité.<br />

En présence<br />

donc d'un fait d'ap<strong>par</strong>ence spiritique, une<br />

seu<strong>le</strong> attitude s'impose <strong>au</strong> psychiste instruit cel<strong>le</strong> de prendre<br />

pour guide<br />

<strong>le</strong> bon sens. C'est <strong>au</strong> bon sens, <strong>au</strong> rain<br />

jugement, d'apprécier <strong>le</strong>s affirmations du communicateur.<br />

C'est <strong>au</strong> nom du bon sens, que <strong>le</strong>s psychistes anglo-américains,<br />

<strong>au</strong> courant de toutes <strong>le</strong>s subtilités déconcertantes<br />

des<br />

interprétations<br />

du médiumnisme intel<strong>le</strong>ctuel, ont fini,<br />

de guerre lasse, et avec un ensemb<strong>le</strong> impressionnant, <strong>par</strong><br />

accepter<br />

et répétées des communicateurs.<br />

<strong>le</strong>s affirmations catégoriques<br />

Après Hodgson, <strong>par</strong>ti d'un scepticisme<br />

absolu et déclarant,<br />

après<br />

12 ans d'études, qu'il n'y avait plus place, dans<br />

son esprit, même pour<br />

la<br />

possibilité<br />

d'un doute sur la survivance<br />

et sur la réalité des communications entre vivants<br />

et morts 1-Iyslop, Myers et récemment O. Lodge<br />

proclamé<br />

très h<strong>au</strong>t la même conviction.<br />

ont<br />

Je laisse <strong>au</strong> <strong>le</strong>cteur, désireux de se faire une opinion réfléchie,<br />

<strong>le</strong> soin de lire <strong>le</strong>s publications de ces psychologues<br />

et d'apprécier la va<strong>le</strong>ur de <strong>le</strong>ur argumentation (l.).<br />

(1)<br />

Consulter surtout Les « Proceedings » des sociétés anglo-amérivaines<br />

d'études psychiques et <strong>le</strong> livre récent d'Olivier Loclgo: « Raymond


278 DE L'MCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

S'il m'était permis de donner une impression personnel<strong>le</strong><br />

sur ce que j'ai observé dans <strong>le</strong> domaine du médiumnisme,<br />

je dirais alors même qu'on ne s<strong>au</strong>rait, dans un cas donné,<br />

affirmer la certitude scientifique d'une intervention spiritique,<br />

on se trouve obligé, bon gré mal grC, de reconnaître<br />

en bloc, la possibilité de cette intervention. Pour moi je<br />

considère comme probab<strong>le</strong> l'action, dans <strong>le</strong> médiumnisme,<br />

d'entités intelligentes distinctes du médium. Je me base<br />

pour cela, non seu<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong>s preuves prétendues d'identité<br />

données <strong>par</strong> <strong>le</strong>s communicateurs- preuves sujettes à<br />

controverse mais sur la nature même des phénomènes<br />

é<strong>le</strong>vés et comp<strong>le</strong>xes du médiumnisme. Ces phénomènes<br />

é<strong>le</strong>vés et comp<strong>le</strong>xes démontrent, souvent, une direction,<br />

une intention qu'on ne peut, sans induction arbitraire, rapporter<br />

<strong>au</strong> médium ou <strong>au</strong>x expérimentateurs. Nous n'arrivons<br />

à en trouver l'origine ni dans la conscience norma<strong>le</strong><br />

du sujet, ni dans sa conscience somnambulique ni dans ses<br />

impressions, ses désirs ou ses craintes, directs ou indirects,<br />

suggérés ou volontaire. Nous ne pouvons ni provoquer<br />

<strong>le</strong>s phénomènes, ni <strong>le</strong>s modifier. Tout. se passe réel<strong>le</strong>ment<br />

comme si l'intelligence directrice était indépendante et<br />

<strong>au</strong>tonome. Ce n'est pas tout Cette intelligence directrice,<br />

el<strong>le</strong>, semb<strong>le</strong> souvent connaître, dans une mesure profonde,<br />

ce que nous ignorons savoir distinguer ce qui est essence<br />

des choses et représentations <strong>le</strong> savoir assez pour être<br />

capab<strong>le</strong> de modifier <strong>le</strong>s rapports régissant norma<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<br />

représentations, et cela, à son gré, dans l'espace et <strong>le</strong><br />

temps. En un mot, <strong>le</strong>s phénomènes é<strong>le</strong>vés du médiumnisme<br />

<strong>par</strong>aissent indiquer, nécessiter, proclamer une direction,<br />

une connaissance, une puissance dépassant <strong>le</strong>s facultés,<br />

mêmes sub<strong>conscient</strong>es, des médiums.<br />

Tel<strong>le</strong> est du moins l'impression profonde que je garde<br />

de mes expériences comme du récit de certaines expériences<br />

d'<strong>au</strong>tres métapsychistes. On comprendrait alors, si<br />

mon impression est juste, pourquoi certaines séries d'expériences<br />

célèbres, tel<strong>le</strong>s que cel<strong>le</strong>s de Crookes ou de Ri-


f.'lNTERPRÉTATIOX DE LA PSYCHOLOGIE 279<br />

c,het, semb<strong>le</strong>nt n'avoir eu qu'un but apporter à des savants<br />

éminents une conviction inattendue, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s procédés<br />

susceptib<strong>le</strong>s de <strong>le</strong>s frapper davantage.<br />

2. En ce qui concerne <strong>le</strong>s « enseignements » donnés <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s communicateurs, <strong>le</strong>s difficultés d'appréciation ne sont<br />

pas moindres.<br />

Ces enseignements sont de nature et de va<strong>le</strong>ur trop variab<strong>le</strong>s<br />

pour servir de base à des convictions rationnel<strong>le</strong>s.<br />

Leurs contradictions, que M. Maxwell (1) s'est efforcé<br />

-de faire ressortir, sont déconcertantes pour qui voudrait<br />

se baser uniquement sur el<strong>le</strong>s. Mais ce qui n'est pas moins<br />

évident,<br />

que ces contradictions sont naturel<strong>le</strong>s et inévitab<strong>le</strong>s.<br />

c'est<br />

En effet, en tenant compte, toujours, des notions précédentes,<br />

on peut concevoir, il une communication médiumnique,<br />

deux origines<br />

A) La communications peut proveair nxclusiveme.nl du<br />

médium<br />

El<strong>le</strong> peut êlre due soit à l'<strong>au</strong>tomatisme cérébra<strong>le</strong>, soit<br />

à une disjonction menta<strong>le</strong> et à une personnification factice,<br />

soit à une manifestation cryptomnésique ou cryptopsychique.<br />

On comprend alors combien sa va<strong>le</strong>ur peut être variab<strong>le</strong>.<br />

Le médiumnisme intel<strong>le</strong>ctuel sera tantôt la source<br />

de divinations ou de révélations merveil<strong>le</strong>uses, tantôt et<br />

plus souvent de banalités, de mensonges et d'erreurs. Il<br />

pourra révé<strong>le</strong>r une inspiration supérieure il pourra <strong>au</strong>ssi<br />

éta<strong>le</strong>r une déconcertante et niaise incohérence. Il y a tous<br />

<strong>le</strong>s degrés, toutes<br />

tes catégories dans <strong>le</strong>s produits de la<br />

disjonction du mental seuls <strong>le</strong>s ignorants pourront désormais<br />

s'en étonner et s'en émouvoir.<br />

« Nous sommes dans notre corps, écrit poétiquement<br />

Maeterlinck (2), des prisonniers, profondément ensevelis<br />

avec <strong>le</strong>squels il (<strong>le</strong> moi réel, l'hôte inconnu) ne communique<br />

(1) Maxwe££ a Les phénomènes psychiques ».<br />

(9) Maeterlinck « L'hôte inconnu, n.


280 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

pas<br />

il<br />

quand<br />

veut. Il rode <strong>au</strong>tour des murs, il crie, il avertit,<br />

il frappe à toutes <strong>le</strong>s portes mais rien ne nous<br />

<strong>par</strong>vient<br />

qu'une inquiétude vague,<br />

un murmure indistinct<br />

que nous<br />

traduit <strong>par</strong>fois un geolier mal éveillé et d'ail<strong>le</strong>urs, comme<br />

nous, captif jusqu'à<br />

la mort. Un d'<strong>au</strong>tres termes, et pour<br />

<strong>par</strong><strong>le</strong>r sans<br />

métaphores,<br />

c'est <strong>le</strong> médium qui tire, de son<br />

langage<br />

habituel et de celui<br />

que<br />

lui<br />

suggère l'assistance,<br />

de<br />

quoi revêtir et identifier <strong>le</strong>s pressentiments, <strong>le</strong>s visions<br />

<strong>au</strong>x formes insolites qui sortent il ne sait d'où.<br />

Cet hôte inconnu, cet Etre sub<strong>conscient</strong>, n'est<br />

pas<br />

en<br />

réalité un être homogène et un. Il f<strong>au</strong>drait plutôt l'appe<strong>le</strong>r<br />

« <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xus sub<strong>conscient</strong> », capab<strong>le</strong><br />

de se révé<strong>le</strong>r à<br />

pour-<br />

Une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> condition est rarement réalisée et c'est<br />

quoi, <strong>le</strong> plus souvent, <strong>le</strong>s manifestations cryptopsychiques<br />

sont<br />

fragmentaires et déviées.<br />

B) Si la communication provient d'une<br />

intelligenee<br />

nous dans <strong>le</strong>s formes et avec <strong>le</strong>s attributs <strong>le</strong>s plus divers.<br />

L'unité n'ap<strong>par</strong>tient qu'<strong>au</strong> moi réel, distinct des processus<br />

ment<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tant<br />

que du revêtement<br />

organique,<br />

mais<br />

gamdant en lui la totalité mnésique des<br />

représentations.<br />

Pour que <strong>le</strong> moi, soustrait à la limitation<br />

organique,<br />

arrive à se révé<strong>le</strong>r dans ses capacités supérieures, et dans<br />

l'immensité de ses acquisitions <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>s latentes, il<br />

f<strong>au</strong>t qu'il se rende suffisamment maître de son mental décentralisé.<br />

distincte<br />

du médiums, el<strong>le</strong> ne pourra être el<strong>le</strong>-même, <strong>le</strong> plus<br />

souvent et dans une mesure très variab<strong>le</strong>, que fragmentaire<br />

et<br />

f<strong>au</strong>ssée.<br />

En<br />

passant <strong>par</strong> <strong>le</strong> canal<br />

médiumnique, el<strong>le</strong> sera forcément<br />

limitée<br />

<strong>par</strong> <strong>le</strong> mental et la cérébration du médium.<br />

Alors<br />

que l'inspiration sub<strong>conscient</strong>e<br />

intrinsèque<br />

el<strong>le</strong>même<br />

a déjà tant de peine à se répercuter intacte dans <strong>le</strong><br />

cerve<strong>au</strong>, à<br />

plus forte raison une<br />

inspiration<br />

sera-t-el<strong>le</strong> bornée, diminuée ou déformée.<br />

Ce n'est pas tout <strong>par</strong> <strong>le</strong> seul fait de se<br />

<strong>le</strong> communicateur subit un troub<strong>le</strong><br />

psychique<br />

extrinsèque<br />

communiquer,<br />

expressément


DE LA PSYCHOLOGIE 281<br />

noté <strong>par</strong> tous <strong>le</strong>s chercheurs, spécia<strong>le</strong>ment <strong>par</strong> <strong>le</strong>s Anglo-<br />

Américains. En empruntant la substance du médium,<br />

l'Etre se limite, comme il se limite, à la naissance, en se<br />

formant un corps avec la substance maternel<strong>le</strong>. Il subit, <strong>par</strong><br />

<strong>le</strong> fait de la communication sur <strong>le</strong> plan matériel, une sorte<br />

de réincarnation relative et momentanée, accompagnée,<br />

dans une certaine mesure, comme la réincarnation norma<strong>le</strong>,<br />

de l'oubli de sa situation réel<strong>le</strong> et de la mise en réserve<br />

de la majeure <strong>par</strong>tie de ses acquisitions <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>s.<br />

Si l'on admet la manifestation spiritique, on est obligé de<br />

penser que, pendant <strong>le</strong> cours de sa manifestation <strong>par</strong> l'intermédiaire<br />

du médium, l'Etre se trouve irrésistib<strong>le</strong>ment<br />

ramené <strong>au</strong>x conditions qui <strong>le</strong> caractérisaient de son vivant.<br />

C'est pour ces raisons, en vertu de ces difficultés primordia<strong>le</strong>s,<br />

que <strong>le</strong>s communicateurs peuvent abonder en<br />

détails sur <strong>le</strong>ur identité et si diffici<strong>le</strong>ment donner des notions<br />

précises sur <strong>le</strong>ur situation réel<strong>le</strong>.<br />

Ces notions, si el<strong>le</strong>s étaient exactes, tendraient à établir<br />

l'existence d'un « <strong>au</strong>-delà » assez peu dissemblab<strong>le</strong> de<br />

« l'en deçà ». La « représentation » que s'en ferait l'esprit<br />

désincarné rappel<strong>le</strong>rait du moins, sur des « plans<br />

» plus<br />

subtils et rapportab<strong>le</strong>s à ce que nous avons vu de la<br />

constitution individuel<strong>le</strong>, la « représentation<br />

» que se fait <strong>le</strong><br />

moi incarné du monde matériel.<br />

Les renseignements relatifs à l'évolution, <strong>au</strong> passage<br />

de<br />

« <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong> » sont plus précis.<br />

Si l'on ne tient compte, comme il est logique, que des<br />

messages portant la marque d'une inspiration é<strong>le</strong>vée cg<br />

d'une volonté supérieure, on voit s'évanouir la plu<strong>par</strong>t des<br />

contradictions.<br />

Toutes <strong>le</strong>s communications é<strong>le</strong>vées, toutes, sans exceptions,<br />

affirment la survivance de ce qu'il y a. d'essentiel<br />

dans <strong>le</strong> moi, et l'évolution indéfinie vers plus de conscience<br />

et plus de perfection. Toutes placent l'idéal et la fin de


282 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

l'humanité <strong>au</strong>-dessus de tous <strong>le</strong>s dogmatismes. Toutes proclament<br />

une mora<strong>le</strong> supérieure de bonté et de justice.<br />

L'évolution progressive de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>,<br />

n'est pas toujours, cependant, rapportée à la palingénésie.<br />

La pluralité des existences n'est jamais niée, dans <strong>le</strong>s communications<br />

é<strong>le</strong>vées, mais el<strong>le</strong> est souvent sous entendue.<br />

Ainsi en est-il dans <strong>le</strong>s admirab<strong>le</strong>s messages reçus <strong>par</strong><br />

Stainton Moses (1).<br />

Peu importe d'ail<strong>le</strong>urs. Il est évidemment prudent de ne<br />

tenir compte, dans la philosophie de l'évolution individuel<strong>le</strong>,<br />

que des faits et des inductions rationnel<strong>le</strong>s.<br />

C'est sur eux que doit reposer la souveraine be<strong>au</strong>té et<br />

l'éclatante vérité de l'évolution palingénésique. Il n'est<br />

nul besoin d'<strong>au</strong>tre révélation.<br />

(1) Enseignements spiritualistes.


DEUXIEME<br />

PARTIE<br />

L'EVOLUTION<br />

UNIVERSELLE


CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

LE PASSAGE DE L'INCONSCIENT AU<br />

CONSCIENT DANS L'UNIVERS<br />

1° L'univers CONÇU COMME dynamo-psychisme ESSENTIEI-<br />

ET COMME REPRÉSENTATION<br />

Nous pouvons maintenant, <strong>par</strong> une vaste induction, reporter<br />

à l'univers ce que nous savons de l'individu car<br />

ce<br />

qui est démontré pour l'individu, <strong>le</strong> microcosme, ne peut<br />

qu'être vraisemblab<strong>le</strong> pour l'univers, <strong>le</strong> macrocosme.<br />

<strong>De</strong> même<br />

que l'individu, l'univers doit être conçu comme<br />

représentation temporaire et comme dynamo-psychisme<br />

essentiel et réel.<br />

<strong>De</strong> même que l'organisme de l'individu n'est qu'un produit<br />

idéoplastique<br />

de son dynamo-psychisme essentiel, de<br />

même l'univers n'ap<strong>par</strong>aît que comme la formidab<strong>le</strong> matérialisation<br />

de la<br />

potentialité créatrice.<br />

Enfin, de même que l'individu, l'univers passe, <strong>par</strong> l'évolution,<br />

du fait des expériences acquises dans et <strong>par</strong> <strong>le</strong>s représentations,<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

2° L'ÉVOLUTION, C'EST L'ACQUISITION DE LA CONSCIENCE<br />

Considérons l'évolution ainsi comprise<br />

Dans l'Etre, nous avons vu <strong>le</strong> dynamo-psychisme in<strong>conscient</strong><br />

originel et créateur enrichi et éclairé, pour ainsi<br />

dire, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s acquisitions <strong>conscient</strong>es. Nous avons noté la<br />

tendance progressive et indéfinie à une union, une fusion<br />

harmonieuse de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et du <strong>conscient</strong> et nous avons<br />

pu induire que la multiplicité des expériences évolutives,<br />

intégra<strong>le</strong>ment conservées et transmuées en même temps<br />

en capacités nouvel<strong>le</strong>s, avait pour résultat la réalisation de


286 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

plus en plus vaste de la conscience el sa résorption en el<strong>le</strong><br />

de l'inconscience primitive.<br />

Dans l'univers évoluant, il est évidemment de même.<br />

D'abord il<br />

représente comme un océan d'inconscience<br />

puis, de cet océan d'inconscience, émergent peu à<br />

peu<br />

des ilôts ou des «<br />

»<br />

icebergs<br />

de conscience. Ces îlots sont<br />

d'abord infimes, rares et isolés <strong>le</strong>s flots de l'inconscience<br />

<strong>le</strong>s dominent et <strong>le</strong>s recouvrent sans cesse. Mais la poussée<br />

évolutive continue <strong>le</strong>s îlots grandissent, se multiplient,<br />

se<br />

joignent. Ils forment des continents déjà vastes et é<strong>le</strong>vés,<br />

dont <strong>le</strong> sommet rayonne dans la conscience. Mais <strong>le</strong>ur<br />

base et <strong>le</strong>ur assise plongent toujours dans l'inconscience<br />

dont ils sont issus et dont ils<br />

<strong>par</strong>tagent<br />

la nature.<br />

Plus tard, dans <strong>le</strong>s<br />

phases évolutives supérieures, <strong>le</strong> domaine<br />

de la conscience <strong>au</strong>ra résorbé en lui, à son tour,<br />

l'océan primitif de l'inconscience dont il est sorti.<br />

Que ces diverses propositions soient d'ordre philosophique,<br />

cela est indéniab<strong>le</strong> mais el<strong>le</strong>s ne sont pas métaphysiques,<br />

dans <strong>le</strong> sens propre du mot <strong>par</strong>ce que <strong>le</strong>ur base<br />

est<br />

scientifique et rationnel<strong>le</strong>.<br />

Quand on dit l'évotution est <strong>le</strong> passage d'un<br />

dynamopsychisme<br />

potentiel et in<strong>conscient</strong> à un<br />

dynamo-psrdchisme<br />

réalisé et eonscient, on ne fait<br />

pas de la<br />

métaphysique<br />

on<br />

exprime simp<strong>le</strong>ment, dans un langage philosophique, une<br />

évidente vérité scientifique on tire, de constatations indéniab<strong>le</strong>s,<br />

un<br />

enseignement général d'ordre plus é<strong>le</strong>vé.<br />

3° LES lois iovolutives, LE problème de LA I·INALTTÉ<br />

Considérons l'évolution dans ses détails nous verrons<br />

ce passage s'effectuer très simp<strong>le</strong>ment.<br />

La<br />

poussée évolutive primitive, qui se manifeste <strong>par</strong><br />

l'ap<strong>par</strong>ition des formes<br />

végéta<strong>le</strong>s et des formes anima<strong>le</strong>s<br />

inférieures, est évidemment in<strong>conscient</strong>e.<br />

Les expériences de de Vries montrent en effet<br />

qu'el<strong>le</strong><br />

est<br />

anarchique et désordonnée. Il<br />

y<br />

a comme une exubérance<br />

de vie manifestée dans tous <strong>le</strong>s sens.


L'UMVERS 287<br />

Mais <strong>le</strong>s facteurs secondaines. surtout la sé<strong>le</strong>ction et<br />

l'adaptation, ap<strong>par</strong>us en même temps que <strong>le</strong>s formes el<strong>le</strong>smêmes,<br />

jouent <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong>. Ils ne font pas l'évolution, mais<br />

l'évolution se fait désormais conformément à <strong>le</strong>ur influence.<br />

Ces facteurs secondaires font dis<strong>par</strong>aître ou prospérer<br />

<strong>le</strong>s formes ap<strong>par</strong>ues. Ils aident, en <strong>le</strong> régularisant, <strong>le</strong> processus<br />

évolutif.<br />

A cette phase primitive en succède une seconde dès<br />

qu'un rudiment de conscience est ap<strong>par</strong>u, il joue un rô<strong>le</strong>.<br />

La corcscience acquise se reverse dans l'incoiascient el<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> féconde et l'éctaire.<br />

Dès lors la poussée créatrice n'est plus anarchique el<strong>le</strong><br />

se régularise et se concentre peu à peu. el<strong>le</strong> obéit, dans<br />

une certaine mesure, <strong>au</strong>x nécessités ambiantes pour faciliter<br />

l'adaptation.<br />

Toutefois el<strong>le</strong> n'est nul<strong>le</strong>ment <strong>conscient</strong>e encore l'ap<strong>par</strong>ition<br />

même des grandes espèces, <strong>le</strong> passage du poisson<br />

<strong>au</strong> batracien, du repti<strong>le</strong> à l'oise<strong>au</strong>, de l'anthropopithèque<br />

à l'homme n'a pas été un passage délibérément voulu. Le<br />

poisson ne pouvait pas comprendre que la forme batracien<br />

est une forme relativement supérieure <strong>le</strong> repti<strong>le</strong> n'a<br />

pas désiré consciemment acquérir des ai<strong>le</strong>s et devenir oise<strong>au</strong><br />

l'anthropopithèque n'a pas compris que l'espèce<br />

homme comporterait une somme plus é<strong>le</strong>vée de réalisations<br />

psychiques.<br />

Mais ces passages se sont faits comme sous l'influence<br />

obscure d'un besoin comme si la fonction, potentiel<strong>le</strong>ment<br />

antérieure à l'organe, avait conditionné l'organe qui allait<br />

ap<strong>par</strong>aître comme si, en un mol, l'évolution avail obéi à<br />

un instiact merveil<strong>le</strong>ux.<br />

S'il y a encore, à cette phase évolutive, des tâtonnements<br />

et des erreurs, c'est <strong>par</strong>ce que l'instinct n'est pas infaillib<strong>le</strong>.<br />

Dans la col<strong>le</strong>ctivité comme dans l'individu, l'instinct représente<br />

la première manifestation du sub<strong>conscient</strong>. Dans<br />

la col<strong>le</strong>ctivité comme dans l'individu, <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> appa-


288 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

rait comme l'intermédicaire entre l'inconsci ent primiti$ et<br />

<strong>le</strong>. <strong>conscient</strong>e julur.<br />

Le sub<strong>conscient</strong> n'est plus <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> obscur et chaotique<br />

il est <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> éclairé déjà <strong>par</strong> <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t du<br />

<strong>conscient</strong> réalisé.<br />

<strong>De</strong> <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, il tient toutes <strong>le</strong>s potentialités du<br />

<strong>conscient</strong> il tient la connaissance généra<strong>le</strong> acquise grâce<br />

<strong>au</strong>x « expériences vita<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s aspirations réfléchies ou<br />

instinctives à la lumière.<br />

Les reversions du <strong>conscient</strong> dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>, que nous<br />

avons étudiées chez l'individu, dépassent largement <strong>le</strong>s limites<br />

de l'individualité. Grâce à la solidarité essentiel<strong>le</strong> du<br />

tout, <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> acquis individuel<strong>le</strong>ment se reverse, en<br />

même temps que dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> individuel, dans tout<br />

<strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> col<strong>le</strong>ctif.<br />

Dès lors, l'évolution des espèces, même inférieures, se<br />

trouve guidée, dans une certaine mesure, <strong>par</strong> une influence<br />

supérieure et profonde qui <strong>le</strong>s fait <strong>par</strong>ticiper <strong>au</strong> progrès<br />

général réalisé.<br />

On comprend ainsi l'ap<strong>par</strong>ition des principa<strong>le</strong>s espèces<br />

et des princip<strong>au</strong>x instincts comme obéissant à une sorte de<br />

linalité finalité non pas primitive mais acquise.<br />

A l'origine de ces principa<strong>le</strong>s espèces et de ces princip<strong>au</strong>x<br />

instincts, il y a comme un ellort ^activité sub<strong>conscient</strong>e<br />

« lucide » gtei <strong>le</strong>s crée dans une lorme et une caractéristique<br />

données, avec <strong>le</strong>urs capacités et <strong>au</strong>ssi <strong>le</strong>ur limitatiorz<br />

dans l'espace et dans <strong>le</strong> temps. Cet effort d'activité<br />

sub<strong>conscient</strong>e lucide se trouve toujours, dans une large mesure,<br />

grâce à la finalité acquise, en concordance avec <strong>le</strong>s<br />

nécessités de l'ambiance ou doivent évoheer <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s<br />

espèces.<br />

Lct création d'une espèce ap<strong>par</strong>aît, en un rrzot, comme<br />

une réalisation génia<strong>le</strong> de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> évoluant vers <strong>le</strong><br />

<strong>conscient</strong>.<br />

Finalité acquise, tel<strong>le</strong> est la c<strong>le</strong>f de l'énigme transformiste.


L'UNIVERS 289<br />

L'évolution, dans son ensemb<strong>le</strong> comme dans ses <strong>par</strong>ties,<br />

révè<strong>le</strong> une finalité évidente, finalité dont la sé<strong>le</strong>ction, l'adaptation<br />

ni <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres facteurs classiques<br />

ne<br />

peuvent,<br />

nous<br />

l'avons vu, rendre compte suffisamment. Mais cette finalité<br />

évidente n'est sûrement pas une finalité préétablie, car<br />

alors <strong>le</strong><br />

plan suivant <strong>le</strong>quel el<strong>le</strong> se révè<strong>le</strong> ne comporterait<br />

pas de tâtonnements ni d'erreurs.<br />

Il s'agit d'une finalité acquise, finalité relative, explicab<strong>le</strong><br />

peu' <strong>le</strong>s reversions du <strong>conscient</strong> dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et<br />

simp<strong>le</strong>ment proportionnel<strong>le</strong> <strong>au</strong> niae<strong>au</strong><br />

col<strong>le</strong>ctif de corcscience<br />

atteint.<br />

La finalité acquise permet seu<strong>le</strong>, <strong>par</strong> l'adaptation<br />

ictéa<strong>le</strong><br />

qu'el<strong>le</strong> comporte, <strong>le</strong> jeu comp<strong>le</strong>t des facteurs classiques,<br />

sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>,, influence ambiante, sé<strong>le</strong>ction sexuel<strong>le</strong>,<br />

segrégation, iso<strong>le</strong>ment, migrations,<br />

etc. Seu<strong>le</strong> el<strong>le</strong> explique<br />

comment <strong>le</strong>s formes de vie <strong>le</strong>s plus<br />

diverses ap<strong>par</strong>aissent<br />

<strong>par</strong>tout où la vie est possib<strong>le</strong>, dans <strong>le</strong>s e<strong>au</strong>x, sur terre ou<br />

dans <strong>le</strong>s airs seu<strong>le</strong> el<strong>le</strong> fait<br />

comprendre<br />

la variété infinie<br />

de ces formes de vie, et <strong>le</strong>ur étroite spécialisation. Seu<strong>le</strong><br />

el<strong>le</strong><br />

permet<br />

veloppement<br />

de comprendre comment l'ap<strong>par</strong>ition et <strong>le</strong> dé-<br />

des<br />

organes nouve<strong>au</strong>x correspond<br />

avec<br />

précision<br />

à des besoins précis.<br />

Seu<strong>le</strong> <strong>au</strong>ssi, el<strong>le</strong> explique<br />

comment <strong>le</strong> développement-de<br />

ces organes va <strong>par</strong>fois <strong>au</strong>-delà du besoin et s'effectue en<br />

dehors même des adaptations, comme on <strong>le</strong> constate <strong>par</strong><br />

exemp<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s caractères ornement<strong>au</strong>x.<br />

La tendance à la conscience n'est pas, en effet, seu<strong>le</strong>ment<br />

la tendance à<br />

l'intelligence, rnais la tendance à tout<br />

ce qui coaslitue <strong>le</strong> psyclzisme <strong>conscient</strong> y compris <strong>le</strong> sens<br />

al<strong>le</strong>cliî et <strong>le</strong><br />

sens esthétigue. L'instinct affectif et esthétique,<br />

réalisé chez <strong>le</strong>s individus <strong>le</strong>s plus évolués et reversé<br />

dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> col<strong>le</strong>ctif se retrouve, comme l'insfinct<br />

'de<br />

perfectionnement organique, dans la finalité<br />

acquise<br />

et<br />

joue un rô<strong>le</strong> important.<br />

Seu<strong>le</strong> enfin la relativité de<br />

puissance de la finalité ac-


290 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIEN1'<br />

quise fait comprendre <strong>le</strong>s erreurs, <strong>le</strong>s tâtonnements, <strong>le</strong>s<br />

régressions.<br />

Dans cette longue phase évolutive, <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> pur<br />

n'est plus représenté que <strong>par</strong> l'<strong>au</strong>tomatisme des grandes<br />

fonctions vita<strong>le</strong>s et surtout <strong>par</strong> ses potentialités infmies. Le<br />

sub<strong>conscient</strong> prédomine<br />

Chez <strong>le</strong>s inuerlébrés, il joue un rô<strong>le</strong> presque exclusif.<br />

Ces anim<strong>au</strong>x agissent à peu près en dehors de tout raisonnement,<br />

et guidés surtout <strong>par</strong> <strong>le</strong>ur instinct.<br />

Chez <strong>le</strong>s vertébrés] il y a déjà de larges « franges<br />

»<br />

d'intelligence. Ces franges ne sont pas, comme <strong>le</strong> voudrait<br />

Bergson, un « déchet » abandonné dans <strong>le</strong> passage de<br />

l'animal à l'homme il n'y a pas de déchet dans l'évolution.<br />

Ces franges d'intelligence sont l'éb<strong>au</strong>che de la conscience.<br />

Au fur et à mesure de l'accumulation des expérieuces<br />

vita<strong>le</strong>s et psychologiques et de <strong>le</strong>ur réversion dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

qu'el<strong>le</strong>s illuminent progressivement, la conscience<br />

se développe.<br />

Chez l'animal supérieur, cheval, chien, singe, éléphant,<br />

etc. la réalisation <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong> a fait un immense progrès.<br />

Les facultés de logique et de raisonnement jouent<br />

déjà un rô<strong>le</strong> important.<br />

En même temps, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>ent de l'instinct diminue.<br />

Ses manifestations ne sont plus continues et dominatrices<br />

el<strong>le</strong>s deviennent limitées et intermittentes. La conscience<br />

tend, en efjei, <strong>au</strong> jur et à mesure de sa réalisation, à briser<br />

<strong>le</strong>s bornes ou la tyrannie exclusive de l'instinct en<strong>le</strong>rmait<br />

l'activité de l'être, et à se substituer à lui. La prédominance<br />

des facultés de logique et de raisonnement sur<br />

l'instinct est indispensab<strong>le</strong> pour l'évolution à la conscience<br />

tandis que l'usage exclusif de l'instinct ou simp<strong>le</strong>ment sa<br />

prédominance impliquent la stagnation du progrès intel<strong>le</strong>ctuel.<br />

Le témoignage de l'insecte, que nous avons déjà eu<br />

l'occasion d'invoquer à un <strong>au</strong>tre point de vue, va encore<br />

illustrer notre pensée il prouve que <strong>le</strong> progrès organique


~9i<br />

et la comp<strong>le</strong>xité corporel<strong>le</strong> ne sont pas étroitement associés<br />

<strong>au</strong> progrès mental. L'insecte est très évolué physiquement<br />


292 de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

même que l'usage régulier des h<strong>au</strong>tes capacités sub<strong>conscient</strong>es<br />

limiterait l'effort.<br />

Mais cette limitation, cette ignorance ne seront que passagères<br />

toute l'évolution reste gravée dans Ies <strong>par</strong>ties<br />

comme dans te tout.<br />

L'interpénétration, de plus en plus marquée, du sub<strong>conscient</strong><br />

et du <strong>conscient</strong> amènera nécessairement, dans <strong>le</strong>s<br />

phases évolutives supérieures, une fusion <strong>par</strong>$aite. La mémoire<br />

complète du passé évolutif, la libre disposition des<br />

capacités originel<strong>le</strong>s et acquises, la connaissance étendue<br />

de l'univers et la solution des plus h<strong>au</strong>t problèmes métaphysiques<br />

deviendront choses régulières et norma<strong>le</strong>s.<br />

« L'In<strong>conscient</strong> » sera devenu <strong>le</strong> « Conscient ».<br />

Si nous voulons contemp<strong>le</strong>r, d'un coup d'œil, <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong><br />

du l'évolution tel qu'il s'offre à nous à la lumière des notions<br />

nouvel<strong>le</strong>s, nous verrons la réalisations organique s'effectuer,<br />

suivant la com<strong>par</strong>aison classique, dans un immense<br />

arbre de vie et non pas, comme <strong>le</strong> voudrait Bergson,<br />

dans un feu d'artifice à fusées divergentes.<br />

Les branches diverses, principa<strong>le</strong>s et secondaires, représentent<br />

<strong>le</strong>s divers groupes de vie végéta<strong>le</strong> et de vie anima<strong>le</strong>,<br />

toutes émanées du tronc commun.<br />

Pour la réalisations <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>, el<strong>le</strong> s'effectue de l'inconscience<br />

complète à la complète connaissance, <strong>par</strong> des<br />

séries de lignes brisées qui, <strong>par</strong>ties de la base, convergent<br />

vers <strong>le</strong> sommet commun.<br />

Ces lignes brisées représentent <strong>le</strong> va-et-vient perpétuel<br />

de la vie à la mort et de la mort à la vie de ce qu'il y a<br />

« d'essentiel » dans <strong>le</strong>s éléments psychologiques individ.ualisés<br />

dans <strong>le</strong> moi. La formu<strong>le</strong> palingénésique fait comprendre<br />

<strong>le</strong> retour, <strong>par</strong> la mort, à la sève centra<strong>le</strong> et la ré<strong>par</strong>tition<br />

<strong>par</strong> la vie, de la monade individualisée à la place qui<br />

lui revient, d'après <strong>le</strong> degré de plus en plus é<strong>le</strong>vé de sa<br />

réalisation<br />

coitscienliel<strong>le</strong>.<br />

La série infinie des lignes brisées va ainsi, directement et<br />

théoriquement, de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> primitif <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.


L'UNIVERS 293<br />

Comment se feront, après la forme humaine, qui représente<br />

<strong>au</strong>jourd'hui <strong>le</strong> sommet atteint sur l'échel<strong>le</strong> évolutive,<br />

<strong>le</strong>s futures réalisations <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>s <br />

Seront-el<strong>le</strong>s corrélatives à une comp<strong>le</strong>xité nouvel<strong>le</strong> de<br />

l'organisation physique actuel<strong>le</strong> Nécessiteront-el<strong>le</strong>s des<br />

formes nouvel<strong>le</strong>s et plus <strong>par</strong>faites <br />

Le « surhomme » gardera-t-il l'ap<strong>par</strong>ence humaine actuel<strong>le</strong><br />

<br />

A une <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> question, il est impossib<strong>le</strong> de répondre.<br />

On trouve <strong>au</strong>tant d'arguments pour que contre.<br />

Le fait qu'on n'observe pas d'éb<strong>au</strong>che d'une organisation<br />

future ne signifie rien, si la théorie des mutations est<br />

vraie. Il peut y avoir, dans notre sub<strong>conscient</strong>, dans <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong> universel, pré<strong>par</strong>ation latente, élaboration<br />

obscure et <strong>le</strong>nte d'une forme nouvel<strong>le</strong>, qui se réalisera<br />

brusquement, guand <strong>le</strong>s conditions seroref favorab<strong>le</strong>s.<br />

Cette forme nouvel<strong>le</strong> serait conforme à toutes nos aspirations<br />

<strong>conscient</strong>es, reversées dans <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>.<br />

El<strong>le</strong> ap<strong>par</strong>aitrait avec un organisme moins grossier,<br />

moins assujetti <strong>au</strong>x nécessités matériel<strong>le</strong>s, plus libre vis-àvis<br />

du temps et de l'espace, reflétant enfin notre idéal d'intelligence,<br />

d'équilibre, de jeunesse, de force, de santé;<br />

de liberté, de be<strong>au</strong>té et d'amour.<br />

Cette forme de vie et de conscience dominerait la matière<br />

<strong>au</strong> lieu de subir, comme <strong>au</strong>jourd'hui, son douloureux esclavage.<br />

Mais une organisation plus subti<strong>le</strong> que l'organisation humaine<br />

est-el<strong>le</strong> compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s nécessités du milieu<br />

ambiant terrestre <br />

Se réalisera-t-el<strong>le</strong> seu<strong>le</strong>ment dans d'<strong>au</strong>tres mondes <br />

E=t-el<strong>le</strong> déjà réalisée ail<strong>le</strong>urs <br />

Autant de problèmes actuel<strong>le</strong>ment insolub<strong>le</strong>s, et plus<br />

faits pour tenter <strong>le</strong>s poètes que <strong>le</strong>s philosophes.


CHAPITRE<br />

II<br />

KXW-ICATJÛN DES IHFFN.-ULTIiS EVOLUTIVES<br />

Si nous reprenons chacune des difficultés de l'évolution<br />

dans <strong>le</strong> transformisme classique, nous <strong>le</strong>s verrons dis<strong>par</strong>aître<br />

à la lumière de la conception que nous venons d'exposer.<br />

On comprend ce qu'est l'ap<strong>par</strong>ition d'un monde et son<br />

évolution, formidab<strong>le</strong> matérialisation du dynamo-psychisme<br />

universel.<br />

On comprend comment <strong>le</strong> ptus peut sortir du moins<br />

puisque l'immanence créatrice, qui est forcément à l'essence<br />

même des choses, possède toutes <strong>le</strong>s capacités potentiel<strong>le</strong>s<br />

de réalisation.<br />

On comprend l'origine des espèces et des instincts <strong>par</strong><br />

l'élan vital de l'immanence créatrice. L'évolution est<br />

ainsi marquée <strong>par</strong> une véritab<strong>le</strong> matérialisation de l'idée,<br />

matérialisation progressive discontinue poussée d'abord<br />

anarchique et in<strong>conscient</strong>e, puis sub<strong>conscient</strong>e et « lucide<br />

conforme <strong>au</strong>x nécessités évolutives, s'effectuant d'après une<br />

sorte de finalité acquise, quoique irraisonnée, et fina<strong>le</strong>ment,<br />

dans l'avenir, <strong>conscient</strong>e et voulue.<br />

On comprend <strong>le</strong>s transformations brusques créatrices<br />

des espèces, et la cristallisation immédiate et délinitive des<br />

caractères essentiels des nouvel<strong>le</strong>s espèces, <strong>par</strong> <strong>le</strong> fait que<br />

la poussée créatrice serait discontinue, sinon en fait, du<br />

moins en ap<strong>par</strong>ence et en ap<strong>par</strong>ence intermittente.<br />

A la question pourquoi la poussée créatrice est-el<strong>le</strong> in<strong>le</strong>rmittente<br />

il est faci<strong>le</strong> en effet de répondre el<strong>le</strong> n'est<br />

intermittente que dans ses manifestations ap<strong>par</strong>entes el<strong>le</strong>


EXPLICATION DES DIFFICULTÉS ÉVOIXT1VJ 295<br />

est continue, quoique<br />

latente dans l'interval<strong>le</strong> de sus manifestations.<br />

Ainsi l'ap<strong>par</strong>ition d'une espèce nouvel<strong>le</strong> est pré<strong>par</strong>ée et<br />

déterminée <strong>par</strong> une élaboration sub<strong>conscient</strong>e, qui passe<br />

inaperçue. El<strong>le</strong> se fait peu à peu dans l'Idée directrire<br />

avant d'être brusquement transposée<br />

dans la matière.<br />

Ce fait n'a rien d'extraordinaire s'il est vrai<br />

nature ne fasse pas de s<strong>au</strong>t, il n'en est pas moins certain<br />

que<br />

la<br />

que, dans la nature, toute manifestation d'activité semb<strong>le</strong><br />

intermittente, précédée et suivie d'un repos ap<strong>par</strong>ent, pendant<br />

<strong>le</strong>quel se pré<strong>par</strong>e, d'une manière obscure, un renouve<strong>au</strong><br />

d'activité.<br />

On peut com<strong>par</strong>er<br />

Y œuvre de la nature à cel<strong>le</strong> d'un arliste.<br />

La com<strong>par</strong>aison ne sera pas vaine et illusoire el<strong>le</strong><br />

sera vraiment instructive, <strong>par</strong>ce que <strong>le</strong> travail de la nature,<br />

comme <strong>le</strong> travail de l'artiste, est basé, avant tout, sur<br />

<strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>.<br />

L'un et l'<strong>au</strong>tre affectent des modalités de même ordre.<br />

Premier cas l'artiste accueil<strong>le</strong> ses inspirations subeoascientes<br />

sans <strong>le</strong>s provoquer, sans <strong>le</strong>s contrô<strong>le</strong>r, sans <strong>le</strong>s<br />

juger, dans toute <strong>le</strong>ur variété et <strong>le</strong>ur intégrité.<br />

Ses<br />

productions<br />

seront caractérisées <strong>par</strong> une sorte d'exubérance<br />

luxuriante, incoordonnée et anarchique. Ce sera<br />

alors l'oeuvre de la critique de faire une sé<strong>le</strong>ction<br />

quelqucs-unes<br />

seu<strong>le</strong>ment des<br />

productions<br />

de l'artiste irout à la<br />

postérité la plu<strong>par</strong>t tomberont dans l'oubli ou resteront<br />

inaperçues et avortées.<br />

C'est ce<br />

qui<br />

se passe dans la nature. pour la phase primaire<br />

de l'évolution la<br />

poussée<br />

créatrice est d'abord<br />

anarchique et désordonnée. Une luxuriance formidab<strong>le</strong> de<br />

formes primaires, végét<strong>au</strong>x<br />

ou anim<strong>au</strong>x inférieurs, ap<strong>par</strong>aît<br />

ainsi.<br />

Mais alors <strong>le</strong>s forces naturel<strong>le</strong>s, représentées <strong>par</strong> <strong>le</strong>s facteurs<br />

classiques de l'évolution, font <strong>le</strong>ur oeuvre de sé<strong>le</strong>ction<br />

et ne laissent subsister qu'une <strong>par</strong>tie des formes primitives.<br />

<strong>De</strong>uxième cas L'artiste ne dirige toujours pas consciem-


0:: l'incon^uat AC CONSCIENT<br />

ment, en majeure <strong>par</strong>tie, ses inspirations il <strong>le</strong>s subit.<br />

Mais ces inspirations ne sont plus anarchiques èues obéissent,<br />

dans une large mesure, <strong>au</strong>x suggestions inaperçues et<br />

multip<strong>le</strong>s de l' « ambiance » où vit l'artiste <strong>au</strong>x désirs<br />

intimes réfléchis et irréfléchis, <strong>au</strong>x ambitions et <strong>au</strong>x besoins<br />

<strong>au</strong>x mil<strong>le</strong> contingences du temps, da milieu et de<br />

la race, qu'il subit sans s'en douter. L'œuvre sub<strong>conscient</strong>e<br />

de l'artiste, même si el<strong>le</strong> n'est pas voulue <strong>par</strong> un ode précis<br />

de volonté, sera cependant ordonnée dans une large me*<br />

sure et régularisée, concentrée pour ainsi dire. Il y <strong>au</strong>ra<br />

pourtant place encore, à côté de réalisations magnifiques,<br />

pour des erreurs, des exagérations ou des oublis, des tâtonnements,<br />

etc.<br />

D'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t, l'influence ambiante nécessitera aine longue<br />

maturation dans la subconscience, pour la mise <strong>au</strong> jour des<br />

productions nouvel<strong>le</strong>s.<br />

Les œuvres de l'artiste seront intermittentes et inéga<strong>le</strong>s.<br />

Ainsi en est-il dans la nature, depuis <strong>le</strong> premier degré<br />

de réalisation <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>. Les créations ne sont plus<br />

exubérantes et anarchiques. Les ap<strong>par</strong>ition.s intermittentes<br />

des principa<strong>le</strong>s espèces et des instincts sont conformes <strong>au</strong>x<br />

nécessités ambiantes et <strong>au</strong>x besoins vit<strong>au</strong>x, obéisseni la<br />

finalité acquise. Mais il y a encore, tout comme dans l'œuvre<br />

de l'artiste, à côté de réalisations génia<strong>le</strong>s, des erreurs,<br />

des imperfections, des oublis, des exagérations, des tâtonnements.<br />

Enfin troisième cas L'artiste contrô<strong>le</strong> ses productions,<br />

et ces productions sont conformes, d'une façon <strong>par</strong>faite, <strong>au</strong><br />

sens esthétique, à l'élévation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> et mora<strong>le</strong>, à<br />

l'éducation supérieure, à tout ce qui fait un génie à la fois<br />

lumineux, créateur et <strong>conscient</strong>.<br />

Cet artiste là n'existe pas encore.<br />

<strong>De</strong> même cette phase idéa<strong>le</strong> n'est pas encore réalisée<br />

dans la nature.<br />

Le génie <strong>conscient</strong> et la création supérieure, vraiment<br />

divinisée, seront <strong>le</strong> résultat de l'évolution future qui achè-


EXPLICATION DES DIFFICULTÉS ÉVOLUTIVES 297<br />

vera de résorber <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> dans <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> réalisera<br />

<strong>le</strong>s formes de vie rigoureusement conformes à la loi supérieure,<br />

enfin dégagée et précise évitera <strong>le</strong>s tâtonnements,<br />

<strong>le</strong>s erreurs et <strong>le</strong> mal connaîtra tout et pourra tout.<br />

En<br />

somme<br />

L'évolution col<strong>le</strong>ctive, comme l'évolution individuel<strong>le</strong>,<br />

peut être résumée dans la formu<strong>le</strong> passage de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong><br />

<strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

Dans l'individu, l'être ap<strong>par</strong>ent, soumis à la naissance ut<br />

à la mort, limité dans ses capacités, éphémère dans sa<br />

durée, n'est pas l'être réel il n'en est que la représentation<br />

illusoire, atténuée et fragmentaire.<br />

L'être réel, apprenant peu à peu à se connaître lui-même<br />

et à connaître l'univers, c'est l'étincel<strong>le</strong> divine, en voie de<br />

réaliser sa divinité, infinie dans ses potentialités, créatrice,<br />

éternel<strong>le</strong>.<br />

Dans l'univers manifesté, <strong>le</strong>s différentes ap<strong>par</strong>ences des<br />

choses ne sont, el<strong>le</strong>s-mêmes, que la représentation illusoire,<br />

atténuée et restreinte de l'unité divine se réalisant dans une<br />

évolution<br />

indéfinie.<br />

La constitution des mondes et des individus n'est ahu-i<br />

que la réalisation progressive de la conscience éternel<strong>le</strong>,<br />

<strong>par</strong> la multiplicité progressive de créations temporaires ou<br />

d'objectivations.


TROISIEME<br />

PARTIE<br />

LES<br />

CONSEQUENCES<br />

PESSIMISME OU OPTIMISME


CHAPITRE<br />

PREMIER<br />

LE PESSIMISME UNIVERSEL ET SA REFUTATION<br />

Un grand prince arabe du XI Sièc<strong>le</strong>, dont <strong>le</strong> règne marqua<br />

l'apogée dukhalifat de Cordoue, commençait ainsi son<br />

testament<br />

Il J'ai maintenant régné plus de cinquante ans, toujours<br />

victorieux, toujours heureux chéri de mes sujets, redouté<br />

de <strong>le</strong>urs ennemis, entouré du respect universel Tout ce<br />

que <strong>le</strong>s hommes désirent m'a été prodigué <strong>par</strong> <strong>le</strong> ciel.<br />

Gloire, science, honneurs, trésors, richesses, plaisirs,<br />

amour, j'ai joui de tout, j'ai tout épuisé<br />

« Et maintenant, <strong>au</strong> seuil de la mort, évoquant devant<br />

mon souvenir tous <strong>le</strong>s instants passés de ce long espace<br />

d'ap<strong>par</strong>ente félicité, j'ai calculé <strong>le</strong> nombre de jours où je<br />

me suis senti véritab<strong>le</strong>ment heureux je n'ai pu en trouver<br />

que onze<br />

« Mortels, appréciez, <strong>par</strong> mon exemp<strong>le</strong>, la va<strong>le</strong>ur exacte<br />

de la vie terrestre »<br />

Ce cri navrant de pessimisme, poussé <strong>par</strong> un être d'élite,<br />

exceptionnel<strong>le</strong>ment privilégié, fait mieux comprendre la<br />

plainte permanente et monotone de l'aristocratie intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong><br />

de l'humanité.<br />

M. Jean Finot a fait ressortir, dans toutes <strong>le</strong>s époques,<br />

toutes <strong>le</strong>s civilisations, l'immense courant pessimiste qui<br />

semb<strong>le</strong> irrésistib<strong>le</strong>ment l'entraîner (1).<br />

« Voici un peup<strong>le</strong> gai et de philosophie douce. Il passe<br />

pour être <strong>le</strong> fournisseur généreux des médicaments contre<br />

(1) J. Finot Progrès et Bonheur.


302 DE L'iNCONSCIJ-NT AU CONSCIKNT<br />

l'humeur empoisonnée dont souffrent- ses voisins. On lui<br />

attribue la conception de la vie la plus riante, la<br />

plus<br />

harmonieuse.<br />

C'est <strong>le</strong><br />

peup<strong>le</strong> français. Pourtant, il suffit de<br />

s'arrêter devant ses esprits représentatifs, pour<br />

<strong>le</strong>s voir<br />

rongés<br />

<strong>par</strong><br />

tous <strong>le</strong>s m<strong>au</strong>x, en commençant <strong>par</strong> celui de<br />

penser et finissant <strong>par</strong> celui d'aimer. Que ce soient Musset,<br />

Taine, B<strong>au</strong>delaire, M<strong>au</strong>passant, Dumas fils, Renan, Zola,<br />

<strong>le</strong>s Goncourt, Leconte de Lis<strong>le</strong>, Anato<strong>le</strong> France ou Sully<br />

Prudhomme, des <strong>par</strong>isiens ou des provinci<strong>au</strong>x, des cosmopolites,<br />

des poètes, penseurs ou philosophes tous nous<br />

montrent, derrière <strong>le</strong>urs<br />

phrases mélodieuses et <strong>le</strong> sourire<br />

conventionnel, une âme bou<strong>le</strong>versée.<br />

« Leurs aînés, comme Chate<strong>au</strong>briand, Sainte-Beuve ou<br />

Lamartine, laissent voir du reste des drames analogues<br />

se jouant dans <strong>le</strong>ur conscience. Que dire enfin de Bossuet,<br />

de Racine, de Corneil<strong>le</strong> et de tant d'<strong>au</strong>tres <strong>au</strong>teurs illustres<br />

. <strong>De</strong> toutes <strong>le</strong>s cimes de la pensée française se dégage<br />

la tristesse et la désolation. Voltaire, <strong>le</strong><br />

plus<br />

pondéré,<br />

<strong>le</strong> plus attaché à la vie, annonce avec gravité quelque<br />

<strong>par</strong>t<br />

« Le bonheur n'est qu'un rêve et lu dou<strong>le</strong>ur est<br />

réel<strong>le</strong> ». Ail<strong>le</strong>urs il nous dira « Je ne sais ce qu'est la<br />

vie éternel<strong>le</strong>, mais<br />

je<br />

sais<br />

que<br />

cel<strong>le</strong>-ci est une m<strong>au</strong>vaise<br />

plaisanterie.<br />

»<br />

« Pour Diderot, a on n'existe qu'<strong>au</strong> sein de la dou<strong>le</strong>ur et<br />

des larmes. » On n'est<br />

que des jouets de l'incertitude, de<br />

l'erreur ,ilu besoin, de la maladie, de la méchanceté, des<br />

passions et l'on vit<br />

toutes sortes. »<br />

<strong>par</strong>mi des fripons et des charlatans de<br />

Les moralistes font chorus avec <strong>le</strong>s dégoûtés de la vie.<br />

La<br />

Rochefouc<strong>au</strong>ld, Charron, La<br />

Bruyère, Chamfort ou<br />

V<strong>au</strong>venarges,<br />

tous<br />

poussèrent <strong>le</strong> même cri déchirant « La<br />

vie ne v<strong>au</strong>t pas la<br />

peine d'être vécue » Les écrivains d'<strong>au</strong>tres<br />

pays se<br />

distinguent peut-être <strong>par</strong> des<br />

désespoirs moins<br />

harmonieux<br />

et<br />

plus criards. »<br />

M. Finot examine successivement l'état d'esprit dominant<br />

dans <strong>le</strong>s littératures, philosophies el religions, dans tous


LE PESSIMISME ET SA HÉFUTAT10N 300<br />

<strong>le</strong>s temps et dans tous <strong>le</strong>s lieux, et trouve, toujours<br />

et<br />

<strong>par</strong>tout,<br />

la même vague pessimiste submergeant <strong>le</strong>s rares régions<br />

enso<strong>le</strong>illées ou illusionnées d'optimisme.<br />

Schopenh<strong>au</strong>er<br />

n'a<br />

guère fait que condenser puissamment,<br />

dans son œuvre, tout <strong>le</strong><br />

pessimisme é<strong>par</strong>s. Sa philosophie,<br />

qui<br />

résume en el<strong>le</strong> l'ensemb<strong>le</strong> des vérités connues de son<br />

époque, qui cn est la philosophie vraiment naturel<strong>le</strong> et<br />

vraie, ne pouvait être «<br />

que pessimiste<br />

Travail<strong>le</strong>r et souf-<br />

Irir pour vivre vivre pour travail<strong>le</strong>r et souffrir » semblait<br />

la devise naturel<strong>le</strong> et fata<strong>le</strong>, non seu<strong>le</strong>ment de l'humanité,<br />

mais de toute la vie.<br />

<strong>De</strong>puis Schopenh<strong>au</strong>er, des vérités nouvel<strong>le</strong>s ont illuminé<br />

la<br />

philosophie<br />

naturel<strong>le</strong> l'évolutionnisme s'est imposé.<br />

Quel<strong>le</strong>s vont être ses c:onclusions Céderont-el<strong>le</strong>s <strong>au</strong>ssi<br />

<strong>au</strong> pessimiste <br />

Permettent-el<strong>le</strong>s d'envisager rationnel<strong>le</strong>ment<br />

<strong>le</strong> règne du bonheur <br />

Pour de Hartmann, l'évolutionnisme et <strong>le</strong><br />

pessimisme<br />

vont de pair<br />

« L'éthique de Hartmann, remarque M. Harald<br />

Hoffding (1) se rattache intimement à sa théorie pessimiste.<br />

Pour lui, il<br />

y a une contradiction irréductib<strong>le</strong> entre<br />

la civilisation et <strong>le</strong> bonheur. Les progrès<br />

de la civilisation<br />

sont<br />

marqués <strong>par</strong> un recul du bonheur. Plus l'ap<strong>par</strong>eil de<br />

ïa vie est<br />

compliqué, plus<br />

il y a des raisons de malheur. La<br />

sensibilité à la dou<strong>le</strong>ur devient plus grande,<br />

et la réf<strong>le</strong>xion<br />

croissante perce plus<br />

faci<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s illusions. La civilisation<br />

laisse<br />

vite<br />

grandir plus<br />

<strong>le</strong>s besoins que <strong>le</strong>s moyens<br />

de <strong>le</strong>s<br />

satisfaire. C'est<br />

pourquoi<br />

il f<strong>au</strong>t choisir, de la civilisation<br />

ou du bonheur, de la théorie de l'évolution ou de cel<strong>le</strong> du<br />

bonheur. Le bonheur suppose<br />

<strong>le</strong> calme et la<br />

paix, et, pour<br />

cette raison, entraînera la<br />

stagnation<br />

et la dissolution.<br />

L'évolution mène toujours plus loin, jusqu'à ce<br />

que<br />

toutes<br />

<strong>le</strong>s possibilités soient »<br />

épuisées.<br />

M. Jean Finot a vigoureusement combattu <strong>le</strong>s conceptions<br />

de l'évolutionnisme pessimiste.<br />

Pour lui, l'évolution-<br />

(1) HARALD HorrwKG (c Histoire de la<br />

philosophic<br />

moderne u.


304 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

nisme bien compris conduit à des conceptions optimistes,<br />

non pas cel<strong>le</strong>s de l'optimisme béat de Sir John Lubooek<br />

mais à un optimisme rationnel, basé sur l'histoire des progrés<br />

de rhumaiùté à tous <strong>le</strong>s points de vue.<br />

Si, en effet, nous considérons <strong>le</strong> progrès dans tous ses<br />

domaines, social, individuel, scientifique, légal, médical,<br />

hygiénique, etc., nous voyons nettement, dans la suite des<br />

temps, une diminution considérab<strong>le</strong> des raisons de souffrir.<br />

L'humanité a entrepris une lutte, de plus en plus efficace,<br />

contre une nature marâtre, contre <strong>le</strong> froid, la cha<strong>le</strong>ur,<br />

la faim, la distance, <strong>le</strong>s maladies, etc. de plus et<br />

surtout, <strong>le</strong>s mœurs n'ont cessé de s'adoucir. Tout <strong>le</strong> démontre<br />

en même temps qu'une<br />

diminution des souffrances,<br />

l'évolution comporte une <strong>au</strong>gmentation du champ<br />

des capacités de connaître et des facultés de sentir.<br />

Mathématiquement, <strong>le</strong> bonheur, la prédominance des<br />

joies doit résulter de ce doub<strong>le</strong> mouvement en sens inverse<br />

<strong>au</strong>gmentation du champ de la conscience et des jacutfés de<br />

sentir, <strong>par</strong> suife des sources de joie raréfaction corrélatiue<br />

des motifs de. souffrir.<br />

Nous voici en présence de deux thèses opposées, toutes<br />

deux basées sur l'évolutionnisme. Laquel<strong>le</strong> est la vraie <br />

Seul l'examen im<strong>par</strong>tial des faits peut nous <strong>le</strong> dire<br />

Si l'on ne considère que l'humanité actuel<strong>le</strong>, il est évident<br />

que la thèse pessimiste est encore la seu<strong>le</strong> soutenab<strong>le</strong>. Il<br />

n'est pas besoin, pour l'appuyer, de déclamations pathétiques<br />

ni de longs raisonnements. Il n'est même pas besoin<br />

d'évoquer <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> actuel de l'immense folie humaine,<br />

mettant <strong>au</strong> service du mal la toute puissance de la science,<br />

dans une guerre mondia<strong>le</strong> destructrice de toute be<strong>au</strong>te et<br />

de toute joie ni même <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong> de certaines catastrophes<br />

individuel<strong>le</strong>s, monnaie courante de la vie.<br />

Il suffit de prendre une existence humaine, moyenne,


LE PESSIMISME UNIVERSEL ET SA RÉFUTATION 305<br />

norma<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> d'un homme de situation et d'intel<strong>le</strong>ct ordinaires<br />

et à la considérer froidement.<br />

En<br />

quoi consiste cette existence <br />

El<strong>le</strong> consiste à travail<strong>le</strong>r un quart de sièc<strong>le</strong> pour acquérir<br />

<strong>le</strong>s moyens de vivre à lutter pendant on <strong>au</strong>tre quart de<br />

sièc<strong>le</strong>, <strong>au</strong> milieu des soucis perpétuels, pour faire donner à<br />

ces moyens un rendement suffisant puis, à mourir sans<br />

savoir <strong>au</strong> juste pourquoi<br />

on a vécu. « Vouloir sans motif,<br />

toujours souffrir, toujours lutter, puis mourir, et ainsi de<br />

suite, dans <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s des sièc<strong>le</strong>s, jusqu'à ce que la croûte<br />

de notre planète s'écail<strong>le</strong> en tous petits morce<strong>au</strong>x n s'écrie<br />

Schopenh<strong>au</strong>er.<br />

Que de dou<strong>le</strong>urs et de tristesses, de soucis et de chagrins<br />

pendant <strong>le</strong> petit quart de sièc<strong>le</strong> où l'homme « jouit. » de<br />

son acquit jeunesse éphémère avec ses illusions bientôt<br />

flétries vie usée à se pré<strong>par</strong>er à vivre espoirs toujours<br />

déçus et toujours renaissants quelques Meurs cueillies en<br />

passant <strong>au</strong> bord du chemin et presque <strong>au</strong>ssitôt fanées<br />

quelques instants de repos, puis la marche ardue qui reprend.<br />

Soucis personnels soucis de famil<strong>le</strong> labeur rude<br />

et sans relâche chagrins, désillusions et déceptions. Voilà<br />

pour <strong>le</strong> commun des mortels. Pour ceux qui ont un « idéal »<br />

c'est pire encore quelques ivresses dans la poursuite de<br />

l'illusion et constatations navrées de l'impuissance à l'atteindre.<br />

Quel est l'homme qui, faisant à son déclin, à<br />

l'exemp<strong>le</strong> du grand khalife, <strong>le</strong> compte de ses jours de<br />

bonheur, arriverait à en trouver onze Quel est celui même<br />

qui trouverait un seul jour, un jour entier de bonheur <br />

Si l'on considérait la vie contemporaine comme <strong>le</strong> sommet<br />

de l'évolution, <strong>le</strong> pessimisme de Schopenh<strong>au</strong>er serait<br />

mil<strong>le</strong> fois justifié.<br />

Oui, dit-on, mais l'humanité et la vie n'ont encore réalisé<br />

qu'une faib<strong>le</strong> <strong>par</strong>t de <strong>le</strong>urs possibilités de bonheur.<br />

Le progrès est ininterrompu. La com<strong>par</strong>aison avec <strong>le</strong>s<br />

sièc<strong>le</strong>s passés permet d'entrevoir ce que donneront <strong>le</strong>s siè-


300" un î.'fxcoxsc iem w CONSCIENT<br />

c<strong>le</strong>s futurs. Bien mieux, il n est<br />

pas<br />

interdit<br />

d'espérer, de<br />

l'ôvolu! ion humaine, un triomphe sur la matière même la<br />

réalisation d'un organisme largement<br />

soustrait à la maladie,<br />

une vieil<strong>le</strong>sse reculée un psychisme plus <strong>conscient</strong>,<br />

plus dégage<br />

non seu<strong>le</strong>ment de l'ignorance, mais surtout des<br />

sentiments bas et méchants qui sont<br />

l'apanage de l'humanité<br />

actuel<strong>le</strong>. On<br />

peut espérer<br />

une ère de moins de dou<strong>le</strong>urs,<br />

de misères, de maladies<br />

On<br />

répugnantes.<br />

peut<br />

entrevoir,<br />

en un mot, <strong>au</strong> lieu d'une nuit<br />

épaisse de malheurs<br />

et de souffrances, éclairée de<br />

quelques rayons de joie éphémères<br />

et vagues, une <strong>au</strong>rore de bonheur, dont des ombres<br />

légères de dou<strong>le</strong>ur résiduel<strong>le</strong> ne feront<br />

que<br />

mieux<br />

ressortir<br />

l'éclatante et harmonieuse be<strong>au</strong>té<br />

Oui, on<br />

peut espérer<br />

tout cela On peut concevoir l'humanité<br />

arrivant à jouir de cet idéal mais cette humanité<br />

ne verra son<br />

triomphe<br />

établi<br />

que<br />

sur <strong>le</strong>s hécatombes des<br />

humanités<br />

passées.<br />

Ainsi, pendant <strong>le</strong>s sièc<strong>le</strong>s des sièc<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s hommes <strong>au</strong>ront<br />

souffert, pour que<br />

<strong>le</strong>urs derniers descendants, privilégiés,<br />

arrivent enfin <strong>au</strong> bonheur un bonheur<br />

qu'ils<br />

n'<strong>au</strong>ront pas<br />

plus mérité<br />

que<br />

<strong>le</strong>urs ancêtres n'avaient mérité <strong>le</strong>urs misères<br />

Tous <strong>le</strong>s efforts, <strong>le</strong>s peines, <strong>le</strong>s dou<strong>le</strong>urs infinies des<br />

premiers<br />

<strong>au</strong>ront abouti à un seul résultat l'édification monstrueuse<br />

de ce privilège pour <strong>le</strong>s derniers.<br />

Il Y a, dans cette conception, une injustice tel<strong>le</strong>, qu'el<strong>le</strong><br />

suffirait à ramener irrésistib<strong>le</strong>ment <strong>au</strong> pessimisme philosophique.<br />

Mais ce n'est pas tout. La<br />

conception même d'une humanité<br />

idéa<strong>le</strong>ment privilégiée, évoluée et heureuse, pêche <strong>par</strong><br />

sa base. Cette humanité verrait sa vie heureuse empoisonnée<br />

<strong>par</strong> l'idée de l'anéantissement prochain et fatal. La<br />

pensée de la mort, fin de tout, ne serait plus supportab<strong>le</strong><br />

pour des êtres<br />

hypersensib<strong>le</strong>s<br />

que<br />

<strong>le</strong> malheur de tous <strong>le</strong>s<br />

jours n'<strong>au</strong>rait<br />

pas pré<strong>par</strong>és <strong>au</strong> sacrifice de la vie.<br />

L'homme futur, nous dit-on, cheminera sur une route


LE PESSIMISME UNIVERSEL ET SA RÉFUTATION 307<br />

large et faci<strong>le</strong>, dans un pays de rêve où la joie <strong>le</strong> pénétrera<br />

<strong>par</strong> tous <strong>le</strong>s sens Erreur Le paysage de rêve, il ne fera<br />

que l'entrevoir, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s interstices des tombes innombrab<strong>le</strong>s<br />

qui borneront la route tombes des ancêtres, des <strong>par</strong>ents,<br />

des amis <strong>le</strong>s plus chers, des enfants <strong>par</strong>fois et surtout<br />

sa propre tombe, placée droit devant lui, tombe énorme,<br />

tombe effrayante et<br />

qui, à chaque pas fait en avant, lui masquera<br />

davantage la vue et l'horizon li chaque tournant de<br />

la vie, à chaque étape, à chaque joie, sonnera à son oreil<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> glas funèbre « frère il f<strong>au</strong>t mourir ».<br />

Pour que la vision change; pour que la pensée de la mort<br />

se dépouil<strong>le</strong> de son caractère stérilisateur et de son ap<strong>par</strong>ence<br />

de malédiction, il f<strong>au</strong>t donner à l'idée évolutionniste<br />

son complément naturel l'enseignement de la palingénésie.<br />

Alors, tout s'éclaire <strong>le</strong>s tombes ne sont plus des<br />

tombes asi<strong>le</strong>s passagers pour la fin de la vie, comme <strong>le</strong>s<br />

lits de repos pour la fin de la journée, el<strong>le</strong>s ne s<strong>au</strong>raient<br />

plus inspirer l'effroi ni cacher l'horizon el<strong>le</strong>s ne font que<br />

marquer une étape nouvel<strong>le</strong> dans l'ascension bénie à la<br />

conscience et à la vie. Au delà de la tombe, nous voyons<br />

désormais, <strong>par</strong> une prescience infaillib<strong>le</strong>, la marche reprendre,<br />

de plus en plus aisée, avec des horizons nouve<strong>au</strong>x,<br />

une vue plus large et plus bel<strong>le</strong>, dans une communion<br />

glus intime, plus pure et plus heureuse avec l'infini.<br />

<strong>De</strong> même que dis<strong>par</strong>aît, <strong>par</strong> l'idée palihgénésique, <strong>le</strong><br />

caractère funèbre de la mort, de même s'écrou<strong>le</strong> <strong>le</strong> monument<br />

d'injustice édifié <strong>par</strong> l'évolutionnisme classique. Il n'y<br />

a plus, dans l'évolution, de sacrifiés ni de privilégiés. Tous<br />

<strong>le</strong>s efforts, individuels et col<strong>le</strong>ctifs, toutes <strong>le</strong>s souffrances<br />

<strong>au</strong>ront abouii l'édification du bonheur et à la réalisation<br />

de la justice mais bonheur et justice pour tous.<br />

Le but et <strong>le</strong> sens de la vie nous sont dès lors accessib<strong>le</strong>s<br />

et nous <strong>le</strong>s trouvons conformes à nos espérances idéalistes.<br />

Il n'y a plus de place, dans notre conception de l'uni-<br />

<strong>Dr</strong> <strong>Gustave</strong> Gh<strong>le</strong>y. Il


308 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

vers, pour une philosophie pessimiste, laquel<strong>le</strong> .ne découlait<br />

que d'une vision incomplète et f<strong>au</strong>sse des choses.<br />

Non, l'essence une, de quekpte -nom qu'oa l'appelé,<br />

créatrice des représentations sans nombre, n'aroutit pas<br />

siiap<strong>le</strong>m-ent à se matérialiser dans une vaine fantasmagorie<br />

de mondes, de formes .et d'êtres, sans passé, sans 1endemain,<br />

représenlations absurdes, mondes d'incohérence, de<br />

non sens, ou de jolie, vains fantômes évanouis presque<br />

<strong>au</strong>ssitôt que créés, évanouis sans laisser de traces<br />

Non, l'essence une n'aboutit pas, à plus forte raison, à<br />

créer des mondes de dou<strong>le</strong>ur, ne faisant gue seruir de cadre<br />

la soufârance universel<strong>le</strong>, soullrance imméritée, inuti<strong>le</strong>,<br />

inféconde 1<br />

Les représentations fugitives ne sont ni incohérentes ni<br />

malheureuses c'est grâce à el<strong>le</strong>s et <strong>par</strong> el<strong>le</strong>s que l'essence<br />

unique, seu<strong>le</strong> réalité, arrive peu à peu, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s expériences<br />

innombrab<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong>s comportent, à se connaître progressivement<br />

el<strong>le</strong>-même, individuel<strong>le</strong>ment et col<strong>le</strong>ctivement,<br />

dans <strong>le</strong>s <strong>par</strong>ties et dans <strong>le</strong> tout.<br />

Les représentations, enfin comprises, révè<strong>le</strong>nt une har.-<br />

monie souveraine d'el<strong>le</strong>s se dégage <strong>le</strong> but supinême, *n<br />

finalité vraiment divine. L'harmonie, c'est l'accord immanent<br />

des unes <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres, la solidarité étroite des .<strong>par</strong>cel<strong>le</strong>s<br />

individualisées du principe unique et <strong>le</strong>ur union irréfragab<strong>le</strong><br />

dans <strong>le</strong> tout. Le but, c'est l'acquisition de la conscience,<br />

<strong>le</strong> passage indéfini de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

c'est ,<strong>par</strong> ce passage, <strong>le</strong> dégagement de toutes <strong>le</strong>s patentialités<br />

c'est la réalisation, dans l'évolution, de la SOUVERAINE<br />

INTELLIGENCE, de la souveraine Justice, du SOUVERAIN BIEN.


CHAPITRE<br />

Il<br />

REALISATION DE LA SOUVERAINS CONSCIENCE<br />

Ce qu'it y a « d'essentiel » dans l'univers est indestructib<strong>le</strong><br />

'et éternel permanent à iraoers <strong>le</strong>s -ap<strong>par</strong>ences<br />

transitoires des choses.<br />

t~ Ce (ftCàl y a d'essentiel dans l'univers passe, <strong>par</strong> l'évulution,<br />

de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>.<br />

¡La oonsoience indiuiduel<strong>le</strong> |o»f ipwtie intégrante de<br />

ce qu'il y a d'essentiel dans l'univers et evolcae, indestructib<strong>le</strong><br />

et éternel<strong>le</strong> el<strong>le</strong>-même, de l'incorvscient <strong>au</strong> coonsoient.<br />

<strong>De</strong> ces trois dominées primordia<strong>le</strong>s de uohre philosophie,<br />

-la -première est admise unanimement. El<strong>le</strong> est à la base,<br />

du moins, de tous <strong>le</strong>s grands systèmes philosophiques de<br />

tous <strong>le</strong>s temps.<br />

La repousser, ce serait proclamer la hanquermlte absolue<br />

de l'esprit philosophique ce serait s>ier da philosophie<br />

même. D'ail<strong>le</strong>urs, cette donnée n'est plus seu<strong>le</strong>ment <strong>au</strong>joui'd4îui<br />

une vue de'l'esprit, vuegéma<strong>le</strong>, certcs, mais vue<br />

é priori. El<strong>le</strong> repose, nous ;l'avons démontré, sur une base<br />

positive<br />

solide.<br />

V'intuition, <strong>le</strong> raisonnement et <strong>le</strong>s laits sont d'accord<br />

pour nous montrer, sous <strong>le</strong>s innombrab<strong>le</strong>s représentations<br />

formel<strong>le</strong>s, temporaires et spatia<strong>le</strong>s, donc illusoires comme<br />

<strong>le</strong> temps et l'espace, un dynamo-psychisme seul doué<br />

d'unité et de permanence, c'est-à-dire seul i>éel.<br />

La deuxième notion, bien que prêtant davantage à<br />

discmsifln, est imposée vraiment <strong>par</strong> toutes <strong>le</strong>s considérations<br />

relatives à l'évolution. Le passage de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong>


310 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

<strong>conscient</strong> est ce qu'il y a de plus frappant, de moins niab<strong>le</strong><br />

dans l'évolution. La progression des espèces et des êtres<br />

comporte des tâtonnements, des erreurs, des arrêts et<br />

même des régressions mais <strong>le</strong> développement <strong>conscient</strong>iel,<br />

dans son ensemb<strong>le</strong>, est ininterrompu.<br />

Il y a plus de conscience généra<strong>le</strong> à l'époque secondaire,<br />

époque des repti<strong>le</strong>s, qu'à l'époque primaire, époque des invertébrés<br />

et des poissons et plus de conscience généra<strong>le</strong><br />

encore à l'époque tertiaire, époque des mammifères et à<br />

l'époque quaternaire, époque de l'humanité.<br />

Dans la com<strong>par</strong>aison des espèces entre el<strong>le</strong>s, il n'est<br />

qu'un criterium certain de la supériorité évolutive c'est<br />

celui de la conscience acquise. Ce qui fait cette supériorité,<br />

ce n'est pas la comp<strong>le</strong>xité ni la perfection organique ce<br />

n'est pas la puissance physique ce n'est pas l'adaptation<br />

à tel<strong>le</strong> ou tel<strong>le</strong> fonction privilégiée, <strong>le</strong> vol <strong>par</strong> exemp<strong>le</strong><br />

c'est uniquement <strong>le</strong> degré de conscience acquise.<br />

Evoluer, c'est vraiment prendre conscience de son étaf<br />

réel, de l'état du monde ambiant, des rapports établis entre<br />

l'être vivant et son milieu, entre son milieu et <strong>le</strong> milieu<br />

universel.<br />

Le développement des arts et des sciences, <strong>le</strong> perfectionnement<br />

des moyens mis en œuvre pour nous soustraire à<br />

la dou<strong>le</strong>ur ou satisfaire à nos besoins ne sont pas en euxmêmes<br />

des buts d'évolution. Ils ne sont que la conséquence<br />

de la réalisation du but essentiel, qui est l'acquisition d'une<br />

conscience de plus en plus vaste et tout progrès général<br />

est conditionné <strong>par</strong> l'<strong>au</strong>gmentation préalab<strong>le</strong> du champ de<br />

la<br />

conscience.<br />

Tout cela n'est pas nié ni niab<strong>le</strong>, et il n'est besoin que<br />

d'une induction <strong>par</strong>faitement légitime pour admettre, <strong>au</strong><br />

sommet de l'évolution et dans la mesure où nous pouvons<br />

concevoir ce sommet, la réalisation d'une conscience généra<strong>le</strong><br />

infiniment vaste et<br />

quasi-omnisciente, d'une conscience<br />

vraiment divine comportant la solution de tous <strong>le</strong>s problèmes.


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 311<br />

Le domaine de la conscience, comme nous l'avons dit,<br />

est appelé à se substituer peu à peu à l'océan primitif de<br />

l'inconscience dont il est issu.<br />

Si <strong>le</strong>s deux premières données de notre philosophie sont<br />

indiscutab<strong>le</strong>s et généra<strong>le</strong>ment indiscutées, il n'en est pas<br />

de même de la troisième. La permanence et <strong>le</strong> développement<br />

indéfini de la conscience individuel<strong>le</strong> sont niés <strong>par</strong> la<br />

plu<strong>par</strong>t des philosophes, même <strong>par</strong> ceux qui ont professé<br />

notre conception généra<strong>le</strong> des choses.<br />

Averrhoes et Schopenh<strong>au</strong>er sont d'accord, à ce sujet,<br />

avec <strong>le</strong>s matérialistes contemporains. Pour eux la conscience<br />

personnel<strong>le</strong> est fonction cérébra<strong>le</strong>, ap<strong>par</strong>aît avec<br />

l'organisme et dis<strong>par</strong>aît avec lui. Ce n'est, comme lui,<br />

qu'une représentation passagère et éphémère, liée indissolub<strong>le</strong>ment<br />

à sa propre représentation.<br />

Nous soutenons, <strong>au</strong> contraire, que la conscience individuel<strong>le</strong><br />

est <strong>par</strong>tie intégrante de ce qu'il y a d'essentiel et de<br />

permanent dans l'Etre, qu'el<strong>le</strong> préexiste et survit à toutes<br />

<strong>le</strong>s organisations successives, à toutes <strong>le</strong>s objectivations ou<br />

représentations de l'essence éternel<strong>le</strong> conservant <strong>le</strong> souvenir<br />

intégral de ces représentations et s'<strong>au</strong>gmentant, degré<br />

<strong>par</strong> degré, de toute expérience acquise <strong>par</strong> el<strong>le</strong>s.<br />

Sans doute, la permanence de la conscience individuel<strong>le</strong><br />

est contraire <strong>au</strong>x ap<strong>par</strong>ences, <strong>par</strong>ce que la majeure <strong>par</strong>tie<br />

de son acquit demeure sub<strong>conscient</strong> et latent pendant la<br />

durée d'une existence terrestre et il n'est pas étonnant que<br />

cette permanence n'ap<strong>par</strong>aisse à la fou<strong>le</strong> vulgaire comme<br />

une absurdité, à moins qu'el<strong>le</strong> ne soit, pour el<strong>le</strong>, simp<strong>le</strong><br />

artic<strong>le</strong> de foi.<br />

Par contre, il est regrettab<strong>le</strong> <strong>au</strong>tant que surprenant qu'un<br />

philosophe <strong>au</strong>ssi génial que Schopenh<strong>au</strong>er, ait <strong>par</strong>tagé,<br />

sans la discuter, l'opinion de la fou<strong>le</strong>.<br />

La permanence de la conscience individuel<strong>le</strong> a en sa fa-


312 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

veur, une doub<strong>le</strong> dëmonstraiiQa;, démonstrati*» scientifique<br />

et déinwïïstratton métaphysiques.<br />

Il est tout naturel que la démonstratiea scientàfispie, basée<br />

sur des connaissances de fait encore ignorées du temps<br />

de Schopeaht<strong>au</strong>er, ait échappé à, ce deamieir. Par contre, il<br />

est plus diffici<strong>le</strong> de comprendre son aveug<strong>le</strong>ment ou son<br />

<strong>par</strong>ti-pris vis-à vis de la démonstration inétaçbysiq^ie.<br />

Les preuves- métaphysiques de la permanence de la conscience<br />

individuel<strong>le</strong> sont <strong>au</strong> nombre de deux.<br />

Une première preuve nous est offerte <strong>par</strong> <strong>le</strong> spectac<strong>le</strong><br />

même de la nature.<br />

La natutre, remarque Schopenh<strong>au</strong>err semb<strong>le</strong>, toujours et<br />

en tout, considérer la mort, cette mort si redoutab<strong>le</strong> en<br />

ap<strong>par</strong>ence, comme un incident sans importance. El<strong>le</strong> exprime<br />

ce témoignage<br />

« en livrant la vie de chaque animal<br />

« et de l'homme lui-même à la merci des hasards <strong>le</strong>s plus<br />

a insignifiants, sans intervenir pour la s<strong>au</strong>ver. Considé-<br />

« rez l'insecte placé sur votre chemin la moindre déviaa<br />

tion, <strong>le</strong> mouvement <strong>le</strong> plus involontaire de votre pied<br />

« décide de sa vie ou de sa mort. Voyez la limace des<br />

« bois, dépourvue de tout moyen de fuir, de résister, de<br />

donner <strong>le</strong> change à son adversaire, de se cacher, vérita-<br />

« b<strong>le</strong> proie pour <strong>le</strong> premier venu. Voyez <strong>le</strong> poisson se<br />

« jouer, in<strong>conscient</strong>, dans <strong>le</strong> fi<strong>le</strong>t prêt à se fermer la gre-<br />

« nouil<strong>le</strong> trouver dans sa propre <strong>par</strong>esse un obstac<strong>le</strong> à la<br />

« fuite où el<strong>le</strong> trouverait <strong>le</strong> salut voyez l'oise<strong>au</strong> qui ne<br />

sent pas <strong>le</strong> f<strong>au</strong>con planer sur lui <strong>le</strong>s brebis que dit<br />

fond du buisson <strong>le</strong> loup dénombre et couve du regard'.<br />

« Armés d'une courte prévoyance, tous ces êtres promènent<br />

sans malice <strong>le</strong>ur existence <strong>au</strong> milieu des dangers<br />

« qui <strong>le</strong>s menacent à tout moment. Abandonner ainsi sans<br />

retour ces organismes construits avec un art inexprima-<br />

« lihe non seu<strong>le</strong>ment à l'instinct de pillage des plus forts,<br />

« mais encore <strong>au</strong> hasard' <strong>le</strong> plus aveug<strong>le</strong>, à ta fantaisie du<br />

« premier venu ou à l'espièg<strong>le</strong>rie de l'enfant, n'est-ce pas,<br />

« de la <strong>par</strong>t de la nature, déclarer que l'anéantissement de


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 313<br />

« ces individus lui est chose indifférente C'est ce<br />

qu'el<strong>le</strong><br />

« énonce très clairement, et el<strong>le</strong> ne ment jamais.<br />

Eh bien,<br />

« si la mère de toutes choses s'inquiète <strong>au</strong>ssi peu<br />

de jeter<br />

« ses enfants sans protection entre mil<strong>le</strong> dangers toujours<br />

«<br />

menaçants, ce ne peut être que <strong>par</strong><br />

l'assurance<br />

qcue,<br />

s'ils<br />

«<br />

tombent, ils retombent dans son<br />

propre sein, où ils sont<br />

« à l'abri, et qu'ainsi <strong>le</strong>ur chute n'est<br />

qu'une plaisanterie.<br />

« Si notre regard pénétrait assez loin <strong>au</strong> fond des choses,<br />

« nous nous<br />

rangerions<br />

à l'avis de la nature. Aidés de la<br />

« réf<strong>le</strong>xion, nous devons<br />

expliquer<br />

cette sécurité absolue,<br />

« cette indifférence de la nature en face de la mort des<br />

«<br />

individus, <strong>par</strong> ce fait que la destruction d'un tel phéno-<br />

« mène n'en atteint pas<br />

<strong>le</strong> moins du monde l'essence pro-<br />

«<br />

pre<br />

et véritab<strong>le</strong>. »<br />

L'argumentation du grand penseur<br />

ne concerne<br />

pas<br />

seu<strong>le</strong>ment<br />

la vie el<strong>le</strong> s'adapte merveil<strong>le</strong>usement à la conscience.<br />

La conscience personnel<strong>le</strong> est ayssi éphémère que la vie<br />

terrestre à laquel<strong>le</strong> el<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> liée. Bien mieux, la nature<br />

ne semb<strong>le</strong> pas attacher de prix spécial<br />

<strong>au</strong><br />

degré d'élévation<br />

et d'étendue de la conscience personnel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> soumet <strong>au</strong>x<br />

mêmes aléas l'intel<strong>le</strong>ctualité inférieure de la fou<strong>le</strong> imbéci<strong>le</strong>,<br />

masse amorphe, poussière d'humanité et l'intel<strong>le</strong>ctualité<br />

supérieure des grands hommes qui s'efforcent de la<br />

guider la conscience élémentaire du moujik, à peine<br />

<strong>au</strong>-dessus, s'il l'est, de l'animalité, et la conscience génia<strong>le</strong><br />

d'un Newton, d'un Pasteur ou d'un Schopenh<strong>au</strong>er<br />

Abandonner ainsi sans retour ces intelligences merveil<strong>le</strong>uses,<br />

don' l'ap<strong>par</strong>ition a nécessité, dans l'évolution, des<br />

efforts<br />

séculaires<br />

inexprimab<strong>le</strong>s, intelligences qui synthétisent<br />

vraiment ce que cette évolution a réalisé de plus <strong>par</strong>fait,<br />

<strong>au</strong> hasard<br />

aveug<strong>le</strong>,<br />

la contamination de<br />

à la merci de l'accident banal, à<br />

l'organisme <strong>par</strong> un microbe ou simp<strong>le</strong>ment<br />

à son usure séni<strong>le</strong>, c'est, de la <strong>par</strong>t de la nature,<br />

déclarer<br />

que<br />

la dis<strong>par</strong>ition de la conscience personnel<strong>le</strong>, si<br />

é<strong>le</strong>vée soit-el<strong>le</strong>, lui est indifférente ou, ce qui revient <strong>au</strong>


314 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong><br />

même, c'est déclarer que cette dis<strong>par</strong>ition n'est<br />

qu'une<br />

ap<strong>par</strong>ente.<br />

dis<strong>par</strong>ition<br />

Oui, si la mère de toutes choses<br />

s'inquiète<br />

<strong>au</strong>ssi peu de<br />

ce qu'el<strong>le</strong>'a réalisé de mieux, la conscience personnel<strong>le</strong>, ce<br />

ne<br />

peut<br />

être<br />

que <strong>par</strong> l'assurance que, lorsque<br />

cette conscience<br />

personnel<strong>le</strong> semb<strong>le</strong> dis<strong>par</strong>aître, el<strong>le</strong> demeure l'abri<br />

dans son propre sein.<br />

nous<br />

Que<br />

nous<br />

notre<br />

regard pénètre assez loin <strong>au</strong> fond des choses et<br />

rangeons<br />

à l'avis de la nature.<br />

Nous savons alors comment<br />

expliquer<br />

cette sécurité absolue,<br />

cette indifférence de la nature en présence<br />

de la<br />

dis<strong>par</strong>ition de la conscience personnel<strong>le</strong> cette fin, en<br />

effet, n'est <strong>par</strong> la fin, car el<strong>le</strong> ne s<strong>au</strong>rait atteindre l'essence<br />

propre et véritab<strong>le</strong> de l'Etre, ni sa conscience réalisée,<br />

comme el<strong>le</strong> et avec el<strong>le</strong>, étincel<strong>le</strong> divine, préexistante, survivante,<br />

éternel<strong>le</strong>.<br />

Qu'importe alors la mort El<strong>le</strong> ne détruit qu'une ap<strong>par</strong>ence,<br />

une représentation temporaire. L'individualité vraie,<br />

indestructib<strong>le</strong>, conserve, en de <strong>le</strong>s assimilant, toutes <strong>le</strong>s<br />

acquisitions<br />

de la personnalité transitoire puis, baignée de<br />

nouve<strong>au</strong> pour un temps dans l'e<strong>au</strong> du Lethé, el<strong>le</strong> va matétrialiser<br />

une personnalité nouvel<strong>le</strong> et continuer ainsi son<br />

évolution indéfinie. Oui, c'est là ce que la nature nous<br />

enseigne, très clairement et la nature ne ment jamais<br />

A cette première preuve métaphysique, vient s'en adjoindre<br />

une deuxième, non moins remarquab<strong>le</strong>. Si la réalisation<br />

de la conscience est vraiment <strong>le</strong> résultat indéniab<strong>le</strong><br />

de l'évolution, il n'est plus possib<strong>le</strong> de concevoir la dis<strong>par</strong>ition<br />

tota<strong>le</strong>, anéantissement de la conscience de l'individualité.<br />

Supposons, en effet, l'évolution généra<strong>le</strong> très avancée,<br />

avancée idéa<strong>le</strong>ment jusqu'à un degré voisin de l'omniscience<br />

(et cette évolution à ce degré se réalisera nécessairement<br />

un jour). A la conscience universel<strong>le</strong>, omni-


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 315<br />

sciente, rien ne s<strong>au</strong>rait échapper, dans <strong>le</strong> temps ni dans<br />

l'espace, relativités sans va<strong>le</strong>ur pour el<strong>le</strong>.<br />

,Dès lors, comment cette conscience universel<strong>le</strong> <strong>au</strong>raitel<strong>le</strong>,<br />

en el<strong>le</strong>-même, toutes <strong>le</strong>s connaissances hormis une<br />

seu<strong>le</strong>, cel<strong>le</strong> des états individuels réalisés pendant l'évolution<br />

Cela est impossib<strong>le</strong>. La conscience universel<strong>le</strong> contiendra<br />

forcément la somme des consciences individuel<strong>le</strong>s<br />

el<strong>le</strong> en sera précisément <strong>le</strong> total.<br />

Donc, de deux choses l'une ou l'évolution ne réalise pas<br />

la conscience ou, si el<strong>le</strong> la réalise, el<strong>le</strong> comporte nécessairement<br />

<strong>le</strong> souvenir et la notion de toutes <strong>le</strong>s consciences.<br />

Peu importe d'ail<strong>le</strong>urs, <strong>au</strong> point de vue philosophique,<br />

que ce souvenir et cette notion ne soient acquis que tardivement,<br />

<strong>au</strong> sommet idéal de l'évolution, alors que sera<br />

réalisée l'omniscience ce qui est essentiel, c'est qu'ils ne<br />

soient pas anéantis. La question temps est sans va<strong>le</strong>ur. En<br />

somme, ce qu'il est'permis philosophiquement de soutenir,<br />

et cela seu<strong>le</strong>ment, c'est que la conscience de l'individualité<br />

se perd, temporairement, après la destruction de l'organisme<br />

mais non qu'el<strong>le</strong> peut être anéantie c'est qu'el<strong>le</strong><br />

'devient latente et reste latente, jusqu'à ce que la somme de<br />

conscience généra<strong>le</strong> atteinte la fasse revivre, après l'avoir<br />

tirée de son sommeil.<br />

Otr, cette conception ne diffère de la nôtre que <strong>par</strong> une<br />

modalité philosophiquement sans importance, cel<strong>le</strong> du<br />

temps. Essentiel<strong>le</strong>ment, el<strong>le</strong> est la même.<br />

Tel<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s deux preuves métaphysiques en faveur de<br />

la permanence de la conscience individuel<strong>le</strong>.<br />

Evidemment ces preuves n'ont que la va<strong>le</strong>ur habituel<strong>le</strong><br />

'des démonstrations métaphysiques. Malgré <strong>le</strong>ur force indéniab<strong>le</strong>,<br />

el<strong>le</strong>s ne s<strong>au</strong>raient tenir lieu de démonstration scientifique.<br />

,La démonstration scientifique, c'est tout notre livre. En<br />

se reportant <strong>au</strong>x chapitres précédents, <strong>le</strong> <strong>le</strong>cteur verra<br />

comment nous avons pu établir, nettement et positivement,


316 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

<strong>au</strong> moins comme <strong>le</strong> résultat d'un rigoureux eatettl de probabilité,<br />

que la conscience individuel<strong>le</strong> reste iadesteiïel*-<br />

bde et permanente, même quand el<strong>le</strong> devient ou- demeure<br />

subconscience et latente.<br />

Toote vie nouvel<strong>le</strong>, disons-nous, comporte une restriction<br />

temporaire de l'individualité. Toute incor<strong>par</strong>ation ou<br />

représentation sur <strong>le</strong> plan matériel implique uune limitatiaa<br />

de toutes <strong>le</strong>s activités psychiques dans un sens donné, celui<br />

du champ d'action cérébral et de la mémoire organique<br />

qui lui est propre.<br />

Mais, <strong>au</strong>-dessous de la mémoire cérébra<strong>le</strong> et restée cryptoïde<br />

en majeure <strong>par</strong>tie, demeure, indélébi<strong>le</strong> et peranaaente,<br />

toute la mémoire profonde, tout l'ensemb<strong>le</strong> des acquisitions<br />

passées.<br />

Cela, nous l'avons démontré, et nous n'avons pas- à revenir<br />

sur cette démonstration.<br />

Au point de vue qui nous occupe en ce chapitre, e'es-t-àdire<br />

<strong>au</strong> point de vue du dégagement de la conception; optimiste<br />

ou pessimiste, de l'univers, nous devor» simp<strong>le</strong>ment,<br />

nous demander si la limitation de l'Etre, dans <strong>le</strong>s reppéseatations<br />

matériel<strong>le</strong>s et du fait de ces représentations, est uat<br />

bien ou un mal. Pour nous, il n'est pas douteux qu'el<strong>le</strong> ne<br />

soit un bien. El<strong>le</strong> l'est, que l'on considère l'Etre dans se»<br />

présente, dans son passé, dans son avenir.<br />

L'ignorance, en ce qui concerne <strong>le</strong> présent, est un bienL<br />

Il est nécessaire que l'Etre croie son champ d'action<br />

borné de la naissance à la mort et qu il ignore, en majeure<br />

<strong>par</strong>tie, ses acquisition4 antérieures comme ses capacités<br />

latentes.<br />

Tout d'abord, en effet. la crainte de la mort, liée à cette<br />

ignorance de s-a situation vraie, est indispensab<strong>le</strong> à l'Etre.<br />

Sans cette crainte salutaire, l'Etre ne ferait pas rendre à<br />

sa vie actuel<strong>le</strong> tout ce qu'el<strong>le</strong> peut permettre d'effort. Il<br />

aspirerait trop faci<strong>le</strong>ment <strong>au</strong> ctnangement:. y,a. moindre<br />

imperfection, <strong>le</strong> moindre troub<strong>le</strong> morbide dans son orga-


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 317<br />

nisme lui seraient insupportab<strong>le</strong>s <strong>le</strong> suicide serait monnaie<br />

courante.<br />

L'ignorance des acquisitions antérieures n'est pas moins<br />

indispensab<strong>le</strong>. Sans el<strong>le</strong>, l'Etre <strong>au</strong>rait une tendance, irrésistib<strong>le</strong>'<br />

à travail<strong>le</strong>r toujours dans <strong>le</strong> même sens, <strong>par</strong> suite<br />

de la loi du moindre effort. Il se plierait difficàknaent, s<strong>au</strong>f<br />

exceptions, à un travail nouve<strong>au</strong>, impliquant un surcroît<br />

de fatigue et serait entraîné, presque irrésistib<strong>le</strong>ment, dans<br />

une évolution unilatéra<strong>le</strong> qui n'aboutirait qu'à une spécialisation,<br />

hypertrophique et monstrueuse.<br />

L'ignorance des facultés dites transcendantes est, plus<br />

encore, une nécessité absolue car l'usage régulier, normal<br />

et pratique de ces facultés supprimerait virtuel<strong>le</strong>ment<br />

l'effort. L'exemp<strong>le</strong> de l'instinct est infiniment instructif à<br />

cet égapd. L'instinct n'est pas <strong>au</strong>tre chose que la forme inférieure,<br />

primaire, de l'intuition, et il comporte, comme<br />

el<strong>le</strong>, une sorte de divination.<br />

Or, que voyons-nous dans la psychologie anima<strong>le</strong> com<strong>par</strong>ée<br />

<br />

C'est que, <strong>par</strong>tout où il a prédominé, l'instinct a freiné<br />

l'évolution<br />

intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>.<br />

L'insecte possède un instinct merveil<strong>le</strong>ux, <strong>au</strong>.quel il obéit<br />

aveuglément. L'insecte a évolué avec une <strong>par</strong>faite sécurité,<br />

mais son évolution l'a conduit dans une impasse et tout<br />

progrès <strong>conscient</strong>iel lui semb<strong>le</strong> positivement interdit.<br />

Considérons, <strong>au</strong> contraire, <strong>le</strong> vertébré. L'instinct infaillib<strong>le</strong><br />

a cédé la pla.ce à la réf<strong>le</strong>xion faillib<strong>le</strong>, mais féconde<br />

<strong>par</strong>ce qu'el<strong>le</strong> implique et nécessite l'effort. Aussi, chez lui,<br />

<strong>le</strong> progrès eonscientiel est ininterrompu et il permet toute<br />

espérance. Ce qui est vrai de l'instinct l'est, à plus forte<br />

raison, des facultés mystérieuses indépendantes des contingences<br />

de temps et d'espace. Supposons un homme pouvant<br />

disposer, dans la vie courant, de ces facultés possédant<br />

à son gré, la <strong>le</strong>cture de pensée, la vision à distance,<br />

la lucidité. Quel besoin, eet honasie <strong>au</strong>rait-il de réfléchir,<br />

de calcu<strong>le</strong>r ses actes, de prévoir, de lutter Pour lui pas


318 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

d'erreur, mais <strong>au</strong>ssi pas d'effort. Pas d'effort, donc pas<br />

de développement <strong>conscient</strong>iel. Comme l'insecte, cet homme<br />

ne serait qu'un merveil<strong>le</strong>ux mécanisme.<br />

L'évolution ainsi aiguillée n'<strong>au</strong>rait pas abouti à la conscience<br />

supérieure mais à une sorte de somnambulisme<br />

hypersensib<strong>le</strong> permettant de tout connaître sans rien comprendre<br />

<strong>le</strong> surhomme n'eût été qu'un <strong>au</strong>tomate transcendant.<br />

Il est donc bon, il est indispensab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s facultés<br />

<strong>le</strong>s plus é<strong>le</strong>vées, comme tout <strong>le</strong> trésor psychologique accumulé<br />

<strong>par</strong> l'Etre dans son évolution, restent et demeurent,<br />

dans l'état actuel de cette évolution, en majeure <strong>par</strong>tis,<br />

sub<strong>conscient</strong>s et latents.<br />

Leur caractère latent n'empêche pas ces facultés i;b<strong>conscient</strong>es<br />

de jouer, dans l'existence terrestre, un rô<strong>le</strong><br />

considérab<strong>le</strong> et même primordial. Ce sont el<strong>le</strong>s qui<br />

constituent<br />

<strong>le</strong> fonds propre de l'Etre, lui donnent sa caractéristique<br />

essentiel<strong>le</strong>. Leurs manifestations sont d'ail<strong>le</strong>urs suffisamment<br />

latentes pour ne pas gêner l'effort, tout en étant<br />

suffisamment actives pour l'aider et <strong>le</strong> guider.<br />

Il y a là un équilibre merveil<strong>le</strong>ux, bien que rarement<br />

<strong>par</strong>fait. La plu<strong>par</strong>t des Etres <strong>le</strong>s ignorent trop. Chez eux,<br />

el<strong>le</strong>s sont en léthargie. D'<strong>au</strong>tres <strong>le</strong>s connaissent trop. Ils<br />

en souffrent dans la constatation de <strong>le</strong>ur impuissance à<br />

réaliser <strong>le</strong>'urs- aspirations <strong>le</strong>s plus h<strong>au</strong>tes. Mais cette souffrance<br />

est la rançon du génie.<br />

L'ignorance du passé, comme l'ignorance du présent,<br />

est un bien, un grand bien.<br />

Seul l'Etre idéa<strong>le</strong>ment évolué pourra, sans inconvénient,<br />

connaître foute la formidab<strong>le</strong> accumulation d'expériences,<br />

de sensations et d'émotions, d'efforts et de luttes, de joies<br />

et de dou<strong>le</strong>urs, d'amour et de haine, de sentiments bas ou<br />

é<strong>le</strong>vés, de sacrifices ou d'actes égoïstes, de tout, en un mot,<br />

ce qui l'a constitué peu à peu sous ses personnalités mul-<br />

-tip<strong>le</strong>s et l'a distingué, spécialisé tour à tour.<br />

S'il avait, ne fut-ce que dans un éclair, cette connaissance


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 319<br />

formidab<strong>le</strong>, l'homme vulgaire en serait foudroyé Il a<br />

assez du poids de ses erreurs ou soucis présents. Comment<br />

supporterait-il, en surcroît, <strong>le</strong> poids des dou<strong>le</strong>urs passées,<br />

de la sottise et de la bassesse, des passions anima<strong>le</strong>s qui<br />

l'ont agité, de la monotonie incommensurab<strong>le</strong> de vies bana<strong>le</strong>s<br />

<strong>le</strong>s regrets d'existences privilégiées ou <strong>le</strong>s remords<br />

d'existences criminel<strong>le</strong>s <br />

L'oubli entraîne, <strong>par</strong> bonheur, l'assoupissement des haines<br />

et passions stérilisatrices et détend, dans une juste<br />

mesure,<br />

<strong>le</strong>s chaînes qui lient trop étroitement <strong>le</strong>s êtres <strong>le</strong>s uns<br />

<strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres et limitent dans <strong>le</strong> même champ <strong>le</strong>urs mouvements.<br />

Tout souvenir du passé ne pourrait que gêner l'Etre dans<br />

son effort présent.<br />

L'ignorance de l'avenir, enfin, est encore plus indispensab<strong>le</strong>,<br />

encore plus salutaire, dans <strong>le</strong>s phases inférieures de<br />

l'évolution <strong>conscient</strong>iel<strong>le</strong>. Pour la masse, cette ignorance<br />

est un grand bienfait. En effet, la fou<strong>le</strong> médiocre ou basse<br />

est adéquate <strong>au</strong>x conditions de la vie actuel<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> est<br />

adaptée à ses petites passions, à ses désirs mesquins, à ses<br />

courtes joies comme à son long cortège de misères.<br />

Même <strong>le</strong>s balbutiements de l'art, quand el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s saisit,<br />

ne s<strong>au</strong>raient l'é<strong>le</strong>ver à la conception, à la vision d'un monde<br />

supérieur. El<strong>le</strong> trouve tout naturel (et c'est bien heureux),<br />

de vivre dans une terre de luttes et de souffrances, et grâce<br />

à son ignorance, el<strong>le</strong> ne se révolte pas vainement contre<br />

l'inévitab<strong>le</strong>. El<strong>le</strong> trouve normal (et c'est providentiel) de<br />

voir son activité absorbée presque tout entière <strong>par</strong> la recherche<br />

de la nourriture ou la lutte contre <strong>le</strong>s éléments<br />

hosti<strong>le</strong>s. Ses préoccupations restent d'ordre inférieur et<br />

misérab<strong>le</strong> ,comme <strong>le</strong> cadre qui <strong>le</strong>s a créées. El<strong>le</strong> ne doit<br />

pas avoir d'<strong>au</strong>tre perspective que cel<strong>le</strong> de l'effort présent<br />

et el<strong>le</strong> ne s<strong>au</strong>rait supporter la perspective de l'effort surhumain<br />

et indéfini.<br />

Pour l'élite même, l'inconscience de l'avenir est encore


320 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU <strong>conscient</strong><br />

un bien. El<strong>le</strong> souffrirait davantage, sans cette inûonjacifaice,<br />

de voir, tel<strong>le</strong>s qu'el<strong>le</strong>s sont, l'humanité et la :vie .actuel<strong>le</strong>.<br />

Quel<strong>le</strong> misèr.e que <strong>le</strong> 'rendement si médiocre de tant id'eîforts,<br />

l'inutilité ap<strong>par</strong>ente .de tant de doueurs ruel<strong>le</strong> misère<br />

que ce qui s'est eno&re réalise .de Mieux .dans Le cours<br />

de l'évolution humaine ;<strong>le</strong> charme idéal ide la be<strong>au</strong>té iéminine<br />

ou <strong>le</strong> génie sublime du penseur, -restent enchaînés à<br />

un (Organisme <strong>au</strong>ssi débf<strong>le</strong>, ses jonctions baisses et répugaantes,<br />

à sens tares et à ses maladies Pour -se résigner<br />

cette 'misère, il f<strong>au</strong>t n'avoir nul<strong>le</strong> idée d'un monde supérieur<br />

de lumière-et d'amour. Quelques sbomines d!élifce,,bien rares,<br />

ont, plus ou moins nettement, <strong>par</strong>eil<strong>le</strong> intuition. Dans 1'état<br />

évolutif actuel, ce ne sont pas des ^privilégiés. La mélancolie<br />

des hommes vraiment supérieurs n'a souvent pas<br />

d'<strong>au</strong>tre motif que cette in<strong>conscient</strong>e échappée sur un avenir<br />

trop be<strong>au</strong> si lointain qu'il équiv<strong>au</strong>t à un Têve chimérique<br />

et vain. Mis en face de la réalité tangib<strong>le</strong>, il ne <strong>le</strong>ur reste,<br />

hélas de la vision surhumaine, que <strong>le</strong> découragement de<br />

Feffort, <strong>le</strong> dédaiu des choses présentes, une ombre de dris<strong>le</strong>sse<br />

sur toute '<strong>le</strong>ur -vie.<br />

On <strong>le</strong> voit, de cette ignorance où est l'Etre de sa situation<br />

:présente, de son passé, de son avenir, il m'y pas'lieu<br />

de déduire une conclusion pessimiste. Cette ignorance fait<br />

<strong>par</strong>tie des m<strong>au</strong>x inévitab<strong>le</strong>s, nécessaires et féconds..<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, dans notre philosophie, l'ignorance est essentiel<strong>le</strong>ment<br />

passagère, liée <strong>au</strong>x phases inférieures de l'évolution.<br />

El<strong>le</strong> est, en <strong>par</strong>tie, atténuée ou suspendue iteMfpQrairement<br />

et dans une juste mesure pendant <strong>le</strong> .cours même de<br />

l'évolution et el<strong>le</strong> est appelée à faire place, un jour, à la<br />

connaissance complète et <strong>par</strong>faite.<br />

S'il est vrai comme tout <strong>le</strong> démontre que l'incorporation<br />

implique une restriction, une limitation de l'iidividualité<br />

<strong>conscient</strong>e dans un sens donné, il semb<strong>le</strong> évident<br />

que la sé<strong>par</strong>ation de l'organisme s'accompagne de<br />

l'élargissement des limites de cette individualité. Dans la


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 321<br />

mesure que permet son évolution, sa conscience acquise,<br />

t'Etre peut alors saisir ce qui <strong>le</strong> concerne et lui échappait<br />

de <strong>par</strong> la limitation cérébra<strong>le</strong>. C'est ce qui a lieu, en <strong>par</strong>tie,<br />

<strong>par</strong> la décentralisation métapsychique et c'est ce qui a lieu,<br />

à fortiori, <strong>par</strong> la mort. Suivant toute probabilité, voici comment<br />

<strong>le</strong>s choses se passent dans ce dernier cas<br />

Pour l'animai ou l'homme très inférieur, la phase d'existence<br />

qui suit la mort est courte et o'bscure. Privée de l'appui<br />

des organes physiques, la conscience, encore éphémère,<br />

chancel<strong>le</strong> et s'obscurcit. L'appel de la matière s'exerce <strong>au</strong>ssitôt<br />

avec une force irrésistib<strong>le</strong>, et `<strong>le</strong> mystère 'palingénésique<br />

s'accomplit sans retard.<br />

Pour l'homme suffisamment évolué, <strong>au</strong> contraire, la mort<br />

fait éclater <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong> restreint dans <strong>le</strong>quel la vie matériel<strong>le</strong><br />

avait enfermé une conscience qui <strong>le</strong> débordait, cerc<strong>le</strong> de la<br />

profession, de la famil<strong>le</strong>, de 'la patrie. L'être se trouve<br />

emporté <strong>au</strong> delà des pensées et souvenirs habituels, des<br />

amours et des haines, des passions et des habitudes.<br />

Dans la mesure où <strong>le</strong> permet son évolution actuel<strong>le</strong>, il<br />

se souvent du passé et il a 'la préscience de l'avenir. Il peut<br />

juger <strong>le</strong> chemin <strong>par</strong>couru. Il apprécie <strong>le</strong> résultat de sa conduite<br />

et de ses efforts. Bien des choses qui, dans <strong>le</strong> cours<br />

de sa vie, avaient eu, pour lui, une importance considérab<strong>le</strong>,<br />

lui <strong>par</strong>aissent alors, vues de h<strong>au</strong>t, mesquines et misérab<strong>le</strong>s.<br />

Les grandes joies.comme'<strong>le</strong>s grandes dou<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s agitations<br />

disproportionnées <strong>au</strong>x résultats, <strong>le</strong>s passions qui<br />

ravagent une vie, <strong>le</strong>s ambitions qui la dévorent, tout cela<br />

se 'trouve alors réduit à sa juste mesure tout cela ne tient<br />

plus qu'une place infime dans l'enchaînement des souvenirs<br />

'<strong>conscient</strong>ïels.<br />

Parmi <strong>le</strong>s liens passés, il en est de fragi<strong>le</strong>s. Ils s'évanouissent<br />

comme un brouillard léger à l'<strong>au</strong>rore. Il en est de<br />

ten-accs ils font <strong>par</strong>tie de la chaîne infrangib<strong>le</strong> de la destinée<br />

et ne-peuvent être dénoués que peu à peu.<br />

Cette période extra-organique n'est pas seu<strong>le</strong>ment une


322 DE AU CONSCIENT<br />

phase de recueil<strong>le</strong>ment, de synthèse généra<strong>le</strong>, d'<strong>au</strong>to-jugement.<br />

C'est <strong>au</strong>ssi et surtout une période infiniment active<br />

d'assinzitation psychologique. Alors s'opère, dans <strong>le</strong> calme,<br />

la fusion des expériences nouvel<strong>le</strong>s <strong>au</strong>x expériences anciennes<br />

et l'identilication à l'Etre des états de conscience<br />

enregistrés pendant la vie.<br />

Cette assimilation est indispensab<strong>le</strong> à l'unification de<br />

l'individualité, à l'harmonie psychique. Il est vraisemblab<strong>le</strong>,<br />

nous l'avons déjà dit, que <strong>le</strong>s désordres de la personnalité,<br />

si curieux et si mystérieux, ne proviennent que du<br />

déf<strong>au</strong>t d'assimilation psychologique <strong>par</strong> l'Etre avant sa vie<br />

présente et de la tendance décentralisatrice et divergente<br />

des éléments ment<strong>au</strong>x mal assimilés <strong>par</strong> <strong>le</strong> moi.<br />

En somme, <strong>le</strong>s phases successives de vie organique<br />

et<br />

de vie extra-organique semb<strong>le</strong>nt avoir, dans l'évolution, un<br />

rô<strong>le</strong> distinct et complémentaire l'un de l'<strong>au</strong>tre.<br />

Pour la vie organique activité analytique, limitée dans<br />

un sens donné, permettant <strong>le</strong> maximum d'efforts dans ce<br />

sens avec obnubilation momentanée de tout ce qui, dans<br />

l'Etre, dépasse <strong>le</strong> but immédiat et <strong>le</strong> cadre de l'existence<br />

actuel<strong>le</strong>.<br />

Pour la vie extra-organique activité synthétique, avec<br />

vision d'ensemb<strong>le</strong>, travail d'assimilation menta<strong>le</strong>, de pré<strong>par</strong>ation<br />

à de nouve<strong>au</strong>x efforts,.<br />

Dans la chaîne des existences, une vie terrestre n'a pas<br />

plus d'importance relative qu'une journée dans <strong>le</strong> cours de<br />

cette vie. Une vie, un jour l'un et l'<strong>au</strong>tre ont, dans l'évolution,<br />

une importance com<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> et une véritab<strong>le</strong> analogie.<br />

Il y a de bons jours et de m<strong>au</strong>vais jours il y<br />

a de bonnes<br />

vies et de m<strong>au</strong>vaises vies des jours et des vies profitab<strong>le</strong>s<br />

des jours et des vies perdus.<br />

Un jour, une vie, ne peuvent s'apprécier isolément, mais<br />

doivent l'être <strong>par</strong> rapport avec <strong>le</strong>s jours et <strong>le</strong>s vies prëcédents.<br />

<strong>De</strong> même ils s'enchaînent et se commandent. Il


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE CONSCIENCE 323<br />

n'existe<br />

pas de labeur ou de souci exclusivement limités à<br />

une vie ni à ,un jour. On ne fait pas <strong>le</strong> programme d'une<br />

journée ni d'une vie sans tenir compte des jours ni des<br />

vies passés des jours ni des vies à venir. C'est dans l'interval<strong>le</strong><br />

de deux existences que l'être suffisamment évolué<br />

pré<strong>par</strong>e son<br />

programme<br />

d'avenir. Comme <strong>le</strong>s jours,<br />

<strong>le</strong>s<br />

vies sont sé<strong>par</strong>ées <strong>par</strong> une période de repos ap<strong>par</strong>ent, mais<br />

en même temps de labeur fécond, d'assimilation et de pré<strong>par</strong>ation.<br />

<strong>De</strong> même qu'<strong>au</strong> réveil bien des problèmes se<br />

trouvent résolus comme <strong>par</strong> enchantement, de même, à,<br />

l'<strong>au</strong>rore d'une vie, l'Etre semb<strong>le</strong> guidé dans ses premiers<br />

pas et marche avec sécurité, comme mené <strong>par</strong> la main,<br />

dans la voie<br />

qu'il s'est tracée mais qu'il ignore une fois<br />

né, et qu'il suit aveuglément.<br />

C'est ainsi<br />

que, d'existence en existence, <strong>par</strong> la multiplicité<br />

prodigieuse des expériences enregistrées et assimilées,<br />

l'Etre anrive, peu à peu, <strong>au</strong>x phases supérieures de<br />

vie, cel<strong>le</strong>s qui sont réservées <strong>au</strong> développement comp<strong>le</strong>t de<br />

sa conscience, à l'omni-conscience réalisée.<br />

L'omni-conscience doit s'étendre, idéa<strong>le</strong>ment, <strong>au</strong> présent,<br />

<strong>au</strong> passé, à l'avenir. C'est dire<br />

qu'el<strong>le</strong> réaliserait une sorte<br />

de divination actuel<strong>le</strong>ment incompréhensib<strong>le</strong>. Mais ce que<br />

nous pouvons inférer<br />

logiquement, du moins, c'est un état<br />

de connaissance de soi et de l'univers assez étendu pour<br />

supprimer l'oubli du passé, permettre l'usage régulier et<br />

normal des facultés transcendantes et métapsychiques,<br />

laisser entrevoir <strong>le</strong>s merveil<strong>le</strong>s de l'évolution libre, heureuse,<br />

de l'évolution sortie enfin des ténèbres de l'ignorance,<br />

des chaînes de la nécessité, des déchirements de la<br />

dou<strong>le</strong>ur.<br />

<strong>Dr</strong> GrUHTAVB GrEIJBY. Sî


CHAPITRE<br />

III<br />

REALISATION DE LA SOUVERAINE JUSTICE<br />

La réalisation de la souveraine justice est assurée, avec<br />

une certitude absolue, mathématique, dans la conception<br />

palingénésique.<br />

L'individu <strong>conscient</strong> n'étant jamais que ce<br />

qu'il s'est fait<br />

lui-même, <strong>au</strong> cours de son évolution, dans l'immense série<br />

de ses représentations, il en résulte que tout ce qui entre<br />

dans <strong>le</strong> champ de sa conscience réalisée est son œuvre propre,<br />

<strong>le</strong> fruit de ses trav<strong>au</strong>x, de ses efforts, de ses souffrances<br />

ou de ses joies.<br />

Chacun de ses actes, bons ou m<strong>au</strong>vais, heureux ou malheureux<br />

chacun de ses penchants même a une répercussion<br />

forcée, des réactions inévitab<strong>le</strong>s dans l'une ou l'<strong>au</strong>tre<br />

de ses existences.<br />

C'est là <strong>le</strong> jeu de la justice immanente, jeu fatal, inéluctab<strong>le</strong>.<br />

La justice immanente commence à se manifester,<br />

<strong>le</strong> plus souvent, dans <strong>le</strong> cours même d'une vie, prise isolément<br />

mais alors il est bien rare qu'el<strong>le</strong> soit vraiment<br />

équitab<strong>le</strong>. Envisagée d'une manière <strong>au</strong>ssi restreinte, el<strong>le</strong><br />

ap<strong>par</strong>aît faillib<strong>le</strong> et éminemment disproportionnée.<br />

Au contraire, dans une série suffisamment longue d'existences,<br />

el<strong>le</strong> devient <strong>par</strong>faite, mathématiquement <strong>par</strong>faite.<br />

Les contingences heureuses ou malheureuses se sont en<br />

effet sûrement contrebalancées et il ne reste plus, comme<br />

résultat certain, à l'actif de l'individu, que <strong>le</strong> résultat de sa<br />

conduite.<br />

La justice immanente n'est pas seu<strong>le</strong>ment individuel<strong>le</strong><br />

el<strong>le</strong> esl, <strong>au</strong>ssi col<strong>le</strong>ctive.<br />

El<strong>le</strong> est col<strong>le</strong>ctive de <strong>par</strong> la solidarité essentiel<strong>le</strong> d


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE JUSTICE 325<br />

monades individuel<strong>le</strong>s. Grâce à cette solidarité essentiel<strong>le</strong>,<br />

<strong>le</strong>s reversions du <strong>conscient</strong> dans <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> ne sont jamais<br />

des reversions exclusivement individuel<strong>le</strong>s. Les acquisitions<br />

eonscientiel<strong>le</strong>s et la transmutation des connaissances<br />

en capacités sont fata<strong>le</strong>ment col<strong>le</strong>ctives, dans une<br />

mesure d'ail<strong>le</strong>urs inanalysab<strong>le</strong>, mais certaine. <strong>De</strong> même<br />

<strong>le</strong>s actes individuels ont une répercussion inévitab<strong>le</strong>, quoique<br />

non définie, sur <strong>le</strong>s conditions vita<strong>le</strong>s de tout ce qui<br />

pense, de tout ce qui vit, de tout ce qui est. Ainsi est assurée<br />

une sorte de collaboration généra<strong>le</strong> dans l'évolution, grâce<br />

à laquel<strong>le</strong> tout effort dans <strong>le</strong> sens indiqué <strong>par</strong> la loi mora<strong>le</strong><br />

ou toute violation de cette loi a sa réaction col<strong>le</strong>ctive en<br />

plus de sa réaction individuel<strong>le</strong>.<br />

On ne s<strong>au</strong>rait trop insister sur ce point il n'y a pas de<br />

responsabilité exclusivement individuel<strong>le</strong> à un acte quelconque,<br />

bon ou m<strong>au</strong>vais<br />

comme il n'y a pas à cet acte, de<br />

sanction exclusivement individuel<strong>le</strong>.<br />

Tout ce qui se fait, tout ce qui se pense, en bien ou en<br />

mal tout ce qui se traduit <strong>par</strong> une impression émotive,<br />

une joie ou une dou<strong>le</strong>ur, chez un individu quelconque, se<br />

répercute à tous et s'assimi<strong>le</strong> à tous. C'est pourquoi <strong>le</strong>s<br />

actes d'un individu ou d'une col<strong>le</strong>ctivité, d'une famil<strong>le</strong>,<br />

d'une nation, d'une race, ne s<strong>au</strong>raient être appréciés simp<strong>le</strong>ment,<br />

<strong>au</strong> point de vue moral ou social, comme ne regardant<br />

que cet individu ou cette col<strong>le</strong>ctivité.<br />

Il n'y a pas de déchéance ou de progrès qui ne soient<br />

solidaires. Sans doute la solidarité col<strong>le</strong>ctive va, en ap<strong>par</strong>ence,<br />

en décroissant dé la famil<strong>le</strong> à la patrie, de la patrie<br />

à la race, de la race à l'humanité, de l'humanité à l'univers<br />

mais ces répercussions, ainsi décroissantes, <strong>par</strong> degrés,<br />

dans <strong>le</strong>s représentations, demeurent intégra<strong>le</strong>ment<br />

dans l'essence constitutive des choses.<br />

Et c'est pourquoi <strong>le</strong>s calculs égoïstes, de la <strong>par</strong>t des individus,<br />

des famil<strong>le</strong>s ou des nations, sont pure aberration.<br />

La grande loi de solidarité a été, de tous temps, pro-


DE AU CONSCIENT<br />

clamée<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s grands philosophes<br />

comme<br />

<strong>par</strong><br />

<strong>le</strong>s<br />

grands<br />

moralistes.<br />

Leur voix n'avait pas<br />

trouvé d'écho. Puisse la démonslration<br />

scientifique avoir plus<br />

d'influence sur la misérab<strong>le</strong><br />

humanité<br />

La<br />

conception<br />

de<br />

la<br />

justice<br />

immanente <strong>par</strong> la palingénésie<br />

entraîne de vastes et grandioses conséquences.<br />

Au poini de cue mélapitysigue<br />

et religieux el<strong>le</strong> rend'<br />

idéalistes.<br />

On conçoit immédiatement, en effet, ses conséquences<br />

pratiques.<br />

El<strong>le</strong><br />

impose,<br />

avant tout, <strong>le</strong> travail et l'effo.rt<br />

non pas l'effort isolé, la lutte pour<br />

la vie égoïste, mais<br />

l'effort<br />

solidaire.<br />

vaine la notion puéri<strong>le</strong> de sanctions surnaturel<strong>le</strong>s ou d'un<br />

jugement<br />

divin. Le moins qu'on puisse dire, en effet, de<br />

cette notion, c'est qu'el<strong>le</strong><br />

est inuti<strong>le</strong> et factice.<br />

Au point de cue nioral el<strong>le</strong> offre une base solide <strong>au</strong>x enseignements<br />

Les sentiments bas et inférieurs, la haine, l'esprit de<br />

vengeance, l'égoïsme, la jalousie,<br />

sont<br />

incompatib<strong>le</strong>s<br />

avec<br />

cette notion de l'évolution solidaire et de la<br />

justice<br />

immanente.<br />

C'est tout naturel<strong>le</strong>ment<br />

que<br />

l'homme <strong>par</strong>venu<br />

à la<br />

connaissance de l'évolution palingénésique évitera tout<br />

acte nuisib<strong>le</strong> à <strong>au</strong>trui et l'aidera dans la mesure de ses<br />

moyens.<br />

Confiant dans la sanction naturel<strong>le</strong>, il <strong>par</strong>donnera sans<br />

jK'hie <strong>le</strong>s méfaits dont il a été victime. Il ne verra d'ail<strong>le</strong>urs,<br />

dans <strong>le</strong>s imbéci<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s méchants ou <strong>le</strong>s criminels<br />

que<br />

êtres inférieurs, quand ce ne sont pas des malades.<br />

des<br />

Il s<strong>au</strong>ra se résigner <strong>au</strong>x inégalités-naturel<strong>le</strong>s et passagères,<br />

résultat inévitab<strong>le</strong> de la loi de l'effort individuel dans<br />

l'évolution mais il fera son possib<strong>le</strong> pour amener la suppression<br />

des inégalités disproportionnées,<br />

des divisions factices,<br />

des préjugés<br />

malfaisants.<br />

Il étendra enfin sa bonté et sa pitié jusqu'<strong>au</strong>x anim<strong>au</strong>x,<br />

<strong>au</strong>xquels<br />

il évitera, <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong>, la souffrance et la mort.


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE JUSTICE 327<br />

Ou a fait, cependant, <strong>au</strong> point de vue moral, quelques<br />

objections à l'idée palingénésique.<br />

On a dit que l'oubli des existences antérieures supprimait<br />

<strong>le</strong>s prétendues sanctions. Comment cela serait-il possib<strong>le</strong><br />

L'oubli d'un fait ne supprime pas <strong>le</strong>s conséquences de ce<br />

fait.<br />

D'ail<strong>le</strong>urs, nous 1 avons vu, l'oubli n'est que relatif et<br />

momentané il n'atteint que la mémoire cérébra<strong>le</strong> et non<br />

la mémoire sub<strong>conscient</strong>e, la mémoire propre du moi.<br />

L'oubli n'est que provisoire. Le passé, tout entier conservé<br />

dans la conscience supérieure, ap<strong>par</strong>tient à l'Etre<br />

dans soR intégralité et lui sera un jour à jamais et p<strong>le</strong>inement<br />

accessib<strong>le</strong>.<br />

Enfin, il importe peu que l'Etre, pendant la vie terrestre,<br />

ignore la raison profonde de sa situation. Il en a p<strong>le</strong>inement<br />

la responsabilité et il en subit p<strong>le</strong>inement <strong>le</strong>s conséquences.<br />

Une <strong>au</strong>tre objection laite à la théorie palingénésique<br />

est basée sur l'existence de la dou<strong>le</strong>ur chez des êtres trop<br />

faib<strong>le</strong>ment évolués pour qu'el<strong>le</strong> puisse étre considérée<br />

comme une sanction « Quel crime, a-t-on dit, <strong>au</strong>rait bien<br />

pu commettre, dans une existence antérieure, <strong>le</strong> cheval<br />

accablé de coups<strong>par</strong> une brute alcoolique, ou <strong>le</strong> chien torturé<br />

<strong>par</strong> un vivisecteur »<br />

Il y a, dans ce raisonnement, une erreur fondamenta<strong>le</strong><br />

<strong>le</strong> mal n'est pas nécessairement la sanction du passé. Il est<br />

<strong>au</strong> contraire bien plus fréquemment, dans l'état évolutif<br />

actuel, la conséquence du nive<strong>au</strong> inférieur général de cet<br />

état évolutif. Voir systématiquement dans la souffrance<br />

d'un être quelconque la conséquence d'actes antérieurs<br />

serait donc une grossière f<strong>au</strong>te de logique. Ce qu'il est permis<br />

d'affirmer, <strong>au</strong> contraire, c'est que la sanction vraie,<br />

cel<strong>le</strong> de la justice immanente, est toujours rigoureusement


328 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

proportionnée <strong>au</strong> degré <strong>le</strong> libre arbitre, c'est-à-dire <strong>au</strong> nive<strong>au</strong><br />

d'élévation intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> et mora<strong>le</strong> de i'Etre (1).<br />

Cette sanction ne pèse évidemment que sur <strong>le</strong>s êtres suffisamment<br />

avancés. El<strong>le</strong> pèse d'<strong>au</strong>tant plus qu'ils sont plus<br />

avancés, <strong>par</strong>ce que, de toute certitude, <strong>le</strong>ur conduite réfléchie,<br />

<strong>au</strong>ra, <strong>au</strong> fur et à mesure de <strong>le</strong>ur élévation, une<br />

influence de plus en plus grande sur <strong>le</strong>ur progression, sur<br />

<strong>le</strong>ur condition de vie.<br />

Une dernière objection, d'ordre moral, a encore été<br />

faite à l'idée de justice immanente dans la formu<strong>le</strong> palingénésique.<br />

C'est la suivante<br />

Si un acte ne se traduit pas, <strong>au</strong> point de vue sanction,<br />

<strong>par</strong> une réaction rigoureusement éga<strong>le</strong>,<br />

il n'y a pas de<br />

justice absolue, mais seu<strong>le</strong>ment une demi-justice.<br />

S'il se traduit <strong>par</strong> une réaction rigoureusement éga<strong>le</strong>,<br />

alors, il n'y a pas de progrès évolutif. Il y a enchaînement<br />

du. mal, <strong>par</strong> <strong>le</strong> mal, <strong>au</strong> mal répercussion indéfinie du mal<br />

dans un cerc<strong>le</strong> vicieux.<br />

Cette objection en réalité ne porte que sur <strong>le</strong>s mots. La<br />

justice absolue peut <strong>par</strong>faitement se concevoir <strong>par</strong> des<br />

sanctions non pas éga<strong>le</strong>s mais équiva<strong>le</strong>ntes. Il est clair que<br />

la justice immanente comporte une large élasticité. Une<br />

action m<strong>au</strong>vaise ne se traduira pas <strong>au</strong>tomatiquement <strong>par</strong><br />

un châtiment égal, comportant lui-même cette action m<strong>au</strong>vaise<br />

ni pair une sorte de loi du talion qui, pour être naturel<strong>le</strong><br />

n'en serait pas moins odieuse.<br />

La réaction est toujours éga<strong>le</strong> à l'action mais, <strong>par</strong> <strong>le</strong><br />

fait même de l'évolution, la réaction s'affine, se spiritualise<br />

pour ainsi dire, <strong>au</strong> fur et à mesure du progrès <strong>conscient</strong>iel.<br />

El<strong>le</strong> se transpose peu à peu de la matière à l'idée.<br />

Dès lors, la conception du châtiment tend à aboutir à cel<strong>le</strong><br />

(1) Voir L'Etre sub<strong>conscient</strong>,.


RÉALISATION DE LA SOUVERAINE JUSTICE 329<br />

du regret ou du remords et de l'effort concordant d'amélioration<br />

et de ré<strong>par</strong>ation.<br />

On <strong>le</strong> voit, la conception palingénésique dans l'évolution<br />

assure la réalisation de la souveraine justice comme el<strong>le</strong><br />

assure cel<strong>le</strong> de la souveraine conscience. El<strong>le</strong> nous permet<br />

de retrouver <strong>par</strong>tout, dans l'univers, l'harmonie ordonnée<br />

sous l'incohérence ap<strong>par</strong>ente et la justice absolue sous <strong>le</strong>s<br />

ap<strong>par</strong>entes iniquités. Ainsi comprise l'idée palingénésique<br />

est tel<strong>le</strong>ment bel<strong>le</strong> et satisfaisante qu'il est permis de dire,<br />

avec M. Ch. Lancelin « Si <strong>par</strong> malheur el<strong>le</strong> n'avait pas été<br />

instituée <strong>par</strong> Dieu, si el<strong>le</strong> était exclue de la réalité des choses,<br />

l'homme, pour seu<strong>le</strong>ment l'avoir rêvée, se serait montré<br />

plus grand et meil<strong>le</strong>ur que Dieu » (1).<br />

(1) Chablbs Lànobun « La Réincarnation ».


CHAPITRE<br />

IV<br />

REALISATION DU SOUVERAIN BIEN<br />

Dans l'évolution tel<strong>le</strong><br />

que<br />

nous l'avons comprise, la réalisation<br />

progressive du souverain bien ap<strong>par</strong>aît avec une<br />

évidence<br />

indiscutab<strong>le</strong>.<br />

Alors<br />

que<br />

<strong>le</strong><br />

pessimisme<br />

rationnel provenait d'une vue<br />

fragmentaire,<br />

et<br />

<strong>par</strong> conséquent f<strong>au</strong>ssée de l'univers, <strong>le</strong>s<br />

conclusions contraires, toutes d'un idéalisme optimiste,<br />

ressortent de sa vision étendue et complète.<br />

Cette vision synthétique permet,<br />

avant tout, la solution<br />

aisée et tota<strong>le</strong> du problème<br />

du<br />

mal.<br />

Tout d'abord, avec l'idée<br />

palingénésique,<br />

<strong>le</strong> mal n'a plus<br />

l'importance absolue, intégra<strong>le</strong>. définitive, qui lui était<br />

attribuée. Le mal n'a<br />

jamais qu'une importance relative et<br />

il est toudours ré<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>.<br />

Considérons<br />

<strong>le</strong><br />

plus grand des m<strong>au</strong>x ap<strong>par</strong>ents la mort.<br />

La mort non seu<strong>le</strong>ment n'est plus<br />

« <strong>le</strong> roi des épouvantements<br />

» mais el<strong>le</strong> perd tota<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> caractère de malédiction<br />

que lui avait<br />

imprimé l'aveug<strong>le</strong>ment de la créature,<br />

bornée<br />

<strong>par</strong> ses<br />

organes grossiers et enfermée dans <strong>le</strong>s limites<br />

de l'illusion matériel<strong>le</strong>.<br />

Dans l'évolutionnisme<br />

palingénésique, la mort n'est plus<br />

un mal, s<strong>au</strong>f<br />

quand el<strong>le</strong> est<br />

prématurée<br />

et<br />

apporte une gêne<br />

et un retard dans l'évolution individuel<strong>le</strong>.<br />

Intercalée dans <strong>le</strong> jeu normal de la vie éternel<strong>le</strong>, survenant<br />

à son heure, quand l'organisme a donné tout son rendement,<br />

la mort est la grande régulatrice. El<strong>le</strong><br />

place<br />

l'individu,<br />

nous l'avons<br />

déjà dit, dans des conditions d'effort successif<br />

très variées et<br />

empêche ainsi <strong>le</strong><br />

développement<br />

consrientiel<br />

dans un sens unilatéral. La mort a un <strong>au</strong>tre rô<strong>le</strong>


RÉALISATION DU SOUVERAIN BIEN 331<br />

encore, non moins uti<strong>le</strong>, bien que l'Etre aveug<strong>le</strong> se refuse<br />

généra<strong>le</strong>ment<br />

à en comprendre la nécessité ou même se<br />

révolte contre el<strong>le</strong> la mort brise des liens qui, sans el<strong>le</strong>,<br />

tendraient précisément à maintenir l'Etre dans la voie unique<br />

de sa dernière vie dans la limitation même dont il a<br />

subi l'empreinte.<br />

Sans doute cette brisure est douloureuse el<strong>le</strong> sé<strong>par</strong>e<br />

bruta<strong>le</strong>ment l'Etre de ses habitudes, de ses moyens ét de<br />

ses affections mais ce sacrifice, relatif et ré<strong>par</strong>ab<strong>le</strong>, est<br />

indispensab<strong>le</strong> <strong>au</strong> progrès.<br />

La brisure est loin d'ail<strong>le</strong>urs d'être toujours un mal<br />

en même temps qu'el<strong>le</strong> prive l'être de ces moyens bienfaisants,<br />

el<strong>le</strong> l'arrache <strong>au</strong>ssi <strong>au</strong>x contingences nuisib<strong>le</strong>s, à la<br />

jalousie, à la haine, à la maladie, à l'impuissance ou simp<strong>le</strong>ment<br />

à une ambiance stérilisatrice. El<strong>le</strong> force l'Etre de<br />

laisser, avec un organisme usé, des habitudes transmuées<br />

désormais en routine stéri<strong>le</strong>.<br />

Un <strong>au</strong>tre mal ap<strong>par</strong>ent, de même ordre que la mort,<br />

c'est l'ignorance où est l'Etre incarné de sa situation réel<strong>le</strong>,<br />

et l'oubli du passé, du long passé. Comme la mort, et nous<br />

l'avons déjà démontré, cette ignorance, cet oubli sont <strong>le</strong>s<br />

conditions essentiel<strong>le</strong>s du progrès évolutif.<br />

Ce qui est vrai de la mort et de l'ignorance est vrai de<br />

tous <strong>le</strong>s m<strong>au</strong>x.<br />

Aec l'idée<br />

palingénésique,<br />

<strong>le</strong> mal, on ne s<strong>au</strong>rait trop <strong>le</strong><br />

répéter, perd <strong>le</strong> caractère d'absolu, d'irré<strong>par</strong>ab<strong>le</strong> qui <strong>le</strong><br />

rendait insupportab<strong>le</strong>.<br />

Envisagé à la lumière de cette idée, <strong>le</strong> monde, la vallée<br />

des misères et des larmes, ap<strong>par</strong>aît sous un aspect tout<br />

différent.<br />

Sans doute, la dou<strong>le</strong>ur est encore <strong>par</strong>tout mais la dou<strong>le</strong>ur<br />

permanente n'est plus. Il n'y a plus de catastrophes<br />

tota<strong>le</strong>s. <strong>De</strong> même qu'il n'y a pas d'anéantissement, il n'y a<br />

pas de mal absolu dans l'évolution palingénésique. Il y a<br />

de m<strong>au</strong>vaises vies, comme dans une vie isolée il y a de<br />

m<strong>au</strong>vais jours mais, somme toute, <strong>le</strong>s contingences heu-


-332 DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

reuses ou malheureuses s'équilibrent dans l'ensemb<strong>le</strong> et<br />

sont sensib<strong>le</strong>ment éga<strong>le</strong>s pour tous.<br />

Dès lors, on comprend <strong>le</strong> pourquoi et <strong>le</strong> comment du mal.<br />

Le mal n'est pas <strong>le</strong> résultat de la volonté, de l'impuissance<br />

ou de l'imprévoyance d'un créateur responsab<strong>le</strong>.<br />

Le.mal n'est pas davantage <strong>le</strong> résultat d'une déchéance.<br />

Le mal est<br />

l'accompagnement inévitab<strong>le</strong> de l'éveil de la<br />

conscience. L'effort nécessaire pour <strong>le</strong> passage de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong>e<br />

<strong>au</strong> <strong>conscient</strong> ne peut pas ne pas être douloureux,<br />

Chaos, tâtonnements, luttes, souffrances tout cela est<br />

la conséquence de l'ignorance primitive et de l'effort pour<br />

en<br />

sortir.<br />

L'évolution n'est que la constatation de ces tâtonnements,<br />

de ces luttes, de ces souffrances. Mais si el<strong>le</strong> a sa base<br />

dans l'inconscience, l'ignorance et <strong>le</strong> mal, el<strong>le</strong> a son sommet<br />

dans la lumière, <strong>le</strong> savoir, <strong>le</strong> bonheur.<br />

Le mal, en un mot, n'est que la mesure de l'infériorité<br />

des êtres et des mondes. Il est, dans <strong>le</strong>s phases inférieures<br />

de <strong>le</strong>ur évolution, la rançon de ce bien suprême l'acquisition<br />

de la conscience.<br />

Le mal n'ayant qu'un caractère essentiel<strong>le</strong>ment provisoire,<br />

il n'est pas diffici<strong>le</strong> de se faire une idée de ce que<br />

sera <strong>le</strong> bien futur, réalisé dans <strong>le</strong>s phases supérieures de<br />

l'évolution.<br />

Tout d'abord, <strong>au</strong>ra dis<strong>par</strong>u l'idée de l'anéantissement.<br />

On ne craindra plus la mort, ni pour <strong>le</strong>s siens, ni pour soi.<br />

On l'envisagera comme <strong>au</strong>jourd'hui on envisage <strong>le</strong> repos<br />

de la fin de la journée, c'est-à-dire comme une simp<strong>le</strong><br />

condition, d'ail<strong>le</strong>urs bienfaisante, de l'activité du <strong>le</strong>ndemain.<br />

On n'<strong>au</strong>ra d'ail<strong>le</strong>urs, nul<strong>le</strong> raison de désirer sa venue<br />

prématurée, car la vie sera marquée <strong>par</strong> une large prédominance<br />

d'événements heureux, et une grande raréfaction<br />

des occasions de souffrance.


RÉALISATION DU SOUVERAIN BIEN 333<br />

La maladie sera vaincue <strong>le</strong>s accidents exceptionnels.<br />

La vieil<strong>le</strong>sse, retardée, ne sera plus la hideuse dévastatrice,<br />

empoisonnant l'existence de ses tares ou de ses infirmités.<br />

Au lieu de commencer ses ravages, comme maintenant,<br />

avant même la maturité, el<strong>le</strong> ne surviendra que dans <strong>le</strong>s<br />

dernières années, laissant à l'homme, jusqu'<strong>au</strong> bout, ses<br />

forces physiques et intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s, sa santé et son enthousiasme.<br />

L'organisme se sera, <strong>au</strong> fur et à mesure du développement<br />

<strong>conscient</strong>iel, sinon transformé, du moins perfectionné<br />

et idéalisé. Le type de be<strong>au</strong>té physique sera la règ<strong>le</strong>, avec<br />

une variété infinie empêchant toute monotonie.<br />

Les c<strong>au</strong>ses de souffrance, dues à la nature, <strong>au</strong>x nécessités<br />

vita<strong>le</strong>s et physiologiques, à un état social et humain<br />

encore digne des s<strong>au</strong>vages, seront très atténuées, grâce<br />

<strong>au</strong>x progrès de tout ordre.<br />

Les souffrances mora<strong>le</strong>s <strong>au</strong>ront, el<strong>le</strong>s-mêmes, diminué<br />

de fréquence et d'importance. On conçoit mal, dans une<br />

humanité évoluée, <strong>le</strong>s peines sans nombre dues <strong>au</strong>jourd'hui<br />

à la haine, à la jalousie, à l'amour. On ne conçoit plus<br />

l'amour comme <strong>au</strong>tre chose que ce qu'il devrait être une<br />

source de joies alors qu'il est actuel<strong>le</strong>ment la grande<br />

c<strong>au</strong>se de souffrances et trop souvent assimilab<strong>le</strong> à la pire<br />

des maladies menta<strong>le</strong>s<br />

Les souffrances qu'on peut appe<strong>le</strong>r d'ordre philosophique,<br />

enfin, dis<strong>par</strong>aîtront <strong>par</strong> <strong>le</strong> seul fait que l'humanité <strong>au</strong>ra<br />

des choses, de la destinée et de la fin de l'univers, de sa<br />

propre destinée et de sa propre fin, une vision nette, préeise<br />

et vraie.<br />

En même temps que la diminution et la raréfaction des<br />

c<strong>au</strong>ses de souffrance, se manifestera, naturel<strong>le</strong>ment et nécessairement,<br />

un accroissement corrélatif des c<strong>au</strong>ses-de<br />

joie.<br />

Le développement intuitif et <strong>conscient</strong>iel, psychique et<br />

métapsychique, esthétique et moral décup<strong>le</strong>ront <strong>le</strong>s émo-


334 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AC <strong>conscient</strong><br />

tions heureuses ils fendront possib<strong>le</strong> et certaine une moisson<br />

de bonheur encore insoupçonnée.<br />

La réalisation du souverain bien, en un mot, accompagnera,<br />

nécessairement et inévitab<strong>le</strong>ment la réalisation de<br />

la souveraine conscience et de la souveraine justice.


CONCLUSION.<br />

Si, maintenant, <strong>au</strong> terme de notre tâche, nous jetons<br />

coup d'œil d'ensemb<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> chemin <strong>par</strong>couru,<br />

nous<br />

un<br />

trouvons<br />

une raison majeure de croire à la fois <strong>au</strong> sens optimiste<br />

de l'univers et à la vérité de l'interprétation,<br />

dans<br />

ses grandes lignes, que<br />

Une seu<strong>le</strong> hypothèse,<br />

nous en avons donnée.<br />

cel<strong>le</strong> du dynamo-psychisme<br />

essentiel<br />

s'objectivant en représentations<br />

et passant, de <strong>par</strong> ces<br />

représentations, de <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> <strong>au</strong> <strong>conscient</strong>, nous suffit<br />

pour tout<br />

comprendre,<br />

dans la seu<strong>le</strong> limite de nos facultés<br />

actuel<strong>le</strong>ment<br />

réalisées.<br />

Considérons ce que permet<br />

cette hypothèse<br />

En physiologie, el<strong>le</strong> rend compte, <strong>par</strong> la notion<br />

précise<br />

et démontrée d'un dynamisme centralisateur et directeur,<br />

de l'édification de<br />

l'organisme,<br />

de sa forme spécifique, de<br />

son fonctionnement, de son maintien, de ses ré<strong>par</strong>ations,<br />

de ses métamorphoses embryonnaires, des lois de l'hérédité,<br />

des actions dynamiques extra-corporel<strong>le</strong>s, des phénomènes<br />

d'extériorisation, des matérialisations ioéoplastiques.<br />

En PSYCHOLOGIE, <strong>par</strong> la démonstration d'un psychisme<br />

supérieur indépendant du fonctionnement cérébral et la<br />

distinction du moi d'avec <strong>le</strong>s états de conscience, el<strong>le</strong> interprète<br />

clairement la comp<strong>le</strong>xité du mental, <strong>le</strong>s différenciations<br />

entre la conscience et la subsconscience"; explique<br />

toutes ces énigmes dissociations de la personnalité, modalités<br />

du psychisme sub<strong>conscient</strong>, inneité, cryptopsychie,<br />

cryptomnésie, inspiration, génie, instinct et intuition. El<strong>le</strong><br />

interprète l'hypnotisme, <strong>le</strong> supranormal, <strong>le</strong> médiumnisme,<br />

<strong>le</strong>s actions menta-menta<strong>le</strong>s, la télépathie et la lucidité. El<strong>le</strong><br />

donne même la clé des états névropathiques et de la folie


336 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

essentiel<strong>le</strong>, états dont la pathogénie était restée l'opprobrede<br />

la médecine.<br />

En SCIENCES NATURELLES, el<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> <strong>le</strong> facteur essentiel<br />

et primordial de l'évolution et remet à <strong>le</strong>ur place exacte <strong>le</strong>s<br />

facteurs classiques d'adaptation 'et de sé<strong>le</strong>ction. El<strong>le</strong> fait<br />

comprendre l'origine des espèces et dégage <strong>le</strong>s lois de la<br />

finalité naturel<strong>le</strong>, de la finalité acquise.<br />

En philosophie, enfin, el<strong>le</strong> donne de l'univers et de l'individu,<br />

de <strong>le</strong>ur destinée et de <strong>le</strong>ur fin, une interprétation<br />

adéquate à tous <strong>le</strong>s faits débarrassée du verbalisme et des<br />

abstractions. El<strong>le</strong> éb<strong>au</strong>che la démonstration précise de la<br />

grande hypothèse métaphysique sur la nature des choses.<br />

El<strong>le</strong> apporte <strong>au</strong> problème du mal, pierre d'achoppement<br />

'de toutes <strong>le</strong>s théologies, une solution à la fois très simp<strong>le</strong>,<br />

très claire et <strong>par</strong>faitement satisfaisante.<br />

En révélant à l'individu la raison de ses souffrances, el<strong>le</strong><br />

lui confirme la légitimité de ses espérances de justice et de<br />

bonheur et lui en affirme la réalisation dans <strong>le</strong> développement<br />

indéfini de la conscience éternel<strong>le</strong>.<br />

Sans doute, dans toutes ces explications et démonstrations,<br />

il ne f<strong>au</strong>t chercher encore que <strong>le</strong>s grandes lignes,<br />

ne voir qu'une synthèse d'ensemb<strong>le</strong>. Une immense quantité<br />

de détails restent à connaître. Un formidab<strong>le</strong> travail d'analyse<br />

est tout entier à exécuter. Mais ce travail, qui semblait<br />

jusqu'à présent dépasser <strong>le</strong>s forces humaines, sera<br />

facilité désormais <strong>par</strong> l'idée généra<strong>le</strong>.<br />

La doctrine de l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient, sa systématisation<br />

bien établie sera <strong>le</strong> fil d'Ariane, guide ténu, mais<br />

subtil<br />

et sûr.<br />

Sans doute surtout, il reste à élucider <strong>le</strong>s grandes énigmes<br />

de la métaphysique mais dès maintenant, du moins,<br />

l'illusion de l'inconnaissab<strong>le</strong> est dissipée.<br />

L'esprit humain connaît ses faib<strong>le</strong>sses actuel<strong>le</strong>s, mais il<br />

sait <strong>au</strong>ssi, désormais, ses potentialités. Il ne cherchera plus<br />

la réponse à ces grandes énigmes dans une intuition, for-


CONCLUSIONS 337<br />

-cément. limitée et faillib<strong>le</strong>, ni dans de puéri<strong>le</strong>s<br />

« initiations »<br />

ni dans des dogmes surannés. Il attend tout du développement<br />

ininterrompu de la conscience. Il sait qu'il viendra<br />

un temps où cette conscience, suffisamment vaste, sera capab<strong>le</strong>,<br />

dans un effort suprême, de briser toutes <strong>le</strong>s limitations<br />

d'atteindre même l'inaccessib<strong>le</strong>, de comprendre même<br />

l'incompréhensib<strong>le</strong> la chose en soi l'infini Dieu.<br />

En attendant et dès maintenant, l'esprit humain peut<br />

trouver, dans l'éb<strong>au</strong>che de la philosophie scientifique, une<br />

satisfaction qu'il n'avait pas encore connue, <strong>par</strong>ce que cette<br />

éb<strong>au</strong>che décou<strong>le</strong> d'un calcul de pro6abilité basé sur tous <strong>le</strong>s<br />

laits en accord avec tous <strong>le</strong>s laits.<br />

Il semb<strong>le</strong> impossib<strong>le</strong> qu'une erreur généra<strong>le</strong> soit <strong>le</strong> résultat<br />

de l'accord de tant de faits que la conclusion soit<br />

f<strong>au</strong>sse alors que tous <strong>le</strong>s prémisses sur <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s el<strong>le</strong> repose<br />

sont bien établis et irréfutab<strong>le</strong>s.<br />

Comme l'a écrit Schopenh<strong>au</strong>er<br />

« Le déchiffrement du<br />

monde dans ses rapports à ce qui y ap<strong>par</strong>aît doit trouver<br />

sa confirmation en lui-même, dans l'unité qu'il établit entre<br />

<strong>le</strong>s phénomènes si divers de la nature, unité qu'on n'apercevrait<br />

pas sans lui. Lorsqu'on se trouve en présence d'une<br />

écriture dont l'alphabet est inconnu, on poursuit <strong>le</strong>s essais<br />

d'explications jusqu'à ce qu'on soit arrivé à une combinaison<br />

donnant des mots intelligib<strong>le</strong>s et des phrases cohérentes.<br />

Alors <strong>au</strong>cun doute ne demeure sur l'exactitude du<br />

déchiffrement car il n'est pas possib<strong>le</strong> d'admettre que<br />

l'unité établie entre tous <strong>le</strong>s signes de l'écriture soit l'œuvre<br />

du pur hasard et qu'el<strong>le</strong> pût être réalisée en donnant <strong>au</strong>x<br />

diverses <strong>le</strong>ttres une va<strong>le</strong>ur toute <strong>au</strong>tre. D'une manière analogue,<br />

<strong>le</strong> déchiffrement du monde doit porter sa confirmation<br />

en lui-même. Il doit répandre une lumière éga<strong>le</strong> sur<br />

tous <strong>le</strong>s phénomènes du monde et accorder ensemb<strong>le</strong> même<br />

<strong>le</strong>s plus hétérogènes, de sorte que toute opposition dis<strong>par</strong>aisse<br />

entre <strong>le</strong>s plus divers. Cette confirmation intrinsèque<br />

est <strong>le</strong> critérium de l'interprétation ».


338 DE <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> AU CONSCIENT<br />

Comme Schopenh<strong>au</strong>er, nous réclamons, pour notre œu-<br />

.» vre, l'épreuve de ce critérium. Qu'est-el<strong>le</strong>, en effet, notre<br />

œuvre, sinon la suite logique de la sienne, son adaptation<br />

à tous <strong>le</strong>s faits nouve<strong>au</strong>x Nous n'avons rien changé<br />

d'essentiel à sa philosophie nous lui apportons simp<strong>le</strong>ment<br />

l'éb<strong>au</strong>che d'terae démonstration scientilique de sa vérité<br />

et nous lui offrons son complément naturel une réforme<br />

idéaliste imposée <strong>par</strong> <strong>le</strong>s découvertes contemporaines.<br />

Ainsi compris, notre livre « <strong>De</strong> l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Cunscient»<br />

ne pouvait être qu'un plan et ce plan devra subir<br />

bien des retouches, être peu à peu mis <strong>au</strong> point et complété.<br />

Mais son mérite est d'indiquer, de laisser entrevoir, du<br />

moins, ce que sera un jour, une fois <strong>par</strong>achevé, <strong>le</strong> monwment<br />

de la philosophie scientifique, la justesse de ses proportions,<br />

l'harmonie de son ensemb<strong>le</strong> et sa be<strong>au</strong>té.<br />

Cette be<strong>au</strong>té, cette harmonie, symbo<strong>le</strong>s de vérité, promettent<br />

plus qu'une satisfaction de l'esprit et du cœur, comportent<br />

plus qu'une émotion scientifique ou métaphysique<br />

une émotion profondément et intensément religieuse, dans<br />

toute la force et la bonne signification du terme.<br />

« La religion <strong>par</strong>ticulière <strong>au</strong>x philosophes, a écrit Averrhoes,<br />

est d'.étudier ce qui est car <strong>le</strong> culte <strong>le</strong> plus sublime<br />

qu'on puisse 'rendre à Dieu est la connaissance de ses œuvres,<br />

laquel<strong>le</strong> nous conduit à <strong>le</strong> connaître lui-même dans<br />

toute sa réalité. C'est là, <strong>au</strong>x yeux de Dieu, la plus nob<strong>le</strong><br />

des actions, tandis que l'action la plus vi<strong>le</strong> est de taxer<br />

d'erreur et de vaine présomption celui qui rend à la divinité<br />

ce culte plus nob<strong>le</strong> que tous <strong>le</strong>s <strong>au</strong>tres cultes qui l'adore<br />

<strong>par</strong> cette religion, la meil<strong>le</strong>ure de toutes <strong>le</strong>s religions.<br />

Sous l'égide de ces bel<strong>le</strong>s <strong>par</strong>o<strong>le</strong>s, je présente avec confiance<br />

mon livre, à titre égal, <strong>au</strong>x croyants,,<strong>au</strong>x philosophes<br />

et <strong>au</strong>x savants.<br />

Il s'adresse, en effet, <strong>par</strong> dessus <strong>le</strong>s divergences d'opinions<br />

ou de méthodes, à tous ceux qui ont <strong>au</strong> cœur <strong>le</strong> culte<br />

de l'Idéal.<br />

Taourirt-Paiïs 1915-1918.


TABLE DES MATIERES<br />

Préface But et méthode 1<br />

Pages<br />

LIVRE<br />

PREMIER<br />

L'UNIVERS ET L'INDIVIDU D'APRES LES THÉORIES<br />

SCIENTIFIQUES ET PHILOSOPHIQUES CLASSIQUES.<br />

ETUDE CRITIQUE 1<br />

PREMIÈRE<br />

PARTIE.<br />

LES THÉORIES NATURALISTES CLASSIQUES DE L'ÉVO-<br />

LUTION 5<br />

Auant-propos 5<br />

CHAPITRE PREMIER. Les facteurs classiques<br />

sont impuissants à faire comprendre l'origine<br />

méme des espèces 9<br />

CHAPITRE II. Les facteurs classiques sont impuissants<br />

à faire comprendre l'origine des instincts<br />

19<br />

CHAPITRE III. Les facteurs classiques sont incapab<strong>le</strong>s<br />

d'expliquer <strong>le</strong>s transformations brusques<br />

créatrices des nouuel<strong>le</strong>s espèces 24<br />

CHAPITRE IV. Les facteurs classiques sont incapab<strong>le</strong>s<br />

d'expliquer la « cristallisation » immédiate<br />

et définitive des caractères essentiels<br />

des nouvel<strong>le</strong>s espèces 28<br />

CHAPITRE y. Le témoignage de l'insecte 30<br />

CHAPITRE VI. Les facteurs classiques, sont im-


340 TABLE DES MATIÈRES<br />

puissants à résoudre la dil$iculté généra<strong>le</strong><br />

d'ordre philosophique relative à l'évolution<br />

gcci, du simp<strong>le</strong> lait sortir <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe et du<br />

rnoiris fait sortir <strong>le</strong> plus. 33<br />

DEUXIÈME<br />

<strong>par</strong>tie.<br />

LES GONCEPTIONS CLASSIQUES DE l 'individualité<br />

physiologique ET psychologique 35<br />

Avanl-propos 37<br />

Chapitre premier. L'individualité physiologique<br />

41<br />

Paragraphe premier. Difficultés relatives à<br />

la conception polyzoïste 'U<br />

Parag. 2. Difficultés relatives à la forme spécifique,<br />

ù l'édification, <strong>au</strong> maintien et <strong>au</strong>x ré<strong>par</strong>ut.ions<br />

de la personnalité i2<br />

Parag. 3. Le problème des métamorphoses<br />

embryonnaires et posl-embryonnaires 4R<br />

Parag. 4. L'histolyse de l'insecte 49<br />

Chapitre IL Le problème de la physiologie<br />

dite supiwxormo<strong>le</strong> 52<br />

PAMAG. 1. Les matérialisations 52<br />

Parag. 2. L'unité t<strong>le</strong> substance organique 65<br />

Parag. 3. L'évidence d'un dynamisme supérieur<br />

67<br />

PAHAG. 4. Conditionnement du dynamisme<br />

<strong>par</strong> l'idée 68<br />

Parag. 5. Les modalités secondaires de la<br />

physiologie supranorlna<strong>le</strong> 71<br />

PAftAG. 6. Conception classique et conception<br />

nouvel<strong>le</strong> de l'individu pllysiologiclue. Résumé 74<br />

Chapitre III. L'individualité psychologique 77


TABLE DES MATIÈRES 341<br />

PARAG. 1. Le moi considéré comme synthèse<br />

d'états de conscience 77<br />

Parag. 2. Le moi considéré comme produit<br />

de fonctionnement, du système nerveux. Para)-<br />

lélisme psycho-physiologique<br />

Parag. 3. Faits de In psychologie norma<strong>le</strong><br />

en contradiction avec la thèse du <strong>par</strong>allélisme si<br />

80<br />

CHAPITRE IV. La psychologie sub<strong>conscient</strong> e 87<br />

PARAG. 1. La cryptopsychie 87<br />

PARAG. 2. La cryptomnésic 92<br />

Parag. 3. Les altérations de la personnalité 98<br />

Chapitre V. Le subc.on.scic.nl dil sttprnnorrnal 99<br />

Parag. 1. La psychologie supranorma<strong>le</strong> con-<br />

.dit.ionne la physiologie supranorma<strong>le</strong> 99<br />

Parag. 2. Les actions mento-menta<strong>le</strong>s 99<br />

PARAC. 3. La lucidité 102<br />

Parag. 4. Les phénomènes spiriloïdes 104<br />

CHAPITRE VF. Les théorics classiques du sufr<strong>conscient</strong><br />

106<br />

Théories physiologiques<br />

Parag. 1 Théorie de l'<strong>au</strong>tomatisme 106 •<br />

PARAG. 2. Théorie de In morbidité 111<br />

Théories psychologiques<br />

Parac. 3. Pétitions de principe 11.6<br />

Parag. 4. Disjonrlions artificiel<strong>le</strong>s et explications<br />

verba<strong>le</strong>s 118<br />

Parag. 5. Théorie du Prof. Jnslrow 122<br />

PARA. 6. Théorie de NI, Ribol 124<br />

PARAG. 7. Conclusions de l'examen de la psycho-physiologie<br />

classique 125<br />

CHAPITRE VÎT. Les inductions psychologiques<br />

rationnel<strong>le</strong>s basées sur <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> 127


342 TABLE DES MATIÈRES<br />

PARAG. 1. Le sub<strong>conscient</strong> est l'essence même<br />

de la psychologie individuel<strong>le</strong> 127<br />

PARAG. 2. L'impuissance de la psychologie<br />

classique en face de la cryptopsychie et de<br />

la cryptomnésie<br />

PARAG. 3. Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong><br />

129<br />

sub<strong>conscient</strong>, d'une <strong>par</strong>t, l'état de développement<br />

du cerve<strong>au</strong>, l'hérédité et <strong>le</strong>s acquisitions<br />

d'ordre sensoriel ou intel<strong>le</strong>ctuel, d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t 134<br />

PARAG. 4. Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong>s<br />

manifestations du sub<strong>conscient</strong> et l'activité<br />

du<br />

cerve<strong>au</strong><br />

PARAG. 5. Absence de <strong>par</strong>allélisme entre la<br />

cryptomnésie et la physiologie cérébra<strong>le</strong> 138<br />

PARAG. 6. Absence de localisations cérébra<strong>le</strong>s<br />

pour <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> 139<br />

PARAG. 7. Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong><br />

sub<strong>conscient</strong> et <strong>le</strong>s capacités .organiques ou<br />

sensoriel<strong>le</strong>s 139<br />

PARAG. 8. Impossibilité du <strong>par</strong>allélisme entre<br />

<strong>le</strong>s capacités organiques et <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

supranormal 140<br />

PARAG. 9. Le sub<strong>conscient</strong>, loin d'être conditionné<br />

<strong>par</strong> l'organisme déborde de <strong>par</strong>tout ses<br />

capacités et <strong>le</strong> conditionne entièrement 142<br />

PARAG. 10. Conclusions généra<strong>le</strong>s de la psycho-physiologie<br />

rationnel<strong>le</strong> 143<br />

TROISIÈME<br />

PARTIE.<br />

LES THÉORIES PHILOSOPHIQUES de L'ÉVOLUTION 1 45<br />

Avant-propos. 1.47<br />

CHAPITRE PREMIER. L'évolutionnisme providentiel<br />

et dogmatique 151<br />

PARAG. 1. Tentatives de conciliation de l'évo-


TABLE DES MATIÈRES 343<br />

lutionnisme avec l'idée providentiel<strong>le</strong> et dogmatique.<br />

1.51<br />

PARAG. 2. Objection basée sur <strong>le</strong>s erreurs et<br />

<strong>le</strong>s tâtonnements constatés dans l'évolution 153.<br />

PARAG. 3. Objection basée sur la constatation<br />

du mal universel 155<br />

PARAG. 4. Le 162<br />

CHAPITRE II. Le monisme 165<br />

CHAPITRE III. L'évolution créatrice de M.<br />

Bergson<br />

169<br />

PARAG. 1. Exposé des théories bergsoniennes.<br />

169<br />

PARAG. 2. Critique des théories bergsonien-<br />

PARAG. 3. Enseignements bergsoniens en<br />

concordance avec <strong>le</strong>s faits 184<br />

PARAG. 4. Enseignements indémontrab<strong>le</strong>s ou<br />

PARAG. 5. Contradictions et imprécisions 186<br />

PARAG. 6. Enseignements contraires à des<br />

faits bien établis 188<br />

Les faits de psychologie sub<strong>conscient</strong>e prou;<br />

vent, contrairement <strong>au</strong>x théories bergsoniennes,<br />

l'identité de nature entre l'animal et<br />

l'homme 188<br />

180<br />

185<br />

CHAPITRE IV.- La philosoph.ie de l'In.<strong>conscient</strong>.<br />

Exposé général. 196<br />

PARAG. 1. La démonstration de Schopenh<strong>au</strong>er 197<br />

PARAG. 2. Le pessimisme de 202<br />

PARAG. 3. La systématisation de de Hartmann 204<br />

PARAG. 4. Critique de la distinction spécifique<br />

entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong> <strong>conscient</strong> 206


344 TABLE DES MATIÈRES<br />

LIVRE<br />

il<br />

DE l'In<strong>conscient</strong> AU Conscient<br />

Avant-propos<br />

21.1<br />

PREMIÈRE<br />

PARTIE.<br />

L'ÉVOLUTION INDIVIDUELLE. LE PASSAGE DE l'In-<br />

CONSCIENT AU CONSCIENT DANS L'lXO[Vlni: J7<br />

CHAPITRE premier. L'individu conçu comme<br />

dynamo-psychisme, essentiel ci comme represensati,ons<br />

219<br />

Parag. 1. Les bases scientifiques r<strong>le</strong> cette<br />

conception.<br />

PARAG. 2. L'individu considéré comme représentations<br />

Parag. 3. Le moi considéré comme dynamopsychisme<br />

essentie) 225<br />

Chapitre II. Le<br />

dynamo-psychisme<br />

essentiel<br />

passe, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s représentations évolutives, de<br />

l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient 299<br />

PARAG. 1. Le <strong>conscient</strong> et <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> s'interpénètrent<br />

et se conditionnent<br />

réciproquement<br />

230<br />

PARAG. 2. Le dynamo-psychisme in<strong>conscient</strong><br />

ou sub<strong>conscient</strong> tend à devenir un dynamopsychisme<br />

<strong>conscient</strong> 231<br />

Chapitre HT. Synthèse de l'individu 236<br />

Parag. 1. Les objectivai ions ou représentations<br />

du dynamo-psychisme individuel, primordia<strong>le</strong>s<br />

et secondaires 236<br />

Paîug. 2. La représentation organique<br />

et<br />

<strong>le</strong><br />

dynamisme vilal 237<br />

PARAC. 3. Les représentations menta<strong>le</strong>s et <strong>le</strong><br />

moi réel 243


ïabLë DES matières 345<br />

PARAG. 4. Inductions métaphysiques<br />

sur l'origine<br />

et l'avenir de l'indivitlualité 247<br />

Chapitre IV. L'interprétation de la psychO'<br />

logie d'après <strong>le</strong>s notions nouvel<strong>le</strong>s.<br />

P<strong>au</strong>ag. 1. Lu psychologie norma<strong>le</strong> 251<br />

Pakac. 2. Lu psychologie anorma<strong>le</strong> 253<br />

Parag. 3. Les états névropalhiques<br />

255<br />

Pakac. 4. Lu neurasthénie 259<br />

Pakac. 5. L'hystérie.<br />

261<br />

Pahag. fi. La folie essentiel<strong>le</strong> 262<br />

l'altnc. 8. Les altérations de la personnalité<br />

265<br />

PARAC. 9. Le travail intel<strong>le</strong>ctuel et ses moualités.<br />

Le<br />

génie<br />

268<br />

Parag. 10. Le supraiionnal<br />

270<br />

PARAG. 11. Le lnécliumnisn-<strong>le</strong> 272<br />

<strong>De</strong>uxième<br />

<strong>par</strong>tie.<br />

L'ÉVOLUTION UNIVERSELLE. LE PASSAGE DE L'IN-<br />

CONSCIENT AU CONSCIENT DANS L* UNIVERS 283<br />

Chapitre premier Parag. 1. L'Univers conçte<br />

comme<br />

dynamo-psychisme essentiel et<br />

comme représentation 285<br />

Pakac. 2. Son évolution n'est que l'acquisition<br />

de la conscience 285<br />

P.yràc. 3. Les lois évolutives. La succession<br />

des espèces. La liltalllé<br />

acquise 286<br />

Chapitre 11. Explication clcs diUicullés évolutives.<br />

Conclusions. 294<br />

Troisième<br />

PARTIE.<br />

Les<br />

conséquences, optimisme ou pessimisme 299<br />

Chapitre premier. Le pessimisme universel


346 TABLE DES MATIÈRES<br />

et sa <strong>par</strong> <strong>le</strong> passade de l'In<strong>conscient</strong><br />

<strong>au</strong> Conscient. 301<br />

CHAPITRE II. Réalisation de la souveraine<br />

conscience 309<br />

CHAPITRE III. Réalisation de la souveraine<br />

justice. 324<br />

CHAPITRE IV. Réalisation du souuerain bien 330<br />

Conclusion 335<br />

Paris. Typ. A. Davï, 52, rue Madame. TéLéphone Saxe 04-19


LIBRAIRIE FÉLIX ALCAN<br />

EXTRAIT DU CATALOGUE<br />

BLONDEL (D' Ch.), docteur ès <strong>le</strong>ttres, agrégé de philosophie. La conscience morbide.<br />

Essai de psycho-pathologie généra<strong>le</strong>.<br />

1914. 1 vol. in-8. 6 fr.<br />

BOIGEY (M.). Introduction à la médecine des passions. 1914. 1 vol. in-16 fr. fi0<br />

DIDE (M.),<br />

médecin en chef des asi<strong>le</strong>s. Les idéalistes passionnés. 1913. 1 vol. in-Ifi.2 2 fr. ,,0<br />

Les Emotions et la Guerre. 1 vol. in-8 5 fr.<br />

DUdAS et MOUTIKR. La dépersonnalisation.<br />

1911. 1 vol. m-ltï 2fr. 50<br />

DUPHAT. L'instabilité menta<strong>le</strong>, essai sur <strong>le</strong>s données de la psyeho-patholoçie. 1899. 1 vol.<br />

in-8 5 fr.<br />

Les c<strong>au</strong>ses socia<strong>le</strong>s de la folie. 1900. 1 vol. in-1'2 •• fr, 50<br />

Le mensonge, édit. ravue. 1 vol. in-16 2 fr. 50<br />

DUKKHKIM iKui.'i, professeur à la Sorhonne. Le suicide. éi1it., (91 i. 1 vol. in-8. 7 fr. 50<br />

GAUSSEN La mélancolie préséni<strong>le</strong>. Etude psychologique et clinique. nul. 1 vu:.<br />

Kr. in-8 7 fr.<br />

GELEY (U'). L'Être sub<strong>conscient</strong>, .1' édition. 1 vol. in-l a fr. r>0<br />

GRASSFT (J.), professeur à la Faculté de médecine de Montpellier. <strong>De</strong>mttous et demiresponsab<strong>le</strong>s.<br />

édit., lVill. 1 vol. in-8 5 fr.<br />

GURNEY, MYEHS et Les hallucinations télépathiques, adaptation de l'anglais<br />

<strong>par</strong> L. Mahilllkb. Préface du Pruf. Ch. Richet. 5' édit., 1!H i. vol, in-8 7 fr. 50<br />

HARTENBEHG. Psychologie des neurasthéniques. 1909. 2° édit., 1 vol. in-16 3 fr. 50<br />

HESNARl) (A.). Les troub<strong>le</strong>s de la personnalité dans <strong>le</strong>s états d'asthénie psychique.<br />

jtwte de psychologie clinique.<br />

Préface (<strong>le</strong> NI. <strong>le</strong> Prof. Hkgis. 1909. 1 vol. ^r. il]-8. 6 fr.<br />

JASTKOW (J.). La Subconscience. Préface de I'. Janet.1 vol. ni-S 7 1 50<br />

LAUVKIERE (E.). Edgar Poe..s'a vie et son (rucre. Elude de psychologie pathologique.<br />

(Couronné <strong>par</strong> l'Académie de médecine.) 1905. 1 vol. in-8 10 tr.<br />

MÀSSELON (R.), médecin adjoint de l'asilo de C<strong>le</strong>rmont. La mélancolie, étude médica<strong>le</strong> et<br />

psychologique. 1906. 1 vol. asi<strong>le</strong>s d'aliénés. La joie passive. Étude î<strong>le</strong> psychologie 4 fr.<br />

logique. Préface de <strong>le</strong> D' (i. Dumas. 1910. 1 vol. in-16, cartonné 4 fr.<br />

MOUTON PRINCE, prof. de pntholoifie du système nerveux à l'Eco<strong>le</strong> de médecine de<br />

u Tufu collège rr, médecin Spécialiste des maladies nerveuses <strong>au</strong>x hôpit<strong>au</strong>x du Boston.<br />

La dissociation d'une personnalité. Étude biographique de psychologie pathologique,<br />

trad. de l'anglais <strong>par</strong> H. Ray et J. RAY. 1911. 1 vol. in-8 10 fr.<br />

La psychologie du Kaiser. Etude de ses sentiments et de aou obsession. 1915. 1 broch.<br />

in-8 0 fr. (il)<br />

ML'IIISIER, professeur à l'Université do Neufchàtel. Les maladies du sentiment religieux<br />

3' édit., 1909. 1 vol. in-1-2 2 fr. 50<br />

MYERS. La personnalité humaine. Sa survivance. Se» manifestations supranormu<strong>le</strong>»,<br />

traduit <strong>par</strong> <strong>le</strong> <strong>Dr</strong> Jankblévitch. 3' édit., 1910. 1 vol. in-8 7 fr. 50<br />

NORDAU (Max). Dégénérescence. 7° édit.. 1909. 2 vol. in-8 17 fr. 50<br />

PASCAL (C.). médecin des asiies publics d'aliénés. La démence précoce. Étude psychologique,<br />

médica<strong>le</strong> et médico-léga<strong>le</strong>. 1911. 1 vnl. in-lfi, <strong>par</strong>t. à rang] 4 fr.<br />

PHI LIPPE et BONCOUR (G.-P<strong>au</strong>l Les anomalies menta<strong>le</strong>s ohé»» éool<strong>le</strong>rs. Élude médicopédagogique.<br />

(Cnurouné <strong>par</strong> l'Institut.)<br />

3" édit., 1913. 1 vol. in-16 2 fr. 50<br />

L'éducation des anorm<strong>au</strong>x. Principes d'éducation<br />

physique, intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, mora<strong>le</strong>. 1910<br />

1 1 vol. in-16 2 fr. 50<br />

RI BOT (Tlv.),<br />

de l'Institut. Les maladies de la mémoire. 25" édit., 1911. 1 vol. in-16. 2fr. 50<br />

Les maladies de la volonté. 3»' édit., 191 i. 1 vol. in-16 2 fr. 50<br />

Les maladies de la personnalité.<br />

16° édit., 1911. 1 vol. in-16 2 fr. 50<br />

ROGUES DE FIJKSAC. L'avarice. essai de psychologie morbide. 1911. 1 vol. in-16. 2fr. 50<br />

SAINT-PAUL (IL). médecin-major de l'armée. Le langage intérieur et <strong>le</strong>s <strong>par</strong>aphas<strong>le</strong>s<br />

(la (oncfion endophasique). 191S. 1 vol. in-8. 5 fr.<br />

SÉRIEUX (P.) et CAPGRAS (J.), médecins en chef des a,i<strong>le</strong>s de la Seine. Les folies. raisonnantes.<br />

Le délire d'interprétation. 1907. vol. in-S fr.<br />

SOLLIKR (P.). Psychologie de l'idiot et de llmbécl<strong>le</strong>. 2" édil., 1901. 1 vol. in-8, avec<br />

planches 5 fr.<br />

Traité International de psychologie pathologique, publié sous la direction du <strong>Dr</strong> A. MAme,<br />

médecin en chef fie l';t«i!e du Villpjnif.<br />

VA\ BltAUANT (\S' Psychologie du vice Infanti<strong>le</strong>, 1910. vol. »r. in-8 3 fr. 50<br />

Voir /lifl'iothi"/>f di' cunlc tipirai <strong>le</strong>, s|ié'\ envoyé sur demande<br />

JOURNAL DE PSYCHOLOGIE NORMALE ET PATHOLOGIQUE<br />

l'iRKa';iwm r>nc.ri-:i:Hs<br />

Pierre JANET, . rinsiitoi, et<br />

Georges<br />

DUMAS<br />

ion Ir en HHI.l. l\tr;iit tuns <strong>le</strong>s deux mois.<br />

ABiNNt:.iK\r (du l"r janvier;. Un un Frari'.e et 14 fr. I,a livraison. 2 fr. 60<br />

•iy)-\9. Conloaimiors. Imj). I'<strong>au</strong>l HRODARD. 4-1').


Préface. - But et méthode<br />

LIVRE PREMIER<br />

L'UNIVERS ET L'INDIVIDU D'APRES LES THEORIES SCIENTIFIQUES ET PHILOSOPHIQUES CLASSIQUES. - ETUDE CRITIQUE<br />

PREMIERE PARTIE.<br />

LES THEORIES NATURALISTES CLASSIQUES DE L'EVOLUTION<br />

Avant-propos<br />

CHAPITRE PREMIER. - Les facteurs classiques sont impuissants à faire comprendre l'origine même des espèces<br />

CHAPITRE II. - Les facteurs classiques sont impuissants à faire comprendre l'origine des instincts<br />

CHAPITRE III. - Les facteurs classiques sont incapab<strong>le</strong>s d'expliquer <strong>le</strong>s transformations brusques créatrices des nouvel<strong>le</strong>s espèces<br />

CHAPITRE IV. - Les facteurs classiques sont incapab<strong>le</strong>s d'expliquer la "cristallisation" immédiate et définitive des caractères essentiels des nouvel<strong>le</strong>s espèces<br />

CHAPITRE V. - Le témoignage de l'insecte<br />

CHAPITRE VI. - Les facteurs classiques sont impuissants à résoudre la difficulté généra<strong>le</strong> d'ordre philosophique relative à l'évolution qui, du simp<strong>le</strong> fait sortir <strong>le</strong> comp<strong>le</strong>xe et<br />

du moins fait sortir <strong>le</strong> plus<br />

DEUXIEME PARTIE.<br />

LES CONCEPTIONS CLASSIQUES DE L'INDIVIDUALITE PHYSIOLOGIQUE ET PSYCHOLOGIQUE<br />

Avant-propos<br />

CHAPITRE PREMIER. - L'individualité physiologique<br />

PARAGRAPHE PREMIER. - Difficultés relatives à la conception polyzoïste<br />

PARAG. 2. - Difficultés relatives à la forme spécifique, à l'édification, <strong>au</strong> maintien et <strong>au</strong>x ré<strong>par</strong>ations de la personnalité<br />

PARAG. 3. - Le problème des métamorphoses embryonnaires et post-embryonnaires<br />

PARAG. 4. - L'histolyse de l'insecte<br />

CHAPITRE II. - Le problème de la physiologie dite supranorma<strong>le</strong><br />

PARAG. 1. - Les matérialisations<br />

PARAG. 2. - L'unité de substance organique<br />

PARAG. 3. - L'évidence d'un dynamisme supérieur<br />

PARAG. 4. - Conditionnement du dynamisme <strong>par</strong> l'idée<br />

PARAG. 5. - Les modalités secondaires de la physiologie supranorma<strong>le</strong><br />

PARAG. 6. - Conception classique et conception nouvel<strong>le</strong> de l'individu physiologique. Résumé<br />

CHAPITRE III. - L'individualité psychologique<br />

PARAG. 1. - Le moi considéré comme synthèse d'états de conscience<br />

PARAG. 2. - Le moi considéré comme produit de fonctionnement du système nerveux. Parallélisme psycho-physiologique<br />

PARAG. 3. - Faits de la psychologie norma<strong>le</strong> en contradiction avec la thèse du <strong>par</strong>allélisme<br />

CHAPITRE IV. - La psychologie sub<strong>conscient</strong>e<br />

PARAG. 1. - La cryptopsychie<br />

PARAG. 2. - La cryptomnésie<br />

PARAG. 3. - Les altérations de la personnalité<br />

CHAPITRE V. - Le sub<strong>conscient</strong> dit supranormal<br />

PARAG. 1. - La psychologie supranorma<strong>le</strong> conditionne la physiologie supranorma<strong>le</strong><br />

PARAG. 2. - Les actions mento-menta<strong>le</strong>s<br />

PARAG. 3. - La lucidité<br />

PARAG. 4. - Les phénomènes spiritoïdes<br />

CHAPITRE VI. - Les théories classiques du sub<strong>conscient</strong><br />

Théories physiologiques<br />

PARAG. 1. - Théorie de l'<strong>au</strong>tomatisme<br />

PARAG. 2. - Théorie de la morbidité<br />

Théories psychologiques<br />

PARAG. 3. - Pétitions de principe<br />

PARAG. 4. - Disjonctions artificiel<strong>le</strong>s et explications verba<strong>le</strong>s<br />

PARAG. 5. - Théorie du Prof. Jastrow<br />

PARA. 6. - Théorie de M. Ribot<br />

PARAG. 7. - Conclusions de l'examen de la psycho-physiologie classique<br />

CHAPITRE VII. - Les inductions psychologiques rationnel<strong>le</strong>s basées sur <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

PARAG. 1. - Le sub<strong>conscient</strong> est l'essence même de la psychologie individuel<strong>le</strong><br />

PARAG. 2. - L'impuissance de la psychologie classique en face de la cryptopsychie et de la cryptomnésie<br />

PARAG. 3. - Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong>, d'une <strong>par</strong>t, l'état de développement du cerve<strong>au</strong>, l'hérédité et <strong>le</strong>s acquisitions d'ordre sensoriel ou intel<strong>le</strong>ctuel,<br />

d'<strong>au</strong>tre <strong>par</strong>t<br />

PARAG. 4. - Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong>s manifestations du sub<strong>conscient</strong> et l'activité du cerve<strong>au</strong><br />

PARAG. 5. - Absence de <strong>par</strong>allélisme entre la cryptomnésie et la physiologie cérébra<strong>le</strong><br />

PARAG. 6. - Absence de localisations cérébra<strong>le</strong>s pour <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong><br />

PARAG. 7. - Absence de <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> et <strong>le</strong>s capacités organiques ou sensoriel<strong>le</strong>s<br />

PARAG. 8. - Impossibilité du <strong>par</strong>allélisme entre <strong>le</strong>s capacités organiques et <strong>le</strong> sub<strong>conscient</strong> supranormal<br />

PARAG. 9. - Le sub<strong>conscient</strong>, loin d'être conditionné <strong>par</strong> l'organisme déborde de <strong>par</strong>tout ses capacités et <strong>le</strong> conditionne entièrement<br />

PARAG. 10. - Conclusions généra<strong>le</strong>s de la psycho-physiologie rationnel<strong>le</strong><br />

TROISIEME PARTIE.<br />

LES THEORIES PHILOSOPHIQUES DE L'EVOLUTION<br />

Avant-propos<br />

CHAPITRE PREMIER. - L'évolutionnisme providentiel et dogmatique<br />

PARAG. 1. - Tentatives de conciliation de l'évolutionnisme avec l'idée providentiel<strong>le</strong> et dogmatique<br />

PARAG. 2. - Objection basée sur <strong>le</strong>s erreurs et <strong>le</strong>s tâtonnements constatés dans l'évolution<br />

PARAG. 3. - Objection basée sur la constatation du mal universel<br />

PARAG. 4. - Le néo-manichéïsme<br />

CHAPITRE II. - Le monisme<br />

CHAPITRE III. - L'évolution créatrice de M. Bergson<br />

PARAG. 1. - Exposé des théories bergsoniennes<br />

PARAG. 2. - Critique des théories bergsoniennes. La méthode<br />

PARAG. 3. - Enseignements bergsoniens en concordance avec <strong>le</strong>s faits<br />

PARAG. 4. - Enseignements indémontrab<strong>le</strong>s ou indémontrés<br />

PARAG. 5. - Contradictions et imprécisions<br />

PARAG. 6. - Enseignements contraires à des faits bien établis<br />

Les faits de psychologie sub<strong>conscient</strong>e prouvent, contrairement <strong>au</strong>x théories bergsoniennes, l'identité de nature entre l'animal et l'homme<br />

CHAPITRE IV. - La philosophie de l'In<strong>conscient</strong>. Exposé général<br />

PARAG. 1. - La démonstration de Schopenh<strong>au</strong>er<br />

PARAG. 2. - Le pessimisme de Schopenh<strong>au</strong>er<br />

PARAG. 3. - La systématisation de de Hartmann<br />

PARAG. 4. - Critique de la distinction spécifique entre <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> et <strong>le</strong> <strong>conscient</strong>


LIVRE II DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT<br />

Avant-propos<br />

PREMIERE PARTIE.<br />

L'EVOLUTION INDIVIDUELLE. LE PASSAGE DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT DANS L'INDIVIDU<br />

CHAPITRE PREMIER. - L'individu conçu comme dynamo-psychisme essentiel et comme représensations<br />

PARAG. 1. - Les bases scientifiques de cette conception<br />

PARAG. 2. - L'individu considéré comme représentations<br />

PARAG. 3. - Le moi considéré comme dynamopsychisme essentiel<br />

CHAPITRE II. - Le dynamo-psychisme essentiel passe, <strong>par</strong> <strong>le</strong>s représentations évolutives de l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient<br />

PARAG. 1. - Le <strong>conscient</strong> et <strong>l'in<strong>conscient</strong></strong> s'interpénètrent et se conditionnent réciproquement<br />

PARAG. 2. - Le dynamo-psychisme in<strong>conscient</strong> ou sub<strong>conscient</strong> tend à devenir un dynamopsychisme <strong>conscient</strong><br />

CHAPITRE III. - Synthèse de l'individu<br />

PARAG. 1. - Les objectivations ou représentations du dynamo-psychisme individuel, primordia<strong>le</strong>s et secondaires<br />

PARAG. 2. - La représentation organique et <strong>le</strong> dynamisme vital<br />

PARAG. 3. - Les représentations menta<strong>le</strong>s et <strong>le</strong> moi réel<br />

PARAG. 4. - Inductions métaphysiques sur l'origine et l'avenir de l'individualité<br />

CHAPITRE IV. - L'interprétation de la psychologie d'après <strong>le</strong>s notions nouvel<strong>le</strong>s<br />

PARAG. 1. - La psychologie norma<strong>le</strong><br />

PARAG. 2. - La psychologie anorma<strong>le</strong><br />

PARAG. 3. - Les états névropathiques<br />

PARAG. 4. - La neurasthénie<br />

PARAG. 5. - L'hystérie<br />

PARAG. 6. - La folie essentiel<strong>le</strong><br />

PARAG. 7. - L'hypnotisme<br />

PARAG. 8. - Les altérations de la personnalité<br />

PARAG. 9. - Le travail intel<strong>le</strong>ctuel et ses modalités. Le génie<br />

PARAG. 10. - Le supranormal<br />

PARAG. 11. - Le médiumnisme<br />

DEUXIEME PARTIE.<br />

L'EVOLUTION UNIVERSELLE. LE PASSAGE DE L'INCONSCIENT AU CONSCIENT DANS L'UNIVERS<br />

CHAPITRE PREMIER: PARAG. 1. - L'Univers conçu comme dynamo-psychisme essentiel et comme représentation<br />

CHAPITRE PREMIER: PARAC. 2. - Son évolution n'est que l'acquisition de la conscience<br />

CHAPITRE PREMIER: PARAG. 3. - Les lois évolutives. La succession des espèces. La finalité acquise<br />

CHAPITRE II. - Explication des difficultés évolutives. Conclusions<br />

TROISIEME PARTIE.<br />

LES CONSEQUENCES, OPTIMISME OU PESSIMISME<br />

CHAPITRE PREMIER. - Le pessimisme universel et sa réfutation <strong>par</strong> <strong>le</strong> passage de l'In<strong>conscient</strong> <strong>au</strong> Conscient<br />

CHAPITRE II. - Réalisation de la souveraine conscience<br />

CHAPITRE III. - Réalisation de la souveraine justice<br />

CHAPITRE IV. - Réalisation du souverain bien<br />

Conclusion

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!