l'espace aquitain - Epsilon - Insee
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Introduction<br />
Aquitaine, terre d’industries<br />
L’image de l’industrie <strong>aquitain</strong>e résulte d’une succession de méconnaissances et d’amalgames. Renvoyée à la métaphore du “désert<br />
industriel” pour son passé le plus reculé, l’Aquitaine passerait de nos jours, sans transition, du statut de région “sous-industrialisée”<br />
à celui de région “post-industrielle”. En outre, l’inclusion de l’industrie <strong>aquitain</strong>e dans les mouvements français<br />
d’industrialisation aurait contribué à renforcer les traits d’une industrie “généraliste”, donc ayant des spécialisations peu affirmées.<br />
Certes, les interactions qui se sont produites avec l’entité nationale ont modelé les orientations régionales, mais les particularités<br />
<strong>aquitain</strong>es n’en sont pas moins avérées.<br />
n L’Aquitaine entraînée par les deux premières révolutions industrielles<br />
On a souvent stigmatisé simultanément l’inexistence d’une conscience régionale et le déficit industriel <strong>aquitain</strong>. Cette faiblesse<br />
constitutive du “fait régional” était mise en relation avec la persistance de rivalités locales -telle celle qui opposait Bordeaux et Pauet<br />
l’habitude de se tourner vers Paris, les témoignages du poids écrasant de la centralisation renforçant l’image d’un espace économique<br />
peu dynamique. Notamment, cette région à dominante rurale se serait tenue à l’écart des grandes révolutions technologiques,<br />
la prévalence de l’esprit de négoce sur l’esprit d’entreprise expliquant la faiblesse de l’atmosphère industrielle.<br />
Il n’est donc pas inutile de rappeler que l’Aquitaine a participé activement à la première révolution industrielle. Ainsi, en dépit de<br />
l’absence de ressources minières, de nombreux foyers industriels émergent dès le début du 19 e siècle en raison des dotations particulières<br />
que recèlent tel ou tel territoire, notamment des forges qui se localisent sur les multiples lieux d’affleurement du minerai et<br />
des industries portuaires telles que l’agroalimentaire, lié à la transformation de produits tropicaux.<br />
Par la suite, l’Aquitaine, qui n’a pas su bénéficier pleinement des retombées de ce premier mouvement, se coule dans les traces de<br />
la seconde révolution industrielle. Ce qui permet de consolider les spécialisations préexistantes, notamment les industries agroalimentaires<br />
portuaires de Bordeaux et de Bayonne, mais aussi de générer des activités nouvelles : industries métallurgiques (fonderies<br />
de Fumel, du Boucau, ateliers de Bordeaux etc.) ; production d’électricité hydraulique ; industrie chimique (exploitation de la<br />
gemme dans les Landes et usines d’engrais à Bordeaux) et industries de biens de consommation (chaussures, habillement, ameublement).<br />
On notera que la Première Guerre mondiale donne une impulsion forte à certaines industries régionales, fournisseuses<br />
de biens d’équipement (chantiers navals ou premiers ateliers d’aéronautique) ou de biens intermédiaires (poudrerie et pétrochimie<br />
bordelaises), en raison de leur éloignement géographique du conflit armé.<br />
L’entre-deux-guerres verra le développement et l’amplification des foyers d’industrialisation précédents, notamment ceux de la filière<br />
agroalimentaire (huileries, farines, traitement de la morue, raffineries de sucre) et de la filière bois (première et deuxième transformations<br />
du bois, industrie papetière et industries utilisatrices de produits connexes comme la chimie), en dépit du coup d’arrêt<br />
brutal apporté par la crise de 1929. Par la suite, l’éloignement géographique du second conflit mondial produira des effets de relance<br />
similaires à ceux du premier conflit, mais le bénéfice sera de courte durée.<br />
n Les Trente Glorieuses : rattrapages et recompositions<br />
- Le triple rattrapage des décennies soixante et soixante-dix<br />
Au cours des années cinquante, l’industrie <strong>aquitain</strong>e marque le pas et donne l’impression de chercher un souffle nouveau. Au sein<br />
de l’Europe, elle fait figure d’une zone d’industrialisation périphérique, notamment parce que ses spécialisations sont pour la plupart<br />
liées à des ressources localisées.<br />
Des perspectives inattendues sont tout d’abord ouvertes par la découverte du gisement d’hydrocarbures de Lacq dont l’exploitation<br />
donne lieu à l’édification progressive d’un grand complexe pétrochimique dans la proximité immédiate des lieux d’extraction. Du<br />
même coup, on conforte les installations de l’agglomération de Bordeaux, notamment par la construction d’une troisième raffinerie<br />
sur la presqu’île d’Ambès. Dès lors, les ingrédients d’une construction industrielle polarisée sont en place, les effets externes dits<br />
“d’agglomération” étant favorisés par l’extension conjointe des marchés et des relations verticales entre entreprises. L’agglomération<br />
de Bordeaux voit ainsi éclore des implantations nouvelles dans les domaines de la chimie, des engrais et des caoutchoucs,<br />
celle de Pau bénéficiant des retombées de l’exploitation des produits connexes dans les domaines de la chimie, de la production<br />
d’énergie et de la fabrication d’aluminium, tandis que Bayonne devient le port exclusif d’expédition du soufre de Lacq.<br />
PERSPECTIVES INDUSTRIELLES 7 DRIRE - INSEE AQUITAINE