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mai:CA 2/05/11 5:18 Page 28<br />

Allons au fond<br />

Pour un anarchisme social<br />

et révolutionnaire<br />

Des camarades d’Argentine nous ont fait parvenir un document annonçant la création d’une Fédération<br />

Anarcho-Communiste d’Argentine (FACA). De cette“ Déclaration de principes”, nous avons extrait<br />

le texte introductif qui nous semble intéressant sur plusieurs points. La réaffirmation de l’anarchisme<br />

comme un courant social et révolutionnaire, l’importance de sa dimension antagoniste et “classiste”<br />

et de la praxis transformatrice dans l’actualité d’un projet politique, une approche du “pouvoir”<br />

comme processus dynamique et comme tissus de relations et, à partir de là, une réflexion sur l’État<br />

et sa relation avec la société, allant au-delà des raccourcis et des vulgates tant marxistes qu’anarchistes<br />

ou encore des élucubrations que nous proposent les diverses “post-politiques” construites exclusivement<br />

sur la problématique du sujet et de la subjectivité. Cela ne signifie évidemment pas que<br />

nous oartageons l’ensemble des positions de ces camarades, en particulier sur la question de l’organisation<br />

(voir texte complet sur le site de l’<strong>OCL</strong>, http://oclibertaire.free.fr/).<br />

[1] Il convient de<br />

noter qu’il y a<br />

actuellement un<br />

débat historiographique<br />

sur<br />

l’incidence de l’anarchisme<br />

et le<br />

début de sa décadence,<br />

débat dans<br />

lequel nous n’entrerons<br />

pas car<br />

peu pertinent<br />

dans le cadre de<br />

ce travail : ce qu’il<br />

faut mettre en évidence<br />

ici, c’est la<br />

présence des anarchistes<br />

dans les<br />

luttes sociales en<br />

Argentine<br />

jusqu’au début<br />

de1930.<br />

[2] Javier Benyó. La<br />

Alianza Obrera<br />

Spartacus. Utopia<br />

Libertaria Ed. Buenos<br />

Aires, 2005.<br />

[3] En Argentine, il<br />

est possible de retracer<br />

la résurgence<br />

de<br />

l’anarchisme à<br />

partir des années<br />

précédant et pendant<br />

la dictature<br />

militaire de 1976 à<br />

travers la reconstruction<br />

effectuée<br />

par Fernando<br />

López Trujillo de<br />

l’expérience du<br />

groupe Resistencia<br />

Libertaria, qui<br />

a subi la violence<br />

du terrorisme d’État<br />

avec pour résultat<br />

la<br />

désarticulation de<br />

l’organisation et<br />

la disparition de<br />

la majorité de ses<br />

membres.<br />

Nous visons un anarchisme<br />

de portée révolutionnaire,<br />

inséré dans les luttes populaires<br />

et en accord avec leur<br />

contexte historique.<br />

Parce que nous croyons en un anarchisme<br />

d’intervention et avec de nouvelles<br />

possibilités d’interpellation<br />

sociale, les pieds plantés bien fermement<br />

sur le contexte dans lequel nous vivons.<br />

Ce dont il s’agit est de nous mettre en<br />

phase avec notre temps, de sauvegarder<br />

le meilleur de notre tradition, dont nous<br />

pensons qu’elle a encore beaucoup à apporter,<br />

mais sans tomber dans le dogmatisme<br />

ou l’orthodoxie. Ancré dans le<br />

présent, soutenu par le passé et avec une<br />

projection dans le futur.<br />

Bien sûr, nous ne partons pas de rien.<br />

Nous partons avec un noyau d’idées, de<br />

principes, de méthodes, de concepts et<br />

des expériences propres de l’anarchisme<br />

qui, comme nous l’avons dit, possèdent<br />

toute actualité et fonctionnalité, nous<br />

servent de guide et de moteurs et qui le<br />

distinguent des autres courants du socialisme.<br />

Nous pouvons entrevoir que, jusqu’à<br />

fin des années 1930, parler d’un mouvement<br />

anarchiste en Argentine se réfère à<br />

un mouvement fortement impliqué dans<br />

les luttes sociales. Divers changements<br />

liés aux nouvelles stratégies du capitalisme<br />

mondial, l’implacable persécution<br />

de l’État et les difficultés d’adaptation<br />

aux temps nouveaux ont éclipsé l’anarchisme.<br />

Depuis lors, il est entré dans un<br />

tunnel de ténèbres[1].<br />

Cependant, comme l’avance Christian<br />

Ferrer «aucune grande idée ne<br />

s’éteint complètement jusqu’aux cendres.<br />

Parfois, elle revient, crépitante, donnant<br />

des éclairs et façonnant ce genre de<br />

nids où les oiseaux se préparent à s’immuniser<br />

du feu»[2]. Ainsi, après plusieurs<br />

décennies d’absence l’anarchisme a<br />

ressurgi[3]. Mais, dans ce renouveau,<br />

Toi, tu n’est pas digne d’être chien,<br />

tu n’es qu’un flic !<br />

Steinlen - La famine<br />

«avec l’étiquette d’anarchisme nous rencontrons<br />

un ensemble d’éléments<br />

hétérogènes et, dans certains cas, incompatibles<br />

; un arc qui va de l’anarchocapitalisme<br />

aux États-Unis, en passant<br />

par les fronts de défense des droits des<br />

animaux, jusqu’à divers groupes antiglobalisation»<br />

[4].<br />

Nous nous basons sur l’idée d’un anarchisme<br />

social et révolutionnaire ; social<br />

parce que, comme le dit Frank Mintz [5]<br />

c’est un anarchisme inséré dans les<br />

luttes populaires avec des possibilités<br />

d’interpellation sociale ; et révolutionnaire<br />

parce que c’est un anarchisme du<br />

conflit et de la rupture avec les institutions<br />

du système existant. Ainsi, nous<br />

cherchons à rompre avec un type d’anarchisme<br />

très en vigueur actuellement qui<br />

se réfère à l’anarchisme seulement<br />

comme style de vie, rompant tout <strong>lien</strong><br />

avec les objectifs de la révolution sociale[6].<br />

Nous reconnaissons l’anarchisme<br />

comme moteur d’une praxis transformatrice<br />

de caractère socialiste libertaire, où<br />

confluent un noyau d’idées, pilier du projet<br />

révolutionnaire. En ce sens, l’anarchisme<br />

est une façon de comprendre et<br />

d’intervenir dans le monde. Lorsque<br />

nous parlons d’anarchisme comme<br />

praxis, nous le faisons en opposition à<br />

des concepts doctrinaires, ou<br />

philosophiques ou autres de ce genre, qui<br />

donnent une idée hermétique et même<br />

dogmatique et anhistorique de ce qui<br />

pour nous représente l’anarchisme.<br />

L’idée de praxis nous donne une vision<br />

dynamique du processus dans lequel interagissent<br />

effectivement une série de<br />

principes idéologiques et théoriques avec<br />

les pratiques même des sujets qui<br />

cherchent la transformation sociale dans<br />

un contexte donné et duquel l’anarchisme<br />

se nourrit. Nous sommes d’accord<br />

avec Castoriadis en cela que «ce que<br />

nous appelons politique révolutionnaire<br />

est une praxis qui se donne pour objet<br />

l’organisation et l’orientation de la société<br />

en vue de l’autonomie de tous et reconnaît<br />

que celle-ci présuppose une<br />

transformation radicale de la société qui<br />

ne sera, à son tour, possible que par le déploiement<br />

de l’activité autonome des<br />

hommes»[7].<br />

SUR LE SYSTÈME<br />

DE DOMINATION CAPITALISTE<br />

Depuis que le monde est monde, les<br />

humains se sont toujours organisés en<br />

société. Les hommes et les femmes de<br />

toutes les époques ont créé différentes<br />

formes de sociabilité, différentes façons<br />

d’organiser le monde social, les différents<br />

systèmes que nous identifions<br />

jusqu’à ce jour comme des systèmes de<br />

domination.<br />

Un système de domination est, selon<br />

notre manière de le comprendre, la façon<br />

par laquelle se représente dans la réalité<br />

concrète, une relation de pouvoir<br />

légitimée qui s’institutionnalise et établit<br />

des formes précises de relation de commandement-obéissance[8].<br />

Il organise de<br />

quelque manière le pouvoir de domination<br />

et également établit, grâce à divers<br />

mécanismes de domination, la possibilité<br />

de sa reproduction, la garantie de sa<br />

permanence et sa durabilité dans le<br />

temps. Un système de domination se<br />

structure à travers des classes antagoniques<br />

: celle qui exploite, domine et opprime<br />

et l’autre qui se trouve sous ces<br />

relations. De ceux qui profitent de cellesci,<br />

il n’y a rien à espérer, ils essaient juste<br />

de conserver, améliorer et reproduire<br />

28<br />

courant alternatif - n°210 - maii 2011

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