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mai:CA 2/05/11 5:18 Page 22<br />

Révoltes arabes<br />

Révolution en Tunisie :<br />

quelques notes à chaud<br />

Les trois articles qui suivent n’ont pas été rédigés par des membres de<br />

l’<strong>OCL</strong> ou des collaborateurs habituels de Courant Alternatif. Ils émanent<br />

de trois camarades avec qui nous sommes en relations, qui<br />

connaissent bien ces pays, y étaient à des moments importants ou s’y<br />

trouvent actuellement.<br />

Même s’ils ce sont des tentatives de décryptage de ces révoltes, ce sont<br />

aussi en premier lieu des témoignages « à chaud » sur ce qui se passe<br />

depuis quelques mois dans les pays d’Afrique du Nord. Ils ont également<br />

l’intérêt d’apporter un éclairage sur les minorités berbères de ces<br />

pays « arabes », approche qui a peu de place aujourd’hui dans la<br />

presse généraliste.<br />

Nous avons jugé important de faire partager ces témoignages et analyses<br />

aux lecteurs de Courant Alternatif, même s’ils peuvent contenir<br />

parfois quelques imprécisions ou raccourcis par manque de recul. Ils<br />

peuvent ouvrir la voie à des échanges intéressants sur ce sujet.<br />

LA RÉVOLUTION EN TUNISIE<br />

ET EN EGYPTE :<br />

DES PROCESSUS SENSIBLEMENT<br />

DIFFÉRENTS<br />

Les observateurs ont tendance à assimiler<br />

les deux révolutions tunisiennes<br />

et égyptiennes et s’appuyant essentiellement<br />

sur les grands rassemblements organisés<br />

à Tunis et au Caire et sur les<br />

slogans politiques répétés lors de ces<br />

manifestations. En réalité certains aspects<br />

de différenciation sont importants<br />

et méritent d’être rappelés pour mieux<br />

explorer les deux processus révolutionnaires<br />

et mieux imaginer les évolutions<br />

possibles sur les moyens et les longs<br />

termes.<br />

Deux moments particuliers démontrent<br />

à eux seuls la différence principale<br />

entre les deux cas. Il s’agit d’une part de<br />

la grande mobilisation des manifestants<br />

le 14 janvier à Tunis et de celle du 25 janvier<br />

au Caire d’autre part. En Tunisie la<br />

grande manifestation du 14 janvier est<br />

venu conclure environ un mois de mobilisations,<br />

manifestations, grèves.., inauguré<br />

à Sidi Bouzid, dans le sud du pays,<br />

par le suicide du jeune diplômé-chômeur<br />

Mohamed Bouazizi qui s’est immolé par<br />

le feu pour protester contre l’absence de<br />

droits, de dignité et de travail. Cette<br />

grande journée de mobilisation s’est terminée<br />

avec le départ du dictateur BeniAli<br />

et a marqué le démarrage d’une phase de<br />

transition qui devrait aboutir le 24 juillet<br />

à l’élection d’une assemblée constituante…<br />

En Egypte l’étape d’accélération du<br />

processus a commencé par la grande<br />

manifestation du 25 janvier organisée au<br />

Caire – place Tahrir – par des militants<br />

politiques majoritairement issus du<br />

« haut » de la classe moyenne et de la<br />

grande bourgeoisie cairote et rejoints ultérieurement<br />

par les centaines de milliers<br />

de personnes issues des classes<br />

« populaires » et ouvrières. Mais il a fallu<br />

attendre le 11 février pour voir Moubarak<br />

quitter le pouvoir donnant le coup d’envoi<br />

à la phase de transition sous l’égide<br />

de l’armée qui a pris en charge les affaires<br />

politiques du pays contrairement à<br />

l’armée tunisienne qui a laissé la direction<br />

du pays aux responsables politiques.<br />

Par contre, deux éléments sont quasiment<br />

identiques dans les deux situations<br />

: d’une part, la révolution a été<br />

« accomplie » par les jeunes sans leaders<br />

et en dehors de toutes structures politiques<br />

partisanes et syndicales et, d’autre<br />

part, les partis politiques de<br />

tendances islamistes ont brillé par leur<br />

absence – totale en Tunisie et relative en<br />

Egypte – et l’absence de leurs slogans habituels.<br />

Ceci est d’autant plus important<br />

à souligner qu’on avait l’habitude d’affirmer<br />

que la jeunesse était massivement<br />

dépolitisée et que les partis « islamistes »<br />

étaient pratiquement les seuls partis politiques<br />

réellement organisés.<br />

LES ASPIRATIONS<br />

DES 2 RÉVOLUTIONS AVEC<br />

L'ISLAM RADICAL :<br />

Y A-T-IL DES CONTRADICTIONS<br />

ET QUELLES SONT-ELLES <br />

Dans les deux cas, on peut faire un<br />

constat quasiment identique : l’absence<br />

de leaders et surtout de discours islamistes<br />

et plus généralement partisans.<br />

L’islam politique a surtout servi pendant<br />

des années (presque 30 ans en Tunisie et<br />

en Egypte) comme alibi dont se sont servies<br />

les dictatures pour justifier l’absence<br />

d’espaces politiques et de réelles démocraties.<br />

En même temps il a servi les intérêts<br />

politiques des pays et puissances<br />

du nord qui ont soutenu des dictatures,<br />

dont Ben Ali et Moubarak au nom de la<br />

sécurité et de la lutte contre le terrorisme<br />

international. Après les attentats de septembre<br />

2001 à New York, Ben Ali et Moubarak<br />

ainsi que nombreux autres<br />

dictateurs ont bénéficié d’une attention<br />

toute particulière et sont devenus des<br />

partenaires dans la guerre contre la<br />

Qaïda. La Tunisie comme l’Egypte ont<br />

aidé la CIA à et l’armée américaine à arrêter<br />

et interroger, avec les méthodes<br />

qu’on connaît, des personnes soupçonnées<br />

et/ou accusées d’appartenance à<br />

des groupes « terroristes ».<br />

Sortis de prison ou rentrés de leurs<br />

exils les militants et leaders islamistes<br />

commencent à s’installer dans le paysage<br />

politique et à tenter d’y occuper un<br />

espace. Ils sont redevenus incontestablement<br />

visibles. Mais faut-il pour autant les<br />

craindre au point de regretter la révolution<br />

et la libéralisation de la vie politique<br />

Plusieurs raisons me pousseraient<br />

à répondre par la négative : a) La révolution<br />

en cours, en Tunisie comme en<br />

Egypte, correspond à de véritables processus<br />

qui bouleversent en profondeur<br />

les règles de jeux et les cartes politiques<br />

et même sociales locales. Sil elle réussit,<br />

la révolution aboutira à un système démocratique<br />

de type libéral avec une<br />

constitution et un ensemble d’institutions<br />

et de mécanismes de nature à empêcher<br />

des dérives de natures<br />

dictatoriales. b) Particulièrement en Tunisie,<br />

mais un peu en Egypte aussi, les<br />

grands mouvements islamistes (Nahda<br />

en Tunisie et frères musulmans en<br />

Egypte) affichent très clairement des projets<br />

modernistes, ouverts sur les droits<br />

humains et correspondant plus au modèle<br />

du NPK Turc qu’à la Qaïda de Ben<br />

Laden. c) Les divers observateurs convergent<br />

pour dire que les courants islamistes<br />

représentent aujourd’hui autour<br />

de 20 % de la population et lors d’élections<br />

démocratiques, ils seraient confinés<br />

autour de ce pourcentage…<br />

Politiquement cela correspond aux poids<br />

des partis d’extrême droite dans les pays<br />

européens dont la France avec le FN de<br />

Marine Le Pen, la Hollande… etc. Avec<br />

20 % des votes, les partis islamistes « modérés<br />

» et légaux auront intérêt à militer<br />

et agir activement contre les franges les<br />

plus radicales de l’islam politique pour<br />

protéger leurs propres intérêts, renforcer<br />

leurs légitimités politiques et consolider<br />

leurs bases sociales…<br />

LES MOBILISATIONS ACTUELLES<br />

ET LEURS REVENDICATIONS.<br />

DONNER SI POSSIBLE<br />

LEURS LIMITES....<br />

Les mobilisations actuelles en Tunisie<br />

comme en Egypte sont de deux sortes. La<br />

première porte très clairement sur la nature<br />

du système politique à mettre en<br />

place : la constitution, les élections, la<br />

22<br />

courant alternatif - n°210 - mai 2011

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