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mai:CA 2/05/11 5:17 Page 18<br />

Répression<br />

« La compréhension des processus<br />

de répression ne doit pas nous empêcher<br />

de voir ce qui fait tenir le système<br />

par ailleurs »<br />

Suite à l’affaire dite de Tarnac (1), Serge Quadruppani s’est interrogé sur les politiques sécuritaires<br />

qu’ont intensifiées les gouvernements successifs, de gauche comme de droite, notamment depuis le<br />

11 septembre 2001, tant au niveau local qu’international (2).<br />

(1) Le 11 novembre<br />

2008, les cagoulés de<br />

la police, notamment<br />

ceux de la<br />

SDAT (Sous-direction<br />

anti terroriste)<br />

investissent le village<br />

de Tarnac en<br />

Corrèze et la ferme<br />

des Goutailloux située<br />

sur cette petite<br />

commune. Dix personnes<br />

sont interpellées<br />

et expédiées<br />

aussitôt à Paris pour<br />

être interrogées<br />

dans les locaux de<br />

la DCRI (Direction<br />

centrale du renseignement<br />

intérieur)<br />

dans le cadre d’une<br />

procédure antiterroriste.<br />

La plupart seront<br />

ensuite<br />

écrouées après plusieurs<br />

jours d’interrogatoire<br />

(procédure<br />

d’exception). Hormis<br />

la faiblesse du<br />

dossier d’accusation<br />

à l’encontre des inculpés,<br />

cette affaire<br />

pose aussi la question<br />

de la définition<br />

même du terrorisme.<br />

En effet cette<br />

procédure concerne<br />

une panne de courant<br />

ayant provoqué<br />

le retard d’un train à<br />

grande vitesse. Bien<br />

sûr cette panne a<br />

été provoquée intentionnellement<br />

et<br />

constitue bien une<br />

infraction. Comment<br />

celle-ci peut<br />

être définie comme<br />

relevant d’un acte<br />

de « terrorisme »<br />

C’est bien une des<br />

questions importantes<br />

de ce dossier,<br />

en dehors même<br />

des personnes incriminées.<br />

La répression est-elle une<br />

des clés de compréhension<br />

de la période actuelle par<br />

les effets désastreux qu’elle<br />

produit, notamment ce<br />

sentiment d’échecs que rencontrent un<br />

grand nombre de résistances actuelles<br />

et le recadrage qui s’opère entre celles<br />

et ceux qui jouent le jeu très limité des<br />

institutions, pouvant devenir ainsi des<br />

appendices de l’Etat et celles et ceux<br />

qui ne le jouant pas risquent la marginalisation<br />

et l’impuissance politique <br />

Le Warfare se serait-il imposé comme<br />

mode de gouvernement sur les cendres<br />

du Welfare Le Welfare, c’était le modèle<br />

de gouvernement de nombreux<br />

pays occidentaux au lendemain de la<br />

deuxième guerre mondiale, une période<br />

de reconstruction et de développement<br />

de la consommation, sur fond<br />

de peur du communisme. La séparation<br />

entre le Bien et le Mal était matérialisée<br />

par le rideau de fer. L’ennemi était visible<br />

depuis un simple mirador de la<br />

Lande de Lüneburg ou des quais de la<br />

Spree à Berlin. Mais voilà, ce modèle du<br />

Welfare s’est épuisé dans les années 70,<br />

dans la foulée de Mai 68, dans une période<br />

où les Partis communistes ne faisaient<br />

plus peur à la classe dirigeante<br />

et qu’ils se révélaient ouvertement<br />

comme des défenseurs du vieux<br />

monde de plus en plus incapables d’encadrer<br />

les nouveaux secteurs de la<br />

classe ouvrière comme les OS qui occupaient<br />

alors une place importante dans<br />

la production. Le Warfare, c’est cet état<br />

de guerre permanent où l’ennemi est<br />

partout et nulle part. Il peut aussi bien<br />

être tapi derrière le comptoir d’une petite<br />

épicerie du Plateau de Millevaches<br />

qu’à l’ombre du minaret d’une mosquée<br />

d’une métropole d’Europe occidentale<br />

ou encore dans les caves d’un<br />

immeuble de quartiers populaires rebaptisés,<br />

« quartier sensible » pour l’occasion.<br />

Ce modèle s’appuie d’une part<br />

sur une industrie puissante, celle de<br />

l’armement et de la sécurité et d’autre<br />

part sur l’idéologie du choc des civilisations.<br />

Il est visible quotidiennement<br />

avec la multiplication des caméras de<br />

vidéosurveillance, la militarisation des<br />

forces de sécurité ou encore le déploiement<br />

de parachutistes dans certaines<br />

gares ou aéroports.<br />

Nous avons discuté de tout cela<br />

avec Serge Quadruppani qui est un observateur<br />

avisé de ces politiques qu’il a<br />

questionnées notamment à travers<br />

trois livres, écrits dans trois périodes<br />

différentes. Dans « Un coupable idéal :<br />

Knobelspiess », il démontait l’accusation<br />

contre Roger Knobelspiess, symbole<br />

de la lutte contre les Quartiers de<br />

haute sécurité, accusé de hold up sur<br />

fond d’acharnement policier et judiciaire<br />

(3). Dans « L’antiterrorisme en<br />

France, ou la terreur intégrée », il questionnait<br />

les méthodes répressives<br />

mises en place par nos gouvernants,<br />

sur fond d’attentats à Paris, liés au<br />

contexte du Moyen Orient mais en fait<br />

la conséquence d’un contentieux commercial<br />

entre la France et l’Iran. Il y<br />

avait aussi dans cette période là, les assassinats<br />

de militants basques par les<br />

barbouzes du GAL (Groupe antiterroriste<br />

de libération) (4). En 2011, il refait<br />

le point sur ce sujet dans son dernier<br />

ouvrage, « La politique de la peur » .<br />

Entre les deux derniers livres, il y a eu le<br />

11 septembre 2001, les détentions arbitraires<br />

et l’usage de la torture assumés<br />

par des gouvernants « décomplexés »,<br />

le discours sur le choc des civilisations<br />

et l’islamophobie qui en découle.<br />

Christophe<br />

18<br />

courant alternatif - n°210 - mai 2011

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