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mai:CA 2/05/11 5:17 Page 13<br />
Environnement<br />
Campagne de l’Agence du tourisme de la Corse pour que les campeurs<br />
soient accueillis comme des amis. Sa précédente campagne :<br />
« Le tourisme, c’est l’affaire de tous ». Commentaire du blog : « Au<br />
moins, les campeurs n’achètent pas nos terres et nos maisons. »<br />
délivrés, confie un responsable du CLI à<br />
Corse-Matin (7 février 2011). Le nombre de<br />
permis accordés tacitement parce qu’ils<br />
n’ont pas reçu de réponse officielle dans<br />
un délai de deux mois ne cesse de croître.<br />
» S’agissant du domaine public maritime<br />
(DPM), les associations n’ont de<br />
plus pas le droit d’ester en justice : c’est<br />
le rôle de l’Etat, mais « de nombreux<br />
contentieux dorment dans les tiroirs »<br />
parce que manque la signature d’un préfet.<br />
C’est pourquoi les associations écolos<br />
s’appuient plutôt sur le tribunal<br />
administratif de Bastia, car celui-ci motive<br />
ses décisions sur la base du Schéma<br />
d’aménagement de la Corse (établi en<br />
1992) qui intègre les dispositions de la loi<br />
littoral.<br />
Par ailleurs, ces associations ne vivent<br />
que de leurs cotisations. Le CLI n’a<br />
quant à lui ni permanent ni locaux ; mais<br />
il bénéficie par ses actions d’un gros retentissement<br />
médiatique régional et national.<br />
Il a notamment fait annuler fin<br />
juillet 2008 par le Conseil d’Etat le permis<br />
de construire accordé au publicitaire<br />
Jacques Séguéla à Cala longa, au sud-est<br />
de Bonifacio, pour une immense villa<br />
avec piscine et terrasse, alors que les travaux<br />
étaient en cours.<br />
… ET LES OFFENSIVES<br />
POUR PASSER OUTRE<br />
En 2008, le collectif défendant la loi<br />
littoral a aussi beaucoup contribué au retrait<br />
du Plan d’aménagement et de développement<br />
durable (Padduc) proposé par<br />
les responsables UMP de la collectivité<br />
territoriale en juillet 2008. Si ce plan avait<br />
été voté, l’île aurait été livrée au tout-tourisme,<br />
car le bétonnage de ses côtes y<br />
était méthodiquement organisé par le laminage<br />
de cette loi. Camille de Rocca<br />
Serra, président de l’Assemblée corse et<br />
maire de Porto-Vecchio, avait déclaré<br />
vouloir « désanctuarister cette île » afin<br />
d’augmenter de 12 à 20 % les surfaces<br />
constructibles le long des côtes. Comme<br />
Ange Santini, président de l’exécutif, et<br />
Jérôme Polverini, président de l’office de<br />
l’environnement de la Corse et maire de<br />
Pianottoli-Cardorelli, il cherchait à déclasser<br />
des terrains familiaux pour y lotir.<br />
Pour parvenir à leurs fins, ces trois élus<br />
de droite avaient usé de multiples stratagèmes<br />
très grossiers qui ont déclenché<br />
un énorme scandale, et une mobilisation<br />
à même hauteur contre leur plan. Un<br />
Front uni contre ce Padduc comprenant<br />
78 membres (1) a élaboré un dossier<br />
rendu public à la mi-septembre 2008<br />
pour « Dire non à ce Padduc contraire aux<br />
intérêts collectifs » ; il a tenu de très<br />
nombreuses réunions publiques partout<br />
dans l’île, fait signer la pétition « Non à<br />
ce Padduc » (16 000 signatures en deux<br />
mois). L’exécutif de la CTC, déjà décrédibilisé<br />
par un budget catastrophique, s’est<br />
ainsi flingué avec son projet de développement<br />
: il l’a payé aux territoriales de<br />
2010. Les élu-e-s nationalistes de la coalition<br />
Unione naziunale (2), qui avaient<br />
donné la majorité absolue à l’UMP en<br />
avril 2004 en votant pour son leader,<br />
l’avaient par ailleurs lâché avant. Edmond<br />
Simeoni, tête de liste de cette coalition<br />
et dirigeant de A Chjama, a même<br />
proposé au collectif anti-Padduc, en mars<br />
2009, d’être son porte-parole à l’Assemblée<br />
territoriale ; et les autonomistes du<br />
Parti de la nation corse (PNC, de Jean-<br />
Christophe Angelini et François Alfonsi)<br />
comme les indépendantistes de Corsica<br />
libera (de Jean-Guy Talamoni) ont développé<br />
à l’approche des territoriales une<br />
argumentation faisant largement écho à<br />
celle d’U Levante en matière d’environnement<br />
(voir l’encadré, pour Corsica libera).<br />
D’où une bonne part de leur succès électoral.<br />
L’indignation populaire suscitée par<br />
le Padduc a obligé l’ensemble de la classe<br />
politique à reconsidérer son discours officiel.<br />
Mais, la terre en bordure de mer valant<br />
désormais de l’or (jusqu’à<br />
29 330 euros l’hectare de terre agricole en<br />
Corse-du-Sud, selon une étude d’Agri<br />
France en 2008), la spéculation foncière<br />
n’en a pas moins continué d’aller bon<br />
train en douce. « La Corse connaît un<br />
grand boom de l’immobilier », titrait Le<br />
Monde le 16 juillet 2009, en expliquant<br />
que pour la seule année 2008 les délivrances<br />
de permis de construire avaient<br />
augmenté de 49,3 %. Et ce quotidien précisait<br />
que si ça construisait partout dans<br />
l’île, d’après les chiffres parvenus aux<br />
deux fédérations départementales du<br />
BTP, près de 50 % des résidences édifiées<br />
dans la région de Porto-Vecchio avaient<br />
été acquises par des non-résidents, notamment<br />
d’origine ita<strong>lien</strong>ne. Paul Romani,<br />
un historien, remarquait :<br />
«D’anciens projets ressortent des cartons,<br />
de grands groupes financiers reviennent,<br />
et on se retrouve dans la même<br />
situation qu’avant [les événements d’]Aleria.<br />
» Entre autres projets : à l’étang de<br />
Diana, site classé sur la plaine orientale,<br />
un grand complexe touristique de 320 logements<br />
; à Prunelli-di-Fiumorbu, 400 appartements<br />
et 2 hôtels dans une zone<br />
(inondable) déclassée sur le littoral.<br />
Supermarchés et chaînes de restauration<br />
rapide se sont également ancrés<br />
en Corse dans ce laps de temps ; et, de<br />
même, compagnies aériennes low cost,<br />
1. Des associations<br />
de tous ordres mais<br />
aussi les organisations<br />
nationalistes,<br />
de nombreux syndicats<br />
– CFDT, FDSEA,<br />
FSU, UNSA, CDJA –,<br />
la Chambre d’agriculture,<br />
l’Union des<br />
Marocains de Corsedu-Sud…<br />
2. Cette liste a rassemblé<br />
la plupart<br />
des formations nationalistes<br />
et autonomistes,<br />
et a<br />
bénéficié entre les<br />
deux tours du soutien<br />
des Verdi corsi.<br />
A propos du site archéologique de Filitosa :<br />
« Fabriqué à Taïwan ».<br />
courant alternatif - n°210 - mai 2011<br />
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