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mai:CA 2/05/11 5:17 Page 12<br />
Environnement<br />
CORSE<br />
Entre spéculation immobilière<br />
et précarité sociale<br />
A la fin de l’année 2008, un Plan d’aménagement et de développement durable concocté par les dirigeants<br />
UMP de la collectivité territoriale et visant à favoriser le tout-tourisme a fait vivre la Corse au<br />
rythme d’une intense mobilisation… contre lui (voir CA n° 185). En a découlé la défaite de ces dirigeants<br />
aux territoriales de 2010 ; et si un radical de gauche est à présent à la tête des hautes instances<br />
insulaires, les grands vainqueurs des urnes sont les autonomistes. Mais la spéculation immobilière<br />
n’en est pas moins passée à la vitesse supérieure dans l’île, tandis que la situation de sa population<br />
ne cessait de se dégrader.<br />
Depuis la loi du 22 janvier<br />
2002 qui a confié aux institutions<br />
territoriales le<br />
pouvoir d’élaborer un plan<br />
d’aménagement fixant les<br />
objectifs du développement économique,<br />
social et culturel de l’île ainsi que ceux<br />
de la préservation de son environnement,<br />
aucun texte n’a pu être voté. Pourtant,<br />
la recette proposée pour<br />
confectionner un tel plan n’a jamais, à<br />
partir des années 60, changé son ingrédient<br />
principal : le tourisme, la différence<br />
entre les forces politiques en présence<br />
portant plutôt sur la sauce pour l’accommoder.<br />
Des analystes continentaux peu<br />
fins opposent couramment un développement<br />
économique que rechercherait la<br />
droite à travers le bétonnage des côtes à<br />
un refus de ce bétonnage qui émanerait<br />
de la gauche. En réalité, non seulement<br />
le classique clivage entre « libéral » et<br />
« social » se situe en Corse ailleurs qu’entre<br />
la droite et la gauche, mais les manœuvres<br />
insidieuses pour contourner les<br />
quelques obstacles empêchant la spéculation<br />
immobilière sont assez largement<br />
partagées.<br />
LES BOUCLIERS<br />
CONTRE LA BALÉARISATION…<br />
Comparés aux rivages de la Côte<br />
d’Azur ou de la Sardaigne, ceux de la<br />
Corse ont été préservés, pour une bonne<br />
part grâce au Conservatoire du littoral,<br />
établissement public créé en 1975 en<br />
France. Celui-ci a en effet pu acheter,<br />
Pour Antoine Giorgi, maire UMP de<br />
Sarra di Ferru, 75 % de résidences<br />
secondaires ne suffisent pas.<br />
« Laissez-moi construire ! » dit la<br />
légende.<br />
quand il en était encore temps, plus de<br />
20 % des 1 000 kilomètres de littoral, faisant<br />
échec aux complexes immobiliers<br />
pharaoniques qui étaient prévus dans les<br />
Agriates, le Sartenais ou la Testa Ventilegne.<br />
La loi littoral, second dispositif protégeant<br />
la Corse du tout-tourisme, a quant<br />
à elle fêté ses vingt-cinq ans en janvier<br />
2011. Elle interdit de construire à moins<br />
de 100 mètres du rivage, en dehors des<br />
zones déjà urbanisées ; et, de même, elle<br />
a permis de délimiter nombre d’espaces<br />
remarquables par leur intérêt écologique<br />
et de les déclarer inconstructibles.<br />
Enfin, les groupes de lutte armée ont<br />
largement contribué par leurs actions,<br />
depuis quarante ans, à empêcher la baléarisation<br />
de la Corse.<br />
Malgré tout, ces trois dernières décennies,<br />
l’urbanisation a explosé un peu<br />
partout dans l’île. Et, depuis cinq ans, la<br />
loi littoral est constamment mise à mal,<br />
notamment par les mairies, qui adoptent<br />
des plans locaux d’urbanisme (PLU) déclassant<br />
certains sites puis délivrent des<br />
permis de construire. C’est cependant en<br />
s’appuyant sur elle que des procès sont<br />
intentés à nombre d’édiles pour les faire<br />
revenir sur leur décision. Les plaignants<br />
sont en général des associations écologistes,<br />
qui sont fréquemment des membres<br />
très actifs du Collectif pour<br />
l’application de la loi littoral (CLI), fondé<br />
en 1998 – en particulier U Levante et<br />
ABCDE (Association bonifacienne comprendre<br />
et défendre l’environnement).<br />
Mais dans ce CLI composé d’une cinquantaine<br />
de groupes figurent aussi des<br />
partis nationalistes – les indépendantistes<br />
de Corsica libera, solidaires des<br />
clandestins ; les autonomistes, critiques<br />
par rapport à la violence, du Partitu di a<br />
nazione corsa (PNC) et de A Chjama naziunale<br />
; les militant-e-s de A Manca (liée<br />
au NPA) et I Verdi corsi ; on y trouve enfin<br />
le PC, le PS, Corse social-démocrate et des<br />
syndicats.<br />
Quoique les personnes défendant<br />
l’environnement soient nombreuses (U<br />
Levante possède 500 adhérents), leur action<br />
est insuffisante. Elle porte pour l’essentiel<br />
sur les PLU et les permis de<br />
construire illicites, et sur les sentiers du<br />
littoral indûment privatisés. « Un PLU sur<br />
deux échappe à notre vigilance, ainsi que<br />
99 % des permis de construire qui sont<br />
12<br />
courant alternatif - n°210 - mai 2011