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Les programmes du CEA

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PA R T I E<br />

1<br />

LES PROGRAMMES DU <strong>CEA</strong><br />

1 / A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE ET RECHERCHES<br />

FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

> Énergie nucléaire de fission<br />

Systèmes in<strong>du</strong>striels nucléaires <strong>du</strong> futur – Réacteurs de 4 e génération<br />

– Optimisation <strong>du</strong> nucléaire in<strong>du</strong>striel actuel – Réacteurs de 2 e<br />

et 3 e générations – Amont et aval <strong>du</strong> cycle – Sûreté nucléaire<br />

– Grands outils pour le développement <strong>du</strong> nucléaire – Assainissement<br />

et démantèlement – Gestion des flux de déchets et des matières<br />

> Énergies renouvelables et nouvelles technologies de l’énergie<br />

Solaire – Véhicules électriques et hybrides – Matériaux innovants<br />

– Hydrogène et piles à combustible – Biocarburants de 2 e et<br />

3 e générations – Réseaux intelligents – Stockage de l’énergie<br />

> Recherche fondamentale sur les énergies bas carbone<br />

Energie de fusion – Recherche sur les relations énergie/climat<br />

et environnement – Chimie et interactions rayonnement-matière<br />

– Radiobiologie – Toxicologie – Recyclage chimique <strong>du</strong> CO 2<br />

P.10/29<br />

1 / B<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ<br />

GLOBALE ET RECHERCHES<br />

DE BASE ASSOCIÉES<br />

> Têtes nucléaires<br />

> Programme Simulation<br />

> Ouverture à la communauté scientifique<br />

des moyens <strong>du</strong> programme Simulation<br />

> Moyens de calcul<br />

> Propulsion nucléaire<br />

> Démantèlement et assainissement<br />

des installations de matières fissiles<br />

> Lutte contre la prolifération et le terrorisme,<br />

sécurité globale<br />

> Défense conventionnelle<br />

> Recherche de base<br />

Physique nucléaire – Physique <strong>du</strong> solide –<br />

Molécules énergétiques – Matériaux<br />

P.30/37<br />

8 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


1 / C<br />

TECHNOLOGIES POUR L’INFORMATION<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

> Micro et nanotechnologies<br />

> Recherche fondamentale en nanosciences<br />

> Télécoms et objets communicants<br />

> Technologies logicielles et ingénierie numérique<br />

P.38/45<br />

1 / D<br />

TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

> Biologie structurale intégrative<br />

> Biologie à grande échelle : génomique, protéomique,<br />

métabolomique<br />

> Imagerie médicale<br />

> Nouvelles stratégies diagnostiques et thérapeutiques<br />

> Recherche fondamentale<br />

P.46/55<br />

1 / E<br />

TRÈS GRANDES<br />

INFRASTRUCTURES<br />

DE RECHERCHE<br />

ET RECHERCHES<br />

FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

P.56/59<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 9


1A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

Temps forts<br />

Décontamination <strong>du</strong> site de Fukushima<br />

Des spécialistes de la Direction de l’énergie nucléaire <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

se sont mobilisés en soutien aux équipes d’Areva pour concevoir<br />

et optimiser un procédé de décontamination des eaux utilisées<br />

pour refroidir les cœurs des réacteurs endommagés <strong>du</strong> site<br />

de Fukushima. Leurs compétences ont permis de proposer<br />

des réactifs chimiques pertinents pour séparer les radionucléides<br />

les plus contaminants et optimiser les conditions de fonctionnement<br />

<strong>du</strong> procédé de traitement. Grâce à l’installation Actiflo-Rad,<br />

un des éléments mis en œuvre sur le site de Fukushima<br />

pour traiter les effluents contaminés, ce sont 190 000 tonnes<br />

d’eaux contaminées qui ont été traitées fin décembre.<br />

10 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Contribuer<br />

à l’indépendance<br />

énergétique<br />

et lutter contre<br />

le réchauffement<br />

climatique.<br />

Parking solaire avec bornes<br />

de recharge pour véhicules<br />

électriques.<br />

Accumulateurs lithium-ion soufre<br />

En complément <strong>du</strong> développement des technologies très<br />

prometteuses de première génération <strong>du</strong> type Li-ion,<br />

le <strong>CEA</strong> s’intéresse depuis plusieurs années à diverses solutions<br />

alternatives (Li/air, Li/soufre, Li-organique, Li-ion aqueux…).<br />

Parmi celles-ci, la technologie lithium/soufre (Li/S) devrait<br />

permettre d’atteindre des densités d’énergie massiques<br />

de l’ordre de 300 à 600 Wh/kg.<br />

<strong>Les</strong> premiers essais de prototypages d’accumulateurs Li/S<br />

de 1 Ah ont pu être réalisés, restituant près de 250 Wh/kg<br />

de cellule, ils intéressent plusieurs in<strong>du</strong>striels.<br />

Pile à combustible : performance<br />

et <strong>du</strong>rabilité d’un assemblage<br />

membrane-électrode<br />

<strong>Les</strong> développements technologiques ont porté sur la diminution<br />

de la quantité de platine (Pt) par kW en vue de diminuer le coût<br />

des piles PEMFC, pour un futur déploiement in<strong>du</strong>striel. Le Liten a<br />

réussi en 2011 à fabriquer des assemblages membrane-électrodes<br />

(AME) de grande surface (220 cm²) avec un chargement de 0,32 g<br />

de Pt/kW à puissance maximum. Un AME a fonctionné dans une<br />

petite pile pendant plus de 200 heures sans perte de performance.<br />

Le Liten a démontré ainsi sa maîtrise, en réalisant des AME de<br />

grande surface très faiblement chargés en platine et performants.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 11


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

ÉNERGIE NUCLÉAIRE DE FISSION<br />

Le <strong>CEA</strong> apporte aux pouvoirs publics et aux in<strong>du</strong>striels les éléments<br />

d’expertise et d’innovation pour le développement d’un nucléaire<br />

<strong>du</strong>rable, sûr et économiquement compétitif. Il con<strong>du</strong>it ses recherches<br />

selon trois axes majeurs : les systèmes nucléaires <strong>du</strong> futur,<br />

l’optimisation <strong>du</strong> nucléaire in<strong>du</strong>striel actuel, et les grands outils<br />

expérimentaux et de simulation indispensables à ces études.<br />

Par ailleurs, le <strong>CEA</strong> gère et fait évoluer son parc d’installations,<br />

avec des <strong>programmes</strong> de construction, de rénovation,<br />

et des <strong>programmes</strong> d’assainissement et de démantèlement<br />

de ses installations en fin de vie.<br />

Enceinte <strong>du</strong> réacteur Astrid.<br />

SYSTÈMES INDUSTRIELS<br />

NUCLÉAIRES DU FUTUR<br />

Réacteurs de quatrième génération<br />

Le <strong>CEA</strong> est chargé de mener des recherches<br />

sur des systèmes nucléaires innovants, dits de<br />

quatrième génération, en rupture technologique<br />

forte par rapport aux précédentes générations<br />

de réacteurs. Il concentre ses recherches sur<br />

deux filières de réacteurs à neutrons rapides<br />

(RNR), une filière refroidie au sodium, avec<br />

le projet de prototype Astrid, dont le <strong>CEA</strong> est<br />

maître d’ouvrage, et une filière refroidie au<br />

gaz, qui apparaît comme une option à plus long<br />

terme. L’objectif est de disposer en 2012 d’une<br />

première évaluation des perspectives in<strong>du</strong>strielles<br />

de cette nouvelle filière, réacteur et cycle <strong>du</strong><br />

combustible associé, en vue de faire fonctionner<br />

un prototype in<strong>du</strong>striel à l’horizon 2020-2025.<br />

2011 a été marquée par la mise en place d’un<br />

ensemble de briques qui permettront de répondre<br />

à cette échéance. Le projet Astrid bénéficie<br />

d’un soutien dans le cadre <strong>du</strong> programme<br />

des investissements d’avenir. La 1 e phase de<br />

l’avant-projet sommaire d’Astrid a été lancée<br />

en début d’année. L’équipe constituée pour le<br />

réaliser est composée d’environ 500 personnes<br />

(salariés <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (60 %) et salariés d’Areva, EDF,<br />

Alstom et Onet Technologies (40 %)). La mise en<br />

place d’accords de partenariats dans le domaine<br />

in<strong>du</strong>striel et de la R&D s’est aussi poursuivie<br />

tout au long de l’année, plus particulièrement<br />

Coeur CFV <strong>du</strong> prototype Astrid.<br />

avec des partenaires internationaux majeurs<br />

de la filière des RNR refroidis au sodium<br />

(Russie, Japon, Chine, Inde, USA).<br />

Parmi les résultats de 2011, on peut noter<br />

la définition et les études d’un concept de cœur<br />

d’Astrid, dit cœur à faible vidange, présentant<br />

des avancées majeures en termes de sûreté.<br />

Ce cœur doit permettre d’éviter l’ébullition<br />

<strong>du</strong> sodium lors des situations accidentelles<br />

de perte de réfrigérant primaire. Un brevet<br />

<strong>CEA</strong>-Areva-EDF a été déposé sur ce concept.<br />

Outre la conception <strong>du</strong> réacteur, le projet<br />

Astrid couvre la conception de son atelier de<br />

fabrication <strong>du</strong> combustible, la construction<br />

d’installations de validation technologique, la<br />

rénovation de la maquette critique Masurca<br />

et un programme spécifique sur les accidents<br />

graves et les études sur les objectifs de<br />

transmutation dans ce réacteur. En 2011,<br />

les études de faisabilité et d’opportunité ont<br />

été réalisées pour l’atelier de fabrication des<br />

cœurs, l’atelier de traitement <strong>du</strong> combustible<br />

et l’atelier Alfa de fabrication de combustibles<br />

chargés en actinides mineurs à l’échelle de<br />

quelques aiguilles. Le cahier des charges de<br />

12 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Pa L’objectif sinum quature est de disposer icipictem en ni 2012 que aut d’une maiorec première aepudipsam évaluation<br />

ut des ommo perspectives offictur aute in<strong>du</strong>strielles consequi de ullesti la filière nveliquo de 4 e génération,<br />

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réacteur quam et es cycle quis <strong>du</strong> explaut combustible et aut pos associé, modipien<strong>du</strong>nt vue de a réaliser sunti<br />

volo un prototype eaquae vellupt in<strong>du</strong>striel aquatur à l’horizon 2020.<br />

Simulation pour la conception de réacteurs à neutrons rapides de 4 e génération sur le mur d’images à Saclay.<br />

l’atelier de fabrication des cœurs a notamment<br />

été précisé pour permettre le lancement des<br />

études d’avant-projet sommaire en 2012.<br />

Aval <strong>du</strong> cycle futur<br />

En cohérence avec les études sur le prototype<br />

Astrid, le <strong>CEA</strong> mène des recherches sur<br />

l’aval <strong>du</strong> cycle futur. Ces recherches visent à<br />

préparer l’ensemble des options de gestion des<br />

matières nucléaires pour les parcs des RNR en<br />

mettant au point les procédés avancés pour<br />

le recyclage de l’uranium et <strong>du</strong> plutonium.<br />

Dans ce cadre, et conformément aux attentes<br />

de la loi de 2006 relative à la gestion <strong>du</strong>rable<br />

des matières et déchets radioactifs, le <strong>CEA</strong><br />

évalue les options de séparation et de<br />

transmutation des radioéléments à vie longue<br />

(les actinides mineurs), en incluant des études<br />

de scénarii et des évaluations technicoéconomiques,<br />

dans l’objectif d’en déterminer<br />

les perspectives in<strong>du</strong>strielles et l’opportunité.<br />

Intervention au télémanipulateur dans la chaîne<br />

blindée procédé Atalante à Marcoule.<br />

Parmi les avancées de l’année 2011, on peut<br />

noter la réalisation en laboratoire d’un essai<br />

de nouveau solvant visant à augmenter<br />

les performances des usines de traitement<br />

de combustibles. <strong>Les</strong> résultats sont très<br />

prometteurs. Ce solvant permettrait de ré<strong>du</strong>ire<br />

le nombre d’étapes nécessaires au traitement <strong>du</strong><br />

combustible usé, en simplifiant considérablement<br />

les procédés de récupération et de purification<br />

de l’uranium et <strong>du</strong> plutonium (concept en un<br />

seul cycle, sans réactions d’oxydo-ré<strong>du</strong>ction<br />

génératrices de sous-pro<strong>du</strong>its délicats à gérer).<br />

OPTIMISATION<br />

DU NUCLÉAIRE<br />

INDUSTRIEL ACTUEL<br />

Réacteurs de 2 e et 3 e générations<br />

Le <strong>CEA</strong> mène des recherches, à la demande des<br />

in<strong>du</strong>striels, sur les réacteurs <strong>du</strong> parc nucléaire<br />

actuel. Elles répondent à des enjeux in<strong>du</strong>striels<br />

en termes de performances, de <strong>du</strong>rée de<br />

fonctionnement, de disponibilité et de sûreté.<br />

En 2011 a été franchi un jalon majeur <strong>du</strong> projet<br />

de qualification de la nouvelle méthodologie de<br />

dépouillement de la dosimétrie <strong>du</strong> programme<br />

de surveillance des effets de l’irradiation sur<br />

la cuve des réacteurs <strong>du</strong> parc EDF. Il s’agit d’un<br />

document de synthèse identifiant plusieurs<br />

points d’amélioration, ce qui a permis de ré<strong>du</strong>ire<br />

significativement l’écart calcul-mesure sur la<br />

fluence calculée à la capsule et à la cuve des<br />

réacteurs <strong>du</strong> palier 900 MW. La démarche adoptée<br />

pour ce travail de vérification et d’analyse de<br />

sensibilité comportait deux volets. D’une part<br />

la vérification des différents « traitements »<br />

réalisés sur les données par les codes de calcul,<br />

et, pour chaque traitement, des données d’entrée<br />

et des résultats. D’autre part une analyse critique<br />

de certaines modélisations adoptées dans la<br />

méthodologie. Il reste maintenant à étendre<br />

ces considérations aux paliers 1 300 MWe et<br />

N4 <strong>du</strong> parc français. L’enjeu de cette action est<br />

stratégique pour EDF puisqu’elle s’intègre dans<br />

la justification à l’Autorité de sûreté nucléaire<br />

(ASN) de sa demande de prolongation de la<br />

<strong>du</strong>rée de fonctionnement de ses centrales<br />

au-delà de la quatrième visite décennale, et<br />

potentiellement jusqu’à 20 ans au-delà.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 13


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

ÉNERGIE NUCLÉAIRE DE FISSION<br />

Plateforme de creuset froid avancé<br />

à Marcoule.<br />

Amont <strong>du</strong> cycle actuel<br />

<strong>Les</strong> recherches sur l’amont <strong>du</strong> cycle prennent<br />

de plus en plus d’importance, la gestion <strong>du</strong>rable<br />

de la ressource par nature limitée en uranium et<br />

les besoins de renouvellement des installations<br />

nécessitant d’améliorer à la fois les performances<br />

d’extraction et la sélectivité des molécules.<br />

En 2011, après trois ans de recherche,<br />

le <strong>CEA</strong> a développé des molécules et des<br />

procédés plus performants que les systèmes<br />

classiques. En particulier, pour l’extraction de<br />

l’uranium des phosphates, la structure d’une<br />

molécule a été optimisée con<strong>du</strong>isant à une<br />

amélioration notable par rapport aux deux<br />

molécules actuellement utilisées. <strong>Les</strong> schémas<br />

de procédés seront validés à petite échelle<br />

et en fonctionnement continu dès 2012.<br />

Dans le domaine de la séparation isotopique,<br />

le <strong>CEA</strong> a développé les outils de simulation<br />

<strong>du</strong> procédé Silex, en phase d’in<strong>du</strong>strialisation<br />

par GLE (Global Laser Enrichment, société<br />

commune à General Electric, Hitachi et Cameco),<br />

et réalise une veille technologique active.<br />

L’ensemble des études réalisées sur les procédés<br />

d’enrichissement permet de maintenir les<br />

compétences dans ce domaine stratégique.<br />

Aval <strong>du</strong> cycle actuel<br />

<strong>Les</strong> <strong>programmes</strong> s’opèrent en soutien d’Areva<br />

pour optimiser ou adapter les procédés de<br />

traitement des combustibles usés de l’usine<br />

de La Hague, et tenir compte notamment des<br />

nouveaux combustibles <strong>du</strong> marché ; de l’Andra<br />

pour fournir les éléments scientifiques et<br />

techniques nécessaires aux dossiers Cigéo<br />

qui seront transmis fin 2012 à l’ASN en vue<br />

<strong>du</strong> débat public (cf page 17) ; et d’EDF pour la<br />

gestion de certains déchets dont ceux issus<br />

<strong>du</strong> démantèlement des réacteurs UNGG.<br />

Dans ce cadre, le <strong>CEA</strong>, en tant que bailleur de<br />

procédé, a remis en 2011 à Areva la version<br />

finale <strong>du</strong> livre de procédé « Vitrification en<br />

creuset froid ». Ce document fondamental<br />

décrit les appareillages et formalise toutes les<br />

exigences et recommandations issues de la<br />

R&D pour toutes les phases de fonctionnement<br />

L’installation Verdon à Cadarache, dédiée<br />

à l’étude <strong>du</strong> comportement des pro<strong>du</strong>its<br />

de fission lors d’un accident grave.<br />

(nominales, transitoires ou dégradées). Ces<br />

données permettent à l’in<strong>du</strong>striel la déclinaison<br />

en procé<strong>du</strong>res d’exploitation afin de pro<strong>du</strong>ire<br />

un verre de confinement répondant aux critères<br />

de performances qui sont atten<strong>du</strong>s. Cette<br />

version finale <strong>du</strong> livre de procédé intègre les<br />

spécifications pour la pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> verre MAD<br />

(mis à l’arrêt définitif), des verres UMo (d’alliage<br />

d’uranium et de molybdène, issus de la filière<br />

UNGG) et UOx (oxyde d’uranium, issu de la filière<br />

actuelle). <strong>Les</strong> données <strong>du</strong> livre de procédé sont<br />

issues des essais réalisés depuis 2005 sur la<br />

plateforme d’essai à échelle 1 à Marcoule sur<br />

laquelle est installé le creuset froid nucléarisé.<br />

Sûreté nucléaire<br />

L’année 2011 a été marquée par l’accident<br />

à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi.<br />

Le <strong>CEA</strong>, comme ses partenaires, s’est engagé à<br />

tirer tous les enseignements de cet accident et<br />

à intégrer ce retour d’expérience dans le cadre<br />

de sa démarche permanente d’amélioration<br />

<strong>du</strong> niveau de sûreté de ses installations.<br />

Dès la survenue de l’accident, une équipe<br />

d’experts <strong>du</strong> fonctionnement des réacteurs, des<br />

accidents graves, de l’assainissement et de la<br />

décontamination a été mobilisée pour analyser<br />

<strong>du</strong>rant deux mois la situation des réacteurs<br />

japonais et des installations connexes (cf temps<br />

fort page 10). Si cet accident n’a pas remis en<br />

cause la démarche de sûreté nucléaire, il a mis<br />

l’accent sur les priorités. D’abord la volonté<br />

d’améliorer la défense en profondeur. C’est tout<br />

l’enjeu des évaluations complémentaires de<br />

sûreté qui ont été réalisées à la demande de<br />

l’ASN, sur cinq installations civiles <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> en<br />

2011 et qui se poursuivront sur sept autres en<br />

2012. La seconde priorité réside dans les activités<br />

de R&D. L’accident japonais n’a pas révélé de<br />

lacune majeure dans le champ des connaissances<br />

et dans les objectifs de R&D, en revanche il a<br />

souligné la nécessité d’assurer sur le long terme<br />

ces <strong>programmes</strong> de R&D et la pérennité des<br />

installations associées. À ce sujet, le premier essai<br />

Verdon a été réalisé en 2011 dans une nouvelle<br />

14 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Le chantier <strong>du</strong> RJH à Cadarache.<br />

Plateforme de multi-irradiation Jannus à Saclay.<br />

installation destinée à l’étude <strong>du</strong> relâchement<br />

de pro<strong>du</strong>its de fission de combustible à haut taux<br />

de combustion en conditions d’accidents graves.<br />

Cet essai a permis de valider les performances<br />

de l’installation. <strong>Les</strong> enseignements en termes de<br />

comportement des pro<strong>du</strong>its de fission en fonction<br />

des conditions oxydo-ré<strong>du</strong>ctrices de l’atmosphère<br />

semblent déjà très riches. <strong>Les</strong> analyses sont<br />

en cours et se poursuivront en 2012.<br />

GRANDS OUTILS<br />

POUR LE DÉVELOPPEMENT<br />

DU NUCLÉAIRE<br />

<strong>Les</strong> recherches pour les systèmes <strong>du</strong> futur ou<br />

actuels nécessitent des outils expérimentaux<br />

et de simulation spécifiques. Dans ce cadre, le<br />

<strong>CEA</strong> développe et exploite un parc complet et<br />

cohérent d’installations expérimentales ainsi<br />

que des plateformes logicielles et des codes de<br />

calcul dans les grandes disciplines <strong>du</strong> nucléaire.<br />

Installations expérimentales<br />

La construction <strong>du</strong> Réacteur Jules Horowitz (RJH)<br />

à Cadarache est un projet majeur pour le <strong>CEA</strong>.<br />

Seul outil de ce type en construction en Europe,<br />

le RJH sera à terme une installation unique pour<br />

l’étude des matériaux et des combustibles sous<br />

irradiation, en soutien aux réacteurs nucléaires<br />

de deuxième et troisième génération. Il assurera<br />

aussi une part importante de la pro<strong>du</strong>ction de<br />

radio-isotopes médicaux européens. Pour son<br />

financement, le RJH bénéficie d’un soutien<br />

<strong>du</strong> programme « Nucléaire de demain » des<br />

investissements d’avenir. Le RJH est construit<br />

dans le cadre d’un consortium international<br />

(Areva, EDF, Europe, Vattenfall, DAE, SCK, NRI,<br />

VTT, Ciemat, JAEA), le <strong>CEA</strong> étant propriétaire,<br />

exploitant nucléaire et maître d’ouvrage de<br />

l’installation. 2011 a vu l’entrée de l’organisme<br />

israélien AEC dans ce consortium. Côté chantier,<br />

la construction s’est poursuivie avec le bétonnage<br />

des trois premières levées de l’enceinte <strong>du</strong><br />

réacteur et le début de celui de la piscine.<br />

Autre événement marquant en 2011,<br />

l’inauguration de l’installation expérimentale<br />

Jannus (Jumelage d’accélérateurs pour les<br />

nanosciences, le nucléaire et la simulation) le<br />

27 juin 2011 en présence de Valérie Pécresse,<br />

ministre de l’Enseignement supérieur et de la<br />

Recherche, et d’Eric Besson, ministre chargé<br />

de l’In<strong>du</strong>strie, de l’Énergie et de l’Économie<br />

numérique. Jannus permet de simuler par<br />

des particules chargées des irradiations<br />

neutroniques, afin d’approfondir entre autre la<br />

compréhension des phénomènes de vieillissement<br />

des matériaux nucléaires sous irradiation.<br />

Dans le domaine des matériaux, la plateforme<br />

Minos (Materials innovation for nuclear optimized<br />

systems), qui réunit les compétences et les<br />

moyens de la Direction de l’énergie nucléaire<br />

dans ce domaine, a signé un accord d’association<br />

avec EDF R&D en décembre 2011. Cet accord<br />

est complété par un second entre le <strong>CEA</strong> et le<br />

MAI (Material ageing institute) d’EDF. L’objectif<br />

est d’accroître les interactions entre le <strong>CEA</strong><br />

et EDF depuis les aspects formation jusqu’à<br />

la préparation de propositions communes<br />

pour les projets de l’Agence nationale de la<br />

recherche (ANR) ou les projets européens.<br />

Simulation numérique<br />

Le <strong>CEA</strong> développe des plateformes et des codes<br />

de calcul dans tous les grands domaines <strong>du</strong><br />

nucléaire (neutronique, thermo-hydraulique,<br />

mécanique, thermique, chimie et matériaux)<br />

afin de modéliser l’ensemble des phénomènes<br />

entrant en jeu dans un réacteur.<br />

L’année 2011 a été ponctuée par la mise à<br />

disposition d’Areva et d’EDF d’une première<br />

version d’Apollo3®, code de neutronique<br />

déterministe multi-filières développé par le<br />

<strong>CEA</strong>, marquant ainsi la naissance officielle de<br />

ce code. Il sera mis en œuvre à partir de 2015<br />

par les équipes de la Direction de l’énergie<br />

nucléaire pour les études d’avant-projet détaillé<br />

d’Astrid. À noter aussi la mise en service fin<br />

2011 <strong>du</strong> mur d’images de la Direction de<br />

l’énergie nucléaire à Saclay, un outil coopératif<br />

de visualisation et d’analyse des données pour<br />

toutes les communautés de physiciens. Il offre<br />

une capacité de visualisation simple et globale<br />

des simulations numériques, complexes et<br />

détaillées, réalisées dans le domaine de l’énergie<br />

nucléaire. Des simulations variées y sont étudiées<br />

portant par exemple sur le comportement <strong>du</strong><br />

combustible sous irradiation dans les réacteurs<br />

actuels, ou sur des scénarii accidentels en<br />

soutien à la conception <strong>du</strong> réacteur Astrid.<br />

Simulation sur le mur d’images de Saclay <strong>du</strong><br />

comportement <strong>du</strong> combustible dans un réacteur<br />

nucléaire.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 15


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

ÉNERGIE NUCLÉAIRE DE FISSION<br />

Démantèlement <strong>du</strong> réacteur Mélusine à Grenoble.<br />

Réacteur expérimental Phénix à Marcoule.<br />

ASSAINISSEMENT<br />

ET DÉMANTÈLEMENT<br />

Con<strong>du</strong>ire des recherches dans le domaine<br />

nucléaire implique de mener en parallèle des<br />

<strong>programmes</strong> de construction et de rénovation<br />

d’installations ainsi que des <strong>programmes</strong> de<br />

démantèlement des installations en fin de vie.<br />

Gérer ce démantèlement de façon responsable<br />

est un des objectifs majeurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>.<br />

<strong>Les</strong> principales priorités à court et moyen terme<br />

sont les suivantes :<br />

<br />

de l’usine de retraitement UP1 et le démarrage<br />

des opérations pour le réacteur Phénix, mis à<br />

l’arrêt en 2010 ;<br />

<br />

<strong>du</strong> périmètre des installations nucléaires<br />

de base ;<br />

<br />

l’ensemble des installations nucléaires <strong>du</strong> site.<br />

Chantiers de démantèlement<br />

L’année 2011 a été marquée par la validation<br />

par des audits externes des scénarii et des<br />

révisions de devis proposés en 2010 et la<br />

présentation de cette stratégie aux autorités<br />

de sûreté. Ces audits ont été réalisés par trois<br />

cabinets externes (Mac Kinsey, Mazars et<br />

KPMG) avec l’appui d’une ingénierie nucléaire<br />

(Tractebel) pour les aspects techniques et validés<br />

en Conseil d’administration le 13 avril 2011.<br />

Parmi les avancées majeures concernant ces<br />

projets de démantèlement, on peut citer :<br />

<br />

négociations post 2010, <strong>du</strong> nouveau schéma<br />

in<strong>du</strong>striel de démantèlement de l’usine UP1,<br />

ce qui permet de relancer les opérations de<br />

ce chantier prioritaire ; l’envoi à La Hague<br />

des premiers combustibles issus <strong>du</strong> réacteur<br />

Phénix destinés à y être traités, suite à la<br />

contractualisation finalisée fin novembre entre<br />

le <strong>CEA</strong> et Areva ; en décembre 2011, l’envoi<br />

conformément au planning, des rapports de<br />

sûreté pour le démantèlement de l’APM (Atelier<br />

pilote de Marcoule) au DSND (Délégation à<br />

la sûreté nucléaire et à la radioprotection<br />

pour les activités et installations intéressant<br />

la Défense) et de Phénix à l’ASN.<br />

<br />

importantes ont été réalisées : trois nouvelles<br />

chaînes blindées ont été démantelées en 2011 ;<br />

le démantèlement de la chaîne Gascogne a été<br />

terminé en avance par rapport au planning.<br />

Des difficultés existent sur ce chantier<br />

complexe, qui avaient amené à réviser son<br />

scénario en 2010. En 2011, l’annonce a été<br />

faite à l’ASN que tous les jalons 2017-2018<br />

ne pourront être tenus, l’objectif est de tenir<br />

les échéances décrets pour toutes celles<br />

qui sont désormais encore réalisables.<br />

<br />

avec notamment la fin de la déconstruction<br />

totale des bâtiments de la Station de traitement<br />

des effluents et de déchets radioactifs en<br />

toute fin d’année, l’homologation par un<br />

arrêté <strong>du</strong> journal officiel <strong>du</strong> déclassement de<br />

Mélusine. Ces avancées devraient permettre<br />

de tenir le jalon 2012 <strong>du</strong> contrat d’objectifs<br />

et de performance <strong>CEA</strong>-Etat, à savoir la fin <strong>du</strong><br />

démantèlement de toutes les INB <strong>du</strong> site.<br />

Gestion des flux de déchets et des matières<br />

La gestion des flux de déchets radioactifs, des<br />

matières et des combustibles sans emploi est un<br />

enjeu essentiel pour permettre le déroulement<br />

nominal des activités de R&D et des <strong>programmes</strong><br />

d’assainissement et de démantèlement. <strong>Les</strong><br />

objectifs principaux pour le <strong>CEA</strong> sont de disposer<br />

de filières opérationnelles permettant d’évacuer<br />

en ligne les déchets radioactifs courants, et ceci<br />

16 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Entreposage provisoire des combustibles irradiés issus des réacteurs d’étude <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (Pégase, Orphée, Osiris, Rapsodie...).<br />

dans un contexte technico-économique optimisé.<br />

En 2011, dans le cadre des études de conception<br />

<strong>du</strong> Centre in<strong>du</strong>striel de stockage géologique pour<br />

les déchets HA et MA-VL* Cigéo, dont l’Andra<br />

est maître d’ouvrage, le <strong>CEA</strong> a établi l’inventaire<br />

de ses colis de déchets HA et MA-VL, ainsi que<br />

des chroniques prévisionnelles d’expédition des<br />

colis de déchets depuis ses sites d’entreposage<br />

de Marcoule, Cadarache et Val<strong>du</strong>c. Le même<br />

exercice a été réalisé en parallèle par les<br />

autres pro<strong>du</strong>cteurs de déchets (EDF et Areva).<br />

L’inventaire, qui fondera la demande d’autorisation<br />

de création de Cigéo, dont le dépôt est prévu<br />

mi-2015, sera établi à partir <strong>du</strong> scénario in<strong>du</strong>striel<br />

fourni par les trois pro<strong>du</strong>cteurs, assorti de marges<br />

pour la gestion d’incertitudes d’inventaire.<br />

Des réserves sont ajoutées (essentiellement<br />

les graphites et bitumes de catégorie FA-VL**)<br />

pour prendre en compte des incertitudes sur<br />

les stratégies in<strong>du</strong>strielles ou la mise en place<br />

de nouvelles filières de gestion de déchets.<br />

Le démantèlement de la chaîne Gascogne<br />

à Fontenay-aux-Roses.<br />

Réception <strong>du</strong> premier emballage de matières fissiles non irradiées à Magenta.<br />

Installations de service nucléaire<br />

Pour gérer ses déchets, le <strong>CEA</strong> s’appuie sur un<br />

important parc d’installations de service nucléaire.<br />

Elles lui permettent d’entreposer ses matières<br />

nucléaires, de conteneuriser et d’entreposer<br />

les combustibles usés issus de ses réacteurs<br />

expérimentaux ou des expériences menées sur les<br />

combustibles EDF (avant envoi pour retraitement<br />

à La Hague) et de traiter ses effluents liquides et<br />

déchets solides. Beaucoup de ces installations,<br />

datant de la création des centres <strong>CEA</strong>, ont fait<br />

l’objet d’importants travaux de rénovation ou<br />

sont remplacées par de nouveaux bâtiments.<br />

En 2011, le Magasin d’entreposage alvéolaire<br />

Magenta de Cadarache a été mis en service.<br />

Le premier emballage de matières fissiles non<br />

irradiées y a été réceptionné le 15 février<br />

2011. Cette INB a été conçue pour assurer,<br />

pendant les 50 prochaines années, l’entreposage<br />

des matières fissiles solides non irradiées<br />

(ou faiblement irradiées) nécessaires aux<br />

<strong>programmes</strong> de recherche <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, en prenant le<br />

relais <strong>du</strong> Magasin central des matières fissiles<br />

mis en service en 1962. L’année a aussi vu<br />

l’enclenchement de la phase d’études d’avantprojet<br />

détaillé de l’installation Diadem, la future<br />

installation d’entreposage de Marcoule qui<br />

recevra les déchets irradiants <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> qui ne<br />

sont pas acceptés dans les filières actuelles.<br />

Transports<br />

Pour transporter tous ces déchets et effluents,<br />

un parc d’emballages de transport est nécessaire.<br />

Le nouveau château IR500 n°2 a été mis en<br />

service en 2011 pour effectuer son premier<br />

transport de combustibles irradiés de Phénix vers<br />

l’APM. Cette rotation a permis de valider le mode<br />

opératoire de gestion de ce nouvel emballage,<br />

qui intègre notamment les recommandations en<br />

matière de facteurs humains et organisationnels.<br />

Ce nouvel emballage sera fortement sollicité pour<br />

les projets d’assainissement et démantèlement.<br />

* HA : haute activité - MA-VL : moyenne activité vie longue.<br />

** FA-VL : faible activité vie longue.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 17


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

ÉNERGIES RENOUVELABLES<br />

ET NOUVELLES TECHNOLOGIES DE L’ÉNERGIE<br />

<strong>Les</strong> recherches sur les nouvelles technologies de l’énergie contribuent<br />

au développement des énergies renouvelables, à l’efficacité énergétique<br />

et à la mise au point de matériaux innovants avec l’objectif de soutenir<br />

l’effort français de ré<strong>du</strong>ction de dépendances aux combustibles fossiles<br />

et de meilleure intégration des énergies renouvelables dans notre<br />

bouquet énergétique. <strong>Les</strong> priorités <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> s’articulent autour de trois<br />

axes : la pro<strong>du</strong>ction d’énergie solaire photovoltaïque et solaire thermique<br />

pour l’électricité, le stockage de l’électricité et le stockage thermique<br />

pour la pro<strong>du</strong>ction d’électricité ou directement de chaleur pour l’habitat,<br />

le développement des transports automobiles hybrides et électriques.<br />

Lingot de silicium pour études<br />

de développement.<br />

SOLAIRE<br />

Récepteur solaire pour Odeillo<br />

Le Laboratoire d’innovation pour les technologies<br />

des énergies nouvelles et les nanomatériaux<br />

(Liten) a mis en place un prototype d’absorbeur<br />

solaire sur un concept innovant de récepteur à<br />

plaques. La conception repose sur l’utilisation<br />

de tubes métalliques insérés dans une matrice<br />

également métallique con<strong>du</strong>ctrice. L’ensemble<br />

est placé dans un caisson métallique puis soudé<br />

par compression isostatique à chaud. L’avantage<br />

de ce concept repose sur la garantie d’une bonne<br />

<strong>du</strong>rée de vie de l’appareil. Cette technologie<br />

de fabrication a ainsi été retenue pour le futur<br />

absorbeur solaire prévu dans le cadre d’une unité<br />

pilote de centrale à tour. Il permettra la pro<strong>du</strong>ction<br />

d’électricité par turbine à gaz et énergie solaire<br />

sur le site de la centrale solaire de Thémis.<br />

Cellule Photosil monocristalline à 18 %<br />

<strong>Les</strong> outils <strong>du</strong> pilote Photosil, avec lequel travaille<br />

le Liten depuis plusieurs années, montrent<br />

désormais leur capacité à pro<strong>du</strong>ire des cellules<br />

de rendement élevé. Le procédé de purification<br />

« optimisé » comporte une étape d’extraction<br />

<strong>du</strong> bore par torche plasma réactive suivi de trois<br />

étapes de ségrégation pour le tirage d’un lingot<br />

monocristallin par la société Siltronix. Dans la<br />

zone <strong>du</strong> lingot la plus compensée et à partir<br />

d’une charge d’excellente pureté, un rendement<br />

maximal de 18 % a été mesuré sur les cellules.<br />

Étude sur l’intégration de panneaux<br />

photovoltaïques sur des toitures.<br />

Présérie d’un détecteur d’arc électrique<br />

au sein des installations PV<br />

En 2007, le Liten a développé et breveté<br />

un dispositif de protection des installations<br />

photovoltaïques (PV) contre les arcs électriques<br />

qui peuvent apparaître accidentellement dans<br />

une installation et provoquer des incendies. <strong>Les</strong><br />

développements des quatre années suivantes<br />

ont permis d’obtenir un système directement<br />

implémenté dans les boîtes de jonctions des<br />

panneaux PV. Il pourra communiquer sur<br />

son état à l’aide de la technologie de courant<br />

porteur, vers une unité centrale. Il aura<br />

également le pouvoir de coupure pour la mise<br />

en sécurité <strong>du</strong> système au niveau de chaque<br />

mo<strong>du</strong>le photovoltaïque, étape nécessaire à<br />

l’intervention des pompiers lors d’un incendie.<br />

Ce dispositif sera demandé en France dans la<br />

nouvelle norme C15-712-2 qui est en rédaction<br />

et à laquelle participent les experts <strong>du</strong> Liten.<br />

18 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


L’essor des systèmes photovoltaïques passe par une ré<strong>du</strong>ction<br />

des coûts de fabrication des panneaux à haut rendement,<br />

le développement de composants électroniques innovants<br />

ainsi que, plus globalement, la définition de nouvelles<br />

stratégies de gestion de l’énergie.<br />

Mesure de la température de surface sur un panneau solaire.<br />

Mise en service d’une centrale solaire<br />

avec des capteurs à calo<strong>du</strong>c<br />

Le <strong>CEA</strong> et la société Sophia-Antipolis énergie<br />

développement (SAED) collaborent pour inventer<br />

et réaliser une centrale solaire thermodynamique<br />

basse température. Le prototype de 400 kWe<br />

prévu doit permettre de valider les aspects<br />

techniques, les coûts d’investissements et la<br />

pro<strong>du</strong>ction d’un tel système. Une première<br />

boucle pilote de 100 kW thermique composée<br />

de 2 000 tubes pour une surface de captation<br />

solaire de 200 m² a été mise en service sur<br />

le site de Cadarache. De l’eau pressurisée à<br />

2-3 bars est utilisée comme fluide caloporteur<br />

dans les collecteurs. La température maximale<br />

<strong>du</strong> fluide est de 150 °C. Dans les calo<strong>du</strong>cs<br />

circulent quelques millilitres de n-heptane qui<br />

permettent le transfert d’énergie <strong>du</strong> calo<strong>du</strong>c<br />

vers le collecteur. Le programme d’essais<br />

visant la caractérisation des capteurs en<br />

ensoleillement réel sera lancé début 2012.<br />

Photovoltaïque organique<br />

VÉHICULES ÉLECTRIQUES<br />

ET HYBRIDES<br />

Moins de platine dans les pots catalytiques<br />

<strong>Les</strong> exigences réglementaires pour les rejets de<br />

l’automobile et les tensions internationales sur<br />

le platine exigent de développer des nouvelles<br />

technologies pour les pots catalytiques. Pour<br />

répondre à cet enjeu, le Liten met au point des<br />

catalyseurs innovants présentant une activité<br />

catalytique dans des conditions de température<br />

relativement basse (


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

Poste d’assemblage des packs batteries.<br />

Bobineuse sur la ligne d’assemblage des<br />

batteries lithium-ions.<br />

Accumulateurs lithium-ion soufre<br />

Le Liten étudie diverses solutions alternatives<br />

au lithium-ion. Parmi celles-ci, la technologie<br />

lithium/soufre (Li/S) devrait permettre d’atteindre<br />

des densités d’énergie massiques de l’ordre de<br />

300 à 600 Wh/kg. Le soufre est un élément<br />

bas coût, non toxique et abondant, ce qui en<br />

fait un matériau actif d’électrode positive<br />

très prometteur. Néanmoins, le système Li/S<br />

présente quelques inconvénients qui limitent<br />

les performances actuelles et contre lesquels<br />

travaille le Liten : isolation électronique des<br />

composés soufrés, dissolution de la matière active<br />

en décharge, capacité de décharge et tenue en<br />

cyclage trop faibles, autodécharge importante,<br />

sécurité liée à l’utilisation de lithium métal.<br />

L’ensemble des travaux réalisés dans le cadre<br />

d’une thèse a permis d’augmenter la capacité de<br />

décharge de 500 mAh/g (2008) à 1 400 mAh/g<br />

(2011), de ré<strong>du</strong>ire la chute de capacité en<br />

cyclage de 50 (2008) à 15 % (2011).<br />

Quelques premiers essais de prototypages<br />

d’accumulateurs Li/S de 1 Ah ont pu être réalisés<br />

à partir de ces développements, restituant près<br />

de 250 Wh/kg de cellule. Ces travaux intéressent<br />

plusieurs in<strong>du</strong>striels de premier rang mondial.<br />

Boîtiers « à géométrie variable » pour batteries<br />

<strong>Les</strong> cellules lithium-ion en boîtier rigide peuvent<br />

se décliner sous deux formes principales :<br />

cylindrique et prismatique. La première forme<br />

est déjà en cours d’in<strong>du</strong>strialisation sur la ligne<br />

pilote <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> Grenoble. <strong>Les</strong> actions initiées<br />

par le Liten vont permettre de proposer le<br />

second format en version prismatique bobiné.<br />

Celui-ci sera préparé en deux hauteurs suivant<br />

la même stratégie que celle déroulée sur les<br />

cellules cylindriques, à savoir 125 mm et 160 mm<br />

de haut, en basant le choix des dimensions sur<br />

plusieurs critères : conservation de la capacité des<br />

cellules cylindriques, utilisation des électrodes<br />

des cellules cylindriques, capacité volumique<br />

améliorée, augmentation de la surface potentielle<br />

de refroidissement, intégration d’un maximum<br />

de composants disponibles au laboratoire. <strong>Les</strong><br />

premiers échantillons ont été testés fin 2011.<br />

Le « pack Forewheel » tient ses promesses<br />

Le projet Forewheel a pour objectif de concevoir<br />

et intégrer un système batterie complet dans<br />

un véhicule Heuliez Will. Dans ce contexte,<br />

un pack composé de 10 mo<strong>du</strong>les en série,<br />

chacun d’entre eux comprenant 12 éléments<br />

Des nanofils pour l’énergie<br />

Pour le photovoltaïque de 3 e génération, l’Inac a développé des<br />

nanofils en silicium coniques destinés à piéger la lumière et<br />

collecter les porteurs de charge. Une version « branchée » de ces<br />

nanofils, déployant d’importantes surfaces, a été étudiée pour ses<br />

potentialités intéressantes dans les supercapacités et les batteries<br />

Li-ion. Plus classiques, des nanofils de silicium cylindriques ont été<br />

utilisés comme gabarit pour concevoir des nanotubes de platine<br />

optimisant l’efficacité de ce métal, utilisé comme catalyseur dans les<br />

piles à combustible.<br />

Nanostructuration <strong>du</strong> silicium :<br />

a) nanofils coniques pour le photovoltaïque de 3 e génération,<br />

b) « nano-arbres » pour les supercondensateurs ou batteries Li-ion,<br />

c) nanofils comme gabarit pour la synthèse de « nano-doigts »<br />

de platine pour les piles à combustible.<br />

a)<br />

b)<br />

c)<br />

20 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Qualification des matériaux pour les composants d’électrolyse de la vapeur d’eau à haute température.<br />

en série et 5 en parallèle de LiFeBatt 15 Ah<br />

(12S5P) assemblés au sein d’un caisson<br />

batterie adapté, a été réalisé au Liten.<br />

Le pack batteries a été testé sur le site de<br />

l’Institut national de l’énergie solaire (INES) pour<br />

valider ses performances et a fait l’objet d’une<br />

analyse de sécurité entre le <strong>CEA</strong> et Michelin, par<br />

la méthode des arbres de défaillance. Le pack a<br />

finalement été intégré au véhicule et testé en<br />

roulage sur la piste Michelin de Ladoux où il a<br />

été soumis à deux séries d’essais d’en<strong>du</strong>rance<br />

sur piste, et parcouru environ 10 000 km par<br />

session. À l’issue de ces essais, le pack batterie<br />

ne présente pas de baisse de performance<br />

prouvant la robustesse <strong>du</strong> concept utilisé.<br />

MATÉRIAUX INNOVANTS<br />

Inventaire des matériaux rares<br />

La ré<strong>du</strong>ction drastique de 40 % des quotas<br />

d’exportation chinois de terres rares en<br />

2010 a généré une prise de conscience de la<br />

dépendance de bon nombre de technologies sur<br />

ces matériaux pro<strong>du</strong>its à 97 % par la Chine.<br />

La dépendance d’une technologie sur un<br />

matériau jugé « à risque » peut en freiner<br />

le développement, voire en hypothéquer<br />

totalement l’intérêt commercial.<br />

Un premier inventaire sur base d’une enquête<br />

interne à la Direction de la recherche<br />

technologique a été effectué par le Liten afin<br />

d’identifier de tels usages, sur la base d’une liste<br />

relativement large de matériaux potentiellement<br />

sensibles. Il a permis d’établir une cartographie<br />

des usages au niveau macroscopique, révélant<br />

une dépendance en particulier sur les platinoïdes,<br />

certaines terres rares, mais aussi sur les éléments<br />

comme l’indium, le germanium, le gallium, le<br />

tantale. <strong>Les</strong> équipes ont été sensibilisées et ont<br />

lancé des recherches afin d’en ré<strong>du</strong>ire l’usage, de<br />

les subsituer ou les recycler.<br />

Caractérisation d’une LED bleue, mesure de<br />

puissance optique, spectres, caractéristiques<br />

courant-tension.<br />

Pictic : une plateforme pour l’électronique<br />

organique imprimée<br />

La Plateforme d’impression de composants pour les<br />

technologies de l’information de la communication<br />

et les capteurs, Pictic, a vu le jour au début de<br />

l’année 2011. Installée dans une salle blanche de<br />

400 m 2 de classe 1 000, elle propose aux in<strong>du</strong>striels<br />

un accès à un parc d’équipements conçus pour<br />

pouvoir imprimer des couches organiques ou<br />

inorganiques sur des substrats conformables et la<br />

possibilité de fabriquer des préséries de composants.<br />

Parmi les premières réalisations qui ont utilisé cet<br />

environnement, deux concernent des capteurs.<br />

Le premier de ces dispositifs est un capteur de<br />

température sur substrat flexible polyéthylène,<br />

le second un capteur de pression. La prochaine<br />

étape consistera à environner ces capteurs par un<br />

circuit logique à base de transistors organiques.<br />

Nanoparticules pour éclairage<br />

Il a été montré que la luminosité et la longueur<br />

d’onde de la lumière ambiante est importante<br />

non seulement pour l’exécution des tâches, mais<br />

qu’elles peuvent également avoir des effets<br />

biologiques : la régulation <strong>du</strong> système circadien<br />

humain, l’impact sur l’horloge biologique, l’humeur.<br />

Fort de ce constat, le Liten travaille sur la<br />

génération d‘éclairages intelligents en synthétisant<br />

des nanoparticules dans une couche de conversion<br />

située devant des LEDS. En jouant sur la taille<br />

et la nature chimique des nanoparticules, il est<br />

possible de repro<strong>du</strong>ire les variations de la lumière<br />

naturelle qui régulent le rythme biologique naturel.<br />

HYDROGÈNE<br />

ET PILES À COMBUSTIBLE<br />

Le <strong>CEA</strong>, leader mondial en brevets EVHT<br />

Depuis 2005, le <strong>CEA</strong> travaille sur la pro<strong>du</strong>ction<br />

d’hydrogène par Électrolyse de la vapeur d’eau<br />

à haute température (EVHT). Par le biais de ses<br />

différents <strong>programmes</strong> collaboratifs et in<strong>du</strong>striels,<br />

il intervient sur toute la chaîne, depuis les<br />

matériaux constituant les différents composants<br />

des électrolyseurs, les procédés permettant de<br />

les fabriquer jusqu’à leur mise en œuvre dans des<br />

empilements d’électrolyse de design innovant.<br />

Pour protéger sa propriété intellectuelle, le<br />

<strong>CEA</strong> a eu, depuis des années, une politique<br />

volontariste de dépôts de brevets. <strong>Les</strong> 16<br />

brevets déposés, dont 15 ces 5 dernières<br />

années, représentent près de 10 % des brevets<br />

mondiaux sur l’EVHT. Le <strong>CEA</strong> s’impose ainsi<br />

comme l’acteur majeur sur le domaine, sur<br />

lequel sont positionnés principalement des<br />

acteurs in<strong>du</strong>striels et majoritairement asiatiques<br />

(Toshiba avec 8 brevets, Mitsubishi avec 7).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 21


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

Caractérisation des propriétés thermomécaniques<br />

des hydrures métalliques pour le stockage de<br />

l’hydrogène.<br />

Assemblage d’un empilement<br />

d’électrolyseur haute température<br />

sur banc d’essais.<br />

Le joint qui permettra l’exploit<br />

Pour l’électrolyse à haute température, la<br />

gestion des gaz et le maintien de l’étanchéité<br />

dans le temps constituent un véritable verrou.<br />

Le problème majeur réside dans le cyclage<br />

thermique de composants métalliques et<br />

céramiques fragiles présentant des coefficients<br />

d’expansion thermique différents.<br />

Le joint verre constitue jusqu’à présent la<br />

référence pour obtenir l’étanchéité entre ces<br />

composants, mais il casse après quelques<br />

cycles thermiques limitant drastiquement la<br />

<strong>du</strong>rée de vie de l’électrolyseur. Dans le cadre<br />

<strong>du</strong> projet ANR Email, un nouveau concept de<br />

joint a été développé et breveté par le <strong>CEA</strong>,<br />

Garlock et l’ENSMP. Il s’agit d’un joint métallique<br />

comportant une âme mixte céramique et<br />

métallique permettant le glissement dans le joint.<br />

Fabriqué par Garlock, il a été testé et a permis<br />

d’obtenir à 800 °C une étanchéité de 98 %.<br />

Un refroidissement sous charge a été ensuite<br />

effectué puis une remontée en température<br />

programmée, permettant de retrouver un<br />

niveau d’étanchéité supérieur à 92 % à 800 °C<br />

et démontrant la cyclabilité de ce joint.<br />

Stockage : succès des tests d’Agripac<br />

Le stockage de l’hydrogène via les hydrures<br />

métalliques présente l’avantage d’une<br />

bonne capacité volumique à basse pression,<br />

contrairement au stockage sous pression. Du fait<br />

de sa faible capacité massique, son utilisation<br />

pour les applications transport est réservée à<br />

des applications « niches » dites lourdes tels<br />

que les engins de chantiers ou agricoles.<br />

Le Liten développe en partenariat avec la<br />

société Massey Fergusson un prototype de<br />

réservoir à base d’hydrures pour tracteur<br />

agricole à pile à combustible. Le réservoir a été<br />

conçu selon un design original, valorisant deux<br />

brevets <strong>CEA</strong>. Un prototype capable d’absorber<br />

1,3 kg d’hydrogène a été conçu, fabriqué,<br />

assemblé et testé. <strong>Les</strong> premiers essais de<br />

chargement ont montré une cinétique répondant<br />

au cahier des charges <strong>du</strong> client à savoir un<br />

demi-chargement en moins de 30 minutes.<br />

Gestion de l’eau dans les piles à combustible<br />

<strong>Les</strong> performances et la <strong>du</strong>rée de vie des piles à combustible dépendent fortement de la teneur en<br />

eau. L’analyse de la gestion de l’eau dans des piles en fonctionnement, à l’aide de neutrons ou de<br />

rayons X, permet de mieux comprendre les phénomènes et de les modéliser.<br />

Vers une pile à combustible sans métaux nobles<br />

Le développement de l’utilisation de l’hydrogène comme vecteur énergétique demande de<br />

s’affranchir <strong>du</strong> platine comme catalyseur dans les piles à combustible. Après avoir montré l’efficacité<br />

de catalyseurs sans platine pour l’oxydation de l’hydrogène à l’anode, des catalyseurs sans métaux<br />

nobles, efficaces pour la ré<strong>du</strong>ction de l’oxygène à la cathode, ont été obtenus à l’Iramis.<br />

22 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Salle des bancs d’essais mono-cellules de piles à combustible de type PEMFC.<br />

Pile à combustible : AME de grande surface<br />

avec peu de platine<br />

<strong>Les</strong> développements technologiques ont porté<br />

sur la diminution de la quantité de platine<br />

utilisé par kW en vue de baisser les coûts des<br />

PEMFC (Proton exchange membrane fuel cell),<br />

pour un futur déploiement in<strong>du</strong>striel. Le Liten<br />

a réussi en 2011 à fabriquer des Assemblages<br />

membrane-électrodes (AME) de grande surface<br />

(220 cm²) avec un chargement minimum de<br />

0,32 g de Pt/kW à puissance maximum. L’AME<br />

a fonctionné dans un mini-empilement pendant<br />

plus de 200 heures sans perte de performance.<br />

Depuis plus d’un an, le Liten développe des<br />

assemblages membrane-électrodes (AME)<br />

de PEMFC de grande surface pour intégration<br />

dans des empilements de puissance.<br />

<strong>Les</strong> AME sont testés en mini-empilements sur<br />

les bancs dans les conditions opératoires type de<br />

l’application automobile et sous hydrogène pur.<br />

<strong>Les</strong> essais sont effectués avec des membranes<br />

<strong>du</strong> commerce et des membranes développées<br />

au Liten. Au vu de résultats très encourageants<br />

obtenus par les pro<strong>du</strong>its Liten, une ligne pilote<br />

de fabrication d’AME est en cours de réalisation<br />

au <strong>CEA</strong> de Grenoble permettant à terme de<br />

répondre aux cahiers des charges des partenaires<br />

et clients <strong>du</strong> Liten (voir temps forts page 11).<br />

BIOCARBURANTS<br />

DE 2 E ET 3 E GÉNÉRATIONS<br />

Vers un développement de la filière<br />

biocarburants<br />

Pour répondre aux enjeux nationaux et<br />

internationaux de la filière biocarburant<br />

de 2 e génération (liquide ou gazeux), il est<br />

nécessaire de développer un outil expérimental<br />

de gazéification à flux entraîné pouvant<br />

fonctionner à haute pression et haute<br />

température. C’est dans ce contexte que s’inscrit<br />

le projet <strong>du</strong> réacteur à flux entraîné Girofle<br />

au sein <strong>du</strong> Liten. Ce réacteur constituera un<br />

dispositif analytique unique en Europe.<br />

Le Liten travaille déjà à la mise en place de<br />

modèles décrivant de manière fiable et robuste<br />

le fonctionnement des réacteurs à flux entraîné<br />

et au développement d’un outil de simulation<br />

1D capable de représenter la physique des<br />

transformations au sein des réacteurs de<br />

gazéification. En complémentarité, il met aussi<br />

au point des outils de simulation 2D/3D à l’échelle<br />

<strong>du</strong> réacteur. La modélisation sur le réacteur Girofle<br />

sera utilisée pour mettre en service le nouveau<br />

réacteur à flux entraîné dont le Liten va s’équiper<br />

prochainement dans le cadre de l’Equipex<br />

Genepi (voir encadré) qui vient d’être retenu.<br />

L’indispensable « torréfaction »<br />

La torréfaction s’affirme comme un<br />

prétraitement prometteur de la biomasse<br />

avant sa gazéification dans un réacteur à<br />

flux entraîné. La torréfaction <strong>du</strong>re plusieurs<br />

dizaines de minutes à une température<br />

comprise entre 200 et 300 °C et s’apparente à<br />

un traitement thermique doux de la biomasse<br />

dans une atmosphère en défaut d’oxygène.<br />

Elle entraîne une perte de masse <strong>du</strong> solide et<br />

une pro<strong>du</strong>ction de gaz et d’espèces condensables<br />

potentiellement valorisables. Cette étape<br />

de prétraitement thermique est énergivore<br />

(classiquement 25 % <strong>du</strong> PCI). <strong>Les</strong> résultats<br />

de 2011 sont encourageants et permettent<br />

d’augmenter significativement le débit de poudre<br />

pro<strong>du</strong>it pour un coût énergétique ré<strong>du</strong>it.<br />

Étude de la torréfaction de particules de bois.<br />

Genepi, une plateforme innovante dédiée aux énergies nouvelles<br />

Le <strong>CEA</strong> décroche avec ses partenaires un équipement d’excellence (Equipex) adapté à la gazéification<br />

pour plateforme innovante dédiée aux énergies nouvelles. Ce projet vise à développer une plateforme<br />

expérimentale dédiée à la pro<strong>du</strong>ction de biocarburants de 2 e génération. Il comprend deux unités<br />

de retraitement et gazéification instrumentées et développera la 2 e génération de biocarburants<br />

issue de source lignocellulosique (bois, feuilles, paille, etc.), et non les graines ou les tubercules<br />

des plantes comme dans la 1 e génération. Ce projet unique en Europe va permettre à la France de<br />

disposer d’une plateforme fortement instrumentée, flexible, comprenant une unité de torréfaction et<br />

une unité de gazéification reliées entre elles, à une échelle de pro<strong>du</strong>ction de quelques kg/h, ouverte<br />

aux acteurs de la R&D.<br />

Genepi permettra aux PME, qui ne développent qu’un élément partiel d’une ligne de pro<strong>du</strong>ction et<br />

qui n’ont pas accès aux installations de grande taille, de tester leurs composants sur une installation<br />

de taille réaliste.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 23


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

Bioénergies<br />

Face à l’enjeu <strong>du</strong> développement des bioénergies,<br />

le <strong>CEA</strong> mène des recherches afin de mettre<br />

au point des carburants de 3 e génération.<br />

Ils sont élaborés dans une logique de nonconcurrence<br />

avec les cultures alimentaires<br />

et d’affranchissement d’une occupation des<br />

sols dédiés à la culture de la biomasse.<br />

Pour cela, deux grandes voies sont<br />

suivies par les scientifiques <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> :<br />

<br />

à pro<strong>du</strong>ire de l’hydrogène ou des composés<br />

carbonés énergétiques (lipides, éthanol…),<br />

identifier les verrous bloquants de ces<br />

pro<strong>du</strong>ctions et proposer des voies d’optimisation ;<br />

<br />

dérivées de la connaissance des mécanismes<br />

de la photosynthèse et des hydrogénases<br />

afin de définir de nouvelles stratégies pour la<br />

pro<strong>du</strong>ction photocatalytique d’hydrogène et<br />

le fonctionnement des piles à combustible.<br />

Dans le domaine de la pro<strong>du</strong>ction des<br />

biocarburants par les micro-algues, plusieurs<br />

avancées ont été marquantes. 2011 a vu<br />

l’inauguration de la plateforme technologique<br />

HélioBiotec, inscrite dans le contrat État-région,<br />

à Cadarache. Un partenariat in<strong>du</strong>striel y est mis<br />

en place avec la société Fermentalg, pionnière<br />

et leader de la recherche, <strong>du</strong> développement<br />

et de la pro<strong>du</strong>ction de micro-algues, qui a réuni<br />

14,6 M€ d’aides et d’investissements avec le<br />

soutien d’OSEO pour lancer le premier projet<br />

européen d’envergure autour de l’Exploitation<br />

in<strong>du</strong>strielle des micro-algues (EIMA). Une nouvelle<br />

pièce à la compréhension des mécanismes<br />

d’accumulation d’huile chez les micro-algues<br />

a également été apportée. L’utilisation d’une<br />

approche de protéomique a en effet révélé<br />

l’existence de plus de 200 protéines fortement<br />

associées aux corps lipidiques, organes majeurs<br />

<strong>du</strong> stockage de l’huile chez la micro-algue<br />

<strong>du</strong> modèle Chlamydomonas reinhardtii.<br />

La caractérisation fonctionnelle de ces protéines<br />

devrait permettre de décrypter les mécanismes<br />

de stockage de ces lipides, une étape clé<br />

pour favoriser leur pro<strong>du</strong>ction in<strong>du</strong>strielle.<br />

Valoriser le CO 2<br />

La recherche dans la biodiversité de souches<br />

naturelles présentant des propriétés d’intérêt,<br />

et la génération de diversité par mutation<br />

génétique, pour créer des espèces aux propriétés<br />

nouvelles, sont également des pistes activement<br />

suivies. La collecte d’espèces issues de la<br />

biodiversité a notamment été effectuée en 2011<br />

dans le cadre de la mission océanographique<br />

de grande ampleur Tara Oceans. Leur analyse<br />

génomique est en cours. Le criblage de souches<br />

génétiquement modifiées a pour sa part permis<br />

d’isoler un mutant de l’algue microscopique<br />

Chlamydomonas reinhardtii présentant une<br />

forte stimulation de ses capacités de pro<strong>du</strong>ction<br />

d’hydrogène. Enfin, une autre approche, dite<br />

de « génétique chimique » a été mise au point.<br />

En utilisant une petite molécule organique,<br />

Plateforme biotechnologique<br />

HélioBiotec d’étude et d’optimisation<br />

des mécanismes biologiques de<br />

certains micro-organismes.<br />

<strong>Les</strong> chimistes de l’Iramis ont trouvé un catalyseur permettant la transformation <strong>du</strong> CO 2 en dérivés<br />

de formamides, composés organiques important en biochimie, habituellement issus de la pétrochimie<br />

et largement utilisés pour la fabrication de textiles, de médicaments et de colles.<br />

Cultures sous air enrichi en CO 2.<br />

il est ainsi possible de contrôler l’activité de<br />

l’enzyme qui régit la pro<strong>du</strong>ction de certains<br />

lipides chez la plante Arabidospis thaliana.<br />

Cette technique va permettre d’identifier<br />

au sein de chimiothèques les composés<br />

capables de modifier le métabolisme lipidique<br />

des micro-algues.<br />

Côté pro<strong>du</strong>ction d’hydrogène par des<br />

approches biomimétiques, la caractérisation<br />

<strong>du</strong> photosystème II, une enzyme catalysant<br />

l’oxydation de l’eau, étape clef de la<br />

photosynthèse, a été poursuivie. Parmi quatre<br />

candidats potentiels, l’ion manganèse responsable<br />

de la fixation de la molécule d’eau lors de cette<br />

réaction a été déterminé. Cela constitue une étape<br />

importante car les scientifiques cherchent depuis<br />

longtemps à s’inspirer de cette enzyme afin<br />

de pro<strong>du</strong>ire un catalyseur pour l’hydrolyse<br />

de l’eau dans l’optique de pro<strong>du</strong>ire de l’hydrogène.<br />

De plus, une nouvelle stratégie efficace, simple<br />

et rapide a été initiée et permettra de connecter<br />

un mo<strong>du</strong>le photoactif, capable de capter et<br />

convertir l’énergie solaire. Des unités de base,<br />

pouvant être ré<strong>du</strong>ites ou oxydées, ouvriront ainsi<br />

la voie au développement de systèmes utilisables<br />

dans le domaine de la photosynthèse artificielle.<br />

24 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

Maintenance <strong>du</strong> tokamak Tore Supra.<br />

Groupe de pompage de Tore Supra,<br />

le maintenant sous vide.<br />

ÉNERGIE DE FUSION<br />

La fusion nucléaire par confinement magnétique<br />

offre la perspective d’une pro<strong>du</strong>ction d’énergie<br />

cohérente avec un développement <strong>du</strong>rable. Ce<br />

programme interdisciplinaire et international<br />

comprend l’exploitation <strong>du</strong> tokamak Tore Supra à<br />

Cadarache et de JET en Angleterre, la préparation<br />

<strong>du</strong> projet ITER à Cadarache, ainsi que des projets<br />

d’accompagnement d’ITER, appelés approche<br />

élargie. En synergie avec ses partenaires in<strong>du</strong>striels<br />

et académiques européens, l’Institut de recherche<br />

sur la fusion magnétique <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> (IRFM) mène des<br />

recherches scientifiques et techniques reposant<br />

sur des développements de la théorie des plasmas,<br />

des modélisations et des expériences sur Tore<br />

Supra et JET, ainsi que des actions finalisées de<br />

support au projet ITER, approche élargie comprise.<br />

Consolidation de la participation à ITER<br />

La plupart des études, contractualisées avec ITER<br />

Organization ou l’Agence européenne Fusion<br />

for Energy (F4E), a porté sur l’intégration d’un<br />

mo<strong>du</strong>le diagnostic à tiroir, les composants exposés<br />

au plasma, le cryomagnétisme, la validation<br />

et la qualification des mesures magnétiques.<br />

D’autres actions se poursuivent, comme les<br />

études de concepts pour le chauffage <strong>du</strong> plasma<br />

et la génération de courant (antenne « Ion<br />

Cyclotron Resonant Heating », antenne « Lower<br />

Hybrid Current Drive ») ou le développement de<br />

diagnostics infrarouges et visibles adaptés à des<br />

parois métalliques. Le dispositif FIRE, destiné<br />

à « étouffer » les disruptions, a été testé avec<br />

succès sur Tore Supra ; ces tests se poursuivront<br />

en 2012.<br />

Contribution aux projets de « l’approche élargie »<br />

Pour le futur tokamak japonais JT60-SA, un contrat<br />

pour la fourniture de 9 bobines toroïdales a été signé<br />

et la fabrication a été lancée ; les spécifications<br />

de « l’usine cryogénique » associée au tokamak ont<br />

été validées ; l’appel d’offres pour les alimentations<br />

des bobines magnétiques a été diffusé.<br />

Par ailleurs, la Direction des sciences de la matière a<br />

livré au Japon, au nom de l’Europe, le supercalculateur<br />

pétaflopique <strong>du</strong> centre de calcul dédié à la fusion, qui<br />

sera ouvert aux scientifiques japonais et européens<br />

dès 2012 (IFERC).<br />

Théorie et simulation de la physique<br />

des plasmas<br />

L’approche modélisation – simulation – validation<br />

par l’expérience s’est étoffée. Elle concerne aussi<br />

bien les interprétations de mesures infrarouges en<br />

présence de parois métalliques, que la simulation<br />

via le code Gysela de la perte d’ions énergétiques,<br />

ou la simulation de l’éjection rapide de matière<br />

observée lors d’instabilités via le code XTOR.<br />

Physique expérimentale<br />

Pour Tore Supra, le record d‘énergie injectée et<br />

récupérée de 2003 (1 GJ) a quasiment été égalé<br />

(0,95 GJ) avec un plasma plus chaud, plus dense<br />

et à courant plus important (6 MW de chauffage<br />

hybride et 1 MW de chauffage cyclotronique<br />

ionique). Le fonctionnement observé présente,<br />

sur la <strong>du</strong>rée <strong>du</strong> choc, toutes les caractéristiques<br />

d’un régime à confinement amélioré ; il ouvre,<br />

pour la prochaine campagne, un nouveau domaine<br />

de fonctionnement de Tore Supra.<br />

En parallèle, la pertinence pour ITER <strong>du</strong> projet<br />

WEST, consistant à installer un divertor en<br />

tungstène dans Tore Supra, a été reconnue par<br />

toute la communauté de la fusion, et ses études<br />

de conception se sont poursuivies.<br />

Le programme JET « ITER-like wall » (parois de<br />

réacteur identiques à ITER), avec sa nouvelle<br />

configuration tungstène, va offrir de nouvelles<br />

possibilités au terme des actions suivantes : mise<br />

au point des systèmes de protection de la paroi<br />

en temps réel, modélisation des instabilités de<br />

bord <strong>du</strong> plasma via le code Jorek, participation aux<br />

travaux sur la rétention de gaz dans la nouvelle<br />

configuration et aux mesures infrarouges et<br />

visible avec des parois métalliques.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 25


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

RECHERCHE SUR LES<br />

RELATIONS ÉNERGIE/CLIMAT<br />

ET ENVIRONNEMENT<br />

Mise à l’eau <strong>du</strong> carottier géant Calypso<br />

à bord <strong>du</strong> Marion Dufresne.<br />

2011 a été marquée par une accalmie des<br />

controverses sur les sciences <strong>du</strong> climat,<br />

notamment suite à l’évaluation des recherches<br />

sur le changement climatique par l’Académie<br />

des sciences, fin 2010, qui a réaffirmé la<br />

pertinence des travaux des climatologues et<br />

de leurs conclusions. La nomination au sein de<br />

l’Académie des sciences de Jean-Claude Duplessy,<br />

chercheur et ancien directeur <strong>du</strong> Laboratoire<br />

des sciences <strong>du</strong> climat et de l’environnement<br />

(LSCE), a confirmé par ailleurs la place des<br />

sciences <strong>du</strong> climat au sein de cette institution.<br />

Simulations <strong>du</strong> GIEC<br />

Le LSCE est fortement impliqué dans l’élaboration<br />

<strong>du</strong> 5 e rapport <strong>du</strong> GIEC, à travers la rédaction<br />

<strong>du</strong> document et la simulation <strong>du</strong> climat. Deux<br />

coordinateurs de chapitre, quatre auteurs principaux<br />

et deux éditeurs de revue <strong>du</strong> LSCE ont fourni une<br />

première version rédigée de leurs chapitres en<br />

2011. Des chercheurs <strong>du</strong> LSCE ont également<br />

réalisé pour le GIEC des simulations <strong>du</strong> climat passé<br />

et futur à l’échelle globale, utilisant le modèle de<br />

l’Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), en prenant<br />

notamment en compte le couplage climat – carbone.<br />

Cet exercice confirme les conclusions <strong>du</strong> dernier<br />

rapport <strong>du</strong> GIEC de 2007 concernant l’évolution<br />

à venir des températures et des précipitations.<br />

Pour 2100, le scénario le plus sévère prévoit<br />

un réchauffement de 3,5 à 5 °C et dans le cas<br />

le plus optimiste, la température globale moyenne<br />

s’élève de 2 °C.<br />

Chantier Méditerranée<br />

Initié en 2010, le programme inter-organismes<br />

« Chantier Méditerranée » s’est poursuivi.<br />

Le LSCE coordonne dans ce cadre le projet dédié<br />

aux pollutions atmosphériques et à leurs impacts<br />

(CharMex) et participe à des projets lancés<br />

en 2011 : MerMex (impact des changements<br />

climatiques et de l’activité humaine sur<br />

l’environnement continental et marin) et PaleoMex<br />

(relations passées Homme-climat-environnement).<br />

Flacons pour prélèvements d’air sur banc<br />

de recyclage <strong>du</strong> laboratoire Ramces.<br />

Icos<br />

L’infrastructure européenne de recherche Icos,<br />

constituée d’un vaste réseau d’observation de<br />

l’atmosphère et de l’écosystème et d’un centre<br />

de gestion des données, dont la coordination<br />

est confiée au LSCE, continue à se développer.<br />

Icos doit fournir des données de haute précision<br />

et à long terme sur les puits et sources de CO 2<br />

atmosphérique en Europe. Un démonstrateur<br />

de station intégrée, équipé notamment d’un Lidar<br />

pour la mesure de gaz à effet de serre, a été<br />

installé sur une tour de 120 mètres de hauteur,<br />

sur le site Andra de Bure (Meuse). En 2011,<br />

plus de 2 000 échantillons atmosphériques ont<br />

été analysés au LSCE, en provenance de 19 sites,<br />

dans le cadre <strong>du</strong> suivi mondial de la composition<br />

de l’atmosphère (réseau Ramces).<br />

Une réévaluation des flux<br />

de carbone<br />

Une deuxième analyse des mesures de<br />

CO 2 dans le monde a été réalisée pour<br />

cartographier les variations des flux à la<br />

surface <strong>du</strong> globe au cours de la période<br />

1988-2008. <strong>Les</strong> flux sont calculés à partir<br />

de mesures atmosphériques réalisées dans<br />

128 stations. Ils sont estimés avec une<br />

résolution temporelle d’une semaine et une<br />

résolution spatiale de 3,75° x 2,5° (longitude<br />

et latitude). L’analyse des résultats montre<br />

qu’on ré<strong>du</strong>it l’incertitude sur les flux<br />

annuels à grande échelle, de 20 à 60 %<br />

suivant les régions, mais que la densité<br />

<strong>du</strong> réseau de mesure est insuffisante<br />

pour déterminer des structures spatiales<br />

à l’intérieur des continents. Un réseau<br />

plus dense tel Icos est donc nécessaire.<br />

26 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Passeur automatisé d’échantillons biologiques monté sur la ligne de haute énergie au Cimap.<br />

Le LSCE au sein de l’IPSL<br />

L’IPSL, dont le LSCE est une composante<br />

importante, a obtenu en 2011 le financement d’un<br />

« Laboratoire d’excellence » (L-IPSL), qui renforce<br />

son rôle d’acteur majeur dans sa discipline.<br />

2011 a vu l’entrée au classement de Shanghai<br />

de l’une des trois tutelles <strong>du</strong> LSCE, l’Université<br />

Versailles-St-Quentin (UVSQ), grâce notamment<br />

à l’augmentation de publications à fort impact<br />

<strong>du</strong> LSCE. <strong>Les</strong> chercheurs <strong>du</strong> LSCE ont également<br />

contribué à l’évolution de l’Observatoire des<br />

sciences de l’univers vers une « école interne » de<br />

l’université. Deux projets impliquant l’UVSQ, ainsi<br />

que le <strong>CEA</strong> et le CNRS, ont par ailleurs mûri en<br />

2011 : la création d’un institut franco-chinois sur<br />

le carbone et celle d’une chaire in<strong>du</strong>strielle sur les<br />

flux de gaz à effet de serre.<br />

CHIMIE ET INTERACTIONS<br />

RAYONNEMENT – MATIÈRE<br />

Inscrit dans le réseau EMIR, le nouvel accélérateur<br />

d’électrons Sirius de l’Institut rayonnement<br />

matière de Saclay (Iramis), sur le site de l’École<br />

polytechnique, a été ouvert aux premières<br />

expériences.<br />

Celles-ci portent sur le suivi de l’irradiation<br />

par des ions lourds de moyenne énergie sur<br />

le nouveau diffractomètre de rayons X « Alix »,<br />

installé sur une ligne d’irradiation. Elles ont été<br />

con<strong>du</strong>ites au Cimap (Centre de recherche sur<br />

les ions, les matériaux et la photonique, auprès<br />

<strong>du</strong> Ganil à Caen) et permettront d’étudier les<br />

phénomènes d’irradiation en réacteur nucléaire.<br />

Façonner la matière à l’échelle nanométrique<br />

par irradiation de faisceaux d’ions<br />

L’irradiation peut être utilisée de façon originale<br />

pour nanostructurer la matière. Des chercheurs de<br />

l’Iramis ont montré qu’il est possible de modifier la<br />

morphologie de nano-objets métalliques confinés<br />

dans une matrice amorphe (matériaux composites)<br />

par irradiation avec des ions lourds rapides. Ce<br />

« façonnage » de nano-objets est un moyen<br />

intéressant pour mieux maîtriser leurs propriétés<br />

physico-chimiques.<br />

Capteurs ultrasensibles de métaux lourds<br />

à base de membranes polymères irradiées<br />

L’application des nouvelles normes de<br />

concentration en métaux lourds dans les eaux<br />

nécessite de nouvelles techniques d’analyses<br />

performantes. Des chercheurs de l’Iramis ont<br />

réalisé des capteurs voltamétriques originaux,<br />

très sensibles car capables de piéger une forte<br />

concentration de polluants dans une électrode<br />

constituée d’une membrane ren<strong>du</strong>e poreuse par<br />

irradiation d’ions lourds.<br />

Des ions lourds pour couper et plier le graphène<br />

Le graphène, plan cristallin de carbone, est<br />

aujourd’hui étudié de façon très approfondie <strong>du</strong><br />

fait de ses con<strong>du</strong>ctances électrique et thermique<br />

exceptionnellement élevées ou encore de<br />

sa résistance mécanique. <strong>Les</strong> chercheurs<br />

<strong>du</strong> Cimap, en collaboration avec les chercheurs<br />

de l’Université de Duisburg (Allemagne), viennent<br />

de montrer de façon tout à fait originale que le<br />

graphène peut être coupé et plié, par irradiation<br />

sous incidence rasante, avec un ion lourd.<br />

Dispositif expérimental d’ions au Ganil.<br />

Matériaux et énergies <strong>du</strong>rables<br />

Au sein de l’Iramis, le Centre de recherche<br />

sur les ions, les matériaux et la photonique<br />

(Cimap), implanté auprès <strong>du</strong> Ganil à Caen,<br />

est totalement intégré au Labex EMC3<br />

(Energy, materials and clean combustion<br />

center) dont l’objectif est de con<strong>du</strong>ire des<br />

recherches dans les domaines de l’énergie<br />

nucléaire et de l’énergie <strong>du</strong>rable.<br />

Le Cimap est aussi partenaire de l’Equipex<br />

Genesis, visant à caractériser les matériaux<br />

<strong>du</strong> nucléaire à l’échelle nanométrique.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 27


1 I A<br />

ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE<br />

SUR LES ÉNERGIES BAS CARBONE<br />

Manipulation d’échantillons biologiques<br />

en conditions non-stériles.<br />

RADIOBIOLOGIE<br />

Comprendre l’effet sur le vivant des fortes<br />

et faibles doses de rayonnement<br />

<strong>Les</strong> recherches menées par le <strong>CEA</strong> en radiobiologie<br />

ont pour objectif d’étudier l’impact sur la santé et<br />

l’environnement des rayonnements ionisants. Elles<br />

contribuent à définir les conditions de sécurité<br />

liées aux technologies <strong>du</strong> nucléaire et l’accident<br />

nucléaire de Fukushima souligne la nécessité<br />

de les renforcer. L’étude des mécanismes de<br />

réparation et de recombinaison de l’ADN, la prise<br />

en compte de la sensibilité de chaque indivi<strong>du</strong><br />

aux rayonnements ionisants et la connaissance<br />

des processus de cancérogénèse sont au cœur de<br />

ces recherches. En 2011, les chercheurs se sont<br />

attelés à relever un défi de taille : déterminer<br />

si une tumeur est liée à une exposition aux<br />

rayonnements ionisants ou non… Ils ont analysé<br />

l’expression globale des gènes de tumeurs de la<br />

thyroïde apparues à la suite d’une radiothérapie<br />

ainsi que de tumeurs de la thyroïde développées<br />

par des enfants vivant à proximité de la centrale<br />

de Tchernobyl en 1986. Par recoupements<br />

successifs, il a été possible de définir des groupes<br />

de gènes constituant une signature de la nature<br />

radioin<strong>du</strong>ite de la tumeur. <strong>Les</strong> chercheurs <strong>du</strong><br />

<strong>CEA</strong> ont également continué à explorer les<br />

mécanismes de réparation de l’ADN mis en<br />

jeu lors d’une atteinte par les rayonnements.<br />

Chez l’Homme, il existe plusieurs systèmes<br />

de réparation de l’ADN suite à des dommages<br />

imputables aux rayonnements UV, notamment<br />

le système NER. En 2011, les chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

ont démontré que trois protéines, XPC, RAD23B<br />

et Centrine 2, sont des acteurs essentiels de<br />

cette voie de réparation et ont décrypté en partie<br />

leur mode d’action. Une autre voie de réparation<br />

est essentielle pour réparer les cassures<br />

Extraction d’ADN et analyse par PCR<br />

des phénotypes de souris.<br />

double-brins de l’ADN qui sont extrêmement<br />

toxiques : le NHEJ. En déterminant la structure<br />

tridimensionnelle d’un complexe formé de deux<br />

protéines, Xrcc4 et Cernunnos, les chercheurs ont<br />

apporté un éclairage nouveau sur les mécanismes<br />

moléculaires de l’action de ce complexe.<br />

Enfin, en 2011, le <strong>CEA</strong> a mis en place une<br />

collaboration avec l’Institut des cellules souches<br />

pour le traitement et l’étude des maladies<br />

monogéniques (I-STEM). Il s’agira de reprogrammer<br />

des cellules souches a<strong>du</strong>ltes de l’épiderme afin<br />

de les rendre capables de former des cellules<br />

caractéristiques de plusieurs types cellulaires.<br />

Cette technique va permettre une modélisation<br />

de maladies d’hypersensibilité telles que le<br />

syndrome de Gorlin. <strong>Les</strong> patients atteints<br />

de cette maladie développent des tumeurs<br />

cutanées et cérébrales et présentent une forte<br />

sensibilité indivi<strong>du</strong>elle aux rayonnements<br />

ionisants. Avec les lignées de cellules ainsi<br />

obtenues, il va être possible de reconnaître<br />

les mécanismes de cette sensibilité ainsi que<br />

de rechercher des marqueurs d’exposition<br />

à faible dose, qui font défaut aujourd’hui<br />

pour caractériser les populations à risque.<br />

Dépôt des échantillons pour électrophorèse.<br />

28 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Plateforme de phytotechnologie dédiée à la culture des plantes en conditions contrôlées.<br />

TOXICOLOGIE<br />

Appréhender l’impact des technologies de<br />

l’énergie sur l’Homme et son environnement<br />

<strong>Les</strong> recherches en toxicologie <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> ont pour<br />

objectif d’apporter les connaissances dont il<br />

a besoin pour assumer ses responsabilités en<br />

tant que pro<strong>du</strong>cteur ou utilisateur de nouveaux<br />

procédés technologiques, dans le domaine des<br />

énergies bas carbone. Ces procédés sont variés,<br />

allant des applications nucléaires aux matériaux<br />

à base de nanoparticules pour les nouvelles<br />

énergies. La caractérisation des dangers et<br />

de l’impact potentiel de ces technologies sur<br />

la santé ou l’environnement s’appuie sur les<br />

compétences pluridisciplinaires <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> et sur<br />

sa capacité en recherche fondamentale.<br />

<strong>Les</strong> recherches en toxicologie sont essentielles<br />

pour améliorer la protection des populations et<br />

des travailleurs <strong>du</strong> nucléaire. <strong>Les</strong> médecins <strong>du</strong><br />

travail ont besoin de tests qui leur permettent<br />

non seulement de connaître le niveau de la<br />

contamination mais aussi d’en prévoir les<br />

conséquences pathologiques potentielles. <strong>Les</strong><br />

chercheurs ont trouvé un biomarqueur qui pourrait<br />

les y aider dans le cas d’une contamination par<br />

l’uranium : l’ostéopontine, une protéine impliquée<br />

dans la minéralisation osseuse. En 2011, ils ont<br />

commencé à évaluer l’intérêt de ce marqueur<br />

auprès d’un petit nombre de travailleurs d’Areva<br />

exposés à des poussières d’uranium, une première<br />

étape essentielle pour mieux appréhender le<br />

mécanisme d’action toxique de l’uranium.<br />

Dans le domaine <strong>du</strong> risque nucléaire<br />

environnemental, les équipes <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> s’appuient<br />

sur leurs connaissances de la biologie des plantes<br />

et des micro-organismes et sur l’exploration de<br />

la biodiversité pour rechercher les mécanismes<br />

enzymatiques ou de transport importants<br />

pour le développement de techniques de<br />

décontamination. En 2011, les chercheurs ont<br />

montré que dans des sols naturellement riches<br />

en uranium localisés dans le bassin minier <strong>du</strong><br />

Limousin, la présence de cet uranium n’affecte<br />

pas la diversité bactérienne mais in<strong>du</strong>it le<br />

développement d’une population spécifique,<br />

remarquablement stable dans le temps. Ils<br />

ont également établi des collections rares de<br />

bactéries qui représentent un outil essentiel<br />

pour avancer dans la compréhension des liens<br />

entre radionucléides, sols et bactéries. D’autres<br />

chercheurs se sont intéressés à la toxicité des<br />

métaux lourds pouvant être issus des activités<br />

in<strong>du</strong>strielles liées ou non au secteur <strong>du</strong> nucléaire.<br />

Ils ont ainsi montré que l’intoxication de cellules<br />

végétales par de faibles concentrations de<br />

cadmium in<strong>du</strong>it de nombreux changements au<br />

niveau de la synthèse protéique, un processus<br />

essentiel dans la croissance des êtres vivants.<br />

<strong>Les</strong> nanoparticules occupent une place croissante<br />

dans les matériaux utilisés dans les secteurs<br />

<strong>du</strong> nucléaire, <strong>du</strong> photovoltaïque ou pour la<br />

filière hydrogène. En 2011, les chercheurs ont<br />

développé un modèle cellulaire mimant la barrière<br />

hémato-encéphalique, élément clé de la protection<br />

<strong>du</strong> cerveau, et testé sa performance pour l’analyse<br />

<strong>du</strong> transfert des nanoparticules à travers cette<br />

barrière. Ils ont ainsi mis en évidence la capacité<br />

des nanoparticules de dioxyde de titane (nano-<br />

TiO 2) à franchir les barrières membranaires,<br />

s’accumuler dans les cellules et provoquer des<br />

modifications fonctionnelles. <strong>Les</strong> études devront<br />

Souches bactériennes environnementales<br />

cultivées sur plaque multipuits.<br />

être poursuivies mais il est déjà rassurant de<br />

constater que les effets biologiques observés<br />

ne surviennent qu’à des doses extrêmement<br />

élevées et pour des matériaux notoirement plus<br />

réactifs que ceux utilisés dans l’in<strong>du</strong>strie.<br />

Métaux lourds et génotoxicité<br />

<strong>Les</strong> chercheurs de l’Institut de recherches<br />

en technologies et sciences pour le vivant<br />

et de l’Institut nanosciences et cryogénie<br />

étudient l’impact délétère de métaux<br />

lourds et de nanoparticules sur des plantes,<br />

des cellules humaines et des bactéries.<br />

<strong>Les</strong> axes principaux sont le transport et<br />

le stockage d’ions métalliques dans ces<br />

systèmes, les dommages et la réparation<br />

de l’ADN (génotoxicité).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 29


1A 1B<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

ET RECHERCHES DE BASE<br />

ASSOCIÉES<br />

Temps forts<br />

Retrait <strong>du</strong> service de la TN81<br />

La dernière Tête nucléaire aéroportée TN81 retirée <strong>du</strong> service<br />

opérationnel a été démontée sur le site <strong>du</strong> Centre spécial<br />

militaire de Val<strong>du</strong>c (CSMV) le 22 décembre 2011, signant la fin<br />

<strong>du</strong> programme de retrait <strong>du</strong> service opérationnel de la TN81.<br />

La TN81, associée au vecteur Air sol moyenne portée (ASMP),<br />

a été mise en service opérationnel par les Forces aériennes<br />

stratégiques (FAS) de l’Armée de l’air en 1988.<br />

De 2009 à 2011, la TN81 a été progressivement remplacée<br />

par la Tête nucléaire aéroportée (TNA), associée au<br />

missile Air sol moyenne portée améliorée (ASMPA).<br />

30 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Mettre la science<br />

et la technique<br />

au service<br />

de la Défense<br />

et de la sécurité<br />

globale.<br />

Tera 100, une des composantes<br />

<strong>du</strong> complexe de calcul scientifique,<br />

utilisé pour le programme<br />

Simulation <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>.<br />

Commande d’un nouveau Barracuda<br />

La commande <strong>du</strong> 3 e Sous-marin nucléaire d’attaque (SNA)<br />

<strong>du</strong> programme Barracuda Le Dupetit Thouars a été notifiée<br />

le 28 juin 2011 aux in<strong>du</strong>striels. Cette nouvelle étape <strong>du</strong> programme<br />

a donné lieu à une cérémonie organisée à Cherbourg, rassemblant<br />

les principaux acteurs étatiques (Marine nationale, DGA,<br />

<strong>CEA</strong> et service technique mixte STXN) et in<strong>du</strong>striels (DCNS<br />

et Areva TA). Cette commande s’inscrit dans le cadre d’un contrat<br />

global notifié en 2006, par la DGA et le <strong>CEA</strong>, en co-traitance à<br />

DCNS et Areva TA et dans lequel le <strong>CEA</strong> assume la responsabilité<br />

de la conception et de la fabrication des six chaufferies.<br />

Implantation <strong>du</strong> laser Pétal au sein <strong>du</strong> laser<br />

Mégajoule<br />

La cérémonie d’intégration <strong>du</strong> laser Pétawatt Petal au sein de<br />

l’installation laser Mégajoule (LMJ) s’est déroulée le 12 septembre<br />

2011. Le projet Petal, lancé en 2003, consiste en la réalisation<br />

d’une chaîne laser d’une puissance exceptionnelle de plusieurs<br />

pétawatts, délivrant des impulsions lumineuses ultra-brèves<br />

(de l’ordre de la picoseconde) couplée au LMJ, laser de haute<br />

énergie (impulsions longues de quelques nanosecondes).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 31


1 I B<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

ET RECHERCHES DE BASE ASSOCIÉES<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

Acteur de la dissuasion nucléaire et de la sécurité nationale,<br />

la Direction des applications militaires (DAM), pôle Défense <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>,<br />

a pour mission de concevoir, fabriquer, maintenir en condition<br />

opérationnelle puis démanteler les têtes nucléaires qui équipent<br />

les forces océaniques et aéroportées françaises. Elle est chargée<br />

de la conception et de l’entretien des réacteurs nucléaires, assurant<br />

la propulsion des bâtiments de la Marine nationale, sous-marins et<br />

porte-avions. Elle est également responsable de l’approvisionnement<br />

des matières nucléaires pour les besoins de la Défense. Le suivi<br />

de l’impact sur l’environnement de ses activités fait l’objet d’une<br />

attention soutenue.<br />

Porte-avions Charles de Gaulle.<br />

Dans un monde en profonde mutation, le <strong>CEA</strong><br />

contribue à la sécurité à travers l’appui technique<br />

qu’il apporte aux autorités, pour les questions<br />

de désarmement, de lutte contre la prolifération<br />

nucléaire et le terrorisme. Depuis le transfert<br />

<strong>du</strong> centre de Gramat de la Direction générale de<br />

l’armement au <strong>CEA</strong>, la défense conventionnelle<br />

constitue une nouvelle mission de la DAM.<br />

Pour mener à bien l’ensemble de ces missions, la<br />

DAM est responsable des études scientifiques et<br />

techniques de base, ciblées sur les <strong>programmes</strong><br />

dont elle a la charge.<br />

LES TÊTES NUCLÉAIRES<br />

Le 22 décembre 2011, la dernière Tête nucléaire<br />

aéroportée TN81 retirée <strong>du</strong> service opérationnel<br />

a été démontée. Cette opération a mis un terme<br />

au programme de retrait <strong>du</strong> service opérationnel<br />

de la TN81. De 2009 à 2011, la TN81 a été<br />

progressivement remplacée par la Tête nucléaire<br />

aéroportée (TNA), associée au missile Air sol<br />

moyenne portée amélioré (ASMPA). <strong>Les</strong> TNA sont<br />

les premières armes nucléaires au monde à être<br />

garanties par la simulation.<br />

La TN75 va être progressivement remplacée à<br />

partir de 2015 par la Tête nucléaire océanique<br />

(TNO), qui équipera les missiles stratégiques M51<br />

à partir de 2015.<br />

Vue générale de la salle de calcul de Tera 100.<br />

LE PROGRAMME SIMULATION<br />

<strong>Les</strong> têtes nucléaires, qui renouvellent progressivement<br />

les armes en service lorsqu’elles arrivent<br />

en fin de vie, sont garanties sans nouveaux essais<br />

nucléaires. Le programme Simulation a été lancé<br />

en 1996 pour répondre à cet objectif.<br />

À ce jour, la garantie des charges nucléaires de<br />

renouvellement s’appuie sur trois volets :<br />

<br />

lors de l’ultime campagne d’essais en 1995-1996 ;<br />

<br />

par la « militarisation » entre les formules<br />

expérimentées et les charges nucléaires de<br />

renouvellement ou susceptibles d’apparaître au<br />

cours de la vie opérationnelle de l’arme ;<br />

<br />

garantir le bon fonctionnement des armes.<br />

Le programme Simulation repose sur de grands<br />

équipements indispensables pour mettre en<br />

œuvre les outils : supercalculateurs, machine<br />

radiographique, laser Mégajoule (LMJ).<br />

32 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Le programme Simulation repose sur de grands équipements<br />

indispensables pour mettre en œuvre les outils tels que<br />

supercalculateurs, machine radiographique, lasers…<br />

Simulation numérique.<br />

Un des outils essentiels de ce programme est<br />

le standard de calcul constitué d’une chaîne de<br />

logiciels repro<strong>du</strong>isant les différentes phases<br />

de fonctionnement d’une arme nucléaire. Sa<br />

réalisation nécessite l’enchaînement de modèles<br />

physiques prédictifs mis au point dans le cadre<br />

des études scientifiques et techniques de base et<br />

le déploiement de puissants moyens de calculs.<br />

Le supercalculateur Tera 100, installé sur le centre<br />

DAM Île-de-France, est pleinement opérationnel<br />

pour les concepteurs d’armes depuis début 2001,<br />

ce qui a permis l’arrêt et le démontage de la<br />

machine Tera 10 utilisée pour la garantie de la<br />

TNA. La validation informatique de Tera 100 a été<br />

obtenue fin 2010 avec le passage <strong>du</strong> « cas test<br />

de référence mondial » Linpack mesurant une<br />

puissance réelle de 1,05 Pétaflops. Depuis début<br />

2011, Tera 100 est utilisé avec le standard de<br />

calcul 2010 pour les travaux de la garantie de la<br />

charge nucléaire TNO.<br />

La garantie de l’énergie et de la sûreté de la<br />

charge nucléaire passe par une validation d’un<br />

standard de calcul. Cette validation est obtenue<br />

en confrontant les prédictions <strong>du</strong> standard aux<br />

mesures recueillies lors des essais nucléaires<br />

passés et aux expériences de validation par<br />

partie réalisées aujourd’hui sur la machine<br />

radiographique Airix et la Ligne d’intégration laser<br />

(LIL, prototype <strong>du</strong> LMJ), et demain sur Epure<br />

et le LMJ.<br />

La démarche de garantie par la Simulation <strong>du</strong><br />

fonctionnement de la charge nucléaire mise<br />

en place et en œuvre par la DAM depuis 1996<br />

a été éten<strong>du</strong>e aux autres fonctions de la<br />

charge. Ainsi fin 2011, le directeur des armes<br />

nucléaires a prononcé l’homologation des<br />

premiers standards de calcul pour les fonctions<br />

de rentrée atmosphérique et furtivité de la<br />

TNO. Ces Standards concrétisent des décennies<br />

d’expérience acquise, et plus particulièrement<br />

plusieurs années d’essais au sol, en vol, de<br />

mesures de Surface équivalente radar (SER) de<br />

maquettes, de travaux théoriques, numériques et<br />

expérimentaux de la DAM.<br />

La machine de radiographie Airix, installée au<br />

Polygone d’expérimentation de Moronvilliers<br />

(PEM) en Champagne-Ardenne, permet de valider<br />

les modèles relatifs au début <strong>du</strong> fonctionnement<br />

de l’arme, dans sa phase hydrodynamique (non<br />

nucléaire).<br />

Dans le cadre <strong>du</strong> traité Défense franco-britannique<br />

signé à Londres en novembre 2010, le Président<br />

de la République française et le Premier<br />

ministre britannique ont signé un traité relatif<br />

au partage d’installations radiographiques et<br />

hydrodynamiques. La loi a été promulguée en<br />

mai 2011. La France et le Royaume-Uni ont<br />

décidé de partager deux installations de physique<br />

expérimentale. Cette décision se tra<strong>du</strong>it par<br />

la construction et l’exploitation commune d’une<br />

installation radiographique et hydrodynamique<br />

en France, Epure, sur le centre <strong>CEA</strong> de Val<strong>du</strong>c.<br />

Ils partagent également une installation pour<br />

des développements technologiques communs<br />

au sein <strong>du</strong> Technology Development Center (TDC)<br />

sur le centre de l’Atomic Weapons Establishment<br />

(AWE) à Aldermaston, au Royaume-Uni.<br />

La première phase d’Epure est en cours de<br />

construction à Val<strong>du</strong>c, le premier béton a été coulé<br />

en novembre 2010. L’installation, dotée à terme<br />

de trois axes radiographiques de forte puissance,<br />

permettra de mesurer, avec la plus grande<br />

précision, l’état et le comportement des matériaux<br />

qui constituent les armes, dans des conditions de<br />

température et pression extrêmes, <strong>du</strong>rant la phase<br />

hydrodynamique (sans dégagement d’énergie<br />

nucléaire). <strong>Les</strong> technologies indispensables<br />

pour y parvenir seront développées au TDC.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 33


1 I B<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

ET RECHERCHES DE BASE ASSOCIÉES<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

Poste de con<strong>du</strong>ite de la Ligne d’intégration laser (LIL).<br />

Mise en œuvre d’une caméra mécanooptique<br />

sur Airix.<br />

La première expérience de qualification des<br />

enceintes de confinement qui seront utilisées<br />

dans Epure a été réalisée au PEM le 1 er avril<br />

2011. Cette expérience marque le début d’une<br />

campagne d’essais visant à acquérir tous les<br />

paramètres permettant la mise au point définitive<br />

et la qualification de ces équipements. C’est<br />

également en avril que le centre DAM Île-de-<br />

France a accueilli la première équipe britannique<br />

permanente de l’AWE. Elle est intégrée dans<br />

une équipe d’ingénierie commune DAM/AWE<br />

qui travaille à la conception des éléments de la<br />

seconde phase de l’installation Epure et à leur<br />

futur mode d’exploitation à Val<strong>du</strong>c.<br />

Le LMJ, indispensable pour simuler la phase de<br />

fonctionnement nucléaire de l’arme, est en cours<br />

de construction au centre <strong>CEA</strong> <strong>du</strong> Cesta, près<br />

de Bordeaux, en vue de réaliser les premières<br />

expériences fin 2014.<br />

Le projet avance comme prévu, comme en témoignent<br />

les différentes étapes franchies en 2011 :<br />

<br />

installé en mars sur une des chaînes <strong>du</strong> LMJ.<br />

Son principal rôle est d’amplifier un milliard de<br />

fois l’impulsion lumineuse émise par la source<br />

laser. Dans un premier temps, cela permettra de<br />

valider le fonctionnement optique de la section<br />

amplificatrice.<br />

<br />

monté sur chaîne courant mai. Ce composant<br />

corrige la surface d’onde <strong>du</strong> faisceau et assure<br />

sa parfaite planéité, grâce à la maîtrise de<br />

micro-déformations pilotées de sa surface<br />

réfléchissante. Cet équipement a été conçu par<br />

la DAM qui a également assuré la fabrication de<br />

ce premier exemplaire, la série étant confiée à<br />

un in<strong>du</strong>striel.<br />

<br />

<strong>du</strong> LMJ a été aligné courant juin. Cet alignement<br />

confirme la qualité <strong>du</strong> pré-positionnement des<br />

structures mécaniques de grandes dimensions<br />

et des composants optiques internes constitutifs<br />

d’une chaîne laser. Il a également permis de<br />

tester le bon fonctionnement des dispositifs<br />

et équipements mobiles qui permettent un<br />

alignement fin <strong>du</strong> faisceau.<br />

<br />

de la supervision (contrôle-commande) de<br />

l’installation a été qualifiée sur un banc test.<br />

Cette qualification a permis de dérouler des<br />

séquences informatiques de tir dans différentes<br />

configurations en utilisant tous les mécanismes<br />

de la supervision et des simulateurs des sousensembles<br />

<strong>du</strong> LMJ.<br />

<strong>Les</strong> campagnes d’expériences sur la LIL ont été<br />

con<strong>du</strong>ites en respectant le planning. <strong>Les</strong> tirs de<br />

puissance ont permis d’obtenir de nombreux<br />

résultats expérimentaux au profit de la physique<br />

des armes, de la physique des lasers pour le LMJ et<br />

de l’astrophysique dans le cadre de l’ouverture des<br />

moyens à la communauté scientifique.<br />

OUVERTURE<br />

À LA COMMUNAUTÉ<br />

SCIENTIFIQUE DES<br />

MOYENS DU PROGRAMME<br />

SIMULATION<br />

<strong>Les</strong> supercalculateurs, le LMJ et son prototype la<br />

LIL, sont des réalisations exceptionnelles tant par<br />

leurs caractéristiques techniques que par leurs<br />

performances. Pour une partie de leur temps<br />

disponible, celles-ci sont mises à la disposition<br />

de la communauté scientifique européenne,<br />

conformément à la politique approuvée par le<br />

ministère de la Défense en 2002.<br />

L’Institut lasers et plasmas (ILP) a vocation à<br />

stimuler, animer et coordonner les recherches<br />

dans le domaine des lasers de puissance et des<br />

plasmas. Sa principale mission est d’organiser<br />

l’ouverture des grandes installations laser <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

à l’ensemble de la communauté scientifique. La<br />

Route des lasers, qui se développe autour de la<br />

LIL et <strong>du</strong> LMJ, est un des 39 pôles de compétitivité<br />

nationaux.<br />

Le 12 septembre 2011 s’est déroulée la<br />

cérémonie d’intégration <strong>du</strong> laser Pétawatt Petal<br />

au sein <strong>du</strong> LMJ. Le projet Petal, lancé en 2003<br />

par la Région Aquitaine, le ministère chargé de<br />

la Recherche et l’Union européenne, consiste en<br />

la réalisation d’une chaîne laser d’une puissance<br />

exceptionnelle de plusieurs pétawatts, délivrant<br />

des impulsions lumineuses ultra-brèves (de<br />

l’ordre de la picoseconde) couplée au LMJ, laser de<br />

haute énergie (impulsions longues de quelques<br />

nanosecondes). <strong>Les</strong> expériences sont prévues<br />

pour 2015, le premier amplificateur tunnel pour<br />

Petal a été réceptionné en avril 2011. Il vise la<br />

création d’un Très grand instrument de recherche<br />

civil, unique en Europe, pour les études sur la<br />

fusion par confinement inertiel, la connaissance<br />

de l’Univers et la recherche médicale.<br />

34 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Chambre d’expériences <strong>du</strong> laser Mégajoule.<br />

MOYENS DE CALCULS<br />

Le centre de calcul Défense, autour de la machine<br />

Tera 100, est dédié exclusivement aux travaux<br />

de la DAM. Dans le domaine de la simulation<br />

numérique mettant en œuvre des calculateurs<br />

hautes performances de la classe <strong>du</strong> Téraflops,<br />

le <strong>CEA</strong> a mis en place, sur son site DAM<br />

Île-de-France, le pôle Ter@tec.<br />

Tirant partie de ces moyens exceptionnels, le <strong>CEA</strong><br />

offre dans le cadre <strong>du</strong> Centre de calcul recherche<br />

et technologie (CCRT), une puissance de calcul<br />

importante pour une machine d’architecture<br />

équivalente à la machine Tera 100 <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>.<br />

Ce centre est destiné à l’ensemble des activités<br />

non classifiées <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> et a vocation à satisfaire<br />

les besoins de ses nombreux partenaires (<strong>CEA</strong>,<br />

EDF, Snecma…) en matière de grandes simulations<br />

numériques. La journée CCRT 2011 « Simulation<br />

et flots de données » a rassemblé en octobre<br />

120 participants <strong>du</strong> monde de l’in<strong>du</strong>strie et de<br />

la recherche. Elle a notamment permis de faire<br />

le point sur les besoins d’utilisateurs dans les<br />

domaines <strong>du</strong> climat, de l’analyse <strong>du</strong> génome,<br />

de l’astrophysique ou encore de l’ingénierie<br />

moléculaire.<br />

Le Très grand centre de calcul (TGCC) <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>,<br />

jouxtant le site de Bruyères-le-Châtel, est une<br />

infrastructure réalisée pour accueillir la machine<br />

européenne Curie de puissance pétaflopique<br />

acquise par Genci (Grand équipement national<br />

de calcul intensif) dans le cadre <strong>du</strong> partenariat<br />

européen Prace (Partenariat for advanced<br />

computing in Europe) et avec le soutien financier<br />

<strong>du</strong> Conseil général de l’Essonne. Cette machine a<br />

atteint 2 pétaflops en 2012 en faisant la première<br />

machine européenne. Elle doit permettre des<br />

avancées sans précédent dans tous les domaines<br />

de la recherche académique et in<strong>du</strong>strielle.<br />

LA PROPULSION NUCLÉAIRE<br />

La DAM est responsable de la maîtrise d’ouvrage<br />

pour la conception et le développement des<br />

chaufferies nucléaires des bâtiments de la<br />

Marine nationale et pour la réalisation des cœurs<br />

équipant les chaufferies embarquées.<br />

La flotte des bâtiments à propulsion nucléaire de<br />

la Marine nationale représente douze chaufferies<br />

équipées de cœurs nucléaires en exploitation. Elle<br />

est composée <strong>du</strong> porte-avions Charles de Gaulle,<br />

de six Sous-marins nucléaires d’attaque (SNA)<br />

et de quatre Sous-marins nucléaires lanceurs<br />

d’engins de nouvelle génération (SNLE NG).<br />

Le programme Barracuda, qui vise à remplacer les<br />

6 SNA type Rubis par 6 nouveaux sous-marins,<br />

se poursuit. La commande <strong>du</strong> 3 e Barracuda a été<br />

notifiée le 28 juin 2011 aux in<strong>du</strong>striels.<br />

Le programme RES, pour Réacteur d’essai,<br />

se déroule à Cadarache. Il a pour objectif la<br />

construction d’un réacteur nucléaire à terre sur<br />

le site de l’Installation nucléaire de base secrète<br />

Propulsion nucléaire (INBS PN), représentatif<br />

des réacteurs embarqués sur les bâtiments<br />

de la Marine nationale, ainsi que d’une piscine<br />

pour l’entreposage de combustibles irradiés.<br />

La fabrication <strong>du</strong> premier cœur devant équiper<br />

ce réacteur s’est achevée en 2011 et les essais<br />

en pile neutronique sont en cours à Cadarache.<br />

En parallèle, la DAM apporte son soutien à<br />

la Défense pour le démantèlement des ex SNLE<br />

type Le Redoutable M4.<br />

DÉMANTÈLEMENT<br />

ET ASSAINISSEMENT<br />

DES INSTALLATIONS<br />

DE MATIÈRES FISSILES<br />

Lancé en 1995, le programme de démantèlement<br />

et d’assainissement des installations de<br />

pro<strong>du</strong>ction de plutonium et d’uranium enrichi<br />

s’est poursuivi en 2011.<br />

Le démantèlement des usines de diffusion<br />

gazeuse de Pierrelatte, projet Ardemu d’Arrêt<br />

et démantèlement des usines, s’est terminé fin<br />

2010 comme prévu. Le président <strong>du</strong> Comité mixte<br />

Armées-<strong>CEA</strong> et l’Administrateur général <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

ont célébré en avril la fin de ce programme, en<br />

présence de représentants de la Défense, d’Areva<br />

et <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>. Dans son allocution, le président<br />

<strong>du</strong> Comité mixte a rappelé la responsabilité de<br />

ce comité dans le suivi des grands projets de<br />

démantèlement des installations de la dissuasion<br />

et l’importance <strong>du</strong> retour d’expérience <strong>du</strong> projet<br />

Ardemu pour les chantiers de démantèlement<br />

en cours et à venir. « L’exemple d’Ardemu (…)<br />

prouve que cet objectif est atteignable, si nous<br />

respectons les exigences solidement établies d’un<br />

nucléaire <strong>du</strong>rable et responsable », a déclaré à<br />

cette occasion l’Administrateur général <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>.<br />

Cette journée a également été l’occasion<br />

d’inaugurer le nouvel espace d’information<br />

dédié au désarmement et au démantèlement<br />

des installations militaires de pro<strong>du</strong>ction de<br />

matières fissiles, situé dans le hall <strong>du</strong> réacteur en<br />

démantèlement G2, à Marcoule.<br />

Sur le site de Pierrelatte, les travaux de<br />

préparation à la cessation définitive d’exploitation<br />

de l’Usine de recyclage et d’exploitation (URE)<br />

ont débuté au 2 e semestre 2011. Sur les autres<br />

sites (Marcoule, Bruyères-le-Châtel, Miramas), les<br />

opérations se sont poursuivies au rythme prévu.<br />

Centre de calcul recherche et technologie (CCRT).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 35


1 I B<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

ET RECHERCHES DE BASE ASSOCIÉES<br />

DÉFENSE ET SÉCURITÉ GLOBALE<br />

LUTTE CONTRE<br />

LA PROLIFÉRATION<br />

ET LE TERRORISME,<br />

SÉCURITÉ GLOBALE<br />

En raison de ses capacités techniques et<br />

scientifiques uniques dans les domaines<br />

nucléaires civil et militaire, le <strong>CEA</strong> contribue<br />

aux enjeux globaux de sécurité au travers de<br />

l’appui technique qu’il apporte aux autorités<br />

nationales et internationales pour les questions<br />

de désarmement, de lutte contre la prolifération<br />

nucléaire, de terrorisme et de sécurité.<br />

Outre les moyens de détection qu’il exploite en<br />

propre pour informer les autorités nationales en<br />

cas d’essai nucléaire, le <strong>CEA</strong> assure la contribution<br />

française à la mise en œuvre des moyens de<br />

vérification <strong>du</strong> Traité d’interdiction complète<br />

des essais nucléaires (Tice), développés sous la<br />

responsabilité de l’Organisation <strong>du</strong> traité (Otice).<br />

Dans ce cadre, le <strong>CEA</strong> a développé un Système<br />

de prélèvement d’air automatique en ligne avec<br />

l’analyse des radioxénons (Spalax), qui permet de<br />

vérifier le caractère nucléaire d’un essai souterrain<br />

à partir de l’analyse des isotopes radioactifs <strong>du</strong><br />

xénon éventuellement relâchés dans l’atmosphère.<br />

Deux stations de ce type installées à La Réunion et<br />

en Guyane ont été certifiées pour la première fois<br />

par l’Otice en 2011. Le laboratoire FRL08 <strong>du</strong> centre<br />

DAM Île-de-France, qui fait partie des 16 laboratoires<br />

internationaux chargés par l’Otice d’expertiser les<br />

échantillons prélevés par les stations de mesure<br />

des radionucléides <strong>du</strong> Système de surveillance<br />

international en cas d’événement suspect, a vu sa<br />

certification renouvelée pour une <strong>du</strong>rée de 3 ans.<br />

Dans le domaine de la lutte contre la prolifération<br />

nucléaire, le <strong>CEA</strong> et le Département des garanties<br />

de l’AIEA ont poursuivi leur collaboration au travers<br />

<strong>du</strong> Programme français de soutien aux garanties.<br />

Concernant la lutte contre le terrorisme, le <strong>CEA</strong><br />

est à la fois acteur opérationnel et acteur de<br />

R&D. <strong>Les</strong> équipes de la DAM déployées dans le<br />

cadre <strong>du</strong> Détachement central interministériel<br />

d’intervention technique (DCI) ont participé, en<br />

2011, aux opérations de sécurisation nucléaire<br />

et radiologique des sommets <strong>du</strong> G8 à Deauville<br />

et <strong>du</strong> G20 à Cannes. En parallèle, les actions<br />

con<strong>du</strong>ites au sein <strong>du</strong> programme interministériel<br />

de R&D NRBC-E (Nucléaire, radiologique,<br />

biologique, chimique - explosifs) confié au <strong>CEA</strong><br />

par les pouvoirs publics, ont permis des avancées<br />

significatives en matière de développement et<br />

de test de technologies de sécurité. Certaines<br />

des technologies développées ont fait l’objet de<br />

transferts vers des in<strong>du</strong>striels.<br />

LA DÉFENSE<br />

CONVENTIONNELLE<br />

Depuis le 1 er janvier 2010, date <strong>du</strong> transfert au<br />

<strong>CEA</strong> des activités menées par le centre de Gramat<br />

au sein de la Direction générale de l’armement<br />

(DGA), la défense conventionnelle constitue une<br />

mission de la DAM. Ces activités sont con<strong>du</strong>ites<br />

essentiellement dans le cadre de <strong>programmes</strong><br />

Spectromètre de masse à source plasma utilisé<br />

dans le cadre <strong>du</strong> programme NRBC.<br />

d’armement, de <strong>programmes</strong> d’études amont et<br />

d’études technico-opérationnelles, afin de répondre<br />

aux besoins de la Défense en matière de charges<br />

militaires conventionnelles et d’applications<br />

électromagnétiques de défense. Ces dernières se<br />

rapportent à la fois à l’efficacité de ces armements<br />

conventionnels ainsi qu’à la vulnérabilité face à ces<br />

agressions de systèmes d’armes ou d’infrastructures.<br />

Sous pilotage de la direction d’objectifs Défense<br />

conventionnelle, l’année 2011 a été mise à profit<br />

pour consolider la vision à moyen terme initialisée en<br />

2010. Cette démarche a été présentée à la Défense<br />

dans le but d’établir les feuilles de route tant dans le<br />

domaine de la simulation pour la maîtrise de effets<br />

et <strong>du</strong> fonctionnement des charges conventionnelles<br />

que pour les applications électromagnétiques de<br />

défense.<br />

Le centre de Gramat a apporté son expertise dans le<br />

cadre des <strong>programmes</strong> d’armement actuellement en<br />

développement au sein de la DGA.<br />

Le 8 novembre, le Directeur des applications<br />

militaires a procédé à l’homologation officielle<br />

<strong>du</strong> premier standard <strong>du</strong> code de calcul Ouranos, en<br />

présence de responsables de la DGA. L’objectif est<br />

de disposer d’un référentiel de simulation Ouranos<br />

permettant de caractériser le fonctionnement des<br />

armements conventionnels. Le développement de<br />

standards successifs contribuera à la mise en place<br />

de la plateforme générale de simulation des effets<br />

des armes conventionnelles.<br />

Tous ces moyens participent aussi aux dispositifs<br />

d’alerte en cas de séisme ou de tsunami dont le<br />

<strong>CEA</strong> a la responsabilité dans un cadre national<br />

ou européen. Ils ont été mis à contribution<br />

à l’occasion de la crise de Fukushima tant<br />

pour la mise en sécurité des populations<br />

polynésiennes lors <strong>du</strong> tsunami que pour les<br />

évaluations nationales consécutives à la crise.<br />

Le développement <strong>du</strong> Centre national d’alerte<br />

aux tsunamis pour la région Méditerranée et<br />

Atlantique nord-est (Cenalt) implanté sur le<br />

centre DAM Île-de-France, s’est poursuivi avec la<br />

recette interne fin 2011 <strong>du</strong> système qui doit être<br />

opérationnel à la mi-2012.<br />

Préparation d’un test dans une chambre anéchoïque.<br />

36 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


RECHERCHES DE BASE<br />

PHYSIQUE NUCLÉAIRE<br />

Le problème à n-corps sur n cœurs<br />

Pour la première fois, un calcul complètement<br />

microscopique auto-cohérent a fourni le spectre<br />

d’excitation d’un noyau lourd et déformé, l’ 238 U,<br />

des basses énergies jusqu’aux résonances géantes.<br />

L’analyse de ces résultats uniques a fait l’objet d’une<br />

publication scientifique montrant le pouvoir prédictif<br />

des approches de structure nucléaire développées à la<br />

Direction des applications militaires ren<strong>du</strong> possible par<br />

la montée en puissance des simulations numériques<br />

concernant la physique nucléaire. Un grand challenge<br />

a été effectué sur les supercalculateurs Tera 10 et<br />

Tera 100, en utilisant une version <strong>du</strong> code de QRPA<br />

axial exploitant plus de 2 000 cœurs, résultat d’une<br />

collaboration étroite entre physiciens et informaticiens<br />

de la Direction des applications militaires.<br />

Des modèles microscopiques pour évaluer<br />

les sections efficaces des actinides<br />

Le développement de modèles de réaction nucléaire,<br />

dérivés de calculs de champ moyen, a franchi une<br />

nouvelle étape avec la démonstration de la faisabilité<br />

d’évaluations des sections efficaces d’isotopes de<br />

l’uranium, au moyen d’ingrédients microscopiques<br />

normalisés de façon cohérente. L’utilisation de tels<br />

ingrédients microscopiques, implémentés dans le code<br />

Talys, permet de restituer les données expérimentales<br />

avec une qualité comparable à celle des modèles<br />

phénoménologiques traditionnellement utilisés.<br />

Ce travail est le résultat d’une collaboration<br />

internationale entre les physiciens de la DAM,<br />

de l’Université libre de Bruxelles, de NRG Petten<br />

(Pays-Bas) et de l’AIEA (Vienne).<br />

PHYSIQUE DU SOLIDE<br />

Compréhension <strong>du</strong> diagramme de phase<br />

de l’uranium<br />

Une collaboration impliquant des chercheurs de la<br />

Direction des applications militaires, de la Direction des<br />

sciences de la matière, de l’ESRF (Grenoble) et de Los<br />

Alamos a permis d’étudier les courbes de dispersion<br />

de phonons dans l’uranium en fonction de la pression.<br />

En particulier, l’anomalie <strong>du</strong> spectre de phonons dans<br />

la direction [100] a été étudiée sous pression sur<br />

le plan théorique et expérimental. <strong>Les</strong> calculs ont<br />

montré la forte dépendance en pression <strong>du</strong> couplage<br />

électron-phonon, alors que la surface de Fermi est, de<br />

façon surprenante, indépendante de la pression. Ces<br />

résultats ont permis une meilleure compréhension <strong>du</strong><br />

diagramme de phase complexe de l’uranium.<br />

MOLÉCULES ÉNERGÉTIQUES<br />

Vers un modèle de prédiction pour les systèmes<br />

de détection<br />

La Direction des applications militaires développe<br />

des capteurs chimiques pour la détection d’explosifs<br />

ou de précurseurs dans le cadre <strong>du</strong> programme<br />

interministériel de R&D NRBC-E. Des recherches<br />

amont sont menées afin d’améliorer la compréhension<br />

des phénomènes mis en jeu dans le processus<br />

de détection et développer un modèle de prédiction<br />

des réponses <strong>du</strong> capteur. Un point clé réside dans<br />

la détermination des paramètres thermodynamiques,<br />

en particulier l’enthalpie de mélange en phase<br />

condensée, qui décrivent l’interaction entre le matériau<br />

sensible <strong>du</strong> capteur et la cible à détecter. Une méthode<br />

originale fondée sur les techniques de spectrométrie<br />

en Résonance magnétique nucléaire (RMN) a été<br />

proposée pour mesurer cette quantité et la confronter<br />

à celle déterminée par le calcul.<br />

MATÉRIAUX<br />

Tenue au flux des cristaux de diphosphate<br />

de potassium deutéré<br />

La Direction des applications militaires a mis au point<br />

un procédé de croissance cristallographique basé<br />

sur le contrôle commun de la température et de<br />

la concentration de la phase liquide, facile à mettre<br />

en œuvre, permettant d’augmenter sensiblement<br />

la tenue au flux des optiques de diphosphate<br />

de potassium deutéré (DKDP) servant au triplement<br />

de fréquence des faisceaux laser <strong>du</strong> laser Mégajoule.<br />

Ces travaux se poursuivent par l’in<strong>du</strong>strialisation <strong>du</strong><br />

procédé qui doit notamment garantir la conservation<br />

des caractéristiques fondamentales spécifiées des<br />

optiques.<br />

Quand l’eau apporte des propriétés mécaniques<br />

aux polymères<br />

En collaboration avec le Laboratoire de chimie<br />

organique et organométallique de l’Université de<br />

Bordeaux, une équipe de la DAM a mené une étude<br />

portant sur des mousses de polyvinyltriazole.<br />

Ces travaux ont permis de décrire l’élaboration<br />

de ces polymères à porosité ouverte et faire leur<br />

caractérisation poussée. Leur particularité réside dans<br />

une tenue mécanique exceptionnellement élevée<br />

pour un matériau présentant plus de 75 % de vide.<br />

Une étude fine en résonance magnétique nucléaire<br />

a permis d’attribuer cette propriété à la présence<br />

de molécules d’eau faisant partie intégrante de la<br />

structure macromoléculaire.<br />

Propriétés sous choc <strong>du</strong> plastique dopé<br />

au germanium<br />

Une première expérience visant à mesurer les<br />

propriétés sous choc laser <strong>du</strong> plastique dopé au<br />

germanium vient de s’achever sur l’installation<br />

Gekko XII, à l’Université d’Osaka (Japon). Cette<br />

expérience est le résultat d’une collaboration<br />

entre des équipes de la Direction des applications<br />

militaires et l’Université d’Osaka. Des pressions<br />

atteignant 1,4 Térapascal, soit 14 millions de<br />

fois la pression atmosphérique, ont été obtenues<br />

dans ce matériau utilisé pour la conception des<br />

capsules de fusion thermonucléaire. L’ensemble des<br />

données permettra de valider les lois de mélange<br />

utilisées notamment dans les codes de simulation<br />

hydrodynamique pour concevoir ces capsules.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 37


1A 1C<br />

LES TECHNOLOGIES POUR<br />

L’INFORMATION ET LES RECHERCHES<br />

FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

Temps forts<br />

vue en coupe<br />

d’une partie<br />

de circuit.<br />

vue en coupe<br />

de la grille d’un<br />

transistor.<br />

Technologie de transistors CMOS<br />

« Fully depleted » SOI (FDSOI)<br />

La technologie CMOS FDSOI, sur laquelle le Leti travaille depuis<br />

plus de cinq ans, est un candidat majeur pour les futures générations<br />

de circuits intégrés. En 2011, les équipes de STMicroelectronics<br />

et <strong>du</strong> Leti ont démontré la montée en maturité de cette technologie<br />

en passant avec succès les premières étapes <strong>du</strong> processus menant<br />

à une in<strong>du</strong>strialisation de la filière. En parallèle, les gains en<br />

performance atten<strong>du</strong>s ont été validés via la démonstration<br />

d’un accroissement de 20 à 40 % de la vitesse de fonctionnement<br />

des circuits, au-dessus des technologies usuelles.<br />

38 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Valoriser l’in<strong>du</strong>strie<br />

grâce à la recherche<br />

technologique.<br />

Poste de lithographie.<br />

HERCULE, premier exosquelette français<br />

La principale fonction de l’exosquelette dit Hercule est d’assister<br />

les soldats ou sauveteurs dans le port et la manipulation de charges<br />

importantes. La structure articulée (dos et jambes) <strong>du</strong> robot,<br />

qui suit les mouvements de son utilisateur, l’assiste de façon<br />

« intelligente », en portant son propre poids et des charges allant<br />

jusqu’à 100 kg. Son autonomie atteint 20 km pour une vitesse<br />

de 4 km/h, grâce aux batteries dont il est équipé. L’originalité<br />

<strong>du</strong> « cobot » (robot collaboratif) réside dans ses moteurs électriques<br />

de dernière génération qui lui assurent un rendement exceptionnel,<br />

une grande réversibilité et une compacité inédite.<br />

Un laboratoire commun <strong>CEA</strong>-LIST/EADS<br />

Situé à Toulouse au sein des locaux d’EADS IW, il a pour mission<br />

la recherche et le développement de méthodes répondant aux<br />

besoins croissants de contrôle sur les composants aéronautiques<br />

au sein <strong>du</strong> groupe EADS, dans le domaine <strong>du</strong> contrôle non-destructif<br />

(CND) actif et <strong>du</strong> contrôle santé intégré, notamment par<br />

ondes élastiques ultrasonores et ondes électromagnétiques.<br />

Le laboratoire commun devra assurer le soutien au transfert<br />

technologique avec une politique de recherche et de valorisation<br />

commune (publications et communications, montage de nouveaux<br />

projets…).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 39


1 I C<br />

LES TECHNOLOGIES POUR L’INFORMATION<br />

ET LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

Le <strong>CEA</strong> assure chaque année le développement et le transfert de technologies de l’information innovantes<br />

dans les secteurs <strong>du</strong> multimédia, de la biologie et de la santé, des télécoms, <strong>du</strong> spatial et dans les in<strong>du</strong>stries<br />

intégratives. Grâce à son investissement dans les micro et nanotechnologies, il soutient la compétitivité<br />

de nombreux acteurs de la microélectronique français et européens et favorise également l’innovation<br />

et son transfert autour de partenariats in<strong>du</strong>striels pérennes sur les systèmes numériques intelligents.<br />

TECHNOLOGIES POUR L’INFORMATION<br />

Salle de préparation d’échantillons avant<br />

nanocaractérisation.<br />

MICRO ET<br />

NANOTECHNOLOGIES<br />

Lithographie par multiples faisceaux<br />

d’électrons<br />

Un des défis majeurs auquel doit faire face<br />

l’in<strong>du</strong>strie de la microélectronique tient<br />

actuellement à la possibilité de réaliser<br />

les motifs extrêmement fins (dans la gamme<br />

20-30 nm) par des techniques de lithographie.<br />

<strong>Les</strong> solutions purement optiques deviennent<br />

très complexes à utiliser et donc très coûteuses.<br />

Elles peuvent également nécessiter l’emploi de<br />

rayonnements dans l’extrême UV, domaine dans<br />

lequel les difficultés à surmonter sont encore<br />

très nombreuses (source de lumière, technologie<br />

de masques, etc.). Le Laboratoire d’électronique<br />

et de technologies de l’information <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

(Leti), dans un partenariat étroit avec la société<br />

néerlandaise Mapper, propose une solution<br />

fondée sur un mécanisme d’écriture directe des<br />

motifs par de multiples faisceaux d’électrons.<br />

La multiplicité des faisceaux permet en effet<br />

d’offrir des temps d’écriture compatibles avec<br />

les exigences in<strong>du</strong>strielles. En 2011, le Leti a<br />

démontré la possibilité de réaliser des motifs de<br />

22 nm via cette approche (lignes, espaces, trous).<br />

L’année a également été marquée par un très<br />

fort élargissement <strong>du</strong> partenariat <strong>du</strong> Leti dans<br />

ce secteur puisque désormais 11 partenaires<br />

in<strong>du</strong>striels participent à ce programme.<br />

Plateforme de nanocaractérisation<br />

à l’état de l’art mondial<br />

<strong>Les</strong> très faibles dimensions (dans la gamme<br />

nanométrique), qui sont aujourd’hui rencontrées<br />

dans les circuits intégrés, et la diversité croissante<br />

des matériaux employés dans les couches d’un<br />

transistor imposent le recours à des techniques<br />

de caractérisation physico-chimique toujours plus<br />

poussées. Depuis plusieurs années, le Leti s’est<br />

doté d’une plateforme au meilleur niveau mondial<br />

dans ce domaine. Celle-ci a permis de démontrer<br />

la faisabilité de profils de dopage dans le silicium<br />

ou de contraintes avec une résolution de 1 nm.<br />

Le potentiel de cette plateforme a également<br />

été éten<strong>du</strong> cette année avec l’installation d’un<br />

nouvel équipement de microscopie électronique<br />

offrant une résolution spatiale de 0,05 nm.<br />

Composants de puissance<br />

à base de nitrure de gallium<br />

Avec le retour au premier plan des questions<br />

énergétiques, le Leti a relancé depuis quelques<br />

années un programme de recherche dans le<br />

domaine des composants électroniques de<br />

puissance qui sont des pièces essentielles<br />

dans la gestion de la distribution de l’énergie<br />

Machine d’épitaxie par jets moléculaires,<br />

utilisée dans les nouvelles générations<br />

de détecteurs infrarouges.<br />

électrique et dans le domaine des véhicules<br />

électriques ou hybrides. En 2011, il a développé<br />

des transistors à base de nitrure de gallium<br />

fonctionnant dans la gamme 600 V – 10 A.<br />

Cette réalisation a bénéficié de l’entrée <strong>du</strong><br />

<strong>CEA</strong>, fin 2010, dans le GIE III-V Lab qui réunit<br />

désormais Thales, Alcatel-Lucent et le <strong>CEA</strong>.<br />

Nanofils de silicium pour capturer<br />

le mouvement<br />

<strong>Les</strong> capteurs de mouvement investissent de<br />

plus en plus notre quotidien, que cela soit dans<br />

la téléphonie mobile (iphone4), les jeux (Wii),<br />

les télécommandes pour IPTV (Free / Movea), le<br />

sport, la réé<strong>du</strong>cation, la médecine. Cette capture<br />

<strong>du</strong> mouvement repose sur l’utilisation de minicentrales<br />

inertielles 3A3M3G, comprenant<br />

un accéléromètre trois axes, un magnétomètre<br />

trois axes et un gyromètre trois axes.<br />

Ces capteurs multi-axes doivent répondre à des<br />

exigences de plus en plus sévères en termes<br />

de coût, de miniaturisation et de consommation.<br />

40 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Afin de favoriser l’innovation in<strong>du</strong>strielle, le <strong>CEA</strong> dispose<br />

d’une recherche technologique de haut niveau dans le domaine<br />

des micro et nanotechnologies et celui des technologies<br />

logicielles : systèmes embarqués et interactifs,<br />

capteurs et traitement <strong>du</strong> signal.<br />

Poste de lithographie en salle blanche de microélectronique.<br />

Grâce au concept M&NEMS, nous avons démontré<br />

la faisabilité de l’intégration d’un capteur inertiel<br />

9 axes sur une même puce qui présente de<br />

nombreux avantages par rapport à l’état de l’art<br />

(en termes de taille, consommation et coût) et<br />

en font une véritable rupture technologique.<br />

Ce concept fait l’objet de nombreux brevets Leti.<br />

Il repose sur une détection utilisant des nanofils<br />

piézorésistifs en silicium (section 250 x 250 nm²)<br />

intégrés dans une structure mécanique de<br />

dimensions micrométriques qui amplifie, par<br />

l’effet d’un bras de levier et la concentration<br />

de contrainte dans les nano-jauges, l’effort in<strong>du</strong>it<br />

par la grandeur à mesurer (accélération, champ<br />

magnétique ou vitesse de rotation). Cette double<br />

amplification <strong>du</strong> signal mécanique permet de<br />

miniaturiser de manière importante les capteurs<br />

inertiels, sans perte de performance.<br />

<strong>Les</strong> développements se poursuivent dans le cadre<br />

de plusieurs projets et des discussions avancées<br />

avec des acteurs majeurs dans le domaine<br />

des MEMS sont en cours, en vue de transferts<br />

in<strong>du</strong>striels.<br />

Une technologie pour voir les galaxies<br />

lointaines<br />

Dans le cadre <strong>du</strong> projet Rapid, Le Leti a développé<br />

des matrices de détecteurs Infrarouge à base<br />

de diodes à avalanche en HgCdTe (MCT-APD :<br />

Mercury Cadmium Telluride - Avalanche Photon<br />

Detector) pour l’observation astronomique.<br />

Ces APD constituent une technologie<br />

révolutionnaire idéale pour la détection<br />

de signaux optiques très faibles avec<br />

une conservation <strong>du</strong> rapport signal sur<br />

bruit jamais atteinte à ce jour par aucun<br />

autre détecteur existant amplifié.<br />

<strong>Les</strong> partenaires <strong>du</strong> projet ont conçu et réalisé<br />

en 2011 une caméra « Rapid », le premier<br />

prototype infrarouge (IR) de ce type qui est,<br />

aujourd’hui avec 1 500 images/s, la plus rapide<br />

et la plus sensible au monde. La principale<br />

percée technologique de cette caméra, en<br />

MCT-APD, est liée entre autres, à son faible<br />

courant d’obscurité, à un gain d’amplification<br />

au niveau <strong>du</strong> pixel sans excès de bruit, à une<br />

efficacité quantique élevée et à une détection<br />

de la lumière allant des UV à l’IR : de 0,4 à 3 µm.<br />

Le Leti est le seul institut public qui fabrique<br />

des MCT-APD de très haute performance.<br />

Cette position unique devrait lui permettre<br />

de développer des matrices de détecteurs<br />

infrarouge pour équiper des caméras utilisées<br />

par les scientifiques afin de réaliser des<br />

« premières » observations astrophysiques.<br />

La technologie des APD HgCdTe est<br />

actuellement en cours de transfert à Sofradir<br />

et doit con<strong>du</strong>ire très prochainement à une<br />

nouvelle ligne de pro<strong>du</strong>its pour l’entreprise.<br />

Associé à un microscope à balayage, le<br />

Focus ion beam (FIB) est un instrument<br />

très performant. Ces images montrent<br />

l‘extraction d’une lamelle contenant un<br />

transistor de circuit intégré.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 41


1 I C<br />

LES TECHNOLOGIES POUR L’INFORMATION<br />

ET LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

RECHERCHE FONDAMENTALE EN NANOSCIENCES<br />

Le <strong>CEA</strong> développe un ambitieux programme<br />

de recherche fondamentale en nanosciences en<br />

relation avec les technologies de l’information.<br />

L’objectif est d’organiser, comprendre et observer<br />

la matière à l’échelle nanométrique, où apparaissent<br />

souvent des propriétés radicalement nouvelles,<br />

notamment associées à des effets quantiques.<br />

Le <strong>CEA</strong> a poursuivi son effort de structuration<br />

et de dynamisation de ses liens avec ses<br />

partenaires académiques. Sur Saclay, les équipes<br />

de l’Institut rayonnement matière de Saclay<br />

(Iramis) sont au cœur <strong>du</strong> Laboratoire d’excellence<br />

Nano-Saclay, qui complète la dynamique mise<br />

en place par l’opération Nano-Innov/Centre<br />

nanosciences et nanotechnologies. À Grenoble,<br />

l’Institut nanosciences et cryogénie (Inac)<br />

porte, avec quatre partenaires, le Laboratoire<br />

d’excellence Lanef (Alliances nanosciences –<br />

énergie <strong>du</strong> futur) et pose ainsi les bases <strong>du</strong> pôle<br />

de recherche fondamentale <strong>du</strong> campus Giant.<br />

En spintronique, la capacité des équipes <strong>du</strong><br />

<strong>CEA</strong> à coupler avancées fondamentales et<br />

développements technologiques est une force :<br />

l’exploitation d’un nouvel effet en spintronique,<br />

dit Rashba, a permis aux équipes de l’Inac<br />

d’écrire de l’information dans un point mémoire<br />

magnétique avec un moindre coût énergétique et<br />

de meilleures perspectives d’intégration aux hautes<br />

densités. Une équipe de l’Iramis a développé<br />

des capteurs magnétiques ultrasensibles<br />

(basés sur la magnétorésistance géante) pour<br />

une imagerie dynamique <strong>du</strong> cycle cardiaque,<br />

possible sans pose d’électrodes sur le patient.<br />

En photonique, le développement à l’Inac d’une<br />

nouvelle source laser compacte de rayonnement<br />

térahertz est une étape clef vers l’exploration<br />

de lasers à cascade quantique, dans cette gamme<br />

de longueurs d’onde aux applications stratégiques.<br />

Sur la base d’innovations de l’Inac et <strong>du</strong> Leti,<br />

la start-up Heliodel a essaimé, avec l’ambition<br />

de pro<strong>du</strong>ire des diodes électroluminescentes<br />

à base de nanofils de nitrures.<br />

Par ses recherches en amont de la nanoélectronique,<br />

le <strong>CEA</strong> renforce sa capacité<br />

d’innovation. Par des études à basses températures<br />

sur des transistors MOSFETs <strong>du</strong> Leti, une équipe de<br />

l’Inac a montré que la variabilité des performances<br />

observée à température ambiante est <strong>du</strong>e à la<br />

position d’un seul atome de dopant dans le canal<br />

source-drain. Sur la voie <strong>du</strong> calcul quantique, de<br />

nouvelles perspectives s’ouvrent en combinant bits<br />

quantiques de type circuit électrique et systèmes<br />

quantiques microscopiques. Étape importante,<br />

une équipe de l’Iramis a réalisé le premier transfert<br />

d’information quantique entre un bit quantique<br />

supracon<strong>du</strong>cteur et un ensemble de spins.<br />

Tra<strong>du</strong>ction de l’excellence indivi<strong>du</strong>elle des<br />

chercheurs, trois projets « ERC Starting<br />

Grant » ont été obtenus en 2011 à l’Inac,<br />

sur la spintronique quantique, les sources<br />

térahertz et la nanoélectronique.<br />

Des tapis de nanotubes de carbone bien alignés<br />

promettent de nombreuses applications :<br />

membranes de filtration, composants électroniques<br />

passifs et actifs, matériaux composites, etc.<br />

Microscope électronique en transmission Titan.<br />

Couplant compréhension fondamentale de la<br />

croissance et développements technologiques,<br />

une équipe de l’Iramis a développé un procédé de<br />

pro<strong>du</strong>ction sur des disques de 300 mm de diamètre.<br />

<strong>Les</strong> capacités en nanocaractérisation<br />

conditionnent une recherche compétitive.<br />

Ainsi, la plateforme <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> Grenoble (PFNC),<br />

qui rassemble équipes de recherche fondamentale<br />

et technologique, a été renforcée par un microscope<br />

électronique Titan Ultimate (résolution 0,05 nm),<br />

et la création d’un laboratoire commun avec<br />

la société FEI.<br />

Avec ses partenaires, le <strong>CEA</strong> porte les Equipex<br />

Tempos (élaboration et caractérisation de nanoobjets)<br />

à Saclay et CRG\F (utilisation<br />

de l’ERSF pour la nanocaractérisation) à Grenoble.<br />

<strong>Les</strong> chimistes de l’Iramis et les biophysiciens<br />

de l’Insitut de biologie et de technologies<br />

de Saclay (IbiTec-S) ont, en collaboration avec<br />

l’ENS Lyon, réalisé une sonde cellulaire fondée<br />

sur l’extrême sensibilité de la RMN <strong>du</strong> Xenon<br />

polarisé : elle ouvre la voie à la détection in vivo<br />

d’évènements biologiques intracellulaires par<br />

Imagerie par résonance magnétique (IRM).<br />

Wafer MRAM.<br />

La pro<strong>du</strong>ction de nanotubes de silice de diamètre spécifique maîtrisée :<br />

Adoptant une approche biomimétique, des chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>/iBiTec-S, <strong>du</strong> CNRS et <strong>du</strong> laboratoire<br />

pharmaceutique Ipsen se sont intéressés au Lanréotide, un cyclopeptide composé de huit acides<br />

aminés qui possède la particularité de former des nanotubes de peptides en s’auto-associant.<br />

En modifiant l’un des acides aminés impliqué dans le contact entre peptides, les chercheurs ont<br />

réussi à faire varier, tout en le contrôlant, le diamètre des nanotubes ainsi formés.<br />

La caractérisation de ces architectures supramoléculaires a été réalisée par microscopie<br />

électronique et diffusion de rayons X au synchrotron Soleil. <strong>Les</strong> chercheurs ont ensuite utilisé<br />

ces nanotubes auto-assemblés comme moules pour pro<strong>du</strong>ire toute une gamme de nanotubes de<br />

silice allant de 10 à 36 nm de diamètre, une première ! Ces résultats ouvrent la voie à un large<br />

panel d’applications comme les fibres optiques ou la nano-filtration…<br />

42 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


TÉLÉCOMS ET OBJETS<br />

COMMUNICANTS<br />

Communication sans fil courte portée<br />

et radiolocalisation<br />

Un des objectifs <strong>du</strong> projet Where2, financé<br />

par la communauté européenne, consiste à<br />

développer des solutions de radiolocalisation<br />

innovantes, exploitant des liens opportunistes<br />

entre terminaux mobiles, tout en s’appuyant<br />

sur de multiples technologies et standards<br />

radio. La position et la vitesse des utilisateurs,<br />

ainsi estimées, doivent permettre d’optimiser<br />

le fonctionnement des futurs réseaux de<br />

communication sans fil, en améliorant l’ubiquité<br />

d’accès, la consommation énergétique et les<br />

débits disponibles. D’autres applications visées<br />

concernent la navigation personnelle à l’intérieur<br />

des bâtiments, l’offre de services commerciaux<br />

topo-dépendants ou encore, la sécurité. En<br />

autorisant pour l’utilisateur final de nouveaux<br />

services, mieux adaptés au contexte et portés<br />

par des technologies en rupture transférables<br />

à court terme vers l’in<strong>du</strong>strie européenne, le<br />

projet Where2 doit permettre de renforcer<br />

le positionnement de cette dernière dans le<br />

secteur de l’accès sans fil mobile et haut-débit.<br />

Au sein <strong>du</strong> consortium Where2, fort d’une<br />

expertise reconnue dans les domaines clés des<br />

communications sans fil courte portée et de la<br />

radiolocalisation, le Leti est aujourd’hui l’unique<br />

partenaire pourvoyeur de plateformes Ultra<br />

Large Bande (UWB) intégrées. Ces plateformes,<br />

à très faible consommation énergétique, sont<br />

douées de capacités de mesure de distance. Une<br />

précision décimétrique a pu être démontrée pour<br />

des portées de plusieurs dizaines de mètres,<br />

avec une première génération de plateformes.<br />

À terme, une précision centimétrique est même<br />

visée pour les générations actuellement en cours<br />

Démonstration d’une communication sans fil<br />

opportuniste par radio cognitive.<br />

de développement. Le Leti fournira ces mêmes<br />

briques technologiques en vue de l’intégration<br />

d’un démonstrateur hétérogène complet.<br />

En support de ces tâches d’implémentation<br />

et de démonstration, le Leti coordonne<br />

également le groupe de travail responsable<br />

des études théoriques et algorithmiques<br />

concernant les fonctions de radiolocalisation.<br />

Réseaux d’antennes intégrées pour<br />

communications radio très haut débit<br />

En collaboration avec STMicroelectronics, le<br />

Leti développe des solutions de communication<br />

radio très haut débit en bande millimétrique<br />

(57-66 GHz) pour la transmission de vidéo<br />

haute définition ou de grandes quantités de<br />

données (synchronisation d’objets communicants,<br />

téléchargement de contenu multimédia)<br />

suivant les standards IEEE 802.15.3, WiGiG, ou<br />

WirelessHD. Un des défis actuels est l’intégration<br />

des fonctions radio et antenne au sein d’un<br />

même mo<strong>du</strong>le de quelques millimètres carrés<br />

répondant aux contraintes de ces applications<br />

grand public en termes de coût et de performance.<br />

Dans cette optique, les technologies d’intégration<br />

sur silicium sont très prometteuses : fabrication<br />

collective pour marchés à fort volume, forte<br />

densité d’intégration, précision de fabrication,<br />

bonnes propriétés intrinsèques <strong>du</strong> silicium<br />

(dissipation thermique, compatibilité avec les<br />

circuits intégrés CMOS). Au cours <strong>du</strong> programme<br />

2010-2011 <strong>du</strong> laboratoire commun Leti-<br />

STMicroelectronics, une solution d’antenne<br />

répondant aux spécifications électriques (bande<br />

passante, gain) des applications visées a été<br />

entièrement réalisée sur la plateforme silicium<br />

200 mm <strong>du</strong> Leti. <strong>Les</strong> dimensions de l’antenne sont<br />

2,3 x 2,2 x 0,4 mm 3 . La faisabilité d’un dépointage<br />

de faisceau dans une gamme de ±60° grâce à des<br />

réseaux de quatre antennes a été démontrée.<br />

À court terme, l’intégration complète d’un<br />

mo<strong>du</strong>le contenant un circuit émetteur-récepteur<br />

associé à deux antennes (Tx, Rx) de dimensions<br />

inférieures à 7 x 7 x 0,6 mm 3 et permettant des<br />

communications à 3,8 Gb/s à une distance de 1 à<br />

3 m est envisagée. À moyen terme, des mo<strong>du</strong>les<br />

plus complexes, comprenant 4 à 8 antennes,<br />

permettront d’atteindre des distances de l’ordre<br />

de 10 m, grâce à des fonctions de dépointage<br />

électronique <strong>du</strong> faisceau de l’antenne.<br />

Salle blanche de microélectronique.<br />

Eliot : détection et localisation de tuyaux<br />

grâce aux tags RFID<br />

RYB, fabricant français de systèmes de<br />

canalisations en polyéthylène et fournisseur<br />

majeur en Europe sur le marché de l’eau,<br />

<strong>du</strong> gaz, de l’électricité et des in<strong>du</strong>stries des<br />

télécommunications, s’est associé au Leti<br />

pour développer une technologie permettant<br />

d’identifier les tuyaux en plastique enterrés<br />

et ce, dans tous types de sols et quelles que<br />

soient les conditions d’humidité. Après avoir<br />

instruit plusieurs approches, la solution choisie<br />

permet la détection et la localisation grâce à<br />

l’utilisation de tags RFID innovants intégrés<br />

dans les tuyaux. En 2010, la faisabilité de la<br />

détection horizontale avait été démontrée<br />

en conditions réelles sur différents chantiers,<br />

y compris en terrain saturé d’eau. Cette<br />

innovation, brevetée par le Leti, constitue une<br />

véritable rupture technologique en identifiant<br />

et validant une solution viable à ce problème<br />

qui n’avait pas jusqu’alors trouvé de solution.<br />

Eliot, qui est maintenant une marque déposée<br />

de RYB, permet d’enregistrer sur la canalisation<br />

et de lire depuis la surface des informations<br />

telles que la date de fabrication des tuyaux, le<br />

numéro de série, le grade de plastique utilisé,<br />

le diamètre et la pression nominale et bien<br />

enten<strong>du</strong> la nature <strong>du</strong> réseau enterré (gaz, eau<br />

potable, assainissement, fourreaux pour câbles<br />

électriques, ou câbles de télécommunications...).<br />

Une nouvelle phase <strong>du</strong> projet se concentre<br />

maintenant sur l’ajout de nouvelles fonctions<br />

dont l’estimation de profondeur, ainsi que sur<br />

l’in<strong>du</strong>strialisation de la gamme de solutions<br />

Eliot en 2012. Eliot devrait ainsi constituer une<br />

avancée technologique majeure dans le domaine<br />

de canalisations enterrées et dans la gestion des<br />

infrastructures de réseau. Ce système pourra<br />

potentiellement être déployé sur plusieurs<br />

milliers de kilomètres de canalisations par an.<br />

La technologie a pour objectif de ré<strong>du</strong>ire les<br />

accidents d’arrachement de canalisations sur les<br />

chantiers (on déplore environ 100 000 accidents<br />

de ce type par an en France) et devrait ainsi<br />

contribuer à rendre les chantiers plus sûrs et<br />

d’en ré<strong>du</strong>ire les pertes économiques énormes.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 43


1 I C<br />

LES TECHNOLOGIES POUR L’INFORMATION<br />

ET LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

TECHNOLOGIES LOGICIELLES<br />

ET INGÉNIERIE NUMÉRIQUE<br />

HERCULE, premier exosquelette français<br />

Grande vedette <strong>du</strong> salon Milipol (Parc des<br />

expositions - Paris), l’exosquelette dit Hercule<br />

a fait ses premiers pas en public le 18 octobre.<br />

Sa principale fonction est d’assister les soldats<br />

ou sauveteurs dans le port et la manipulation<br />

de charges importantes. La structure articulée<br />

(dos et jambes) <strong>du</strong> robot, qui suit les mouvements<br />

de son utilisateur, l’assiste de façon<br />

« intelligente », en portant son propre poids<br />

et des charges allant jusqu’à 100 kg.<br />

(cf temps fort page 38). Le projet a été développé<br />

dans le cadre d’un programme DGA (Rapid)<br />

par la société RB3D, le Laboratoire d’intégration<br />

de systèmes et de technologies (List) <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

et l’ESME Sudria.<br />

Avec la perspective prochaine d’ajout de bras<br />

articulés, Hercule, dont la commercialisation est<br />

envisagée d’ici à 2015, intéresse de nombreux<br />

acteurs. Outre les applications militaires,<br />

le robot pourrait aussi trouver sa place dans<br />

le monde civil : sécurité (pompiers et équipes<br />

d’intervention), environnements in<strong>du</strong>striels<br />

comme le BTP par exemple, mais aussi<br />

les hôpitaux dans lesquels les malades<br />

et/ou handicapés subissent de<br />

nombreux déplacements.<br />

Hercule, premier exosquelette français.<br />

Références métrologiques pour les rayons X<br />

de haute énergie en petits champs d’irradiation<br />

La plupart des nouveaux accélérateurs<br />

de radiothérapie sont dotés de collimateurs<br />

multi-lames afin de mieux cibler la tumeur<br />

et de limiter les dommages collatéraux aux tissus<br />

sains environnants. <strong>Les</strong> physiciens médicaux<br />

étalonnent régulièrement ces accélérateurs.<br />

La procé<strong>du</strong>re usuelle recommandée préconise<br />

un étalonnage en champ d’irradiation de<br />

10 x 10 cm 2 alors que les irradiations utilisent<br />

des champs beaucoup plus petits.<br />

Afin de se rapprocher des besoins des utilisateurs,<br />

plusieurs laboratoires nationaux de métrologie,<br />

NPL anglais, PTB allemand et le Laboratoire<br />

national Henri Becquerel <strong>du</strong> List se sont réunis<br />

dans le cadre <strong>du</strong> projet européen de métrologie<br />

« External Beam Cancer Therapy » (2009-2011).<br />

Le but était d’établir des références en dose<br />

absorbée dans l’eau pour des petits champs<br />

d’irradiation à l’aide des instruments les plus<br />

précis à leur disposition.<br />

Au cours <strong>du</strong> projet, le List a établi des références<br />

pour trois faisceaux d’énergies différentes en<br />

champs de 10 x 10 cm 2 et de 4 x 4 cm 2 à l’aide<br />

d’une nouvelle méthode basée sur la calorimétrie<br />

graphite et permettant de ré<strong>du</strong>ire l’incertitude<br />

d’un facteur 2. Afin de ré<strong>du</strong>ire encore la taille<br />

<strong>du</strong> champ d’irradiation, il a fallu construire un<br />

nouveau calorimètre graphite dont l’élément<br />

sensible était lui-même de taille ré<strong>du</strong>ite : diamètre<br />

6 mm au lieu de 16 mm. Ceci a permis au List de<br />

caractériser trois faisceaux d’énergies différentes<br />

dans un champ de 2 x 2 cm 2 . <strong>Les</strong> variations<br />

observées des coefficients d’étalonnage de<br />

chambres d’ionisations avec la taille <strong>du</strong> champ<br />

sont inférieures à 0,6 %.<br />

Calorimètre pour la mesure absolue de la dose<br />

absorbée dans l’eau en radiothérapie.<br />

44 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Rotor d’un avion.<br />

Premiers tests <strong>du</strong> diagnostic de câbles<br />

sur avion et hélicoptère<br />

Airbus a mis à disposition <strong>du</strong> List l’A380<br />

« MSN-1 » pour des tests de détection et<br />

localisation de défauts sur une liaison de type<br />

bus CAN (Controller Area Network). <strong>Les</strong> méthodes<br />

et systèmes de diagnostic de câbles développés<br />

au List sont connus d’Airbus et testés depuis<br />

2008 pour des lignes de puissance, dans l’objectif<br />

d’une surveillance embarquée. Airbus a donc<br />

souhaité évaluer leurs performances dans le cas<br />

d’un bus CAN, tel que celui de la commande des<br />

ventilateurs de soute : une liaison de près de<br />

30 mètres avec 7 consommateurs. <strong>Les</strong> chercheurs<br />

<strong>du</strong> List ont prouvé que la détection est efficace<br />

mais la présence de ramifications rend la<br />

localisation moins précise. Il faut alors accéder<br />

au réseau en plusieurs endroits et utiliser un<br />

modèle numérique pour améliorer la localisation.<br />

Eurocopter a souhaité tester la technologie<br />

<strong>du</strong> List sur le système de dégivrage des pales<br />

de l’hélicoptère NH90 pour les rotors avant et<br />

arrière. Des tests ont été réalisés dans l’usine<br />

de Marignane, pour démontrer l’intérêt <strong>du</strong><br />

diagnostic sur ces liaisons inhomogènes.<br />

<strong>Les</strong> résultats sont très bons sur la pale <strong>du</strong> rotor<br />

principal et sur les liaisons cabine — rotors ;<br />

la détection et la localisation des défauts ont<br />

été prouvées. Une démonstration a été faite<br />

sur le site de Lufthansa à Hambourg.<br />

Des tests sur Boeing sont également prévus.<br />

Livraison de la version in<strong>du</strong>strielle<br />

<strong>du</strong> générateur de modèles de Papyrus<br />

La modélisation système propose un cadre<br />

de développement permettant à des équipes<br />

de concepteurs d’échanger des informations<br />

structurées sur lesquelles vont être garantis<br />

la cohérence, la traçabilité et la diminution des<br />

erreurs et les coûts de développement. Esterel<br />

Technologies souhaite étendre sa suite logicielle<br />

à la conception système par modèles. Un nouveau<br />

pro<strong>du</strong>it devrait bientôt être proposé, Scade<br />

System Designer, basé sur le formalisme SysML<br />

et l’outil Papyrus <strong>du</strong> List. Pour préparer la sortie<br />

commerciale <strong>du</strong> pro<strong>du</strong>it, le List a livré une version<br />

in<strong>du</strong>strielle <strong>du</strong> générateur de modèles Papyrus.<br />

Cette étape significative va accélérer la diffusion<br />

de la technologie dans des secteurs tels que<br />

l’aéronautique, le nucléaire ou l’automobile.<br />

L’interrupteur optique le plus rapide <strong>du</strong> monde<br />

Exemple de switch ethernet, celui-ci<br />

assure l’interconnexion entre les baies<br />

de calcul de Tera 100.<br />

Des chercheurs de l’Inac ont réalisé l’interrupteur<br />

photonique le plus rapide <strong>du</strong> monde. La commutation<br />

<strong>du</strong>re 0,3 pico-seconde (10 -12 s), atteignant donc<br />

le térahertz (10 12 Hz). Une <strong>du</strong>rée cent fois plus<br />

courte que pour le meilleur switch électrique !<br />

Ils ont réalisé un montage optique comportant<br />

une microcavité planaire GaAs/AlAs et des<br />

faisceaux laser « pompe » et « sonde », optimisés<br />

pour que la lumière traverse le matériau sans être<br />

absorbée. Un effet électro-optique, l’effet Kerr,<br />

modifie instantanément l’indice de réfraction<br />

de la cavité en présence <strong>du</strong> faisceau pompe, de<br />

manière à éteindre le faisceau sonde. Le temps<br />

de commutation de la cavité est seulement limité<br />

par la dynamique de la lumière dans la cavité et<br />

non plus par les propriétés <strong>du</strong> matériau traversé.<br />

Ces travaux encore très exploratoires ouvrent<br />

de vastes perspectives en transmissions optiques<br />

et dans les systèmes de télécoms multi-longueurs<br />

d’onde.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 45


1A 1D<br />

LES TECHNOLOGIES POUR<br />

LA SANTÉ ET LES RECHERCHES<br />

FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

Temps forts<br />

Echelle 0,5 µm<br />

Des nano-aimants bactériens<br />

Un nouveau groupe de bactéries magnétotactiques pro<strong>du</strong>isant<br />

des nano-aimants de magnétite et de greigite a été caractérisé<br />

par un consortium international dont fait partie le <strong>CEA</strong>. La<br />

culture de bactéries pro<strong>du</strong>isant ceux de greigite, une première,<br />

va permettre de les caractériser et de leur trouver des<br />

applications biotechnologiques. De telles applications pour les<br />

nano-aimants de magnétite sont déjà à l’étude, notamment<br />

pour l’imagerie IRM, la dépollution, ou comme catalyseurs.<br />

46 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Améliorer le délai<br />

et la précision<br />

des diagnostics,<br />

contribuer aux<br />

thérapeutiques<br />

de demain.<br />

Laboratoire de génomique<br />

et radiobiologie de<br />

la kératinopoïèse.<br />

De nouvelles sondes fl uorescentes<br />

Des chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> ont développé une technique de recherche<br />

de sondes fluorescentes à partir d’une classe de molécules<br />

d’intérêt médical, appelées « drug-like », dont l’énorme avantage<br />

est d’être prédisposées à interagir avec des cibles biologiques.<br />

Cette technologie permet de raccourcir considérablement le temps<br />

de synthèse et d’identification de molécules bioactives ainsi<br />

que de diviser par 1 000 la quantité de réactifs nécessaires.<br />

Des gènes silencieux<br />

Le génome est présent dans les cellules sous la forme de chromatine.<br />

L’unité de base de la chromatine, le nucléosome, est constitué d’ADN<br />

enroulé autour de petites protéines basiques, les histones. Ces<br />

protéines sont la cible de multiples modifications post-tra<strong>du</strong>ctionnelles<br />

que l’on qualifie de modifications épigénétiques lorsqu’elles<br />

provoquent un changement <strong>du</strong>rable de l’expression <strong>du</strong> génome, sans<br />

altérer la séquence de l’ADN. Des équipes <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> ont identifié une<br />

nouvelle combinaison de modifications des histones associée à une<br />

répression des gènes. Cette observation met en lumière le rôle de la<br />

chromatine dans le contrôle épigénétique de l’expression <strong>du</strong> génome.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 47


1 I D<br />

LES TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ ET<br />

LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ<br />

Dans ce domaine, la stratégie <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> consiste à allier recherche<br />

fondamentale en biologie-santé et développements technologiques<br />

pour innover dans les domaines diagnostiques et thérapeutiques.<br />

Le programme transversal « Technologies pour la santé »,<br />

piloté par la Direction des sciences <strong>du</strong> vivant, favorise la création<br />

de valeur in<strong>du</strong>strielle à partir des compétences transversales<br />

existant au <strong>CEA</strong> dans ce secteur.<br />

Stockage d’échantillons cryo-congelés<br />

dans un bain d’azote liquide.<br />

<strong>Les</strong> recherches fondamentales en biologie et<br />

santé <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> s’appuient le plus souvent sur<br />

des plateformes technologiques d’envergure<br />

internationale de biologie structurale intégrative,<br />

de biologie à grande échelle ou d’imagerie<br />

biomédicale. Elles ont pour objectif d’améliorer<br />

notre connaissance des mécanismes soustendant<br />

les grandes fonctions physiologiques<br />

et leurs désordres, afin de développer de<br />

nouveaux concepts thérapeutiques ou<br />

diagnostiques. Le <strong>CEA</strong> mène ces recherches<br />

en étroite collaboration avec ses partenaires<br />

(universités, CNRS, Inserm, Inra…) comme l’atteste<br />

la présence de nombreuses équipes et unités<br />

mixtes de recherche au sein de ses instituts.<br />

BIOLOGIE STRUCTURALE<br />

INTÉGRATIVE<br />

La biologie structurale intégrative a pour objectif<br />

de fournir une vision intégrée <strong>du</strong> fonctionnement<br />

de la cellule, afin de comprendre non seulement<br />

son fonctionnement normal, mais aussi ses<br />

dérégulations qui peuvent in<strong>du</strong>ire des pathologies.<br />

Elle s’appuie sur de nombreuses méthodes<br />

biophysiques d’études des macromolécules<br />

combinées à l’utilisation de méthodes d’imagerie<br />

des cellules vivantes afin d’étudier les propriétés<br />

structurales et fonctionnelles des acteurs<br />

moléculaires des fonctions cellulaires.<br />

Etude, à l’échelle moléculaire, de la cinétique<br />

des interactions biochimiques.<br />

Le <strong>CEA</strong> est impliqué dans la structuration nationale<br />

et européenne des forces en biologie structurale<br />

intégrative. À Grenoble, l’Institut de biologie<br />

structurale (IBS) est membre <strong>du</strong> Partenariat pour<br />

la biologie structurale. Celui-ci rassemble autour<br />

<strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, de l’ESRF (European Synchrotron Radiation<br />

Facility), de l’ILL (Institut Laue-Langevin) et de<br />

l’antenne française de l’EMBL (European Molecular<br />

Biology Laboratory), un pôle d’expertises et des<br />

installations de recherche faisant de Grenoble<br />

l’un des grands centres européens en la matière.<br />

En 2011, le <strong>CEA</strong> est devenu un acteur majeur<br />

de l’Infrastructure nationale Frisbi, regroupant<br />

cinq sites d’excellence français en biologie<br />

structurale intégrative. Il est également associé<br />

au Labex Gral dont l’objectif est de relier de<br />

façon intégrée les informations structurales<br />

et fonctionnelles concernant les mécanismes<br />

d’entrée des pathogènes et le chloroplaste.<br />

L’étude des macromolécules<br />

En 2011, l’Institut de biologie structurale<br />

(IBS) a diversifié ses moyens techniques<br />

en inaugurant un nouveau microscope<br />

électronique ultra stable à haute énergie.<br />

48 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Le <strong>CEA</strong> fait bénéficier le secteur de la santé des technologies<br />

innovantes maîtrisées en con<strong>du</strong>isant des <strong>programmes</strong> en matière<br />

d’imagerie et de recherche médicale, de génomique, de biologie<br />

à grande échelle ou d’ingénierie des protéines.<br />

Purification et caractérisation d’échantillons en absence d’oxygène.<br />

Deuxième microscope de ce type en France, il<br />

présente la particularité d’être entièrement dédié<br />

à la biologie. Il permet, d’une part de visualiser<br />

des complexes macromoléculaires biologiques à<br />

une échelle inférieure au nanomètre et d’obtenir<br />

leur structure tridimensionnelle ; d’autre part,<br />

de visualiser des objets biologiques uniques<br />

(mitochondries, virus irréguliers…) sous différents<br />

angles par cryo-tomographie électronique. Ce<br />

nouveau microscope vient en compléter deux<br />

autres de très haute performance installés à<br />

Minatec et dévolus à l’étude des matériaux et aux<br />

nanotechnologies. Depuis cette année également,<br />

la plateforme de caractérisation PAOL (Protein<br />

Analysis On Line) est accessible aux in<strong>du</strong>striels<br />

et laboratoires académiques. Elle permet de<br />

favoriser l’étude des systèmes complexes.<br />

Au-delà de la diversification des moyens<br />

techniques, les développements méthodologiques<br />

réalisés en 2011 ont permis d’élargir le champ<br />

des objets étudiables. Ainsi les chercheurs<br />

ont pu observer pour la première fois la partie<br />

désordonnée de la nucléoprotéine <strong>du</strong> virus de<br />

la rougeole dans un contexte physiologique et<br />

proposer un modèle intégral de la nucléocapside<br />

qui contient l’ARN <strong>du</strong> virus. Ces travaux suggèrent<br />

que cette partie désordonnée joue un rôle<br />

dans l’infection par le virus de la rougeole.<br />

D’autres chercheurs ont montré que si les<br />

protéines peuvent encore bouger à très basses<br />

températures, c’est grâce à leurs groupements<br />

méthyles. Par cette découverte, ils enrichissent<br />

les connaissances d’un domaine récent : la<br />

dynamique structurale des macromolécules,<br />

c’est-à-dire l’étude des mouvements de<br />

ces molécules indispensables pour assurer<br />

l’essentiel des fonctions de la cellule.<br />

Interactions entre macromolécules<br />

Ces développements méthodologiques ouvrent<br />

aussi la possibilité d’étudier les complexes<br />

formés par l’interaction de plusieurs protéines ou<br />

macromolécules. Ces complexes jouent un rôle<br />

essentiel dans beaucoup de processus biologiques.<br />

Ils ont cependant été relativement peu étudiés <strong>du</strong><br />

fait de leur faible stabilité et de l’impossibilité de<br />

les isoler dans des conditions physiologiquement<br />

pertinentes. En 2011, les chercheurs ont obtenu<br />

des informations importantes sur les complexes<br />

protéiques de faibles affinités, c’est-à-dire des<br />

complexes formés de protéines associées par<br />

l’intermédiaire d’interactions de faible intensité.<br />

D’autre part, ils ont décrypté la structure, en<br />

forme de cage, constituée par l’interaction entre<br />

deux molécules de la bactérie Escherichia Coli<br />

jouant un rôle essentiel dans sa résistance<br />

au stress. Enfin une nouvelle approche a été<br />

développée pour permettre l’étude structurale<br />

des complexes formés entre des protéines et<br />

des glycosaminoglycanes (GAGs). Ces derniers<br />

occupent une position stratégique pour participer<br />

à l’ensemble des processus intervenant au niveau<br />

des membranes cellulaires, et sont notamment<br />

impliqués dans l’infection par le virus <strong>du</strong> sida.<br />

Cellules souches germinales d’un embryon<br />

de souris.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 49


1 I D<br />

LES TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ ET<br />

LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ<br />

Analyse <strong>du</strong> métabolome par<br />

spectrométrie de masse.<br />

BIOLOGIE À GRANDE<br />

ÉCHELLE : GÉNOMIQUE,<br />

PROTÉOMIQUE,<br />

MÉTABOLOMIQUE<br />

Grâce aux avancées technologiques des dernières<br />

décennies, il est maintenant possible d’analyser<br />

de façon globale un système biologique ; on<br />

parle alors de biologie à grande échelle ou encore<br />

de génomique, transcriptomique, protéomique,<br />

métabolomique… Ces techniques permettent<br />

d’étudier l’ensemble des molécules biologiques,<br />

respectivement gènes, ARN, protéines,<br />

métabolites, d’une cellule, d’un tissu, d’un organe<br />

ou d’un organisme, à un moment donné et en<br />

fonction de conditions données. Elles renseignent<br />

notamment sur l’état physiologique ou<br />

pathologique considéré et permettent d’identifier<br />

des biomarqueurs utiles pour le diagnostic, le<br />

pronostic et le suivi thérapeutique. Le <strong>CEA</strong> a<br />

développé un savoir-faire reconnu dans ces<br />

différents domaines.<br />

Génomique<br />

Ainsi, en 2011, grâce à l’expertise de ses<br />

équipes, le <strong>CEA</strong> a été chargé de coordonner<br />

le projet France-Génomique retenu dans le<br />

cadre des infrastructures nationales. Ce projet,<br />

qui vise à intégrer à l’échelon national les<br />

capacités d’analyse à haut débit <strong>du</strong> génome et<br />

les traitements bioinformatiques des données<br />

ainsi générées, va permettre de renforcer la<br />

compétitivité des communautés nationales<br />

d’utilisateurs, chercheurs publics et in<strong>du</strong>striels, et<br />

d’attirer des projets internationaux d’envergure.<br />

Le <strong>CEA</strong> est également un acteur essentiel de<br />

l’infrastructure PROFI chargée de coordonner les<br />

recherches françaises en protéomique.<br />

De nombreuses études internationales visent<br />

à associer des variations génétiques à des<br />

situations pathologiques. En 2011, des<br />

chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> ont ainsi participé, d’une<br />

part, à l’identification d’une mutation génétique<br />

Centrifugeuse permettant la sédimentation<br />

des cellules au Laboratoire de génomique.<br />

responsable d’une prédisposition commune au<br />

mélanome (cancer de la peau) et au carcinome<br />

rénal (cancer <strong>du</strong> rein) et, d’autre part, à celle<br />

de cinq nouveaux facteurs de prédisposition<br />

génétique impliqués dans le développement de<br />

la maladie d’Alzheimer. Ces derniers résultats<br />

permettent d’élargir le nombre des hypothèses<br />

de recherche sur les causes de cette affection et<br />

d’identifier de nouvelles pistes de traitements<br />

curatifs, alors que les médicaments actuels n’ont<br />

que des effets symptomatiques.<br />

Métabolomique<br />

<strong>Les</strong> approches globales, comme notamment la<br />

métabolomique, permettent également d’établir<br />

des signatures de conditions physiologiques ou<br />

pathologiques de cellules ou d’organes. C’est<br />

le cas pour les globules rouges. <strong>Les</strong> chercheurs<br />

ont en effet mis en évidence la modification de<br />

plusieurs voies métaboliques chez les globules<br />

rouges de patients atteints de drépanocytose, une<br />

maladie génétique très fréquente et invalidante.<br />

Ces résultats présentent un intérêt pour le suivi<br />

de ces patients et soulignent l’apport de la<br />

métabolomique <strong>du</strong> globule rouge pour le suivi de<br />

maladies hématologiques et non hématologiques.<br />

Séquençage<br />

<strong>Les</strong> progrès réalisés dans le domaine <strong>du</strong><br />

séquençage de l’ADN permettent également<br />

aujourd’hui d’aborder des systèmes complexes,<br />

comme des populations bactériennes au sein<br />

d’échantillons biologiques ou environnementaux ;<br />

on parle de métagénomes. En 2011, dans le<br />

cadre d’un consortium, les chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

ont ainsi révélé la diversité métabolique des<br />

principaux micro-organismes présents dans un<br />

effluent résultant de l’exploitation d’une mine<br />

fortement contaminée par de l’arsenic. Ils ont<br />

construit un modèle intégré des interactions<br />

métaboliques qui peuvent être d’une importance<br />

capitale pour remédier naturellement aux<br />

50 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Dispositif de culture continue de micro-organismes au Genoscope.<br />

Enrichissement des échantillons portant des fragments d’ADN, avant dépôt sur le séquenceur.<br />

le développement de radiotraceurs ou d’agents<br />

de contraste spécifiques des phénomènes<br />

biologiques que l’on veut observer. En 2011,<br />

les chercheurs ont ainsi fabriqué des nanomicelles<br />

photopolymérisées dont l’intérêt est double.<br />

En effet, en plus d’une utilisation comme agent<br />

de contraste, ces nano-objets ont été utilisés<br />

avec succès pour la délivrance d’un traitement<br />

anti-cancéreux. Ces résultats précliniques<br />

prometteurs ont fait l’objet d’un dépôt de brevet<br />

et ouvrent de nouvelles perspectives vers la<br />

conception de nano-objets pouvant servir à la fois<br />

pour le diagnostic et le traitement des maladies.<br />

transformations in<strong>du</strong>ites par l’Homme sur ces<br />

écosystèmes. Toujours dans le domaine des<br />

sciences environnementales, le développement<br />

d’une méthodologie d’analyse protéomique à<br />

haut-débit a permis de caractériser une bactérie<br />

modèle dont l’habitat naturel est l’eau de mer et<br />

d’essayer de comprendre comment elle s’adapte<br />

à son environnement. <strong>Les</strong> résultats de cette<br />

étude suggèrent que moins de la moitié des<br />

gènes est utilisée pour ses mécanismes vitaux et<br />

d’adaptation au jour le jour. L’autre moitié de son<br />

capital génétique ne sert que dans des conditions<br />

environnementales très spécifiques.<br />

IMAGERIE BIOMÉDICALE<br />

<strong>Les</strong> techniques d’imagerie in vivo, développées au<br />

<strong>CEA</strong>, permettent, par des examens atraumatiques,<br />

de mener des recherches fondamentales sur<br />

le fonctionnement <strong>du</strong> cerveau, de fournir une<br />

aide au diagnostic et au pronostic et de suivre<br />

l’efficacité de traitements, dans le cadre d’études<br />

précliniques et cliniques. Elles occupent une place<br />

majeure dans les processus d’élaboration et de<br />

validation de nouvelles approches diagnostiques<br />

et thérapeutiques, pour les maladies qui<br />

représentent un véritable enjeu de santé publique<br />

telles que les maladies neurodégénératives, les<br />

cancers, les maladies émergentes, mais aussi<br />

psychiatriques. Pour mener ces recherches, le<br />

<strong>CEA</strong> s’appuie sur trois plateformes d’imagerie<br />

ouvertes à la communauté scientifique (Service<br />

hospitalier Frédéric Joliot – SHFJ, NeuroSpin<br />

et MIRCen), ainsi que sur la plateforme<br />

d’imagerie biomédicale Cycéron de Caen.<br />

Du diagnostic au traitement<br />

Un premier aspect des recherches menées au<br />

<strong>CEA</strong> concerne le développement de technologies<br />

plus performantes que celles actuellement à<br />

la disposition des hôpitaux. Le <strong>CEA</strong> s’est ainsi<br />

lancé dans un véritable challenge technologique,<br />

avec l’élaboration, à NeuroSpin, d’une IRM à haut<br />

champ, destinée aux recherches fondamentales<br />

sur le cerveau et à la recherche translationnelle.<br />

Ce projet d’aimant à 11,7 T, dont la conception<br />

détaillée a été finalisée en 2011 est maintenant<br />

entré en phase de pro<strong>du</strong>ction et devrait s’achever<br />

en 2013. L’imagerie biomédicale nécessite aussi<br />

Reconstitution de la capside virale<br />

de la rougeole, à partir de données<br />

de microscopie électronique (fond),<br />

de diffusion de rayons X (mur gauche)<br />

et de résonance magnétique<br />

nucléaire (spectres au sol).<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 51


1 I D<br />

LES TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ ET<br />

LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ<br />

Imagerie cérébrale d’un patient Alzheimer.<br />

Examen par IRM 7 T.<br />

En 2011, le <strong>CEA</strong> a également développé plusieurs<br />

outils et méthodes d’imagerie médicale qui vont<br />

permettre de diagnostiquer plus précocement les<br />

maladies neurodégénératives et d’élaborer des<br />

stratégies innovantes pour les traiter. Ainsi en<br />

combinant l’IRM à haut champ (3 T et 7 T) à une<br />

nanoparticule d’oxyde de fer, agent de contraste<br />

développé par la société Guerbet, il devient<br />

possible de mieux délimiter les noyaux profonds<br />

<strong>du</strong> cerveau, notamment le subthalamique. Il s’agit<br />

d’un prérequis indispensable pour améliorer la<br />

neurochirurgie de la maladie de Parkinson et<br />

des troubles obsessionnels compulsifs. Dans le<br />

même esprit, une autre équipe vient de montrer<br />

l’intérêt de l’IRM 7 T pour la détection des lésions<br />

microscopiques des vaisseaux, lésions subtiles et<br />

difficilement détectables en IRM à 3 T. De telles<br />

lésions apparaissent chez les patients atteints de<br />

Cadasil, une maladie génétique rare, de diabète ou<br />

d’hypertension artérielle, mais également au cours<br />

<strong>du</strong> vieillissement. D’autres équipes s’appliquent<br />

à définir de nouveaux protocoles d’imagerie par<br />

Tomographie par émission de positons (TEP). Elles<br />

ont, d’une part, élaboré une méthode permettant<br />

de détecter les lésions de la myéline dans la<br />

sclérose en plaque, une maladie chronique qui<br />

touche en France plus de 80 000 personnes.<br />

Elles ont, d’autre part, montré que l’imagerie TEP<br />

des dépôts amyloïdes, des agrégats de protéines<br />

insolubles, est similaire entre les malades ayant<br />

une forme typique de maladie d’Alzheimer et ceux<br />

ayant une forme rare particulièrement difficile à<br />

diagnostiquer, l’atrophie corticale postérieure.<br />

Organisation cérébrale <strong>du</strong> langage<br />

Dans le domaine des recherches fondamentales<br />

sur le cerveau et ses maladies, l’apport de<br />

l’imagerie médicale s’est tra<strong>du</strong>it en 2011 par<br />

des avancées majeures dans la connaissance<br />

de l’organisation cérébrale <strong>du</strong> langage. <strong>Les</strong><br />

chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> ont ainsi précisé le rôle<br />

de l’hémisphère droit dans le langage par<br />

rapport à celui prédominant de l’hémisphère<br />

gauche. De même, la perception de la structure<br />

hiérarchique des phrases par le cerveau a été<br />

mise en évidence ; certaines aires décryptent le<br />

sens de la phrase alors que d’autres se basent<br />

uniquement sur sa structure. <strong>Les</strong> chercheurs<br />

ont également montré pour la première fois<br />

qu’il existe chez le microcèbe murin, un primate<br />

non-humain, une relation entre atrophie cérébrale<br />

et altérations cognitives liées au vieillissement<br />

cérébral spontané. Avec ce modèle représentatif<br />

de ce qui se passe chez l’homme, les chercheurs<br />

vont pouvoir évaluer des thérapies ciblant<br />

les pathologies cérébrales liées à l’âge.<br />

Maladie d’Alzheimer<br />

<strong>Les</strong> compétences <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> en matière d’imagerie<br />

biomédicale sont également reconnues par les<br />

in<strong>du</strong>striels. Cette reconnaissance s’est concrétisée<br />

en 2011 par la signature d’un partenariat publicprivé<br />

d’envergure, dans le cadre <strong>du</strong> plan Alzheimer<br />

2008-2012, entre le <strong>CEA</strong>, l’Institut Pasteur, le<br />

CNRS et l’Institut Roche de recherche et médecine<br />

translationnelle afin de développer de nouveaux<br />

outils pour le diagnostic précoce de cette maladie.<br />

Le <strong>CEA</strong> est également impliqué dans le projet<br />

EU-AIMS, une étude informatique multicentrique<br />

Augmentation d’activation cérébrale en réponse à des phrases écrites.<br />

52 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Laboratoire de chimie bio-organique, de recherche sur les molécules d’intêret biologique, futurs médicaments et outils de diagnostic médical.<br />

sur l’autisme et la maladie d’Alzheimer, qui a été<br />

retenu par le partenariat public/privé européen<br />

IMI (Innovative medecine initiative) pour le<br />

développement d’une médecine plus sûre et<br />

efficace. Enfin, la Fondation de coopération<br />

scientifique <strong>du</strong> Campus Paris-Saclay a pris la<br />

décision de rassembler, au sein d’un Institut<br />

des neurosciences, l’ensemble des équipes<br />

<strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, <strong>du</strong> CNRS et de l’Université Paris 11<br />

spécialistes de ce domaine en pleine évolution.<br />

Imagerie moléculaire<br />

Des chercheurs de l’Institut nanosciences et cryogénie (Inac) ont élaboré de<br />

nouveaux traceurs de fluorescence à base de nanocristaux pour l’imagerie<br />

moléculaire, ainsi que des agents de contraste pour l’IRM grâce à des<br />

complexes <strong>du</strong> gadolinium. Une nouvelle sonde bimodale à fluorescence – RMN<br />

pour l’imagerie biologique a été validée par les premiers tests.<br />

Prostafluo : imagerie moléculaire optique/<br />

ultrasons pour le cancer de la prostate<br />

Le diagnostic <strong>du</strong> cancer de la prostate est établi<br />

suite à l’étude histologique de biopsies. Celles-ci<br />

sont prescrites en fonction de signes cliniques<br />

<strong>du</strong> patient et de dosages élevés de PSA. <strong>Les</strong><br />

prélèvements des biopsies sont guidés par<br />

l’échographie qui permet de se positionner dans<br />

la prostate, mais est pauvre en information sur les<br />

zones potentiellement cancéreuses. <strong>Les</strong> biopsies<br />

sont réalisées par voie endorectale en explorant<br />

l’ensemble <strong>du</strong> volume de la prostate, de manière<br />

randomisée. L’amélioration <strong>du</strong> rendement passe<br />

aujourd’hui par une augmentation <strong>du</strong> nombre de<br />

prélèvements pouvant entraîner une morbidité<br />

supérieure. Dans le cadre <strong>du</strong> projet ANR Tecsan,<br />

le Laboratoire d’électroniqhe et de technologies<br />

de l’information (Leti) a développé et validé les<br />

performances d’une nouvelle sonde d’imagerie bimodale<br />

ultrasons et optique qui combine l’imagerie<br />

optique de fluorescence et ultrasonore pour<br />

guider les biopsies vers les zones potentiellement<br />

cancéreuses et ainsi en limiter le nombre.<br />

La validation des performances de détection<br />

optique de cette sonde, réalisée sur fantôme, a<br />

montré une parfaite compatibilité avec le guidage<br />

de biopsie (profondeur 25 mm, précision 1,5 mm).<br />

Associée à un algorithme de recalage des images,<br />

la sonde fournit une co-localisation de la zone<br />

fluorescente et de l’informatique morphologique<br />

par ultra-sons. À terme les perspectives<br />

envisagées concernent l’évaluation de marqueurs<br />

pour la prostate et la mise en œuvre clinique<br />

de la sonde bi-modale dans le cadre de la<br />

plateforme Optic Clinic <strong>du</strong> CHU de Grenoble.<br />

NOUVELLES STRATÉGIES<br />

DIAGNOSTIQUES ET<br />

THÉRAPEUTIQUES<br />

Le <strong>CEA</strong> dispose d’un ensemble de compétences<br />

pluridisciplinaires qui lui permet de faire le pont<br />

entre les résultats de sa recherche fondamentale<br />

et une recherche plus applicative, en vue<br />

d’élaborer et de valider des nouvelles stratégies<br />

diagnostiques et thérapeutiques ou de développer<br />

des tests de diagnostic plus efficaces pour aider<br />

les médecins à orienter leurs choix thérapeutiques<br />

et à suivre l’efficacité des traitements. Ces<br />

recherches ouvrent la voie à la médecine<br />

personnalisée.<br />

Comprendre la pathogénèse<br />

Une partie des recherches <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> est consacrée à<br />

la compréhension des mécanismes responsables<br />

de la pathogenèse. Pour cela disposer de modèles<br />

animaux représentatifs des pathologies humaines<br />

est essentiel. En 2011, les chercheurs ont<br />

notamment mis au point, chez la souris, un modèle<br />

de greffe repro<strong>du</strong>isant les leucémies développées<br />

par les patients en rechute. <strong>Les</strong> leucémies aigües<br />

lymphoblastiques <strong>du</strong> lignage T sont des cancers<br />

<strong>du</strong> sang qui peuvent être majoritairement traités<br />

efficacement. Cependant dans 20 à 50 % des<br />

cas, une rechute de la leucémie particulièrement<br />

résistante aux traitements peut se pro<strong>du</strong>ire. Avec<br />

ce nouveau modèle, les chercheurs disposent<br />

désormais d’un outil précieux pour tester de<br />

nouvelles molécules capables de contourner cette<br />

résistance. Dans une autre étude visant à mieux<br />

Service d’immuno-virologie.<br />

comprendre les mécanismes de l’infection par le<br />

virus <strong>du</strong> sida, les chercheurs se sont appuyés sur<br />

la connaissance <strong>du</strong> singe Mandrill, qui est l’hôte<br />

naturel de deux virus cousins de celui qui in<strong>du</strong>it<br />

le sida, mais qui ne développe pas la maladie. Une<br />

analyse détaillée des mécanismes immunitaires<br />

associés à l’infection chez ce primate a confirmé<br />

que l’absence d’activation chronique <strong>du</strong> système<br />

immunitaire protège de la maladie.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 53


1 I D<br />

LES TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ ET<br />

LES RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

TECHNOLOGIES POUR LA SANTÉ<br />

Préparation d’échantillons.<br />

<strong>Les</strong> connaissances acquises sur les mécanismes<br />

moléculaires liés aux phénomènes pathologiques<br />

permettent également aux chercheurs <strong>du</strong> <strong>CEA</strong><br />

de découvrir ou d’élaborer de nouvelles pistes<br />

thérapeutiques. En 2011, les chercheurs ont<br />

participé à une étude qui a permis pour la<br />

première fois de pro<strong>du</strong>ire chez l’animal des<br />

anticorps neutralisants à large spectre contre le<br />

virus de l’hépatite C, en utilisant des « pseudoparticules<br />

» qui miment les particules virales<br />

mais ne se multiplient pas in vivo. Ces résultats<br />

ouvrent la voie à la mise au point d’un vaccin<br />

contre l’hépatite C et plus largement, vers une<br />

nouvelle technologie pour le développement de<br />

vaccins contre d’autres infections (VIH, dengue…).<br />

Dans le domaine <strong>du</strong> cancer, deux nouvelles pistes<br />

ont également été trouvées. <strong>Les</strong> chercheurs <strong>CEA</strong><br />

ont en effet montré que la molécule HLA-G peut<br />

être un obstacle à l’efficacité thérapeutique des<br />

lymphocytes T gamma delta, des cellules connues<br />

pour leur capacité à tuer les cellules tumorales<br />

et actuellement testées dans de nombreux<br />

essais cliniques. Ces résultats ouvrent la voie<br />

à l’optimisation des traitements basés sur les<br />

propriétés anti-tumorales de ces cellules. D’autres<br />

chercheurs ont identifié un nouveau mode<br />

d’action de l’ellipticine, une molécule connue pour<br />

ses propriétés anticancéreuses. Ils ont sélectionné<br />

des dérivés de cette molécule capables de cibler<br />

spécifiquement une protéine essentielle pour<br />

le contrôle de la prolifération des cellules, la<br />

protéine CK2, et ont mis en évidence le potentiel<br />

antitumoral de ces dérivés.<br />

Cellules dendritiques de la peau, marquées<br />

en rouge ou en vert.<br />

Biotechnologies<br />

<strong>Les</strong> compétences <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> en matière de<br />

biotechnologies ont également été mises à<br />

profit pour élaborer des molécules bioactives<br />

plus efficaces et mieux adaptées. Ainsi, une<br />

nouvelle méthode, appelée Immuno’line TM a<br />

été développée pour évaluer l’immunogénicité<br />

des anticorps thérapeutiques, c’est-à-dire leur<br />

capacité à in<strong>du</strong>ire une réponse immunitaire non<br />

désirée. Elle va permettre de séparer les bons<br />

des mauvais candidats anticorps thérapeutiques<br />

dès le début de leur processus de conception.<br />

Par ailleurs le développement de médicaments<br />

ciblant le système nerveux central pose,<br />

entre autres, le problème <strong>du</strong> passage de la<br />

barrière hémato-encéphalique. Cette barrière<br />

restreint la pénétration cérébrale de nombreux<br />

médicaments. Elle est la cause d’échecs de<br />

candidats médicaments lors des essais cliniques.<br />

<strong>Les</strong> chercheurs ont validé, avec le groupe<br />

pharmaceutique Abbott/Laboratoires Fournier,<br />

une nouvelle stratégie pour l’évaluation précoce<br />

de ce type de médicaments, offrant ainsi une aide<br />

précieuse pour l’in<strong>du</strong>strie pharmaceutique.<br />

Vue au microscope d’un lymphocyte T (rouge)<br />

reconnaissant une cellule tumorale (bleue).<br />

54 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Lymphocyte T entouré d’hématies.<br />

Mesures d’activités biologiques<br />

Un développement instrumental est réalisé à l’Inac pour la mesure d’interactions biologiques<br />

ou la reconnaissance moléculaire, via des puces à ADN, à sucres ou à protéines, basées sur la<br />

résonance plasmonique. <strong>Les</strong> perspectives sont les suivantes :<br />

- Des progrès de miniaturisation des analyses ont permis d’étudier des lymphocytes indivi<strong>du</strong>els<br />

et leur sécrétion en temps réel. Ces outils sont valorisés par la start-up Genoptics et dans le<br />

cadre <strong>du</strong> programme transversal NRBC.<br />

- D’autres applications concernent la manipulation d’objets complexes, en particulier le relargage<br />

contrôlé d’espèces cellulaires ou la détection précoce de bactéries.<br />

- Une nouvelle technologie de puces a été développée pour quantifier la réparation de l’ADN dans<br />

des extraits cellulaires.<br />

Magnétocardiographie par capteurs à GMR (magnétorésistance géante)<br />

Habituellement mesurée par électrocardiographie, l’activité cardiaque peut également être suivie<br />

par magnétocardiographie. L’ultra-sensibilité des nouveaux capteurs magnétiques réalisés à<br />

l’Institut rayonnement matière de Saclay (Iramis) contribue à faire émerger cette technique sans<br />

contact, ne nécessitant pas la pose d’électrodes, et permettant une imagerie dynamique <strong>du</strong> cycle<br />

cardiaque.<br />

Sous forme cristallisée, la protéine reste active et<br />

la structure de son site actif peut être étudiée.<br />

Equipement et laboratoires d’excellence<br />

L’excellence scientifique <strong>du</strong> <strong>CEA</strong> dans le<br />

domaine de la recherche de nouvelles stratégies<br />

diagnostiques et thérapeutiques a été largement<br />

reconnue en 2011. L’équipement d’excellence<br />

Flowcytech porté par le <strong>CEA</strong> a été retenu dans<br />

le cadre des investissements d’avenir, avec pour<br />

objectif de développer une nouvelle méthode de<br />

cytométrie en flux permettant un phénotypage<br />

complexe des cellules de mammifères. Deux<br />

Labex ont également été retenus : le projet VRI,<br />

qui a pour ambition la création d’un centre et<br />

d’un réseau de recherche entièrement dédiés au<br />

développement de vaccins efficaces contre le sida<br />

et l’hépatite C ; et le Labex Lermit dont le but est<br />

de concevoir et réaliser des médicaments <strong>du</strong> futur<br />

pour le cancer, les maladies cardiovasculaires<br />

et les maladies infectieuses et <strong>du</strong> système<br />

immunitaire. Enfin, deux projets, BioVacSafe<br />

et Abirisk, ont été soutenus par le partenariat<br />

européen IMI. Ces projets ont pour objectif d’une<br />

part la recherche de nouveaux biomarqueurs<br />

des pathologies et d’autre part l’amélioration de<br />

la prise en compte de l’immunogénicité dans la<br />

conception des protéines <strong>du</strong> futur et la prise en<br />

charge des patients.<br />

Simulation pour la radiothérapie par photoactivation<br />

de nanoparticules<br />

Certaines tumeurs résistantes sont encore<br />

incurables avec les traitements actuels,<br />

notamment <strong>du</strong> fait de leur localisation, de leur<br />

accès délicat et de la radiosensibilité des tissus<br />

sains environnants. Parmi les voies de recherches<br />

menées aujourd’hui sur le traitement de ces<br />

cancers, la radiothérapie par photoactivation<br />

d’éléments lourds semble prometteuse. La<br />

radiothérapie conventionnelle a pour but de<br />

détruire les cellules tumorales tout en épargnant<br />

au maximum les tissus sains alentour. Dans<br />

l’optique d’augmenter ce différentiel, l’injection<br />

dans la tumeur d’éléments lourds, c’est-à-dire<br />

d’atomes ayant un numéro atomique élevé<br />

comme l’or, l’iode ou le gadolinium, vise à utiliser<br />

l’importante différence d’absorption des rayons X<br />

de basse énergie, équivalant à ceux utilisés en<br />

imagerie médicale, par rapport aux tissus sains<br />

non chargés. Des études récentes sur le petit<br />

animal ont montré une augmentation de la survie<br />

d’un facteur 4 lorsque l’on injectait dans la tumeur<br />

des nanoparticules d’or. Or cet effet n’est pas<br />

explicable par la simple augmentation de la dose<br />

macroscopique déposée dans la tumeur <strong>du</strong>e à la<br />

présence d’éléments lourds. Une thèse démarrée<br />

au laboratoire « modélisation et simulation des<br />

systèmes » <strong>du</strong> Laboratoire d’intégration de<br />

systèmes et de technologies (List) a pour but de<br />

tenter d’expliquer ces phénomènes par simulation<br />

Monte Carlo <strong>du</strong> dépôt de dose à l’échelle cellulaire.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 55


1E<br />

TRÈS GRANDES INFRASTRUCTURES<br />

DE RECHERCHE ET RECHERCHES<br />

FONDAMENTALES<br />

ASSOCIÉES<br />

Le <strong>CEA</strong> participe de manière active à la mise à jour<br />

de la feuille de route nationale des très grandes<br />

infrastructures (www.roadmaptgi.fr). Il participe<br />

au développement des futures Très grandes<br />

infrastructures de recherche (TGIR) et représente<br />

la France, souvent aux côtés d’organismes<br />

partenaires comme le CNRS, dans les instances<br />

de pilotage des TGIR.<br />

Avec le CNRS, il anime le Comité de coordination<br />

des Très grandes infrastructures de recherche<br />

<strong>CEA</strong>-CNRS, dont un des objectifs est de définir<br />

la position française dans les instances de pilotage<br />

internationales, dans tous les domaines (sources<br />

de lumière et de neutrons, accélérateurs d’ions,<br />

physique nucléaire et des hautes énergies,<br />

environnement et calcul intensif).<br />

Le <strong>CEA</strong> est un acteur reconnu mondialement dans<br />

la conception, la réalisation et l’exploitation des<br />

TGIR grâce à ses compétences technologiques très<br />

pointues : instrumentation spatiale, accélérateurs<br />

et détecteurs, cryotechnologie, faisceaux<br />

de très haute intensité et très grands aimants<br />

supracon<strong>du</strong>cteurs. Il participe pleinement à<br />

de nombreux projets mondiaux comme la source<br />

européenne de neutrons de spallation (ESS),<br />

la source de lumière de quatrième génération<br />

(X-Fel) et les accélérateurs d’ions (Fair).<br />

Genci, Prace : le calcul haute performance<br />

au service des scientifiques<br />

Le Très grand centre de calcul (TGCC) <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>,<br />

jouxtant le site de Bruyères-le-Châtel, accueille<br />

La Maison de la simulation<br />

la machine européenne de puissance pétaflopique<br />

acquise par Genci (Grand équipement national de<br />

calcul intensif), Curie, dans le cadre <strong>du</strong> partenariat<br />

européen Prace (Partenariat for Advanced<br />

Computing in Europe) et avec le soutien financier<br />

<strong>du</strong> Conseil général de l’Essonne. Ce supercalculateur<br />

unique en Europe, achevé début 2012, va<br />

permettre des avancées sans précédent dans<br />

tous les domaines de la recherche académique<br />

et in<strong>du</strong>strielle. Conçu par Bull et exploité par les<br />

équipes <strong>du</strong> TGCC, il est constitué de plusieurs<br />

L’année 2011 a vu la création et le démarrage effectif de la Maison de la simulation qui est un<br />

laboratoire commun <strong>du</strong> <strong>CEA</strong>, <strong>du</strong> CNRS, de l’INRIA et des Universités de Paris-Sud et Versailles,<br />

dont l’objectif est la recherche pluridisciplinaire autour <strong>du</strong> calcul intensif et de ses applications,<br />

participant ainsi à la valorisation scientifique des grands équipements de calcul, et notamment<br />

ceux installés au TGCC. La participation à deux demandes financées d’équipement d’excellence,<br />

le démarrage d’activités de recherche autour de quatre thèses, ainsi que la récente sélection<br />

en tant qu’un des six Prace Advanced Training Center ont contribué au succès de ce démarrage.<br />

56 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Participer<br />

à la conception,<br />

la réalisation<br />

et l’exploitation<br />

des TGIR.<br />

Quadrupôles<br />

de l’accélérateur<br />

linéaire Spiral2.<br />

milliers de serveurs composés de dizaines d’unités<br />

de calcul et reliés entre eux par des réseaux<br />

à très haut débit. Sa capacité a atteint 2 Pétaflops,<br />

en faisant la première machine européenne.<br />

Une simulation à très grande échelle d’une molécule<br />

impliquée dans la maladie d’Alzheimer a déjà été<br />

réalisée en décembre par le Laboratoire de chimie<br />

et physique quantiques de Toulouse. Curie contribue<br />

à la politique des TGIR pilotée par le ministère<br />

de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.<br />

Technologie et simulation numérique<br />

Avec le soutien <strong>du</strong> programme transversal<br />

Nanoscience/nanosimulation, le code TB_Sim<br />

de l’Inac (Institut nanosciences et cryogénie)<br />

permet de caractériser les propriétés d’un<br />

transistor basé sur un nanofil de silicium.<br />

Ce code massivement parallèle peut profiter<br />

de l’architecture <strong>du</strong> supercalculateur Curie<br />

en s’exécutant sur plusieurs milliers de cœurs<br />

de calcul et plusieurs centaines de GPUs.<br />

LHC : une quête des constituants élémentaires<br />

de l’Univers<br />

Fin 2011, les résultats des recherches sur le boson<br />

de Higgs <strong>du</strong> modèle standard ont considérablement<br />

restreint le domaine de masse à l’intervalle allant<br />

de 115 GeV à 130 GeV. <strong>Les</strong> deux expériences Atlas<br />

et CMS ont observé un excès d’événements dans<br />

différents canaux de recherche <strong>du</strong> fameux boson.<br />

Une découverte pourrait intervenir dès 2012,<br />

marquant ainsi une étape importante dans l’histoire<br />

de la physique des particules et permettant d’établir<br />

une nouvelle feuille de route pour les deux futures<br />

décennies.<br />

Dans le domaine des collisions d’ions lourds,<br />

l’expérience Alice a achevé sa deuxième campagne<br />

de données en novembre 2011. L’analyse des<br />

résultats sur le plasma quark gluon se poursuit,<br />

ainsi que les discussions avec les théoriciens<br />

pour interpréter les résultats.<br />

Le collisionneur proton antiproton <strong>du</strong> Tevatron<br />

à Fermilab (USA) a été arrêté fin septembre 2011.<br />

Outre la recherche <strong>du</strong> Higgs, l’expérience D0<br />

a publié des résultats sur la section efficace<br />

de pro<strong>du</strong>ction <strong>du</strong> top, sa masse, les corrélations<br />

de spin, les asymétries avant-arrière. La finalisation<br />

des analyses se poursuivra en 2012. Toutes ses<br />

mesures de précisions sont des tests puissants<br />

<strong>du</strong> modèle standard de la physique des particules.<br />

T2K, Double Chooz : percer les mystères<br />

des neutrinos<br />

Concernant l’étude des neutrinos, les deux<br />

expériences T2K et Double Chooz ont annoncé<br />

en 2011 les premières mesures de l’angle<br />

de mélange, paramètre lié aux transformations<br />

des neutrinos entre leurs différentes natures.<br />

Ces résultats seront améliorés en 2012 grâce à<br />

une statistique supérieure.<br />

L’expérience Double Chooz a pro<strong>du</strong>it en fin 2011<br />

le rapport technique de conception de son<br />

deuxième détecteur. Sa réalisation en 2012<br />

va permettre d’améliorer la qualité de la mesure<br />

en diminuant les erreurs systématiques.<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 57


1 I E<br />

TRÈS GRANDES INFRASTRUCTURES DE RECHERCHE<br />

ET RECHERCHES FONDAMENTALES ASSOCIÉES<br />

Un des télescopes de Hess en Namibie.<br />

Euclid : à la recherche de la matière<br />

et de l’énergie noires<br />

Dédiée principalement à la question <strong>du</strong> contenu<br />

énergétique de l’Univers, la mission Euclid a été<br />

sélectionnée en 2011 par l’ESA. Son objectif est<br />

de cartographier la matière noire à différents âges<br />

de l’Univers jusqu’à une profondeur de 10 milliards<br />

d’années, couvrant ainsi la période où l’expansion<br />

de l’Univers a commencé à s’accélérer. L’Irfu (Institut<br />

de recherches sur les lois fondamentales de<br />

l’Univers) est très fortement impliqué dans Euclid,<br />

en occupant trois postes clefs au niveau <strong>du</strong><br />

consortium, en fournissant des parties critiques<br />

de l’instrument, et en étant co-responsable<br />

des simulations numériques cosmologiques<br />

et <strong>du</strong> traitement de haut niveau des données.<br />

Hess et Cerenkov Telescope Array (CTA) :<br />

une détection indirecte de particules<br />

de matière noire<br />

Une manière d’étudier la matière noire consiste<br />

à tenter de détecter ses particules constitutives<br />

prévues par les modèles. Ces dernières<br />

s’annihileraient dans l’Univers en pro<strong>du</strong>isant<br />

des photons de haute énergie, susceptibles<br />

d’être détectés par le télescope Hess, ou demain<br />

par son successeur, CTA.<br />

Le cinquième télescope de Hess en Namibie<br />

L’expérience Hess poursuit sa moisson de résultats,<br />

avec notamment une publication sur la recherche<br />

indirecte de matière noire. Elle deviendra Hess2<br />

avec l’installation d’un cinquième télescope en<br />

Namibie, prévue à l’été 2012. Quant au réseau<br />

de télescopes <strong>du</strong> projet CTA, il est entré en phase<br />

préparatoire ESFRI. <strong>Les</strong> activités techniques<br />

de l’Irfu concernent la conception <strong>du</strong> détecteur,<br />

l’électronique frontale, la structure des télescopes<br />

et les miroirs.<br />

Herschel ou la naissance des étoiles<br />

Grâce à la qualité sans égale de ses images<br />

submillimétriques, le télescope spatial Herschel<br />

a révolutionné notre compréhension de la naissance<br />

des étoiles et de l’évolution des galaxies.<br />

Solar Orbiter<br />

Concernant l’étude <strong>du</strong> Soleil, la mission Solar<br />

Orbiter, dont le télescope comportera un imageur X<br />

à base de mo<strong>du</strong>les Caliste développés par l’Irfu,<br />

a été sélectionnée par l’ESA. La mission Solar<br />

Orbiter va obtenir l’image la plus proche possible<br />

<strong>du</strong> Soleil, s’approchant de notre étoile jusqu’à<br />

seulement 62 fois son rayon (soit moins<br />

de 45 millions de kilomètres).<br />

Spiral2, IFMIF, X-Fel, Iseult :<br />

accélérateurs et cryomagnétisme<br />

Plusieurs grands projets d’accélérateurs pour les<br />

besoins de la physique de l’Irfu, ou pour d’autres<br />

communautés de physique, sont en cours.<br />

Spiral2 et IFMIF ont connu des avancées<br />

importantes sur les dispositifs injecteurs. L’année<br />

2012 sera dédiée aux tests finaux de l’injecteur<br />

complet. L’accélérateur européen X-Fel pro<strong>du</strong>ira<br />

des impulsions lumineuses très intenses et<br />

extrêmement brèves, permettant de cartographier<br />

la matière à l’échelle atomique. L’Irfu est<br />

responsable de l’intégration de près de cent<br />

cryomo<strong>du</strong>les constituant l’accélérateur.<br />

Ce programme est monté en puissance tout<br />

au long de l’année 2011, avec un travail<br />

préparatoire intense qui a permis de commencer<br />

Traces des particules issues de la collision<br />

de deux protons et visualisées dans le plan<br />

transverse <strong>du</strong> détecteur Atlas.<br />

à tester l’intégration de deux cryomo<strong>du</strong>les, avant<br />

le démarrage de la phase in<strong>du</strong>strielle. L’Irfu a<br />

également mis son expertise en matière d’aimant<br />

supracon<strong>du</strong>cteur au service des sciences <strong>du</strong> vivant.<br />

L’aimant Iseult de 11,75 T (corps entier), qui devrait<br />

être installé à NeuroSpin en 2013, repoussera<br />

les limites de l’imagerie IRM cérébrale. Un prototype<br />

de l’aimant, réalisé à partir <strong>du</strong> con<strong>du</strong>cteur d’Iseult,<br />

a été testé avec succès en janvier 2012.<br />

La fabrication des bobines <strong>du</strong> solénoïde principal<br />

a démarré sur le site d’Alstom à Belfort et devrait<br />

être achevée fin 2012.<br />

Ganil<br />

Pour la 1 e fois, une forme rare de radioactivité,<br />

dite à deux protons, a pu être observée en trois<br />

dimensions.<br />

La jouvence de Spiral1 a permis de pro<strong>du</strong>ire<br />

de nouveaux isotopes radioactifs d’éléments<br />

métalliques grâce à la nouvelle source Febiad.<br />

Le spectromètre Vamos a vu sa résolution<br />

améliorée. Un faisceau d’ions stables a été pro<strong>du</strong>it<br />

au Ganil pour la première fois, non pas par<br />

résonance cyclotronique électronique (ECR),<br />

mais par photo-ionisation résonante obtenue grâce<br />

à des lasers. Cette technique très sélective fournira<br />

des faisceaux de grande pureté pour près<br />

de la moitié des ions radioactifs de Spiral2.<br />

La ligne de moyenne énergie <strong>du</strong> Ganil (Irrsud) est<br />

désormais dotée d’un système d’analyse en ligne,<br />

Alix. Ce diffratomètre à rayons X permet de suivre<br />

en continu l’évolution des matériaux sous<br />

irradiation. En 2011, le Ganil a délivré des ions<br />

lourds pendant 25 semaines, soit 4 000 heures,<br />

pour 46 expériences, répartis en 36 faisceaux<br />

stables et 4 faisceaux radioactifs (de haute énergie)<br />

et 13 faisceaux de moyenne énergie.<br />

Spiral2<br />

En ce qui concerne le chantier de Spiral2, la phase<br />

d’excavation s’est terminée en mai et la cérémonie<br />

de la première pierre s’est tenue en octobre.<br />

<strong>Les</strong> premiers faisceaux <strong>du</strong> futur injecteur ont été<br />

obtenus à Saclay sur la ligne protons/deutons<br />

de basse énergie.<br />

58 / RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 /


Enceinte de cuve de l’installation Double Chooz.<br />

ESRF<br />

Le programme d’extension de l’ESRF a progressé<br />

avec notamment l’inauguration de la première ligne<br />

de lumière de nouvelle génération et le début<br />

de la construction de deux halls expérimentaux<br />

supplémentaires. Divers travaux sur l’accélérateur<br />

ont permis de maintenir l’ESRF à la première place<br />

mondiale en terme de brillance des faisceaux<br />

de rayons X. Enfin, un nouveau centre de calcul<br />

a été inauguré pour faire face au volume croissant<br />

des données à traiter, qui se rapproche désormais<br />

de celui des expériences au CERN.<br />

ILL<br />

<strong>Les</strong> études se poursuivent pour le changement<br />

de type de combustible <strong>du</strong> réacteur à haut flux<br />

(passage de l’uranium fortement enrichi à<br />

de l’uranium faiblement enrichi). Le programme de<br />

modernisation se poursuit, avec quatre nouveaux<br />

instruments en construction. ILL a entamé une<br />

réflexion prospective pour les deux prochaines<br />

décades de façon à pérenniser sa position de leader<br />

mondial.<br />

Laboratoire Léon Brillouin (LLB)<br />

Le Laboratoire Léon Brillouin est un des signataires<br />

de l’accord franco-suédois adossé à ESS (source de<br />

neutrons à spallation : European Spallation Source)<br />

signé en 2011. Dans le cadre <strong>du</strong> programme<br />

Cap2015 associé, une jouvence des spectromètres<br />

<strong>du</strong> LLB sera entreprise. Deux exemples d’utilisation<br />

des neutrons :<br />

<strong>Les</strong> secrets d’une mousse <strong>du</strong>rable dévoilés par les<br />

neutrons. La diffusion de neutrons est une méthode<br />

efficace pour étudier la matière molle<br />

nanostructurée. <strong>Les</strong> chercheurs <strong>du</strong> LLB ont ainsi pu<br />

caractériser une mousse élaborée par chimie verte,<br />

qui s’avère stable pendant plusieurs mois et qui peut<br />

être rapidement déstabilisée en élevant sa<br />

température (> 60 °C). Ce résultat ouvre de nouvelles<br />

applications susceptibles d’intéresser les fabricants<br />

de cosmétiques ou de détergents.<br />

Nanocomposites renforcés : des systèmes<br />

modèles pour décrire le comportement mécanique<br />

des pneumatiques. Un moyen d’améliorer les<br />

propriétés mécaniques des matériaux plastiques<br />

est de les renforcer par des nanoparticules,<br />

en formant ainsi un matériau composite.<br />

Une étude structurale par diffusion de neutrons,<br />

couplée à des essais mécaniques, d’échantillons<br />

de polystyrène renforcés par des grains de silice<br />

montre l’amélioration des propriétés mécaniques<br />

de matériaux plastiques composites intégrant des<br />

nanoparticules. Cette étude modèle menée au LLB<br />

trouve de nombreuses applications, en particulier<br />

dans le domaine <strong>du</strong> pneumatique.<br />

Lasers<br />

L’Iramis dispose d’un laser de premier plan dans le<br />

domaine de la physique à ultra-haute intensité avec<br />

le laser UHI100 (100 térawatts). Il est partenaire<br />

de l’Equipex Cilex (Centre interdisciplinaire, lumière<br />

extrême), pour le développement d’un centre de<br />

recherche international, utilisant les installations<br />

lasers et expérimentales <strong>du</strong> plateau de Saclay et qui<br />

accueillera le futur laser Apollon (10 pétawatts).<br />

L’Iramis est aussi porteur <strong>du</strong> projet complémentaire<br />

d’Equipex Attolab, qui vise à créer un laboratoire<br />

d’étude de la dynamique ultrarapide, qui sera<br />

localisé auprès <strong>du</strong> futur laboratoire Cilex.<br />

Laboratoires d’excellence<br />

L’Irfu est engagé dans deux Labex sélectionnés<br />

lors de la première vague : UnivEarths (Terre –<br />

Planètes – Univers) qui comprend une partie<br />

des unités mixtes de recherche UMR, AIM et APC<br />

communes avec l’Université Paris-Diderot et P2IO<br />

(Physique des deux infinis et des origines)<br />

qui inclut l’essentiel de l’institut et réunit<br />

l’Irfu et des laboratoires <strong>du</strong> CNRS, de l’École<br />

polytechnique et de l’Université Paris-Sud 11.<br />

<strong>Les</strong> Très grandes infrastructures de recherche (TGIR)<br />

Sources de neutrons<br />

Orphée-Laboratoire Léon Brillouin (LLB) Saclay www-llb.cea.fr<br />

Institut Laue-Langevin (ILL) Infrastructure européenne à Grenoble www.ill.eu<br />

Sources de lumière<br />

Synchrotron Soleil St Aubin, près de Saclay www.synchrotron-soleil.fr<br />

ESRF Infrastructure européenne à Grenoble www.esrf.eu<br />

X-Fel Infrastructure européenne en construction à Hambourg (Allemagne) www.xfel.eu<br />

Physique nucléaire et des hautes énergies<br />

Ganil & Spiral 2 Caen www.ganil-spiral2.eu<br />

Cern/LHC Infrastructure mondiale près de Genève www.lhc-france.fr<br />

Fair Infrastructure européenne à Darmstadt (Allemagne) www.gsi.de/fair/index_e.html<br />

Environnement<br />

Icos Infrastructure européenne sous forme de réseau en cours de constitution www.icos-infrastructure.eu (voir p. 26)<br />

Calcul intensif<br />

Genci Grand équipement national de calcul intensif www.genci.fr<br />

Prace Infrastructure européenne de supercalculateurs www.Prace-ri.eu<br />

/ RAPPORT ANNUEL <strong>CEA</strong> 2011 / PARTIE 1 / 59

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