Rapport-expertise-SECAFI-CHSCT-DASSAULT-AVIATION-Version-D-finitive-04_10_2013
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Paris<br />
Toulouse<br />
<strong>DASSAULT</strong> <strong>AVIATION</strong><br />
<strong>Rapport</strong> d’<strong>expertise</strong> <strong>CHSCT</strong><br />
Impacts des projets FARE et TARGET dans le cadre du plan<br />
ARP sur les conditions de travail des salariés du site<br />
d’Argenteuil<br />
<strong>SECAFI</strong> Changement Travail Santé<br />
(ex-ALPHA CONSEIL)<br />
agréé par le ministère du Travail<br />
et habilité IPRP<br />
Direction Régionale Midi Pyrénées :<br />
55, boulevard de l’Embouchure<br />
Central Parc (Bât C)<br />
BP 72081<br />
3<strong>10</strong>19 Toulouse Cedex 2<br />
Tel : 05 62 72 36 00<br />
www.secafi.com<br />
Le <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong>
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remerciements<br />
Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes que nous avons eu l’occasion de rencontrer<br />
pendant tout le déroulement de cette <strong>expertise</strong> pour leur accueil, leur disponibilité et la<br />
qualité des échanges que nous avons eus.<br />
Cette <strong>expertise</strong> a été dirigée par Olivier-Stéphane GAUTHIER, dont l’équipe était constituée<br />
par Lucile ERRERA, Bertrand HERMANS et Bruno ROUYER. Jean-François SIMONIN y a<br />
également participé.<br />
2
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Sommaire<br />
1. L’intervention 5<br />
1.1. Le contexte 6<br />
1.2. La demande 7<br />
1.3. L’analyse de la demande 12<br />
1.4. La démarche d’intervention 13<br />
1.4.1. Analyse documentaire 13<br />
1.4.2. Entretiens 14<br />
1.4.3. Analyse de l’activité en situation réelle 17<br />
1.4.4. Points d’étape intermédiaires avec les élus des <strong>CHSCT</strong> 17<br />
1.4.5. Réunions de travail 18<br />
2. Les projets dans leur contexte stratégique 19<br />
2.1. Le projet ARP et ses déclinaisons 20<br />
2.1.1. Genèse du projet ARP 20<br />
2.1.2. Le projet FARE 22<br />
2.1.3. Le projet TARGET 23<br />
3. L’analyse du projet pilote CAP 12 25<br />
3.1. Le montage du projet CAP 12 26<br />
3.2. CAP 12 aujourd’hui 28<br />
3.2.1. Des avancées certes, mais mitigées 28<br />
3.2.2. Des difficultés de synchronisation avec les secteurs amont 29<br />
3.2.3. Un principe d’organisation qui masque en partie les difficultés rencontrées 30<br />
3.2.1. Certains points de sécurité demeurent problématiques 32<br />
3.2.2. La disponibilité des pièces demeure perfectible 32<br />
3.2.3. Le système de nouvelles fiches d’instruction n’est pas encore opérationnel 33<br />
3.2.4. Le rôle effectif des référents 33<br />
3.2.5. Une visibilité accrue pour les Agents de Maîtrise 34<br />
3.2.6. Des interrogations quant à la santé des compagnons 35<br />
4. Les projets FARE et TARGET 38<br />
4.1. La construction des projets 39<br />
4.1.1. FARE 39<br />
4.1.2. TARGET 41<br />
4.2. Des conséquences humaines immédiates 45<br />
4.2.2. Une intégration des salariés de la production dans les projets mais pas sans coût. 46<br />
4.2.3. Une adhésion mitigée des compagnons. 46<br />
4.3. Les premières réponses des projets pour la réduction de certaines contraintes existantes. 49<br />
4.3.1. Mise à jour des fiches d’instruction (FI) 49<br />
4.3.2. ARP en réponse à la problématique récurrente de l’outillage 49<br />
4.3.3. Des améliorations de l’ergonomie des postes de travail mais une approche encore trop macro<br />
des contraintes physiques. 50<br />
4.4. Des contraintes existantes qui risquent de perdurer avec en outre l’émergence de nouvelles<br />
problématiques 55<br />
4.4.1. Une logistique perfectible qui risque d’être encore pénalisante 55<br />
3
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.4.2. Une nécessité de s’adapter à une nouvelle façon de travailler. 55<br />
4.4.3. Des rôles qui vont évoluer mais de quelle façon 56<br />
4.4.4. Des évolutions dans les relations professionnelles sont à prévoir. 58<br />
4.4.5. Risque d’impact sur le temps et le rythme de travail 59<br />
4.4.6. Sentiment de perte de compétences et/ou de savoir-faire. 60<br />
4.4.7. Une bonne adéquation charge / capacité 61<br />
4.4.8. Une incertitude sur l’avenir 62<br />
4.5. Les phases critiques de redémarrage et d’installation provisoire 63<br />
5. La prévention des risques 66<br />
5.1. L’organisation globale de la prévention des risques professionnels. 67<br />
5.1.1. TMS et vibration, une analyse construite et portée par la médecine du travail 67<br />
5.1.2. L’inaptitude en réponse à l’absence d’aménagement de poste 68<br />
(1) inclus les salariés renvoyés à leur domicile pour maladie par exemple. 68<br />
5.1.3. Les indicateurs suivis par les différents acteurs de la prévention 68<br />
5.1.4. La prévention des risques psychosociaux (RPS). 70<br />
5.2. La prévention des risques professionnels dans le projet ARP principalement axée sur les risques liés<br />
aux contraintes physiques 74<br />
6. Préconisations 76<br />
6.1. Entreprendre un retour d’expérience approfondi de CAP 12 77<br />
6.2. Envisager un recadrage des calendriers de FARE et TARGET pour intégrer le retour d’expérience CAP<br />
12 78<br />
6.3. Accélérer le travail sur la disponibilité des pièces 78<br />
6.4. Faciliter la transition entre l’organisation actuelle du travail et le fonctionnement Lean 79<br />
6.5. Donner une meilleure vision globale des projets aux compagnons 79<br />
6.6. Renforcer l’approche ergonomique sur les postes 81<br />
6.7. Poser clairement la question de la disponibilité des outils/outillages 82<br />
6.8. Mener une réflexion et clarifier les (nouveaux) rôles et responsabilités de chacun 83<br />
6.9. Interroger l’impact de la démarche Lean sur les relations professionnelles. 84<br />
6.<strong>10</strong>. Prévenir le risque de surcharge de travail 85<br />
6.11. Rester en veille sur les phases de redémarrage et d’installation provisoire 85<br />
6.12. Compléter l’analyse des risques professionnels 86<br />
7. Annexes 88<br />
7.1. Le « Lean Manufacturing » 89<br />
7.2. Quelques repères sur les Risques Psychosociaux 94<br />
8. Ressources documentaires <strong>10</strong>1<br />
Secafi Changement Travail Santé<br />
(ex-ALPHA CONSEIL)<br />
agréé par le ministère du Travail<br />
et habilité IPRP<br />
4<br />
Direction Régionale Aquitaine :<br />
29, rue de l’Ecole Normale
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
1. L’intervention<br />
5
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
1.1. Le contexte<br />
L’établissement de Dassault Aviation Argenteuil compte un effectif total de 967 salariés.<br />
La production est axée sur des sous-ensembles de deux grandes familles d’avions :<br />
- Falcon (F900, F2000, F7X et bientôt SMS),<br />
- Rafale.<br />
Le site est inscrit depuis plusieurs années dans une démarche ARP (Amélioration de la<br />
Réactivité en Production) qui vise à améliorer la technicité, la qualité, les conditions de travail<br />
et la performance en termes de délais et de coûts. Cette démarche est nationale et entend<br />
parvenir à élaborer une méthode qui lui soit propre et la capitaliser pour les projets de futurs<br />
avions.<br />
Pour le site d’Argenteuil, un premier projet Pilote CAP 12 (Chaine d’Assemblage Pilote T12)<br />
a démarré en 2011 pour s’achever fin 2012, avec comme ambition de créer une ligne unique<br />
tous Falcon (y compris le futur SMS) et définir un référentiel ARP de production.<br />
Deux autres projets sont inscrits dans sa continuité :<br />
- FARE (Fabrication Améliorée des Revêtements Equipés), faisant directement suite à<br />
CAP 12, dédié au Falcon, « remontant » le flux de production après celui portant sur le<br />
T12 ; Ce projet est axé sur la mise en ligne, l’organisation après assemblage, la<br />
robotisation et la fiabilisation des délais. Les objectifs annoncés sont :<br />
o d’améliorer la ponctualité,<br />
o de diminuer les temps de cycle de 20 à 50 %,<br />
o d’améliorer l’ergonomie et l’organisation,<br />
o de maîtriser les coûts.<br />
- TARGET 1-25, sur le Rafale. Les objectifs annoncés sont :<br />
o Etre compatible avec les hypothèses d’un éventuel contrat Rafale Export,<br />
o Réduire les coûts de 40 % et les cycles de 50 %,<br />
o Améliorer l’ergonomie des postes de travail.<br />
Deux autres projets sont inscrits dans sa continuité : PPU (Pièces Primaires Usinées) et 33-<br />
0141 Rafale qui débuteront respectivement à l’automne <strong>2013</strong> et au début 2014<br />
6
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
1.2. La demande<br />
Le recours à l’<strong>expertise</strong> s’est déroulé en deux étapes. Un premier vote des élus a eu lieu le <strong>04</strong><br />
Juin <strong>2013</strong> pour décider du recours à l’<strong>expertise</strong> proprement dite.<br />
Deux projets de délibérations distinctes étaient prévus :<br />
<strong>CHSCT</strong> N°1<br />
Le 26 mars <strong>2013</strong> le Comité d’Entreprise de <strong>DASSAULT</strong> Argenteuil a confié au <strong>CHSCT</strong>,<br />
conformément à l’article L 2323-28 du code du Travail, l’analyse des conséquences sur<br />
l’organisation et les conditions de travail des projets d’Amélioration de la Réactivité en<br />
Production (ARP).<br />
Depuis plusieurs semaines le <strong>CHSCT</strong> n° 1 de <strong>DASSAULT</strong> Argenteuil est informé du projet<br />
FARE lequel s’inscrit dans le cadre de l’ARP. Ce projet FARE constitue un projet important<br />
au sens de l’article L 4612-8 du code du Travail pour lequel l’instance doit être consultée<br />
préalablement à sa mise en œuvre.<br />
Les enjeux du projet FARE tel qu’il est présenté sont les suivants :<br />
- Maîtriser les coûts<br />
- Diminuer les cycles de 20 à 50%<br />
- Avoir une organisation « robuste et flexible à tous les aléas ou toutes les évolutions »<br />
- Pérenniser les savoir-faire et les compétences<br />
Il s’agit manifestement d’un projet important qui va modifier les conditions de travail dans<br />
des proportions considérables. Les élus du <strong>CHSCT</strong> ont donc posé plusieurs questions à la<br />
direction concernant les modalités opérationnelles envisagées pour le déploiement du projet.<br />
Les réponses apportées jusqu’ici par la direction ne sont que des « éléments de réponse<br />
génériques » et n’éclairent en rien le questionnement des élus du <strong>CHSCT</strong>.<br />
De plus, il a été précisé que « les problèmes rencontrés peuvent amener à recaler le projet<br />
dans le temps sans jamais remettre en cause la méthode » et que « l’important est de suivre la<br />
méthode ». Ces positions nous paraissent dogmatiques et nient potentiellement les réalités du<br />
terrain et le travail réel. Les élus du <strong>CHSCT</strong> tiennent à comprendre toutes les conséquences<br />
de ce projet et à faire des préconisations pour la prise en compte des conditions de travail des<br />
salariés.<br />
Par conséquent, les élus du <strong>CHSCT</strong> N°1 s’inquiètent des impacts sur les conditions de travail<br />
des salariés, en particulier les modifications pouvant toucher :<br />
7
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
• L’organisation et la planification du travail : le passage d’opérations organisées en<br />
séquence à une mise en parallèle de la réalisation des sous-ensembles va-t-il<br />
conduire à devoir synchroniser finement les activités, avec le risque pour les<br />
compagnons de devoir ajuster leur rythme de travail pour répondre à cette exigence <br />
• Les flux matières et humains : la disparition des stocks intermédiaires entre postes ne<br />
risque-t-elle pas d’entrainer un besoin de coordination supplémentaire entre<br />
compagnons et va s’accompagner d’un manque de souplesse (création d’une relation<br />
client/fournisseur interne et accroissement du fonctionnement en flux tendus) <br />
• L’intensité du travail : l’objectif de supprimer tous les temps morts (ou qualifiés<br />
d’inutiles, comme les déplacements par exemple) va se traduire par la diminution de<br />
ces temps de micro-récupération et l’ajout d’opérations supplémentaires. D’autre<br />
part, avec la diminution des temps de cycle annoncée, les élus craignent que les<br />
salariés ne doivent travailler plus.<br />
• Les temps de récupération physique et les rythmes de travail : l’intensification du<br />
travail, l’augmentation des contraintes temporelles liées à la coordination entre<br />
postes et la disparition des temps de repos informels pourraient occasionner des<br />
atteintes possibles à la santé physique et mentale pour les salariés.<br />
• Les aspects psychosociaux, les collectifs de travail : en quoi l’augmentation de la<br />
dépendance organisationnelle entre les postes (absence de stock, flux tendus)<br />
pourrait générer des tensions entre compagnons et/ou équipes <br />
• Le rapport et l’intérêt au travail : le passage à un travail organisé selon le principe<br />
d’opérations élémentaires, de bonnes pratiques à généraliser et de modes opératoires<br />
encore plus standardisés amène à se questionner quant à la perte d’intérêt des<br />
compagnons vis-à-vis de leur travail et interrogent leurs qualifications.<br />
• Les salariés relevant du régime horaire : par exemple, quel est l’avenir de la plage<br />
d’horaires variables dans le cadre de la nouvelle organisation du travail envisagée <br />
• L’avenir de l’encadrement : quels seront les impacts sur les fonctions d’encadrement,<br />
dans la mesure où le projet évoque « un impact sur le plan qualitatif à minima »<br />
(périmètres de responsabilité nombre de postes d’encadrement impactés )<br />
• Une plus grande polyvalence est demandée aux salariés afin de répondre au besoin de<br />
réactivité et flexibilité. Quid des salariés qui ne pourront pas s’adapter à ces<br />
nouvelles contraintes <br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong> rappellent que selon l'article L 4612-1 du Code du travail, le Comité<br />
a pour mission de favoriser l’amélioration des conditions de travail et de contribuer à la<br />
prévention des risques professionnels.<br />
8
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Ainsi, afin de pouvoir exprimer un avis motivé, conformément à l’article L 4612-8 du Code<br />
du Travail, les membres réunis ce jour en session ont besoin d’une information autonome et<br />
de l’avis d’un expert pour pouvoir se prononcer.<br />
L’expert aura à éclairer les membres du <strong>CHSCT</strong> sur tous les impacts éventuels liés à ce<br />
projet de modification de l’organisation du travail sur la santé physique et mentale, et la<br />
sécurité des salariés, notamment sur les différents points cités plus haut en référence.<br />
Pour éclairer les membres du <strong>CHSCT</strong>, il devra considérer les spécificités de l’établissement<br />
au regard des contextes historiques, culturels, organisationnels et sociaux.<br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong>, conformément à l’article L 4614-12, désignent le cabinet <strong>SECAFI</strong>,<br />
55 boulevard de l’Embouchure, à Toulouse, expert agréé par le Ministère de Travail pour<br />
mener cette mission d’<strong>expertise</strong>.<br />
Mandat est donné au Secrétaire du <strong>CHSCT</strong>, M. Sébastien Ricoux pour prendre contact avec<br />
l’expert désigné et représenter l’instance pour ester en justice si nécessaire.<br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong> demandent au Président du Comité, M. Fabrice DEMELIER, de<br />
créer les conditions optimales de réalisation de cette mission et de communiquer au cabinet<br />
d’<strong>expertise</strong> l’ensemble des données et documentations relatives à ce projet, afin de lui<br />
permettre de réaliser au mieux cette mission ».<br />
<strong>CHSCT</strong> N°2<br />
Le 26 mars <strong>2013</strong> le Comité d’Entreprise de <strong>DASSAULT</strong> Argenteuil a confié au <strong>CHSCT</strong>,<br />
conformément à l’article L 2323-28 du code du Travail, l’analyse des conséquences sur<br />
l’organisation et les conditions de travail des projets d’Amélioration de la Réactivité en<br />
Production (ARP).<br />
Depuis plusieurs semaines le <strong>CHSCT</strong> n° 2 de <strong>DASSAULT</strong> Argenteuil est informé du projet<br />
TARGET lequel s’inscrit dans le cadre de l’ARP. Ce projet TARGET constitue un projet<br />
important au sens de l’article L 4612-8 du code du Travail pour lequel l’instance doit être<br />
consultée préalablement à sa mise en œuvre.<br />
Les enjeux du projet TARGET tel qu’il est présenté sont les suivants :<br />
- Réduire les coûts de 40 %<br />
- Diminuer les temps de cycles de 50%<br />
- Avoir une organisation « robuste et flexible à tous les aléas ou toutes les évolutions »<br />
- Pérenniser les savoir-faire et les compétences<br />
Il s’agit manifestement d’un projet important qui va modifier les conditions de travail dans<br />
des proportions considérables. Les élus du <strong>CHSCT</strong> ont donc posé plusieurs questions à la<br />
direction concernant les modalités opérationnelles envisagées pour le déploiement du projet.<br />
9
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Les éléments apportées jusqu’ici sont trop « génériques » et ne répondent que partiellement<br />
au questionnement des élus du <strong>CHSCT</strong>.<br />
De plus, il a été précisé que « les problèmes rencontrés peuvent amener à recaler le projet<br />
dans le temps sans jamais remettre en cause la méthode » et que « l’important est de suivre la<br />
méthode ». Ces positions nous paraissent dogmatiques et nient potentiellement les réalités du<br />
terrain et le travail réel. Les élus du <strong>CHSCT</strong> tiennent à comprendre toutes les conséquences<br />
de ce projet et à faire des préconisations pour la prise en compte des conditions de travail des<br />
salariés.<br />
Par conséquent, les élus du <strong>CHSCT</strong> N°2 s’inquiètent des impacts sur les conditions de travail<br />
des salariés, en particulier les modifications pouvant toucher :<br />
• L’organisation et la planification du travail : le passage d’opérations organisées en<br />
séquence à une mise en parallèle de la réalisation des sous-ensembles va-t-il<br />
conduire à devoir synchroniser finement les activités, avec le risque pour les salariés<br />
de devoir ajuster leur rythme de travail pour répondre à cette exigence <br />
• Les flux matières et humains : la disparition des stocks intermédiaires entre postes ne<br />
risque-t-elle pas d’entrainer un besoin de coordination supplémentaire entre salariés<br />
et va s’accompagner d’un manque de souplesse (création d’une relation<br />
client/fournisseur interne et accroissement du fonctionnement en flux tendus) <br />
• L’intensité du travail : l’objectif de supprimer tous les temps morts (ou qualifiés<br />
d’inutiles, comme les déplacements par exemple) va se traduire par la diminution de<br />
ces temps de micro-récupération et l’ajout d’opérations supplémentaires. D’autre<br />
part, avec la diminution des temps de cycle annoncée, les élus craignent que les<br />
salariés ne doivent travailler plus que l’augmentation des contraintes temporelles<br />
liées à la coordination entre postes et la disparition des temps de repos informels<br />
occasionnent des atteintes possibles à la santé physique et mentale pour les salariés.<br />
• Les aspects psychosociaux, les collectifs de travail : en quoi l’augmentation de la<br />
dépendance organisationnelle entre les postes (absence de stock, flux tendus)<br />
pourrait générer des tensions entre salariés et/ou équipiers <br />
• Le rapport et l’intérêt au travail : le passage à un travail organisé selon le principe<br />
d’opérations élémentaires, de bonnes pratiques à généraliser et de modes opératoires<br />
encore plus standardisés amène à se questionner quant à la perte d’intérêt des<br />
salariés vis-à-vis de leur travail et interrogent leurs qualifications.<br />
• Les salariés relevant du régime horaire : par exemple, quel est l’avenir de la plage<br />
d’horaires variables dans le cadre de la nouvelle organisation du travail envisagée <br />
<strong>10</strong>
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
• Les agents de maîtrise et personnels forfaits jour : quels seront les impacts sur les<br />
fonctions d’encadrement, dans la mesure où le projet évoque « un impact sur le plan<br />
qualitatif à minima » (périmètres de responsabilité nombre de postes<br />
d’encadrement impactés )<br />
• Une plus grande polyvalence est demandée aux salariés afin de répondre au besoin de<br />
réactivité et flexibilité. Quid des salariés qui ne pourront pas s’adapter à ces<br />
nouvelles contraintes <br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong> rappellent que selon l'article L 4612-1 du Code du travail, le Comité<br />
a pour mission de favoriser l’amélioration des conditions de travail et de contribuer à la<br />
prévention des risques professionnels.<br />
Ainsi, afin de pouvoir exprimer un avis motivé, conformément à l’article L 4612-8 du Code<br />
du Travail, les membres réunis ce jour en session ont besoin d’une information autonome et<br />
de l’avis d’un expert pour pouvoir se prononcer.<br />
L’expert aura à éclairer les membres du <strong>CHSCT</strong> sur tous les impacts éventuels liés à ce<br />
projet de modification de l’organisation du travail sur la santé physique et mentale, et la<br />
sécurité des salariés, notamment sur les différents points cités plus haut en référence.<br />
Pour éclairer les membres du <strong>CHSCT</strong>, il devra considérer les spécificités de l’établissement<br />
au regard des contextes historiques, culturels, organisationnels et sociaux.<br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong>, conformément à l’article L 4614-12, désignent le cabinet <strong>SECAFI</strong>,<br />
55 boulevard de l’Embouchure, à Toulouse, expert agréé par le Ministère de Travail pour<br />
mener cette mission d’<strong>expertise</strong>.<br />
Mandat est donné au Secrétaire du <strong>CHSCT</strong>, M. Romain CLERC pour prendre contact avec<br />
l’expert désigné et représenter l’instance pour ester en justice si nécessaire.<br />
Les membres du <strong>CHSCT</strong> demandent au Président du Comité, M. Fabrice DEMELIER, de<br />
créer les conditions optimales de réalisation de cette mission et de communiquer au cabinet<br />
d’<strong>expertise</strong> l’ensemble des données et documentations relatives à ce projet, afin de lui<br />
permettre de réaliser au mieux cette mission ».<br />
Compte tenu de la similarité entre les deux délibérations et le fait que les deux projets<br />
s’inscrivent dans une démarche commune (ARP), il a été convenu entre élus et direction que<br />
les deux demandes d’<strong>expertise</strong> seraient regroupées en une seule qui comporterait deux volets<br />
portant sur le périmètre de chaque <strong>CHSCT</strong>. Les délibérations n’ont donc pas été utilisées dans<br />
leur forme initiale.<br />
La demande d’<strong>expertise</strong> a été votée à l’unanimité (*) en <strong>CHSCT</strong> extraordinaire le <strong>04</strong> Juin <strong>2013</strong>.<br />
La désignation du Cabinet Secafi a ensuite été votée à l’unanimité (*) lors d’un <strong>CHSCT</strong><br />
extraordinaire le 13 Juin <strong>2013</strong> ( (*) Unanimité des membres élus présents lors des votes)<br />
11
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
1.3. L’analyse de la demande<br />
Les projets FARE et TARGET 1-25 s’inscrivent dans un projet plus global ARP visant à<br />
impulser une nouvelle dynamique industrielle en s’appuyant sur les principes du Lean<br />
Manufacturing avec comme visées principales :<br />
- D’importantes réductions des temps de cycle<br />
- Des réductions de coûts substantielles.<br />
Un premier projet, CAP 12, a déjà été conduit sur un secteur.<br />
Ce projet a suscité, à l’époque, quelques inquiétudes et questionnements de la part des salariés<br />
et des élus aux <strong>CHSCT</strong> car ils n’avaient pas une vision sur le futur, mais son périmètre était<br />
très bien circonscrit.<br />
En revanche, FARE et TARGET 1-25 laissent planer une certaine opacité sur :<br />
- Le nombre réel de postes impactés (notamment au regard de ceux pouvant être<br />
réinternalisés ou au contraire externalisés vers des prestataires),<br />
- La réorganisation de certains services supports (logistique, qualité, pièces primaires)<br />
qui parait nécessairement découler des modifications à venir dans les secteurs de<br />
production proprement dits,<br />
- Le devenir de certaines fonctions d’encadrement.<br />
De plus, le fait que les salariés connaissent désormais mieux la démarche Lean avec<br />
l’antériorité de CAP 12 et le fait que le projet « mère » ARP soit clairement présenté comme<br />
devant, à terme, s’appliquer à l’ensemble des secteurs (un calendrier de déploiement est<br />
d’ores et déjà présenté pour les projets à suivre) conduit au sentiment de voir les choses se<br />
précipiter sans avoir eu assez de recul pour apprécier tous les impacts de cette évolution<br />
majeure de l’organisation du travail.<br />
En d’autres termes, les inquiétudes portent sur le sentiment de donner carte blanche à<br />
« l’industrialisation de la méthode » sans avoir pu en apprécier au préalable tous les tenants et<br />
aboutissants et le cas échéant, sans l’avoir éventuellement amendé sur des questions relatives<br />
aux conditions de travail.<br />
12
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Les élus attendent du travail de l’expert que celui-ci les éclaire sur :<br />
- L’évolution des contraintes physiques (ergonomie des postes, intensification du temps<br />
de travail…)<br />
- Les exigences mentales (intérêt du travail, capacités d’adaptation…) liées aux<br />
transformations du travail,<br />
- Le sens et l’intérêt du travail (morcellement d’activité, positionnement des postes<br />
d’encadrement, évolution des qualifications requises),<br />
- La modification des interactions entre postes et secteurs (remodelage de la relation<br />
client/fournisseur interne et externe avec un besoin accru de coordination des temps de<br />
cycles),<br />
- L’organisation des phases de transition entre l’organisation actuelle du travail et celle<br />
projetée dans les deux projets,<br />
- Une analyse critique de la gestion de projet mise en œuvre.<br />
1.4. La démarche d’intervention<br />
Afin de mener cette intervention le cabinet <strong>SECAFI</strong> s’est appuyé sur plusieurs niveaux de<br />
recueil de données : documentaires, d’entretiens individuels avec les salariés, le management,<br />
la gestion de projet et les acteurs de la prévention et enfin une analyse de l’activité par<br />
observations en situation réelle de travail.<br />
1.4.1. Analyse documentaire<br />
L'analyse documentaire a été réalisée à partir des documents fournis par l'entreprise :<br />
- procès-verbaux des réunions de <strong>CHSCT</strong> ordinaires et extraordinaires ayant traités du<br />
projet ainsi que les documents utilisés lors de ces réunions,<br />
- document Unique de Prévention des Risques,<br />
- les 3 derniers bilans annuels de la médecine du travail,<br />
- bilans sociaux sur les 3 dernières années,<br />
- les données HSCT : absentéisme, arrêts maladies, accidents du travail,… sur les 3<br />
dernières années,<br />
- les données sur les effectifs des périmètres concernés : pyramide des âges, ancienneté,<br />
statut, fonctions, sexe,…<br />
- les descriptifs d’activités et les organigrammes détaillés pour l’ensemble des services<br />
des périmètres concernés,<br />
13
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- les Compte Rendus d’avancement des projets ARP, FARE et TARGET,<br />
- l’accès à la base de données des observations réalisées lors des projets ARP, FARE et<br />
TARGET 1-25,<br />
- les plans d’atelier actuels et les implantations prévisionnelles liées aux projets,<br />
- les analyses de postes réalisées par l’ergonome dédié aux projets.<br />
1.4.2. Entretiens<br />
Avec les responsables des projets<br />
Des entretiens individuels de 2h00 ont été conduits avec différents acteurs de la conduite des<br />
projets afin d’appréhender plus en détails les objectifs poursuivis, les postes de travail<br />
concernés, les plannings de déploiement ainsi que les méthodes de travail utilisées. Nous<br />
avons rencontré :<br />
- Le responsable du projet ARP,<br />
- Le directeur Opérationnel Industrie,<br />
- Le responsable du projet FARE,<br />
- Le responsable du projet TARGET,<br />
- Le représentant local de la société Geolean.<br />
- Les pilotes Lean (société Geolean) des projets FARE et TARGET<br />
Avec les acteurs de la prévention des risques<br />
Des entretiens individuels de 1h30 ont été conduits avec différents acteurs de la prévention<br />
des risques afin de recueillir leur point de vue sur les projets, la façon dont ils ont été<br />
interpellés sur le dossier, les avis formulés, les retours éventuels. Nous avons rencontré :<br />
- Le directeur d’établissement,<br />
- Le responsable des Ressources Humaines,<br />
- la Médecine du travail,<br />
14
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- le responsable HSE,<br />
- l’ergonome projet (société AFPI).<br />
Avec le management<br />
Des entretiens individuels de 1h00 ont été conduits avec les managers afin de recueillir leur<br />
point de vue sur les projets, leurs positionnements actuels et futurs vis-à-vis de leur rôle<br />
d’encadrement.<br />
Nous avons rencontré :<br />
- Le responsable de l’UASR,<br />
- Le chef d’atelier de l’UASR,<br />
- Le responsable du secteur tronçon 1-25,<br />
- Le responsable du secteur Tronçons 7-21 et 21-25,<br />
- Le responsable du secteur Peinture,<br />
- Le responsable de l’UPR,<br />
- Le chef d’atelier UPR,<br />
- Le responsable du secteur Equipements Revêtements (panneaux T1),<br />
- Le responsable du secteur Equipements Revêtements (panneaux T2),<br />
- Le responsable du Contrôle Qualité rattaché au projet FARE,<br />
- Le responsable du Contrôle Qualité rattaché au projet TARGET.<br />
15
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Avec des salariés impactés par le projet CAP 12<br />
Des entretiens individuels de 1h00 ont été conduits avec un échantillon de salariés ayant<br />
participé à la mise en œuvre du projet CAP 12 afin de recueillir leur point de vue sur leur<br />
intégration dans la démarche, la nature des améliorations réalisées et leur ressenti quant à<br />
l’évolution de leur travail.<br />
Nous avons rencontré :<br />
- 2 compagnons du secteur T12 et Pointe avant ayant participé au projet CAP 12,<br />
- 2 compagnons du secteur T1 ayant participé au projet CAP 12,<br />
- 1 agent de maîtrise ayant participé au projet CAP 12,<br />
- 4 compagnons travaillant dans le secteur impacté par CAP 12 et n’ayant pas participé<br />
au projet.<br />
Avec des salariés associés au projet TARGET<br />
Des entretiens individuels de 1h00 ont été conduits avec des compagnons ayant participé aux<br />
études du projet TARGET afin de recueillir leur point de vue sur leur intégration dans la<br />
démarche, la nature des améliorations proposées, retenues et refusées et leur ressenti quant à<br />
l’évolution de leur travail.<br />
Nous avons rencontré :<br />
- 4 compagnons intégrés au projet TARGET 1-25,<br />
- 4 compagnons ne participant pas au projet,<br />
- 1 Agent de Maîtrise.<br />
Avec des salariés associés au projet FARE<br />
Des entretiens individuels de 1h00 ont été conduits avec des compagnons ayant participé aux<br />
études du projet FARE afin de recueillir leur point de vue sur leur intégration dans la<br />
démarche, la nature des améliorations proposées, retenues et refusées et leur ressenti quant à<br />
l’évolution de leur travail.<br />
Nous avons rencontré :<br />
- 2 compagnons intégrés au projet FARE,<br />
- 2 compagnons ne participant pas au projet,<br />
- 1 Agent de Maîtrise.<br />
16
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Le choix des salariés a été établi par le seul cabinet <strong>SECAFI</strong> sur la base d’une liste du<br />
personnel anonyme. La participation à ces entretiens s’est faite sur la base du volontariat et<br />
dans le respect de la confidentialité.<br />
1.4.3. Analyse de l’activité en situation réelle<br />
Des observations sur différents postes de travail ont été organisées en cours d’intervention<br />
pour confronter les situations réelles de travail aux éléments d’analyses utilisés par le projet et<br />
documentés dans la base de données. Ces observations ont pris la forme de suivis d’activités<br />
et d’entretiens directement aux postes de travail :<br />
- Postes du périmètre FARE : <strong>10</strong> juillet<br />
- Postes du périmètre TARGET : 11 juillet<br />
Nb : Nous n’avons pas été autorisés à faire des photographies sur les postes de travail pour<br />
des raisons de confidentialité.<br />
1.4.4. Points d’étape intermédiaires avec les élus des <strong>CHSCT</strong><br />
Des points d’étape hebdomadaire ont été réalisés tout au long du déroulement de la mission.<br />
Ils visaient à :<br />
- S’assurer du bon déroulement des différentes phases de travail (disponibilités des<br />
interlocuteurs, des ressources demandées…)<br />
- S’assurer de l’adéquation des modalités d’intervention initialement retenues en<br />
fonction d’éventuelles contraintes mises à jour ultérieurement,<br />
- Mettre en avant la nécessité de procéder à d’éventuels aménagements tant sur le plan<br />
méthodologique que sur le déroulement temporel de l’intervention,<br />
- Permettre d’alerter au plus vite sur des situations ou décisions jugées critiques et dont<br />
la mise en œuvre dans l’état pourrait représenter un risque pour les conditions de<br />
travail des salariés,<br />
17
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Initier la montée en compétences des élus du <strong>CHSCT</strong> sur leurs prérogatives en matière<br />
de prévention des risques et d’amélioration des conditions de travail par<br />
l’appropriation d’éléments des méthodes d’analyses utilisées par l’expert, pour<br />
faciliter un transfert de compétence utile pour les projets futurs.<br />
Ces points d’étape ont été assurés par le responsable de mission ou un des consultants<br />
intervenant dans la mission selon l’actualité. Ils ont été conduits sur place ou par<br />
audioconférence selon la présence des consultants.<br />
Des points hebdomadaires de suivi ont été organisés tout au long de l’intervention :<br />
Avec les élus :<br />
- 11 Juillet à 9h00<br />
- 16 Juillet à 8h30<br />
- 24 Juillet à 8h00<br />
Avec la direction :<br />
- 11 Juillet à 18h00<br />
- 16 Juillet à 18h00<br />
- 24 Juillet à 18h00<br />
1.4.5. Réunions de travail<br />
Des réunions de travail avec le <strong>CHSCT</strong> ont été organisées sous forme de réunions de<br />
l’instance :<br />
- présentation de l’ensemble des travaux de l’expert, de ses analyses et de ses<br />
préconisations :<br />
- en réunion préparatoire avec les élus (durée 3h00) : le 19 Septembre<br />
<strong>2013</strong><br />
- en réunion préparatoire avec la Direction (durée 3h00) : le 19<br />
Septembre <strong>2013</strong><br />
- en réunion plénière des <strong>CHSCT</strong> réunie en séance extraordinaire de<br />
restitution de l’<strong>expertise</strong> (durée 2h00) : le 20 Septembre <strong>2013</strong><br />
18
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
2. Les projets dans leur contexte<br />
stratégique<br />
19
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
2.1. Le projet ARP et ses déclinaisons<br />
2.1.1. Genèse du projet ARP<br />
La réflexion sur l’ARP (Amélioration de la Réactivité en Production) remonte à 2008. La<br />
crise financière de l’été 2007 débouche rapidement sur une crise économique sans précédent<br />
qui frappe l’ensemble de la filière aéronautique présente sur le segment de l’aviation<br />
d’affaires. Ce segment de marché est en effet étroitement corrélé au niveau de la croissance<br />
mondiale et à la santé financière des entreprises. Dassault Aviation, comme la plupart de ses<br />
concurrents, est touché de plein fouet par cette crise. Elle se traduit par des annulations de<br />
commandes et un asséchement brutal du carnet Falcon, qui passe de 468 appareils à fin 2008 à<br />
241 appareils à fin 2009, puis 144 appareils à fin 20<strong>10</strong>. Durant cette même période,<br />
l’entreprise est en train de procéder à la phase de montée en cadence de production de son<br />
nouvel avion F7X. L’entreprise décide alors de porter sa production mensuelle de <strong>10</strong> à 2<br />
appareils, de procéder à du chômage partiel dans ses établissements et à stopper la majeure<br />
partie de sa sous-traitance capacitaire. Cette situation conduit la direction de l’entreprise à<br />
mener une réflexion sur la pertinence et la compétitivité de son modèle industriel et<br />
notamment sur la réactivité de son outil de production face à des perturbations et les impacts<br />
de son cycle de production sur les valeurs d’exploitation (stocks et en-cours). Le Projet ARP<br />
est ainsi initialisé en 20<strong>10</strong> afin de permettre d’améliorer globalement la performance<br />
industrielle des produits de la gamme Falcon en termes de délais, de qualité et de coûts, alors<br />
même que la complexité s’accroit du fait de l’augmentation potentielle du nombre de modèles<br />
à produire après la décision de lancement à fin 20<strong>10</strong> du SMS. Le projet pointe avant (CAP12)<br />
lancé en 2011 est la première déclinaison du projet ARP.<br />
En janvier 2012, Dassault Aviation est informé que son offre de Rafale est placée en position<br />
privilégiée par le gouvernement indien dans le cadre de l’appel d’offre M-MRCA (Medium<br />
Multi Rôle Combat Aircraft) qui vise l’acquisition de 126 appareils. Cette décision conduit à<br />
un rééquilibrage du projet ARP entre la gamme Falcon et le programme Rafale. En effet,<br />
l’outil industriel actuel du Rafale et le planning du contrat sont jugés incompatibles avec les<br />
conditions de l’offre du Rafale Inde qui prévoit, outre l’acquisition des avions, l’acquisition<br />
du savoir-faire pour produire une partie des appareils en Inde : l’offre stipule que les 18<br />
premiers appareils seront totalement produits et assemblés en France, que les 20 suivants le<br />
seront partiellement (tronçon produits en France et assemblés en Inde) et que le solde sera<br />
produit et assemblé quasi exclusivement sur le sol indien.<br />
20
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
La durée du projet ARP est estimée à 5 ans. Il fait l’objet d’une déclinaison dans chacun des<br />
sites de production sous la forme d’un plan triennal par établissement qui fixe les objectifs et<br />
les principaux jalons techniques, financiers et calendaires. Selon votre direction, le degré<br />
d’avancement du projet est à la date d’aujourd’hui d’environ 15 à 20 %. Son objectif est<br />
d’avoir une couverture de la majorité des fabrications à l’horizon 2017-2018.<br />
L’analyse de <strong>SECAFI</strong><br />
Le projet ARP est avant tout un projet visant à améliorer la compétitivité industrielle de<br />
Dassault Aviation afin de lutter plus efficacement contre une concurrence qui s’est intensifiée.<br />
Il apparait en effet que l’entreprise a pu prendre un certain retard par rapport à ses concurrents<br />
ou même partenaires et fournisseurs impliqués dans la production des gammes d’avions<br />
Falcon et Rafale. Depuis sa création, Dassault Aviation est reconnu sur le marché pour ses<br />
réalisations d’avions sophistiqués et performants, fruits des développements menés par un<br />
bureau d’étude particulièrement brillant. L’adage selon lequel « un bel avion est un bon<br />
avion » a d’ailleurs longtemps imprégné la culture de l’entreprise. L’efficacité industrielle<br />
reposait alors en grande partie sur la motivation et la technicité des compagnons impliqués<br />
dans la production des avions. L’intensification de la concurrence sur le segment de l’aviation<br />
d’affaires haut de gamme, sur lequel Dassault Aviation occupe encore aujourd’hui une<br />
position de leader mondial devant Bombardier et Gulfstream, conduit l’entreprise à se<br />
réinterroger sur ses facteurs clé d’efficacité industrielle, gage de compétitivité coût et de<br />
« time to market » et « time to delivery » réduits (délais de mise sur le marché et délais de<br />
livraison au client).<br />
Dassault Aviation a par le passé conduit plusieurs projets d’amélioration continue sur ses<br />
différents sites de production, mais ils se sont tous étiolés au bout de quelques années. Le<br />
projet ARP n’est donc pas le premier projet d’amélioration de la compétitivité en production,<br />
mais il semble s’en distinguer par la volonté affichée de faire évoluer durablement la culture<br />
d’organisation de la production et son style de management (co-construction, clarification des<br />
rôles et responsabilité, résistance à la dérive).<br />
Le principal défi du projet ARP n’est donc pas technique, mais lié à la conduite du<br />
changement avec une question centrale : comment faire évoluer la motivation du collectif de<br />
travail de la technicité vers la participation à l’amélioration des processus tout en veillant au<br />
maintien des emplois et des compétences <br />
21
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
2.1.2. Le projet FARE<br />
Le projet FARE (Fabrication Améliorée des Revêtements Equipés) s’inscrit dans la continuité<br />
du projet CAP12 (Chaine d’Assemblage Pilote T12) et vise le re-engineering complet de la<br />
production des panneaux équipés destinés aux différents tronçons de fuselage des avions de la<br />
gamme Falcon actuelle (F900, F2000, F7X) et à venir (SMS, F7X+). Les objectifs affichés de<br />
ce projet sont d’améliorer la réponse aux attentes du client en termes de ponctualité de<br />
livraison et de coût associé à cette prestation technique.<br />
La réponse technique apportée est une refonte complète de la ligne d’assemblage des<br />
panneaux (bâtis, outillages) et de l’organisation des opérations qui s’y<br />
rattachent (redécoupage des opérations, avancement du flux, polyvalence des opérateurs).<br />
Cette refonte, prenant appui sur une démarche de type Lean, a également pour objectif<br />
d’améliorer l’ergonomie des postes.<br />
L’analyse de <strong>SECAFI</strong><br />
L’objectif principal de ce projet est de fluidifier la sortie des panneaux équipés Falcon afin de<br />
permettre une meilleure prise en compte du besoin client en termes de mix produit (type de<br />
panneaux) et de délai de livraison (interne ou externe). L’atteinte de cet objectif principal<br />
devrait se traduire par une diminution sensible du coût de production (optimisation des heures<br />
produites par panneau) et des valeurs d’exploitation (optimisation des stocks) qui participent<br />
donc à améliorer la compétitivité des offres commerciales et/ou améliorer le niveau de<br />
profitabilité opérationnelle des affaires (ces gains estimés ne nous ont pas été communiqués).<br />
Ces informations, bien qu’en dehors du périmètre d’information du <strong>CHSCT</strong> nous semblent<br />
importantes pour comprendre les enjeux stratégiques qui sous-tendent le projet. Le CCE, de<br />
par ses prérogatives économiques, devrait pouvoir disposer de celles-ci.<br />
Les objectifs de gain de cycle affichés (20 à 50 %) sont particulièrement ambitieux.<br />
Néanmoins, l’écart actuel entre le cycle moyen global d’un panneau à l’UPR (1,5 mois) et le<br />
nombre d’heures moyen à réaliser par panneaux (50 à <strong>10</strong>0h dans l’organisation actuelle, 50 à<br />
60h demain ) laissent entrevoir d’importantes marges de manœuvres sur la réduction de<br />
cycle.<br />
L’utilisation du gain de temps généré par cette réingénierie de production nous apparait plus<br />
problématique. En effet, dans la mesure ou aucune hausse de cadence de production n’est<br />
22
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
attendue à court ou moyen terme (la production de panneaux SMS venant cannibaliser celles<br />
des Falcon 2000/ 900), les heures économisées se traduiront par une surcapacité théorique de<br />
l’atelier. Des mesures de rapatriement de sous-traitance sont d’ores et déjà envisagées<br />
(panneaux F2000 T1 droite et gauche, porte pax ), mais l’adéquation charge/capacité<br />
résultante n’est semble-t-il pas connue à ce jour car trop dépendante des gains réels obtenus.<br />
La phase de définition des postes devrait permettre d’éclairer ce point.<br />
2.1.3. Le projet TARGET<br />
Le projet TARGET vise le re-engineering complet de la production des tronçons équipés 1-25<br />
de la chaine Rafale. Les objectifs généraux affichés du projet sont de réduire de façon sensible<br />
les coûts et le cycle de cette prestation en prenant en compte une contrainte supplémentaire<br />
liée aux exigences d’un éventuel contrat export (Inde,…). Une des contraintes du futur contrat<br />
export avec l’Inde est qu’il prévoit une livraison des premiers avions dans un délai plus court<br />
que le temps de cycle actuel de production du Rafale (temps de cycle mesuré entre le<br />
lancement des pièces primaires avions et la sortie de l’avion à Mérignac).<br />
La réponse technique apportée est une refonte de la définition du produit (modifications de<br />
pièces et/ou de procédés de fabrication de pièces primaires), une refonte de la ligne<br />
d’assemblage du tronçon (bâtis, outillages) et de l’organisation des opérations qui s’y<br />
rattachent (équipement des 2 demi-coquilles avant assemblage). Cette refonte, au même titre<br />
que sur le projet FARE, a également pour objectif d’améliorer l’ergonomie des postes.<br />
L’analyse de <strong>SECAFI</strong><br />
L’objectif principal de ce projet est double. Il s’agit de :<br />
- réduire le coût de production du tronçon T12 afin de revenir, à minima, dans l’enveloppe de<br />
coût objectif compatible du contrat France qui prévoit une décroissance du prix de vente des<br />
appareils,<br />
- d’optimiser l’industrialisation du produit pour atteindre le coût objectif du contrat Inde.<br />
Derrière le discours sur la volonté d’améliorer très significativement les conditions de travail<br />
sur les postes, volonté que nous ne remettons pas en cause, la nécessité de réduction de coût et<br />
23
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
de cycle nous apparaît comme la donnée la plus dimensionnante du projet. Les données<br />
économiques du projet, bien que n’entrant pas dans le champ de compétence du <strong>CHSCT</strong>, nous<br />
semblent être au cœur même des orientations prises sur le projet. Seule la connaissance du<br />
gap à combler pour atteindre les coûts objectifs, permettrait d’objectiver les conséquences<br />
éventuelles du projet sur la charge de travail du site, de même que les conséquences<br />
éventuelles du retard du ou des contrats export.<br />
La Loi de Programmation Militaire (LPM) a en effet fixé le niveau de la dernière commande<br />
de Rafale France à un niveau extrêmement bas (26 appareils sur 6 ans), mais avec une<br />
possible revisite du calendrier de livraison, voire même de la dotation, en cas de retards sur<br />
les contrats export.<br />
Les objectifs de gain de cycle affichés (40 à 50 %) sont là également particulièrement<br />
ambitieux. Selon votre direction, le tronçon 7-21 est actuellement le tronçon le plus long en<br />
cycle car il conjugue complexité de réalisation et accessibilité réduite. De ce fait, la réduction<br />
du temps de cycle de ce tronçon entrainera une réduction sensible du cycle de fabrication de<br />
l’appareil complet (les objectifs visés ne nous ont pas été communiqués).<br />
Conclusion intermédiaire<br />
Les projets FARE et TARGET, au-delà de leurs dimensions sur l’évolution des conditions de<br />
travail, comportent des volets importants en termes de réduction de coût et de cycle qui ne<br />
sauraient être sans conséquence sur l’adéquation charge/capacité du site. Un examen plus<br />
approfondi avec les instances adéquates (CCE Dassault Aviation) permettrait d’objectiver si<br />
ces problématiques ont été analysées à leur juste mesure et leurs conséquences éventuelles<br />
traitées dans le cadre d’une GPEC déclinée sur chacun des sites.<br />
24
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
3. L’analyse du projet pilote CAP 12<br />
25
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
3.1. Le montage du projet CAP 12<br />
Le choix des référents a été fait sur la base du volontariat (notamment dans un souhait<br />
d’évolution professionnelle), en intégrant :<br />
- l’expérience du compagnon, notamment à travers la diversité des programmes sur<br />
lesquels il avait travaillé auparavant<br />
- la reconnaissance par ses pairs. Ce point, non formalisé en tant que tel, reposait sur la<br />
connaissance de l’encadrement du fonctionnement des équipes, en particulier le fait<br />
qu’un compagnon soit connu pour aider ses collègues.<br />
La présentation du projet aux équipes a été appréciée et a permis de poser les problématiques<br />
prioritaires à traiter : réflexion sur les outils, l’outillage, l’ergonomie des postes, amélioration<br />
de la sécurité et de l’environnement de travail.<br />
Néanmoins, la communication est parfois sujette à des critiques :<br />
- Utilisation trop importante de l’intranet (posant la question de l’accessibilité de<br />
l’information pour certains),<br />
- Manque de visibilité sur la stratégie sous-jacente de l’entreprise.<br />
Les feuilles de remontées terrain ont été élaborées avec les compagnons, qui ont axé leur<br />
travail sur l’outillage et les aspects matériels de l’environnement du poste.<br />
Concernant les outils, le premier travail a consisté à dresser un inventaire de l’existant pour<br />
mesurer les écarts avec le ressenti des compagnons (« on a pas assez d’outils ! »). Si les<br />
investigations menées tendent à démontrer que l’existence des outils n’est pas forcément<br />
remise en cause, la question de leur disponibilité et de leur localisation précise dans l’atelier<br />
sont, elles, nettement plus problématiques (cette remarque se retrouvera d’ailleurs dans les<br />
projets FARE et TARGET).<br />
Les FI 1 ont été largement critiquées :<br />
1 Fiche d’Instruction : plan papier présentant les pièces à monter, regroupées en classeurs disponibles aux postes.<br />
26
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Incomplètes,<br />
- Erronées,<br />
- Obsolètes dans certains cas,<br />
- Peu intuitives (pas de notion d’enchainement des opérations en particulier).<br />
Le projet a prévu de les remanier, tant sur la forme que sur le fond. Toutes les FI seront<br />
informatisées et présentées aux postes sur écran, voire au moyen de tablettes tactiles montées<br />
sur supports articulés pour permettre leur utilisation au plus près de l’utilisateur. Les pièces à<br />
monter seront présentées en jaune et les manquantes pourront être mises en rouge pour les<br />
identifier (et alerter sur ce manque).<br />
Concernant les missions assignées aux référents : par rapport à l’agent de maitrise, le rôle du<br />
référent consiste « juste à traiter les problèmes techniques », tout en gardant un rôle de<br />
production direct, de l’ordre de 50 %.<br />
Enfin, si la phase de remontées d’information terrain a été jugée positive, celle en découlant, à<br />
savoir « quelles demandes d’amélioration seront finalement retenues ou non », a laissé des<br />
vifs souvenirs aux compagnons, laissant apparaitre des difficultés à faire entendre la voix de<br />
la base :<br />
« les propositions du groupe n’étaient jamais retenues par Geolean »<br />
« on a dû batailler avec eux pour se faire entendre ! »<br />
« difficile de leur faire entendre que le PR ça doit sécher pendant x heures ! »<br />
27
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
3.2. CAP 12 aujourd’hui<br />
3.2.1. Des avancées certes, mais mitigées<br />
Secteur Pointe Avant<br />
La disponibilité des pièces directement au poste, accompagnée des rangements associés, sont<br />
particulièrement appréciés. Les améliorations concernant la rotation des postes sur 2 axes<br />
représentent une avancée très sensible en termes de conditions de travail. Ces postes<br />
permettent d’ailleurs aujourd’hui d’accueillir des salariés en situation de handicap<br />
(pathologies lombaires notamment) et réduisent nettement les déplacements.<br />
L’approvisionnement des pièces aux postes est organisé avec une alerte par verrines (verte,<br />
orange, rouge), permettant à l’encadrement de proximité de visualiser à distance l’état du<br />
stock sur un poste et d’anticiper les besoins.<br />
Il est à noter également que les modifications portant sur certaines pièces (monobloc<br />
désormais) a aussi permis de réduire les manipulations et les opérations d’assemblage.<br />
Bien que ce ne soit aucunement généralisable (compte tenu de l’effectif rencontré), certains<br />
compagnons ressentent des douleurs régulières dans les membres supérieurs, au niveau des<br />
articulations de l’épaule principalement, et au niveau du rachis (douleurs lombaires). Ces<br />
douleurs sont associées au travail. Le travail « avec la mauvaise main » est parfois mis en<br />
avant comme une contrainte particulièrement difficile pour certains.<br />
Tronçons T11/T12<br />
Là aussi, des avancées en matière d’ergonomie au poste ont été appréciées (rangements et<br />
disponibilité immédiate des pièces), mais il a néanmoins été reporté que toutes les servantes<br />
prévues au cours du projet n’étaient pas encore toutes disponibles (tronçons T1 et T12). De<br />
même, les aménagements de postes ont été longs à être réalisés selon les interlocuteurs.<br />
Au chapitre des griefs, des demandes issues des remontées terrain n’ont visiblement pas été<br />
retenues ou se sont heurtées à des réponses du type « on n’a pas le budget pour ça ! ». A titre<br />
d’illustration, certains salariés ont acheté des lampes torches de type dynamo dans le<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
commerce car ils sont toujours en attente des baladeuses électriques qui avaient été<br />
demandées.<br />
D’autres demandes d’amélioration enfin, n’ont clairement pas été étudiées avec le soin<br />
qu’elles méritaient : le nouveau plat bord devant équiper le poste T1 par exemple, est « trop<br />
haut de 20 cm et crée plus de problème qu’il n’en résout »<br />
La gestion des outils a connu un changement majeur avec la mise en place d’armoires RFID:<br />
chacun est référencé et chaque prise ou dépose est soumise à un badgeage des compagnons,<br />
ce qui permet de tracer les entrées/sorties de matériel mais aussi d’identifier les utilisateurs.<br />
La codification couleur des outils (vert : finition ; T12 : jaune…), permet également un<br />
repérage facilité.<br />
Néanmoins, le système commence à être détourné avec le temps : ainsi, un compagnon qui a<br />
pris un outil est certes identifié comme son possesseur officiel, mais rien ne lui interdit de le<br />
conserver « indéfiniment ». Ou bien de laisser un autre compagnon venir lui emprunter et<br />
ainsi de suite.<br />
Points de vigilance<br />
La gestion informatisée des outils, si son principe est louable, peut devenir un facteur de<br />
tension entre compagnons avec la possibilité des emprunts « en cascade » car le seul<br />
emprunteur officiel demeure celui qui l’a sorti de l’armoire. Emprunteur qui peut ne plus<br />
avoir aucune visibilité sur le devenir de l’outil à un instant T.<br />
3.2.2. Des difficultés de synchronisation avec les secteurs amont<br />
Une période de rodage a été nécessaire pour que les services et/ou secteurs liés à la production<br />
sur CAP 12 trouvent leurs marques, le secteur « tournant plus vite » que ses fournisseurs et<br />
appelant les pièces avec plus de rapidité. Une plus grande anticipation a été demandée à<br />
l’UPR pour permettre de fluidifier l’approvisionnement du secteur CAP 12.<br />
L’encadrement attend d’ailleurs encore une avancée significative sur ce point avec les<br />
retombées du projet FARE.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Points de vigilance<br />
Il est fort probable, à l’instar de ce qui s’est produit avec la mise en place de CAP 12, qu’une<br />
période de rodage s’instaure au démarrage post FARE. Les risques d’écarts entre les deux<br />
secteurs pourraient se creuser : un secteur « mature » en progression alimenté par un secteur<br />
récemment remanié nécessitant une montée en cadence progressive (et connaissant<br />
vraisemblablement les mêmes freins en aval que ceux qu’a connu CAP 12 au démarrage).<br />
Des remarques similaires peuvent être formulées pour TARGET, mais celui-ci sera le seul de<br />
la ligne de production Rafale à être passé en fonctionnement Lean. Les répercussions sur ses<br />
« voisins » risquent d’être semblables elles aussi à la situation générée par CAP 12 sur son<br />
périmètre.<br />
3.2.3. Un principe d’organisation qui masque en partie les difficultés<br />
rencontrées<br />
Le problème de synchronisation évoqué précédemment se pose également en interne (ie. au<br />
sein du périmètre CAP 12) et pour l’aval, mais en termes différents.<br />
Pointe Avant<br />
Certaines tensions entre compagnons semblent commencer à apparaître par la pression<br />
ressentie avec la notion de takt time 2 qui fixe une butée temporelle relativement inflexible à<br />
laquelle les salariés étaient peu habitués.<br />
De plus, compte tenu de la configuration de cette ligne, chaque retard sur un poste doit être<br />
rattrapé sur le suivant et deux compagnons peuvent alors se retrouver à devoir travailler<br />
simultanément dans le même espace. Lequel n’a pas été conçu pour cela : présence de deux<br />
personnes dans un espace restreint, indisponibilité des outils spécifiques à des opérations du<br />
poste précédent (d’où la nécessité de les amener avec soi).<br />
Tronçons T1 / T12<br />
L’organisation en deux postes T1 et T12 est considérée comme un découpage permettant de<br />
coller au takt time de 2.5 j défini dans la frise, mais dans les faits, un avion non fini sera tout<br />
de même envoyé au T12. Les compagnons du T1 doivent ensuite aller terminer leur travail au<br />
T12, ce qui n’est pas sans poser problème, car leur travail peut interférer avec celui des<br />
2 Temps de passage d’une pièce sur un poste avant transfert au suivant.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
compagnons travaillant à ce poste et pose des problèmes de sécurité dus à la présence<br />
simultanée d’effectifs supplémentaires dans un espace restreint et avec des activités non<br />
coordonnées (car non envisagées) et potentiellement incompatibles, d’un point de vue<br />
enchainement temporel notamment. Cette situation conduit parfois à devoir effectuer des<br />
opérations de retouches dans les allées.<br />
Nb : une remarque d’un compagnon concernant le poste robotisé mérite d’être soulignée : une<br />
maintenance plus régulière, ou organisée différemment, permettrait de réduire les problèmes<br />
de qualité liés à la présence de copeaux (qui collent sur les rivets) et éviterait de longues<br />
heures de retouches par la suite.<br />
Les référents sont aussi largement sollicités dans ce contexte de « marche dégradée » pour<br />
apporter un soutien aux compagnons et tenter de minimiser le temps de travail<br />
supplémentaire.<br />
Les compagnons dédiés au TNS 3 sont aussi amenés, selon les cas, à devoir épauler leurs<br />
collègues sur les postes « classiques ».<br />
Mais « l’important c’est que le camion parte à Biarritz avec l’avion, quitte à devoir y<br />
envoyer ensuite du personnel pour retoucher les défauts envoyés ! »<br />
Points de vigilance<br />
Le décalage d’activité entre postes porte en lui plusieurs écueils :<br />
- un désaveu vis-à-vis des principes élémentaires du Lean Manufacturing (ne pas transmettre<br />
au poste aval une pièce défectueuse / arrêter la production et traiter le problème<br />
immédiatement au poste),<br />
- une dégradation des conditions de travail et de sécurité des salariés (même si elle est<br />
néanmoins moindre qu’avant)<br />
- une intensification du travail (aller plus vite pour transmettre le produit au stade suivant ;<br />
travailler avec moins de personnel, rattraper le travail qui s’est accumulé sur les postes<br />
amont).<br />
C’est un cercle vicieux qui masque au final les réalités du terrain (puisque les éléments<br />
d’avions partent tout de même). Cette situation ne pourra durer indéfiniment sans porter<br />
préjudice à la fois à la santé et la sécurité des opérateurs (toutes fonctions confondues) mais<br />
aussi pénaliser la qualité des pièces sortant d’Argenteuil.<br />
3 Travaux Non Série<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
3.2.1. Certains points de sécurité demeurent problématiques<br />
Le décalage d’activités d’un poste à l’autre dont nous venons de parler pose des problèmes en<br />
matière de sécurité :<br />
- Par la co-activité non prévue de compagnons devant réaliser des tâches initialement<br />
prévues sur des postes distincts,<br />
- Par le fait que certaines opérations nécessitent des matériels spécifiques, adaptés au<br />
poste de travail ; matériels qui peuvent se révéler inadaptés (voire dangereux) en<br />
dehors de leurs contextes d’utilisation normal.<br />
Cas du travail des compagnons T1 sur le T12 évoqués auparavant : il faut entrer dans le<br />
fuselage, y acheminer le matériel de travail spécifique. Les manipulations sont plus<br />
longues, plus difficiles, notamment en raison de la présence de plats bords sur lesquels<br />
marcher (mais dont la surface n’est pas parallèle au sol). Sans compter les risques qualité<br />
encourus en cas de mauvaise manipulation (outils tombant sur le revêtement) ou<br />
simplement lors de déplacements dans le fuselage (marcher sur un support déjà installé,<br />
qu’il faudra ensuite retoucher ou changer).<br />
L’utilisation de moyens détournés pour accéder à certaines zones de travail est soulignée<br />
par certains : utilisation de demi-escabeau, voire d’un chariot élévateur d’après ce qui<br />
nous a été rapporté.<br />
3.2.2. La disponibilité des pièces demeure perfectible<br />
Les secteurs connaissent toujours des problèmes de pièces, que ce soit en termes<br />
d’approvisionnement (pièces manquantes) ou de qualité (pièces qui ne sont pas à la<br />
définition).<br />
« on a l’impression que la communication n’est pas faite avec les fournisseurs »<br />
La prise en compte des problèmes se heurte à des temps de réponse variables, allant de<br />
quelques semaines pour les pièces provenant de l’interne, à plusieurs mois pour les<br />
fournisseurs extérieurs.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Il a tout de même été précisé que les fonctions supports semblent apporter un début de<br />
réponse en prenant en charge cette problématique, mais cela se heurte encore à un manque de<br />
visibilité quant aux actions correctives engagées (oui/non , avec quels délais ).<br />
3.2.3. Le système de nouvelles fiches d’instruction n’est pas encore<br />
opérationnel<br />
Le principe de passer à des FI numériques, directement accessibles aux postes via des écrans<br />
informatiques est louable, mais doit encore être poursuivi et amendé. L’ensemble du<br />
périmètre n’est pas couvert aujourd’hui et tous les postes n’ont pas encore d’écrans.<br />
3.2.4. Le rôle effectif des référents<br />
Que ce soient les intéressés ou les compagnons, tous s’accordent à dire que le référent passe<br />
aujourd’hui la quasi-totalité de son temps de travail sur son poste de production et que la part<br />
initialement prévue (50 %) consacrée à l’aide aux autres compagnons, n’est pour ainsi dire<br />
jamais respectée.<br />
Ce décalage vers la production conduit à délaisser, qualitativement au moins, les tâches<br />
d’animation (lors des Flashs 5 en particulier), de résolution et de suivi de problèmes.<br />
Nous identifions ici un cercle vicieux à enrayer :<br />
Référent en<br />
production<br />
Baisse de<br />
l’animation et<br />
de l’aide à la<br />
résolution de<br />
problèmes<br />
Retards sur la<br />
production<br />
Persistance des<br />
problèmes<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Sur le secteur Pointe Avant, l’éloignement physique avec l’Agent de Maîtrise génère même<br />
une situation où le référent joue le rôle de son supérieur hiérarchique presque intégralement.<br />
Au regard de la réalité, certains trouvent anormal que le positionnement en tant que référent<br />
n’ait pas d’incidence sur le coefficient ni sur le salaire, même si « on nous a laissé entendre<br />
qu’on passerait en préparation, ou agent de maîtrise… ».<br />
Points de vigilance<br />
La fonction de référent représente une charnière importante car les titulaires sont une véritable<br />
variable d’ajustement, à plus d’un titre :<br />
- « remplacement » de la hiérarchie (Agent de Maîtrise),<br />
- ressource pour absorber certains aléas (et non des situations de marche dégradées<br />
régulières).<br />
Nous soulignons le risque potentiel, face à la connaissance par l’atelier de la réalité de cette<br />
fonction, que les futurs postes à pourvoir ne trouvent pas de candidats volontaires au regard<br />
du déséquilibre existant entre les contraintes et la reconnaissance du travail. Des nominations<br />
non choisies pourraient être très mal vécues si la fonction n’est pas précisément et<br />
contractuellement définie.<br />
3.2.5. Une visibilité accrue pour les Agents de Maîtrise<br />
La principale valeur ajoutée du projet CAP 12 pour les Agents de Maîtrise repose sur la<br />
meilleure visibilité de l’état de l’atelier à un moment donné :<br />
AVANT<br />
APRES<br />
Suivi de la production<br />
Questionnement de l’agent<br />
de maîtrise pour connaitre<br />
l’état d’avancement du<br />
travail : « chasse à<br />
l’information »<br />
Prise de connaissance directe<br />
sur les tableaux de suivi<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Recouvrement des équipes<br />
Messages écrits (« sur des<br />
bouts de papier ») laissés<br />
par l’équipe sortante<br />
Flash 5 avec support<br />
(tableau) et formalisation des<br />
informations (problèmes<br />
rencontrés, absences…)<br />
Traitement des RNC 4<br />
Peu de visibilité sur les<br />
retours (réponses au RNC)<br />
Réunion PDE tous les jeudis.<br />
3.2.6. Des interrogations quant à la santé des compagnons<br />
Des cas de pelades ont souvent été évoqués par les salariés rencontrés (et un cas au moins a<br />
été observé lors d’un passage dans le secteur).<br />
Le nombre de cas est variable selon les interlocuteurs : plus d’une douzaine selon les<br />
compagnons contre 7 identifiés par le médecin du travail, qui a reçu l’ensemble des salariés<br />
concernés et a ensuite fourni la liste de tous les produits chimiques que les salariés pouvaient<br />
être amenés à manipuler. Les conclusions énoncées sont les suivantes :<br />
- les professionnels de la santé extérieurs (dermatologue ou médecin traitant des<br />
salariés) ont évincé la cause « produit chimique ».<br />
- Les causes évoquées par les salariés ne sont pas de natures professionnelles mais<br />
personnelles (problèmes familiaux, stress hors travail…). Les causes seraient donc<br />
psychologiques.<br />
L’analyse de <strong>SECAFI</strong><br />
Sans remettre en cause la véracité du « décompte » des salariés touchés par une pelade, il est<br />
intéressant de noter cette disparité, de même que l’analyse qui en est faite par les uns et les<br />
autres.<br />
Le phénomène inquiète visiblement, les collègues non atteints s’interrogeant sur les causes et<br />
sur leur atteinte potentielle « un jour ».<br />
Les études sur ce sujet mettent l’accent sur la faible corrélation entre pelade et situations<br />
psychologiquement difficiles (stress, choc émotionnel intense…), et s’accordent à dire que les<br />
4 <strong>Rapport</strong> de Non-Conformité<br />
35
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
origines de cette pathologie ne sont jamais très précises en l’absence de facteurs clairement<br />
explicatifs (allergies notamment).<br />
Les origines avancées, que ce soit en lien avec des situations de travail stressantes ou des<br />
situations personnelles difficiles, nous paraissent toutes les deux difficiles à retenir en l’état<br />
comme seules explications pour les raisons suivantes :<br />
- s’il s’agit de l’expression de risques psychosociaux entre-autres, pourquoi ce mal-être au<br />
travail s’exprime sous cette forme si particulière pour une population somme toute réduite <br />
- les salariés du secteur concerné seraient-ils les seuls à connaitre des situations personnelles<br />
difficiles au sein de l’établissement <br />
Cependant, la temporalité entre l’apparition des pelades et la mise en place du projet CAP 12<br />
reste troublante (à notre connaissance, aucun cas n’a été relevé avant et aucun n’a visiblement<br />
été observé en dehors de ce périmètre).<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Synthèse sur le projet CAP 12<br />
Selon nous, ce projet pilote aurait mérité un traitement et un suivi plus importants, car<br />
de par son caractère de « test », il conditionne les projets à venir, ceux en prise directe<br />
avec la ligne de production Falcon (Projet FARE), mais aussi ceux inscrits dans la<br />
démarche ARP en dehors de ce périmètre (TARGET).<br />
Dans l’état actuel des choses, il ne nous paraît pas judicieux de considérer ce projet<br />
comme abouti et permettant une reproductibilité sur d’autres secteurs.<br />
En effet, le projet nous semble être encore en phase de rodage sur de nombreux points,<br />
tant matériels, humains et organisationnels et des enseignements riches sont à tirer sur :<br />
- les avancées réelles et incontestables (ergonomie des postes),<br />
- les écueils rencontrés,<br />
- le reste à faire,<br />
- les impacts sur la santé des salariés,<br />
- le fonctionnement du groupe projet (acteurs à inclure/phases, durée, mode de<br />
fonctionnement…),<br />
- la communication faite autour du projet, à tous ces stades d’avancement.<br />
L’objectif d’une prise d’autonomie sur la démarche par Dassault Aviation seul à<br />
l’horizon de 3 ans pourrait être largement revu si les fondements de la démarche ne sont<br />
pas parfaitement maîtrisés.<br />
37
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4. Les projets FARE et TARGET<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.1. La construction des projets<br />
4.1.1. FARE<br />
Le responsable de projet FARE a été nommé en janvier <strong>2013</strong>. Autour de lui et des<br />
intervenants de chez Geolean, l’équipe projet a été constituée avec :<br />
- 2 compagnons dédiés à <strong>10</strong>0% au projet, choisis selon leurs connaissances techniques et<br />
leur « facilité de contact »,<br />
- Des compagnons mis ponctuellement à disposition selon les besoins,<br />
- Un préparateur,<br />
- Un logisticien,<br />
- Les services supports (pour des rappels de règles métiers essentiellement)<br />
- Le service HSE et un ergonome externe ont aussi été sollicités.<br />
Une première réunion de présentation du projet a été conduite avec l’ensemble des<br />
compagnons du périmètre.<br />
Les principaux objectifs du projet :<br />
- Maîtriser les coûts,<br />
- Diminuer les cycles de 20 à 50% avec une cible de 12.5 h (takt time),<br />
- Avoir une organisation « robuste et flexible à tous les aléas ou toutes les évolutions »,<br />
- Pas de réduction de surface,<br />
- Pérenniser les savoir-faire et les compétences.<br />
Les bases de travail reposent sur :<br />
- les idées d’amélioration,<br />
- les fiches de remontées terrain (co-construites avec les compagnons projet),<br />
39
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- les fiches d’instruction (FI),<br />
- les grilles de cotation ergonomiques (postures de travail, manutentions manuelles,<br />
répétitivité des gestes).<br />
Le travail le plus long a consisté à analyser les bâtis et l’outillage.<br />
Afin de gagner du temps sur la phase d’analyse, le principe de « communalité » a été retenu :<br />
plutôt que d’analyser tous les postes ou opérations, le choix a été fait de n’analyser que celles<br />
pouvant être considérées comme similaires entre postes. Ainsi, sur les 300 FI du périmètre,<br />
seule la moitié environ a véritablement été analysée et les temps d’opérations analysés<br />
représentent 440 h sur un total de 2400.<br />
Ce travail d’analyse a été intégré dans une base de données, recensant les postes réellement<br />
vus et ceux intégrés par la communalité.<br />
Cette base de données a connu plusieurs évolutions, certains items étant intégrés ou supprimés<br />
au fur et à mesure de l’avancement des travaux.<br />
Par exemple, les critères d’ergonomie (caractérisation des postures, contraintes de<br />
manipulation), présents dans la première version, ont finalement été retirés, n’ayant pas été<br />
jugés discriminants.<br />
Les principales difficultés remontées peuvent se résumer par ces mots : « On court »<br />
- Indisponibilité des pièces primaires,<br />
- Recherche d’outillage,<br />
- Changement de priorité dans la production.<br />
Un premier équilibrage des postes a été fait courant Juillet, aboutissant à la création d’une<br />
« micro-réglette » présentant le découpage des différentes opérations à réaliser sur chaque<br />
poste. A noter que les temps retenus demeurent des temps « macro » et que jamais les temps<br />
gamme n’ont été utilisés au niveau micro (opération par opération).<br />
Les modifications de bâtis sont aujourd’hui au stade d’avant-projet, selon les grands principes<br />
suivants :<br />
- Monte et baisse (500 mm),<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Rotation sur 360° (axe vertical),<br />
- Arrivée des énergies par le haut (suppression des gênes occasionnées par les tuyaux au<br />
sol),<br />
- Implantation générale et gestion des flux.<br />
La phase de validation des objectifs, initialement prévue pour Avril <strong>2013</strong>, a finalement été<br />
reportée à Septembre de la même année.<br />
4.1.2. TARGET<br />
L’équipe projet a été constituée avec :<br />
- Un responsable de projet spécifique,<br />
- 2 compagnons du Tronçon 1-25 détachés à <strong>10</strong>0 % de la production. Le chef d’équipe<br />
sera, à partir de septembre détaché à <strong>10</strong>0% de la production pour organiser le<br />
redémarrage des activités (des installations provisoires et de l’installation des nouveaux<br />
bâtis).<br />
- 2 compagnons des tronçons 7-21 & 21-25 détachés à 50 %<br />
- 1 compagnon des demi – coquilles détaché à <strong>10</strong>0 %<br />
NB : les compagnons ont été sollicités début janvier pour commencer le travail sur le projet<br />
quelques jours après.<br />
- 3 préparateurs à <strong>10</strong>0 %<br />
- Un logisticien à <strong>10</strong>0 %<br />
- Un Agent de Maitrise à <strong>10</strong>0 %<br />
- Un ingénieur de fabrication à <strong>10</strong>0 %<br />
- Des intervenants extérieurs de la société Geolean,<br />
- Des intervenants extérieurs de la société Sogéclair « expérimentés à l’observation<br />
terrain »,<br />
- Le service HSE, le médecin du travail et un ergonome externe ont aussi été sollicités,<br />
mais après un mois d’existence du projet.<br />
Les compagnons acteurs du projet ont été principalement intégrés sur les étapes suivantes :<br />
Remontées de fabrication – pendant environ 4 mois (variable selon les tronçons).<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Les compagnons référents ont utilisés les FI existantes comme base de travail et ont ainsi<br />
remonté :<br />
- les problèmes de toute nature : technique, FI, outillage, pièces…<br />
- des solutions d’amélioration sur les situations de travail et l’organisation.<br />
La phase de remontée terrain s’est achevée début juin <strong>2013</strong>.<br />
Les principaux problèmes remontés par les compagnons portent sur les pièces (disponibilité,<br />
mauvaise définition) et l’outillage commun. Sur ce point, l’inventaire réalisé a abouti au<br />
résultat suivant : 93 outillages en place, 63 non utilisés et 51 étaient en maintenance.<br />
Les FI ont également été pointées du doigt : inadaptées dans certains cas, voire obsolètes,<br />
mais le principal grief à leur égard portait sur la symbologie utilisée, à revoir (imprécisions,<br />
manque de clarté…). Les orientations prises sur ce point sont établies et reprennent les<br />
principes vus sur CAP 12.<br />
Comme pour FARE, une base de données spécifique a permis de compiler les données issues<br />
des différentes analyses, mais n’a pas intégré de notion de temps ni d’ergonomie.<br />
Les difficultés rencontrées par les compagnons lors de cette étape :<br />
- Face à la disparité des modes opératoires des compagnons, il n’est pas toujours simple<br />
d’en faire remonter un commun. Ainsi, se pose la question de comment choisir entre<br />
telle et telle façon de travailler Ce point n’a semble-t-il pas été creusé plus avant par<br />
la suite.<br />
- Recueillir les « routines » : il s’agit des opérations réalisées par habitude et que les<br />
compagnons ne pensent pas toujours à verbaliser.<br />
Découpage des opérations (= création du mode opératoire) sur la base du data process créé<br />
par Sogéclair. Il s’agit de :<br />
- Vérifier la robustesse du process tel que décrit par Sogéclair : le découpage et<br />
l’enchainement des opérations sont-ils les bons <br />
- L’opérateur référent et le planificateur sont en charge de détailler les opérations et<br />
d’estimer le temps nécessaire à chaque opération.<br />
Création de la réglette - phase d’équilibrage<br />
En fonction du mode opératoire défini, il s’agit d’identifier les opérations qui peuvent se<br />
réaliser au même moment, les opérations dépendantes les unes des autres… L’objectif :<br />
arriver au maximum d’opérations de 2h.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
A noter que selon les tronçons, les équipes projet ne se trouvent pas aux mêmes étapes.<br />
En parallèle, les compagnons et certains chefs d’équipe sont ou ont été intégrés aux étapes<br />
suivantes.<br />
La refonte des bâtis, qui repose sur le principe de travail à hauteur constante sur un même<br />
poste (dans la mesure du possible, via une variation de hauteur sur colonnes ou postes à<br />
hauteurs fixes différenciées).<br />
La réception des nouveaux bâtis est aujourd’hui prévue pour janvier ou février 2014, précédée<br />
par des phases de validation physiques (décembre) et numérique auparavant.<br />
Tous les postes de travail ont été étudiés en IRC (avec retour haptique 5 ) avec l’appui de<br />
l’ergonome d’AFPI, pour visualiser les problématiques et seront de nouveaux revus de la<br />
même manière pour créer les nouvelles FI.<br />
Réimplantation des nouveaux bâtis et implantation de la future chaine. Les prérequis<br />
donnés par la Direction à l’équipe projet étaient le respect des principes Géolean concernant<br />
notamment les approvisionnements en bord de ligne et le magasin dans l’atelier. Au final, les<br />
compagnons référents ont le sentiment qu’une majorité de leurs propositions a été pris en<br />
compte.<br />
Participation aux réunions : Flash 5 (quotidienne d’environ <strong>10</strong>-15 minutes) et Flash 30<br />
(hebdomadaire, 30 minutes).<br />
Le projet a de plus à intégrer la réindustrialisation technique de l’appareil :<br />
- certaines fixations qui étaient retouchées par les compagnons sont changées,<br />
- certaines pièces sont divisées pour faciliter leur assemblage,<br />
- certaines sont redéfinies (notamment pour devenir monobloc et se prémunir de<br />
problèmes de désaffleurements).<br />
5 Haptique : qui reproduit les sensations de toucher et/ou d’effort.<br />
43
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Il nous a été reporté que cette réindustrialisation avait parfois conduit à ne pas prendre en<br />
compte certaines remontées terrain car elle impactait trop la façon de travailler (notamment<br />
des modifications d’interface avec des pièces remaniées).<br />
Au final, le périmètre verrait le nombre de pièces passer de 4000 à 2000, réduisant par là<br />
même les opérations de préparation faites par les équipes, dans le souci de favoriser la<br />
« valeur ajoutée qui consiste à monter des pièces sur l’appareil et non à les préparer ».<br />
L’analyse de <strong>SECAFI</strong><br />
La démarche de Geolean apparaît à la fois trop déterministe et trop « ouverte » selon les<br />
thématiques. Et parfois même au sein d’une même thématique.<br />
Ainsi, concernant l’ergonomie des postes, si le principe d’amélioration a toujours été<br />
clairement mis en avant comme un incontournable et a globalement abouti à des avancées<br />
reconnues, certains points à la fois de méthode et de technique appellent quelques<br />
commentaires :<br />
- les compagnons se sont certes exprimés sur leurs attentes en matière d’amélioration des<br />
conditions physiques de travail, mais sans formation préalable.<br />
- certaines contraintes physiques n’ont pas été insuffisamment étudiées (celles touchant aux<br />
membres supérieurs notamment, mais aussi l’encombrement et/ou les masses à manipuler<br />
pour certains outillages).<br />
- les conditions de réalisation de travail en co-activité n’ont visiblement pas été envisagées,<br />
notamment dans le cas de situations de travail dégradées (report de tâches d’un poste sur<br />
l’autre, retouches) ou de traitement de TNS.<br />
Si les grandes lignes de la méthode proposée sont ce qu’il convient d’appeler des classiques<br />
de la mise en place du Lean Manufacturing (co-construction, amélioration des conditions de<br />
travail, élimination des sources de «gaspillage »…), certains principes ont en revanche selon<br />
nous été mis de côté ou insuffisamment appréhendés :<br />
- traitement en chantier poste à poste avant de passer à une analyse global du secteur,<br />
- stabilité initiale des situations existantes à traiter (5M 6 )<br />
- formation de tous les intervenants (approche Lean globale, ergonomie, notion de takt<br />
time…),<br />
- mise en place d’indicateurs de résultats ET de processus (suivi de projet),<br />
6 Matière, Matériel, Main d’œuvre, Méthode, Milieu<br />
44
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- la question même de l’évaluation des temps de travail, pourtant centrale, n’a été abordée que<br />
de façon globale alors qu’ils constituent une donnée d’entrée essentielle (pour l’équilibrage<br />
des postes, la création de la réglette).<br />
4.2. Des conséquences humaines immédiates<br />
4.2.1.1. Des compagnons référents sans une vision globale du projet.<br />
Malgré une volonté évidente d’intégrer des salariés de la production à la construction du<br />
projet ARP, certaines limites peuvent néanmoins être soulevées.<br />
Du point de vue des compagnons référents, il ressort un manque de vision globale des projets.<br />
Il s’agit principalement d’un manque de visibilité sur :<br />
- les délais et les périodes dédiés à chaque étape, ceci peut laisser place à des<br />
contradictions. Ex : « à faire pour telle date » « mais non, tu as le temps »… Les<br />
contradictions peuvent venir d’une même fonction ou de fonctions différentes<br />
(Géolean, planificateur…)<br />
- l’enchainement des étapes : les compagnons n’ont pas réellement de vision globale<br />
des projets. Ex : sur TARGET, après l’étape de la construction de la réglette, ils ne<br />
connaissent pas clairement l’étape qui suit, ils ne savent pas s’ils vont être de nouveau<br />
sollicités…<br />
- l’arbitrage des décisions : les compagnons font remonter l’ensemble de leurs<br />
réflexions mais ils ne savent pas encore ce qui est dé<strong>finitive</strong>ment acté (remarque<br />
valable sur les deux projets).<br />
Ex : « on propose une amélioration, est-ce qu’elle est techniquement possible , est-ce<br />
que l’enveloppe le permet , est-ce que les responsables du projet l’ont validée ... »<br />
45
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.2.2. Une intégration des salariés de la production dans les projets mais<br />
pas sans coût.<br />
Comme nous l’avons présenté dans un paragraphe précédent, les compagnons référents<br />
peuvent être détachés à 50 % ou <strong>10</strong>0 % de la production. Des difficultés s’observent à<br />
plusieurs niveaux :<br />
- Difficultés pour les compagnons et les chefs d’équipes intégrés au projet de<br />
concilier leur travail de production et celui à effectuer pour le projet. Cette<br />
difficulté est renforcée par le fait que les compagnons référents ont également<br />
majoritairement des rôles d’appui, de soutien au chef d’équipe (ex : remplacement en<br />
cas d’absence). Ainsi, ils doivent organiser leur temps entre la production, le projet et<br />
leur rôle d’appui au chef d’équipe. Les conséquences observées sont les suivantes :<br />
travail en retard, heures supplémentaires…<br />
- Pour le chef d’atelier et les chefs d’équipes, il s’agit de garantir les sorties en<br />
temps et en heure avec des compagnons en moins. De plus, un travail important est<br />
à réaliser pour préparer la phase de transition : libérer les bâtis pour pouvoir les<br />
déplacer, organisation des équipes à revoir en conséquence…<br />
- Le travail habituellement fait en production par les compagnons référents<br />
intégrés au projet est réparti sur les compagnons présents (non intégrés au<br />
projet). Ainsi, de manière indirecte, tous les compagnons participent à la bonne<br />
marche du projet. En effet, ces derniers sont davantage sollicités afin que le projet ne<br />
pénalise pas la production (heures supplémentaires, polyvalence au sein de l’équipe ou<br />
entre équipes…). Cependant, lors de certains stades, le besoin de la production peut<br />
passer avant les besoins du projet. Ainsi, les compagnons référents peuvent être<br />
rappelés ponctuellement à la production.<br />
4.2.3. Une adhésion mitigée des compagnons.<br />
Par rapport aux projets (et vis-à-vis de la démarche ARP de manière plus globale) trois<br />
postures différentes ont pu être observées chez les salariés :<br />
- Posture de retrait qui peut notamment se matérialiser par la faible ou la nonparticipation<br />
aux remontées de terrain. Les deux principales raisons évoquées :<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
o les risques d’impacts négatifs du projet sur leurs conditions de travail :<br />
changement d’horaire de travail, perte d’intérêt du travail… (Ces points seront<br />
développés dans les prochains chapitres),<br />
o une démotivation générale notamment liée à des problématiques de<br />
reconnaissance du travail.<br />
- Posture participative : aide importante pour les compagnons référents, adhésion à<br />
une partie du projet notamment sur ce qui concerne la réindustrialisation et<br />
l’amélioration de l’ergonomie des postes de travail…<br />
- Posture attentiste : les informations disponibles sur les projets déployés ou en cours<br />
(avec les nuances d’imprécisions et/ou de déformation possibles), laissent une partie<br />
du personnel dans une situation interrogative. Les difficultés rencontrées par le secteur<br />
CAP 12, le travail réel des référents, le manque de visibilité sur le calendrier…, mais<br />
aussi les avancées réelles et tangibles sur certains aspects de conditions de travail,<br />
amènent à un sentiment mitigé quant à la valeur ajoutée globale de la démarche ARP.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Directement ou indirectement, la mise en place des projets sollicite de façon importante les<br />
compagnons, chefs d’équipes et d’atelier : participation à la construction du projet, organiser<br />
les équipes avec moins de ressources, nouvelles organisations à déployer, heures<br />
supplémentaires pour tenir les délais ou pouvoir effectuer les transferts… Ainsi, nous<br />
constatons un certain niveau d’engagement de la part de salariés de la production acteurs du<br />
projet. En parallèle, ces projets génèrent des attentes importantes : amélioration<br />
d’organisation du travail, meilleure ergonomie au poste de travail…<br />
Un engagement associé à des attentes importantes entraine de fait un risque de désillusion<br />
si l’issue d’un projet répond insuffisamment aux attentes des salariés. Cela peut être le cas si<br />
les compagnons ne retrouvent pas leurs propositions dans l’organisation du travail cible et<br />
les futurs bâtis. Ce risque est accru par le fait qu’actuellement les compagnons n’ont pas de<br />
visibilité sur les prises de décisions par rapport à leurs propositions.<br />
La méthode utilisée pour l’intégration des salariés est relativement complète mais présente<br />
certaines limites :<br />
- une vision globale du projet insuffisante pour les compagnons référents : quels sont<br />
les prochaines étapes, que va-t-on attendre de moi après ...,<br />
- pas ou peu de retours sur les décisions prises : qu’est-il retenu des propositions<br />
des compagnons et préparateurs Pour quelle raison la proposition n’a pas été<br />
retenue <br />
- une surcharge de travail pour certains salariés,<br />
- des injonctions contradictoires à gérer. Le compagnon référent peut se retrouver au<br />
cœur du triangle : projet (Géolean) – production (chef d’équipe) – process<br />
(Sogeclair). Chacun poursuit des objectifs différents et ils ont tous besoin du<br />
compagnon pour les atteindre… Mais qui arbitre <br />
- Une méthode Géolean pouvant être jugée intéressante mais pouvant également<br />
apparaitre parfois un peu trop rigide. Par exemple : insister sur la division des<br />
opérations par tranches de x h alors que certaines opérations sont trop complexes<br />
pour être séparées, des opérations de 2h15 seront demain comptées 2h ou des<br />
opérations de 3h45 seront comptés 4h. Le risque principal est de prendre<br />
insuffisamment en compte le travail réel, les contraintes et aléas possibles et<br />
ainsi de diminuer les marges de manœuvres des salariés pour y faire face.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.3. Les premières réponses des projets pour la réduction de certaines<br />
contraintes existantes.<br />
4.3.1. Mise à jour des fiches d’instruction (FI)<br />
Actuellement, les FI ne sont pas à jour. Elles sont donc remplies d’annotations. Les<br />
conséquences sont multiples : perte de temps, perte d’information importante, augmentation<br />
du risque de non qualité…<br />
En parallèle, les temps prescrits apparaissent comme rarement réalistes aux yeux des<br />
compagnons car ils ne prennent pas en compte l’ensemble des tâches effectuées ou la<br />
variabilité des modes opératoires. Par exemple, le temps de séchage (PR, filaire alu) n’est pas<br />
intégré (alors que celui-ci peut aller jusqu’à 24h), les accès difficiles pour perçage sont au<br />
même temps qu’un perçage à accès normal…<br />
Le projet prévoit la mise à jour des fiches d’instruction. C’est l’ensemble du travail fait par<br />
l’équipe projet qui le permettra (remontées de fabrication, découpage des opérations, création<br />
de la réglette…). Cependant, la situation sur CAP 12 montre que ce travail est loin d’être<br />
aussi simple et rapide qu’on voudrait le penser.<br />
4.3.2. ARP en réponse à la problématique récurrente de l’outillage<br />
Concernant l’outillage, des problématiques récurrentes sont ressenties par les salariés de la<br />
production :<br />
- matériel insuffisant,<br />
- matériel souvent en réparation (ex : bombonnes),<br />
- outils insuffisamment entretenus : sentiment qu’il n’y a pas de suivi du niveau<br />
d’utilisation, pas assez de maintenance préventive…<br />
- matériel lourd, encombrant et/ou inadapté. Exemple : Pour certaines fixations à accès<br />
restreint, la fiche d’instruction indique une fixation mécanique alors que les<br />
compagnons ne disposent pas du matériel adapté pour le faire.<br />
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Ainsi, les compagnons passent un temps important à « bidouiller », chercher l’outillage et/ou<br />
ils préfèrent garder de l’outillage en réserve pour ne pas avoir à le chercher quand ils<br />
souhaitent l’utiliser.<br />
Dans le cadre de la démarche Lean une réflexion est menée sur :<br />
- des matériels moins lourds,<br />
- le fait d’avoir les outils au poste. Il s’agit d’un changement important pour les<br />
compagnons qui sont habitués à avoir « leur » outillage.<br />
- Une armoire à badge (armoire RFID) qui enregistre l’heure de sortie et la personne qui<br />
a pris un outillage.<br />
4.3.3. Des améliorations de l’ergonomie des postes de travail mais une<br />
approche encore trop macro des contraintes physiques.<br />
Les observations conduites sur les deux périmètres FARE et TARGET font apparaître les<br />
contraintes suivantes sur les postes de travail :<br />
- Outils qui génèrent d’importantes vibrations (« pétards » pour frapper les rivets),<br />
- Outillages dont la manipulation est difficile :<br />
o Grand C : maintien contre le corps (buste, cuisse…) pour garantir un<br />
positionnement précis et s’assurer de son immobilité pendant les phases<br />
d’appui gâchette 7 ,<br />
o Contre-bouterolles maintenues dans des conditions difficiles (espace limité<br />
pour la positionner et assurer un contre-effort satisfaisant).<br />
- Hauteur de pièce importante, avec une grande amplitude d’intervention (de l’ordre de<br />
1500 mm de bas en haut : poste 480 T2 7X). Le bâti actuel permet certes de faire<br />
varier la hauteur de la pièce, mais les phases de travail sur les parties extrêmes (bas et<br />
haut) génèrent néanmoins des postures contraignantes :<br />
o Bas de pièces (bâti relevé au maximum) : utilisation d’une chaise ou d’une<br />
caisse en bois pour s’assoir.<br />
7 Nous avons relevé que certains mécanismes avaient été modifiés pour que l’appui gâchette ne se fasse qu’en<br />
une seule fois au lieu du déblocage/appui, qui occasionne un à-coup et décale la bouterole.<br />
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o Haut de pièces (bâti baissé au maximum) : travail debout sur la caisse en bois<br />
NB : des sièges roulants avec des appuis genoux sont présents au secteur Panneaux T1 et<br />
permettent de travailler en partie basse dans de bonnes conditions.<br />
- Concavité importante sur certaines pièces, nécessitant des postures de travail très<br />
contraignantes :<br />
o poste 430 T1 7X : travail dos courbé, car la barre transversale (rigidité du bâti)<br />
ne permet pas de s’approcher d’avantage du revêtement.<br />
o panneau <strong>10</strong>2 T F900 : un compagnon travail sur un « 3 marches » sur le dessus<br />
du panneau et un autre en dessous (jambes fléchies, dos creusé, nuque en<br />
arrière et main au-dessus de la tête)<br />
- Les contraintes articulaires peuvent être très importantes au niveau :<br />
o Des poignets : flexion ou extension extrême, rotations<br />
o Des coudes : faible angulation « bras fermé », abduction lors du maintien de<br />
pièces…<br />
o Des épaules : travail bras en l’air, dépassement de la ligne sagittale<br />
Contrainte articulaire sur l’épaule par dépassement de l’axe longitudinal du corps<br />
(ligne sagittale)<br />
o quelquefois associées à des efforts conséquents (maintien pièces ou cales à<br />
frapper, outillages lourds…)<br />
- les phases de piétinement (déplacements sans vrais pas ou positions statiques<br />
prolongées) sont très importantes et aucun tapis antifatigue n’est en place.<br />
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- La présence de tuyaux d’alimentation en air au sol représente un risque important et<br />
contraint les déplacements (vigilance, déplacement de la caisse bois parfois<br />
difficile…),<br />
- Des panneaux anti-bruit sont installés en bord d’allée du secteur T1 (aucun dans le<br />
secteur T2), mais :<br />
o Une partie seulement du secteur est couvert le long de l’allée,<br />
o Les panneaux ne sont pas jointifs (espace large entre panneaux),<br />
o Aucun n’est présent sur la partie opposée (face à la zone de bureaux) ni en<br />
partie haute.<br />
Le bruit, surtout occasionné par la frappe de rivets (sur des séries pouvant représenter<br />
plusieurs dizaines de rivets) se propage alors facilement au sein du secteur mais aussi à<br />
l’extérieur de celui-ci.<br />
- La surface des établis est largement occupée (outils, pièces, classeurs de FI, EPI…) et<br />
présente d’importantes traces d’utilisation (perçage sur le plateau de l’établi pour<br />
certaines opérations).<br />
- L’éclairage est basique, avec des néons en position haute et selon les cas, certains<br />
installés sur les côtés ou à l’arrière du poste. Nous avons relevé que certains étaient<br />
mal positionnés par rapport aux zones d’évolution des compagnons :<br />
o poste 490 au T2, la présence du luminaire gêne l’atteinte de certaines zones de<br />
travail (à l’arrière du panneau). Un est d’ailleurs cassé « depuis un moment »<br />
selon les compagnons.<br />
o panneau <strong>10</strong>2 T F900 : éclairage mobile pour le travail sous le revêtement, mais<br />
générant beaucoup d’ombres portées.<br />
- Les opérations nécessitent souvent des prises en pinces digitales fines 8 dans un espace<br />
restreint (présence de lisse et/ou cadre à proximité pénalisant l’accessibilité manuelle)<br />
pour maintenir une pièce lors de sa fixation.<br />
8 Prise entre le pouce et l’index<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Le travail à deux compagnons sur un panneau (devant/derrière ou dessus/dessous)<br />
nécessite une parfaite coordination pour frapper les rivets mais la communication est<br />
difficile :<br />
o résonnance de la tôle pendant la frappe,<br />
o concavité ne facilitant pas la transmission de la voix,<br />
o impossibilité de se voir la plupart du temps…<br />
- le stockage des pièces à monter est problématique et s’effectue « un peu partout » :<br />
o sur les établis ou contre eux,<br />
o en appui contre les poteaux de structure du bâtiment,<br />
o sur les escabeaux.<br />
Le stock d’ensemble T1 est actuellement regroupé dans une zone dédiée, avec une<br />
identification précise des postes/appareils concernés, située en bout de secteur (distante<br />
d’environ une dizaine de mètres du poste le plus éloigné).<br />
Des situations dangereuses ont également été relevées sur les postes observés :<br />
- Panneau <strong>10</strong>2 T F900 : risque de heurts à la tête contre la pièce et/ou le bâti pour le<br />
compagnon travaillant en dessous.<br />
- Rotation incontrôlée possible du bâti en cas de déblocage intempestif (1 Accident avec<br />
arrêt au secteur T1 pour lequel un compagnon nous a déclaré avoir eu une fracture du<br />
tibia il y a plusieurs années).<br />
- Maintien de pièces par sangles ou sauterelles (T1).<br />
Mais des avancées réelles et répondant à de vraies préoccupations<br />
Bord de ligne Kanban pour le stockage au poste (un exemplaire en test actuellement périmètre<br />
FARE) :<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- déplacement facilité par la présence de roues folles (ce qui facilite grandement leur<br />
positionnement précis),<br />
- structure légère (aluminium),<br />
- délimitation d’emplacements pour les différents bacs de pièces,<br />
- stockage vertical des grandes pièces (notamment présentes dans les kits) à l’arrière des<br />
structures,<br />
- altimétrie des hauteurs de prises/déposes répondant à des critères d’ergonomie<br />
reconnus (éviter les postures associées dos penché ou mains au-dessus des épaules,<br />
éloignement en profondeur limité à l’extension du bras…)<br />
- De plus, la structure est modulable (assemblage vissé) et permet si besoin de modifier<br />
les différents espaces (hauteurs de rangs de bacs, proportion grands bacs/ petits<br />
bacs…).<br />
Refonte complète des bâtis, avec de véritables avancées sur l’environnement de travail au<br />
poste :<br />
- Altimétrie variable des postes pour faciliter le travail à des hauteurs satisfaisantes,<br />
- Rotation des bâtis pour améliorer l’accessibilité de certaines zones,<br />
- Réflexion autour de l’éclairage au poste (travail par le bas, dans l’appareil…)<br />
- Création de plateformes spécifiques à chaque stade et intégrant les mobiliers de travail<br />
(suppression des montées/descentes) (spécificité TARGET)<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.4. Des contraintes existantes qui risquent de perdurer avec en outre<br />
l’émergence de nouvelles problématiques<br />
4.4.1. Une logistique perfectible qui risque d’être encore pénalisante<br />
- Actuellement :<br />
o Des situations de manquants (pièces et visserie) très mal vécues 9 ,<br />
o pièces à la mauvaise définition<br />
o Pièces à caler ou à limer systématiquement (ex : cale dans le logement du<br />
marchepied Rafale Marine)<br />
- Demain<br />
o Des corrections de définition encore longues à venir,<br />
o Distribution des pièces et visserie. Pour l’instant c’est le chef d’équipe qui<br />
alimente les caisses en pièces et visserie pour ensuite les distribuer à chaque<br />
bâti : tâche en moins pour le chef d’équipe mais en plus pour le magasin.<br />
o Secteurs clients plus exigeants envers leurs fournisseurs (internes et externes),<br />
qui n’auront pas nécessairement modifié leurs modes d’organisation en temps<br />
et heure.<br />
o Des temps de passage au poste calés sur une situation initiale nominale<br />
(stabilité de tous ses éléments : humains, techniques, logistiques).<br />
4.4.2. Une nécessité de s’adapter à une nouvelle façon de travailler.<br />
La démarche Lean engendre de nombreux changements dans l’organisation du travail :<br />
- nouveau process : découpage différent des opérations, opérations qui changent de<br />
stades,<br />
- modes opératoire différents,<br />
- nouveaux bâtis (ex : utilisation de pont électrique…),<br />
- dans certains cas, du nouvel outillage,<br />
- de nouvelles tâches (ex : augmentation de l’autocontrôle),<br />
- de nouveaux objectifs journaliers,<br />
- Une nouvelle organisation du travail :<br />
o pièces servies au poste.<br />
o outillage au poste de travail.<br />
9 Il a néanmoins été fait remarquer que le taux de service s’améliorait, passant de 87 à 95 %.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
A noter que certains de ces changements découlent davantage de la réindustrialisation pour le<br />
périmètre TARGET à proprement parler.<br />
4.4.3. Des rôles qui vont évoluer mais de quelle façon <br />
La démarche Lean et l’organisation du travail qui en découle viennent souvent impacter les<br />
rôles car l’Organisation attend autre chose de chaque acteur.<br />
Concernant la fonction de chef d’équipe, un certain nombre de questions se posent sur son<br />
rôle à venir. Actuellement, une partie importante de son temps est dédiée à la gestion des<br />
manquants et à l’articulation avec les services transverses. A terme, les projets devrait<br />
résoudre certaines de ces problématiques ce qui devrait libérer les chefs d’équipes de certaines<br />
tâches. Ainsi, ces derniers espèrent avoir davantage de temps dédié au mangement de<br />
proximité et à la gestion de l’équipe. Cependant, le risque identifié est que les tâches<br />
administratives attribuées aux chefs d’équipes augmentent notamment le reporting et la<br />
remontée d’indicateurs de suivi d’activité.<br />
Concernant la création du statut de compagnon référent, les avis des salariés de la<br />
production sont partagés.<br />
- Les points positifs :<br />
o les compagnons référents, étant au plus proche de la production, peuvent jouer un<br />
rôle particulier dans la gestion des aléas et difficultés des compagnons notamment<br />
pour gagner en réactivité,<br />
o intérêt du travail pour le salarié occupant le poste de compagnon référent.<br />
- Les points négatifs ou de réserve :<br />
o sentiment d’avoir le même rôle que le chef d’équipe ou de faire son travail mais<br />
avec moins de moyens,<br />
o quelle reconnaissance liée à ce statut <br />
o des difficultés de positionnement vis-à-vis des équipes. Ceci pose la question de la<br />
légitimité, des critères de sélection des compagnons référents…,<br />
o des risques de conflit de priorité,<br />
o pas de réelle utilité fonctionnelle aux yeux des compagnons,<br />
o un statut qui existe déjà officieusement.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
A la vue de ces éléments, il apparait nécessaire de mener une réflexion en amont de la<br />
création de cette fonction sur les objectifs poursuivis, la définition de son périmètre, les<br />
gains attendus, sa place dans le collectif de travail…<br />
Concernant les fonctions support, l’organisation du travail prévue laisse présager de<br />
nombreux changements et peut se heurter à :<br />
- La « barrière » qui existe actuellement entre les supports et la production, mais qui,<br />
nous le pensons, pourrait s’amenuiser avec les interlocuteurs directs par une plus<br />
grande proximité (géographique et opérationnelle)<br />
- La nécessité de changer l’organisation entre la production et les supports,<br />
- A terme, une diminution des relations directes avec certaines fonctions. Ex : ne plus<br />
aller au magasin pour récupérer ses pièces : peur d’être un peu plus isolé.<br />
De manière plus générale, l’impact sur les fonctions supports est marqué par :<br />
- Le fait de devoir travailler davantage avec des horaires calés sur ceux des équipes va<br />
modifier de manière sensible les rythmes de travail des personnels,<br />
- La présence accrue « sur avion » d’intervenants jusqu’ici relativement peu rompus à<br />
cette pratique (et des personnels d’atelier eux-mêmes peu habitués à cette présence plu<br />
soutenue)<br />
- La charge de travail croissante portée par les fortes attentes en termes de<br />
demandes d’amélioration, qui peut devenir d’autant plus lourde qu’elle est davantage<br />
en prise directe avec les besoins issus du terrain pour lesquels les questions de<br />
réactivité vont devenir de plus en plus prégnantes.<br />
- La mobilisation à venir sur les projets déjà programmés, qui vont encore mobiliser<br />
les ressources lors des phases de construction et de suivi des actions décidées.<br />
Concernant les compagnons, les attentes de l’organisation envers eux risquent d’évoluer :<br />
davantage de polyvalence, participation active à la démarche d’amélioration continue. La coconstruction<br />
mise en avant lors des phases de lancement des projets va ici prendre une<br />
dimension encore plus forte, car c’est l’ensemble des salariés qui seront ici impliqués<br />
directement sur leur quotidien. Bien que le principe ne puisse qu’être louable, cette<br />
participation ne va pas de soi et devra être construite.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Il nous apparait essentiel de ne pas minimiser les conséquences du déploiement d’une<br />
démarche comme ARP sur la définition des rôles de chacun. Ainsi, pour garantir sa bonne<br />
mise en œuvre (pour l’entreprise et les salariés) et les changements qu’elle implique sur les<br />
différents acteurs de l’entreprise, il aurait été pertinent de notre point de vue de mieux définir<br />
les périmètres de responsabilités de chaque poste au démarrage des projets ; d’autant plus<br />
qu’une réflexion est actuellement menée au niveau national sur l’impact des « outils standards<br />
ARP » sur les différentes fonctions : évolutions des compétences, des besoins… Ce travail<br />
devant aboutir à la modification des fiches de postes par la suite.<br />
4.4.4. Des évolutions dans les relations professionnelles sont à prévoir.<br />
Les modifications dans les relations professionnelles vont directement découler des choix<br />
d’organisation du travail associés à la démarche ARP.<br />
Actuellement, l’ambiance au sein des équipes est décrite comme plutôt bonne. De plus,<br />
l’entraide apparait comme la ressource prédominante pour les compagnons. Cependant, des<br />
points d’accroches peuvent exister entre deux équipes ou équipes matin et soir.<br />
Au cours des entretiens, il est apparu que le sentiment que le collectif de travail pouvait être<br />
affecté négativement par le projet ARP :<br />
- D’ici à la fin de l’année <strong>2013</strong>, certaines équipes seront modifiées : intégration des<br />
salariés des demi-coquilles dans d’autres équipes sur TARGET, changements de<br />
responsables d’équipes, regroupement des secteurs T1 et T2 pour FARE.<br />
- Création d’une strate supplémentaire entre le chef d’équipe et les compagnons :<br />
risque d’accroître ou de créer un fossé entre N+1 et les compagnons, moins de<br />
proximité entre les « productifs » et les « décisionnaires », une place de compagnon<br />
référent qui peut être difficile à trouver (légitimité, peu de marges de manœuvre pour<br />
l’action)…<br />
- Une organisation du travail qui facilitera moins l’entraide qu’actuellement : les<br />
opérations et les postes davantage définis et cloisonnés, un nombre précis<br />
d’opérations affectées à chaque opérateur…<br />
- Une organisation du travail avec moins de contact humain : plus besoin d’aller au<br />
magasin pour aller chercher de la visserie, moins de contact avec les autres équipes car<br />
l’outillage se trouvera au poste…<br />
58
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Une organisation du travail qui augmente le contrôle et donc la crainte d’être<br />
« fliqué » (en particulier en référence au système de pointage des opérations et aux<br />
verrines de couleurs sur le secteur pointe avant, mal compris aujourd’hui).<br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Les différentes raisons évoquées précédemment sont majoritairement observées à moyen<br />
terme après la mise en place d’une organisation Lean. La polyvalence, la parcellisation du<br />
travail, un cadencement plus court, les pièces et l’outillage au poste de travail...ont un<br />
impact sur les relations professionnelles, l’ambiance, l’entraide…L’idée est donc de le<br />
considérer dès la mise en œuvre de la démarche Lean en se posant, par exemple, les<br />
questions suivantes : quelle place à l’entraide actuellement quelle place nous voulons lui<br />
donner demain En quoi les choix d’organisation du travail ou les outils mis en place<br />
impactent l’entraide ou les relations professionnelles Comment fait-on pour maintenir un<br />
collectif de travail ... Actuellement, dans le cadre de TARGET et FARE ce travail n’a<br />
pas été fait.<br />
4.4.5. Risque d’impact sur le temps et le rythme de travail<br />
A la vue des éléments d’organisation actuels et de ceux prévus demain, le travail des<br />
compagnons sera plus dense et va s’intensifier. Dans le sens où, contrairement à aujourd’hui :<br />
- la grande majorité des tâches effectuées participeront à la productivité, auront une<br />
« valeur ajoutée ».<br />
- la dépendance entre les postes de travail nécessite que l’ensemble des membres de<br />
l’équipe travaille au même rythme,<br />
- Un nombre d’opérations, un travail précis à effectuer pendant le poste,<br />
- Une visibilité du travail non accompli… (d’autant plus fort peut-être encore sur le<br />
périmètre FARE, avec un temps de travail réduit à titre individuel sur chaque pièce par<br />
rapport à la situation actuelle).<br />
En parallèle de la crainte des salariés sur le changement de rythme de travail, ces derniers se<br />
posent la question suivante : à terme, l’objectif n’est-il pas de faire travailler tout le monde en<br />
journée Cela génère des inquiétudes importantes notamment en lien avec la perte de pouvoir<br />
d’achat qui y serait associée.<br />
D’après les échanges avec votre direction, le passage en journée n’est pas un objectif premier.<br />
Cependant, plusieurs points peuvent l’emmener à mener une réflexion sur l’accord temps de<br />
travail :<br />
- Dans le cas où le contrat avec l’Inde est signé (périmètre TARGET),<br />
59
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Contraintes des plages variables qui se révèlent peu compatibles avec la mise en place<br />
de certains outils Lean (ex : flash 5) et la vision du management quotidien des équipes,<br />
- Envisager que le mode « équipe » devienne la variable d’ajustement en cas de<br />
surcharge,<br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
A terme, d’après les choix d’organisation du travail, le risque pour les salariés de la<br />
production est davantage une intensification du travail plutôt qu’une surcharge de travail.<br />
Cette intensification va découler d’un cumul de contraintes et de changements :<br />
cadence, contraintes techniques fortes, dépendances vis-à-vis du travail des collègues,<br />
contrôle, diminution des marges de manœuvre…<br />
En parallèle, nous pouvons avoir l’impression que l’organisation favorisera l’équité dans la<br />
répartition de la charge de travail notamment entre les différentes équipes (matin / soir).<br />
Cependant, il ne faut pas pour autant considérer que chaque compagnon est aussi compétent<br />
et productif que son collègue. Autrement dit, il s’agit de prendre en compte les variabilités<br />
interindividuelles notamment dans la répartition du travail au sein de l’équipe. Dans une<br />
organisation davantage industrialisée et développant la polyvalence, les variabilités<br />
interindividuelles sont trop souvent mises de côté et ceci au détriment de la<br />
performance et/ou de la santé des salariés (sentiment d’être remplaçable, de ne pas<br />
faire un travail de qualité…).<br />
Ce point, évoqué dans les remontées terrain de FARE et non analysé pourrait être un<br />
obstacle majeur pour respecter le principe d’avancée des pièces poste à poste à temps<br />
déterminé.<br />
4.4.6. Sentiment de perte de compétences et/ou de savoir-faire.<br />
L’une des conséquences pressenties par les équipes de production concerne la perte de<br />
compétences et de savoir-faire. Le travail sera davantage standardisé et industrialisé ; ainsi de<br />
nombreuses tâches « artisanales » actuellement effectuées quotidiennement ne seront plus à<br />
réaliser par les compagnons. Ainsi, le savoir-faire et la réflexion qui aujourd’hui découlent<br />
des carences en industrialisation ne seront demain plus nécessaires. Il apparait donc<br />
compréhensible que les équipes de productions aient le sentiment de perdre du savoir-faire<br />
dans la nouvelle organisation du travail (après ARP).<br />
La phrase suivante recueillie lors d’un entretien résume bien cette idée : « si tout va bien, on<br />
va perdre des compétences ».<br />
60
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
De plus, le développement de la polyvalence peut être perçu comme un risque de perdre ou de<br />
ne plus avoir des compagnons hyper-spécialistes ; « à terme, les compagnons sauront un peu<br />
tout faire mais rien faire de A à Z ».<br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Le sentiment de perte de compétences peut être un facteur important de risques<br />
psychosociaux. En effet, ce sentiment met à mal le sens du travail, l’intérêt et la motivation<br />
pour ce dernier. Par exemple, la polyvalence et la standardisation peuvent accroitre, chez les<br />
compagnons, le sentiment d’être facilement remplaçable et donc de ne pas être utile pour<br />
l’organisation.<br />
Concernant l’activité, les limites d’une forte polyvalence des opérateurs et d’un niveau<br />
important de standardisation du travail, peuvent apparaitre lorsque une activité est réinternalisée<br />
ou lors de la fabrication d’un produit moins industrialisé. Les compétences et le<br />
savoir-faire nécessaire seront-ils présents <br />
4.4.7. Une bonne adéquation charge / capacité <br />
Actuellement, certaine équipes ont le sentiment de ne pas avoir assez d’effectif par rapport à<br />
la charge de travail à réaliser. Ce sentiment est renforcé depuis le début du projet TARGET<br />
qui mobilise 5 compagnons entre 50% et <strong>10</strong>0% de leur temps.<br />
Actuellement, les moyens utilisés pour faire face aux pics de charge ou à des absences courtes<br />
durées<br />
- répartition du travail sur les présents<br />
- faire appel à des compagnons hors de l’équipe. Ex : 2 personnes du 21 – 25 en arrêt<br />
(les plus expérimentés), ce sont des compagnons d’une autre équipe qui sont venus en<br />
support.<br />
Concernant l’adéquation charge / capacité après le déploiement d’ARP, des questions restent<br />
pour l’instant sans réponses :<br />
- Combien d’ETP par tronçon <br />
- Par rapport au plan de charge prévisionnel, l’effectif est-il suffisant qu’est-il prévu<br />
dans le cas où de nouveaux contrats sont décrochés <br />
- Plus de flexibilité par la polyvalence, est ce que ce sera le seul levier Si oui, quels<br />
risques pour l’organisation et les salariés <br />
61
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
4.4.8. Une incertitude sur l’avenir<br />
Les incertitudes sur l’avenir ressenties par l’ensemble de la production se trouvent à deux<br />
niveaux différents : évolution de l’activité et changement d’horaire de travail.<br />
Les incertitudes et craintes sur l’évolution de l’activité sont liées aux points suivants :<br />
- L’augmentation de la sous-traitance interroge les salariés dans le cas d’une réinternalisation<br />
future de certaines activités. Ainsi, ils pointent du doigt le risque de<br />
« ne plus savoir faire demain ce que l’on fait aujourd’hui ».<br />
- D’une meilleure industrialisation découlera une augmentation des tâches<br />
d’assemblage au détriment des tâches d’ajustement. Les compagnons ont ainsi le<br />
sentiment qu’ils utiliseront moins et donc qu’ils vont perdre la logique de réflexion<br />
qu’ils possèdent actuellement. En lien avec cette problématique, la question de la<br />
rémunération est également interrogée : « si nous sommes des monteurs pourquoi on<br />
nous payerait comme des ajusteurs <br />
- Un besoin moins important de qualification élevé : de plus en plus de sous-traitance,<br />
nouvelle organisation plus standardisé, plus d’école de formation…<br />
- Une crainte que le travail parte à l’extérieur: une fois que tout sera standardisé et<br />
bien maitrisé, est ce que le travail restera ici <br />
Les incertitudes et craintes sur le passage en horaire normal sont liées aux points suivants :<br />
- les compagnons ont conscience que si le Lean permet d’atteindre les objectifs que se<br />
fixent la Direction, l’organisation permettra de passer en journée.<br />
- les principales craintes associées aux changements d’horaires sont la perte de salaire et<br />
une organisation vie familiale / professionnelle à repenser.<br />
Sur le court terme, les salariés du secteur des demi-coquilles souffrent particulièrement de<br />
l’absence de visibilité sur leur devenir. Il est décidé que 3A reprenne le travail des demicoquilles.<br />
Cette décision et la succession de changements qui peuvent en découler génèrent<br />
des inquiétudes chez les salariés :<br />
- Les salariés ne connaissent pas les raisons associées à la décision ainsi cette dernière<br />
n’est pas comprise par les salariés concernés.<br />
- Pas de visibilité sur où ils seront après octobre : SMS Falcon ou Rafale <br />
- Deux changements en un an : 1) dispatché dans les équipes SMS Falcon ou Rafale, 2)<br />
l’ensemble de l’équipe revient au Rafale.<br />
- Est-ce que le travail fait dans le cadre du projet Target va être appliqué pour 3A dans<br />
les deux cas, la situation est difficile à vivre pour les salariés de l’équipe :<br />
62
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
o « Tout le travail est fait mais c’est d’autres qui en profitent »<br />
o « Tout le travail est fait et il n’est pas utilisé ».<br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Les craintes des salariés concernant les évolutions des activités et les changements d’horaire<br />
de travail renvoient directement aux choix stratégiques faits par la direction de Dassault. Il<br />
apparait essentiel d’apporter aux salariés de la visibilité sur cette dernière et ceci en<br />
différenciant les projets et enjeux à court, moyen et long terme.<br />
Il s’agit ainsi d’apporter des réponses concrètes aux risques identifiés par les salariés<br />
(externalisation des activités, diminution du salaire…) et les mesures d’accompagnement<br />
nécessaire.<br />
4.5. Les phases critiques de redémarrage et d’installation provisoire<br />
Lors des travaux ou du passage entre les deux organisations il est nécessaire de garantir la<br />
continuité de la production. Pour cela, une stratégie de redémarrage va être déployée :<br />
démarrer les nouveaux bâtis, garantir la continuité de l’activité... Pour TARGET, à partir de<br />
septembre, un responsable d’équipe sera entièrement détaché de la production pour élaborer et<br />
déployer la stratégie de redémarrage. Au moment de nos investigations, les phases suivantes<br />
étaient prévues :<br />
Phase 1 : déménagement temporaire pendant travaux.<br />
- Organiser le déménagement de début août : 21-25 / 1-25 couture et stade 2.<br />
- Organiser le déménagement de décembre : 7-21<br />
Phase 2 : Implanter la nouvelle chaine TARGET :<br />
- Qui va où Combien de secteurs ou unités bougent <br />
- Tous les secteurs vont mettre en place le Lean et sont donc susceptibles de bouger<br />
leurs bâtis, gagner de l’espace ou en avoir besoin d’un peu plus…<br />
Sur FARE, le calendrier de validation a été reporté d’Avril à Septembre et les options en<br />
termes de choix de bâtis n’étaient pas encore arrêtées lors de nos phases d’investigations.<br />
Mais le même type d’interrogations se pose pour ce périmètre, à la différence près que le<br />
choix du type de bâti pourrait avoir des répercussions sur les surfaces nécessaires au<br />
redéploiement des nouveaux postes car si le principe de « glissement » d’un revêtement d’un<br />
poste à l’autre semble clairement acquis, la question reste posée de savoir si :<br />
63
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- c’est le bâti dans sa totalité qui sera ainsi transféré de poste en poste<br />
- ou seulement une partie « porteuse » du revêtement (venant s’insérer dans le bâti<br />
suivant)<br />
Cette deuxième alternative aurait alors pour conséquence de devoir :<br />
- sortir la pièce d’un poste (perpendiculairement à la ligne de fabrication)<br />
- la déplacer le long de la ligne jusqu’au poste suivant (*)<br />
- la réinsérer sur le poste aval.<br />
(*)<br />
Ce qui selon nous n’est envisageable qu’à deux conditions : que l’espace de transfert soit<br />
libre, c'est-à-dire dédié exclusivement à cela (et non avec l’obligation de déplacer<br />
temporairement les bords de ligne ou les établis/servantes) et qu’il soit équipé d’aide à la<br />
manutention (aérienne ou au sol).<br />
L’impact en termes de surface est donc très différent selon l’option qui sera finalement<br />
retenue. Et par conséquent les secteurs touchés peuvent l’être également.<br />
64
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Concernant l’installation dans l’atelier provisoire prévu à minima entre septembre <strong>2013</strong> et<br />
avril 2014, des difficultés sont déjà à prévoir et à prévenir :<br />
- Problématiques d’organisation du travail. Exemple : concernant la gestion du tronçon<br />
1-25 des difficultés: équipe physiquement divisée en 2, changement de chef<br />
d’équipe…<br />
- Risque de manque de place : difficultés pour mettre la roulante au pied du bâti, se<br />
déplacer… passage de 150 m² à <strong>10</strong>0,<br />
- Proximité avec l’atelier peinture et donc le risque de nuisances olfactives<br />
- Proximité de la porte et donc des risques de courants d’air<br />
Concernant l’installation des nouveaux ateliers, la principale difficulté va résider dans le jeu<br />
de taquin : quel atelier bouge en 1 er quelle place est libérée quel atelier bouge en 2 ème …<br />
Ceci va demander un travail important de réflexion en amont : rigueur sur les dates,<br />
coordination importante avec les MIG (moyens industriels et généraux)…<br />
Nous pouvons imaginer que la démarche ARP va prendre plusieurs années avant d’être<br />
déployée sur l’ensemble de Dassault Argenteuil. Ainsi quelques années seront nécessaires<br />
avant d’avoir un aménagement physique stabilisé.<br />
65
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
5. La prévention des risques<br />
66
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
5.1. L’organisation globale de la prévention des risques<br />
professionnels.<br />
5.1.1. TMS et vibration, une analyse construite et portée par la médecine du<br />
travail<br />
Le médecin du travail a mis en place un dispositif d’analyse des contraintes posturales par<br />
postes de travail. Dans le cadre des formations « gestes et postures », le médecin du travail et<br />
le salarié mènent une analyse au poste de travail de ce dernier. Huit catégories de contraintes<br />
physiques sont étudiées. Un compte rendu est ensuite rédigé en précisant les contraintes<br />
posturales, les risques associés et certaines propositions d’actions. Il est communiqué au chef<br />
d’unité et au service HSE.<br />
Cette analyse est axée autour de la prévention de deux des principaux risques professionnels :<br />
TMS et vibration. Le tableau ci-dessous présente les effectifs soumis au risque de maladies<br />
professionnelles (MP) en lien avec le risque de TMS.<br />
Numéro du tableau des maladies professionnelles<br />
Tableau n°57 : affections péri articulaires provoquées par certains<br />
gestes et postures de travail.<br />
Tableau n°69 : affections provoquées par les vibrations et chocs<br />
transmis par certaines machines-outils et objets et par des chocs<br />
itératifs du talon de la main sur les éléments fixes.<br />
Tableau n°97 : affections chroniques du rachis lombaire provoquées<br />
par des vibrations de basses et moyennes fréquences transmis au<br />
corps entier<br />
Tableau n°98 : affections chroniques du rachis lombaire provoquées<br />
par la manutention de charges lourdes.<br />
Effectif soumis à un<br />
risque de MP<br />
557<br />
3<strong>04</strong><br />
95<br />
52<br />
Ce travail est réalisé sur des postes de production et les fonctions support. Courant de l’année<br />
dernière, 130 postes RQTH ont été étudiés. De nombreuses propositions d’aménagement de<br />
poste ou d’amélioration technique ont été faites aux chefs d’unité. La question du financement<br />
de ces dernières se pose : sur quel budget sont imputées les dépenses issues des propositions<br />
du médecin <br />
67
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
A terme cet outil pourrait être une aide pour proposer des postes davantage adaptés, au sens<br />
de moins contraignants, pour les salariés souffrants de certaines pathologies.<br />
5.1.2. L’inaptitude en réponse à l’absence d’aménagement de poste <br />
Les aptitudes avec restrictions limitées dans le temps ou les inaptitudes temporaires peuvent<br />
être utilisées comme une réponse temporaire pour gérer les atteintes du travail sur la santé du<br />
salarié.<br />
Le tableau ci-dessous montre une augmentation des inaptitudes temporaires au travail et des<br />
inaptitudes à la reprise du travail sur les 3 dernières années.<br />
Après discussion avec les acteurs de la prévention, extraire le salarié de la situation de travail<br />
pathogène pour sa santé est à ce jour la principale solution à apporter. Les deux principales<br />
raisons évoquées :<br />
- Des nombreux postes avec de fortes sollicitations physiques en lien avec les<br />
caractéristiques du produit fabriqué,<br />
- Pas ou peu de postes « allégés » qui pourraient être proposés temporairement au salarié.<br />
20<strong>10</strong> 2011 2012<br />
Effectif attribué 1<strong>04</strong>8 <strong>10</strong>13 990<br />
Inapte temporairement au travail (1) 74 56 87<br />
Inapte à la reprise du travail 1 5 13<br />
(1) inclus les salariés renvoyés à leur domicile pour maladie par exemple.<br />
5.1.3. Les indicateurs suivis par les différents acteurs de la prévention<br />
Les documents de traçabilité des évènements relatifs à la prise en charge médicale des salariés<br />
et les indicateurs suivis (RH HSE, médicaux) sont les suivants :<br />
- Registre des accidents bénins ,<br />
- Registre d’activité quotidienne de l’infirmerie : référence l’ensemble des passages à<br />
l’infirmerie,<br />
- Registre d’activité médical : logiciel Horizon,<br />
- Accidents du travail bénins et déclarés, jours d’arrêt, accidents de trajet…,<br />
- Taux de fréquence et de gravité,<br />
68
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Maladies professionnelles,<br />
- Suivi sur les produits chimiques utilisés et les remplacements,<br />
- Absentéisme.<br />
Zoom sur l’absentéisme<br />
Le tableau ci-dessous présente les taux d’absentéisme sur les trois dernières années. Il est<br />
pertinent de mettre en parallèle les taux d’absentéisme aux effectifs dans chaque catégorie. Le<br />
taux d’absentéisme des salariés travaillant en production (CA PF TA) est particulièrement<br />
élevé.<br />
Cadres<br />
Indice<br />
>= <strong>10</strong>0<br />
cadres<br />
Indices<br />
< <strong>10</strong>0<br />
Cadres<br />
coefficients<br />
Techniciens<br />
Agents de<br />
maîtrise<br />
Employés ATA CA PF TA<br />
Autres<br />
catégories TOTAL<br />
20<strong>10</strong> 1,19 2,22 8,11 3,93 6,18 6,32 7,43 6,6 5,27<br />
2011 1,8 1,6 1,19 2,97 8,97 7,52 7,52 2,24 5,45<br />
2012 1,39 1,76 0 3,43 8,85 5,21 8,24 5,13 5,<strong>04</strong><br />
Effectif<br />
2012 <strong>10</strong>6 125 1 172 46 242 260 19 971<br />
En <strong>2013</strong>, la direction lance un plan d’action de gestion de l’absentéisme qui s’articule autour<br />
de 3 chantiers :<br />
1) Diminuer le nombre d’absences non justifiées qui correspondaient en moyenne à<br />
800h par mois. Les principales actions :<br />
- Identifier et analyser les situations : qui, quand, quel secteur… 20 cas<br />
individuels ont été suivis de près : discussion, avertissement pouvant aller<br />
jusqu’au licenciement (3 cas).<br />
- Sensibilisation importante des managers : sensibiliser ensuite les équipes, faire<br />
évoluer les représentations « l’absentéisme n’est pas une fatalité »…<br />
Après 6 mois, le nombre d’heures d’absences injustifiées par mois se situe entre 20h et<br />
40h.<br />
2) Contrôler et analyser les absences pour maladies notamment les arrêts de moins<br />
de 3 jours qui représentent 70%. Les principales actions :<br />
- Identifier et analyser les situations : qui, quand, pourquoi…,<br />
- Ne pas accepter systématiquement trop de semaines de congés consécutives,<br />
- Rappeler au salarié qu’il doit justifier son arrêt dans les 48h après le début de ce<br />
dernier,<br />
- Augmentation des contrôles des personnes en arrêt.<br />
3) Mener une réflexion pour proposer une autre alternative à l’arrêt de travail<br />
après accident de travail. Les principales actions (pas encore totalement menées) :<br />
- Cartographier les postes en fonction des contraintes physiques,<br />
69
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Intégrer une réflexion sur les conséquences sur la production pour qu’ainsi un<br />
poste aménagé ne soit pas plus coûteux (pour le manager et l’équipe) qu’un<br />
poste non aménagé. Exemple : budget spécifique pour les postes occupés par un<br />
accidenté organisation adaptée Ce chantier n’a pas encore été engagé.<br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Le travail mené depuis début <strong>2013</strong> par la direction du site d’Argenteuil pour réduire<br />
l’absentéisme est principalement centré sur une augmentation du niveau de contrôle et une<br />
responsabilisation de chaque individu (salariés absents, managers…).<br />
Ce travail présente la limite de ne pas agir sur les causes de l’absentéisme. L’analyse<br />
des causes est indispensable pour pouvoir mener les actions à la source et ainsi être dans la<br />
prévention de l’absentéisme. La direction a conscience de cette limite, c’est pour cette raison<br />
qu’une démarche nationale est initialisée dans ce sens, avec l’appui d’un cabinet extérieur<br />
(ALMA).<br />
L’absentéisme est un bon thermomètre du climat qui règne dans l’entreprise ou un service.<br />
En effet, les dysfonctionnements d’organisation ou les problèmes psychosociaux peuvent<br />
être des causes importantes des arrêts de travail. Des études expliquent ce lien :<br />
- 28 % des salariés déclarent se mettre en arrêt maladie pour excès de stress (INRS,<br />
2007)<br />
- L’absentéisme augmente fortement avec le niveau d’exposition aux contraintes<br />
physiques et psychosociales (DARES, <strong>2013</strong>).<br />
Ainsi, comme pour les risques psychosociaux, pour agir sur l’absentéisme, il faut chercher<br />
du côté des conditions physiques et matérielles, à l’organisation du travail, au sens du travail,<br />
aux relations professionnelles, aux pratiques managériales, à l'autonomie, à la différence<br />
entre travail prescrit et réel, au déséquilibre ressenti entre vie privée / vie professionnelle…<br />
5.1.4. La prévention des risques psychosociaux (RPS).<br />
Comme le prévoit l’accord Dassault Aviation relatif à l’évaluation et la prévention du stress<br />
en entreprise de juin 2006, le dispositif d’évaluation du stress se base sur « un questionnaire<br />
qui cible le ressenti du salarié au travail : environnement de travail, état de santé… et d’une<br />
grille d’évaluation qui permet de mesurer les facteurs de stress suivants différents<br />
domaines »<br />
70
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
5.1.4.1. Le questionnaire<br />
L’évaluation des RPS est faite par le médecin du travail lors de la visite annuelle ou biennale :<br />
1) Un questionnaire est proposé au salarié immédiatement avant la visite médicale.<br />
2) Le questionnaire est ensuite commenté lors de la visite. C’est à l’issue de l’échange<br />
que le médecin effectue une cotation (1-nul / 2-bas/ 3-moyen /4-élévé) et qu’une prise<br />
en charge de la situation du salarié par un tiers (médecin traitant, responsable<br />
hiérarchique, RRH...) peut être envisagée.<br />
Le tableau ci-dessous présente les résultats, sur les 3 dernières années, issus de cette<br />
méthodologie.<br />
20<strong>10</strong> 2011 2012<br />
Nombre de salariés questionnés 931 873 898<br />
Pourcentage de salariés cotés 3<br />
(moyen) ou 4 (élevé)<br />
6% 13% 12,5%<br />
Nombre de salariés orientés vers<br />
un tiers<br />
12 8 <strong>10</strong><br />
5.1.4.2. La grille d’évaluation<br />
La grille d’évaluation a pour objectif d’identifier les facteurs de risques de stress suivant<br />
différents domaines :<br />
- Facteurs liés à la tâche ou au contenu même du travail à effectuer,<br />
- Facteurs liés à l’organisation du travail,<br />
- Facteurs liés aux relations de travail,<br />
- Facteurs liés à l’environnement physique et technique,<br />
- Facteurs liés à l’environnement socio-économique de l’entreprise.<br />
Cette grille est renseignée par le médecin du travail en se basant sur les échanges avec le<br />
salarié et sa connaissance des métiers et de l’organisation.<br />
Nous notons une incohérence dans le nombre de salariés questionnés : 369 sur le compte<br />
rendu détaillé <strong>10</strong> des résultats issus de la grille d’évaluation alors que le rapport de la médecine<br />
du travail mentionne 873 salariés questionnés en 2011. Ce constat nous pose question sur la<br />
pertinence des résultats issus de la grille d’évaluation et rend son analyse plus nuancée.<br />
Dans les résultats de la grille d’évaluation de 2011 (396 salariés interrogés), les 5 familles des<br />
facteurs les plus présents sont les suivantes :<br />
<strong>10</strong> Document fourni par le DRH<br />
71
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
1) Facteurs liés aux relations de travail : management, soutien social et reconnaissance,<br />
2) Facteurs liés à l’environnement socio-économique de l’entreprise : sécurité de<br />
l’emploi et salaire,<br />
3) Facteurs liés à l’organisation du travail : changement de poste,<br />
4) Facteurs liés à la tâche ou au contenu de travail : exigences quantitatives,<br />
5) Facteurs liés à l’environnement physique et technique : nuisances, ergonomie et<br />
conception du poste ou des lieux de travail.<br />
D’après les résultats de l’enquête RPS de 2011 et les échanges avec les acteurs de la<br />
prévention, le risque psychosocial n’apparait pas comme un risque prépondérant sur<br />
l’établissement de Dassault Aviation d’Argenteuil.<br />
5.1.4.3. Déploiement du plan d’action jusqu’en 2015<br />
La direction propose un plan d’action de prévention autour de 5 axes renvoyant aux 5<br />
principales familles de facteurs. La majorité des actions s’inscrit dans des chantiers déjà<br />
existants ou des projets à venir :<br />
- Développement de l’organisation Lean Manufacturing et mise en place du compagnon<br />
référent et ainsi favoriser l’entraide, le soutien…<br />
- Déploiement de l’accord GPEC<br />
- Plan d’action pénibilité<br />
- …<br />
Les autres actions se placent dans une approche d’accompagnement individuel :<br />
- Procédure de changement de poste : délai minimum de prévenance 2 semaines avant<br />
changement de poste, entretien individuel en sortie de poste…<br />
- Plan d’action individuel à dresser entre la personne et son management avec<br />
coordination RH dans les cas de surcharge de travail.<br />
5.1.4.4. En 2015…<br />
En <strong>2013</strong>, l’évaluation des risques psychosociaux est suspendue au niveau société et ceci afin<br />
de mettre en place les plans d’actions décidés dans les différents établissements.<br />
Le dispositif sera de nouveau déployé début 2015, ce qui permettra d’aboutir à une nouvelle<br />
mesure fin 2015 et un nouveau plan d’action début 2016.<br />
72
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong> sur le dispositif de prévention des RPS.<br />
Le dispositif « questionnaire » permet d’identifier les personnes en situation de troubles<br />
psychosociaux, c’est-à-dire déjà porteuses de symptômes de stress, de mal-être…en lien avec leur<br />
travail. En effet, le système de cotation permet d’aboutir à la nécessité ou non d’une prise en<br />
charge de la situation du salarié par un tiers. Nous constatons d’ailleurs que le nombre de salariés<br />
orientés vers un tiers est égal à la proportion de salariés coté 4 (risque élevé). Il s’agit bien d’un<br />
dispositif de prévention tertiaire (= prise en charge des troubles, action corrective).<br />
Cette prise en charge est nécessaire mais elle ne permet pas de mener une réflexion sur les<br />
sources de stress ou de mal-être du salarié. Quelles actions de prévention pour les salariés côtés<br />
2 (bas) ou 3 (moyen) L’objectif est de ne pas attendre que les salariés soient côtés 4 (élevé) pour<br />
mettre en place des actions. Ainsi, pour limiter en amont l’apparition de troubles psychosociaux,<br />
il est nécessaire de mettre en place un dispositif de prévention primaire des RPS (= prévenir le<br />
risque d’apparition des troubles « à la source »). Dans l’accord Dassault Aviation relatif à<br />
l’évaluation et la prévention du stress en entreprise de juin 2006, c’est le dispositif « grille<br />
d’évaluation » qui doit normalement permettre d’identifier les facteurs de causes comme pouvant<br />
participer à l’émergence de risques psychosociaux et donc de faire la prévention primaire de ces<br />
risques.<br />
Le dispositif « grille d’évaluation » se base sur les principales familles de risques identifiées par<br />
l’INRS, l’ANACT ou les études scientifiques sur le stress professionnel (Karasek, Siegrist...).<br />
Ainsi, les familles de facteurs de risques nous apparaissent pertinentes pour développer une<br />
approche de prévention primaire. La grille est complétée par le médecin du travail en concertation<br />
avec le salarié. Ainsi, un biais existe de fait car le médecin est un intermédiaire et donc<br />
potentiellement un filtre entre le ressenti réel du salarié et l’annotation faite sur la grille<br />
d’évaluation. De plus, avec cette méthode, il faut s’assurer que l’ensemble des médecins ait la<br />
même appréciation de l’objectif poursuivi par cette grille d’évaluation : identification des facteurs<br />
de risques et non pas des troubles (recueilli par le dispositif « questionnaire »). Habituellement, la<br />
majorité des études sur les facteurs de RPS comparable à celle menée par Dassault interroge<br />
directement le ressenti du salarié sur les familles de risques. Autrement dit, c’est le salarié seul qui<br />
complète le questionnaire ou la fiche d’évaluation.<br />
Pour finir, l’arrêt du dispositif d’évaluation des RPS entre fin 2012 et 2015 nous pose<br />
questions : comment rester en alerte sur les RPS est-ce que les projets d’organisation<br />
actuellement déployés ont un impact sur les RPS Comment sont-ils identifiés prévenus <br />
... La pertinence de ces questions est renforcée par l’absence d’analyse amont de l’impact du projet<br />
ARP sur les RPS. De plus, à l’issue de nos investigations, nous identifions que de nouveaux<br />
facteurs de risques psychosociaux peuvent découler de la nouvelle organisation : sentiment de<br />
perdre du savoir-faire, diminution des marges de manœuvre, modifications des relations<br />
professionnelles….<br />
73
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
5.2. La prévention des risques professionnels dans le projet ARP<br />
principalement axée sur les risques liés aux contraintes physiques<br />
Il s’agit de présenter de quelle façon les différents acteurs de la prévention ont été intégrés<br />
dans le projet ARP ;<br />
- Service HSE :<br />
o Intervient comme support, conseil au fil de l’avancement du projet. Par sa<br />
participation au comité de pilotage élargi, le service HSE pointe au fil de l’eau les<br />
points de vigilance relatifs à son périmètre.<br />
o Les principaux sujets investigués : les postures pénibles, l’éclairage des bâtis, prise en<br />
compte des aspects sécurité dans la révision des bâtis, outillages utilisés par les<br />
compagnons…<br />
o Le principal objectif fixé est d’améliorer l’aspect ergonomique des postes de travail<br />
c’est-à-dire diminuer les contraintes posturales. Ceci passe principalement par la<br />
création des bâtis en intégrant l’approche ergonomique et par des changements ou des<br />
améliorations de l’outillage (perceuses moins lourdes, améliorer les fixations…)<br />
- Médecin du travail :<br />
o Intégration du médecin du travail principalement sur TARGET : aide au choix du<br />
cabinet d’ergonomie, participation aux réunions du groupe projet, participation aux<br />
simulations des nouveaux postes de travail lors de l’élaboration des bâtis.<br />
o Faible participation au projet FARE et CAP12 car à ce moment, le médecin effectuait<br />
le remplacement d’un confrère.<br />
o Il est intervenu en support principalement sur les problématiques de contraintes<br />
physiques. Il n’a pas été sollicité sur les questions d’organisation du travail :<br />
polyvalence, changement dans les relations professionnelles, risque d’isolement…<br />
- Ergonome AFPI<br />
o Son périmètre : dans le cadre de la réindustrialisation, apporter l’approche de<br />
l’ergonomie physique dans la construction des nouveaux bâtis. Ainsi les sujets<br />
d’attention ont été les suivants : l’implantation du poste de travail, les postures, les<br />
manipulations d’outils et l’ambiance physique (lumière, bruit…)<br />
74
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Remarques et analyses <strong>SECAFI</strong><br />
Les acteurs de la prévention ont été intégrés au fil de l’avancement du projet sur des thèmes<br />
touchant principalement à l’aménagement physique des espaces et aux contraintes<br />
posturales. Ces thèmes ont donc été étudiés avec le regard croisé du médical, de l’ergonomie<br />
et de HSE.<br />
Ainsi le champ de l’ergonomie physique a été relativement investigué par les acteurs de la<br />
prévention. Cependant ces derniers n’ont pas été intégrés aux réflexions renvoyant aux<br />
deux autres champs de l’ergonomie : l’ergonomie cognitive et organisationnelle.<br />
Dans le cadre d’ARP, la prise en compte de l’Homme passe principalement par l’intégration<br />
des aspects physiques ou physiologiques de ce dernier. Lors du déploiement d’un projet<br />
d’organisation tel que ARP, l’ensemble des impacts potentiels sur les conditions de travail<br />
des salariés doit être envisagé. Pour se faire, il est essentiel de considérer les impacts<br />
cognitifs et organisationnels sur les salariés.<br />
- Dans le champ de l’ergonomie cognitive, les thèmes à étudier pourraient être la<br />
charge mentale notamment lié aux interruptions de tâches ou aux nouvelles tâches à<br />
réaliser, la prise de décision, l'erreur et les conséquences associées, le stress<br />
professionnel…<br />
- Dans le champ de l’ergonomie organisationnelle, les thèmes à étudier pourraient<br />
être : le développement de la polyvalence, la parcellisation du travail, la gestion des<br />
compétences, les horaires et rythmes de travail, le travail en équipe, la co-activité…<br />
Par exemple, les questions à se poser peuvent être les suivantes :<br />
- Quels sont les risques associés à tel changement <br />
- Quels impacts a ce changement sur la charge mentale, le risque et la gestion des<br />
erreurs… <br />
- Comment le fonctionnement cognitif du salarié est pris en compte dans ces<br />
changements <br />
- Une fois que les risques sont identifiés, comment les prévient-on ...<br />
75
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
6. Préconisations<br />
76
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
6.1. Entreprendre un retour d’expérience approfondi de CAP 12<br />
Comme nous l’avons souligné dans l’analyse du projet CAP 12, le fonctionnement actuel du<br />
secteur est soumis à des difficultés voire dysfonctionnements.<br />
Un retour d’expérience poussé devrait être réalisé avec l’apport direct de toutes les<br />
parties prenantes : compagnons, référents, agents de maîtrise, fonctions supports…sans<br />
oublier les secteurs amont et aval, directement en prise avec CAP 12. Ainsi que les<br />
prestataires méthodologiques (Geolean) ou techniques (Sogéclair).<br />
Il est primordial selon nous que cette remontée d’information soit effectuée avec objectivité et<br />
sans intermédiaire afin de garantir qu’aucun filtre ne sera appliqué (même inconsciemment)<br />
pour garantir une visibilité totale des problèmes rencontrés et permettre leur résolution.<br />
En synthèse, il s’agit de garantir la robustesse des méthodes employées et des décisions<br />
prises. Cela permettrait aussi enfin de mieux cerner les aspects budgétaires en prenant en<br />
compte les éléments non prévus initialement mais finalement nécessaires au vue de la réalité<br />
et de les inscrire comme données d’entrée a-priori pour les projets à venir.<br />
Cette phase aurait aussi comme vertu de (re)mettre en avant le travail réel des salariés en<br />
mettant en exergue :<br />
- la connaissance approfondie des postes de travail,<br />
- la description fine des aléas et de leurs modes de régulation,<br />
- les actions correctives effectuées ou envisagées.<br />
Au-delà des retombées immédiates à attendre de cette meilleure prise en compte du travail<br />
réel, l’implication des salariés au plus près de leurs préoccupations permettrait de limiter un<br />
risque important pour les phases post-projets : la non-adhésion aux chantiers d’amélioration<br />
(Kaizen), ou du moins une adhésion limitée (notamment dans le temps).<br />
En effet, si les salariés ne voient pas l’utilité de leur participation ou considèrent qu’elle<br />
n’est qu’une façade (expression limitée, attentes non prises en compte, opacité des<br />
décisions prises, absence de budget dédié aux améliorations …), il est certain qu’ils y<br />
verront non pas un investissement pour leur propre quotidien, mais une perte de temps<br />
et une contrainte. D’autant que le temps consacré aux chantiers s’accompagnera<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
nécessairement d’ajustements des charges de travail individuelles pour l’ensemble des salariés<br />
(participant ou non aux chantiers) durant la durée de ceux-ci.<br />
6.2. Envisager un recadrage des calendriers de FARE et TARGET pour<br />
intégrer le retour d’expérience CAP 12<br />
En lien direct avec le point précédent, il nous semble pertinent que l’établissement se ménage<br />
la possibilité de décaler les calendriers des projets aux vues des enseignements tirés du retour<br />
d’expérience réalisé sur le projet CAP 12.<br />
Cette latitude aurait plusieurs avantages :<br />
- Permettre de continuer à bâtir les projets en cours (et à venir) sur des bases solides et<br />
reconnues,<br />
- Montrer clairement à l’ensemble du personnel l’importance stratégique de la démarche<br />
dans sa globalité par l’importance que l’on y accorde en termes de temps et de<br />
moyens,<br />
- Limiter les freins au changement en affichant la volonté que « les choses se passent<br />
dans les meilleures conditions possibles »,<br />
- Favoriser une implication plus sereine des effectifs dans les projets à venir,<br />
- Garantir que l’atteinte des objectifs poursuivis sera bien réelle et conforme au planning<br />
initial (limiter les phases de montée en cadence).<br />
6.3. Accélérer le travail sur la disponibilité des pièces<br />
Il serait illusoire de remettre aujourd’hui en question les choix qui ont abouti à démarrer la<br />
démarche ARP « par la fin des process » car il est évident qu’un retour en arrière est pour<br />
ainsi dire irréaliste et apporterait très probablement plus de contraintes qu’il n’en résoudrait.<br />
78
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
En revanche, parallèlement au report de calendrier évoqué au chapitre précédent, il nous<br />
semblerait pertinent qu’un effort plus soutenu sur les pièces (manques, mauvaises définitions<br />
…) soit consenti plutôt que d’attendre que les effets des projets « clients » n’apportent leurs<br />
fruits par ricochets sur cette problématique car c’est la porte d’entrée de tous les process<br />
internes.<br />
Chaque avancée aurait des répercussions immédiates et tangibles pour l’ensemble des secteurs<br />
et faciliterait par là-même le démarrage des projets futurs.<br />
Il nous parait opportun de mener à terme ce travail avant d’engager d’autres démarches ou de<br />
réenclencher celles (éventuellement) suspendues (cf. § 6.2).<br />
6.4. Faciliter la transition entre l’organisation actuelle du travail et le<br />
fonctionnement Lean<br />
Neutraliser toute notion d’objectif individuel ou collectif durant les phases de<br />
démarrage et de rodage des secteurs.<br />
Renforcer les effectifs dédiés à ces secteurs jusqu'à ce qu’ils soient suffisamment<br />
matures. Ceci est pour nous d’autant plus important entre les périmètres FARE et CAP 12 car<br />
l’écart risque, de manière temporaire tout du moins, de se creuser d’avantage entre un secteur<br />
récemment modifié et un autre moins fragile.<br />
Ce point sera d’ailleurs selon nous à garder à l’esprit tout au long du déploiement de la<br />
démarche ARP, chaque nouveau secteur passant en fonctionnement Lean produisant des<br />
impacts sur ses « voisins ».<br />
6.5. Donner une meilleure vision globale des projets aux compagnons<br />
Donner du sens et une utilité organisationnelle et humaine aux changements qui<br />
découlent de la démarche ARP.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Définir les objectifs poursuivis par la démarche Lean : lui donner du sens et une utilité<br />
pour les différentes fonctions de l’entreprise.<br />
Réduire et/ou accompagner l’incertitude sur l’avenir<br />
- Apporter aux salariés de la visibilité sur les choix stratégiques faits par la direction de<br />
Dassault Aviation Argenteuil et ceci en différenciant les projets et enjeux à court,<br />
moyen et long terme. Par la transparence, il s’agit d’apporter des réponses aux<br />
craintes des salariés concernant les évolutions des activités (externalisation…) et les<br />
changements d’horaire potentiels.<br />
Il s’agit ainsi d’apporter des réponses concrètes aux risques identifiés par les salariés<br />
(externalisation des activités, avenir des horaires variables…) et les mesures<br />
d’accompagnement nécessaires.<br />
Informer régulièrement les compagnons sur les décisions prises, notamment celles<br />
concernant les remontées de terrain :<br />
- quelles sont celles qui sont retenues <br />
- quelles sont celles qui sont écartées pourquoi <br />
- quels sont les délais de mise en œuvre <br />
-<br />
Donner une vision globale du projet :<br />
- quelles sont les différentes phases, le temps imparti pour chacune <br />
- Quelle fonction sera sollicitée à quelle phase <br />
Dans ce cadre, nous préconisons que les affichages relatifs aux projets soient directement<br />
accessibles dans les ateliers, à la vue de tous. Cette lisibilité apporterait une transparence,<br />
une équité face à la disponibilité de l’information et permettrait ainsi de limiter, autant que<br />
faire se peut, les interprétations quant aux projets (déroulements, décisions prises,<br />
interlocuteurs…).<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
6.6. Renforcer l’approche ergonomique sur les postes<br />
L’intégration d’un ergonome dans les projets, en appui avec le service HSE et le médecin du<br />
travail a certes permis de pointer des contraintes physiques sur les postes de travail, mais<br />
l’approche demeure à notre sens encore limitée.<br />
L’analyse de contraintes portant sur les membres supérieurs en particulier, devrait être<br />
mise en avant compte tenu des effectifs soumis à des sollicitations pouvant générer des<br />
atteintes de type TMS. Car bien que la fréquence de sollicitation puisse globalement (au<br />
regard du temps de cycle) être considérée comme faible, certaines phases de travail sont<br />
particulièrement pénalisantes en instantanée (cas du rivetage de lisses/cadres pouvant compter<br />
une centaine de rivets) : vibrations, maintien des outils très contraignants (cas des grands C),<br />
accessibilité difficile occasionnant des angulations extrêmes au niveau du<br />
poignet/coude/épaule).<br />
En lien avec l’accessibilité, la question de l’éclairage gagnerait à être analysée plus<br />
précisément car la bonne visibilité des zones de travail conditionne en partie les postures et la<br />
gestuelle à adopter pour réaliser le travail dans les meilleures conditions possibles (sans<br />
compter qu’elle permet d’assurer un autocontrôle de la qualité des opérations réalisées).<br />
Au-delà de la recherche d’amélioration sur les aspects gestuelle/postures ou l’éclairage, il<br />
conviendrait de soutenir les recherches et essais d’outils moins sollicitants, que ce soit pour<br />
leur manipulation proprement dite, mais aussi par rapport à leurs caractéristiques techniques<br />
(absorption des vibrations pour les riveteuses tout particulièrement).<br />
Les nuisances sonores ne sont pas à sous-estimer non plus. Là encore, bien que le niveau<br />
général de bruit dans les ateliers ne soit pas élevé (discussion normale possible la plupart du<br />
temps), c’est le caractère ponctuel et imprévisible des nuisances sonores qui pose le plus<br />
problème selon nous. Il représente en effet une élévation subite (en crête), qui peut surprendre<br />
les compagnons travaillant aux alentours immédiats occupés à des tâches requérant<br />
concentration et minutie.<br />
La mise en place de séparations phoniques entre postes (du type des panneaux isolants<br />
existants au secteur T1 Falcon) permettrait de réduire ces nuisances.<br />
L’activité aux postes nécessitant de longues phases de station debout avec peu de<br />
déplacements, l’ajout de tapis antifatigue, partout où cela est possible, permettrait de<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
minimiser les contraintes de piétinement et soulagerait les articulations des membres<br />
inférieurs. Dans le même esprit, même si cela demeure anecdotique, il serait bon d’envisager<br />
l’essai de chaussures de sécurité plus flexibles, l’alternance au même poste de positions de<br />
travail très variées obligeant parfois à recourir à des positions accroupies ou des déplacements<br />
délicats (cas du travail dans les tronçons Falcon).<br />
Pour le travail « dans les pièces », dans le secteur Rafale en particulier, la conception de<br />
protections moussées amovibles adaptées à la configuration de l’environnement<br />
apporterait un confort de travail sensible (pouvoir s’assoir sans crainte de se blesser ou de<br />
supporter une position inconfortable contrainte) de même qu’une garantie supplémentaire<br />
pour l’intégrité des pièces (diminution du risque de détérioration d’éléments montés).<br />
Ce type de protection pourrait également être appliqué pour le travail « extérieur » (cas de<br />
panneaux de revêtements), dans le cas de pièces fortement concaves ou présentant des<br />
éléments saillants potentiellement dangereux (heurts à la tête en particulier).<br />
Former les salariés aux basiques de l’ergonomie (compagnons, encadrement, mais aussi les<br />
méthodes !) afin que chacun prenne pleinement conscience des répercussions sur la santé de<br />
chaque proposition ou décision en termes d’aménagement de poste.<br />
Ce point devrait selon nous être inscrit comme un prérequis dans les projets à venir, mais<br />
aussi lors des futures actions d’amélioration continue. Le service HSE, l’ergonome ou le<br />
médecin du travail sont à notre sens des interlocuteurs de choix pour cela, au-delà de leurs<br />
propres apports techniques.<br />
Cette mesure permettrait d’aller plus dans le détail des contraintes analysées, favoriserait<br />
l’identification des phases de travail les plus pénalisantes et représenterait un moyen de<br />
prioriser les actions d’amélioration (notamment en lien avec les maladies professionnelles<br />
existantes ou latentes). C’est un axe de prévention.<br />
6.7. Poser clairement la question de la disponibilité des<br />
outils/outillages<br />
Nous l’avons relevé à plusieurs reprises, cette question est centrale dans l’esprit collectif et il<br />
apparaît que les positions sont encore tranchées et surtout diamétralement opposées :<br />
- Pas assez d’outils pour travailler correctement<br />
- Les outils sont là mais leur gestion est incontrôlée(able).<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Nous pensons que la mise en place d’armoires RFID ne résoudra pas tous les problèmes (en<br />
tout cas pas sur le long terme) et qu’une étude approfondie doit être conduite pour cerner tous<br />
les tenants et aboutissants de cette problématique et séparer le vrai du faux.<br />
Nous pensons qu’il sera nécessaire de descendre au niveau individuel pour obtenir des<br />
réponses circonstanciées.<br />
Ce point nous parait d’autant plus important que les perspectives de flexibilité, de travail en<br />
équipes alternantes, de postes de travail « mobiles », vont reposer la question du matériel à<br />
disposition :<br />
- les compagnons vont-ils devoir (pouvoir ) transporter leurs outillages <br />
- leur stockage est-il prévu dans cette optique <br />
- certaines situations ne vont-elles pas conduire à des partages de moyens (ou à une<br />
mutualisation) prévus ou non <br />
6.8. Mener une réflexion et clarifier les (nouveaux) rôles et<br />
responsabilités de chacun<br />
- Agent de Maîtrise :<br />
o qu’est-ce qu’on va attendre de lui demain <br />
o Quelles tâches réalisera-t-il en plus <br />
o Quelles tâches réalisera-t-il en moins <br />
o Quel est son rôle par rapport au compagnon référent <br />
Nous imaginons que la place accordé à l’amélioration continue, au reporting,<br />
sera plus importante demain.<br />
- Compagnon réfèrent :<br />
o Sur quels critères sont-ils choisis <br />
o Quel est son rôle par rapport à l’Agent de Maîtrise <br />
o En quoi est-il différent et/ou complémentaire <br />
o Avec quels moyens <br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
o Sont-ils suffisants par rapport aux demandes qui peuvent émaner de la<br />
production <br />
o De quelle façon le compagnon référent est reconnu dans son statut et ses<br />
compétences …<br />
- Compagnon :<br />
o qu’est-ce qu’on va attendre de lui demain <br />
o Quelles tâches réalisera-t-il en plus <br />
o Quelles tâches réalisera-t-il en moins <br />
De la même façon que les chefs d’équipes, des nouvelles tâches risquent de<br />
découler de la mise en œuvre du Lean : davantage d’autocontrôle, plus de<br />
traçabilité à faire, participation à la démarche d’amélioration continue, plus de<br />
polyvalence…<br />
- Fonctions support ou transverses :<br />
o Qui seront les interlocuteurs des équipes de production <br />
o Qu’est-ce qu’on va attendre d’eux demain <br />
o Quelles tâches réaliseront-elles en plus <br />
o Quelles tâches réaliseront-elles en moins <br />
Ces évolutions doivent être formalisées et partagées avant qu’elles ne soient « découvertes »<br />
en situation. Ceci afin d’éviter de laisser émerger le sentiment « qu’on nous a caché des<br />
choses », sentiment toujours mal vécu et propre à susciter d’une part des positions de retrait<br />
face à l’existant, et d’autre part une appréhension (légitime) quant à des évolutions futures.<br />
6.9. Interroger l’impact de la démarche Lean sur les relations<br />
professionnelles.<br />
Il peut s’agir de se poser les questions suivantes :<br />
- Quelle place à l’entraide actuellement <br />
- Quelle place nous voulons lui donner demain <br />
84
Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
- Comment les choix d’organisation du travail ou les outils mis en place impactent<br />
l’entraide ou les relations professionnelles <br />
- Comment fait-on pour maintenir un collectif de travail efficace et serein <br />
NB : La question de l’outillage, souvent évoquée comme source de tension, pourrait être une<br />
amorce intéressante dans cette réflexion plus générale.<br />
6.<strong>10</strong>. Prévenir le risque de surcharge de travail<br />
Actuellement certaines personnes sont en surcharge à cause du déploiement du projet ou<br />
ressentent une mauvaise adéquation charge / capacité. Et demain <br />
Demain, pour les compagnons un rythme de travail plus intense (au moins dans le ressenti) ; il<br />
conviendra de veiller à ne pas créer de surcharge,<br />
- comment le changement de rythme est accompagné ...<br />
- Par rapport au plan de charge prévisionnel, l’effectif est-il suffisant <br />
- Qu’est-il prévu dans le cas où de nouveaux contrats sont gagnés <br />
- Plus de flexibilité par la polyvalence, est-ce que ce sera le seul levier Si oui, quels<br />
risques pour l’organisation et les salariés (gestion des compétences, des<br />
départs/recrutements…) <br />
Nous renvoyons ici à la nécessité qu’une information précise sur le plan de charge soit donnée<br />
au Comité d’Etablissement, lequel pourra, le cas échéant, donné mandat au <strong>CHSCT</strong> pour les<br />
aspects conditions de travail qui en découleraient (en particulier sur des problématiques<br />
d’adéquation charge/effectif).<br />
6.11. Rester en veille sur les phases de redémarrage et d’installation<br />
provisoire<br />
Nous préconisons une vigilance particulière lors du démarrage effectif des secteurs avec leurs<br />
nouvelles organisations de travail afin de pallier aux décalages de vitesse de travail entre<br />
secteurs fonctionnant en client/fournisseur.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Dans cette optique, il serait judicieux de procéder à des présentations régulières de<br />
l’avancement de la stratégie de redémarrage aux salariés et aux représentants du personnel.<br />
Autres points de vigilance : l’analyse des risques physiques potentiellement générés par les<br />
travaux ou par la surcharge de travail temporaire.<br />
6.12. Compléter l’analyse des risques professionnels<br />
Pour réaliser cette analyse des risques il est important de considérer conjointement la<br />
dimension physique, cognitive et organisationnelle des postes de travail.<br />
Cette démarche permettra de prendre en compte des nouveaux risques professionnels pouvant,<br />
par exemple, découler de la polyvalence, de la co-activité, des tâches répétitives…<br />
Réaliser un bilan sur l’ergonomie physique obtenu à l’issu des projets.<br />
- Par bâti : réaliser un bilan des « points + », des « points - » et des « inchangés ». Ce<br />
travail pourra être fait une fois les FI finalisées (le découpage et l’enchainement des<br />
opérations doivent être visibles).<br />
- L’objectif est également de rendre ce travail visible auprès des compagnons, cela<br />
pourra aider à valoriser le travail effectué.<br />
Solidifier et maintenir la démarche de prévention des risques psychosociaux (RPS)<br />
- Renforcer la démarche « questionnaire » : passer de la prévention tertiaire à la<br />
prévention primaire. A minima pour les salariés cotés 3 (moyen) et 4 (élevé), réaliser<br />
une analyse sur les sources de stress ou de mal-être en se posant, par exemple, les<br />
questions suivantes :<br />
o pourquoi la personne en-est-elle arrivée là <br />
o D’autres collègues présentent-ils les mêmes difficultés même en moins<br />
exacerbées <br />
o Quels liens pouvons-nous faire entre les difficultés de la personne et ses<br />
conditions de travail ...<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Ce travail peut permettre :<br />
o d’aller au-delà de la prise en charge individuelle des cas « lourds » en utilisant<br />
la situation particulière comme pouvant être symptomatique d’une<br />
problématique collective,<br />
o de proposer des actions de prévention aux salariés qui se trouve cotés 2 ou 3.<br />
Ne pas attendre que les salariés soient côtés 4 pour mettre en place des actions<br />
correctrices.<br />
Renforcer le dispositif d’alerte et de veille des RPS notamment pour voir l’impact<br />
potentiel du projet ARP sur ces risques :<br />
- Ne pas arrêter la mesure RPS entre <strong>2013</strong> et 2015<br />
- Et envisager une autre façon de rester en alerte sur les RPS.<br />
Par exemple :<br />
o Mise en place d’une veille avec indicateurs spécifiques aux secteurs concernés<br />
par ARP : absences courtes et répétées, nombre d’heures supplémentaires,<br />
fréquence des AT… Le choix d’indicateurs significatifs et leur veille doit se<br />
faire en lien avec les acteurs de la prévention identifiés dans l’entreprise.<br />
o Interroger les salariés sur la perception de leur travail après les projets et ainsi<br />
aborder les évolutions concernant les dimensions psychologiques du travail :<br />
évolution de la perception sur le sens du travail,<br />
sentiment de faire un travail de qualité,<br />
impact sur l’entraide et l’ambiance,<br />
effets sur la motivation,<br />
évolution des éléments de reconnaissances,<br />
perception de la charge de travail et des ressources mises à<br />
disposition…<br />
A garder à l’esprit<br />
Bien que la démarche actuellement engagée par l’entreprise soit loin de celles qui<br />
peuvent être déployées dans certaines industries, nous tenons néanmoins à rendre le<br />
<strong>CHSCT</strong> vigilant quant au déroulement de toute démarche Lean, qui, mal conduite, peut<br />
être génératrice de situations de souffrance au travail. Nous vous renvoyons pour cela<br />
aux Annexes (extraits d’études mettant en lien les types d’organisation du travail et<br />
leurs conséquences sur la santé).<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
7. Annexes<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
7.1. Le « Lean Manufacturing »<br />
Le terme de « Lean » a été utilisé pour la première fois en 1987 par des chercheurs<br />
Américains de MIT (Massachusetts Institute of Technology), notamment James Womack et<br />
Daniel Jones, pour qualifier les méthodologies de gestion d’entreprise développées au Japon,<br />
dont la réalisation la plus connue est le TOYOTA Production System.<br />
Le choix du mot « Lean » - ou « amaigrissement » en français -, illustre l’idée d’une<br />
guerre contre les gaspillages.<br />
En effet, on peut définir de manière très simple la démarche Lean comme l'élimination sous<br />
toutes ses formes du gaspillage (ou muda en japonais)<br />
Gaspillage dû à la surproduction, au temps d'attente, au transport dans son sens le plus<br />
général (mouvements des biens, des informations, des hommes), aux traitements inutiles,<br />
au stock inutile, aux déplacements, à la non-qualité mais aussi à la sur-qualité, …<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Ce qui caractérise le Lean par rapport aux efforts « normaux » d’amélioration :<br />
Une démarche structurée et coordonnée au niveau de services ou de l’ensemble de<br />
l’entreprise, souvent soutenue par des cabinets conseil spécialisés<br />
L’utilisation d’outils et de méthodes spécifiques : tableaux d’indicateurs, rangement des<br />
ateliers et des bureaux, chantiers de résolution de problèmes, management visuel,…<br />
Une formation des lignes hiérarchiques et des salariés à la méthodologie retenue par<br />
l’entreprise pour son Lean,<br />
Après analyse des foyers de gains, une démarche de standardisation du travail quasi<br />
obligatoire : débriefings, remplissage des tableaux d’indicateurs, objectifs personnels,<br />
rangement, façons de travailler,…<br />
Le Lean dispose d’un succès d’estime auprès des entreprises, à travers l’image de gain<br />
important qu’il véhicule.<br />
Des gains spectaculaires sont annoncés sur :<br />
- les indicateurs de performance : taux de service interne et externe (délais de traitement<br />
des tâches,…),<br />
- sur la qualité (erreurs, non-conformes, avoirs, processus dégradés,…),<br />
- sur l’efficacité des circuits administratifs et de traitement des informations,<br />
- sur l’amélioration du fonctionnement des organisations :<br />
- capacité de production globale (interne et fournisseurs),<br />
- respect des processus internes ou des temps de cycles.<br />
De nombreux projets n’ont que peu à voir avec la philosophie originelle du Lean et soulignent<br />
enfin une faiblesse chronique du système de formation et d’intégration des futurs<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
dirigeants et cadres d’entreprise, mal « outillés » pour appréhender la dimension<br />
humaine dans le management et les effets de leurs décisions sur les hommes.<br />
Ce détournement de la méthodologie Lean pose la question de fond d’une évolution du mode<br />
de management des entreprises vers une recherche de résultat financier uniquement<br />
court-termiste. Et celui de la responsabilité sociale – ou sociétale - des entreprises dans<br />
l’accompagnement au changement.<br />
Un projet Lean peut altérer les conditions de travail, de vie et la santé des salariés<br />
concernés, à travers :<br />
- la remise en cause des savoir-faire : les critères d’efficience ne sont plus les mêmes, le<br />
regard des autres peut changer, les représentations sont bousculées pour les plus<br />
anciens en particulier, les valeurs de travail sont déplacées (qualité,…)<br />
- l’importance du changement : participation plus ou moins imposée, relais de proximité<br />
modifiés, rythme trop important, manque de communication et d’information<br />
- la perturbation du mode de management : rôle de la hiérarchie, pression sur les<br />
objectifs, éloignement des managers de proximité connaisseurs du terrain, mise en<br />
place de superviseurs insuffisamment formés<br />
- le développement d’une polyvalence contrainte et insuffisamment préparée et<br />
accompagnée : formation, explication des enjeux, reconnaissance<br />
- l’exigence excessive de rationalisation qui peut contraindre les capacités d’initiatives,<br />
imposer de nouveaux standards de travail, accroître les cadences et réduire les espaces<br />
de respiration, casser les modes de régulation existants<br />
- le déplacement des régulations organisationnelles et collectives existantes, des marges<br />
de manœuvre<br />
- une modification du système d’évaluation.<br />
Un changement trop radical des équilibres existants fera émerger de nouvelles<br />
contraintes, qui à défaut d’un accompagnement efficace et progressif, ne pourront être<br />
régulées.<br />
Et créer une situation de dégradation potentielle des conditions de travail physiques<br />
(pénibilité et troubles musculosquelettiques), et de risques psychosociaux importants.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Certaines caractéristiques intrinsèques au Lean semblent mettre les salariés en situation<br />
de difficulté.<br />
Notre expérience nous amène à penser que la conjonction des différentes contraintes<br />
apportées simultanément par le Lean :<br />
o standardisation excessive du travail<br />
o autonomie procédurale réduite<br />
o intensification du travail<br />
o ambiguïté entre les objectifs annoncés et la réalité perçue par les salariés (notamment<br />
sur l’autonomie vantée dans le cadre du Lean)<br />
conduit à des situations particulièrement difficiles à gérer, à l’origine de risques très<br />
importants pour les conditions de travail et la santé.<br />
Il nous parait que ce ne sont pas tant les outils du Lean pris séparément qui doivent être<br />
remis en cause, qu’un projet, qui, réduit à une somme de « solutions », en a oublié la<br />
place des hommes qui font le travail.<br />
Conséquences sur la santé des salariés : les organisations Lean sont les plus néfastes<br />
Dans les enquêtes européennes, les salariés font donc ressortir que le Lean aggrave, beaucoup<br />
plus que les organisations apprenantes et de structure simple, et un peu plus que les<br />
organisations tayloriennes, les risques de dégradation des conditions de travail et d’atteintes à<br />
la santé.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Les analyses détaillées des données de l’enquête européenne 11<br />
évidence le lien entre organisations Lean et risques psychosociaux.<br />
mettent clairement en<br />
11 Source : Antoine Valeyre. « Conditions de travail et santé au travail des salariés de l’Union Européenne : des<br />
données contrastées selon les formes d’organisation. » Novembre 2006<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
7.2. Quelques repères sur les Risques Psychosociaux<br />
Le stress : une première approche psycho-sociale<br />
Le stress est la première entrée qui permet d’ancrer la question de la santé psychique ou<br />
mentale. Bien que la notion soit fréquemment mobilisée, son utilisation peut avoir un<br />
caractère « scientifique », social ou « courant ».<br />
Le stress, une réponse<br />
Pour Selye (1956), le stress est la réponse de l'organisme aux exigences de l'environnement.<br />
Le stress correspond à des manifestations organiques non spécifiques en réponse à une<br />
agression physique.<br />
Selye (1956) a élaboré un modèle théorique, le "Syndrome Général d'Adaptation" (SGA), qui<br />
précise qu'à la suite d'un stress, l'organisme a pour objectif de rétablir l'homéostasie.<br />
Le "Syndrome Général d'Adaptation" se décompose en trois stades.<br />
1. Le premier stade est la réaction d'alarme qui survient après le stress. C'est une phase<br />
de mobilisation des ressources hormonales.<br />
2. La seconde phase est la phase de résistance qui correspond à une période de<br />
compensation avec une recharge des moyens de défense.<br />
3. La troisième phase est la phase d'épuisement lorsque les ressources biologiques et<br />
psychologiques ne sont pas suffisantes.<br />
Si l'agression persiste en durée et en intensité, l'organisme perd ses ressources adaptatives et<br />
les conséquences sont négatives.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Le stress devient un trouble qui agit sur la sur-sollicitation de l’organisme et entraîne un<br />
phénomène d’épuisement avec tous ses corollaires possibles. Les effets sur la santé peuvent<br />
être de différentes natures :<br />
• physiologiques : problèmes cardiovasculaires, tension, troubles du sommeil, troubles<br />
intestinaux ou de la digestion, troubles musculo-squelettiques…<br />
• psychologiques : fatigue, épuisement, nervosité ou agressivité, sensibilité accrue,<br />
dépression, difficultés de concentration, perte de mémoire…<br />
• comportementaux : addictions (alcool, tabac, café, drogues, anxiolytiques…),<br />
troubles alimentaires, baisse de l’ambition…<br />
Le Stress au travail<br />
Le stress lié au travail est un phénomène qui, non seulement prend de l’ampleur, mais aussi<br />
touche tous les secteurs et toutes les catégories professionnelles. Les effets qu’il engendre sur<br />
la santé et les capacités au travail des individus (des ouvriers aux cadres) et donc par là même<br />
sur la performance des entreprises, ont conduit à le considérer comme un « nouveau » mal<br />
touchant l’organisation des entreprises. Pourtant, le stress demeure encore pour beaucoup un<br />
sujet tabou, non avouable. Il est donc important de démystifier ce « mal » et de sensibiliser les<br />
individus sur les dangers qu’il peut représenter s’il n’est pas pris au sérieux.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Des tensions au travail sont ressenties par un salarié lorsqu’il perçoit un déséquilibre entre les<br />
contraintes imposées par son environnement professionnel et les ressources dont il dispose<br />
pour y faire face.<br />
Deux principaux modèles de référence :<br />
Le modèle de Karasek : demande / latitude<br />
Ce modèle est très utilisé dans les études épidémiologiques sur le stress au travail. Il propose<br />
une explication qui croise deux types de facteurs de stress :<br />
- La demande psychologique, liée aux contraintes associées à la tâche (quantité,<br />
complexité, contraintes de temps, etc…),<br />
- La latitude décisionnelle, qui recouvre :<br />
o Le contrôle que l’on a sur le travail : plus ou moins grande autonomie pour<br />
organiser les tâches, participer aux décisions…<br />
o L’utilisation de ses compétences : possibilité d’utiliser ses qualifications, capacité<br />
à développer de nouvelles compétences)<br />
Situation la plus défavorable : Combinaison à la fois d’une demande psychologique élevée<br />
et d’une faible latitude décisionnelle<br />
Une troisième dimension existe dans le modèle : le soutien social au travail (soutien socioémotionnel<br />
et technique) de la part de ses collègues et/ou supérieurs hiérarchiques, qui vient<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
moduler le déséquilibre, par le soutien ou le fait de « pouvoir compter » sur son entourage<br />
professionnel.<br />
Le modèle de Siegrist : déséquilibre efforts / reconnaissance<br />
Ce modèle explique l’état de tension comme le résultat d’un déséquilibre entre les efforts<br />
qu’un salarié consent à fournir dans son travail et les « récompenses » qu’il en reçoit en<br />
retour.<br />
Ce modèle prend en compte deux types d’efforts :<br />
- Efforts extrinsèques, qui correspondent aux exigences psychologiques développées<br />
dans le modèle de Karasek (contraintes de temps, interruptions, responsabilités, heures<br />
supplémentaires, charge physique, augmentation de la demande…)<br />
- Efforts intrinsèques, représentant des facettes de la personnalité (besoin d’approbation,<br />
compétitivité et hostilité latente, impatience et irritabilité disproportionnées, incapacité à<br />
s’éloigner du travail…)<br />
Les récompenses peuvent être de trois sortes :<br />
- Gains monétaires (salaires, primes…)<br />
- Estime reçue de la part des collègues et des supérieurs,<br />
- Degré de contrôle sur son statut professionnel (perspectives de promotion, sécurité de<br />
l’emploi…)<br />
REACTIONS PHYSIOLOGIQUES ET EMOTIONNELLES<br />
PATHOLOGIQUES LIEES AU DESEQUILIBRE EFFORT/RECOMPENSE<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Le modèle de l’activité (ergonomie)<br />
L'approche des ergonomes ne conduit pas directement à un de stress : Il s'agit d'une approche<br />
plus globale du rapport de l’homme au travail qui éclaire significativement la problématique<br />
de la santé au travail et du stress en particulier.<br />
L’ergonomie se construit en convoquant, autour du travail, des connaissances issues de la<br />
physiologie, de la psychologie, de la sociologie, des sciences cognitives, etc., en ce sens,<br />
l'ergonomie porte tous les concepts de l’homme au travail<br />
Ceci conduit à une vision active de l’homme au travail qui déploie ses compétences dans<br />
l'activité et la régulation de l'écart prescrit-réel, sous réserve que les conditions du travail<br />
permettent des marges de manœuvre pour cette activité individuelle.<br />
Le modèle des tensions et des régulations de l’ANACT<br />
Le modèle des tensions/régulations proposé par l’ANACT a comme avantage de pouvoir<br />
rassembler plusieurs approches théoriques et d’être « situationnel ». L’approche est<br />
systémique et lie l’individuel et le collectif.<br />
Il s’agit de :<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
• comprendre les déséquilibres individuels et collectifs dans la réalité des contextes de<br />
travail.<br />
• mettre en lien les difficultés exprimées ou observées avec les caractéristiques de<br />
l’environnement de travail et les caractéristiques professionnelles des salariés.<br />
La particularité des risques psychosociaux, c’est qu’ils ne sont pas liés à des dangers<br />
repérables, identifiables et sur lesquels on peut objectiver en partie la question de l’exposition<br />
à ces dangers, donc le risque qui en découle.<br />
Les facteurs professionnels peuvent être appréhendés à partir des différents systèmes qui<br />
composent l’entreprise : prescription du travail, organisation, ressources humaines,<br />
management, mode de relation de travail, moyens et environnement de travail.<br />
L’objectif est de trouver ce qui fait problème réellement dans l’environnement de travail et de<br />
la façon dont il est perçu par les salariés. L’approche collective de ces questions doit<br />
permettre d’identifier et de comprendre ce qui fait cause commune dans ces phénomènes afin<br />
de pouvoir agir au niveau des différents systèmes de l’entreprise. Les différents facteurs sont<br />
toujours combinés, d’une part parce qu’ils s’additionnent, et d’autre part parce qu’ils peuvent<br />
être interdépendants.<br />
C’est à partir d’entretiens, d’observations des situations et d’une immersion dans les<br />
interactions entre les salariés et leur environnement, que les facteurs de risques peuvent alors<br />
se révéler.<br />
Il apparaît que les déséquilibres, facteurs de RPS se trouvent aux trois niveaux :<br />
Il s’agit toujours d’une conjonction de difficultés que l’on retrouve à ces trois niveaux. Les<br />
difficultés vont agir en cercle vicieux, et certaines fois entrer dans une spirale de dégradations<br />
lorsque que rien n’est traité à temps. Il est difficile de déceler ce qui est de l’ordre de la cause<br />
et de la conséquence.<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Dans tous les systèmes organisés on retrouve :<br />
Des tensions<br />
Mais aussi de possibles régulations<br />
Le modèle intégré des tensions/régulations est à la fois un outil d’analyse et d’intervention, il<br />
permet d’aborder concrètement les causes plurifactorielles de RPS.<br />
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8. Ressources documentaires<br />
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Expertise <strong>CHSCT</strong> / Dassault Aviation Argenteuil – Projets FARE et TARGET / <strong>Version</strong> dé<strong>finitive</strong> <strong>04</strong> Octobre <strong>2013</strong><br />
Nous vous proposons ci-dessous quelques références documentaires auxquelles le <strong>CHSCT</strong><br />
peut recourir. Elles ne sont bien évidemment pas exhaustives, mais permettront d’appréhender<br />
certaines problématiques avec des bases reconnues.<br />
LEAN MANUFACTURING<br />
Salariés, le Lean tisse sa toile et vous entoure….<br />
Philippe ROUZAUD. Edition l’Harmattan. 2011.<br />
ERGONOMIE GLOBALE DES POSTES DE TRAVAIL<br />
Conception des systèmes de travail : logiciel permettant de rapidement simuler l'adaptation<br />
d'un poste de travail futur au besoin physiologique de l'opérateur, et de simuler les<br />
réaménagements possibles.<br />
http://www.anact.fr/web/dossiers/mutations-changements-organisationnels/conceptionsystemes-travailp_thingIdToShow=8071472<br />
PROBLEMATIQUE RPS<br />
Sensibilisation des acteurs de l’entreprise à la prévention des RPS : module de E-<br />
learning)<br />
http://www.cestp.aract.fr/fileadmin/Fichier/Module_e_learning/Module_RPS_2/SCO_0001/d<br />
efault.htm<br />
Comment prendre en compte les RPS dans le document unique : document à télécharger<br />
http://www.anact.fr/web/actualite/essentielp_thingIdToShow=23389598<br />
GENERALITES POUR L’APPROCHE DES CONDITIONS DE TRAVAIL<br />
Guide <strong>CHSCT</strong> : repères pour agir sur les conditions de travail : document à télécharger<br />
http://www.anact.fr/portal/page/portal/web/publications/NOTINMENU_affichage_document<br />
p_thingIdToShow=29513597<br />
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