Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
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DU BAGNE. 87<br />
évidente que, déjà en 1895, M. Franceschi écrivait 1<br />
: « il<br />
semble bien que certains administrateurs avaient pour<br />
principe de n'exécuter les instructions ministérielles, —<br />
quand il en était envoyé, — que lorsqu'elles étaient coniormes<br />
à leurs idées personnelles ».<br />
C'est pour cela que l'on a reproché, de tout temps, aux<br />
services pénitentiaires des colonies de constituer un état<br />
dans l'État.<br />
Il n'en est pas moins constant que, dans l'ensemble, le<br />
Personnel des Services pénitentiaires est digne de tous<br />
les éloges et que les surveillants militaires, notamment,<br />
astreints à une existence de surmenage continuel, dans<br />
une ambiance dissolvante, sont, pour la plupart, remarquables<br />
par la force de leur caractère, leur courage et<br />
leur dévouement.<br />
En 1897, P. Mimande qui avait visité la Nouvelle-Calédonie<br />
d'abord, la Guyane ensuite, écrivait d'eux :<br />
« Je les ai vus de si près, j'en ai tant vu, que c'est pour moi<br />
une sorte de devoir, un besoin de conscience de leur rendre<br />
hommage.<br />
« Le corps des surveillants militaires n'a aucune espèce de<br />
rapport avec l'antique chiourme.<br />
« La plupart sont mariés et ont emmené leur famille.<br />
« Ils partent à quatre heures et demie <strong>du</strong> matin, ne rentrent<br />
que le soir à six heures quand le chantier est éloigné; continuellement<br />
debout sous un soleil de feu; puis, avant de dîner et<br />
de se reposer, obligés de veiller au souper de leurs hommes, de<br />
faire l'appel, de recevoir les réclamations, de faire panser les<br />
éclopés, de mettre à part les fiévreux et les malades, etc. La<br />
nuit, il <strong>faut</strong> se relever pour faire des rondes et sauter h bas de<br />
son lit au moindre bruit suspect.<br />
« On voit quels loisirs un surveillant peut consacrer à son<br />
intérieur, à la vie de famille.<br />
« Je ne parle pas <strong>du</strong> danger incessant qui résulte de l'isolement<br />
au milieu de 40 à 5(> galériens, — j'ai vu un surveillant qui<br />
habitait seul dans une forêt avec 70 forçats!<br />
« ... Voilà ce qu'on exige, par 4o degrés de chaleur, d'un sur-<br />
1. De l'organisation locale de la transporialion, par Franceschi,<br />
page 3o.