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Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc

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DU BAGNE. 71<br />

« les membres de la Commune nous ont reçus avec beaucoup<br />

d'égards et n'ont fait aucune difficulté pour nous délivrer des<br />

passeports pour Paris... Nous n'oublierons jamais l'accueil que<br />

nous avons reçu à Brest et le touchant intérêt dont on nous a<br />

donné tant de témoignages. Il semblait qu'on était heureux de<br />

nous voir. » — l3 ventôse « Nous partons enfin à 6 heures <strong>du</strong><br />

matin et, après un heureux voyage, je me trouve dans les bras<br />

de ma famille,.le 19 ventôse (10 mars 1800) à 8 heures <strong>du</strong> matin. »<br />

<strong>Ce</strong>s déportations <strong>du</strong> Directoire furent, — ainsi que<br />

chacun le sait, — d'une cruauté excessive. Le coup<br />

d'Etat <strong>du</strong> 18 fructidor avait allumé un véritable incendie<br />

politique et près de 2.000 indivi<strong>du</strong>s furent emprisonnés,<br />

parmi lesquels, 328 furent déportés à la Guyane. Sur<br />

ces 328 proscrits, on comptait 263 prêtres; plus de la<br />

moitié y moururent, ce qui faisait dire à M. de Barante :<br />

« Pour eux, la déportation fut un véritable massacre. » Les<br />

déportés étaient mêlés, pendant le trajet de Paris à Rocliefort<br />

aux galériens et ceux-ci, écrit Victor Pierre 1 , furent tellement<br />

impressionnés que, d'eux-mêmes, « ils se retirèrent par respect<br />

et se tinrent à l'écart ».<br />

Le vice-amiral Martin a fait une relation saisissante<br />

de ce voyage de Paris à Rocliefort : « les chariots qui les<br />

ont con<strong>du</strong>its avaient des barreaux de fer ; ils étaient<br />

fermés à clef ».<br />

A bord, entassés dans un" étroit espace, où ils ne<br />

pouvaient se tenir debout, les déportés souffraient, et de<br />

l'air méphitique et d'une nourriture grossière, souvent<br />

même repoussante... Un jour, s'apercevant que Murinais<br />

broyait avec beaucoup de peine son biscuit<br />

« Je vois bien, lui dit La Porte, commandant de la corvette,<br />

que le biscuit est trop <strong>du</strong>r pour vos dents; je vous ferai donner<br />

<strong>du</strong> pain. » — « Non, Monsieur, reprit le vieillard, je ne veux<br />

point de préférence. Je n'accepterai rien que mes camarades ne<br />

le partagent. »<br />

1. La déportation à la Guyane après fructidor, par V. Pierre.

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