Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
DU BAGNE. 65<br />
Voici, maintenant, des choses plus tristes; mais pour<br />
lugubres qu'elles puissent être, elles n'en reflètent pas<br />
moins la physionomie exacte de l'existence dans les<br />
colonies pénitentiaires.<br />
Une exécution Un chant monte, monotone, des cases<br />
capitale. voisines de la cellule où le forçat,<br />
condamné à mort pour un nouveau crime, attend l'heure<br />
de l'expiation. <strong>Ce</strong> chant, c'est une tradition <strong>du</strong> <strong>bagne</strong>. Il<br />
a pour but de prévenir le camarade que, le lendemain,<br />
à l'aube, il sera guillotiné. Et l'aube vient vite lorsqu'on<br />
n'a plus que quelques heures à vivre!..<br />
Le bourreau a nom Hespel Isidore, dit « Chacal ». Il<br />
avait écopé vingt ans de travaux forcés pour voies de<br />
fait sur un officier alors <strong>qu'il</strong> était en Afrique. Au bras<br />
droit, il porte un tatouage « Sauve qui peut! meurt qui<br />
doit!.. »<br />
La guillotine est dressée à quelques pas de la cellule<br />
des condamnés à mort. Il fait noir encore. Le Directeur<br />
de l'Administration Pénitentiaire arrive, accompagné de<br />
magistrats, de fonctionnaires, de médecins militaires, de<br />
1 aumônier...<br />
Une quarantaine de surveillants militaires sont près<br />
delà sinistre machine, l'arme au pied. Enfin, les forçats<br />
<strong>du</strong> camp arrivent à leur tour, en rangs serrés. On les<br />
place face à la guillotine.<br />
Un commandement bref; les fusils sont armés et<br />
abaissés. « Une lueur falote perce soudain l'horizon<br />
et grandit, rapide. » De la porte de la cellule, sort un<br />
homme d'une pâleur affreuse. L'aumônier marche à côté<br />
de lui, brandissant un grand crucifix noir. « Condamnés,<br />
à genoux et chapeau bas. » Les forçats obéissent; le<br />
silence est absolu. Le greffier s'arrête devant celui qui<br />
va mourir. La sentence <strong>du</strong> tribunal maritime spécial est<br />
lue hâtivement.<br />
Tout le monde se découvre. « Sur un signe <strong>du</strong> Directeur<br />
de l'Administration Pénitentiaire, Hespel pousse la<br />
victime sur la planche qui bascule; il ajuste la tête dans<br />
5