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Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc

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DU BAGNE. 55<br />

<strong>Ce</strong> trafic ignoble aurait sans cloute continué longtemps<br />

encore si, certain jour, un forçat, au moment de « l'exécution<br />

» de ses complices, n'était parvenu à sauter à la<br />

mer avant d'être tué et à regagner la terre où il dénonça<br />

le sinistre trafiquant.<br />

Il est superflu d'ajouter que celui-ci ne tarda pas à<br />

être arrêté et à expier ses multiples crimes!...<br />

L'évasion la plus récente est celle <strong>du</strong> Docteur Bougrat.<br />

Envoyé en Guyane le 3 avril 1928, ce transporté<br />

réussissait à fausser compagnie au <strong>bagne</strong> quelques mois<br />

après, en août dernier.<br />

Il s'était fixé à Itapa en qualité de médecin et sa<br />

clientèle commençait à être importante.<br />

Arrêté par les autorités vénézuéliennes, Bougrat a été<br />

incarcéré dans la prison de Campano.<br />

Voici comment il a relaté, lui-même, son évasion :<br />

J'ai réussi à m'échapper de l'Hôpital de Saint-Laurent <strong>du</strong><br />

Maroni, le 13 août I928, en compagnie de]deux autres prisonniers.<br />

Nous avons alors fui dans la forêt où nous avons rejoint cinq<br />

autres forçats qui s'étaient évadés cinq jours avant nous, afin<br />

de préparer notre départ de la Guyane.<br />

Le l or<br />

septembre, nous avons pris place à bord d'un petit<br />

bateau; nous nous sommes engagés sur la mer et avons été en<br />

lutte à d'épouvantables tempêtes qui ont <strong>du</strong>ré six jours.<br />

Nous fûmes finalement rejetés sur la côte de la Guyane britannique<br />

et restâmes trois jours à réparer notre embarcation.<br />

Deux jours après, les tempêtes nous jetèrent dans le delta de<br />

rOrénoque, où nous restâmes deux jours. Nous reprîmes notre<br />

voyage deux jours plus tard, soit le 13 septembre, et dûmes<br />

livrer combat aux vagues, dans un bateau désemparé.<br />

C'est miraculeusement que nous avons pu joindre la côte <strong>du</strong><br />

golfe de Para. Nous avons débarqué entre les bourgades de<br />

Soro et d'Irapa.<br />

Nous étions tous dans le plus complet dénûment, n'ayant rien<br />

mangé depuis des jours et étant restés une trentaine d'heures<br />

sans eau douce.<br />

Pour éviter le retour de ces évasions de « forçats<br />

célèbres », le Ministre des Colonies vient de prescrire au

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