Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
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142 CE QU'IL FAUT CONNAITRE<br />
communes de la déchéance. Cinq ou six détenus écoutent. —<br />
Eh bien! Lambelot, — fait le Directeur, — refusez-vous toujours<br />
votre grâce Dans 4 ans, 5 au plus, vous serez libre. Autrement,<br />
vous êtes per<strong>du</strong> pour la vie ! — Si le jour <strong>du</strong> départ, monsieur<br />
le Directeur, il y avait une corde où passer la tête, j'y passerais<br />
ma tête plutôt que de ne pas partir. — C'est l'espoir de l'évasion<br />
qui vous sé<strong>du</strong>it<br />
Tableau des évasions, de leur conséquence, des cachots noirs<br />
de Saint-Joseph. — C'est la vie qui vous attend, dis-je. Alors,<br />
l'homme jeune, avec un regard de mendiant. — « Ah! ne me<br />
découragez pas!... Et, au Directeur : «je vous supplie, ne demandez<br />
pas une grâce! — Promis, Lambelot. »<br />
En voici un autre dans le même cas. — Avancez, Berthelot.<br />
Vous avez enten<strong>du</strong> — Je ne suis bon qu'à être forçat, fait Berthelot.<br />
— Depuis 4 ans que vous êtes ici, votre con<strong>du</strong>ite est<br />
bonne, vous êtes un homme à sauver ». — « Je veux partir pour<br />
la Guyane, laissez-moi. » — Mais enfin, pourquoi — Pour devenir<br />
un bon forçat, c'est mon métier. — Réfléchissez. Je vous donne<br />
encore une semaine. — Par pitié, monsieur le Directeur, croyezmoi,<br />
la liberté et moi, nous ne sommes pas camarades. Je refuse<br />
ma grâce, c'est définitif. — Mais avant peu, vous retrouveriez la<br />
vie — La vie est per<strong>du</strong>e pour moi. Je veux arriver le plus tôt<br />
possible à mon lieu dernier de destination. — Vous êtes un bon<br />
cœur; mais un malade, Berthelot. — Je me suis livré au tatoueur<br />
pour me faire <strong>du</strong> mal. C'est dans le même but que je demande<br />
la Guyane. J'ai 6 ans de bonne con<strong>du</strong>ite. L'autre jour, vous<br />
m'avez fait appeler et m'avez dit que vous en tiendriez compte,<br />
tenez-en compte pour mon départ! — Votre volonté sera faite,<br />
Berthelot. — Bien, au revoir, monsieur le Directeur. — Quels<br />
sont les crimes de ces jeunes gens — Tous pour meurtre dans<br />
les pénitenciers (c'était souvent pour défendre leur vie). — Estce<br />
l'espoir de s'évader qui les attire en Guyane — <strong>Ce</strong> ne peut<br />
être que cela.<br />
En voici un 3°. <strong>Ce</strong> 3 e<br />
est aux écritures. Lui aussi refuse une<br />
grâce. — C'est un complot — Non, c'est normal. Bien enten<strong>du</strong>,<br />
ils se montent la tête entre eux. — Mais non, monsieur le Directeur,<br />
dit l'écrivain. Je n'ai rien combiné. Seulement, si je vais à la<br />
Guyane, je suis dans mon élément, si j'accepte une grâce, je suis<br />
libre dans 6 ans. Après, qu'est-ce que je fais — Vous devenez<br />
un brave homme. — <strong>Ce</strong>la se dit, monsieur le Directeur. En<br />
réalité, je m'installe dans une ville. Qu'il arrive une affaire quelconque<br />
dans cette ville, un vol, un crime, [qui soupçonne-t-on