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Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc

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DU BAGNE. 139<br />

à même le sol, « à la crapaudine », — les poignets joints<br />

derrière le dos et attachés aux talons ramenés vers les<br />

cuisses.<br />

Albert Londres 1<br />

qui avait, lui aussi, fait un reportage<br />

sensationnel après avoir visité les <strong>bagne</strong>s militaires, nous<br />

apprend cependant, — et cela nous réconforte, encore<br />

que nous n'en ayions jamais douté,— <strong>qu'il</strong> est des pénitenciers<br />

où les « chaouchs » ont conscience <strong>du</strong> rôle que<br />

leurs fonctions leur imposent et où les officiers veillent<br />

à ce que les détenus ne soient pas maltraités.<br />

Au camp de Dahara, — écrit-il, — tout était gai, ce matin.<br />

Il arrivait aux détenus une étonnante chose ; ils couraient après<br />

le premier passant pour la lui apprendre :« Maintenant, on mange<br />

bien; on n'est plus maltraité, on travaille! 188 hommes formaient<br />

ce camp. — Et il n'y a que deux malades ! Quant ils ont dit : « je<br />

suis malade », on ne les a pas assommés ; on les a fait coucher,<br />

oui, monsieur! Ah !nous n'avons plus à nous plaindre; au contraire !<br />

Les Arabes ont retrouvé le paradis vert de Mahomet. — Y a<br />

bon, oui, monsieur, maintenant bien manger, bien coucher, y a<br />

café, bon sergent, pas dispute, travail : c'est tout.<br />

Trois hommes étaient punis. Deux avaient l'un 18; l'autre, 29<br />

(jours de cellule). On alla les voir. « Aviez-vous mérité votre<br />

punition — Je ne l'avais pas volée dit l'un.<br />

<strong>Ce</strong>lui-là avait renversé intentionnellement la gamelle d'un<br />

camarade; le camarade resta le ventre vide. Les deux autres « en<br />

avaient fait à leur tête » — « Comme leur con<strong>du</strong>ite est bonne,<br />

ils n'accompliront pas leur peine jusqu'au bout, fit le sergent ».<br />

— Merci sergent Flandrin.<br />

Ils ne disent jamais le nom <strong>du</strong> sergent. Dans ce cas, ils<br />

tenaient à marquer que ce n'était pas à un sergent, mais au sergent<br />

Flandrin que s'adressait le merci.<br />

Je demande au sergent. — « Avez-vous <strong>du</strong> mal pour les con<strong>du</strong>ire<br />

— J'obtiens d'eux ce que je veux. •— Vous êtes ici depuis<br />

longtemps — Deux mois ».<br />

Deux mois de bons traitements avaient transformé l'esprit <strong>du</strong><br />

camp. Il semblait aux détenus <strong>qu'il</strong>s venaient de sortir de « ce<br />

milieu amer et plein de vices immondes ». — On est toujours<br />

1. A. Londres, « Dante n'avait rien vu » (Albin Michel). Depuis, un<br />

autre ouvrage a paru : 1 A. Londres n'a rien vu »,

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