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Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc

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138 CE QU'IL FAUT CONNAITRE<br />

des pierres... Peu après, il fut employé sur la montagne, au charroi<br />

des moellons. On était en décembre et le froid gelait le sol.<br />

Un matin la bise soufflait et les doigts gourds de la sentinelle<br />

indigène pouvaient à peine tenir le fusil. Elle se décide à faire<br />

<strong>du</strong> feu et alla jus<strong>qu'il</strong> un bosquet voisin ramasser un fagot de<br />

bois mort. Ramat l'épiait, le cœur battant.<br />

Tout à coup, croyant le moment venu, il part comme une<br />

flèche, dévalant la pente caillouteuse, roulant et rebondissant...<br />

Le voilà dans la plaine !... Et c'est à travers le bled, une course<br />

folle, un galop furieux. Il est poursuivi,... ses flancs halètent en<br />

soufflet de forge; ses jambes deviennent molles; Ramat trébuche<br />

et tombe... Les chaouchs se précipitent sur lui à coups de pieds<br />

et de matraques... Le soir seulement, Ramat fut ramené au camp.<br />

On le mit au tombeau, ne lui laissant, malgré le froid, que son<br />

caleçon et sa chemise. Et aux pieds et aux mains, les pedottes<br />

et les menottes furent rivées. Le chaouch serra à fond les vis.<br />

Les os craquèrent... La neige ouatait le sol... Ramat fut éten<strong>du</strong>,<br />

presque nu, sur cette couche glacée... Vingt-quatre heui\es ainsi<br />

passèrent. Le lendemain soir, Ramat était dans un état tel <strong>qu'il</strong><br />

fut transporté sous les tentes et les fers furent enlevés; mais<br />

Ramat hurla de douleur. Longtemps, il se tordit sur le sol...<br />

Hissé dans un tombereau et jeté sur une paillasse, il fut con<strong>du</strong>it<br />

à l'hôpital de Boghar. Il ne pouvait plus se tenir sur ses pieds<br />

littéralement gelés. Les chairs étaient à vif aux chevilles. La gangrène<br />

les déchiquetait. Il fallut lui couper les jambes, la droite<br />

tout de suite — la gauche, un mois après!...<br />

Un autre chaouch s'amusait, au moment de la distribution<br />

de la soupe, à faire courir les hommes avec leur<br />

gamelle pleine, si bien que, la galopade terminée, le<br />

contenant était vidé de son contenu et les condamnés<br />

n'avaient rien à manger.<br />

Jacques Dhur cite encore le supplice de la « corde<br />

mouillée ».<br />

Le condamné doit rejoindre les poignets derrière le<br />

dos. L'aide-bourreau les lie, puis ramène sur les épaules<br />

la corde <strong>qu'il</strong> croise sur la poitrine pour avec, après,<br />

ligoter les biceps <strong>qu'il</strong> remonte aussi haut que possible.<br />

Et cette corde a été mouillée préalablement pour qu'en<br />

séchant, elle se resserre et entre dans les chairs!<br />

Enfin, la « crapaudine » consiste à coucher l'homme

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