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Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc

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DU BAGNE. 137<br />

mamelon, que brûle le soleil, l'échiné ployée sous une charge<br />

de sable ou de pierres, dont ils ne se débarrassent jamais, des<br />

hommes, au pas gymnastique, suant, soufflant, grimpent, dégringolent,<br />

pour grimper encore et redégringoler, et cela sans<br />

relâche.<br />

La « pelote » ou « bal » consiste à réunir, sac au dos, une<br />

vingtaine d'hommes et à les faire tourner en rond. « A des<br />

commandements brefs, ils accélèrent l'allure, s'arrêtent, s'agenouillent<br />

comme pour viser et tirer, repartent, s'arrêtent encore...<br />

Et ainsi de suite, jusqu'à épuisement de la pitoyable théorie des<br />

disciplinaires. Au repos, ils doivent se tenir raidis, les membres<br />

hgés, dans l'attitude <strong>du</strong> « garde à vous ».<br />

Une troisième torture est « le tombeau ». « C'est sous la toile<br />

de tente, pliée en deux en forme de prisme, l'homme couché<br />

sur le sol. Tout mouvement lui est interdit car il risquerait de<br />

jeter bas son abri, ce qui lui coûterait cher. La tête ou les pieds<br />

nus dépassent toujours la tente, trop courte pour couvrir le<br />

corps tout entier. Ainsi, tout vivant, dans une raideur de<br />

cadavre, l'homme ligoté est exposé aux brûlures <strong>du</strong> soleil ou<br />

aux morsures de la bise.<br />

Avant la guerre, on pouvait voir, en plein Paris, place de la<br />

République, une des victimes de cette torture : Ramat, qui<br />

amputé des deux jambes, en était ré<strong>du</strong>it, pour vivre, à l'humiliation<br />

de tendre la main aux passants.<br />

... Incorporé au 5° bataillon d'Infanterie légère, à Biskra,<br />

Ramat fut, un jour, puni de prison et, dès le lendemain, il connut<br />

les douceurs <strong>du</strong> la « pelote ». Il tournait en rond, depuis une<br />

heure, dans la cour de casernement, un sac de sable sur le dos<br />

quand, à la pause, — le sergent s'étant éloigné un instant, — il<br />

essaya « d'en griller une ». Mais le chaouch surgissant brusquenient,<br />

a vu son geste. « Remets-moi ta cigarette »... L'homme<br />

avale sa cigarette. Il est inculpé de refus d'obéissance et mis en<br />

cellule, en prévention de conseil de guerre, où il écopa de deux<br />

ans de prison. Ramat fut alors dirigé sur le pénitencier de<br />

Bône, puis sur celui de Coléa. De là, on l'envoya en colonne à<br />

Dalip.<br />

... 11 songea à fuir avec un autre condamné, mais les chaouchs<br />

avaient eu vent de leur dessein et, le jour fixé pour le départ, après<br />

les avoir dévêtus, ils mirent aux fers Ramat et son complice, puis<br />

les couchèrent sous le « tombeau » non sans les avoir roués de<br />

coups.<br />

Un mois passa et, sa peine purgée, Ramat recommença à casser

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