Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
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DU BAGNE. 11<br />
des travaux, jointe aux embarras que présentent les localités,<br />
s'opposait aux classifications qui seraient indiquées par la <strong>du</strong>rée<br />
des peines autant que par l'Age et le caractère des indivi<strong>du</strong>s et<br />
à l'amendement dont les condamnés seraient susceptibles.<br />
« Il y avait aussi un danger toujours imminent à concentrer<br />
sur le même point une masse énorme de criminels qui, accoutumés<br />
à combiner des résolutions hardies, maîtres de les concerter<br />
avec des complices de leur choix, trouvaient chaque jour,<br />
dans le mouvement des travaux, de nouvelles facilités pour les<br />
exécuter.<br />
« La présence des forçats dans les ports tendait à dégrader et<br />
à corrompre les marins et les ouvriers qui se trouvaient chaque<br />
jour forcément rapprochés d'eux. Elle exposait la sûreté <strong>du</strong><br />
mobilier naval <strong>qu'il</strong>s avaient sous la main ».<br />
C'est ce que, dans un rapport, M. de Portalis, ministre<br />
de la marine avait, en 1820, mis en relief afin d'amener la<br />
suppression des <strong>bagne</strong>s métropolitains; mais c'est seulement<br />
34 ans après qu'une loi <strong>du</strong> 3o mai l854 décida le<br />
transfert aux colonies des indivi<strong>du</strong>s condamnés aux travaux<br />
forcés et ce n'est qu'en 1873 que le <strong>bagne</strong> de Toulon,<br />
le dernier qui restât en France, fut complètement<br />
évacué.<br />
Et pourtant la vie ne fut pas très <strong>du</strong>re dans les <strong>bagne</strong>s<br />
de l'époque <strong>du</strong> jour où, à la suite d'une enquête con<strong>du</strong>ite<br />
par M. de Lareinty, en 1818, on alla jusqu'à confier aux<br />
fabricants et artisans des forçats et à autoriser, dans<br />
l'intérieur des <strong>bagne</strong>s, la fabrication par les condamnés<br />
et la vente à leur profit de menus objets d'abord, tels<br />
que chapeaux, sandales, croix, porte-cigares sculptés,<br />
des objets plus importants ensuite. Ainsi, on rapporte<br />
qu'à Brest on confectionnait des bottes et des habits<br />
d'une telle élégance que les habitants venaient s'en approvisionner<br />
au <strong>bagne</strong>!<br />
<strong>Ce</strong>s <strong>bagne</strong>s n'étaient plus des maisons de force, mais<br />
de véritables bazars.<br />
C'est certainement là l'origine de la « camelote » ou<br />
« trafic de marchandises par les forçats » qui est tant<br />
reproché aujourd'hui aux transportés de la Guyane!