Ce qu'il faut connaître du bagne - Manioc
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112 CE QU'IL FAUT CONNAITRE<br />
les pénitenciers militaires. Suivant un décret <strong>du</strong><br />
3 décembre 1832, ces pénitenciers ont reçu une réglementation<br />
analogue à celle des ateliers de travaux<br />
publics.<br />
Mais, avant même que ne fussent créés les ateliers <strong>du</strong><br />
boulet, existait, sous l'ancien régime, tout un arsenal<br />
effrayant de peines corporelles : le piquet, les courroies,<br />
les baguettes, le cheval de bois, l'estrapade, tous supplices<br />
dont la seule évocation nous indigne aujourd'hui.<br />
Ainsi, le piquet consistait à passer deux heures debout,<br />
un pied sur un pieu. Le cheval de bois figurait une pièce<br />
de bois taillée en arête et placée sur des tréteaux.<br />
Pendant une heure, deux heures, parfois davantage, les<br />
soldats punis étaient soumis à cet horrible supplice. Ou<br />
encore on liait les pieds et les mains <strong>du</strong> coupable derrière<br />
le dos, à une corde. On le hissait à l'aide d'une<br />
poulie en haut d'une sorte de chevalet élevé, puis on le<br />
laissait tomber jusqu'à deux ou trois pieds de terre : c'était<br />
l'estrapade. Le poids <strong>du</strong> corps, sous l'influence de la<br />
chute, provoquait aux extrémités <strong>du</strong> patient une douleur<br />
horrible.<br />
Louis XIII supprima cette dernière punition.<br />
Pour les marins, l'estrapade consistait à guinder<br />
l'homme à la hauteur d'une vergue d'où on le laissait<br />
choir à la mer où on le plongeait à plusieurs reprises.<br />
Le régime des ateliers de travaux publics et des pénitenciers<br />
militaires a suscité lui-même mainte critique,<br />
de même que la législation de l857 parce que le système<br />
juridictionnel et répressif de l'armée tenait compte<br />
surtout de la discipline militaire et négligeait par trop le<br />
degré de la <strong>faut</strong>e elle-même.<br />
Hn effet, envoyer au <strong>bagne</strong> militaire un soldat coupable<br />
de voies de lait, d'injures ou de telle autre incartade<br />
disciplinaire heurte le sens de l'humanité. En outre, il<br />
était inadmissible que les garanties accordées au justiciable<br />
de droit commun fussent refusées au justiciable<br />
des conseils de guerre.<br />
Aussi bien, le législateur a-t-il été amené insensible-