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Conversion<br />
Discernement<br />
Mission<br />
Susciter une culture de la<br />
vocation en Amérique du Nord<br />
Réflexion et guide d’action pratique à l’usage des<br />
évêques, supérieurs majeurs, prêtres en paroisse,<br />
diacres, religieux, jeunes adultes, éducateurs,<br />
parents, responsables des vocations, aumôniers<br />
universitaires, agents de pastorale scolaire,<br />
séminaristes, jeunes religieux, Serrans, Chevaliers de<br />
Colomb, groupes de femmes, autres mouvements<br />
laïcs, communicateurs et médias, directeurs de<br />
formation, nouveaux mouvements ecclésiaux,<br />
instituts séculiers et de quiconque est convaincu<br />
que les vocations peuvent faire la différence.
Conversion<br />
Discernement<br />
Mission<br />
Susciter une culture de la vocation en Amérique du Nord<br />
Réflexion et guide d’action pratique à l’usage des<br />
évêques, supérieurs majeurs, prêtres en paroisse,<br />
diacres, religieux, jeunes adultes, éducateurs, parents,<br />
responsables des vocations, aumôniers universitaires,<br />
agents de pastorale scolaire, séminaristes, jeunes<br />
religieux, Serrans, Chevaliers de Colomb, groupes de<br />
femmes, autres mouvements laïcs, communicateurs et<br />
médias, directeurs de formation, nouveaux<br />
mouvements ecclésiaux, instituts séculiers et de<br />
quiconque est convaincu que les vocations peuvent<br />
faire la différence.<br />
PLAN PASTORAL DU<br />
TROISIÈME CONGRÈS CONTINENTAL<br />
SUR LES VOCATIONS AU MINISTÈRE ORDONNÉ<br />
ET À LA VIE CONSACRÉE EN AMÉRIQUE DU NORD<br />
VOCACIÓN,DONDEDIEU,<br />
GIVENFORGOD’SPEOPLE
Ce Plan pastoral a été approuvé par le comité exécutif du Congrès, placé sous la supervision<br />
épiscopale de M gr Roger Schwietz, o.m.i. (Anchorage, AK), M gr Richard Grecco (Toronto, ON), et<br />
de M gr André Rivest (Montréal, QC).<br />
Le Plan a été rédigé par le coprésident du Congrès, M. l’abbé Raymond Lafontaine, qui a bénéficié<br />
de l’apport considérable des autres membres de l’exécutif : Soeur Catherine Bertrand, S.S.N.D.<br />
(Chicago, IL), Soeur Martha Fauteux, S.S.N.D. (Waterdown, ON), Madame Dorothy Foss (Little<br />
River, SC), Soeur Barbara Anne Gooding, R.S.M. (Washington, DC), Soeur Susan Kidd, c.n.d.<br />
(Toronto, ON), Monsieur William Kokesch (Ottawa, ON), M. l’abbé William Kubacki (Toledo,<br />
OH), et D r Patricia Skarda (Northampton, MA).<br />
Monsieur Albert Beaudry a préparé la traduction française de l’ouvrage Conversion,D iscernm ent,<br />
M ission :Creating a Vocation Culture in N orth Am erica et Sœur Lisette Ducharme, ssccjm a révisé la<br />
traduction.<br />
Photos :<br />
Richard J. Osicki, sauf W.P. Wittman Photography – 54 T/B, 84; SKJOLD – 76; L’Osservatore<br />
Romano - 119<br />
Art& m ontage :<br />
Service des Éditions de la CECC<br />
Publié par:<br />
Service des Éditions<br />
Conférence des évêques catholiques du Canada<br />
2500, promenade Don Reid<br />
Ottawa, Ontario K1H 2J2<br />
Tél : (613) 241-7538 ou sans frais 1-800-769-1147 (Canada et États-Unis)<br />
Téléc. : (613) 241-5090<br />
Courriel : publi@cccb.ca<br />
Im prim é au Canada par:<br />
Tri-Graphic Printing (Ottawa) Limited<br />
Réimprimé en 2004.<br />
Conversion,discernem ent,m ission :Susciter une culture de la vocation en Am érique du N ord,<br />
Copyright © Concacan Inc., 2003. Tous droits réservés.<br />
Seul le Chapitre 6 du présent plan peut être reproduit sans la permission expresse de l’une des<br />
deux conférences épiscopales ci-haut mentionnées.<br />
Si, par inadvertance, l’auteur a omis d’obtenir la permission pour l’utilisation d’une œuvre<br />
protégée, l’éditeur, sur avis du détenteur, ajoutera la mention de droit d’auteur dans le prochain<br />
tirage du livre.<br />
Disponible aussi en anglais sous le titre Conversion,D iscernm ent,M ission:Creating a Vocation<br />
Culture in N orth Am erica.<br />
D épôtlégal:<br />
Bibliothèque nationale du Canada, Ottawa<br />
ISBN 0-88997-476-4 (version française)<br />
ISBN 0-88997-477-2 (version anglaise)<br />
No. de l’ouvrage de la CECC : 184-452
Tabledesmatières<br />
LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA CECC<br />
Jacques Berthelet, c.s.v. 4<br />
LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA USCCB<br />
Wilton D. Gregory 5<br />
Section un – Les fondements<br />
ChAPITRE1 «Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
L’histoire du Congrès nord-américain de 2002 8<br />
ChAPITRE2<br />
ChAPITRE3<br />
«Lechamp,c’estlemonde.»<br />
Les vocations dans le contexte<br />
de la société nord-américaine 20<br />
«Jésusleurexpliqua,danstoutel’Écriture,<br />
cequileconcernait.»<br />
Fondements bibliques et théologiques<br />
d’une pastorale des vocations 41<br />
Section deux – Action<br />
ChAPITRE4 «Jésuslui-mêmes’approcha,etilmarchaitaveceux.»<br />
Cinq priorités pastorales:<br />
Prier, évangéliser, expérimenter,<br />
accompagner, inviter 60<br />
ChAPITRE5<br />
ChAPITRE6<br />
«Àl’instantmême,ilsselevèrent<br />
etretournèrentàJérusalem.»<br />
Plan d’action pastorale spécifique: suggestions pratiques 90<br />
«Ilsracontaientcequis’étaitpassésurlaroute,<br />
etcommentilsl’avaientreconnuquandilavait<br />
rompulepain.»<br />
Guide d’animation 106<br />
ANNExEA Déclarationdesjeunesadultes 116<br />
ANNExE B MessagedupapeJean-PaulII 119<br />
ANNExE C MembresduComitéexécutif 123<br />
NOTES 128<br />
TABLEDESMATIÈRESDÉTAILLÉE 132
CONFÉRENCE DES ÉVÊQUES CATHOLIQUES DU CANADA<br />
CANADIAN CONFERENCE OF CATHOLIC BISHOPS<br />
Le 18 novembre 2002<br />
Le troisième Congrès continental des vocations aux ministères ordonnés et à la vie consacrée, qui s’est tenu à Montréal<br />
(Québec) du 18 au 21 avril 2002, a été un véritable événement d’Église.<br />
Événement qui a réuni plus de 1100 délégués représentant l’Église en Amérique du Nord : évêques, prêtres, diacres,<br />
religieuses et religieux, jeunes et moins jeunes, et impliqués dans des services diocésains ou scolaires, mouvements et<br />
associations. Tous sont engagés à supporter l’émergence de vocations pour l’Église d’aujourd’hui.<br />
Ce congrès a suscité une heureuse collaboration entre la Conférence des évêques catholiques du Canada et de la<br />
Conférence des évêques catholiques des États-Unis. À l’invitation du Saint-Père, les deux conférences épiscopales ont<br />
uni leurs efforts et ont rassemblé un comité organisateur qui, par sa composition, illustrait l’importance pour notre<br />
Église d’adopter une culture des vocations.<br />
«CONVERSION, DISCERNEMENT, MISSION : Promouvoir une culture des vocations en Amérique du Nord». Le Plan<br />
pastoral, issu de ce troisième congrès, s’inscrit dans une démarche ecclésiale qui propose la mise en œuvre, dans chacun<br />
de nos milieux, de la pédagogie d’une pastorale des vocations tournée vers la communauté chrétienne.<br />
Pour l’Église canadienne, le troisième Congrès continental des vocations et la Journée mondiale de la jeunesse ont été<br />
deux moments extraordinaires qui nous ont permis d’entendre les aspirations des jeunes et celles de toute l’Église. Les<br />
paroles fortes du Saint-Père lors de la Journée mondiale de la jeunesse continuent de résonner : «Le monde a besoin<br />
de vous, le monde a besoin de sel, de vous comme sel de la terre et lumière du monde». ( Homélie de Jean-Paul II,<br />
28 juillet 2002, n o 3)<br />
Cet appel enthousiaste renforce la conviction soulevée lors du Congrès des vocations de l’importance d’instituer une<br />
nouvelle culture des vocations au cœur même des communautés chrétiennes. Tous les fidèles sont appelés, par leur<br />
baptême, à être à l’écoute des appels spécifiques du Seigneur pour leur vie et leur bonheur. Cette mission est non<br />
seulement une responsabilité individuelle, mais elle est celle de chacune des communautés. L’appel aux ministères<br />
ordonnés et à la vie consacrée s’entend à la fois au cœur de la personne, mais il vibre au sein de communautés<br />
chrétiennes vivantes et elles-mêmes interpellantes de la Parole de Dieu.<br />
Lors de la Journée mondiale de la jeunesse à Toronto, les jeunes du monde entier ont eu l’occasion de vivre des<br />
moments forts de rencontre avec Jésus et de découvertes des possibilités extraordinaires que la foi au Christ éveille en<br />
eux. Le Saint-Père a bien entendu cet appel des jeunes et il les a interpellés :«Et si, au plus profond de votre cœur, vous<br />
entendez résonner le même appel au sacerdoce ou à la vie consacrée, n’ayez pas peur de suivre le Christ sur la voie<br />
royale de la Croix!». (Homélie de Jean-Paul II, 28 juillet 2002, n o 5).<br />
Nous avons maintenant la responsabilité d’être au service de ces jeunes qui aspirent à réaliser leur vocation et de<br />
répondre avec générosité et entrain à l’appel du Seigneur. Ils revivent aujourd’hui ce que Marie, toute jeune, a vécu<br />
lorsque l’Ange l’a visitée. Comme Marie, ils peuvent être appelés à dire : «Qu’il me soit fait selon ta parole !» (Lc 1,<br />
38)<br />
Déjà, les responsables diocésains, de communautés religieuses, de pastorale des vocations et de pastorale jeunesse, les<br />
leaders de mouvements de jeunes et d’associations se concertent pour être davantage présents aux personnes qui<br />
s’éveillent à leur propre vocation dans l’Église. C’est sur cette lancée que se présente le plan pastoral comme<br />
contribution à la progression des services pastoraux pour les jeunes en discernement.<br />
Ce plan pastoral est le fruit d’une réflexion qui a impliqué non seulement les délégués du Congrès, mais des milliers<br />
de participants aux mini-congrès diocésains et paroissiaux organisés à travers le Canada et les Etats-Unis. Je souhaite<br />
qu’il devienne une ressource de premier plan pour encourager et susciter la mission dans nos communautés<br />
chrétiennes pour que cette nouvelle culture des vocations émerge avec vigueur dans notre Église.<br />
Prions le Maître de la moisson d’envoyer des ouvriers à sa moisson !<br />
† Jacques Berthelet, c.s.v.<br />
évêque de Saint-Jean-Longueuil<br />
Président de la Conférence des évêques catholiques du Canada
UNITED STATES CONFERENCE OF CATHOLIC BISHOPS<br />
Le 18 novembre 2002<br />
Chers frères et sœurs dans le Christ,<br />
Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du<br />
Nord a été une grâce pour l’Église. Comme vous le savez, il a été convoqué par Sa Sainteté le pape Jean-Paul II et<br />
s’est déroulé à Montréal du 18 au 21 avril 2002. J’ai eu moi-même le privilège d’y assister. Comme je l’ai dit dans<br />
l’homélie que j’ai prononcée devant les délégués, le vendredi 19 avril 2002, « les vocations à la prêtrise et à la vie<br />
consacrée ne manquent pas dans notre monde; par contre, le discernement, l’écoute, l’acceptation et la confiance<br />
semblent faire défaut… Chaque vocation est donnée pour le bien de la personne appelée mais aussi pour celui de<br />
l’Église et du monde où nous sommes appelés à travailler.»<br />
Depuis la tenue du troisième Congrès continental sur les vocations, plusieurs personnes ont travaillé ferme pour<br />
colliger l’information et les données fournies par les 1136 délégués ainsi que par la dizaine de milliers de<br />
participants aux rencontres préparatoires organisées sur le plan local. Toutes leurs observations de même que les<br />
idées des nombreux conférenciers du Congrès sont reprises dans le Plan pastoral que voici. Ce Plan pastoral<br />
deviendra un outil : il servira à promouvoir une culture des vocations en Amérique du Nord.<br />
En vue de favoriser une telle culture des vocations, à cette heure de l’histoire de l’Église en Amérique du Nord,<br />
l’action pastorale va se concentrer sur cinq domaines : la prière, l’évangélisation, l’expérience, l’accompagnement et<br />
l’invitation. Tous les membres de l’Église en Amérique du Nord (évêques, supérieurs majeurs, prêtres, religieuses ou<br />
religieux, éducateurs ou éducatrices, diacres, parents, jeunes, membres d’organismes laïcs, etc.) seront invités à<br />
s’associer à ce Plan pastoral. En fait, nous espérons que ce sera toute l’Église d’Amérique du Nord qui assumera<br />
cette responsabilité en encourageant les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
Dans son message pour la 40 e Journée mondiale de prière pour les vocations (le 11 avril 2003), le Saint Père<br />
rappelle que «si dans la culture actuelle celui qui sert est perçu comme inférieur, dans l’histoire sainte le serviteur<br />
est celui qui est appelé par Dieu pour réaliser une œuvre singulière de salut et de rédemption». Nous le savons, car<br />
nous pouvons témoigner du nombre et de l’enthousiasme des jeunes présents à la Journée mondiale de la jeunesse<br />
de Toronto, les jeunes sont inspirés par le Saint Père et ils sont prêts à répondre à l’appel à la sainteté et au service<br />
qui leur est lancé par Dieu.<br />
Le troisième Congrès continental sur les vocations et les deux Journées mondiales de la jeunesse célébrées en<br />
Amérique du Nord ont contribué à jeter les bases d’une culture des vocations sur notre continent. Le présent Plan<br />
pastoral nous aidera à susciter un environnement propice, apte à inciter les jeunes à répondre favorablement à<br />
l’appel de Dieu. Plusieurs, en effet, sont en mesure de suivre l’exemple de la Vierge Marie et de dire «oui» au<br />
dessein de Dieu sur leur vie. Il nous incombe d’appuyer leur vocation et ce rôle est une responsabilité importante<br />
partagée par toute l’Église.<br />
Reportons-nous de nouveau aux paroles du Saint Père. «Comme les autres fois, nous tournons en ce moment<br />
encore notre regard vers Marie, Mère de l’Église et Étoile de la nouvelle évangélisation. Invoquons-la avec confiance<br />
afin que l’Église ne manque pas de personnes prêtes à répondre généreusement à l’appel du Seigneur, qui invite à<br />
un service plus direct de l’Évangile.»<br />
Je prie pour qu’on utilise le Plan pastoral que voici de manière à lui faire rendre tout ce qu’il peut donner et à créer<br />
une culture où jeunes gens et jeunes filles répondront avec courage à l’appel du Seigneur et envisageront les<br />
vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
Sincèrement dans le Christ,<br />
† Wilton D. Gregory<br />
Évêque de Belleville<br />
Président de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis
SECTIONUN<br />
Lesfondements<br />
la conversion et le discernement<br />
7
ChAPITRE1<br />
«Notrecœurn’était-ilpas<br />
brûlantennous»<br />
L’histoire du congrès<br />
nord-américain de 2002<br />
«Notre cœur n’était-il<br />
pas brûlant en nous,<br />
tandis qu’il nous<br />
parlait sur la route, et<br />
qu’il nous faisait<br />
comprendre les<br />
Écritures»<br />
(Luc 24, 32)<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
Une histoire digne d’être racontée<br />
Les gens au cœur de l’histoire<br />
L’endroit et le moment<br />
Les jeunes et les jeunes adultes : «une option préférentielle»<br />
Les délégués : principales recommandations<br />
La genèse du Plan pastoral<br />
Le Congrès et l’Église universelle<br />
Unehistoiredigned’êtreracontée<br />
Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie<br />
consacrée en Amérique du Nord s’est déroulé à Montréal, Québec, Canada, du 18 au<br />
21 avril 2002. Il avait trois grands objectifs:<br />
• susciter en Amérique du Nord un environnement propice à la promotion des<br />
vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée<br />
• unir et orienter l’Église en Amérique du Nord dans son engagement à cultiver<br />
les vocations<br />
• accueillir dans l’espérance les futurs ouvriers pour la moisson.<br />
Afin d’atteindre ces objectifs, l’exécutif du Congrès 1 a conçu un événement qui<br />
permettrait d’offrir:<br />
• une expérience de célébration des vocations, avec une forte composante<br />
spirituelle<br />
• une solide réflexion théologique et pastorale sur les problèmes concrets que<br />
doit affronter la pastorale des vocations en Amérique du Nord<br />
8 Chapitreun
• un plan pastoral pour l’Église en Amérique du Nord, en vue de mettre en œuvre<br />
de façon réaliste et pratique les recommandations des délégués au Congrès.<br />
Tels sont les faits. Les Actes du Congrès 2 relatent de façon détaillée la planification<br />
et la célébration de ce rassemblement de 1100 délégués des différents secteurs de<br />
l’Église en Amérique du Nord. Ce récit est du plus haut intérêt, tant pour ceux et celles<br />
qui ont participé au Congrès directement ou indirectement que pour les personnes<br />
qui contribueront à sa mise en œuvre à long terme.<br />
Nous sommes nombreux à oublier le détail des heures et des dates qui forment la<br />
matière première de l’histoire. Mais lorsqu’il s’agit de récits, notre mémoire est<br />
généralement bien meilleure. Il n’y a pas à s’en étonner. Peuple chrétien formé par<br />
l’Évangile, les catholiques savent bien ce que c’est que d’entendre raconter des récits,<br />
d’y puiser une formation, de les vivre et de les transmettre à la génération suivante.<br />
Le présent chapitre d’introduction a moins pour<br />
objet le noble travail de l’historien que l’activité plus<br />
humble du conteur, car le Congrès nord-américain sur<br />
les vocations de 2002 est une histoire qu’il est nécessaire<br />
de raconter.<br />
C’est une histoire de dialogue, histoire de<br />
l’engagement profond d’hommes et de femmes de foi<br />
travaillant généreusement dans un esprit de collégialité,<br />
histoire de planification réfléchie et méticuleuse mais aussi de joie spontanée et<br />
d’énergie juvénile. Une histoire dont l’action se déroule dans un contexte de crise et<br />
de scandale, au moment où l’image des ministres ordonnés de l’Église et la crédibilité<br />
même de l’Église catholique en Amérique du Nord subissaient un grave préjudice.<br />
La crise est devenue temps de grâce, le moment pour nous d’accepter notre besoin<br />
de conversion, de sainteté, de Dieu. La foi s’en est trouvée fortifiée, l’espérance<br />
réveillée, la charité accrue, les liens d’amitié approfondis. On a rencontré le Christ<br />
Sauveur et Semeur, Celui qui sème la semence du règne de Dieu en tout lieu, dans<br />
chaque cœur humain, sans préférence comme sans exception. Dans cette histoire,<br />
l’Église en Amérique du Nord nomme et assume la tâche privilégiée qui est la sienne<br />
de permettre à une nouvelle génération de jeunes gens et de jeunes filles de vivre leur<br />
vocation, de la discerner et d’y répondre généreusement comme à un «don de Dieu,<br />
fait au peuple de Dieu».<br />
Pour mieux saisir la portée des recommandations spécifiques de ce plan pour<br />
l’avenir de la pastorale des vocations, il vaut la peine d’entendre l’histoire d’un<br />
événement qui est devenu l’expression authentique d’une espérance en l’avenir de<br />
l’Église sur ce continent. Dans cette Église, le témoignage du ministère ordonné et de<br />
la vie consacrée continuera de jouer un rôle vital et irremplaçable.<br />
Lesgensaucœurdel’histoire<br />
« L’EspritdeDieunourrissait<br />
l’énergiejuvénilequianimaitles<br />
échangesauxtables… »<br />
Le 18 avril 2002, 1136 délégués, venus surtout du Canada et des États-Unis, se<br />
retrouvaient à l’Hôtel Reine-Élisabeth, au centre-ville de Montréal. Des représentants<br />
du Mexique, de la Caraïbe, de l’Amérique latine, de l’Europe, de l’Australie et du Saint-<br />
Siège allaient donner au Congrès une dimension internationale et donc une saveur<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
9
SECTIONUN –Lesfondements<br />
plus complètement «catholique». Les délégués<br />
incarnaient la diversité régionale, ethnique et culturelle<br />
qui caractérise aujourd’hui l’Église catholique en<br />
Amérique du Nord. Il y avait là des femmes et des<br />
hommes de foi profonde, personnellement engagés<br />
dans l’Église : des évêques, des prêtres et des diacres,<br />
des sœurs et des frères, des laïcs consacrés, des<br />
missionnaires et des contemplatifs, des novices et des<br />
séminaristes, des responsables religieux et diocésains<br />
de la pastorale des vocations, des formateurs et des<br />
éducateurs, des pasteurs et des théologiens, des<br />
responsables de pastorale jeunesse et de pastorale<br />
universitaire, des agents de pastorale scolaire, des<br />
membres d’associations laïques engagées dans la<br />
promotion des vocations et, chose importante, des parents et des jeunes adultes.<br />
«L’unitéaaussiétéforgée<br />
àpartird’unedonnée<br />
théologiquecentrale :<br />
lefaitquechaquevocation<br />
chrétienneestbien“un<br />
dondeDieu,faitaupeuple<br />
deDieu”»<br />
Cette assemblée diversifiée se réunissait autour d’un objectif commun. Celui-ci<br />
ressortait clairement du logo du Congrès, qui en illustrait le thème – Vocación: Don<br />
de Dieu, Given for God’s People – en évoquant la figure biblique du Semeur<br />
répandant généreusement le don de la vocation dans le cœur humain, appelant une<br />
récolte abondante. Le rituel d’ouverture, axé sur le cierge pascal, rappela aux<br />
participants que c’est le Christ ressuscité qui appelle à la vie, au témoignage, à la<br />
communauté des disciples, au ministère. Un chant thème enlevant, célébrant le fait<br />
que chacun et chacune d’entre nous est appelé «à une mission d’amour et à servir le<br />
Seigneur» identifiait Jésus – Enseignant, Conseiller, Berger, Sauveur – comme la<br />
source et le terme de notre appel personnel, comme Celui qui rend possible de<br />
répondre avec générosité. Quand le cardinal Jean-Claude Turcotte, archevêque de<br />
Montréal, transmit aux délégués les vœux du pape Jean-Paul II, il devint évident que<br />
cette assemblée de l’Église en Amérique du Nord était en communion avec l’Église<br />
locale, hôte du rassemblement, et avec l’Église universelle qui invitait à le convoquer.<br />
Pendant quatre jours, plusieurs orateurs – conférenciers principaux, animateurs<br />
d’atelier, porte-parole du Saint-Siège – allaient partager les fruits de leur recherche et de<br />
leur sagesse avec les délégués au Congrès. Leurs propos<br />
seraient marqués par une profonde connaissance et<br />
un grand amour de la tradition catholique, par l’acuité<br />
du regard théologique, par une analyse sociale<br />
pénétrante, une vaste expérience pastorale et une<br />
solide réflexion spirituelle. Ils ont jeté un regard neuf<br />
sur ce qu’on appelle la «crise des vocations», appelant<br />
les délégués à y voir non pas d’abord une menace mais<br />
plutôt une grâce, l’occasion de discerner les chemins<br />
de la conversion et du renouveau auxquels est appelée<br />
l’Église en ce temps et en ce lieu.<br />
Répondant en plein temps pascal à cet appel à la<br />
conversion et au renouveau, l’assemblée réunie a fait<br />
l’expérience de la présence vitale et authentique du<br />
Christ ressuscité. La présence de Dieu invitait les<br />
10 Chapitreun
délégués à la prière et à l’Eucharistie. On reconnut Sa présence<br />
dans le partage de la Parole et la fraction du pain. L’Esprit de<br />
Dieu nourrissait l’énergie juvénile qui animait les échanges aux<br />
tables et les plénières «à micro ouvert», suscitant l’écoute<br />
attentive, le partage respectueux et le discernement dans la<br />
prière. C’est ainsi que les délégués se sont employés à «lire les<br />
signes des temps et à les interpréter à la lumière de l’Évangile 3 ».<br />
C’est avant tout leur lecture qui inspire ce plan pastoral qui vise<br />
à susciter une authentique «culture de la vocation» dans l’Église<br />
d’Amérique du Nord.<br />
En assumant cette responsabilité, les délégués au Congrès<br />
répondaient à l’invitation que leur avait lancée Sa Sainteté le<br />
pape Jean-Paul II par l’entremise de l’Œuvre pontificale pour<br />
les vocations ecclésiastiques. Après que des congrès sur les<br />
vocations eurent été organisés pour l’Amérique latine (Sao<br />
Paulo, 1994) et pour l’Europe (Rome, 1997), les conférences<br />
épiscopales du Canada et des États-Unis furent invitées à entreprendre la préparation<br />
d’un congrès semblable pour le continent nord-américain 4 . Très tôt, il ressortit des<br />
consultations que pour que le Congrès puisse donner un fruit durable, une pluralité<br />
de voix, d’expériences et d’engagements vocationnels devraient être associés à sa<br />
conception et à sa réalisation.<br />
La composition de l’exécutif du Congrès reflétait clairement ce souci de diversité. Trois<br />
évêques – un des États-Unis et deux du Canada (secteurs français et anglais) – assuraient<br />
la supervision épiscopale. Deux prêtres diocésains – un Canadien, un Américain –<br />
faisaient office de coprésidents. Ils avaient autour d’eux 15 personnes dévouées et<br />
compétentes : sœurs, frères et laïcs consacrés, femmes et hommes laïcs, diacres et prêtres.<br />
L’équipe comprenait des représentants des supérieurs religieux et des conférences<br />
vocationnelles canadienne et américaine, mais aussi des personnes qui avaient<br />
l’expérience de la pastorale des vocations dans le contexte plus large de la vie de l’Église.<br />
À partir de cette diversité, il fallait forger l’unité. Les polarités linguistiques et<br />
régionales qui dominent le paysage de l’Église au Canada diffèrent des polarités<br />
dominantes de race et d’idéologie qu’on observe aux États-Unis. Néanmoins, on a pu<br />
nommer et relever des éléments et des défis communs, et la diversité est devenue signe<br />
d’espérance pour une future collaboration – sur le plan vocationnel et missionnaire -<br />
à travers toute l’Amérique du Nord.<br />
Pour préparer le Congrès, des «mini-congrès» diocésains ou régionaux ont été<br />
organisés localement un peu partout en Amérique du Nord. De septembre 2001 à<br />
mars 2002, ils réunirent plus de 10 000 participants, représentant au moins 136<br />
diocèses d’un bout à l’autre du continent.<br />
L’unité a aussi été forgée à partir d’une donnée théologique centrale : le fait que<br />
chaque vocation chrétienne est bien «un don de Dieu, fait au peuple de Dieu», un<br />
appel à la sainteté, au statut de disciple et au service, axé sur la construction du Corps<br />
du Christ dans le monde. En outre, ici et maintenant, Dieu continue d’inviter des<br />
hommes et des femmes à vivre un engagement public et permanent et à assumer un<br />
témoignage généreux et un service désintéressé dans le cadre des vocations<br />
particulières à la vie consacrée et au ministère ordonné.<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
11
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Le défi pastoral fondamental consiste à susciter une «culture de la<br />
vocation» dans l’Église d’Amérique du Nord, c’est-à-dire une culture<br />
dans laquelle chaque fidèle est amené à pouvoir identifier et assumer la<br />
mission à laquelle il est appelé, en tant que membre du Corps du<br />
Christ, dans le monde et pour le monde.<br />
La promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée ne peut se<br />
comprendre qu’en lien avec la vocation baptismale universelle à la sainteté et au<br />
service. Les vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée – comme au célibat<br />
et au mariage, au ministère laïc et au témoignage chrétien dans la société séculière –<br />
s’épanouiront dans l’Église quand chaque membre pourra identifier et vivre<br />
concrètement l’appel du Père à la vie et à la sainteté, l’appel du Fils à devenir son<br />
disciple et à vivre la communion, et l’appel de l’Esprit au témoignage et à la mission.<br />
L’endroitetlemoment<br />
L’endroit et le moment où s’est tenu le Congrès n’ont pas peu contribué à en dévoiler<br />
la signification profonde. Il se déroulait dans la ville de Montréal, dont les racines sont<br />
françaises et catholiques et qui est devenue une métropole cosmopolite,<br />
multiculturelle et sécularisée. Même s’il y a beaucoup à célébrer dans la diversité<br />
linguistique, culturelle et religieuse qui caractérise aujourd’hui cette grande ville, cette<br />
diversité s’accompagne d’une perte du sens profond de l’engagement chrétien qui a<br />
inspiré ses fondateurs et qui a façonné son histoire. Dans ce contexte, la construction<br />
de l’unité sociale, du consensus moral et d’une véritable profondeur spirituelle est<br />
devenue une tâche extrêmement difficile.<br />
Le Congrès se tenait dans la province de Québec. Le Québec a une riche histoire<br />
religieuse : berceau de la foi catholique dans le Nord de l’Amérique, il a vu naître<br />
plusieurs congrégations religieuses et il a formé un très grand nombre de prêtres et de<br />
religieux et religieuses. Ces femmes et ces hommes audacieux ont joué un rôle vital<br />
dans la mise en place d’une infrastructure d’institutions catholiques (éducatives,<br />
sociales, culturelles et caritatives) dans toute l’Amérique du Nord et au-delà. En dépit<br />
de son riche héritage ecclésial, l’Église du Québec est aussi celle qui, en Amérique du<br />
Nord, a vu diminuer le plus rapidement la pratique religieuse et la relève vocationnelle.<br />
12 Chapitreun
À l’origine, le Congrès devait se ternir du 4 au 7 octobre 2001. À cette date, il serait<br />
survenu au lendemain des événements tragiques du 11 septembre : terrorisme, conflit<br />
armé et instabilité mondiale. Cependant, à l’été 2000, quand on se rendit compte que<br />
le Congrès coïnciderait avec le prochain Synode des évêques, à Rome, il fut décidé de<br />
le reporter en avril 2002.<br />
On ne pouvait évidemment pas prévoir que cette<br />
décision ferait que le Congrès surviendrait en pleine<br />
crise interne et externe de l’Église, en un temps de<br />
scandale et d’humiliation, relié à la divulgation de<br />
nombreux cas d’inconduite sexuelle chez des membres<br />
du clergé en différentes régions des États-Unis. La<br />
situation se compliquait encore du fait qu’on<br />
reprochait à des évêques et à d’autres responsables<br />
« Maisàmesurequeprogressait<br />
leCongrès,lasituations’est<br />
miseàchanger»<br />
ecclésiastiques d’avoir cherché à taire et à dissimuler ces incidents. Dans les semaines<br />
qui ont immédiatement précédé la tenue du Congrès, cette image de l’Église et de ses<br />
ministres a été présentée tous les jours au public nord-américain, dans les pages de ses<br />
journaux et magazines comme dans les émissions diffusées à la radio et à la télévision.<br />
À Montréal, les délégués se sont trouvés confrontés à des manifestants brandissant<br />
des pancartes où on lisait que les victimes de violence dans les institutions<br />
administrées par l’Église au Québec «attendaient un miracle». L’intérêt des médias<br />
pour le Congrès se concentrait sur les récentes révélations d’agression sexuelle et sur<br />
l’impact qu’elles pourraient avoir pour l’avenir des vocations sacerdotales et<br />
religieuses. À bien des égards, le moment semblait très mal choisi pour célébrer<br />
l’engagement des ministres ordonnés et des personnes consacrées dans l’Église, ou<br />
pour inviter des jeunes à envisager une vie de témoignage et de service dans l’Église.<br />
Mais à mesure que progressait le Congrès, la situation s’est mise à changer. A tour<br />
de rôle, les conférenciers principaux ont reconnu la colère, la confusion et la<br />
douleur provoquées par les récentes révélations, et la menace qu’elles représentaient<br />
pour la crédibilité morale de l’Église et de ses ministres. Mais ils ont invité les<br />
délégués, plutôt que de chercher refuge dans le déni ou dans le désespoir, à puiser<br />
au plus profond de la tradition catholique : à revendiquer la beauté radicale de<br />
l’appel évangélique à suivre le Christ et à renouveler leur engagement envers les<br />
idéaux les plus élevés du ministère ordonné et de la vie consacrée, bref à servir Dieu<br />
au coeur de son peuple.<br />
Le climat ambiant de suspicion en vint à être perçu comme un appel à la<br />
conversion, où l’Église pourrait vraiment participer au mystère pascal du Christ, luimême<br />
qualifié de pécheur, arrêté tel un criminel, humilié en public, dénudé en face<br />
de Ses accusateurs, abandonné et exécuté. En ce temps de Pâques, les délégués se sont<br />
fait rappeler que de la mort une vie nouvelle avait surgi dans le Christ ressuscité dont<br />
le corps rayonnait une vie nouvelle tout en portant la marque de Ses plaies.<br />
Un esprit de renouveau a ainsi jailli d’un recentrage sur la richesse de l’héritage<br />
biblique et théologique de l’Église. Les délégués ont exprimé leur espoir en un<br />
sacerdoce revitalisé, en un renouveau de la vie consacrée, en des formes encore à<br />
naître de collaboration et de respect mutuel entre ministres ordonnés, personnes<br />
consacrées et membres laïcs de l’Église, et en un accroissement de la transparence et<br />
de la responsabilité à tous les niveaux de l’Église. Les personnes présentes ont été<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
13
SECTIONUN –Lesfondements<br />
sommées de «devenir feu» en embrassant leur vocation à la sainteté, en intégrant un<br />
engagement passionné pour la sainteté personnelle à la promotion pour la justice,<br />
en se donnant totalement au Seigneur de manière à pouvoir dire à la prochaine<br />
génération, avec autant de crédibilité que de conviction : «Dieu te demande toute ta<br />
vie. Donne-la Lui 5 ».<br />
On a rappelé aux délégués que ce genre d’engagement exige une conversion:<br />
conversion du cœur au niveau personnel, conversion des structures sociales et<br />
ecclésiales. Afin que le travail pour les vocations soit concret et efficace, il doit<br />
s’enraciner dans une attitude contemplative, sachant que Dieu, qui ne se laisse pas<br />
dépasser en générosité, continue d’appeler de «nouveaux porteurs de la flamme que<br />
Jésus est venu allumer sur la terre». Cela revient à croire que Dieu peut susciter des<br />
vocations «là où notre joie la plus profonde rencontre la soif profonde de notre<br />
monde 6 », et qu’Il le fera.<br />
Quoique profondément personnelle, la vocation n’est jamais un projet purement<br />
individuel. Toujours situées dans le contexte plus vaste de la mission de l’Église dans le<br />
monde, les vocations ecclésiales répondent aux besoins concrets d’une époque et d’un<br />
temps particuliers. Les efforts de promotion des vocations doivent donc se rattacher à<br />
des projets missionnaires et communautaires spécifiques qui répondent à des besoins<br />
réels. C’est ainsi que l’engagement dans un projet d’Église locale offre à des jeunes<br />
adultes une occasion privilégiée de discerner leur cheminement vocationnel 7 .<br />
Lesjeunesetlesjeunesadultes :<br />
une«optionpréférentielle»<br />
Au cours du Congrès, l’Église a été mise au défi de<br />
nouer de vraies conversations avec les jeunes et les<br />
jeunes adultes en son sein. Ceci impose aux ministres<br />
ordonnés, aux femmes et aux hommes consacrés, et à<br />
quiconque est en contact avec des jeunes, de leur<br />
partager leur histoire spirituelle, leur héritage religieux,<br />
leur expérience communautaire et leur engagement<br />
pour la mission de l’Église. À cet égard, le fait que le<br />
Congrès sur les vocations ait coïncidé avec les dernières<br />
étapes préparatoires à la 17 e Journée mondiale de la<br />
Jeunesse, qui devait se tenir à Toronto du 23 au 28 juillet 2002, s’est avéré providentiel.<br />
Plus que jamais, l’attention s’est concentrée sur les jeunes catholiques : leurs besoins,<br />
leurs convictions, leurs engagements, leurs espoirs et leurs aspirations.<br />
«Laparticipationactivedejeunes<br />
catholiquesauCongrèsétaiten<br />
soiuneprisedeposition :<br />
puissantsigned’espérance …»<br />
Dans cette perspective, les orateurs comme les délégués ont recommandé à l’Église en<br />
Amérique du Nord de faire une option préférentielle pour les jeunes 8 . Sans rien enlever<br />
à l’«option préférentielle pour les pauvres» (un des éléments centraux de l’enseignement<br />
social catholique), ils ont fait valoir que pour rendre possible la future mission de l’Église,<br />
d’importantes ressources financières, humaines et spirituelles devront être investies dans<br />
une présence et un travail pastoral direct auprès des jeunes catholiques.<br />
Les délégués ont été invités à faire confiance. Soutenus par un exemple inspirant et<br />
par un accompagnement personnel, par des expériences de retraite et d’engagement<br />
social, par la richesse de la tradition spirituelle et sacramentelle catholique, et par une<br />
14 Chapitreun
Église qui sache les accueillir et faire place à leurs talents<br />
et à leur dynamisme, les jeunes catholiques se<br />
montreront ouverts à une invitation à envisager la vie<br />
consacrée et le ministère ordonné comme des façons<br />
viables de témoigner du Christ dans le monde.<br />
La présence et l’énergie communicative d’un<br />
important contingent de jeunes adultes parmi les<br />
délégués au Congrès a été une grâce extraordinaire.<br />
Même dispersés aux tables des délégués, ils ont fait entendre leur voix, et ils ont<br />
rapidement noué des liens de communauté les uns avec les autres. Appuyés par les<br />
organisateurs du Congrès mais de leur propre initiative, ils ont convoqué leur propre<br />
groupe de travail : 127 jeunes adultes se sont retrouvés pour dîner et ont travaillé toute<br />
la nuit pour traduire leurs délibérations en une déclaration en sept points sur les<br />
vocations 9 .<br />
Dans ce texte, les jeunes adultes réaffirment leur alliance avec l’Église et leur désir<br />
d’être les saints du nouveau millénaire. Ils reconnaissent que pour répondre à leur<br />
vocation unique dans la vie, ils ont besoin de l’appui et de l’orientation de l’Église. Plus<br />
précisément, ils demandent un esprit de dialogue ouvert et respectueux, une Église qui<br />
soit inclusive, responsable, juste et vulnérable. Ils disent chercher à grandir dans la<br />
prière et le discernement, inspirés par «des figures de sagesse et des conseillers<br />
objectifs» qui, en leur partageant leur propre histoire, les aideront à découvrir la<br />
volonté de Dieu et à y répondre plus pleinement. Ils ont demandé une formation plus<br />
complète à la tradition catholique : son riche héritage biblique, sacramentel,<br />
liturgique, historique, spirituel et social, son engagement pour la liberté et la justice,<br />
pour la dignité de la personne humaine. Ils ont demandé qu’on leur donne de vraies<br />
responsabilités, qu’on forme en eux des «leaders qui osent prendre des risques pour le<br />
royaume de Dieu» et qu’on les aide à vivre à plein leur foi catholique pour qu’à leur<br />
tour ils puissent la partager à leurs contemporaines et à leurs contemporains dans un<br />
monde où les jeunes ont faim de Dieu.<br />
Plutôt que de publier leur déclaration sous forme de «manifeste», les jeunes adultes<br />
délégués ont préféré la partager avec l’assemblée dans un contexte d’action de grâces.<br />
Ils ont exprimé leur gratitude pour le privilège de participer activement au Congrès,<br />
pour l’accueil et les encouragements reçus. Ils ont célébré l’exemple généreux de tant<br />
de personnes ordonnées, consacrées et laïques qui vivent leur propre vocation dans la<br />
joie et la fidélité, et qui leur ont inspiré le désir de répondre à leur tour avec autant de<br />
joie et de générosité. L’ovation debout qui a suivi leur présentation a été la plus longue<br />
et la plus bouleversante de tout le Congrès.<br />
La participation active de jeunes catholiques au Congrès était en soi une prise de<br />
position : puissant signe d’espérance en l’avenir de l’Église, de sa mission dans le<br />
monde, de la vie consacrée et du ministère ordonné comme moyens pertinents et<br />
vitaux de vivre l’Évangile aujourd’hui en Amérique du Nord. Leur énergie illimitée,<br />
leur engagement pour l’Évangile, leur prière de vénération en présence de la Croix de<br />
la Journée mondiale de la Jeunesse, qui leur a été confiée symboliquement pour que,<br />
de la basilique Notre-Dame, ils la transportent dans le monde au terme de<br />
l’Eucharistie de clôture, ont donné des assises fermes à la conviction que le temps,<br />
l’énergie et les ressources investis pour nourrir la foi et la spiritualité des jeunes<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
15
SECTIONUN –Lesfondements<br />
catholiques représentent un gage solide<br />
pour la future mission de l’Église, promise à<br />
une riche moisson. Il est devenu évident<br />
que les jeunes et les jeunes adultes<br />
catholiques sont bien «un avenir plein<br />
d’espérance».<br />
Lesdélégués :principales<br />
recommandations<br />
Les délégués ont appris des jeunes adultes et<br />
des conférenciers du Congrès, mais ils ont<br />
aussi appris les uns des autres. C’est de leur<br />
sagesse et de leur expérience que ce plan pastoral tire sa principale inspiration. Au fil<br />
du Congrès, les délégués ont participé à une démarche qui incorporait une réflexion<br />
sur leur expérience personnelle et sur les données recueillies lors des consultations<br />
régionales antérieures au Congrès, des échanges aux tables et des sessions plénières à<br />
micro ouvert où des recommandations pouvaient être formulées, discutées et<br />
évaluées. L’énergie de l’assemblée a fini par se porter sur l’identification d’attitudes<br />
fondamentales à cultiver et d’actions précises à mettre en œuvre pour atteindre<br />
l’objectif de susciter une véritable «culture de la vocation» au sein de l’Église en<br />
Amérique du Nord.<br />
Sur le plan des attitudes ou de «l’être», on a surtout appelé à une prière plus<br />
profonde – enracinée dans une rencontre authentique avec Jésus Christ, menant à une<br />
conversion personnelle et structurelle – et à une vie de témoignage authentique,<br />
généreux et joyeux du Seigneur ressuscité. On a aussi appelé à un renouveau de<br />
l’Église : reconnaissance de l’égale dignité et de l’interdépendance fondamentale entre<br />
toutes les vocations ecclésiales, enracinées dans l’appel baptismal universel, de<br />
manière que toutes les vocations, qu’elles soient laïques, consacrées ou ordonnées,<br />
soient appréciées, encouragées et promues comme autant de «dons de Dieu, faits au<br />
peuple de Dieu».<br />
Sur le plan de l’action ou du «faire», les principales recommandations des délégués se<br />
regroupent sous six grands titres:<br />
• faire du travail auprès des jeunes et des jeunes adultes une priorité pastorale<br />
• évangéliser et catéchiser de manière à communiquer l’Évangile d’une façon<br />
claire et efficace<br />
• former des paroisses et de petites communautés de foi vibrantes, accueillantes,<br />
porteuses d’espérance et axées sur le Christ<br />
• soigner la pastorale des familles<br />
• inviter explicitement à envisager l’appel au ministère ordonné ou à la vie<br />
consacrée, dans un contexte de discernement, de témoignage personnel et de<br />
formation spirituelle<br />
• assurer le suivi du Congrès dans les paroisses, les diocèses, les communautés<br />
religieuses et, surtout, dans les rassemblements de jeunes 10 .<br />
16 Chapitreun
LagenèseduPlanpastoral<br />
Ce plan pastoral est un travail de synthèse. Il intègre les diverses priorités pastorales<br />
identifiées par les délégués au Congrès (y compris celles qu’ont nommées les jeunes<br />
adultes), l’expérience pastorale de ceux et celles qui travaillent depuis plusieurs années<br />
en pastorale des vocations ainsi que la perspective théologique et spirituelle élaborée<br />
par les nombreux conférenciers qui sont intervenus au Congrès. Le point autour<br />
duquel s’articule cette synthèse – et donc le problème<br />
central – c’est de chercher des réponses pratiques à la<br />
question suivante : Comment fonder et susciter une<br />
«culture de la vocation» à travers l’Église en<br />
Amérique du Nord<br />
Nous procédons en cinq étapes distinctes mais<br />
étroitement reliées l’une à l’autre et dont chacune fait<br />
l’objet d’un des prochains chapitres du plan pastoral.<br />
«Commentfonderetsusciterune<br />
«culturedelavocation»àtravers<br />
l’ÉgliseenAmériqueduNord»<br />
1. Parce que le souci pastoral des vocations doit se mesurer à la réalité<br />
quotidienne où l’appel de Dieu est entendu et reçoit une réponse, le Chapitre<br />
2 passe en revue un certain nombre de caractéristiques fondamentales de la<br />
société nord-américaine d’aujourd’hui pour identifier à la fois les espoirs et les<br />
obstacles à la création d’une authentique «culture de la vocation».<br />
2. Pour être pastoralement efficace, un plan d’action pour les vocations doit<br />
d’abord être théologiquement adéquat. Le Chapitre 3 examine donc le<br />
riche héritage de la tradition biblique et théologique catholique dont les<br />
récits, les images, les symboles et les doctrines fournissent une<br />
compréhension renouvelée de la «vocation» comme réalité spirituelle et<br />
théologique fondamentale. Le chapitre s’arrête, plus spécifiquement, à<br />
l’importance théologique et pastorale constante des vocations particulières<br />
au ministère ordonné et à la vie consacrée en tant qu’éléments constitutifs<br />
de la vie et de la mission de l’Église.<br />
3. Le Chapitre 4 dégage cinq priorités pastorales centrales – «prier,<br />
évangéliser, expérimenter, accompagner, inviter» – par rapport auxquelles<br />
l’ensemble de l’Église en Amérique du Nord est conviée à s’engager. Pour<br />
que la pastorale des vocations porte des fruits, l’invitation à embrasser une<br />
vocation particulière doit s’appuyer sur<br />
des fondements solides. Une vie de<br />
prière et une pratique sacramentelle<br />
fervente, la qualité de l’enseignement<br />
religieux et de l’éducation de la foi, une<br />
expérience vécue de la communauté et<br />
du service, et la présence de modèles<br />
significatifs qui donnent un témoignage<br />
approprié et prodiguent un<br />
accompagnement, voilà autant de<br />
préalables indispensables pour des<br />
vocations saines et durables à la vie<br />
consacrée et au ministère ordonné.<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
17
SECTIONUN –Lesfondements<br />
4. Le Congrès a tenté de promouvoir dans toute l’Église une prise de conscience<br />
et un sentiment de responsabilité à l’égard de l’avenir du ministère ordonné<br />
et de la vie consacrée comme de l’avènement d’une «culture de la vocation».<br />
Il y a cependant dans l’Église des groupes spécifiques de qui cette<br />
responsabilité relève plus directement. Dans cette perspective, le Chapitre 5<br />
pose carrément une série de questions pertinentes aux personnes et aux<br />
organismes concernés par différents aspects de la pastorale des vocations.<br />
Il vise ainsi à aider les évêques, les supérieurs majeurs, les responsables de la<br />
pastorale des vocations, les éducateurs, les conseillers spirituels, les<br />
aumôniers universitaires, les agents de pastorale scolaire, les curés, les diacres,<br />
les laïcs consacrés, les religieux, les ministres laïcs, les parents, les jeunes<br />
adultes, les communautés paroissiales et les membres d’associations laïques<br />
œuvrant pour les vocations à relever le défi de la mise en application des<br />
principales recommandations de ce plan pastoral.<br />
5. Les délégués ont explicitement formulé l’espoir que, sur le modèle des<br />
rencontres diocésaines et régionales tenues pour préparer le Congrès, des<br />
réunions fassent suite au Congrès afin d’amorcer le travail de mise en<br />
application. Afin de faciliter ce travail, on propose au Chapitre 6 un outil<br />
d’animation simple et convivial pour des réunions de suivi au Congrès. Il<br />
permet aux participants de prier et de réfléchir au contenu du plan pastoral,<br />
d’identifier les éléments les plus pertinents pour leur contexte particulier et<br />
de formuler un plan d’action réaliste que leur association (congrégation,<br />
paroisse, diocèse, etc.) soit disposée à appliquer.<br />
LeCongrèsetl’Égliseuniverselle<br />
Ce Congrès sur les vocations pour l’Église en Amérique du Nord n’a pas été un<br />
événement isolé. Il s’est tenu en réponse à une invitation précise lancée par le Saint-<br />
Siège, dont le souci pastoral s’étend à l’Église universelle. Premier Congrès du genre en<br />
Amérique du Nord, il a pu bénéficier de l’expérience de rencontres semblables<br />
organisées en Amérique latine (Sao Paulo, Brésil) en 1994 et en Europe (Rome) en<br />
1997, qui ont toutes deux produit des documents offerts par la suite à l’Église<br />
18 Chapitreun
universelle 11 . Même si le contexte social et pastoral est ici assez<br />
différent, les grandes recommandations de ce Congrès viennent<br />
compléter celles des deux précédents. Par ailleurs, ces<br />
recommandations s’inspirent de l’enseignement et de la<br />
pratique de l’Église universelle : l’Écriture sainte et la tradition,<br />
les documents du Deuxième Concile du Vatican et, de façon<br />
plus particulière, les exhortations apostoliques qui ont suivi les<br />
récents synodes sur le laïcat, sur la formation des prêtres, sur la<br />
vie consacrée et sur le ministère des évêques 12 .<br />
Réciproquement, on peut espérer que le travail de ce Congrès<br />
continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie<br />
consacrée en Amérique du Nord porte aussi des fruits pour<br />
l’Église universelle. Au cours de sa préparation et de son<br />
déroulement, des représentants du Saint-Siège ont assuré les organisateurs et les<br />
délégués que la «crise» des vocations en Amérique du Nord ne doit pas être vue<br />
seulement comme une menace mais aussi comme une occasion de croissance et de<br />
vie nouvelle, et que l’Église universelle regarderait maintenant du côté de l’Amérique<br />
du Nord en quête d’inspiration et de solutions pratiques.<br />
En ce sens, le Congrès des vocations 2002 a vraiment été pour l’Église en Amérique du<br />
Nord un kairos, un «moment favorable». Temps de conversion, de repentir et de<br />
purification; temps d’écoute mutuelle respectueuse, marqué par un profond amour<br />
du Christ et un engagement non moins profond pour la mission de Son Église dans<br />
le monde; temps propice à de nouvelles façons de soutenir l’appel à vivre le message<br />
évangélique intégralement et librement; et temps d’une réponse fidèle et aimante à<br />
l’appel lancé par un Dieu toujours fidèle et infiniment aimant.<br />
Le défi qui nous attend a été évoqué par un conférencier au Congrès, le Père Donald<br />
Senior:<br />
«Ceux qui ont le mandat de promouvoir les vocations à la prêtrise et à la vie religieuse,<br />
à cette époque de la vie de l’Église en Amérique du Nord, doivent être des sacrements<br />
d’espérance pour une Église blessée. Ce n’est que si nous croyons passionnément à<br />
l’Église et à son ministère, que si nous croyons de tout notre cœur que Dieu nous<br />
appelle à la vie, que si cette foi et cette espérance sont bien vivantes en nous, que nous<br />
serons capables de parler sans gêne ou sans hésitation aux jeunes chrétiens qui se<br />
sentent appelés par Dieu à porter l’Évangile au monde. Ce n’est que si nous mobilisons<br />
nos meilleurs idéaux et notre foi la plus profonde que nous serons dignes de cette<br />
nouvelle génération de chrétiens en quête d’une vie de sainteté.» 13<br />
Nous osons espérer que l’étincelle divine vécue par les délégués au Congrès, quand ils<br />
se sont rencontrés à Montréal du 18 au 21 avril, puisse attiser la flamme d’une<br />
nouvelle Pentecôte. Avec l’Esprit présent au coeur de notre unité, puissions-nous<br />
grandir pour devenir une Église dont les membres accueillent leur propre vocation<br />
comme un «don de Dieu, fait au peuple de Dieu», et deviennent capables de semer la<br />
semence généreusement et abondamment afin de récolter une moisson fructueuse<br />
pour le règne de Dieu en Amérique du Nord. Puisse ce plan pastoral donner une<br />
expression concrète à notre vocation commune; puisse notre Église devenir<br />
«sacrement d’espérance» en Amérique du Nord, dans le contexte où nous sommes<br />
appelés, pour la mission à laquelle nous sommes envoyés.<br />
«Notrecœurn’était-ilpasbrûlantennous»<br />
19
ChAPITRE2<br />
«Lechamp,<br />
c’estlemonde.»<br />
les vocations dans le contexte<br />
de la société nord-américaine<br />
«Le semeur<br />
est sorti pour<br />
semer…»<br />
(Mt 13,3)<br />
«Le champ,<br />
c’est le monde.»<br />
(Mt 13,36)<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
Connaissance du terrain<br />
Facteurs historiques<br />
Une réalité complexe et diversifiée<br />
Les congrès diocésains et régionaux : principales conclusions<br />
Facteurs positifs et négatifs dans la culture nord-américaine<br />
L’Église et la culture : un engagement critique<br />
Pluralisme, liberté, subjectivité<br />
La pastorale des vocations en contexte de scandale et de «défaveur»<br />
Les jeunes et les jeunes adultes catholiques, un signe d’espérance<br />
Les jeunes adultes catholiques : identité, spiritualité, communauté, mission<br />
Jeunesse, mission, leadership et audace<br />
Conclusion<br />
Connaissanceduterrain<br />
Pour mener à bien cette tâche, l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des<br />
temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile, de telle sorte qu’elle puisse répondre,<br />
d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le<br />
sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques. Il importe donc de<br />
comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère<br />
souvent dramatique. 14<br />
La figure biblique du Semeur a clairement focalisé les délibérations du Congrès nordaméricain<br />
sur les vocations. «La semence est la Parole de Dieu; le Christ est le Semeur.»<br />
Le Christ est celui qui sème généreusement la semence de la vocation dans chaque cœur<br />
humain, qui engage le dialogue entre la liberté de l’appel divin et la liberté de notre<br />
réponse humaine, qui sème courageusement partout et qui sème prudemment au<br />
moment approprié. C’est le Christ qui sert de modèle à tous ceux et celles qui, reflétant<br />
20 Chapitredeux
son image, participent à la mission en appelant de<br />
nouveaux ouvriers pour la moisson.<br />
Les semeurs courageux et prudents doivent très<br />
bien connaître le terrain qu’ils veulent cultiver. Si<br />
«le champ, c’est le monde», il s’agit de scruter<br />
attentivement la société nord-américaine, en<br />
particulier son «caractère souvent dramatique», les<br />
«attentes et les aspirations» de ceux et celles qui y<br />
sont établis. Il faut une analyse pénétrante de ses<br />
grandes tendances sociales et culturelles pour bien<br />
discerner au sein de la société nord-américaine le<br />
sol accueillant où la semence d’une authentique «culture de la vocation» pourra<br />
prendre racine, arriver à maturité et donner une récolte abondante.<br />
En outre, l’une des tâches essentielles de la pastorale des vocations consiste à aider<br />
les jeunes à discerner comment ils relèveront le défi d’être «sel et lumière» pour<br />
construire une «civilisation de l’amour». Cette invitation, reçue directement du pape<br />
Jean-Paul II lors de la récente Journée mondiale de la Jeunesse, les jeunes d’aujourd’hui<br />
la reçoivent dans la joie et l’enthousiasme 15 . Les jeunes adultes délégués au congrès ont<br />
proclamé leur engagement à vivre une relation d’alliance avec l’Église et dans l’Église.<br />
Pour que leur énergie soit efficacement harnachée en vue de la nouvelle évangélisation,<br />
il est de la plus haute importance de bien comprendre les valeurs dominantes, les<br />
convictions et les préoccupations spirituelles de la jeunesse d’aujourd’hui.<br />
Dans la culture nord-américaine, l’idée de la vie personnelle comme vocation a été<br />
largement supplantée et remplacée par les notions séculières de réussite, de<br />
satisfaction personnelle et de réalisation de soi. Il est urgent pour l’Église de traduire,<br />
dans un langage plus accessible à une nouvelle génération de catholiques, la profonde<br />
réalité humaine et spirituelle qu’exprime le terme «vocation», et l’importance qu’elle<br />
a toujours pour leur vie comme pour l’avenir de l’Église.<br />
Facteurshistoriques 16<br />
Les États-Unis et le Canada partagent une histoire qui a pour trait commun la<br />
poursuite de l’unité sociopolitique dans le contexte d’une incroyable diversité<br />
idéologique, ethnique, culturelle et religieuse.<br />
Cette diversité remonte aux vagues d’immigration successives venues enrichir la<br />
population nord-américaine. Cette histoire commence avec les premiers habitants de<br />
l’Amérique du Nord, les peuples autochtones ou premières nations. Elle se poursuit à<br />
l’époque coloniale, marquée par l’arrivée de colons français, britanniques et espagnols,<br />
jusqu’à l’accession à l’indépendance économique et politique. L’héritage tragique du<br />
commerce des esclaves africains a amené des millions d’autres personnes en Amérique<br />
du Nord et dans la Caraïbe. Puis vinrent les grandes périodes d’expansion et l’arrivée de<br />
millions d’immigrants : d’abord d’Europe de l’Ouest puis éventuellement d’Europe<br />
orientale, d’Asie, d’Afrique, d’Amérique latine, de la Caraïbe, en fait de partout à travers<br />
le monde. Ces gens regardaient l’Amérique du Nord comme un lieu de prospérité et de<br />
liberté, terre d’abondance regorgeant de ressources naturelles, refuge contre la misère<br />
économique, la discrimination politique et l’intolérance religieuse.<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
21
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Cette histoire de liberté et de prospérité relative a donné naissance<br />
à des valeurs culturelles spécifiques qui en sont venues à définir<br />
l’identité nord-américaine : ainsi, par exemple, l’autonomie, la<br />
tolérance, le pluralisme, le respect de la primauté du droit et du<br />
processus démocratique, l’initiative personnelle et la responsabilité<br />
sociale. Qu’ils parviennent ou non à vivre cet idéal, qu’ils remarquent<br />
ou non les vices tapis à l’ombre de ces vertus personnelles et civiques,<br />
les Nord-Américains regardent généralement avec admiration cette<br />
expérience sociale unique à laquelle ils s’identifient. Et ils continuent<br />
de se laisser façonner par ses valeurs dominantes et par ses lacunes<br />
caractéristiques.<br />
Uneréalitécomplexeetdiversifiée<br />
Mais l’identification et l’analyse de ces courants dominants deviennent de plus en plus<br />
complexes. Qu’est-ce exactement que «la culture nord-américaine» Quels en sont les<br />
traits distinctifs Comment nommer et décrire adéquatement son «moment présent 17 »<br />
à une époque de fermentation intellectuelle, technologique et culturelle sans<br />
précédent Quel est le paradigme culturel dominant dans une société où se côtoient<br />
plusieurs générations et où coexistent difficilement, quand elles n’entrent pas<br />
directement en conflit et en contradiction, des visions du monde moderne,<br />
postmoderne, antimoderne et prémoderne<br />
L’analyse culturelle est importante, car ceux et celles qui sont engagés dans la<br />
pastorale des vocatio ns, à quelque niveau et dans quelque contexte que ce soit, se<br />
doivent de connaître le terrain où il faut semer le message du Christ. De plus, si<br />
complexe que soit la diversité sociale et culturelle nord-américaine, l’identification et<br />
la compréhension de ses courants dominants sont indispensables pour que l’Église<br />
puisse offrir une réponse pastorale adéquate. D’où des questions comme celles-ci :<br />
• Qu’est-ce qui exerce l’influence la plus forte sur les valeurs, les choix éthiques<br />
et l’engagement des catholiques : l’Évangile, tel que l’interprète la tradition<br />
catholique, ou les valeurs et la vision du monde de la société séculière<br />
• Comment les catholiques perçoivent-ils leur Église Plus précisément,<br />
comment perçoivent-ils les personnes qui servent dans le ministère ordonné<br />
ou la vie consacrée<br />
• Comment l’Église et ses ministres sont-ils représentés dans les médias Dans<br />
l’opinion publique<br />
• Quels sont les besoins des jeunes Comment les jeunes catholiques<br />
s’identifient-ils en relation à Dieu, à Jésus Christ, à l’Église<br />
• Quelles sont les images du ministère ordonné et de la vie consacrée qui<br />
prédominent dans la jeunesse catholique Chez leurs parents<br />
• Quelle forme prennent les attentes et les aspirations des femmes Comment<br />
les jeunes femmes perçoivent-elles leur rôle et leur place dans l’Église<br />
• Quelles approches pourraient inciter un jeune à envisager de répondre<br />
positivement à un appel à un engagement permanent dans l’Église<br />
22 Chapitredeux
Lescongrèsdiocésains/régionaux :<br />
principalesconclusions<br />
On a beaucoup écrit, ces dernières années, sur les courants sociaux et spirituels qui<br />
caractérisent la société nord-américaine d’aujourd’hui, et en particulier sur la culture<br />
et la spiritualité des jeunes 18 . Sans négliger ces données, les organisateurs du Congrès<br />
ont préféré consulter directement les membres de l’Église en Amérique du Nord, en<br />
concentrant leur attention sur les facteurs qui<br />
influencent les vocations au ministère ordonné et<br />
à la vie consacrée. Cette consultation s’est faite par<br />
le biais de rencontres régionales qui se sont<br />
tenues entre septembre 2001 et février 2002. Elles<br />
ont été organisées dans les diocèses et les<br />
éparchies, les régions et les paroisses, les<br />
congrégations religieuses et les clubs Serra, sur les<br />
campus universitaires et dans les mouvements de<br />
jeunes, parmi les agents de pastorale<br />
vocationnelle et les responsables de divers âges,<br />
langues, cultures, régions et types de vocation.<br />
Les participants à ces rencontres se sont vus poser trois questions:<br />
1. Quand vous pensez à la vie consacrée et au ministère ordonné en<br />
Amérique du Nord, qu’est-ce qui vous fait espérer<br />
2. Aujourd’hui en Amérique du Nord, quels sont à votre avis les obstacles qui<br />
retiennent quelqu’un d’envisager/encourager une vocation à la vie<br />
consacrée ou au ministère ordonné<br />
3. Nommez trois idées que vous voudriez voir mises en œuvre ou trois gestes<br />
que vous pourriez poser dans votre propre milieu, en tant que responsable<br />
de la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
Le dépouillement et l’analyse de ces données ont respecté trois facteurs importants<br />
de diversité au sein de l’Église en Amérique du Nord : la nationalité, la langue et la<br />
génération. Les réponses des États-Unis, du Canada anglais et du Canada français ont<br />
été analysées séparément. À l’intérieur de chaque regroupement national, elles ont<br />
ensuite été subdivisées par groupe d’âge : 30 ans et moins, 31-50 ans et plus de 50 ans.<br />
Compilées et analysées par des professionnels dotés d’une formation en théologie et<br />
en sciences humaines, ces données ont été présentées aux délégués du Congrès pour<br />
alimenter la discussion 19 .<br />
Facteurspositifsetnégatifsdanslaculture<br />
nord-américaine<br />
«Ellesontétéorganiséesdans...les<br />
mouvementsdejeunes,parmiles<br />
agentsdepastoralevocationnelleetles<br />
responsablesdediversâges,langues,<br />
cultures,régionsettypesdevocation. »<br />
Chez tous les groupes, des facteurs culturels négatifs ont été cités parmi les obstacles<br />
les plus importants à une «culture de la vocation». On a parlé de matérialisme, de<br />
consumérisme, de sécularisme, d’individualisme, de pluralisme, de relativisme moral<br />
et d’indifférence religieuse 20 . L’aisance et le confort, même s’ils ne sont pas négatifs en<br />
soi, ont également été identifiés comme des obstacles potentiels.<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
23
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Ces facteurs sont sans doute aggravés par le soupçon qui semble<br />
peser sur toutes les institutions et les figures d’autorité, surtout si<br />
elle sont religieuses. Lié à une «période d’anticléricalisme et de<br />
préjugé reçu à l’encontre du christianisme 21 », ce soupçon est<br />
alimenté par les images de l’Église (et surtout du sacerdoce et de la<br />
vie religieuse) projetées par les médias, images souvent<br />
superficielles, dépassées et tendancieuses, et parfois malveillantes.<br />
La faute n’en incombe pas qu’aux médias. Les répondants ont<br />
aussi relevé la pauvre visibilité et la faible présence des prêtres, des<br />
religieux et des religieuses dans la vie quotidienne de la plupart des<br />
catholiques, en particulier des jeunes. «Nous ne pouvons pas<br />
choisir quelque chose que nous ne voyons ni ne connaissons», de<br />
dire les jeunes adultes. Et leurs parents : «Nous ne pouvons les<br />
encourager à suivre une voie que nous ne comprenons pas. » L’idée<br />
que les évêques, les prêtres, les sœurs et les frères sont<br />
généralement âgés, distants, débordés, frustrés et isolés est<br />
malheureusement trop répandue. Les jeunes adultes réclament des<br />
«témoins authentiques, joyeux», prêts à partager leur «passion et<br />
leur profond amour pour le Christ et pour l’Église 22 ». Ils veulent, disent-ils, qu’on les<br />
aide à embrasser leur vocation, qui est «de porter et de nourrir le feu que Jésus est venu<br />
allumer sur la terre 23 ». Est-ce là ce qu’ils voient et ce qu’ils vivent<br />
Les mini-congrès ont également mentionné que le travail pour les vocations est<br />
entravé par une instabilité personnelle et sociale généralisée : taux de divorce élevé,<br />
ruptures des familles, perte du respect de l’autorité (parentale, civique et religieuse). Ce<br />
qui réduit considérablement la capacité de s’engager à long terme. Les progrès rapides<br />
dans les domaines de la technologie, du divertissement et des communications<br />
tendent à renforcer une tendance malsaine à rechercher les réponses instantanées et<br />
les gratifications immédiates. En conséquence, indiquent les répondants, nous, Nord-<br />
Américains n’avons pas la patience de discerner les mouvements subtils qui balisent<br />
la quête d’intégrité morale et de vérité religieuse. Dans une société qui prône la liberté<br />
sexuelle et l’égalité des chances pour les hommes et les femmes, l’exigence du célibat<br />
sacerdotal et le fait de cantonner les femmes dans ce qui semble un rôle subalterne et<br />
diminué sont souvent perçus de façon négative. Les jeunes, hommes et femmes, y<br />
voient des obstacles qui les empêchent d’envisager sérieusement la vie consacrée ou le<br />
ministère ordonné.<br />
La plupart de ces perspectives négatives ont trouvé un écho au Congrès lui-même.<br />
«La semence des vocations est semée en abondance», mais «le terrain du monde est<br />
souvent corrompu, encombré de ronces, chargé de distractions et de passions<br />
mauvaises qui viennent l’étouffer et l’empêchent d’arriver à maturité et de donner son<br />
fruit 24 ». Même s’il «ne manque pas de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée<br />
dans notre monde», il semblerait que «le discernement, l’écoute, l’acceptation et la<br />
confiance soient une denrée rare 25 ».<br />
D’autres voix au Congrès ont exprimé une préoccupation qui faisait écho aux<br />
conclusions du Congrès européen sur les vocations de 1997 : la culture occidentale<br />
contemporaine est profondément «anti-vocationnelle» de par sa nature, en ce sens<br />
que les choix pour l’avenir sont dictés avant tout par des soucis de réalisation de soi,<br />
24 Chapitredeux
de sécurité économique et de satisfaction affective. Il n’y a souvent aucune référence,<br />
font-elles observer, «à l’amour de Dieu et du prochain, au mystère transcendant et à la<br />
responsabilité sociale 26 ».<br />
Si dans notre société la vie elle-même n’est plus accueillie comme «un don de<br />
Dieu», si son but n’est plus perçu en lien à une vie donnée «pour le peuple de Dieu»,<br />
comment susciter une «culture de la vocation»<br />
Égliseetculture :unengagementcritique<br />
Ces facteurs négatifs sont réels et ne doivent pas être sous-estimés. Mieux vaut les<br />
reconnaître franchement et s’y attaquer directement. Par ailleurs, les jugements à<br />
l’emporte-pièce sur la société nord-américaine désespérément corrompue et<br />
foncièrement hostile à la foi catholique, à son ministère et à sa mission ne servent pas<br />
à grand-chose. L’idée que certains aspects de la culture nord-américaine nuisent au<br />
travail pour les vocations doit être nuancée car il y en a d’autres qui sont, eux, tout à<br />
fait accueillants à une évangélisation renouvelée. Il se trouve<br />
une nouvelle génération de catholiques disposés à répondre à<br />
l’appel de Dieu. Si c’est «au niveau de nos récits profonds<br />
qu’une vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée<br />
‘prend feu’ chez un individu ou chez un groupe de<br />
personnes», ceux et celles qui cherchent Dieu doivent avoir<br />
l’occasion de dire leur récit et d’y réfléchir. Alors seulement<br />
pourront-ils voir et nommer les traces de la présence constante<br />
de Dieu guidant leur vie, Son invitation permanente à la vie et<br />
à l’amour, à la sainteté et à la mission.<br />
«…ilfautabsolumentun<br />
engagementcritiquefaceà<br />
laculturenord-américaine<br />
contemporaine.»<br />
Mais pour y arriver, il faut absolument un engagement critique face à la culture<br />
nord-américaine contemporaine. S’engager de façon critique, c’est éviter une double<br />
tentation : l’acceptation naïve de la culture dominante et une condamnation sans<br />
appel de la culture. Se retrancher dans l’une ou l’autre de ces positions extrêmes, c’est<br />
échouer à pénétrer la culture, à entamer avec elle un franc dialogue, à apprivoiser son<br />
langage et ses symboles, à prendre les moyens de nommer et d’évaluer ses vertus et ses<br />
vices, ses intuitions et ses points aveugles. Surtout, un tel engagement exige que nous<br />
apprenions à exploiter à la lumière de l’Évangile ce que notre culture comporte de<br />
potentiel vital.<br />
Qu’entendons-nous par «culture» Au Congrès, on a parlé de la culture comme de<br />
«notre demeure sacrée» qui nous fournit le contexte et le langage pour entreprendre<br />
notre quête de sens, d’identité, de communauté et d’union au Divin. L’attention<br />
portée aux récits et aux symboles où s’expriment «notre mémoire mythique, notre<br />
imagination symbolique et nos engagements affectifs» nous mènent à une<br />
compréhension plus fine de la structure interne de la culture 27 . Sans canoniser<br />
faussement tous les aspects de la culture nord-américaine, sans prétendre pouvoir<br />
«arranger» ou «guérir» ses problèmes, il faut d’abord être en mesure de la nommer<br />
correctement. Nommer correctement l’époque à laquelle nous vivons, c’est ainsi poser<br />
«un geste politique et prophétique 28 ».<br />
Pour vivre cet engagement critique, il faut d’abord cultiver une pratique spirituelle<br />
importante : adopter un regard «contemplatif» sur la culture nord-américaine. Comprise<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
25
SECTIONUN –Lesfondements<br />
comme un «long regard aimant porté sur le réel», la contemplation exige l’ouverture au<br />
discernement de l’auto-révélation de Dieu dans l’ici et le maintenant, dans les valeurs,<br />
les vertus et les récits qui façonnent aujourd’hui les personnes et les peuples.<br />
Par ailleurs, cette ouverture exige aussi une distance critique qui crée un «espace où<br />
l’Esprit de Dieu devienne présence réelle et sensible, questionne nos évidences,<br />
démasque nos illusions, brise nos idoles et nous demande de modifier nos<br />
perceptions et nos cadres de référence 29 ». Le discernement contemplatif nous<br />
demande de discerner à l’intérieur de notre culture des amorces de progrès et de<br />
déclin, de rupture et de guérison, de péché et de vertu. Plus douloureux encore, il nous<br />
met en demeure de discerner les mêmes tendances au sein de l’Église, elle-même<br />
façonnée par les tendances culturelles dominantes.<br />
Quels sont les «récits profonds» qui enflamment la culture nord-américaine<br />
Quelles sont les valeurs et les vertus qu’elle chérit – même si elle n’arrive pas à hisser<br />
sa vie à leur hauteur Comment les mettre à contribution pour l’élaboration d’une<br />
véritable «culture de la vocation» tant à l’intérieur de l’Église qu’au sein de la culture<br />
dans son ensemble<br />
Pluralisme,liberté,subjectivité<br />
L’une des valeurs chéries de la société nord-américaine, c’est le pluralisme. Les Nord-<br />
Américains vivent dans un contexte de diversité ethnique, culturelle et religieuse. En<br />
outre, les exigences de l’ordre social et de la collaboration ont favorisé la pratique de<br />
vertus telles que la tolérance, l’acceptation des différences légitimes, le respect du<br />
processus démocratique et de la primauté du droit. Influencés par ce contexte culturel,<br />
les catholiques en Amérique du Nord – et surtout les jeunes – sont à l’aise face à la<br />
diversité des opinions et des expressions de foi. Ils n’en continuent pas moins à<br />
s’identifier fermement et positivement comme chrétiens et catholiques.<br />
Les amitiés que nouent les catholiques nordaméricains<br />
et les collectivités auxquelles ils<br />
appartiennent jettent des ponts sur les barrières<br />
traditionnelles de race, de sexe, d’âge, de religion,<br />
d’origine ethnique et de statut socio-économique. Ce<br />
qui les amène à demander à l’Église et à l’ensemble de<br />
la société de réexaminer les formes subtiles de<br />
séparation et d’exclusion qui continuent de prévaloir 30 .<br />
Pour la plupart, ils se méfient des institutions, qu’elles<br />
soient politiques, morales ou religieuses, qui<br />
prétendent détenir le monopole de la vérité.<br />
Par ailleurs, la capacité d’autocritique des catholiques nord-américains est souvent<br />
réduite. Ils ont peine à admettre jusqu’à quel point ils sont influencés par la culture<br />
monolithique, axée sur l’image médiatique et la consommation, qui sous-tend leur<br />
style de vie confortable, même quand elle contredit les valeurs morales et politiques<br />
auxquelles ils se disent attachés.<br />
De toute évidence, substituer son jugement personnel à celui de l’autorité<br />
ecclésiastique, se dire que «tout peut passer» en matière de foi ou de morale, ce n’est<br />
guère cohérent avec la tradition catholique et cela sape l’unité de l’Église. D’autre part,<br />
«Ladiversitéestelle-mêmeune<br />
composantedel’identitédel’Église<br />
catholique,communionuniverselle<br />
descroyantsaumilieu…»<br />
26 Chapitredeux
il faudrait être buté et manquer de jugement<br />
pastoral pour ne voir dans la diversité ou le<br />
pluralisme que des déviations condamnables qui<br />
font obstacle à l’implantation de l’Évangile et<br />
empêchent les jeunes d’opter pour une vie de<br />
service dans l’Église.<br />
La diversité est elle-même une composante de<br />
l’identité de l’Église catholique, communion<br />
universelle des croyants au milieu de qui l’Évangile<br />
est prêché, célébré et vécu sous tant et tant de formes<br />
culturelles et rituelles. Le défi consiste à équilibrer la<br />
diversité et l’unité dans l’Esprit, de qui procède la<br />
diversité des dons et des formes d’expression. De même qu’il ne faut pas confondre<br />
l’unité et l’uniformité, la diversité ne saurait servir de prétexte à la fragmentation.<br />
Deux valeurs apparentées servent de pivots à la culture nord-américaine :<br />
• la revendication de la subjectivité personnelle<br />
• le désir de liberté.<br />
Dans les consultations qui ont précédé le Congrès, ces valeurs ont été identifiées<br />
comme des obstacles à une vie d’engagement en réponse à l’appel de Dieu. Ces<br />
valeurs représentent des obstacles lorsque, idéologiquement corrompues, elles<br />
deviennent individualisme, subjectivisme, relativisme moral et religieux. Même des<br />
commentateurs bienveillants à l’endroit de la société nord-américaine reconnaissent<br />
que l’importance que nous accordons à la liberté individuelle se dégrade trop souvent<br />
en arbitraire subjectif. On revendique ses droits sans se soucier de sa responsabilité<br />
personnelle ou sociale. Les convictions personnelles sont souvent adoptées au hasard,<br />
sans grand souci de cohérence intellectuelle, de responsabilité morale ou<br />
d’authenticité religieuse. La spiritualité s’est privatisée et compartimentée, et on ne sait<br />
plus ce que c’est que d’appartenir à une tradition religieuse cohérente.<br />
Or ce n’est pas que le respect pour l’individu et la liberté humaine soit étranger à<br />
la foi chrétienne et à la tradition catholique. Il faut bien voir le lien entre:<br />
• des vertus modernes populaires comme l’authenticité, la motivation,<br />
l’ouverture, l’intégrité, la responsabilité et le fait d’être «fidèle à soi-même»<br />
et<br />
• dans la tradition catholique, le sens profond de la dignité de la personne<br />
humaine, de la création de l’homme et de la femme à l’image et à la<br />
ressemblance de Dieu, de la liberté de l’acte de foi, de l’exercice moralement<br />
responsable d’une conscience bien formée, du désir fondamental de Dieu<br />
enraciné dans chaque cœur humain qui est «inquiet tant qu’il ne trouve pas en<br />
Dieu son repos».<br />
Ici encore, le défi consiste à aborder de façon critique la passion contemporaine<br />
pour la liberté et l’expression de soi : il s’agit moins de la condamner que de la faire<br />
entrer en dialogue avec le message de l’Évangile transmis par la tradition catholique.<br />
Il est évident qu’il y a dans la culture nord-américaine certains éléments qui<br />
compromettent les valeurs évangéliques, et d’autres qui sont carrément hostiles à la<br />
foi chrétienne et à l’Église catholique. Il ne faut pas sous-estimer le défi qu’il y a à<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
27
SECTIONUN –Lesfondements<br />
susciter une «culture de la vocation» en pareil contexte. Au Congrès, l’abbé<br />
Ron Rolheiser a mis les délégués en garde contre le danger de sauter<br />
rapidement à la conclusion que nous vivons maintenant à une époque<br />
«post-chrétienne». Il est à la fois plus juste et plus utile, dit-il, de voir dans<br />
la culture occidentale contemporaine une culture adolescente,<br />
«incomplète». Comme bien des adolescents, cette culture est encore en<br />
train de découvrir son identité. Comme d’autres, tantôt elle critique ceux<br />
qui lui ont donné la vie, tantôt elle en a honte. Et pourtant, d’insister le<br />
conférencier, même quand elle se montre le plus rebelle, même au plus<br />
creux de sa crise de croissance, elle absorbe une part beaucoup plus<br />
importante de l’histoire et des valeurs chrétiennes qu’elle n’est prête à<br />
l’admettre 31 .<br />
Avec le temps, dit l’abbé Rolheiser, à mesure que notre culture grandit et arrive à<br />
maturité, elles s’approprie les éléments positifs qui l’ont façonnée, poursuivant ainsi<br />
l’histoire de la famille – non par la simple répétition du passé mais en leur appliquant<br />
sa créativité dans un contexte nouveau, comme «le maître de maison qui tire de son<br />
trésor du neuf et de l’ancien» (Mt 13,52).<br />
Tel est donc le décor dans lequel les jeunes catholiques d’Amérique du Nord sont<br />
invités à discerner ce qu’ils savent de la tradition catholique, leurs liens avec elle et leur<br />
engagement à son endroit. C’est le contexte dans lequel nous les invitons à envisager<br />
sérieusement diverses vocations particulières afin de témoigner et de servir dans<br />
l’Église et pour le monde : le mariage et la vie de famille, le célibat vécu généreusement<br />
dans le monde, et la vie consacrée et le ministère ordonné.<br />
Lapastoraledesvocationsencontextede<br />
scandaleetde«défaveur»<br />
Dans son discours inaugural au Congrès, le Père Donald Senior a su traduire ce qui<br />
hantait nombre de délégués au moment où ils arrivaient au Congrès:<br />
Nous sommes réunis pour appuyer les vocations à la prêtrise et à la vie consacrée – et les<br />
manchettes annoncent tous les jours des articles qui font honte à l’Église, qui la jettent<br />
dans l’embarras ou qui la mettent en accusation, elle et ses dirigeants. Jamais de toute ma<br />
vie je n’ai vécu une période comme celle-ci, où il y ait tant de colère, de confusion et de<br />
douleur dans l’Église et chez les gens de bonne volonté à l’extérieur de l’Église. Que faire<br />
en un temps pareil 32 <br />
Il n’y a pas lieu de rappeler ici le scandale et l’humiliation vécue par l’Église des<br />
États-Unis dans les mois qui ont précédé immédiatement le Congrès sur les vocations.<br />
Les médias étaient braqués sur la divulgation à répétition de cas d’inconduite sexuelle<br />
de la part de membres du clergé. On parlait de complot et de maquillage épiscopal;<br />
vraiment, une période douloureuse et difficile. La crédibilité de l’Église et de ses<br />
structures, l’image de ses ministres et de ses représentants visibles semblaient avoir<br />
touché le fond.<br />
La souffrance des victimes d’agression et la profonde conversion personnelle et<br />
structurelle à laquelle elles appellent l’Église sont des réalités que l’Église peut et doit<br />
affronter. Cependant, sans vouloir minimiser la nature dramatique du moment<br />
28 Chapitredeux
présent, il nous faut le replacer dans un contexte historique plus large et y reconnaître<br />
le plus récent chapitre de la longue histoire de l’Église en Amérique du Nord.<br />
Ayant connu une série analogue de scandales à la fin des années 1980 et au début<br />
des années 1990, l’Église du Canada est en mesure de sympathiser sans réserve avec<br />
l’Église des États-Unis, secouée par la douleur et l’incertitude au cours des mois qui ont<br />
immédiatement précédé le Congrès. D’ailleurs, les données des «mini-congrès» (dont<br />
la plupart s’étaient tenus avant que les médias n’attirent l’attention sur les scandales<br />
les plus récents) indiquaient que «les mauvais exemples», «les scandales/la<br />
pédophilie» et «l’image négative dans la presse et les médias» figuraient déjà en bonne<br />
place parmi les obstacles qui empêchent de répondre positivement à une vocation au<br />
ministère ordonné ou à la vie consacrée.<br />
La situation récente de l’Église catholique en a été une de «défaveur historique», où<br />
«l’anticléricalisme et les préjugés contre le christianisme» jouent un rôle important.<br />
Presque toutes les institutions sont suspectes aujourd’hui. L’Église catholique, qui est<br />
l’organisme religieux le plus considérable et le plus en vue, est souvent pointée du doigt<br />
et soumise à l’examen du public. Pour qui aime l’Église, apprécie sa responsabilité<br />
sociale et sa façon de promouvoir l’honnêteté, l’intégrité, la transparence et le souci du<br />
plus faible, il est douloureux d’assister à l’humiliation publique de l’Église, mise à nu<br />
devant ses accusateurs, et de voir ses plaies exposées aux regards du monde. L’Église<br />
subit un émondage, et l’émondage est une opération douloureuse 33 .<br />
Cet exercice est particulièrement pénible pour ceux et celles qui ont donné leur vie<br />
au ministère et à la mission de l’Église. Non seulement se voient-ils aujourd’hui sousestimés<br />
et surchargés, mais on remet en question leur intégrité morale et leur<br />
engagement.<br />
On peut observer l’impact de cette expérience chez les communautés religieuses,<br />
touchées par la chute de leurs effectifs et le vieillissement de leurs membres, et qui<br />
doivent abandonner des territoires de mission autrefois fructueux. On le voit chez les<br />
évêques et les prêtres qui s’efforcent de préserver des paroisses et d’autres ministères<br />
alors qu’il manque de ministres. On le remarque chez les ministres laïcs – hommes et<br />
surtout femmes de foi – qui continuent de servir<br />
l’Église dans la fidélité et la solidarité même quand ils<br />
se sentent exclus ou qu’ils sentent méconnue leur<br />
contribution essentielle. C’est ce que vivent des légions<br />
de catholiques qui cherchent à pratiquer les valeurs de<br />
l’Évangile à la maison, au travail et à la paroisse, qui<br />
attendent de l’Église consolation spirituelle et<br />
leadership moral, et qui se sentent aigris, embarrassés<br />
et même trahis à la suite des événements récents.<br />
«Sansl’ombred’undoute,il<br />
s’agitpourl’Églised’untemps<br />
dedouleuretdepassion. »<br />
Sans l’ombre d’un doute, il s’agit pour l’Église d’un temps de douleur et de passion 34 .<br />
Mais un temps de passion est aussi l’occasion d’une solidarité profonde avec le<br />
mystère pascal du Christ. L’Église est remise à la place du Christ – avec les pauvres, les<br />
exclus, les criminels condamnés. La leçon de Pâques, c’est que, paradoxalement, la<br />
mort peut venir de la vie. Même le Christ ressuscité, venu porter un message de paix<br />
et de pardon, continue de porter la marque de Ses plaies. La même chose vaut de<br />
l’Église qui est le Corps du Christ sur terre.<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
29
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Rapprocher les souffrances actuelles de l’Église de celles du Christ, ce n’est pas<br />
laisser entendre que les dirigeants, les ministres et les membres de l’Église soient<br />
innocents de tout méfait, ou que l’Église n’ait pas contribué au déshonneur et à la<br />
marginalité qui la touchent aujourd’hui. En fait, ce serait une grave erreur que de<br />
reprocher aux médias séculiers ou aux autres institutions publiques le tort causé à<br />
l’image et à la crédibilité de l’Église, pour se retirer dans une sainteté hermétiquement<br />
scellée qui n’aurait pas le moindre sens pour le monde et sa corruption.<br />
Au lieu de cela, les conférenciers du Congrès ont appelé l’Église à retourner à ses<br />
sources les plus profondes, à accueillir ce moment comme un temps privilégié de<br />
purification et de renouveau:<br />
Et d’abord, c’est pour nous le temps de voir tout cela à partir des sources les plus profondes<br />
de notre foi. Nous pouvons et nous devrons débattre longtemps des causes de ce scandale<br />
et des remèdes à y apporter. Mais en même temps, nous devons creuser au plus profond de<br />
notre héritage et en retirer pour nous-mêmes et pour le peuple que nous servons les idéaux<br />
les plus nobles et les plus sacrés de notre foi chrétienne. Nous devons nous rappeler avec<br />
précision et avec intensité la beauté de l’Évangile et les idéaux les plus élevés de notre appel<br />
comme prêtres et comme religieux et religieuses au nom du peuple de Dieu. Nous sommes<br />
appelés à la sainteté et à la pureté du cœur – rien de moins. Nous devons proclamer<br />
l’Évangile avec conviction et avec passion – rien de moins. Nous sommes là pour servir et<br />
non pour être servis – rien de moins 35 .<br />
Une grâce importante, née du scandale et de la crise, est la prise de conscience que<br />
les solutions improvisées ne suffiront plus. À plusieurs reprises, les délégués et les<br />
conférenciers ont répété que ce qui ressortait du Congrès, ce n’était pas le besoin d’une<br />
nouvelle affiche, d’une vidéo, d’une campagne publicitaire ou d’un programme. S’il y<br />
a un avenir pour la vocation au ministère, si Dieu continue vraiment d’inviter des<br />
femmes et des hommes généreux à des vies de service et de mission dans l’Église, ce<br />
qu’il faut, ce ne sont plus simplement des techniques ou des stratégies nouvelles, mais<br />
un esprit nouveau et un cœur nouveau. Ce qu’il faut, c’est une transformation<br />
intérieure, une conversion:<br />
Les stratégies qui n’offrent que de l’information, des analyses rationnelles, des normes<br />
éthiques et des exhortations inspirantes ne provoqueront pas les changements qui s’imposent<br />
dans notre société et dans notre Église. Pas plus que ne seront efficaces des stratégies<br />
fragmentées et isolées. Quelles que soient les stratégies que nous emploierons, elles devront<br />
30 Chapitredeux
viser une transformation de la conscience, une guérison et une libération de la mémoire, de<br />
l’imagination et du cœur. Nous parlons ici d’une «conscience alternative», d’un<br />
changement structurel intérieur, d’une façon radicalement différente de connaître, de voir,<br />
d’entendre, de juger et d’agir. Nous ne parlons pas seulement de changements. Nous parlons<br />
de conversion, c’est-à-dire de changer notre façon de percevoir, de sentir et d’agir 36 .<br />
À quoi pourrait ressembler cette conversion,<br />
cette démarche de retour aux sources Nous<br />
commençons par revenir aux sources de notre foi :<br />
aux récits bibliques qui font de nous un peuple,<br />
qui façonnent notre expérience de l’appel divin et<br />
de la réponse humaine. Nous le faisons pour<br />
pouvoir entendre à nouveau la voix du Christ au<br />
cœur du monde d’aujourd’hui. Il continue<br />
d’appeler une nouvelle génération de témoins qui<br />
serviront l’Église en répondant aux besoins<br />
concrets du monde.<br />
«…leschrétienssesententmarginalisés,<br />
queleursconvictionssontridiculisées<br />
etqueleurssymbolessontrepoussés<br />
enpériphériedelasociété…»<br />
Les métaphores tirées des Écritures évoquent avec force le défi de créer un nouveau<br />
rapport entre la foi et la culture. Quand les chrétiens se sentent marginalisés, que leurs<br />
convictions sont ridiculisées et que leurs symboles sont repoussés en périphérie de la<br />
société, ils peuvent puiser des forces dans la promesse de Dieu faite à Jérémie d’un<br />
«avenir plein d’espérance». En un temps où l’Église est confrontée à une société qui<br />
célèbre la diversité et l’égalité, nous pouvons modeler notre réponse sur celle de Jésus.<br />
Il était disposé à pénétrer les intervalles difficiles, il n’avait pas peur de traverser les<br />
frontières de la patrie, de l’origine ethnique, de la religion et des sexes, emporté par Sa<br />
passion de prêcher, de guérir et de proclamer le Règne de Dieu.<br />
En un temps où peut nous décourager l’effondrement de notre rêve, ce qui semble<br />
être l’échec total et définitif de notre mouvement, il nous faut rencontrer Jésus sur<br />
notre propre route d’Emmaüs. Il nous faut demander son aide pour comprendre les<br />
événements du monde qui nous entoure à la lumière des Écritures, et reconnaître<br />
Jésus dans Son auto-manifestation. Voici le temps où l’Église est retournée et renvoyée<br />
à Jérusalem, au cœur du monde, là même d’où elle est tentée de s’enfuir. Voici le temps<br />
de porter la Bonne Nouvelle que le Christ est bien vivant, qu’Il nous précède sur la<br />
route, et qu’Il nous demande de nous préparer à une nouvelle Pentecôte où, une fois<br />
encore, nous serons revêtus de la force d’en haut 37 .<br />
Notre conviction que l’Esprit Saint guidera l’Église à travers les crises devrait nous<br />
fortifier pour la tâche considérable qui nous attend. D’un côté, des congrégations<br />
autrefois vigoureuses ont été décimées, des séminaires désertés et leurs apostolats<br />
traditionnels abandonnés faute de personnel. De l’autre, l’expansion incroyable de<br />
l’apport des laïques, hommes et femmes, à la mission de l’Église : ceux qui sont<br />
engagés professionnellement dans le ministère laïc, et le grand nombre de tous ceux<br />
et celles qui, en paroisse, au foyer ou au travail, vivent fidèlement les engagements de<br />
leur baptême et de leur mariage.<br />
Il y a des signes concrets de renouveau et d’espérance dans un nombre croissant de<br />
diocèses, de communautés et d’instituts séculiers. De même, naissent de nouvelles<br />
formes de vie consacrée qui semblent attirer une nouvelle génération de catholiques.<br />
Mais ces tendances ne sont pas assez fortes pour refléter l’ensemble de la situation à<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
31
SECTIONUN –Lesfondements<br />
laquelle est confrontée l’Église au Canada et aux États-Unis. Si ce qui nous attend, c’est<br />
«un avenir plein d’espérance 38 » - comme le disaient en 1998 les évêques des États-Unis<br />
dans leur stratégie pastorale nationale pour les vocations – quelles sont les sources de<br />
cette espérance<br />
Lajeunesseetlesjeunesadultescatholiques,<br />
signed’espérance<br />
La confiance dans la présence de Dieu parmi nous est l’origine et la source première<br />
de notre espérance: par l’Esprit Saint, Dieu continue d’appeler jeunes et vieux à devenir<br />
disciples et à vivre la mission. Toutefois, par-delà les frontières d’âge, de langue et de<br />
nationalité, les participants aux mini-congrès régionaux ont tous désigné les jeunes<br />
catholiques comme la source d’espérance la plus visible pour l’avenir du ministère<br />
ordonné et de la vie consacrée.<br />
En dépit de fortes réserves à l’égard de certaines dimensions de la culture des<br />
jeunes, ils ont exprimé leur appréciation pour les jeunes et les jeunes adultes,<br />
soulignant, pour les célébrer, leur spiritualité, leur générosité, leur témoignage, leur<br />
soif de Dieu, leur idéalisme, leur passion pour la justice, leur engagement à servir, leur<br />
penchant contre-culturel et leur participation accrue au ministère.<br />
La Journée mondiale de la Jeunesse : moment<br />
vocationnel<br />
Les délégués au Congrès ont aussi relevé que les rassemblements de jeunes catholiques<br />
sont un signe tangible d’espérance en l’avenir. La chose n’aura jamais été plus<br />
clairement et vivement perçue qu’aux célébrations entourant la Journée mondiale de la<br />
Jeunesse 2002 à Toronto. Lors de son homélie, le<br />
«Iln’enapasmoinsexhortéla<br />
jeunesseà“resterprocheetà<br />
soutenirlagrandemajoritéde<br />
prêtresetdereligieuxdévoués<br />
quin’ontd’autredésirquede<br />
serviretdefairelebien”»<br />
manifesté avec force.<br />
pape Jean-Paul II s’est reconnu, à 82 ans, «âgé et un<br />
peu fatigué» pour aussitôt rendre hommage à<br />
«l’espérance inébranlable qui jaillit éternellement au<br />
cœur des jeunes». Dans un geste empreint d’une<br />
confiance profonde, il s’est confié à cette nouvelle<br />
génération de catholiques : «le Pape continue de<br />
s’identifier pleinement à vos espoirs et à vos<br />
aspirations». En réponse, l’assemblée de quelque<br />
800 000 personnes s’est mise à scander : «Le Pape est<br />
jeune! Le Pape est jeune!» En cet instant, le pouvoir<br />
de la foi, qui jette un pont entre les générations, s’est<br />
Le Pape a alors reconnu le «profond sentiment de honte et de tristesse» provoqué<br />
par «le tort causé par des prêtres et des religieux à des personnes jeunes et vulnérables».<br />
Il n’en a pas moins exhorté la jeunesse à «rester proche et à soutenir la grande majorité<br />
de prêtres et de religieux dévoués qui n’ont d’autre désir que de servir et de faire le<br />
bien». Ces mots ont provoqué de nouvelles acclamations et de longs<br />
applaudissements chez les jeunes pèlerins.<br />
Enfin, leur a-t-il rappelé, quels que soient nos échecs et nos faiblesses personnelles,<br />
32 Chapitredeux
nous sommes en fin de compte «la somme de l’amour du Père pour nous et de la<br />
possibilité que nous avons réellement d’être l’image de Son Fils». C’est dans ce<br />
contexte que le Saint Père a lancé une invitation directe et explicite : «Et si, au fond de<br />
votre cœur, vous percevez le même appel au sacerdoce ou à la vie consacrée, n’ayez pas<br />
peur de suivre le Christ sur la voie royale qui mène à la Croix 39 .»<br />
La somme d’énergie libérée durant cette Journée mondiale de la Jeunesse est<br />
matière à réflexion. Comment allons-nous rejoindre la génération montante de<br />
jeunes catholiques, établir le contact avec elle, la guider et l’accompagner, l’évangéliser<br />
et nous laisser évangéliser par elle Comment pouvons-nous les aider à discerner<br />
attentivement l’appel du Christ et à y répondre concrètement – dans leur vie<br />
personnelle, dans l’Église, dans le monde<br />
Même si chaque étape de la vie humaine est porteuse de vocation, les grandes<br />
décisions sur l’orientation d’une vie se prennent généralement à la fin de l’adolescence<br />
et au début de l’âge adulte. Il ne faut certes pas négliger ceux et celles qui discernent<br />
un appel au ministère ordonné et à la vie consacrée à un âge plus avancé, souvent<br />
après avoir fait l’expérience d’une vie professionnelle et/ou familiale 40 . Pas plus qu’il<br />
ne faut sous-estimer le rôle essentiel de la vie de famille, de la vie liturgique et<br />
sacramentelle, d’une catéchèse et d’une éducation de la foi de qualité, ou d’une<br />
pastorale jeunesse efficace pour semer et cultiver la semence de la vocation chrétienne.<br />
Il n’en demeure pas moins que le travail pour les vocations continuera de concentrer<br />
ses efforts – comme par le passé – sur les jeunes adultes, âgés de 18 à 35 ans, qui<br />
travaillent consciencieusement à prendre des décisions à long terme touchant leurs<br />
études, leur carrière, leurs relations et leur foi.<br />
Des études récentes :<br />
«génération du millénaire et génération X»<br />
Qu’est-ce que la recherche récente nous a appris sur ce segment de la population<br />
catholique en Amérique du Nord Quelles sont les valeurs qui ont façonné les jeunes<br />
adultes d’aujourd’hui Que signifie pour eux le fait d’être catholiques Quelles sont<br />
leurs convictions religieuses fondamentales Comment expriment-ils leur spiritualité<br />
Quel genre de relations et de communautés forment-ils Quelle est la durée des<br />
engagements qu’ils prennent Comment voient-ils leur engagement dans la vie et la<br />
mission de l’Église Sont-ils ouverts à la possibilité d’être appelés à exercer un service<br />
permanent dans l’Église : dans la vie consacrée, comme prêtre ou diacre, dans un<br />
ministère laïc Qu’est-ce qui les empêche d’entendre cet appel ou d’y répondre<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
33
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Même si les lignes de démarcation démographiques et<br />
culturelles ne sont pas toujours très précises, la recherche récente<br />
sur «la population des jeunes et des jeunes adultes» a tendance à<br />
distinguer deux grands groupes : la «génération X» (née entre<br />
1960 et 1979) et la «génération du millénaire» (née après 1980 et<br />
qui a atteint aujourd’hui l’adolescence ou la jeune vingtaine 41 ). Il<br />
est nécessaire de comprendre ces deux groupes car ils partagent<br />
certaines caractéristiques importantes:<br />
• l’ouverture à la diversité<br />
• un certain relativisme<br />
• une identité fluide<br />
• le savoir-faire technologique<br />
• une approche éclectique de la religion et de la spiritualité.<br />
Par ailleurs, plusieurs membres de la génération du millénaire réagissent contre ce<br />
qu’ils perçoivent comme l’irrespect, l’individualisme et le cynisme abusifs de la<br />
génération X. Même s’ils ont aussi connu la rupture de la famille, l’incertitude<br />
politique et économique et l’absence de balises éthiques et religieuses, tout indique<br />
qu’ils ont tendance à être:<br />
• plus optimistes<br />
• plus autonomes<br />
• plus intéressés à nouer des liens et à construire la communauté (notamment<br />
ce qu’on appelle aujourd’hui la «cyber-communauté»)<br />
• plus disposés à faire du service communautaire bénévole<br />
• moins cyniques face aux structures et aux institutions<br />
• chose importante, plus susceptibles de se tourner vers les traditions religieuses<br />
comme pouvant éclairer le chemins spirituels qu’ils cherchent à se frayer.<br />
Il est toujours risqué d’étiqueter toute une génération – ou même un groupe quel<br />
qu’il soit – comme si chaque personne devait se conformer à un modèle précis. Les<br />
jeunes adultes d’aujourd’hui, qu’ils soient de la génération X ou de celle du millénaire,<br />
restent des êtres humains chacun avec ses dons, ses talents, ses limites et ses faiblesses.<br />
Qu’on les prenne personnellement et collectivement, il ne s’agit ni de les canoniser ni<br />
de les condamner, mais de les respecter et de les comprendre 42 .<br />
Il est essentiel pour l’Église d’avoir conscience des grands courants sociologiques et<br />
religieux qui façonnent la vision du monde de ces jeunes, si elle veut concevoir et<br />
mettre en œuvre des outils efficaces de transmission de la foi aux nouvelles<br />
générations de croyants. Nous devons amorcer avec les jeunes adultes un dialogue où<br />
leurs intuitions, leurs expériences et leur spiritualité aient la possibilité de s’exprimer<br />
et d’être confrontées à celles de la tradition catholique. Il y aurait là une base solide à<br />
partir de laquelle lancer une invitation à envisager un appel à la mission et, en<br />
particulier, au ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
Lesjeunesadultescatholiques :identité,<br />
spiritualité,communauté,mission<br />
La recherche présentée au Congrès par S. Mary Johnson, S.N.D. de N., est<br />
34 Chapitredeux
particulièrement pertinente. Cette enquête a étudié la spiritualité des jeunes adultes<br />
d’aujourd’hui, leur sens de l’identité catholique, leur désir de faire communauté et<br />
leur participation à la mission de l’Église 43 .<br />
Sœur Johnson a rapporté que la plupart des jeunes adultes revendiquent<br />
positivement leur identité catholique; même s’ils ne pratiquent pas régulièrement, ils<br />
continuent de s’identifier comme catholiques. Ils continuent de croire aux points<br />
fondamentaux de la foi catholique : en Dieu, en Jésus le Fils de Dieu, à la Résurrection,<br />
à la présence réelle du Christ dans les sacrements, au rôle privilégié de Marie et des<br />
saints. Ils considèrent qu’ils ont une vie spirituelle. Ils appuient les grands principes de<br />
l’enseignement social catholique. Et ils prient.<br />
Par ailleurs, la recherche indique que leur sens de ce qui fait l’identité catholique<br />
est souvent assez flou. Leur sentiment d’appartenance institutionnelle à l’Église est<br />
plus faible que celui des générations antérieures. Leur connaissance et leur<br />
compréhension de la tradition catholique sont limitées et ténues, à un point parfois<br />
choquant. Très peu d’entre eux ont vécu un catholicisme qui soit un système culturel<br />
compact où l’appartenance à une paroisse et la participation à un organisme<br />
catholique procurent une identité collective cohérente. Plusieurs ont de la difficulté à<br />
expliquer de façon précise ce que cela signifie que d’être catholique. Pour plusieurs,<br />
c’est une réalité qui reste périphérique et non un facteur qui définisse et intègre ce<br />
qu’ils sont sur le plan personnel.<br />
Dans un monde d’individualisme religieux, plusieurs définissent la foi catholique<br />
comme une simple option personnelle. Ils empruntent librement à d’autres traditions<br />
religieuses en laissant tomber des éléments centraux de la tradition catholique, en<br />
particulier ceux qui concernent l’ecclésiologie et l’enseignement moral sur le mariage<br />
et la sexualité 44 . Leur niveau d’adhésion aux croyances<br />
centrales, à la pratique sacramentelle, à l’éducation<br />
permanente de la foi et à une participation active à la<br />
mission de l’Église reste souvent précaire et indécis.<br />
«...lesjeunesadultesont<br />
demandédepouvoirapprendre<br />
deconseillersobjectifsetde<br />
guidesspirituelslestechniques<br />
dudiscernement...»<br />
Évidemment, pour que les jeunes soient en mesure<br />
d’entendre l’appel à des vocations particulières de service<br />
au sein de l’Église, de le discerner et d’y répondre, il faut<br />
d’abord les aider à articuler de façon claire et cohérente<br />
ce que cela veut dire être catholique. C’est-à-dire être une<br />
personne humaine, créée à l’image et à la ressemblance<br />
de Dieu (et donc appelée à la vie et à l’amour), être<br />
baptisé (et donc membre de la communauté eucharistique appelée à la sainteté des<br />
disciples du Christ), et être confirmé (et donc appelé à partager la mission ecclésiale<br />
d’évangélisation, de justice et de paix).<br />
Les jeunes adultes délégués au Congrès ont exprimé de manière claire et<br />
convaincante leur soif de spiritualité authentique, leur désir de former des<br />
communautés de foi vivantes et leur engagement à participer à la pleine mission de<br />
l’Église. Même s’ils ont été marqués par l’éclectisme du marché spirituel<br />
contemporain, ils ont demandé qu’on leur expose dans toute sa richesse et sa diversité<br />
la tradition de la prière et de la spiritualité catholique. Ils veulent connaître l’Évangile,<br />
vivre la vie sacramentelle et liturgique de l’Église et pratiquer des exercices de dévotion<br />
anciens et nouveaux.<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
35
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Plus précisément, les jeunes adultes ont demandé de pouvoir<br />
apprendre de conseillers objectifs et de guides spirituels les techniques du<br />
discernement, d’être aidés à nommer et à s’approprier l’appel de Dieu<br />
dans leur vie par des témoins qui aient eux-mêmes progressé dans la voie<br />
de la spiritualité avec passion, dans la joie et avec authenticité. Ils ont<br />
demandé des expériences de retraite significatives. Conscients de ce que<br />
la puissance de Dieu se manifeste souvent dans la faiblesse humaine, ils<br />
ont dit rechercher un dialogue spirituel où leurs propres craintes, leurs<br />
incertitudes, leurs questions et leurs vulnérabilités soient respectées, et où<br />
la conversation authentique, cœur à cœur, devienne possible. Ils ont aussi<br />
exprimé leur besoin de trouver dans les leaders de l’Église – évêques,<br />
prêtres et diacres, femmes et hommes consacrés, et tous ceux et celles qui<br />
ont part à la vie et au ministère de l’Église - des hommes et des femmes de prière<br />
profonde, qui leur enseignent à prier en priant avec eux.<br />
Les jeunes adultes délégués ont aussi réaffirmé leur alliance avec l’Église et dans<br />
l’Église. Dans un monde d’individualisme, ils se sont dits prêts à tenter de construire<br />
la communauté aux niveaux local et global. La communauté est pour eux un concept<br />
positif : elle évoque l’amitié et le fait d’être en lien, une structure qui n’est pas<br />
oppressive mais au sein de laquelle, en tant que personnes, ils sont interpellés à<br />
grandir, à se développer et à rendre des comptes. Voici quelques-uns des qualificatifs<br />
qu’ils utilisent pour décrire la communauté qu’ils s’attendent à trouver dans l’Église :<br />
ouverte, honnête, inclusive, respectueuse, diversifiée, égale, vulnérable, juste, aimante,<br />
indulgente et responsable.<br />
Malheureusement, plusieurs d’entre eux ont dit ne pas voir ou ne pas vivre l’Église<br />
comme une communauté de ce genre. La minorité qui cherche directement à<br />
s’engager de manière significative dans la vie de la paroisse ou de l’Église locale est<br />
souvent déçue. La liturgie lui paraîtra souvent individualiste, mécanique, insignifiante<br />
ou ennuyante. Elle trouve peu de choses qui répondent directement aux besoins, aux<br />
questions et aux problèmes de jeunes adultes (célibataires pour la plupart).<br />
L’expérience des jeunes adultes d’aujourd’hui appelle l’Église à mettre davantage<br />
l’accent sur la nature intrinsèquement communautaire du catholicisme, sur son appel<br />
à l’unité dans la diversité et sur la tâche qui lui revient de construire des liens de<br />
solidarité et de réconciliation. Leur expérience souligne l’importance d’une vie<br />
liturgique plus vivante, qui incorpore des éléments artistiques et musicaux auxquels<br />
puissent vibrer les jeunes adultes, et où ils cessent d’être de simples spectateurs pour<br />
devenir des participants engagés activement et capables d’assumer divers rôles<br />
liturgiques. Il s’agit donc pour l’Église de leur offrir des occasions concrètes de participer<br />
à de petits groupes de foi, à des programmes d’éducation des adultes et à des projets<br />
axés sur l’action, qui fassent appel à leur besoin de former communauté en priant, en<br />
partageant, en travaillant et en célébrant ensemble comme jeunes adultes catholiques.<br />
Il y a chez les jeunes adultes une grande générosité qui attend de pouvoir<br />
s’exprimer. Ceux et celles qui ont participé au Congrès ont reconnu, au nom de leurs<br />
contemporains, avoir besoin d’être bien préparés à leur mission dans l’Église : par une<br />
catéchèse et une éducation de la foi sérieuses ainsi que par une connaissance plus<br />
profonde de l’Écriture, de l’histoire et de la tradition catholique comme de<br />
l’enseignement social et moral de l’Église. Ils ont dit aspirer à une orientation et à une<br />
36 Chapitredeux
direction authentiques. Ils ont demandé à s’engager dans des initiatives qui incarnent<br />
le défi de l’Évangile d’une manière pratique et concrète, en travaillant directement au<br />
service des pauvres et des défavorisés et dans des projets d’évangélisation qui<br />
traduisent leur désir d’ «alimenter un feu, allumé par Jésus Christ, qui puisse apporter<br />
la vie à un monde qui vit souvent dans le froid et l’obscurité» 45 .<br />
D’après un sondage réalisé récemment auprès de jeunes adultes catholiques,<br />
seulement 15 pour cent d’entre eux ont indiqué avoir été incités à envisager<br />
sérieusement une vocation à la vie religieuse ou au sacerdoce. Et la plupart l’ont été<br />
par un membre de leur famille 46 . Même si la majorité des jeunes adultes voient d’un<br />
œil positif les efforts faits dernièrement pour permettre aux laïcs d’occuper la place qui<br />
leur revient justement dans la vie et la mission de<br />
l’Église, les jeunes adultes catholiques veulent et<br />
comptent être informés de toutes les options qui<br />
s’ouvrent à eux. Ils s’attendent à ce que la génération<br />
actuelle de prêtres, de religieuses et de religieux les<br />
invitent – par leur exemple et leur témoignage<br />
personnel, par l’accompagnement et la direction<br />
spirituelle – à envisager une vocation à la vie consacrée ou au ministère ordonné. Ils<br />
s’attendent aussi à ce que ces «sages» les aident, le plus objectivement possible, à<br />
discerner si telle est bien la voie que le Seigneur les appelle à suivre.<br />
Jeunesse,mission,leadershipetaudace<br />
«Ledéfiestbeaucoupplus<br />
fondamental.»<br />
Nous comprenons que dans une vraie communauté tous et toutes sont appelés à être<br />
leaders. Nous reconnaissons que nous sommes appelés à prendre des risques. Nous vous<br />
demandons de nous soutenir et de nous entraîner au leadership et à l’audace pour le<br />
Royaume de Dieu 47 .<br />
Ce simple énoncé des jeunes adultes traduit une intuition profonde : le leadership<br />
efficace au service de la mission de l’Église exige de savoir prendre des risques. De fait,<br />
la déclaration des jeunes adultes anticipait sur les propos qu’allait tenir le dernier<br />
conférencier du Congrès, l’abbé Gilles Routhier.<br />
Celui-ci a souligné que la pastorale des vocations doit d’abord s’enraciner<br />
solidement dans un sens renouvelé de la mission de l’Église en un<br />
temps et un lieu précis. Dieu n’appelle pas les personnes dans<br />
l’abstrait, indépendamment du contexte social, historique et<br />
religieux où elles se trouvent. Dans la Bible comme dans l’histoire,<br />
être appelé, c’est être «envoyé», être «mis à part» pour une mission<br />
particulière. Et souvent, cette mission consiste à accueillir quelque<br />
chose de neuf, d’étrange, de dérangeant et même de dangereux.<br />
La thèse de Gilles Routhier, c’est que les grandes périodes de<br />
fermentation spirituelle dans l’histoire de l’Église – de renouveau<br />
du sacerdoce, de fondation de nouvelles congrégations religieuses<br />
et de relance des anciennes – correspondent précisément à des<br />
moments où l’Église s’est montrée particulièrement attentive aux<br />
besoins qui se faisaient jour dans une société donnée et où elle a<br />
fait preuve de créativité pour y répondre. Après avoir lu fidèlement<br />
les signes des temps et les avoir interprétés à la lumière de<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
37
SECTIONUN –Lesfondements<br />
l’Évangile, l’Église peut alors mobiliser ses formes institutionnelles qui fournissent la<br />
continuité et les structures nécessaires pour répondre efficacement aux besoins.<br />
Curieusement, un cycle de déclin s’amorce et s’ensuit une baisse du nombre et de la<br />
qualité des vocations dès que l’attention de l’Église cesse de porter sur sa mission<br />
actuelle (réponse pastorale concrète aux besoins physiques et spirituels du monde)<br />
pour gérer les «acquis du passé» (préservation de l’institution, survie d’une<br />
congrégation ou d’une œuvre donnée).<br />
Qu’est-ce que tout cela veut dire pour l’Église en Amérique du Nord, au moment<br />
où elle entend relever le défi d’appeler une nouvelle génération de prêtres et de diacres,<br />
de femmes et d’hommes consacrés, de laïcs catholiques pleinement engagés au service<br />
de la mission de l’Église L’abbé Routhier fait une double proposition 48 .<br />
D’abord, l’objectif du Congrès, «susciter une culture de la vocation au sein de<br />
l’Église en Amérique du Nord», ne sera pas le fruit d’un meilleur plan de marketing,<br />
de méthodes de recrutement et d’accompagnement plus efficaces ou de la<br />
déconstruction prudente de notre vie paroissiale et religieuse. Le défi est beaucoup<br />
plus fondamental. Non, ce qu’il faut, c’est une véritable intuition spirituelle, enracinée<br />
dans une écoute attentive des voix du présent. Ce qui exige un certain détachement<br />
des structures et des formes usées et confortables qui, si efficaces qu’elles aient pu être<br />
dans le passé, ne correspondent plus à la tâche à accomplir. Pour reprendre la parole<br />
de Jésus, on ne recoud pas de vieilles pièces sur un vêtement neuf; le vin nouveau<br />
demande des outres neuves (Luc 5, 36-39).<br />
La prudence reste une vertu importante. Mais la prudence excessive devient<br />
timidité et nous empêche de répondre courageusement à l’appel de l’Évangile à<br />
«avancer au large». Même si «nous avons pêché toute la nuit sans rien prendre» dans<br />
les eaux familières près de la rive, Jésus continue de nous appeler à lancer nos filets en<br />
eau profonde. C’est précisément cela, écouter «les joies et les espoirs, les craintes et les<br />
angoisses» de nos frères et sœurs, les relire à la lumière de l’Évangile et les articuler en<br />
un projet missionnaire pour chaque Église locale – paroisse, diocèse, institut séculier,<br />
congrégation religieuse, apostolat spécialisé – qui soit clair, concret et mobilisateur.<br />
Il faut qu’il dépasse les généralités qu’on trouve habituellement dans les énoncés de<br />
mission et les charismes de congrégation pour traiter spécifiquement des besoins qui<br />
émergent actuellement, dans ce contexte, ce temps et ce<br />
lieu précis.<br />
La deuxième proposition se rattache à la première.<br />
Pour que ce genre de renouveau soit possible, il faut un<br />
acte profond de foi en Dieu qui n’a pas abandonné le<br />
présent. L’audace et la créativité requises pour cette tâche<br />
exigent aussi un acte profond de confiance aux jeunes,<br />
sans qui l’avenir ne se construira pas. La prudence est<br />
une vertu qu’on associe naturellement à la sagesse et à<br />
l’expérience, et elle reste nécessaire. Mais l’audace et la<br />
créativité conviennent mieux aux jeunes. En un sens, ils<br />
ont moins à perdre; ils sont plus occupés à construire et<br />
à consolider leur identité qu’à la préserver. Mais il y a<br />
bien peu à perdre et tout à gagner à inviter les jeunes<br />
adultes à s’engager directement dans l’activité<br />
38 Chapitredeux
missionnaire de l’Église, et à leur confier de vraies<br />
responsabilités, tout en sachant qu’inévitablement il y<br />
aura des échecs comme des réussites.<br />
D’ailleurs, d’ajouter l’abbé Routhier, nous ne<br />
pouvons pas nous permettre d’attendre que les jeunes<br />
soient prêts à s’engager de manière définitive et<br />
permanente dans des modèles particuliers de<br />
ministère ordonné et de vie consacrée. Pour le meilleur<br />
ou pour le pire, l’itinéraire par lequel les jeunes entrent<br />
graduellement dans la vie adulte et ses engagements<br />
s’est modifié radicalement. Il se caractérise par une<br />
adolescence prolongée, par une alternance de temps d’études, d’expériences de travail<br />
et d’exploration de soi. Il avance en zigzague plutôt qu’en ligne droite. Les jeunes<br />
d’aujourd’hui sont réticents à prendre un engagement à long terme avant d’avoir eu<br />
l’occasion de «l’essayer» d’abord.<br />
Les programmes «Venez et voyez», qui comprennent des visites dans les séminaires<br />
et les maisons religieuses sont une forme populaire de promotion des vocations. Mais<br />
il serait peut-être encore plus urgent, propose l’abbé Routhier, d’avoir des programmes<br />
«Venez vivre», où des jeunes catholiques, qu’ils aient exprimé ou non un intérêt précis<br />
pour la prêtrise ou la vie religieuse, seraient associés à un projet missionnaire,<br />
formeraient communauté avec d’autres jeunes comme eux et travailleraient côte à côte<br />
avec des catholiques adultes engagés, dont des prêtres, des diacres, des religieux et des<br />
religieuses. Ces projets, dit-il, deviendraient des lieux d’éveil vocationnel : de prière,<br />
d’évangélisation et de formation de la foi, d’expérience concrète de la mission de<br />
l’Église, de discernement et d’accompagnement. Ils pourraient devenir le contexte de<br />
choix où de jeunes adultes, qui assument déjà leur<br />
engagement baptismal, seraient invités à envisager un<br />
engagement plus permanent dans le cadre du<br />
diaconat, de la prêtrise ou de la vie consacrée.<br />
Conclusion<br />
«…l’ÉgliseenAmériquedu<br />
Nordestinvitéeàposerun<br />
actedefoiprofondeenDieu.»<br />
Le présent chapitre s’est ouvert par une réflexion sur «le<br />
monde» où le Christ sème abondamment la semence<br />
du Royaume. Il se termine par un rappel. Même si dans le Nouveau Testament le<br />
monde est souvent perçu sous un jour négatif, en opposition à la perspective et au<br />
ministère de Jésus et de Ses disciples, il reste le lieu de l’ultime révélation de Dieu :<br />
«Oui, Dieu a tellement aimé le monde qu’Il a donné Son Fils unique… car Dieu a<br />
envoyé Son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde mais pour que, par Lui,<br />
le monde soit sauvé» (Jean 3, 16-17).<br />
Beaucoup de choses, dans notre société nord-américaine, sont affectées par la cécité<br />
du péché et ont besoin d’être transformées par le levain de l’Évangile. Comme<br />
chrétiennes et comme chrétiens, notre attitude à l’égard du monde ne doit pas en être<br />
une de condamnation mais d’engagement. Une attitude qui incite jeunes et vieux à<br />
devenir «sel de la terre et lumière du monde» (Mt 5, 1-12. 13-16) par la pratique<br />
quotidienne des Béatitudes : pauvreté spirituelle, douceur, humilié, engagement pour<br />
«Lechamp,c’estlemonde»<br />
39
SECTIONUN –Lesfondements<br />
la justice, miséricorde, pureté du cœur, courage face à la persécution et à<br />
l’opposition.<br />
«La moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux» (Mt<br />
9,37). À la vue des énormes défis que représente l’appel de nouveaux<br />
ouvriers pour la moisson — dans le contexte de la société nordaméricaine<br />
et parmi les jeunes en particulier — il est facile de céder au<br />
découragement. La moisson pour le Royaume est un grand projet; le défi<br />
de susciter la «nouvelle civilisation de l’amour» sur le continent nordaméricain<br />
exigera toujours plus d’ouvriers que nos efforts ne pourront en<br />
fournir commodément.<br />
C’est pourquoi l’Église en Amérique du Nord est invitée à poser un<br />
acte de foi profonde en Dieu. Au Père qui appelle à la vie; au Fils qui<br />
appelle des disciples; à l’Esprit qui donne d’accomplir la mission. L’Église est appelée<br />
à faire confiance : l’Esprit qui inspire tant de dons divers pour la construction du Corps<br />
du Christ, qui suscite des vocations diverses pour que la mission de l’Église puisse<br />
donner une récolte abondante dans le monde, continuera à être la source de son<br />
unité.<br />
Enfin, l’Église en Amérique du Nord est appelée à se persuader que Jésus, qui a luimême<br />
brûlé d’un zèle passionné pour la venue du Royaume de Son Père, continue<br />
aujourd’hui d’allumer une passion semblable chez Ses disciples. Nous osons croire,<br />
comme Marie Chin le suggère, «qu’il y aura des gens pour porter et nourrir le feu que<br />
Jésus est venu allumer sur terre. Et Dieu, qui ne se laisse pas dépasser en générosité,<br />
leur donnera certainement le courage d’être feu, d’embrasser la passion de Jésus pour<br />
un monde transformé. Dieu suscitera des vocations dans notre Église là où [notre] joie<br />
la plus profonde rencontrera les besoins du monde 49 ».<br />
Même s’il y a beaucoup d’inédit dans la mission unique à laquelle est appelée<br />
l’Église catholique en Amérique du Nord, ceux et celles qui sont engagés dans la<br />
pastorale des vocations ont le privilège de puiser à une riche tradition biblique et<br />
théologique. Cette tradition s’articule autour des éléments centraux que sont la notion<br />
de vocation comme appel fondamental de Dieu à la vie, à la communion et à la<br />
mission, et les modalités particulières de cet appel dans les diverses formes de<br />
40 Chapitredeux<br />
ministère ordonné et de vie consacrée. C’est vers cette tradition que nous nous
ChAPITRE3<br />
«Jésusleurexpliquacequile<br />
concernaitdansl’Écriture.»<br />
FONDEMENTS BIBLIQUES ET<br />
ThÉOLOGIQUES D’UNE PASTORALE DES<br />
VOCATIONS<br />
«Et en partant de<br />
Moïse et de tous les<br />
prophètes, Jésus leur<br />
expliqua ce qui le<br />
concernait dans<br />
l’Écriture.»<br />
(Lc 24,27)<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
Préambule : la vertu d’espérance<br />
Un postulat central : l’appel du Dieu d’amour est universel<br />
Fondements bibliques<br />
Fondements théologiques<br />
Fondements ecclésiologiques:<br />
«Dans l’Église et le monde, pour l’Église et le monde»<br />
Les vocations particulières<br />
Les vocations au ministère ordonné<br />
Les diacres<br />
Les prêtres<br />
Les évêques<br />
La vie consacrée<br />
Le mariage et la vie de famille<br />
Le célibat<br />
Les vocations dans la «réciprocité de la communion» :<br />
harmoniser les vocations laïques, consacrées et ordonnées<br />
Un espoir pour la route<br />
Préambule :lavertud’espérance<br />
Dans Pastores dabo vobis, le pape Jean-Paul II a rappelé à l’Église que l’attitude<br />
provoquée chez les chrétiens par ce qu’on appelle la «crise des vocations» devrait en<br />
être une non pas d’angoisse et de crainte mais plutôt d’attente et d’espérance : «La<br />
première réponse de l’Église [à la crise] se trouve dans un acte de foi totale à l’Esprit<br />
Saint. Nous sommes profondément convaincus que cet abandon confiant ne décevra<br />
pas si nous demeurons fidèles à la grâce reçue 50 .»<br />
Notre espérance s’enracine dans la conviction profonde que Dieu continue<br />
d’appeler Son peuple à la vie, à la sainteté et au service. En Jésus, pleinement homme<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
41
SECTIONUN –Lesfondements<br />
et pleinement Dieu, «l’Esprit révèle l’immensité de l’amour de Dieu pour nous :<br />
amour répandu librement, fidèle et sans limites, constant en toutes circonstances,<br />
amour qui donne la vie, l’espérance à toutes et à tous. L’appel de Dieu est un appel de<br />
l’Amour incarné à aimer 51 ».<br />
Notre riche héritage de récits bibliques et de réflexion théologique offre un<br />
fondement solide à notre espérance alors que nous affrontons la question<br />
fondamentale de la vocation chrétienne, de son incarnation concrète dans les vocations<br />
spécifiques à la vie consacrée et au ministère ordonné sous leurs diverses formes.<br />
Faire retour à notre passé sacré, ce n’est pas céder au désir nostalgique de ressusciter<br />
«le bon vieux temps». Revenir à nos sources bibliques, c’est rechercher les «traces du<br />
divin», remonter à nos racines religieuses afin de mieux comprendre le présent et de<br />
préparer avec une plus grande confiance notre route vers l’avenir. Dans ce mouvement<br />
nous sommes guidés par Celui qui promet «des desseins de paix et non de malheur»<br />
et qui garantit un «avenir plein d’espérance» (Jr 29,11).<br />
Unpostulatcentral :<br />
l’appelduDieud’amourestuniversel<br />
Le document de travail du Congrès (l’Instrumentum Laboris) aborde la discussion de la<br />
théologie de la vocation en scrutant «l’appel universel du Dieu d’amour». Ce point de<br />
départ n’a rien d’aléatoire. Même si le Congrès a été invité à examiner le défi de faire<br />
lever des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, il est vite devenu<br />
évident que pour amener l’ensemble de l’Église à s’engager à susciter une «culture de<br />
la vocation», il faut d’abord reconnaître la vocation première de chaque chrétienne et<br />
de chaque chrétien, appelés à la vie et à l’amour, à la sainteté à la suite de Jésus, au<br />
témoignage et au service.<br />
Tous les catholiques baptisés ont part à cet appel universel; tous et toutes doivent être<br />
aidés à l’entendre et à y donner une réponse pleine et entière. La pastorale des vocations,<br />
en ce sens, «part nécessairement d’une vaste idée de la vocation (et d’un appel adressé à<br />
tous en vue de celle-ci)». Elle est «d’abord générale, puis spécifique, respectant un ordre<br />
42 Chapitretrois
qu’il ne semble pas raisonnable d’inverser et qui déconseille, en général, de proposer<br />
immédiatement une vocation particulière, sans aucune catéchèse progressive 52 ».<br />
Par ailleurs, pour être efficace, la pastorale des vocations doit favoriser un<br />
engagement personnel dans un choix de vie précis. Si nous sommes tous «appelés à<br />
une mission d’amour et de service du Seigneur» et de Son peuple, nous ne la vivons pas<br />
tous de la même façon. Certains sont appelés à vivre la mission dans le mariage et la<br />
vie familiale, d’autres comme célibataires. Les uns entrent dans le ministère ordonné et<br />
la vie religieuse alors que d’autres servent dans des ministères laïcs. D’autres encore, en<br />
très grand nombre, répondent à l’appel par leur présence dans le monde, à travers leurs<br />
responsabilités professionnelles, sociales, politiques et communautaires.<br />
Cette extension universelle de la notion de vocation ne la banalise aucunement. Elle<br />
reconnaît le fait que la vocation n’est pas quelque chose qu’on choisit un jour pour<br />
l’abandonner le lendemain. Vivre sa vraie vocation suppose à la fois la capacité de<br />
découvrir l’appel de Dieu et la volonté d’y répondre au plus profond de son être. Cela<br />
exige de pouvoir discerner la réponse la plus appropriée à l’appel, réponse qui tienne<br />
compte non seulement des talents, des limites et de la situation de la personne, mais<br />
tout autant des besoins de l’Église et du monde. La démarche doit devenir un projet de<br />
vie visant à reconnaître et à accueillir avec constance le désir de sainteté et d’union à<br />
Dieu et la disponibilité à percevoir l’appel de Dieu dans les faims du monde.<br />
Fondementsbibliques 53<br />
Le Congrès européen sur les vocations a affirmé que la pastorale des vocations offre à<br />
l’ensemble de la pastorale une perspective «unitaire et de synthèse», qui intègre tout le<br />
travail pastoral, et que «la pastorale des vocations est la vocation de la pastorale<br />
aujourd’hui» 54 . Cette déclaration ne doit pas être interprétée comme cherchant<br />
simplement à attirer l’attention sur le travail trop souvent sous-estimé des<br />
responsables de la pastorale des vocations. Leur travail est en effet une composante<br />
vitale d’un tout beaucoup plus vaste : le renouveau de l’Église en Amérique du Nord<br />
et de sa mission d’évangélisation.<br />
La pastorale des vocations n’est pas, en dernière<br />
analyse, affaire de recrutement, de marketing, de<br />
motivation efficace, si importants qu’ils puissent être<br />
comme éléments d’un plan pastoral d’ensemble.<br />
Pourquoi Parce que la question de la vocation<br />
humaine rejoint les fondements mêmes de notre foi : à<br />
chaque génération et à chaque endroit, Dieu appelle<br />
librement des individus à la vie, les forme à l’amour,<br />
leur inspire une quête de sens et d’objectif, et suscite<br />
une réponse libre et entière à Son invitation.<br />
«Cedramedelavocation<br />
traversetoutel’histoire<br />
dusalut. »<br />
Ce drame de la vocation traverse toute l’histoire du salut. Il est un axe majeur de<br />
l’Ancien comme du Nouveau Testament. Il s’exprime dans les diverses manières dont,<br />
à différents moments de l’histoire du peuple choisi, Dieu a appelé des hommes et des<br />
femmes de foi à servir comme patriarches et prophètes, juges, leaders et maîtres :<br />
Abraham, Sara, Joseph, Moise, Miriam, Déborah, Samuel, Ruth, David, Amos, Isaïe,<br />
Jérémie et Esther.<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
43
SECTIONUN –Lesfondements<br />
Les récits de vocation de l’Évangile sont dans le droit fil<br />
de ceux de la tradition judaïque : Jésus en appelant Ses<br />
disciples reproduit la façon dont Dieu, à travers l’histoire<br />
d’Israël, a appelé Son peuple à suivre la voie de Dieu et à<br />
participer au drame de la libération, de la justice, de la<br />
sainteté et de la rédemption.<br />
Ces textes soulignent le caractère surprenant des choix<br />
de Dieu : «Y a-t-il rien de trop merveilleux pour Dieu» (Gn<br />
18:14) On ne fait guère d’effort pour masquer le péché et<br />
les faiblesses spirituelles de ceux que Dieu appelle :<br />
patriarches malins et roublards, futures mamans<br />
sceptiques, souverains corrompus et avides de pouvoir,<br />
prophètes timides et réticents. Plus frappant encore, le<br />
groupe des disciples de Jésus : d’abord lents, confus,<br />
grognons et peureux, ils ont peu à peu été façonnés par<br />
l’enseignement et l’exemple de leur Seigneur, par<br />
l’expérience de Sa mort et de Sa résurrection, et par le don<br />
de l’Esprit Saint qu’Il leur avait promis. Ils deviendront missionnaires pour porter la<br />
Bonne Nouvelle du Royaume de Dieu jusqu’aux extrémités de la terre.<br />
Le message est clair; Dieu appelle des hommes et des femmes ordinaires – hésitants<br />
et gauches, craintifs et pécheurs, jeunes et inarticulés. Dieu place le trésor divin dans<br />
les vases les plus invraisemblables, qu’il appelle à «une mission de transformation<br />
humaine et à vivre un changement en profondeur et parfois déchirant afin d’être<br />
fidèles à cette convocation divine 55 ».<br />
De manière convaincante et définitive, les récits de vocation des quatre Évangiles<br />
nous révèlent que l’idée de vocation est essentielle à la compréhension biblique de la<br />
personne humaine : en relation à Dieu, à la communauté croyante et à une mission<br />
à remplir dans le monde. Il faut relever quatre caractéristiques de ces textes:<br />
• D’abord, la vie de disciple ne naît pas d’un choix mais d’un appel. Dans les<br />
Évangiles, que ce soit sur le mode de l’autorité ou de la séduction, c’est toujours<br />
Jésus qui prend l’initiative. L’appel arrive comme un cadeau gratuit, qu’on n’a<br />
pas mérité. Il respecte toujours la liberté de l’interpellé. Par ailleurs, son<br />
urgence et l’autorité de celui qui appelle exigent une réponse.<br />
• Deuxièmement, il s’agit d’un appel à devenir disciple : appel à la sainteté et à<br />
l’amitié avec Jésus, appel à entendre et à mettre en pratique son enseignement,<br />
appel à Le suivre «sur la route».<br />
• Troisièmement, l’appel a pour objet de partager la mission rédemptrice, de<br />
participer à la tâche de transformation du monde par le renouveau de la<br />
communauté croyante, de proclamer le règne de Dieu par l’enseignement, la<br />
guérison et la réconciliation.<br />
• Quatrièmement, l’appel exige souvent une rupture avec une vie antérieure plus<br />
confortable. Suivre Jésus, c’est renoncer à tout : bateaux, champs, emplois,<br />
possessions, réputation, voire amis et familles. Cette nouvelle allégeance – à<br />
Jésus et au Royaume de Son Père – impose une conversion du cœur, de l’esprit<br />
et de la vie… à longueur de vie.<br />
44 Chapitretrois
Fondementsthéologiques<br />
Les Écritures, interprétées par la tradition constante de<br />
l’Église, jouent un rôle normatif pour déterminer la<br />
place de la vocation dans l’existence humaine. Quel<br />
message pouvons-nous tirer de notre héritage biblique<br />
au moment où nous entreprenons de revitaliser notre<br />
pastorale des vocations Les pistes que voici semblent<br />
primordiales :<br />
«Laplupartdesitinéraires<br />
vocationnelscomprennent<br />
quelquesmomentsclés,quand<br />
l’invitationduSeigneur,“viens,<br />
suis-moi”,retentit…»<br />
• Fondamentalement, une vocation ne se définit pas par le faire, par un rôle ou<br />
une fonction donnée. Elle est avant tout question d’être, où la vie est accueillie<br />
consciemment comme pur don de Dieu, pénétrée de sens et de finalité, vécue<br />
dans une réponse généreuse et sans réserve à Celui qui en est la source, et dont<br />
l’accomplissement ultime consiste à «voir la face de Dieu et à vivre».<br />
• L’Église est l’ekklesia, l’assemblée convoquée et réunie par Dieu; même si les<br />
distinctions spécifiques entre ses fonctions et ministères relèvent de son identité<br />
et de ses structures essentielles, tout le Peuple de Dieu participe à une vie, à un<br />
appel et à une destinée commune.<br />
• En tant que sacrement de la présence d’amour de Dieu dans le monde, l’Église<br />
reflète le mystère trinitaire du Père, du Fils et de l’Esprit. Dans la Trinité, nous<br />
trouvons un dynamisme infini d’appel et de réponse, où la diversité de vocation<br />
et l’unité de mission coexistent dans une harmonie et une identité parfaites.<br />
• Dieu le Père appelle chaque personne humaine à la vie dans l’amour, et sollicite<br />
une réponse d’amour, qui constitue «la vocation fondamentale et innée de tout<br />
être humain». Cet appel à la vie divine et humaine de l’amour est célébré avant<br />
tout dans le sacrement du baptême. Ainsi, toute vocation chrétienne s’enracine<br />
dans l’appel baptismal.<br />
• Envoyé par le Père, Jésus appelle et forme des disciples qui marchent à Sa suite<br />
et se donnent par amour «même jusqu’à la mort». Dans l’Eucharistie qui célèbre<br />
le mystère de la mort et de la résurrection du<br />
Christ «jusqu’à ce qu’Il vienne dans la gloire»,<br />
les chrétiens sont formés pour leur mission en<br />
modelant leur vie sur Celui qui a été pris, béni,<br />
rompu et partagé pour la vie du monde. En ce<br />
sens, toute vocation est profondément<br />
eucharistique.<br />
• L’Esprit, guide et consolateur, nous<br />
accompagne dans notre cheminement dans le<br />
monde, appelant les chrétiens à vivre leur<br />
engagement baptismal pleinement et<br />
fidèlement. Notre «oui» à l’Esprit et à l’Église<br />
s’exprime dans le sacrement de confirmation.<br />
• La vocation chrétienne est intrinsèquement<br />
missionnaire. Elle a pour but de transformer le<br />
monde en guérissant, en enseignant, en<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
45
SECTIONUN –Lesfondements<br />
réconciliant et en donnant la vie et la liberté aux enfants de Dieu. La vocation<br />
n’est jamais un statut inerte ou un jardin fermé. C’est un appel à engendrer la<br />
vie : en soi, en autrui, dans le monde auquel nous sommes envoyés.<br />
• La plupart des itinéraires vocationnels comprennent quelques moments clés,<br />
quand l’invitation du Seigneur, «viens, suis-moi», retentit comme un appel<br />
direct et personnel adressé au cœur humain. Généralement, cependant, cet<br />
appel est médiatisé graduellement : dans la prière, à travers les événements les<br />
plus importants de l’histoire personnelle, lorsque des expériences<br />
s’entrecroisent et, peut-être de manière encore plus vivante, à travers des<br />
personnes – accompagnateurs, guides spirituels, témoins – dont l’invitation<br />
directe amène un jeune homme ou une jeune femme à envisager sérieusement<br />
l’appel à une vocation particulière. Ce principe de la médiation est une<br />
dimension essentielle à la pastorale des vocations 56 .<br />
• Il découle du principe de médiation que tous les membres de l’Église partagent<br />
la responsabilité de «susciter des vocations». Ce n’est pas seulement l’affaire du<br />
séminaire, ou du directeur des vocations, ou de l’évêque, ou des supérieurs<br />
religieux, ou d’un groupe donné au sein de la paroisse, du diocèse ou de<br />
l’institut religieux. Tous et toutes sont appelées à s’impliquer – les uns<br />
davantage, d’autres à un moindre degré. Nous continuons d’avoir besoin de<br />
spécialistes qui consacrent le plus gros de leur ministère à l’accompagnement<br />
initial, à l’invitation possible et à la formation des candidats qui discernent un<br />
appel à la prêtrise ou à la vie consacrée. Mais la pastorale des vocations devrait<br />
occuper une place de choix dans les priorités pastorales et les plans d’action de<br />
chaque église locale.<br />
• Il est bon de désirer des vocations et de prier pour elles avec ferveur, sachant que<br />
Dieu est capable de susciter de nouvelles vocations même au désert. Mais<br />
l’Église doit aussi identifier et, dans la mesure du possible, écarter les obstacles<br />
qui empêchent des candidats et des candidates de s’engager de manière<br />
généreuse et permanente au service de la vie et de la mission de l’Église.<br />
Fondementsecclésiologiques :«Dansl’Égliseet<br />
lemonde,pourl’Égliseetlemonde»<br />
Dans cette rencontre dramatique entre deux libertés<br />
– le choix absolument libre de Dieu et la réponse<br />
humaine qu’il sollicite - un lien intime est scellé<br />
entre Dieu et chaque personne humaine. Nommer et<br />
s’approprier devant Dieu sa vocation unique est un<br />
acte uniquement personnel. Et pourtant aucune<br />
vocation n’est pure référence à soi-même, aucune<br />
n’est un contrat privé «entre moi et Jésus». La<br />
vocation chrétienne est nécessairement vocation<br />
ecclésiale.<br />
Les vocations naissent dans le contexte de l’histoire<br />
personnelle et familiale, et dans un contexte social,<br />
culturel et historique particulier. Elles naissent aussi<br />
46 Chapitretrois
dans une communauté ecclésiale donnée (paroisse, école, groupe de<br />
prière ou de partage de foi, projet de service). L’Église universelle est la<br />
«mère de toutes les vocations» car elle médiatise l’appel lancé par le Christ<br />
à chaque personne humaine.<br />
De la même façon, les vocations existent pour l’Église. Elles expriment<br />
de diverses manières l’appel universel à la sainteté, implicite dans le<br />
baptême. Chaque vocation témoigne de manière unique et irremplaçable<br />
de la présence permanente du Christ dans l’Église. De même, chaque<br />
vocation chrétienne est-elle au service du monde, ordonnée à la<br />
transformation graduelle de la société humaine qui devient le Royaume de Dieu.<br />
La réalité vocationnelle de l’Église demande un profond respect de la<br />
complémentarité et de l’interdépendance de toutes les vocations ecclésiales. Parce que<br />
l’Église est à la fois communauté et communion de vocations, tous ses membres<br />
doivent se préoccuper et s’occuper de l’essor de toutes les vocations dans l’Église, et pas<br />
seulement de la leur. Saint Paul décrit l’Église comme un corps (I Co 12) dont les<br />
membres doivent tous bien fonctionner dans l’harmonie les uns avec les autres;<br />
l’image convient tout particulièrement à l’édification d’une Église où la valeur unique<br />
de chaque vocation est respectée et où toutes les vocations travaillent ensemble au<br />
service de la sainteté et de la mission.<br />
Chaque vocation, en tant que choix de vie stable et définitif, s’ouvre sur une triple<br />
dimension : par rapport au Christ, tout appel est «signe», façon particulière de révéler le<br />
visage du Seigneur Jésus. Par rapport à l’Église, elle est «ministère», don pour la<br />
communauté, pour l’utilité commune, dans le dynamisme du service. Par rapport au<br />
monde, elle est «mission», semence du Royaume 57 .<br />
Lesvocationsparticulières<br />
Dans sa lettre pour la 39 e Journée mondiale de prière<br />
pour les vocations, le pape Jean-Paul II a demandé à<br />
l’Église universelle de prier pour le succès du Congrès<br />
nord-américain sur les vocations. «Le premier devoir<br />
de l’Église est d’accompagner les chrétiens sur les voies<br />
de la sainteté» pour qu’en approfondissant leur<br />
connaissance du Christ et leur engagement envers Lui,<br />
«…certaines,commelavocation<br />
auministèreordonnéeet<br />
àlavieconsacrée,lesont<br />
d’unemanièretoutàfait<br />
particulière…»<br />
ils puissent «redécouvrir en Lui leur identité authentique et la mission que le Seigneur<br />
confie à chacun». Rappelant que «chaque vocation dans l’Église est au service de la<br />
sainteté», Jean-Paul II affirme que «certaines, comme la vocation au ministère<br />
ordonnée et à la vie consacrée, le sont d’une manière tout à fait particulière» 58 .<br />
Le congrès n’avait pas pour mandat d’exposer une théologie complète des<br />
vocations dites «de consécration spéciale» : diacres, prêtres et évêques; religieux et<br />
religieuses de vie apostolique ou contemplative; laïcs et vierges consacrés; sociétés de<br />
vie apostolique et nouvelles formes de vie consacrée; formes diverses d’association de<br />
laïcs à des instituts religieux.<br />
Au Congrès, la délégation du Saint-Siège a insisté sur la nécessité d’une théologie<br />
claire, correcte et convaincante du sacerdoce ministériel : fidèle à la christologie et à<br />
l’ecclésiologie de Vatican II qui offre un «compas sûr et fidèle» à l’Église au seuil du<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
47
SECTIONUN –Lesfondements<br />
nouveau millénaire 59 . D’ailleurs, les exhortations post-synodales du Saint-Père (sur la<br />
mission des laïcs, sur la formation des prêtres, sur la vie consacrée et sur le ministère<br />
des évêques 60 ) contiennent un trésor auquel l’Église en Amérique du Nord peut puiser<br />
sans réserve.<br />
Au lieu de répéter ou de résumer ces textes importants, ce qui suit en tire<br />
simplement quelques éléments clés pour une théologie du ministère ordonné et de la<br />
vie consacrée, en mettant l’accent sur les aspects les plus pertinents par rapport au défi<br />
qui consiste à susciter une nouvelle génération de ministres ordonnés et de femmes et<br />
d’hommes consacrés 61 .<br />
Lesvocationsauministèreordonné<br />
Les diacres<br />
C’est délibérément que le Congrès nord-américain sur les vocations a décidé de faire<br />
porter ses travaux sur les «vocations au ministère ordonné» (et pas seulement sur «la<br />
prêtrise»). La présence de nombreux diacres permanents aux États-Unis et au Canada<br />
exige que soient soulignés l’importance de leur ministère et le cheminement unique<br />
qui permet d’identifier, de discerner, de former cette vocation et d’y répondre.<br />
Même si le nombre de prêtres a diminué au cours<br />
des dernières années, le rétablissement du diaconat<br />
comme ministère permanent et distinct dans l’Église<br />
apparaît aujourd’hui plus clairement comme un<br />
développement majeur du Concile Vatican II, tant<br />
sur le plan ecclésiologique que ministériel. Il n’y a<br />
pas d’endroit où ce phénomène soit plus évident<br />
qu’en Amérique du Nord, où l’on trouve plus de la<br />
moitié des diacres permanents du monde entier. Un<br />
ministre ordonné sur cinq aux États-Unis est<br />
aujourd’hui un diacre. Les diacres exercent le<br />
ministère dans 46 États sur 50 et dans 135 des 194 diocèses et éparchies. Sans être<br />
aussi nombreux que leurs homologues américains, les diacres canadiens forment<br />
le troisième contingent le plus nombreux au monde et leurs responsabilités<br />
ministérielles vont croissant.<br />
«L’apportdesdiacresau<br />
ministèredoitêtrecompris<br />
àlalumièredel’importance<br />
particulièredudiaconat<br />
dansl’Église.»<br />
Les diacres exercent des ministères essentiels pour l’Église en Amérique du Nord.<br />
Dans la liturgie, ils proclament l’Évangile, font l’homélie, assistent à l’autel et<br />
administrent l’Eucharistie. Ils président aux baptêmes, aux mariages, aux funérailles et<br />
aux enterrements. En pastorale, ils enseignent la catéchèse et donnent une formation<br />
religieuse, dirigent des retraites et des programmes de renouveau paroissial, offrent du<br />
counselling et de la direction spirituelle. Plus spécialement, ils sont engagés dans des<br />
programmes pour rejoindre les pauvres matériels et spirituels : les marginalisés, les<br />
malades et les vieillards, les veuves et les orphelins, les personnes séparées et divorcées,<br />
les mourants et les familles en deuil.<br />
L’apport des diacres au ministère doit être compris à la lumière de l’importance<br />
particulière du diaconat dans l’Église. Dans le sacrement de l’Ordre, le diacre est<br />
configuré au Christ d’une manière unique et bien précise : en tant que «serviteur de<br />
48 Chapitretrois
tous». Dans un monde qui valorise le pouvoir et la domination, le service public et<br />
permanent du diacre s’adresse «aux plus petits». Comme la plupart des diacres<br />
permanents sont des hommes mariés qui ont élevé des enfants, le ministère auprès<br />
des familles leur est souvent confié. En outre, comme nombre d’entre eux exercent<br />
aussi une profession séculière, ils ont tendance à être plus présents et plus impliqués<br />
que les prêtres ou les évêques dans le milieu et les structures profanes. Même s’ils<br />
proclament l’Évangile et peuvent faire l’homélie à la messe, leur présence et leur<br />
témoignage comme ministres ordonnés dans leur milieu familial ou professionnel<br />
leur donnent l’occasion d’appliquer la consigne de saint François : «proclamez sans<br />
cesse l’Évangile; si nécessaire, employez des mots».<br />
Parce que la plupart des hommes deviennent diacres permanents un peu plus tard<br />
dans la vie, leur cheminement vocationnel est différent de celui de la plupart des<br />
prêtres et des hommes et femmes consacrés. Les dons et les talents qu’ils apportent au<br />
diaconat – leadership, responsabilité, travail d’équipe, maturité spirituelle, valeurs<br />
familiales, relations humaines, désir de servir et passion pour l’Évangile – sont ceux<br />
qui les ont aidés à s’acquitter de leurs responsabilités chrétiennes dans leur vie civile,<br />
professionnelle et familiale. C’est précisément leur témoignage de fidélité comme laïcs<br />
catholiques qui a incité leur entourage – pasteurs, amis, collègues, paroissiens – à les<br />
inviter à envisager l’appel à un service permanent dans l’Église. Cet appel «de<br />
l’extérieur» aura suscité à son tour un appel semblable «de l’intérieur» ou il lui aura fait<br />
écho. Si après une période de discernement impliquant le candidat (en dialogue avec<br />
son épouse et/ou sa famille) et les autorités diocésaines, cet appel est authentifié, le<br />
candidat commence une période de formation théologique, spirituelle et pastorale<br />
menant éventuellement à l’ordination.<br />
Les prêtres<br />
La tradition catholique est profondément sacramentelle, axée sur l’Eucharistie, source<br />
et sommet de la vie chrétienne. Aussi les discussions sur la «crise des vocations» ont<br />
tendance à se concentrer sur le besoin de prêtres, à cause de la fonction unique et<br />
irremplaçable qu’ils exercent en présidant la vie sacramentelle et liturgique de la<br />
communauté chrétienne. De même, étant donné que, pour la plupart des<br />
catholiques, c’est la paroisse qui répond à ce besoin, le travail pour les vocations<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
49
SECTIONUN –Lesfondements<br />
porte principalement sur le recrutement de candidats pour le clergé<br />
diocésain, susceptibles d’animer la vie spirituelle, pastorale et<br />
sacramentelle de la paroisse et des communautés périphériques qui<br />
forment l’Église locale.<br />
Dans la lettre qu’il a adressée au Congrès de Montréal, le pape Jean-<br />
Paul II a rappelé que le sacerdoce ministériel est l’un des éléments<br />
constitutifs de l’Église. A cause de l’importance et de la profondeur de la<br />
vie sacramentelle, où le prêtre est appelé à représenter le Christ dans ses<br />
fonctions «de Chef, de Pasteur, de Prêtre et d’Époux», «de lui dépendent<br />
la réalisation et le développement de toutes les autres vocations 62 ». Le<br />
cardinal Zenon Grocholewski a fait écho à ce message, en soulignant<br />
l’importance pour la pastorale des vocations d’exposer clairement et fidèlement<br />
l’identité du prêtre. Il a souligné la relation essentielle et surnaturelle du prêtre avec le<br />
Christ, relation vécue dans un rapport intime avec Jésus et une vie sacramentelle et<br />
liturgique intense, centrée sur l’Eucharistie. Par le ministère de la Parole et des<br />
sacrements et dans le cadre de leur animation pastorale, les prêtres représentent la<br />
personne du Christ d’une manière unique et irremplaçable, a-t-il dit. Ils sont essentiels<br />
à la vie, à la sainteté et à la mission de l’Église.<br />
Les prêtres relèvent de l’évêque qui les ordonne et leur confie le mandat d’un<br />
ministère particulier dans l’Église locale. D’une manière différente mais non moins<br />
importante, ils relèvent aussi de la communauté chrétienne qu’ils ont été appelés à<br />
servir. Leur fonction liturgique (présider l’Eucharistie) et leur rôle pastoral (présider la<br />
communion ecclésiale) sont étroitement reliés.<br />
Au cours des dernières décennies, le style de leadership des prêtres s’est peu à peu<br />
transformé : le pasteur «seigneur de son domaine paroissial» a évolué vers des modèles<br />
de collaboration où prêtres, diacres, religieux, religieuses et ministres laïcs partagent<br />
l’animation pastorale d’une communauté. Pourtant, même dans ces modèles, les<br />
prêtres ont un rôle unique. Plus que jamais, peut-être, les catholiques ont besoin du<br />
leadership que peuvent dispenser de saints prêtres fidèles, compatissants et<br />
intelligents, comme Donald Senior l’a souligné durant le Congrès:<br />
Y eut-il jamais une époque dans notre mémoire collective où l’on ait éprouvé avec plus<br />
d’urgence le besoin de la vocation du prêtre dans l’Église Amener une communauté<br />
diversifiée et souvent divisée à l’unité de la prière et de la foi, prêcher l’Évangile avec<br />
autorité et avec clarté, mener une vie évangélique exemplaire, travailler habilement et avec<br />
doigté avec des collaborateurs laïcs à la construction de la communauté, être source d’unité<br />
et non de division, représenter publiquement et avec intégrité la mission et la finalité de<br />
l’Église. Voilà quelques-unes des fonctions de la prêtrise et elles sont absolument<br />
indispensables à la santé et à la vie de l’Église de ce temps 63 .<br />
Les évêques<br />
Les évêques sont les pasteurs en chef de l’Église. Ils remplissent ce service en communion<br />
avec le Saint-Père, en collégialité les uns avec les autres et animés d’un profond souci<br />
pastoral pour le Peuple de Dieu confié à leurs soins. Leur ministère, en tant que<br />
successeurs des apôtres, porte directement sur l’unité de l’Église. Comme leurs<br />
collaborateurs prêtres, ils représentent le Christ dans le ministère de la Parole, des<br />
sacrements et de l’animation pastorale, et participent à l’autorité du Christ, tête de<br />
50 Chapitretrois
l’Église. Le niveau d’autorité confiée aux évêques<br />
exige qu’ils suivent l’exemple du Christ qui «n’est<br />
pas venu pour être servi mais pour servir et donner<br />
Sa vie en rançon pour la multitude» (Mc 10,45).<br />
Appelés par le Christ à travers le successeur de<br />
Pierre, les évêques président d’une manière<br />
unique à la communion de l’Église. En<br />
communion avec les prêtres diocésains, les<br />
membres des diverses congrégations et instituts<br />
de vie consacrée, les diacres, les ministres laïcs et<br />
toute l’Église diocésaine, l’évêque offre un repère d’unité. Il cultive l’harmonie entre la<br />
diversité des vocations et l’unité de l’Église.<br />
Pour cette raison, les évêques doivent se préoccuper vivement de l’essor de toutes<br />
les vocations au sein de leur diocèse : laïques, consacrées, diaconales et sacerdotales.<br />
C’est un aspect important de leur fonction que de veiller à l’intégration harmonieuse<br />
des efforts de promotion de la vie sacerdotale diocésaine et des différentes formes de<br />
vie consacrée, de manière à éviter l’ignorance et la concurrence mutuelles. Il leur<br />
revient aussi de construire une Église où chaque ministère soit vu comme une<br />
vocation. «Étant donné que les évêques ont pour mission d’unifier le Corps du Christ,<br />
les préoccupations de l’Église universelle sont aussi les leurs 64 .»<br />
Lavieconsacrée<br />
La vie consacrée continue de représenter, pour reprendre les mots du pape Jean-Paul<br />
II, «un don précieux pour la croissance et la sainteté du peuple chrétien 65 ». De fait, le<br />
monde et l’Église cherchent des «témoins authentiques du Christ » et, en particulier,<br />
des femmes et des hommes qui témoignent du Christ et de Son Évangile d’une<br />
manière unique et totale. Ils le font par leur vie et leurs œuvres; en s’engageant à<br />
pratiquer les conseils évangéliques de pauvreté, chasteté et obéissance; en vivant leurs<br />
charismes fondateurs dans le contexte d’une vie communautaire priante et vibrante;<br />
en servant fidèlement l’Église et en répondant attentivement aux besoins du monde.<br />
Le nombre de personnes consacrées en Amérique du Nord a chuté<br />
dramatiquement au cours du dernier demi-siècle. Plusieurs des ministères qu’ils ont<br />
longtemps assurés dans l’Église et la société – dans le travail missionnaire, l’éducation,<br />
la formation de la foi, les soins de santé, le service social et,<br />
plus récemment, dans l’apostolat des retraites, la direction<br />
spirituelle et diverses formes de pastorale paroissiale,<br />
hospitalière ou universitaire – sont maintenant largement<br />
assurés par des laïcs. Empressés à partager leur mission avec<br />
l’ensemble de l’Église, les femmes et les hommes consacrés<br />
continuent de chercher de nouvelles façons de vivre le<br />
caractère prophétique de la vie religieuse «d’abord et avant<br />
tout comme un appel à l’intimité contemplative avec Dieu» «<br />
à cause d’une espérance inébranlable en Dieu qui sauve 66 ».<br />
En fait, «la maison de Dieu, l’Église, aujourd’hui non moins<br />
qu’hier, est ornée et enrichie par la présence de la vie<br />
consacrée 67 ».<br />
«Yeut-iljamaisune<br />
époquedansnotre<br />
mémoirecollectiveoù<br />
l’onaitéprouvéavec<br />
plusd’urgencelebesoin<br />
delavocationduprêtre<br />
dansl’Église »<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
51
SECTIONUN –Lesfondements<br />
La forme la plus familière et la plus visible de vie<br />
consacrée est celle que vivent les sœurs, les frères et<br />
les prêtres qui appartiennent à des communautés et<br />
à des congrégations de vie religieuse apostolique.<br />
Ces femmes et ces hommes généreux ont apporté<br />
une contribution inestimable au travail de l’Église<br />
en Amérique du Nord, par leur participation<br />
enthousiaste à l’œuvre d’évangélisation et en créant<br />
des structures permanentes qui ont permis à la<br />
mission sociale, éducative, caritative et religieuse de<br />
l’Église de rejoindre des millions de personnes,<br />
catholiques et non catholiques.<br />
La vie consacrée continue toutefois de se vivre<br />
sous des formes diverses : les unes bien connues, les<br />
autres relativement nouvelles. Les hommes et les femmes qui embrassent la vie<br />
monastique et contemplative (moines et moniales) ou la vie érémitique vivent une<br />
vie pleinement consacrée au culte divin, à l’ascèse personnelle, à la prière personnelle<br />
et communautaire et à l’amour fraternel en communauté. Les membres des sociétés<br />
de vie apostolique, sans prononcer de vœux de religion, s’engagent à la solidarité<br />
fraternelle pour une mission commune; plusieurs de ces sociétés, vouées au travail<br />
dans les missions étrangères, jettent des ponts de solidarité internationale dans l’Église<br />
et servent les plus pauvres d’entre les pauvres. Vivant et œuvrant dans le monde, les<br />
membres des instituts séculiers témoignent humblement et discrètement du Royaume<br />
dans leurs activités professionnelles et leur engagement social.<br />
D’autres formes de vie consacrée sont en émergence et ont atteint divers degrés<br />
d’approbation formelle ou canonique. Ces «communautés nouvelles» orientent leur<br />
mission vers le service direct des démunis, l’évangélisation et la présence à la jeunesse,<br />
en s’appuyant sur une vie communautaire solide nourrie par la prière personnelle et<br />
liturgique. Quoiqu’ils ne prononcent pas de vœux, les nouveaux mouvements<br />
ecclésiaux et les apostolats laïcs attirent des femmes et des hommes désireux de vivre<br />
une vie commune, dans la pauvreté matérielle et spirituelle, proche des pauvres et des<br />
marginalisés. Par ailleurs, même dans des congrégations et des instituts qui voient<br />
diminuer le nombre de leurs membres, des laïcs, hommes et femmes, continuent de<br />
s’associer au charisme, à la mission et à la spiritualité des divers instituts de vie<br />
consacrée : comme associés, oblats et membres de «tiers ordres».<br />
À mesure qu’apparaissent en Amérique du Nord de nouvelles formes de vie<br />
consacrée et que des formes plus familières connaissent un renouveau, se consolide<br />
l’espoir que les dons de l’Esprit sont reçus en abondance et qu’en outre «la vie<br />
consacrée n’a pas seulement joué dans le passé un rôle d’aide et de soutien pour<br />
l’Église mais [qu’]elle est encore un don précieux et nécessaire pour le présent et pour<br />
l’avenir du Peuple de Dieu, parce qu’elle appartient de manière intime à sa vie, à sa<br />
sainteté et à sa mission 68 ».<br />
Comme un arbre qui se ramifie de façons admirables et multiples dans le champ du<br />
Seigneur, à partir d’un germe semé par Dieu, ainsi se développèrent des formes variées de<br />
vie solitaire ou commune, des familles diverses dont le capital spirituel profite à la fois aux<br />
membres de ces familles et au bien de tout le Corps du Christ 69 .<br />
52 Chapitretrois
Quels sont les défis particuliers auxquels se trouve aujourd’hui confrontée l’Église<br />
en Amérique du Nord et qui montrent que nous avons toujours besoin du<br />
témoignage unique et de la vocation prophétique des femmes et des hommes<br />
consacrés Donald Senior suggère ce qui suit:<br />
Avons-nous souvenir d une époque où le besoin de vie consacrée ait été plus urgent Pour<br />
démontrer, dans un monde rempli de violence et où se creusent les fossés et l’hostilité entre<br />
les cultures, les races et les idéologies, qu’il est possible à des personnes de vivre ensemble<br />
dans l’harmonie et l’amour – que la communauté humaine et chrétienne est possible avec<br />
la grâce de Dieu Pour donner le témoignage public à toute une génération qui a soif de<br />
spiritualité authentique qu’une vie de sainteté est bien possible à notre époque Pour<br />
accepter des missions que trop souvent les gouvernements et les organismes privés sont<br />
tentés d’abandonner : travailler auprès des victimes du sida, nourrir ceux qui ont faim, se<br />
solidariser avec les sans-abri et les abandonnés, manifester pour la paix Pour illustrer<br />
dans la vie de l’Église cette dimension charismatique de l’Esprit de Dieu qui ne doit pas<br />
être supprimée Voilà quelques-unes des raisons pour lesquelles l’Église a désespérément<br />
besoin de vocations à la vie consacrée 70 .<br />
Lemariageetlaviefamiliale<br />
Même si le Congrès a surtout mis l’accent sur le défi de susciter<br />
des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée, l’une<br />
de ses six recommandations pour une intervention pastorale<br />
urgente et immédiate a pour objet le renforcement du mariage<br />
et de la vie familiale. Si la famille est bien «l’Église<br />
domestique» et la pépinière de toutes les vocations<br />
chrétiennes, alors le ministère auprès des couples et des<br />
familles revêt une grande priorité.<br />
«Leministèreauprèsdes<br />
famillesdevraitaiderles<br />
conjointsetlesparentsà<br />
comprendreleur<br />
vocationunique…»<br />
Le ministère auprès des familles devrait aider les conjoints et les parents à<br />
comprendre leur vocation unique : appel à édifier des familles où la vie soit reçue<br />
comme un don de Dieu, où l’amour soit vécu à la hauteur de ses exigences<br />
quotidiennes et où chaque membre de la famille soit encouragé à écouter la voix de<br />
Dieu pour y répondre pleinement et généreusement sa vie durant.<br />
Les familles sont appelées à jouer un rôle décisif pour l’avenir des vocations dans l’Église.<br />
La sainteté de l’amour sponsal, l’harmonie de la vie familiale, l’esprit de foi avec lequel<br />
sont affrontés les problèmes quotidiens de la vie, l’ouverture aux autres, surtout aux plus<br />
pauvres, la participation à la vie de la communauté chrétienne, constituent l’ambiance<br />
adéquate pour l’écoute de l’appel divin et pour une réponse généreuse de la part des<br />
enfants 71 .<br />
La vie de famille en Amérique du Nord est soumise à de fortes tensions. Elle est<br />
marquée par des taux de divorce élevés, par l’instabilité sociale et économique, par la<br />
perte de contact avec les grands-parents et avec la famille élargie à cause des<br />
déménagements et des ruptures familiales, par l’importance réduite accordée à la<br />
pratique religieuse et à la dévotion comme expérience vécue en famille, et par l’impact<br />
d’une société qui valorise le profit pécuniaire et personnel au détriment d’une vie vouée<br />
à un engagement permanent et au don de soi. Faut-il s’étonner qu’il y ait si peu de prière,<br />
si peu d’encouragement donné à un fils ou à une fille qui envisagerait un appel à la<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
53
SECTIONUN –Lesfondements<br />
prêtrise ou à la vie consacrée La diminution du<br />
nombre de prêtres et le retrait du ministère de<br />
plusieurs religieux et religieuses qui étaient<br />
régulièrement en contact avec les enfants, les<br />
adolescents et les parents ont aussi contribué à créer<br />
une situation où les jeunes sont réticents à choisir «ce<br />
qu’ils ne connaissent pas» et les parents à appuyer un<br />
projet qui leur semble étrange et mystérieux.<br />
Le manque d’appui au niveau de la famille et des<br />
pairs a été identifié par les délégués au Congrès et<br />
par les participants aux rencontres régionales<br />
comme un obstacle majeur à l’idée de la vocation<br />
religieuse. Une théologie solide de l’Église<br />
domestique comme pépinière de vocations, un<br />
ministère vigoureux auprès des familles, qui réponde à leurs besoins réels et à leurs<br />
vrais problèmes, et la présence active de prêtres et de religieux et religieuses qui<br />
donnent l’exemple de vies saintes, saines et heureuses sont aujourd’hui essentiels à la<br />
promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
Lecélibat<br />
Que ce soit en vertu d’un choix délibéré ou à cause des circonstances de la vie, un<br />
nombre croissant de croyantes et de croyants servent le Christ et l’Église en répondant<br />
à l’appel à une vie célibataire dans le monde. Cette vocation offre l’occasion de grandir<br />
dans la grâce par le service personnel ou professionnel d’autrui offert dans un amour<br />
désintéressé. La vie célibataire ne comporte pas l’appel à un institut ou à une<br />
congrégation particulière mais appelle bien la personne célibataire à s’engager<br />
pleinement dans la vie communautaire de l’Église. Pour plusieurs, cet engagement<br />
prend la forme d’un ministère laïc dans l’Église. Pour plusieurs autres, il s’agit de<br />
partager ses dons artistiques et sa créativité, de se rendre disponible pour une amitié ou<br />
un accompagnement spirituels, et d’être disposé à faire plus que ce que demanderait le<br />
sens du devoir professionnel, personnel ou religieux; ainsi la vie célibataire devient-elle<br />
une vocation de générosité et de don de soi.<br />
Plusieurs célibataires regardent Jésus comme un<br />
modèle pour leur choix de vie. N’appartenant à<br />
aucune communauté cléricale ou religieuse<br />
reconnue, Jésus a réuni autour de lui une<br />
communauté inclusive d’amis et de disciples et il<br />
exerçait à l’égard de tous ceux et celles qu’il<br />
rencontrait un ministère de guérison et de<br />
réconciliation dans l’amour. L’appel à la sainteté<br />
pour les célibataires présente des défis et des<br />
possibilités distinctes. Faute de pouvoir s’appuyer<br />
sur un conjoint ou sur une communauté religieuse,<br />
sur l’incardination dans un diocèse ou la<br />
nomination officielle dans une paroisse, le<br />
célibataire fait l’expérience de la dépendance envers<br />
54 Chapitretrois
Dieu d’une manière toute particulière. C’est en assumant cette réalité de tout son cœur<br />
que la personne célibataire reçoit la force d’aller au monde dans un esprit d’ouverture<br />
et de service, de témoigner de l’Évangile en incarnant l’amour et le pardon du Christ,<br />
et d’inviter les autres à la plénitude de la foi.<br />
Lesvocationsdansla«réciprocitédela<br />
communion» :harmoniserlesvocationslaïques,<br />
consacréesetordonnées<br />
Au niveau de la planification du Congrès, on a eu le souci constant de la place de la<br />
vocation laïque – et en particulier de la vocation des laïcs directement engagés dans le<br />
ministère ecclésial – dans le cadre d’un Congrès portant spécifiquement sur les<br />
vocations à la vie consacrée et au ministère ordonné.<br />
Dans son adresse du Carême 2002 au clergé du<br />
diocèse de Rome, le pape Jean-Paul II faisait observer<br />
que plus le laïcat s’engagera dans la vie de l’Église, plus<br />
nous aurons besoin de bons prêtres et de bons<br />
religieux. En d’autres mots, plus la vie de l’Église est<br />
abondante, plus s’accroît le besoin d’une animation<br />
pastorale spécifique et du témoignage de la sainteté 72 .<br />
Le Saint-Père rappelait ainsi à l’Église que la diminution<br />
du nombre de vocations sacerdotales ne devrait pas être communion”.»<br />
interprétée (comme on le fait dans certains milieux)<br />
comme si la Divine Providence exigeait un déclin du<br />
sacerdoce pour ouvrir une brèche à l’engagement<br />
apostolique croissant du laïcat.<br />
D’autre part, ces paroles nous rappellent que les prêtres et les religieux fidèles ne se<br />
sentent pas menacés par la mission et le ministère légitimes des laïcs. Il n’y a aucune<br />
contradiction entre le fait d’inclure des laïcs, hommes et femmes, pour qu’ils aident à<br />
répondre aux besoins ministériels réels et pressants de l’Église, et le fait d’encourager<br />
activement des jeunes gens et des jeunes femmes à répondre à un appel au ministère<br />
ordonné ou à la vie consacrée. L’heure est à la coopération plutôt qu’à la concurrence,<br />
sous le signe du respect mutuel et de la complémentarité dans la promotion de toutes<br />
les vocations.<br />
«Si chaque vocation dans l’Église est au service de la sainteté, certaines cependant,<br />
comme la vocation au ministère ordonné et à la vie consacrée, le sont d’une manière<br />
tout à fait particulière 73 .» Le choix des mots ici est important. Le pape ne dit pas que<br />
les vocations ordonnées et consacrées sont intrinsèquement «plus saintes» que la<br />
vocation baptismale. Leur caractère unique tient plutôt à la manière dont elles édifient<br />
la sainteté dans l’Église, en donnant une structure visible au Corps mystique du Christ<br />
et en orientant sa mission dans le monde.<br />
Le fait que le Congrès ait décidé de mettre l’accent sur les vocations au ministère<br />
ordonné et à la vie consacrée ne doit pas être interprété comme une façon de dénigrer<br />
ou d’esquiver la vocation laïque. Cette décision s’appuie plutôt sur l’idée que, loin<br />
d’être en concurrence l’une avec l’autre, les vocations ordonnées, consacrées et laïques<br />
«…lesvocationsordonnées,<br />
consacréesetlaïquesvivent<br />
une“réciprocitédansla<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
55
SECTIONUN –Lesfondements<br />
vivent une «réciprocité dans la communion». Cette communion ne touche pas que les<br />
rôles et les fonctions mais rejoint le niveau de l’identité et de la symbolique. Plus<br />
encore, à cause de son lien unique avec le service de la communion ecclésiale, qui<br />
s’exprime avec le plus de force dans la célébration de l’Eucharistie, le ministère<br />
ordonné a «la tâche inéluctable de promouvoir toute vocation 74 ».<br />
Le déclin de l’une ou l’autre vocation se répercute négativement sur tout le corps de<br />
l’Église et sur chacun des membres qui le composent. De même, l’attention accordée<br />
à la croissance et au développement de l’une d’entre elles devrait entraîner l’essor des<br />
autres. Ainsi tous et toutes sont responsables ensemble de la saine croissance de toutes<br />
les vocations dans l’Église.<br />
Unespoirpourlaroute<br />
Le fait pour l’Église en Amérique du Nord d’avoir connu une «crise des vocations» n’est<br />
pas nécessairement entièrement négatif. Mgr Giuseppe Pittau a rappelé aux délégués<br />
du Congrès que, même si elle est semée de dangers réels, la crise des vocations est<br />
aussi, pour l’Église en Amérique du Nord, «un kairos, une occasion privilégiée de<br />
conversion, de repentir et de purification». S’il en est ainsi, devait-il ajouter, «un<br />
nouveau bourgeonnement de vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée ne<br />
se produira que si nous travaillons ensemble à susciter une nouvelle culture des<br />
vocations», où soit défendue et célébrée la dignité de chaque être humain, où tout le<br />
monde puisse reconnaître l’appel à la sainteté et au service et y répondre, comme<br />
«pierre vivante nécessaire à l’édification de l’Église vivante et porteuse de vie, qui est le<br />
Corps du Christ 75 ». Dans cette «culture de la vocation», il y a de fortes raisons de croire<br />
et d’espérer que Dieu continuera d’appeler certaines personnes à servir l’Église et le<br />
monde comme femmes et hommes consacrés, comme diacres et comme prêtres.<br />
Le symbole biblique le plus récurrent pour décrire la vie<br />
de foi est celui du voyage. Comme nous le montre<br />
l’expérience du peuple de Dieu, la route est semée<br />
d’épreuves et de dangers. Elle nous fait passer du monde<br />
connu à la nouveauté, de l’esclavage à l’exode, de l’errance<br />
dans le désert à la terre promise, de l’exil au retour.<br />
De même, les Évangiles nous présentent la vie et la<br />
mission de Jésus comme une longue route «débutant avec<br />
l’énergie débordante de Son ministère en Galilée et se<br />
poursuivant avec la montée menaçante et délibérée vers<br />
Jérusalem où Il rencontrera Son destin dans la mort et la<br />
résurrection».<br />
Sur les pas de Jésus et de ses disciples, la première<br />
communauté chrétienne a été connue sous le nom de<br />
«peuple de la voie». Le long de leur cheminement dans la<br />
foi, ils ont découvert que la réponse à l’appel de Dieu «n’est<br />
pas une réalité instantanée ou statique mais qu’elle se<br />
déploie dans le temps et qu’il faut être disposé à endurer les<br />
rigueurs de la marche sur Jérusalem, avec tout ce qu’elle<br />
comporte d’aspérité, de fatigue et d’échec 76 ».<br />
56 Chapitretrois
Quelle espérance soutient l’Église en Amérique du Nord, confrontée au défi de<br />
susciter une «culture de la vocation»<br />
D’abord et avant tout, l’assurance de ne pas être seule sur la route. L’expérience des<br />
disciples en chemin vers Emmaüs (Lc 24, 13-35) – déprimés, confus, s’interrogeant<br />
sur ce qui allait arriver – est bien l’expérience de notre<br />
Église. Mais sur cette route, Jésus entame la conversation<br />
avec nous. Il nous enseigne, dissipe la confusion, explique<br />
les Écritures, ranime nos espoirs défaits, touche si bien<br />
notre cœur que nous désirons qu’Il «reste avec nous».<br />
Puis, au moment de partager notre vie et de rompre le<br />
pain, nous reconnaissons Sa présence qui brûle en nous,<br />
et nous sommes renvoyés là d’où nous venons, pour<br />
proclamer le message de l’espérance et de la Résurrection<br />
à nos sœurs et à nos frères.<br />
«PoursusciterenAmérique<br />
duNordune“culturedela<br />
vocation”,ilfautêtreprêtà<br />
entrerdansunnouveau<br />
dialogueaveclesjeunes<br />
catholiques. »<br />
Les disciples abattus que Jésus a rencontrés sur la route<br />
avaient beaucoup à apprendre. Ce n’est que peu à peu que<br />
le lien qui les unissait au mystérieux étranger est passé du<br />
débat à la relation, à la révélation, à la transformation intérieure et, finalement, à la<br />
mission d’évangélisation. Ceux et celles qui sont engagés dans le ministère de<br />
l’interpellation et du discernement vocationnels le savent : de même qu’eux-mêmes<br />
ont été accompagnés «sur la route», les jeunes (et les moins jeunes) avec qui ils sont<br />
appelés à cheminer ont aussi besoin d’être orientés, étape par étape, d’être attirés à la<br />
connaissance du Seigneur et à l’intimité avec lui, d’apprendre à reconnaître les<br />
mouvements de Sa présence «toute brûlante en eux».<br />
L’exemple du Christ, le guide par excellence, inspire l’itinéraire de la pastorale des<br />
vocations dans l’Église, que présente le prochain chapitre de notre Plan pastoral. Les<br />
vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée se forment et se développent peu<br />
à peu, grâce à une démarche où l’on peut distinguer cinq éléments essentiels :<br />
• la prière<br />
• l’évangélisation et la catéchèse<br />
• une expérience de vie liturgique et communautaire, de service et de<br />
témoignage<br />
• l’accompagnement<br />
• l’interpellation et le discernement<br />
Pour susciter en Amérique du Nord une «culture de la vocation», il faut être prêt à<br />
entrer dans un nouveau dialogue avec les jeunes catholiques. Cela revient à affirmer<br />
avec confiance que si nous leur enseignons à prier, si nous leur donnons une catéchèse<br />
et une éducation de la foi d’excellente qualité, si nous les invitons à participer à la vie<br />
de l’Église locale et si nous leur fournissons des conseillers et des guides spirituels pour<br />
les accompagner dans leur cheminement, loin de faire la sourde oreille à une<br />
invitation à embrasser une vocation de consécration spéciale dans l’Église, ils y<br />
répondront avec joie et avec générosité.<br />
«Jésusleurexpliquacequileconcernaitdansl’Écriture.»<br />
57
SECTIONDEUx<br />
Action<br />
la mission
ChAPITRE4<br />
«Tandis qu’ils<br />
parlaient et<br />
discutaient,<br />
Jésus lui-même<br />
s’approcha, et<br />
il marchait<br />
avec eux.»<br />
(Luc 24,15)<br />
«Jésuslui-mêmes’approcha,<br />
etilmarchaitaveceux.»<br />
Cinq priorités pastorales<br />
Prier, Évangéliser, Expérimenter,<br />
Accompagner, Inviter<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
Susciter une «culture de la vocation» et une «option préférentielle pour<br />
les jeunes»<br />
Cinq priorités pour l’action<br />
1. Prier : la sainteté, la conversion, le culte<br />
2. Évangéliser : l’enseignement, la formation, la<br />
catéchèse<br />
3. Expérimenter : le culte, la communauté, le<br />
service,<br />
le témoignage<br />
La liturgie et la prière (leiturgia)<br />
La communion ecclésiale (koinonia)<br />
Le service et la charité (diakonia)<br />
Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma).<br />
4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le<br />
modèle, le témoin<br />
5. Inviter : le discernement, le choix, l’engagement<br />
«Semer»<br />
«Accompagner»<br />
«Éduquer»<br />
Susciterune«culturedelavocation»etune<br />
«optionpréférentiellepourlesjeunes»<br />
Le récit que fait Luc de la rencontre entre le Christ ressuscité et les disciples sur la route<br />
d’Emmaüs offre un excellent paradigme à la pastorale des vocations aujourd’hui en<br />
Amérique du Nord.<br />
Ce récit est à la fois consolant et interpellant. Consolant parce que nous y rencontrons<br />
Jésus, crucifié et ressuscité, vraiment présent et marchant à nos côtés. Interpellant en ce qu’il<br />
débouche sur une mission : rencontrer le Christ ressuscité, c’est partager notre expérience<br />
avec d’autres, entamer avec eux le dialogue du salut, les aider progressivement à reconnaître<br />
60 Chapitrequatre
et à accueillir Celui qui se fait connaître grâce aux<br />
récits partagés et au pain rompu.<br />
Chaque chrétien – quels que soient son<br />
âge, son sexe, sa culture ou sa nationalité – est<br />
appelé à prendre cette route, fidèle à Dieu qui<br />
continue de Se révéler en chemin. Aussi notre<br />
principal défi aujourd’hui consiste-t-il à<br />
entamer de vraies conversations avec les<br />
jeunes et les jeunes adultes. Les récentes<br />
célébrations de la Journée mondiale de la<br />
Jeunesse ont attiré l’attention sur les besoins,<br />
les convictions, les attentes et les aspirations<br />
spirituelles des jeunes : il nous faut prendre<br />
conscience des obstacles et des problèmes particuliers auxquels ils sont confrontés alors<br />
qu’ils cherchent à nommer, à s’approprier et à accueillir leur vocation unique.<br />
Comme l’a laissé entendre le Chapitre 1, l’action pastorale de l’Église en Amérique<br />
du Nord aura comme priorité pour la prochaine décennie une option préférentielle<br />
pour les jeunes. À l’heure qu’il est, la prise de décision dans l’Église – en particulier pour<br />
ce qui touche l’avenir du ministère ordonné et de la vie consacrée – est pratiquement<br />
entre les mains des moins de 50 ans. Même avec les meilleures intentions du monde,<br />
la voix des jeunes catholiques est facilement étouffée, leurs perspectives marginalisées<br />
et leur expérience de vie négligée.<br />
Pour que la future mission de l’Église en Amérique du Nord porte du fruit,<br />
pour que le ministère ordonné et la vie consacrée demeurent des choix de<br />
vie pour une nouvelle génération de catholiques, d’importantes ressources<br />
financières, humaines et spirituelles devront être investies dans une présence<br />
et une pastorale directe auprès des jeunes catholiques. C’est là un besoin pressant<br />
et urgent, une exigence dictée par une gestion responsable des biens<br />
temporels, moraux et spirituels de l’Église.<br />
Les jeunes adultes délégués au Congrès ont déclaré qu’ils se voient vivre avec l’Église<br />
une relation d’alliance : s’ils représentent l’espoir pour son avenir, ils font aussi partie de<br />
sa réalité présente. Ils demandent à l’Église – en particulier à ceux et celles qui la servent<br />
comme femmes et hommes consacrés, diacres et prêtres – des exemples inspirants et un<br />
accompagnement personnel. Ils veulent pouvoir faire des retraites et vivre des<br />
expériences missionnaires, ils désirent avoir accès à une connaissance et à un amour<br />
plus profonds de la tradition catholique – sa vie sacramentelle et liturgique, la riche<br />
diversité d’expression de sa vie spirituelle, sa profondeur biblique et théologique. Et ils<br />
demandent une communauté ecclésiale accueillante qui fasse un peu de place à leur<br />
idéalisme, à leurs talents et à leur énergie considérable.<br />
Ils attendent de l’Église et de ses ministres qu’ils soient une présence joyeuse, sainte,<br />
visible et disponible dans leur monde : dans les écoles et les universités, dans les<br />
mouvements de jeunesse, au travail, dans les groupes d’action sociale, dans des<br />
paroisses vivantes et accueillantes et dans leurs familles. Ils demandent à tous les<br />
membres de l’Église de marcher avec eux, de leur être présents, de les interpeller et d’oser<br />
construire avec eux l’avenir de l’Église.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
61
SECTIONDEUx -Action<br />
Susciter une véritable «culture de la vocation», c’est<br />
favoriser une atmosphère où les jeunes catholiques se<br />
montrent ouverts à recevoir une invitation<br />
personnelle à discerner judicieusement et à accueillir<br />
librement la forme d’engagement permanent à<br />
laquelle ils sont appelés dans l’Église. Pour qu’un tel<br />
choix soit fait librement et pour qu’il ait un sens –<br />
surtout dans une société qui juge virtuellement<br />
impossible toute idée d’engagement à vie, il doit être<br />
édifié avec soin et s’appuyer sur de solides fondations.<br />
Le plan d’action que voici essaie d’articuler ces<br />
fondations et de suggérer des façons concrètes dont il<br />
pourrait inspirer les messages qu’on lancera dans<br />
l’avenir à des jeunes gens et à des jeunes femmes pour<br />
les inviter à discerner un appel à la vie consacrée, à la prêtrise ou au diaconat.<br />
Cinqprioritéspourl’action<br />
Pendant de longues années, le paradigme dominant en pastorale des vocations a été<br />
celui du recrutement ou de la promotion. On cherchait à retracer les candidats<br />
potentiels, généralement dans les paroisses, les mouvements sociaux et les réseaux<br />
éducatifs où des prêtres, des religieux et des religieuses étaient directement en contact<br />
avec les jeunes. Ces candidats et candidates étaient invités à discerner s’ils étaient ou non<br />
appelés à la vie consacrée dans telle congrégation ou tel institut, au sacerdoce dans tel<br />
diocèse, telle société de vie apostolique ou tel ordre religieux.<br />
Ce paradigme supposait plusieurs prérequis: une catéchèse solide et complète; une<br />
identité catholique bien trempée, enracinée dans la pratique fidèle des sacrements et de<br />
la piété de l’Église; un contexte familial stable où la vocation religieuse pouvait être objet<br />
de dialogue et d’encouragement; des contacts personnels et l’expérience directe de la vie<br />
et de la mission des prêtres diocésains ou religieux, des sœurs et des frères.<br />
Même s’il y a lieu de se demander si ce paradigme a jamais vraiment fonctionné tel<br />
quel en Amérique du Nord, il ne correspond plus au monde dans lequel nous vivons.<br />
Une intuition importante venue du Congrès européen sur les vocations concerne le<br />
besoin d’une «pédagogie de la vocation» adéquate. En puisant aux récits bibliques dont<br />
devait s’inspirer le Congrès nord-américain – la parabole du Semeur (Mt 13,1-9) et la<br />
route d’Emmaüs (Luc 24,13-35) – on voit en Jésus le modèle de tous ceux et celles qui<br />
travaillent en pastorale des vocations. Dans cette perspective, la tâche principale<br />
concerne moins la promotion ou le recrutement immédiat que la fidélité à une<br />
démarche à long terme. Cette démarche comporte une série graduée d’expériences<br />
d’éducation et de formation, puis d’accompagnement et de discernement plus ciblé,<br />
jusqu’à ce que la personne appelée puisse concrètement et réellement faire un choix. 77<br />
En s’appuyant sur:<br />
• de solides principes théologiques, pastoraux et pédagogiques<br />
• l’expérience de ceux et celles qui sont engagés depuis longtemps dans divers<br />
aspects de la pastorale des vocations<br />
62 Chapitrequatre
• les recommandations explicites des délégués au Congrès et des participants aux<br />
consultations régionales préalables 78 ,<br />
on suggère que, pour susciter une «culture de la vocation» aujourd’hui en Amérique du<br />
Nord, la pastorale (en particulier la pastorale des jeunes et des jeunes adultes) s’articule<br />
autour de cinq actions:<br />
1. Prier<br />
2. Évangéliser<br />
3. Expérimenter<br />
1. Prier : la sainteté, la conversion, le culte<br />
Quand on leur a demandé trois idées qu’ils voudraient voir réaliser ou trois initiatives<br />
qu’ils pourraient prendre pour encourager les vocations, la grande majorité des<br />
participants aux consultations régionales a placé en tête de liste «la prière». La prière –<br />
personnelle, en famille, à la paroisse ou dans une autre communauté de foi – est<br />
l’action la plus importante qui puisse sous-tendre la pastorale des vocations.<br />
Il n’y a rien d’étonnant à ce que la prière ressorte comme la première priorité pour<br />
l’action. Pour entendre l’appel et y répondre, il faut une relation vivante avec Celui qui<br />
constamment nous appelle par notre nom. La prière et une vie sacramentelle fervente<br />
– chez la personne qui est appelée et dans la communauté à travers laquelle le Seigneur<br />
appelle – sont essentielles à une «culture de la vocation».<br />
Il est évidemment important de prier spécifiquement pour les vocations. En obéissance<br />
au commandement du Christ, qui nous enjoint de demander sans cesse «au Maître de la<br />
moisson d’envoyer des ouvriers dans sa moisson» (Mt 9,38; Lc 10,2), «chaque Journée<br />
mondiale de prière pour les vocations se caractérise comme un moment de prière intense,<br />
qui engage la communauté chrétienne tout entière 79 ». Et après une période de déclin, la<br />
prière spécifique pour les vocations connaît un regain de<br />
faveur dans les paroisses et les familles – à la messe<br />
dominicale, à l’occasion des heures saintes et de<br />
l’adoration du Saint-Sacrement, lors des prières mariales<br />
et des autres pratiques de dévotion et dans diverses formes<br />
de prière personnelle et familiale. Il faut continuer<br />
d’accorder ainsi une plus grande attention à la prière pour<br />
les vocations – et en particulier pour des vies de<br />
consécration spéciale au service de la mission de l’Église.<br />
4. Accompagner<br />
5. Inviter<br />
«Lesparoissesetlesautres<br />
communautéschrétiennes<br />
doiventdevenirde“véritables<br />
écolesdelaprière”…»<br />
Il est bon de prier pour les vocations. Mais il est encore plus important de devenir<br />
des hommes et des femmes de prière. Les paroisses et les autres communautés<br />
chrétiennes doivent devenir de «véritables écoles de la prière», où tous et toutes se<br />
laisseront «guider par l’Esprit du Christ pour collaborer à l’édification de l’Église dans la<br />
charité 80 ». Pour qu’une nouvelle génération de catholiques acceptent l’appel à devenir<br />
les «saints du nouveau millénaire», il leur faudra être inspirés par des modèles concrets<br />
et fervents de sainteté : des personnes qui façonnent délibérément leur vie d’après celle<br />
du Christ, qui vivent en même temps une vie foncièrement intègre et un profond<br />
engagement pour la justice et dont la façon de vivre reflète la beauté et la profondeur<br />
d’une vie vécue totalement pour Dieu.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
63
SECTIONDEUx -Action<br />
Pour former des saints et des saintes, nous avons besoin d’hommes et de femmes qui<br />
soient des saints pour aujourd’hui, «qui puissent rayonner aux yeux du monde une<br />
réalité concrète et tangible mais à plusieurs niveaux, et qui baignent dans la grâce de<br />
Dieu». Plus précisément, nous avons besoin de modèles de sainteté «qui puissent<br />
donner toute leur vie d’une façon qui leur donne l’autorité, la permission et le droit de<br />
demander à d’autres de donner aussi la leur 81 ».<br />
Si le désir de grandir en sainteté et dans une union à Dieu plus profonde en Jésus Christ<br />
constitue une dimension essentielle de toute vocation chrétienne, la première priorité de<br />
notre pastorale des vocations sera d’aider les jeunes à développer une vie de prière et de<br />
contemplation. Leur relation personnelle au Seigneur doit être cultivée : dans le silence, la<br />
méditation des Écritures, la participation fréquente aux sacrements de l’Eucharistie et de la<br />
Réconciliation, aux pratiques de dévotion et à l’héritage spirituel de l’Église.<br />
Une étude approfondie de la population des jeunes catholiques aux États-Unis<br />
aboutissait récemment aux recommandations suivantes:<br />
L’Église doit continuer d’enseigner aux jeunes adultes la richesse et la diversité de ses sources<br />
de renouveau spirituel. Il faudrait faire des efforts pour aider les jeunes adultes catholiques à<br />
se réapproprier les symboles et les traditions spirituelles spécifiquement catholiques.<br />
L’importance qu’accorde l’Église à la prière et à la méditation en lien avec l’action sociale est<br />
également nécessaire. Les expériences de retraite, en particulier, répondent concrètement à<br />
ces besoins. Il faudrait offrir une plus grande variété de retraites, abordables, pertinentes, à<br />
des moments et en des lieux fonctionnels 82 .<br />
Même si, à certains égards, l’identité catholique des jeunes reste précaire, plus de 80<br />
pour cent des jeunes adultes catholiques se considèrent «spirituels». La grande majorité<br />
d’entre eux prient. Ils continuent à croire aux grandes vérités de la doctrine catholique :<br />
au Dieu créateur, en Jésus Fils de Dieu, à la présence réelle du Christ dans les sacrements,<br />
au rôle spécial de Marie et des saints, au pouvoir de la prière.<br />
Même si leur sens de la prière est parfois diffus, même si leur conception d’une<br />
spiritualité libératrice et dynamisante est souvent détachée de la tradition catholique, ils<br />
ont faim de l’expérience de Dieu. Même s’ils veulent en savoir plus sur Jésus, il est encore<br />
plus important pour eux de mieux connaître Jésus, de voir les valeurs de son Évangile<br />
64 Chapitrequatre
incarnées et vécues, et d’apprendre à mettre ces valeurs<br />
en pratique dans leur propre vie.<br />
«Prions-nousdemanière<br />
explicite–àlamaison,à<br />
l’école,danslaparoisse–<br />
pourl’essordetoutesles<br />
vocationschrétiennes … »<br />
L’une des conséquences néfastes de la diminution et<br />
du vieillissement du clergé nord-américain, c’est<br />
l’impression que les prêtres et les religieux sont «tendus<br />
et fatigués» : tellement occupés et surchargés qu’il leur<br />
reste peu de temps pour leur prière personnelle et leur<br />
croissance spirituelle, et encore moins pour accompagner des jeunes dans leur propre<br />
cheminement de prière et de discernement. En conséquence, chez bien des jeunes,<br />
même parmi ceux qui s’intéressent à la vie spirituelle, l’absence de modèles représente<br />
un obstacle majeur pour pouvoir répondre à un appel à la vie religieuse ou sacerdotale.<br />
L’«option préférentielle pour les jeunes» invite les croyants adultes à se poser les<br />
questions suivantes:<br />
• Les jeunes nous voient-ils prier<br />
• Quelle forme prend cette prière<br />
• Prions-nous de manière explicite – à la maison, à l’école, dans la paroisse – pour<br />
l’essor de toutes les vocations chrétiennes, notamment les vocations au<br />
ministère ordonné et à la vie consacrée<br />
• Dans quelle mesure notre foyer et notre vie de famille relèvent-ils le défi de<br />
devenir une vraie «maison de prière» La prière avant les repas, au coucher, à<br />
certains moments spéciaux en harmonie avec le temps liturgique, fait-elle partie<br />
de notre vie quotidienne en famille La participation ensemble à l’Eucharistie<br />
est-elle un élément essentiel de notre dimanche en famille<br />
• Quand les jeunes voient vivre les prêtres, les religieux et les religieuses – au<br />
travail dans leur paroisse et leurs autres ministères, chez eux dans leur presbytère<br />
et leur communauté – voient-ils des hommes et des femmes de prière,<br />
observent-ils une vie et une mission dont la prière fait partie intégrante<br />
• Les ministres ordonnés et les personnes consacrées sont-ils capables de parler<br />
directement de leur vie de prière, en termes simples mais profonds, dans leurs<br />
homélies, leur enseignement ou leur conversation privée<br />
• En gardant à l’esprit la distinction qu’on fait souvent aujourd’hui entre le religieux<br />
et le spirituel, comment ces réalités s’intègrent-elles à votre vie et à votre ministère<br />
• Comment intégrons-nous la contemplation et l’action dans notre vie et notre<br />
mission Comment pourrions-nous mieux enseigner aux jeunes, à travers des<br />
pratiques spirituelles comme l’examen, à réfléchir dans la prière aux événements<br />
de leur vie quotidienne et à discerner comment Dieu les appelle à répondre aux<br />
défis qu’ils rencontrent<br />
• Notre style de vie est-il attirant pour ceux et celles qui ont soif de sainteté et<br />
d’union à Dieu mais qui désirent aussi changer le monde<br />
• Comment nos familles, nos paroisses, nos écoles catholiques, nos mouvements<br />
de jeunes, etc. répondent-ils à l’appel à devenir «maisons de prière»<br />
• Sommes-nous vraiment disposés à partager notre spiritualité avec des jeunes, et<br />
à ce qu’ils partagent avec nous leur spiritualité<br />
• Sommes-nous disposés à ouvrir nos maisons – couvents, presbytères,<br />
séminaires, maisons de formation – à des jeunes adultes qui veulent prier Sont-<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
65
SECTIONDEUx -Action<br />
ils bien reçus à nos liturgies Nous rendons-nous disponibles pour ceux qui<br />
cherchent des conseils et une direction spirituelle<br />
• Comment mieux développer la collaboration entre les congrégations religieuses,<br />
et entre les diocèses et les instituts de vie consacrée, de manière à rendre plus<br />
accessibles aux jeunes et aux jeunes adultes les temps de prière et les expériences<br />
de retraite Étant donné que les jeunes et les jeunes adultes signalent l’impact des<br />
retraites dans leur vie, comment rendre plus abordables les retraites destinées aux<br />
jeunes<br />
• Que faire pour favoriser les expériences de «retraites pour les gens occupés»<br />
destinées aux étudiants et aux jeunes travailleurs<br />
• De quelle façon les homélies, en particulier celles qui abordent un sujet lié à la<br />
vocation, traitent-elles de l’appel fondamental à une vie d’union à Dieu, et du<br />
discernement de la volonté de Dieu pour répondre à l’amour de Dieu<br />
• Comment la tradition de dévotion de l’Église – en particulier l’adoration<br />
eucharistique et les diverses formes de dévotion mariale – peut-elle servir à<br />
inculquer un esprit d’écoute silencieuse et de profonde confiance en la présence<br />
permanente de Dieu Comment aider les jeunes adultes à saisir la pertinence de ces<br />
pratiques dans leur vie très occupée, en réponse aux profonds désirs de leur cœur<br />
• Comment permettre aux jeunes de faire l’expérience de certaines des grandes<br />
traditions spirituelles qui ont façonné le catholicisme (ignatienne, bénédictine,<br />
franciscaine, dominicaine, carmélitaine, thérésienne, sulpicienne, bérullienne,<br />
prière de recentration, etc.) ainsi que des formes nouvelles en émergence<br />
Comment accroître leur accessibilité et leur pertinence pour des jeunes qui<br />
cherchent à structurer et à orienter leur prière<br />
• Quel genre d’investissement humain, spirituel et financier sommes-nous<br />
disposés à engager pour que des jeunes qui cherchent à faire l’expérience de la<br />
prière et de la croissance dans la vie de prière puissent trouver les ressources<br />
nécessaires pour répondre à leurs besoins spirituels<br />
• En quoi sommes-nous – personnellement et comme membres d’une<br />
communauté, d’une paroisse, d’un institut religieux ou séculier, ou d’un diocèse<br />
– de vrais modèles de prière et de sainteté pour ceux et celles auprès de qui nous<br />
exerçons le ministère Pour les jeunes avec qui nous entrons en contact<br />
2. Évangéliser : l’enseignement,<br />
la formation, la catéchèse<br />
Dans la pièce Godspell, les futurs disciples sont invités<br />
à demander les grâces suivantes pour leur rapport à<br />
Jésus : «te voir plus clairement, t’aimer plus<br />
tendrement, te suivre de plus près, jour après jour».<br />
Aimer quelqu’un, c’est vouloir en savoir toujours plus<br />
à son sujet. L’intimité croissante avec le Seigneur, un<br />
sentiment d’appartenance plus profond à Sa famille<br />
dans l’Église, s’accompagne naturellement du désir<br />
d’en savoir plus sur le Seigneur et Sa présence<br />
permanente dans l’Église par l’Esprit.<br />
66 Chapitrequatre
Au Congrès, les jeunes adultes nous ont expressément demandé d’«enrichir leur<br />
identité catholique en leur donnant accès à une catéchèse signifiante, à la formation et<br />
à l’éducation permanente». Leur demande fait écho aux conclusions de la recherche de<br />
Sœur Mary Johnson sur les jeunes adultes:<br />
Il y a un sérieux besoin d’éducation religieuse adulte, crédible et pertinente. Comme l’a<br />
fait remarquer un jeune adulte : «L’Église se contente d’une solution au rabais». C’est<br />
particulièrement le cas dans trois domaines : l’étude<br />
de l’Écriture, la théologie de Vatican II et<br />
l’enseignement social de l’Église. Ces questions<br />
devraient être abordées dans des programmes qui<br />
soient intellectuellement constructifs et stimulants,<br />
tournés vers l’action et le développement de la<br />
conscience communautaire, et qui aident les jeunes<br />
adultes à s’intégrer à la vie de l’Église. Plusieurs<br />
jeunes adultes catholiques désirent éclairer leur foi et<br />
se montreront réceptifs à ce genre d’initiatives 83 .<br />
«Nousdevonsaussicultiverchez<br />
lescatholiqueslaconnaissanceet<br />
l’appréciationdesdifférentes<br />
vocationsdansl’Église.»<br />
Il y a un besoin d’éducation religieuse pour adultes, qui soit crédible et pertinente,<br />
axée sur les questions et les problèmes des jeunes adultes, offerte dans un langage et<br />
selon un format qui aient du sens pour eux, et qui leur soient accessibles. Ils désirent<br />
être évangélisés, c’est-à-dire littéralement entendre proclamer l’Évangile de Jésus Christ<br />
avec audace, sans compromis, avec toute sa force de conviction et son pouvoir<br />
d’attraction, afin de pouvoir à leur tour porter l’espérance et «la bonne nouvelle aux<br />
pauvres» dans leur propre milieu.<br />
Pour y arriver, cependant, il faudra jeter des bases adéquates longtemps avant de<br />
rejoindre les jeunes adultes. Pour susciter une véritable «culture de la vocation», le souci<br />
des vocations doit devenir une composante fondamentale de la catéchèse et de la<br />
formation de la foi à chacune des étapes de son développement. Elle ne doit pas être<br />
un simple additif, quelque chose qu’on broche après-coup sur le programme régulier,<br />
une activité qui revient une fois l’an sans préparation ni suivi.<br />
Nous devons enseigner et vivre une théologie de la vocation qui aide chaque<br />
catholique à comprendre sa propre vie comme une réponse personnelle à l’appel de<br />
Dieu à l’amour, à la sainteté et au service. Nous devons aussi cultiver chez les catholiques<br />
la connaissance et l’appréciation des différentes vocations dans l’Église. Sur ces bases, il<br />
devient possible de discerner et de répondre pleinement à l’appel unique adressé<br />
personnellement à chacune et à chacun.<br />
À quoi pourraient ressembler cette sensibilisation et cette éducation à la vocation,<br />
qui commenceraient aux premières étapes de la formation de la foi<br />
• D’abord et avant tout, les paroisses, les écoles catholiques et les communautés<br />
chrétiennes doivent devenir le lieu d’une solide formation de la foi et d’une<br />
évangélisation fervente. Les homélies et les autres formes de prédication<br />
liturgique doivent communiquer l’intelligence et le dynamisme des Écritures et<br />
de la tradition catholique. Elles devraient aussi souligner régulièrement la<br />
dimension vocationnelle de la vie chrétienne de sorte que le «Dimanche des<br />
vocations», où la prêtrise et la vie consacrée sont mises en relief, fasse partie d’un<br />
ensemble plus vaste dans lequel chacun trouve sa place.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
67
SECTIONDEUx -Action<br />
• Étant donné le caractère de plus en plus multiculturel de l’Église en Amérique du<br />
Nord – et parce que les racines culturelles d’un nombre relativement important<br />
de candidats au sacerdoce et à la vie consacrée se trouvent ailleurs qu’en Europe<br />
de l’Ouest – le matériel de sensibilisation à la vocation et les outils de<br />
discernement devront refléter cette diversité linguistique et culturelle.<br />
• La liturgie dominicale, si importante qu’elle soit, ne peut assurer à elle seule<br />
toute la formation de la foi. La participation régulière à des programmes de<br />
renouveau théologique et spirituel de grande qualité, offerts à des heures<br />
pratiques et selon un format adapté, doit devenir une priorité pour les paroisses<br />
et pour les écoles. Vu que même une vocation permanente n’est pas choisie «une<br />
fois pour toutes» mais qu’elle doit toujours être approfondie et «re-choisie», il<br />
faut offrir un soutien et un enrichissement permanent aux couples mariés, aux<br />
parents, aux célibataires, aux personnes veuves et divorcées.<br />
• La formation de la foi commence au<br />
baptême. Elle débute avec les parents à qui est<br />
«Lessacrementsd’initiationne<br />
sontpasdesrécompenses<br />
distribuéesàceuxetcelles<br />
quiontcomplétéavecsuccès<br />
leprogrammed’enseignement<br />
religieux … »<br />
confiée la responsabilité première d’enseigner<br />
aux enfants les chemins de la foi. La<br />
préparation baptismale devrait faire ressortir<br />
explicitement la dimension de vocation du<br />
mariage et de la famille, comme appel de Dieu<br />
et participation privilégiée à la puissance<br />
créatrice de Dieu source de vie. Les parents<br />
doivent être encouragés à «nommer et<br />
s’approprier» fièrement leur vocation, et à<br />
l’assumer de façon responsable.<br />
• La préparation au baptême doit aussi le souligner : si la responsabilité première<br />
pour la croissance et le développement de l’enfant revient aux parents, le<br />
baptême fait aussi entrer l’enfant dans une famille plus grande. Appelé par le<br />
Père à la vie à Son image et à Sa ressemblance, à l’amour comme à «la vocation<br />
fondamentale et innée de tout être humain 84 », à l’appartenance au Corps du<br />
Christ et donc à la participation à la sainteté et à la mission de l’Église, le croyant<br />
reçoit dans le baptême un sacrement profondément vocationnel.<br />
• Pour souligner cette réalité, la préparation et la célébration du baptême sont des<br />
«moments pédagogiques» importants pour la vocation. Au baptême, l’appel<br />
universel à la vie et à la sainteté, lancé par Dieu, devient visible; la vocation au<br />
mariage et la vocation de parent sont mises en évidence, et on célèbre le mystère<br />
qui en émane : Dieu qui «appelle par son nom» cet enfant particulier.<br />
• La conscience de la diversité des vocations et de la façon dont chacune contribue<br />
à la sainteté croissante de l’Église et au service de sa mission devrait faire partie<br />
de l’instruction religieuse fondamentale donnée dans les écoles catholiques<br />
comme dans les programmes de catéchèse en paroisse ou au foyer. Dans la<br />
réforme du programme d’enseignement religieux, il faudra accorder une grande<br />
priorité à l’élaboration d’un matériel pédagogique adapté aux différents âges et<br />
portant spécifiquement sur l’éveil vocationnel et le discernement.<br />
• La préparation des enfants et des adolescents aux sacrements devrait en faire<br />
ressortir le lien profond avec la vocation. Les sacrements d’initiation ne sont pas<br />
68 Chapitrequatre
des récompenses distribuées à ceux et celles qui ont complété avec succès le<br />
programme d’enseignement religieux mais des occasions privilégiées d’entendre<br />
l’appel de Jésus lancé au baptême et d’y répondre à nouveau. Il faut faire plus à<br />
cet égard – auprès des jeunes sans doute, mais aussi auprès de leurs parents et de<br />
ceux qui les accompagnent.<br />
• La préparation à l’Eucharistie peut mettre l’accent sur ce que signifie le fait de<br />
devenir l’ami et le disciple de Jésus, de faire partie de Sa communauté, de vivre à<br />
Son exemple l’amour, le pardon, la guérison et le ressourcement. En préparant la<br />
confirmation, on peut souligner le défi de discerner et de répondre positivement<br />
à l’appel de l’Esprit à témoigner. Une attention particulière peut être accordée aux<br />
différents choix de vie – célibat, mariage, vie consacrée, ministère ordonné – qui<br />
permettent de vivre cet appel.<br />
• La fin de l’adolescence et le début de l’âge adulte posent un problème plus<br />
difficile car c’est le moment où nombre de jeunes catholiques s’éloignent de la<br />
pratique et de la vie paroissiale. Pourtant, comme on l’a dit plus haut, ce sont là<br />
des années décisives pendant lesquelles les jeunes précisent leur attitude face à la<br />
foi et prennent des décisions – en matière d’études, de carrière et de relations –<br />
qui vont façonner leur vie. Pour cette raison, l’Église doit faire preuve<br />
d’innovation et trouver de nouvelles façons de rejoindre les jeunes catholiques à<br />
cette étape importante de leur vie.<br />
• Une éducation de la foi adaptée et pertinente peut aider les jeunes à saisir la<br />
profonde dimension vocationnelle de cette période de leur vie. Entre autres<br />
initiatives, on pense aux «Sessions de mise à jour» catholiques (groupes de jeunes<br />
et de jeunes adultes rattachés à la paroisse, pastorale scolaire et universitaire,<br />
programmes de «théologie en fût» le dimanche soir à l’adresse des étudiants et<br />
des jeunes travailleurs catholiques, cours crédités dans les collèges et universités<br />
catholiques); à une réflexion théologique sur différents éléments de la culture<br />
pop contemporaine (cinéma, musique, technologie); et à des groupes d’action<br />
sociale où la réflexion personnelle et théologique s’allie à la militance. Dans<br />
chacun de ces projets, on peut faire le lien avec des vocations particulières.<br />
• Auprès des adolescents et des jeunes adultes surtout, le médium est le message.<br />
La plupart d’entre eux disent que l’internet est la première source d’information<br />
sur le monde; c’est leur outil de recherche préféré. La sensibilisation à la vocation<br />
sur le plan de l’éducation religieuse doit<br />
donc être complétée par une utilisation<br />
novatrice et efficace des médias modernes et<br />
de la technologie des communications. Sans<br />
sacrifier la profondeur ou l’intégrité du<br />
message, le matériel vocationnel doit être<br />
contemporain, visuellement attrayant,<br />
inclusif, interactif et rejoindre la personne.<br />
Sites web surveillés et mis à jour<br />
régulièrement, groupes de discussion sur la<br />
vocation, rubriques FAQ (Foire aux<br />
questions) sur les vocations, adresses de<br />
courrier électronique pour obtenir plus de<br />
renseignements, voilà autant d’outils utiles.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
69
SECTIONDEUx -Action<br />
• L’élément vocation de l’éducation de la foi des<br />
adultes «plus mûrs» prendra une orientation<br />
légèrement différente. La préparation au mariage<br />
est une clé et une occasion trop souvent négligée de<br />
réfléchir à la vocation. La pastorale des couples et<br />
des familles peut souligner la profonde<br />
responsabilité des parents, fidèles à leur propre<br />
vocation, de créer un foyer où soient respectées<br />
toutes les vocations et où les vocations spécifiques<br />
de service dans l’Église soient ouvertement<br />
discutées et encouragées. La pastorale des adultes<br />
célibataires, des personnes veuves et divorcées, et<br />
même la pastorale des malades et des mourants<br />
devraient encourager les personnes à assumer<br />
positivement la réalité qu’elles vivent et les aider à<br />
la vivre en union au Christ.<br />
3. Expérimenter : le culte,<br />
la communauté, le service, le témoignage<br />
Les jeunes ont tendance à penser concret. Il leur est difficile d’opter de façon permanente<br />
pour quelque chose qu’il n’ont ni vu ni entendu ni senti ni touché ni vécu. Pour<br />
envisager sérieusement une vie d’engagement au service de l’Église, ils ont besoin de faire<br />
l’expérience de sa mission. Selon une formule qui convienne à leur âge, à leur<br />
tempérament et à leur situation particulière, ils devraient être initiés graduellement aux<br />
expressions fondamentales de la mission de l’Église, d’une manière à la fois concrète et<br />
pratique.<br />
Les jeunes ont donc besoin d’être exposés aux quatre aspects fondamentaux de la<br />
mission de l’Église:<br />
• la prière et le culte (leiturgia)<br />
• la communion ecclésiale (koinonia)<br />
• le service et la charité (diakonia)<br />
• le témoignage et la proclamation (martyria/kerygma) 85 .<br />
Ces quatre réalités nécessaires et complémentaires remontent aux premières<br />
descriptions de la communauté chrétienne dans les Actes des Apôtres : «Ils étaient fidèles<br />
à écouter l’enseignement des Apôtres et à vivre en communion fraternelle, à rompre le<br />
pain et à participer aux prières. Tous les jours, le Seigneur faisait entrer dans la<br />
communauté ceux qui étaient appelés au salut» (Actes 2, 42.47).<br />
Même si la diversité des itinéraires vocationnels dans l’Église témoigne de ces quatre<br />
réalités de différentes façons et avec des accents différents, chaque cheminement<br />
vocationnel devrait comporter une formation. Si l’une ou l’autre fait défaut, la vie et la<br />
mission de l’Église restent incomplètes.<br />
La pastorale des vocations devra expressément aider à faire œuvre de discernement par le<br />
biais d’une expérience profondément et globalement ecclésiale, qui conduise tout croyant «à<br />
la découverte de sa responsabilité dans l’Église et à l’assumer». Les vocations qui ne naissent<br />
70 Chapitrequatre
pas de cette expérience et de cette insertion dans l’action ecclésiale communautaire risquent<br />
d’être viciées à la racine et d’une authenticité douteuse 86 .<br />
Il est tout à fait normal que des candidats potentiels se sentent particulièrement attirés<br />
par l’une ou l’autre dimension de la mission de l’Église. L’un préférera le travail bénévole<br />
auprès des démunis, l’autre chanter ou donner un témoignage à une rencontre de prière;<br />
un troisième choisira plus spontanément de rester en silence en présence de<br />
l’Eucharistie; un autre encore de nouer des liens d’amitié et d’animer un petit groupe.<br />
Ce sont là autant de bonnes choses qui contribuent à la construction de l’Église. Mais la<br />
formation d’une vocation saine exige plus que le respect des préférences personnelles du<br />
candidat ou de la candidate potentielle. Elle doit aussi éprouver sa disponibilité à se<br />
dépasser pour s’intégrer à un contexte plus vaste. Elle doit interpeller le jeune pour<br />
l’inciter à mettre ses talents particuliers au service de toute l’Église. Elle devrait l’amener<br />
à comprendre qu’une vocation ecclésiale n’est pas seulement la réponse personnelle à<br />
un appel personnel mais une orientation fondamentalement communautaire<br />
ordonnée à la construction du Corps du Christ. Les vocations au ministère ordonné et<br />
à la vie consacrée sont toujours médiatisées par l’Église dans laquelle et pour laquelle<br />
elles existent.<br />
La notion d’«expérience» est évidemment un peu floue. Il ne s’agit pas ici de laisser<br />
entendre que les jeunes devraient accumuler des expériences de vie pêle-mêle – qu’elles<br />
soient spirituelles ou autres. Leur capacité de faire retour sur ces expériences, d’y réfléchir<br />
dans un contexte ecclésial, est tout aussi importante. Leurs expériences deviennent-elles<br />
«matière à discernement», entraînant une recherche de leur signification profonde à<br />
travers ce qu’elles révèlent de la route unique sur laquelle Dieu les conduit et de la vie à<br />
laquelle Dieu les appelle<br />
Puisque les jeunes ont besoin de connaître la mission de l’Église à travers des<br />
expériences concrètes qui leur permettent d’y avoir part, à quoi pourraient ressembler<br />
certaines de ces «pistes d’expérience»<br />
La liturgie et la prière (leiturgia)<br />
On ne peut tenir pour acquis que les jeunes ont fait<br />
l’expérience d’une participation stable et régulière à la<br />
vie sacramentelle et liturgique de l’Église ou de la<br />
discipline d’une vie de prière personnelle. Quelquesuns<br />
vont à la messe occasionnellement; d’autres n’ont<br />
pas vécu le pardon libérateur du sacrement de la<br />
Réconciliation depuis plusieurs années; d’autres<br />
encore ne connaissent pas les prières et les exercices de<br />
dévotion qui faisaient autrefois partie de la formation<br />
religieuse de tout petit catholique. Et pourtant les<br />
jeunes adultes nous disent : «Nous voulons être des saints et des saintes pour<br />
aujourd’hui… Donnez-nous les ressources qu’il nous faut pour devenir ce que Dieu<br />
nous appelle à être 87 !»<br />
«Nousvoulonsêtredessaintset<br />
dessaintespouraujourd’hui…<br />
Donnez-nouslesressourcesqu’il<br />
nousfautpourdevenirceque<br />
Dieunousappelleàêtre! »<br />
• Des liturgies ardentes, joyeuses et priantes devraient être une priorité dans<br />
chaque paroisse, mais encore plus là où les jeunes se rassemblent : dans les<br />
écoles catholiques, sur les campus des universités et dans les autres groupes qui<br />
rejoignent les adolescents et les jeunes adultes.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
71
SECTIONDEUx -Action<br />
• La récente Journée mondiale de la Jeunesse a montré que les jeunes sont plus que<br />
disposés à avoir recours au sacrement de la Réconciliation, surtout s’ils le<br />
reçoivent de prêtres qui administrent la miséricorde et le pardon du Seigneur avec<br />
un cœur patient et capable d’écoute. Bien préparé et célébré avec soin, ce<br />
sacrement parle profondément aux jeunes. La conversion et la libération qu’il<br />
déclenche représentent souvent un point tournant dans leur cheminement. Les<br />
prêtres devraient se rendre disponibles pour célébrer ce sacrement avec des<br />
jeunes, en leur réservant du temps de qualité et une attention personnelle.<br />
• Dans un monde affairé et distrait, les jeunes ont faim de silence mais<br />
souvent, ils ne savent pas où le trouver, ou comment faire taire les<br />
distractions et la rumeur intérieure. Une retraite dans un monastère ou dans<br />
une communauté contemplative peut beaucoup favoriser l’écoute du<br />
Seigneur qui parle dans le silence. Le rythme de l’Office divin, l’expérience de<br />
la lectio divina, la structure libératrice d’un équilibre de vie entre travail,<br />
prière et vie communautaire sont autant de disciplines spirituelles que les<br />
jeunes ont tout intérêt à découvrir par expérience. Il faut cultiver les occasions<br />
de retraite en silence et de contact avec ceux et celles qui ont opté pour la vie<br />
contemplative – au monastère ou dans le monde. Ces expériences devraient<br />
être abordables et accessibles.<br />
• La prière doit être intégrée aux tâches, aux responsabilités et aux relations de la<br />
vie quotidienne. Les jeunes devraient, à l’occasion, être accueillis dans les<br />
presbytères et les communautés religieuses pour en partager la vie de prière. Ceux<br />
et celles qui cherchent une direction personnelle pour la prière devraient être<br />
encouragés et dirigés vers des femmes et des hommes qualifiés pour les<br />
accompagner dans leur cheminement.<br />
• Tous les jeunes, et en particulier ceux qui sont disposés à envisager un appel à la<br />
vie consacrée ou au ministère ordonné, devraient être encouragés à méditer<br />
l’Écriture chaque jour, à participer régulièrement aux sacrements de l’Eucharistie<br />
et de la Réconciliation, à apprécier la richesse de la dévotion traditionnelle de<br />
l’Église, à apprendre à goûter la valeur de l’écoute silencieuse en présence de Dieu<br />
et à cultiver une relation personnelle profonde et authentique avec le Seigneur.<br />
72 Chapitrequatre
• Sans penser que la maturité puisse survenir du jour au lendemain, les jeunes qui<br />
montrent peu d’intérêt pour la prière ou pour la croissance d’une vie spirituelle<br />
personnelle, et dont le niveau de motivation est purement séculier, pourront être<br />
de précieux collaborateurs dans un projet de service mais ne seront pas des<br />
candidats probables au ministère ordonné ou à la vie consacrée.<br />
La communion ecclésiale (koinonia)<br />
La plupart des jeunes catholiques ne vivent pas l’Église comme une communauté<br />
d’appartenance significative. Influencés par les médias, par leur expérience personnelle<br />
et familiale, ils perçoivent facilement les conflits et les divisions dans l’Église. Il leur est<br />
plus difficile de voir dans leur paroisse un reflet de la première communauté<br />
chrétienne : caractérisée par le partage des biens matériels et spirituels, par une bonté et<br />
une attention mutuelle profondes au point d’en arriver vraiment à «avoir un seul cœur<br />
et une seule âme» (Actes 4,32).<br />
Si notre vocation est un don qui doit être vécu pour les autres, il doit aussi être vécu<br />
avec les autres, en communion avec nos frères et nos sœurs dans le Christ. Même les<br />
formes de vie contemplative les plus cloîtrées exigent du chrétien qu’il vive son appel à<br />
l’intimité avec le Christ dans un contexte d’ouverture et de partage. Elles exigent qu’on<br />
accepte d’être appelé à la responsabilité et à la croissance par l’ensemble de la<br />
communauté.<br />
Les jeunes qui sont attirés par le ministère ordonné ou par la vie consacrée<br />
mentionnent explicitement la «communauté» comme un facteur important. Certains la<br />
recherchent à cause des déficiences de leur famille d’origine ou faute d’un sentiment<br />
d’identité assez fort. Mais chez la plupart, ce désir est fondamentalement sain. Le besoin<br />
d’appartenir à quelque chose de plus grand que<br />
soi est une aspiration humaine profonde et<br />
fondamentale. Les jeunes reconnaissent d’instinct<br />
que la vie de disciple est très difficile à vivre seul,<br />
sans l’appui moral et spirituel d’amis et d’une<br />
communauté. L’amitié est importante à leurs yeux<br />
et ils sont remarquablement ouverts à la diversité<br />
dans leurs communautés d’appartenance. Ils sont<br />
farouchement loyaux à leurs amis, allergiques à<br />
tout ce qui sent l’exclusion ou la discrimination.<br />
«Lebesoind’apparteniràquelque<br />
chosedeplusgrandquesoiest<br />
uneaspirationhumaineprofonde<br />
etfondamentale.»<br />
Les jeunes savent aussi que les communautés ne sont pas parfaites. Ils ont de la<br />
difficulté à regarder l’Église comme une «société parfaite». Ils sont plus attirés par la<br />
communauté des disciples du Christ qui «a choisi de vivre sa mission avec un groupe,<br />
groupe dont les membres parfois L’ont déçu ou L’ont exaspéré avant de s’endormir à<br />
l’heure décisive, de Le trahir, de Le renier et de L’abandonner - et qu’Il est venu retrouver<br />
après la Résurrection malgré qu’ils aient fait ça et d’autres choses encore. Ils ont cru en<br />
Lui, ils L’ont soutenu et ils L’ont aimé. Et c’est tout cela, la vie communautaire,<br />
aujourd’hui comme hier 88 ».<br />
Quand les jeunes adultes présents au Congrès ont parlé de leur désir d’une «relation<br />
d’alliance avec notre Église», ils ont employé un terme chargé de nuances relationnelles<br />
et communautaires. Les mots traduisaient leur désir de voir l’Église devenir un lieu de<br />
dialogue, de guérison, de renouveau, d’authenticité, d’honnêteté et de responsabilité. Ils<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
73
SECTIONDEUx -Action<br />
reconnaissaient le besoin de leadership au sein de la communauté; ils ont demandé d’être<br />
formés pour pouvoir, à leur tour, assumer le leadership auquel les appelle le Christ.<br />
Dans ces circonstances, quelles expériences de communauté ecclésiale faudrait-il<br />
promouvoir<br />
• Il faut que ressorte davantage la nature communautaire de l’Église : il faudrait<br />
mettre une attention et des efforts particuliers à faire en sorte que les paroisses et<br />
les autres rassemblements ecclésiaux soient plus invitants et plus accueillants.<br />
• La participation régulière à l’Eucharistie dominicale devrait être mise en valeur :<br />
on y verra moins l’accomplissement privé d’un devoir religieux que la façon pour<br />
les chrétiens de voir affermie leur vie de foi et, en même temps, de se soutenir et<br />
de se renforcer mutuellement.<br />
• Les jeunes s’attendent de la communauté qu’elle soit accueillante et inclusive. Il<br />
faudra faire des efforts pour éviter toute forme – explicite ou implicite - de<br />
discrimination ou d’exclusion fondée sur le sexe, la race, le statut socioéconomique,<br />
la nationalité, l’origine ethnique ou toute autre condition<br />
minoritaire.<br />
• «Nous formons un seul corps dans le Christ. Sachez nous inspirer par un dialogue<br />
ouvert où nous reconnaîtrons notre responsabilité et notre imputabilité.<br />
Dialoguez avec nous pour que nous puissions travailler ensemble à instaurer plus<br />
d’égalité, à guérir les ruptures du péché et de la douleur, et à susciter un renouveau<br />
authentique. Nous rêvons d’honnêteté, de respect et d’ouverture 89 .» Il faut prendre<br />
des mesures concrètes pour faire en sorte que les communautés chrétiennes soient<br />
vraiment des lieux de guérison et de réconciliation.<br />
• Il faut encourager les liturgies d’accueil, les groupes d’études bibliques, les<br />
communautés de partage de foi et les projets d’action communautaire destinés<br />
aux jeunes et aux jeunes adultes. Par ailleurs, les jeunes et les jeunes adultes ne<br />
doivent pas former de communautés «exclusives» au sein de la paroisse. Ils<br />
doivent s’intégrer aux autres groupes et aux autres ministères.<br />
• Les initiatives qui construisent la communauté ne devraient pas viser<br />
simplement à «ramener les jeunes à la messe» ni même à fournir aux jeunes qui<br />
se sentent isolés le soutien social et l’intimité nécessaires. «Les jeunes adultes<br />
doivent voir que la communauté est une dimension fondamentale de leur<br />
74 Chapitrequatre
identité catholique, que le fait pour eux d’être catholiques ne saurait se réduire à<br />
leur rapport à Dieu 90 .»<br />
• Les presbytères et les maisons religieuses devraient être perçus non seulement<br />
comme des lieux de prière mais comme des lieux de communauté et d’amitié<br />
authentique. Il faudra faire de sérieux efforts pour améliorer la qualité de la vie<br />
communautaire dans les maisons religieuses et les presbytères. À certains moments,<br />
les jeunes devraient y être accueillis pour partager certains aspects de la vie<br />
communautaire : la prière, les repas, les échanges informels et les temps de détente.<br />
• De même, des maisons et des presbytères devraient être choisis comme<br />
«communautés d’accueil» où ceux et celles qui discernent activement un appel à<br />
la vie religieuse ou au clergé diocésain pourraient non seulement «venir voir»,<br />
mais «venir vivre» une expérience de vie communautaire.<br />
• Une incapacité chronique de frayer avec les autres, l’attachement à ses opinions et<br />
à ses habitudes, l’intolérance à l’égard des points de vue différents des siens,<br />
l’intransigeance face aux faiblesses et aux travers des autres, l’incapacité de faire<br />
confiance ou de se lier d’amitié, le fait de semer la dissension ou la division, une<br />
tendance marquée au commérage ou à la médisance, et les autres comportements<br />
semblables sont autant de signaux d’alarme : ils incitent à s’interroger sur la<br />
capacité d’une jeune personne de s’adapter au style de vie axé sur la communauté<br />
que l’Église attend de ses diacres, de ses prêtres et de ses personnes consacrées.<br />
Le service et la charité (diakonia)<br />
Au cœur de la conception de la vocation dans l’Évangile se trouve l’appel à servir<br />
humblement son prochain. «Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de<br />
tous et le serviteur de tous» (Marc 9, 35). Le message chrétien enseigne que le vrai<br />
leadership consiste à se mettre au service de tous, en particulier des pauvres, des<br />
démunis et des marginalisés; il doit être proclamé avec conviction et vécu de manière<br />
crédible sous le regard des jeunes:<br />
Dans l’Église, l’authentique serviteur est celui qui a appris que c’est un privilège de laver les<br />
pieds de ses frères les plus pauvres, c’est celui qui a conquis la liberté de perdre de son temps<br />
pour les besoins d’autrui. L’expérience du service est une expérience de grande liberté dans<br />
le Christ 91 .<br />
Suivre sa vocation chrétienne, c’est donc répondre à<br />
l’appel à devenir un homme, une femme «pour les autres».<br />
C’est devenir le disciple de Jésus qui lave les pieds et qui<br />
«n’est pas venu pour être servi mais pour servir».<br />
«Lesjeunessontcapablesd’une<br />
grandegénérositéetde<br />
beaucoupd’engagement …»<br />
Les jeunes sont capables d’une grande générosité et de<br />
beaucoup d’engagement, surtout quand ils ont sous les<br />
yeux un besoin concret et qu’on leur donne les moyens de<br />
s’y attaquer directement. Leur sens de la vocation ne comporte pas seulement un appel<br />
à la sainteté personnelle mais aussi le désir de changer quelque chose dans le monde.<br />
Ils veulent s’impliquer dans des projets de service qui changeront visiblement la vie des<br />
gens qu’ils cherchent à aider.<br />
Ceux et celles qui sont doués d’une plus grande capacité de réflexion et d’analyse<br />
chercheront un engagement pour la justice qui s’attaquera aux causes profondes de<br />
l’inégalité et de la discrimination, qui cherchera à changer non seulement l’esprit et le<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
75
SECTIONDEUx -Action<br />
cœur individuel mais aussi les structures sociales qui perpétuent l’injustice et refoulent<br />
dans la marge les sans-pouvoir et les sans-voix.<br />
Dans ce contexte, nous avançons les recommandations suivantes touchant les<br />
expériences de service chrétien:<br />
Dans toute la catéchèse et la formation de la foi, chacune des vocations ecclésiales –<br />
à la vie consacrée, au ministère ordonné, au ministère laïc, au mariage ou au célibat dans<br />
le monde – doit être rattachée à la grande mission de l’Église et au modèle de l’Église<br />
«servante de l’humanité».<br />
• La préparation sacramentelle – en particulier à la Confirmation – devrait<br />
incorporer des éléments de service direct auprès des démunis. Les jeunes<br />
devraient être encouragés à voir dans ces activités non pas la charité entendue de<br />
manière condescendante et superficielle mais la charité dans toute sa densité<br />
théologique : «chaque fois que vous l’avez fait au plus petit de mes frères ou de<br />
mes sœurs, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt 25,40).<br />
• La pastorale auprès des jeunes et des jeunes adultes devrait toujours incorporer<br />
des éléments de service chrétien direct. Les jeunes devraient être invités à<br />
s’engager en rendant visite aux malades, aux personnes âgées et aux détenus; à<br />
s’impliquer auprès des jeunes de la rue et des sans-abri; à servir bénévolement<br />
dans les soupes populaires, les banques alimentaires, les centres pour réfugiés, les<br />
hôpitaux, les refuges pour femmes et enfants victimes de violence, etc.<br />
• Les occasions de service direct devraient être complétées par des activités qui<br />
amènent à réfléchir aux causes profondes des déséquilibres auxquels viennent<br />
répondre ces projets. Il faudrait montrer clairement que la mission chrétienne<br />
s’inspire de l’enseignement social catholique et de l’analyse sociale critique.<br />
• Les religieux et les religieuses sont soumis au vœu de pauvreté, et on s’attend à<br />
ce que la plupart des personnes consacrées et des prêtres diocésains mènent une<br />
vie simple et partagent généreusement. Ce choix devrait transparaître dans une<br />
disponibilité à être avec les pauvres et dans un style de vie qui reflète la pauvreté<br />
et le service plutôt que les privilèges de qui se fait servir.<br />
• La plupart des jeunes n’ont que quelques heures par semaine à investir dans des<br />
projets de service à court terme, à cause de leur travail et de leurs études. Mais il<br />
y en a qui sont intéressés à s’engager à court terme, et même à long terme, dans<br />
76 Chapitrequatre
des programmes d’apostolat bénévole. Il faudrait pouvoir leur offrir davantage<br />
de tels programmes. Une aide financière – la chambre et la pension ainsi qu’une<br />
allocation – devrait leur être offerte pour qu’ils puissent envisager de donner une<br />
année de leur vie à un projet missionnaire ou à une œuvre de service.<br />
• Dans les projets de service à court et à long terme,<br />
il faut réserver assez de temps et d’énergie à la<br />
réflexion personnelle, au partage en groupe et à<br />
l’intégration spirituelle de l’expérience de service. Il<br />
faudrait voir dans ces projets non pas l’occasion de<br />
«travailler pour les autres» mais un lieu privilégié<br />
de la révélation de Dieu, où c’est Dieu qu’on<br />
rencontre dans les gens qu’on sert, et où la volonté<br />
et le dessein de Dieu se révèlent et s’accomplissent<br />
dans le service. Même si leur engagement ne s’inspirait pas d’un discernement en<br />
vue du sacerdoce ou de la vie religieuse, les jeunes hommes et les jeunes femmes<br />
qui s’engagent dans ce genre de projets devraient être sérieusement encouragés à<br />
réfléchir à la possibilité qu’ils soient appelés à ces vocations dans l’Église.<br />
• Les jeunes sont doués d’une générosité naturelle. Toutefois, comme ils sont<br />
humains, ils ont aussi un égoïsme naturel. Comme la prière et le sens<br />
communautaire, l’esprit de service s’acquiert peu à peu; on n’en est pas doté une<br />
fois pour toutes. Par ailleurs, l’obsession d’un statut spécial, des titres et des signes<br />
extérieurs, le goût «des privilèges et des avantages» de la prêtrise ou de la vie<br />
religieuse, devront être scrutés avec attention. Il faut toujours faire bien<br />
comprendre que les signes extérieurs et les titres ont pour but principal de rappeler<br />
que les personnes consacrées et ordonnées ont été réservées pour une mission de<br />
service, et non pour être honorées ou pour dominer autrui.<br />
«…EnsuivantJésus,vousdevez<br />
changeretaméliorerla“saveur”<br />
del’histoirehumaine.»<br />
Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma).<br />
Hier timides et repliés sur eux-mêmes, les disciples, enhardis par l’expérience de la<br />
Pentecôte, furent projetés dans le monde : mystérieusement compris par des gens de<br />
langues et d’origines diverses, ils portèrent la bonne nouvelle de la mort et de la<br />
résurrection du Seigneur Jésus au peuple d’Israël et, éventuellement, «jusqu’aux<br />
extrémités de la terre». Car recevoir le don de la foi, c’est désirer le partager avec d’autres.<br />
Le témoignage, bien sûr, n’est pas qu’une affaire de mots : il appelle au don complet de<br />
soi-même avec la globalité de son expérience, «de tout son cœur, de toute son âme et<br />
de toutes ses forces» et même, à la limite, jusqu’à donner sa vie. Étymologiquement, être<br />
un «témoin», c’est être un «martyr» : quelqu’un qui proclame que la foi n’est pas qu’une<br />
affaire de tête ou de cœur, mais quelque chose qui exige un engagement radical et total,<br />
«qui n’exige rien moins que tout 92 ».<br />
Dans un monde qui «a besoin d’être touché et guéri par la beauté et la richesse et<br />
l’amour de Dieu», des centaines de milliers de jeunes, lors de la XVIIe Journée Mondiale<br />
de la Jeunesse à Toronto, en juillet 2002, ont embrassé leur vocation à témoigner<br />
joyeusement de cet amour. Le pape leur a dit : le monde «a besoin de vous – pour être<br />
le sel de la terre et la lumière du monde… En suivant Jésus, vous devez changer et<br />
améliorer la “saveur” de l’histoire humaine. Par votre foi, votre espérance et votre<br />
amour, par votre intelligence, votre courage et votre persévérance, vous devez<br />
humaniser le monde dans lequel nous vivons 93 ».<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
77
SECTIONDEUx -Action<br />
Si les catholiques plus âgés sont plutôt réticents à<br />
donner au Christ «un témoignage personnel», nombre<br />
de jeunes répondent positivement à cette invitation.<br />
Même si leur ouverture à la diversité les rend hésitants à<br />
se faire prosélytes ou à imposer leurs convictions, ils<br />
disent que «si vous n’êtes pas prêts à défendre une<br />
position, vous succomberez à n’importe quoi». Ils<br />
savent que la poursuite de la sainteté et le fait de<br />
témoigner du Christ vont leur coûter quelque chose et<br />
les faire participer au mystère de la Croix. Et même s’ils<br />
ont peine à vivre dans leur totalité le message du Christ et les enseignements de son<br />
Église, ils ont besoin de témoins crédibles et authentiques qui puissent les aider à<br />
«construire un feu allumé par Jésus Christ, pour apporter chaleur et lumière à un monde<br />
qui gît souvent dans le froid et l’obscurité 94 ».<br />
«…ilfaudraitmettrel’accentsur<br />
laredécouverteetl’approfondissementdudondelafoi<br />
reçuaubaptême … »<br />
C’est pourquoi le Congrès formule les recommandations suivantes à propos du<br />
témoignage et de la proclamation chrétienne:<br />
• Sans miner le dialogue œcuménique et interreligieux, l’articulation claire de l’identité<br />
catholique devrait être un objectif central de la catéchèse. Il est possible de célébrer<br />
son identité catholique sans être sur la défensive, et d’adhérer au Christ comme Ami,<br />
Seigneur et Sauveur sans manquer de respect aux autres voies et aux autres traditions.<br />
• La Confirmation est profondément reliée à une réponse affirmative à l’appel de<br />
l’Esprit qui invite à être témoin de l’Évangile et à le proclamer. Cette dimension<br />
devrait être soulignée lors de la préparation et de la célébration du sacrement. Sur<br />
le plan théologique et pédagogique, il faudrait mettre l’accent sur la redécouverte<br />
et l’approfondissement du don de la foi reçu au baptême, et sur la nécessité<br />
d’accueillir positivement ce don et d’y répondre à la mesure de ses capacités en<br />
témoignant explicitement du Christ par la pensée, la parole et l’action.<br />
• Quand on demande aux jeunes ce qui les a le plus touchés à l’occasion d’une<br />
expérience de retraite ou d’une journée de prière, ils mentionnent souvent les<br />
témoignages personnels où se communique la puissance avec laquelle la foi<br />
transforme la vie du témoin. Les retraites pour jeunes devraient faire un usage<br />
judicieux et approprié de ce genre de témoignages.<br />
• Plus précisément, les témoignages lors des retraites pour les jeunes et les jeunes<br />
adultes devraient comporter une solide composante vocationnelle. Que l’accent<br />
soit mis sur le mariage, le sacerdoce ou la vie consacrée, les jeunes veulent<br />
recevoir plus que des renseignements généraux sur ces diverses vocations : le récit<br />
de la vocation de témoins du Christ dans ces styles de vie uniques.<br />
• Le témoignage et la proclamation faite par les adultes sont importants mais les<br />
jeunes ont aussi besoin d’entendre leurs contemporains. Il faut encourager les<br />
programmes de retraite pour jeunes qui allient une orientation donnée par des<br />
adultes à des interventions et à des témoignages donnés par d’autres jeunes, et où<br />
des jeunes font partie intégrante de l’équipe d’animation. Une pastorale jeunesse<br />
efficace ne cherche pas seulement à faire des choses «pour» les jeunes mais<br />
travaille avec eux et les forme à assumer eux-mêmes un leadership approprié.<br />
• Tandis que certains jeunes sont prêts à s’engager plus profondément dans le<br />
service, d’autres sont appelés à le faire dans un mouvement d’évangélisation. Il<br />
78 Chapitrequatre
faudrait favoriser et encourager à tous les<br />
niveaux le soutien personnel et financier aux<br />
jeunes adultes qui veulent développer leurs<br />
dons de leadership, s’engager dans la<br />
pastorale jeunesse ou donner une année de<br />
leur vie à la National Evangelization Team,<br />
au Centre International de Formation<br />
Missionnaire ou à d’autres formes<br />
d’expérience missionnaire.<br />
• «Vous devez toujours êtres prêts à vous expliquer devant tous ceux qui vous<br />
demandent de rendre compte de l’espérance qui est en vous. Mais faites-le avec<br />
douceur et respect et ayez une conscience droite» (1 Pierre 3,16). Il n’est pas<br />
toujours facile, surtout pour de jeunes idéalistes récemment convertis, de trouver<br />
un juste équilibre entre l’audace du Christ et une forme de prosélytisme qui voit<br />
dans la conversion au catholicisme la seule voie du salut, ce qui n’est pas sans<br />
dénigrer subtilement les convictions religieuses sincères des autres. En<br />
accompagnant leur témoignage et leur proclamation de la foi, il faudra enseigner<br />
aux jeunes catholiques ce principe fondamental de l’activité missionnaire, et leur<br />
montrer comment le mettre en pratique.<br />
4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le<br />
modèle, le témoin<br />
Les participants aux consultations régionales qui ont précédé le Congrès ont<br />
constamment accordé une grande importance au besoin d’accompagnement et à la<br />
présence de modèles dans la foi : ils y ont vu des conditions indispensables pour que la<br />
personne puisse répondre positivement à l’appel au ministère ordonné ou à la vie<br />
consacrée. Ce message a été repris au Congrès, en particulier par les jeunes adultes qui<br />
ont affirmé avec force qu’ils ont besoin d’être inspirés par des prêtres, des diacres et des<br />
femmes et des hommes consacrés:<br />
De grâce, témoignez ouvertement de votre foi en vous rendant disponibles. En particulier,<br />
(nous vous demandons) à vous qui vivez la vie consacrée et le ministère ordonné de nous<br />
offrir un témoignage authentique et joyeux de votre mode de vie, pour que nous puissions<br />
faire l’expérience de la passion de votre service. Invitez-nous à partager votre enthousiasme<br />
et votre amour profond du Christ et de Son Église. 95<br />
Pour vivre leur propre vocation à «être feu», les jeunes ont besoin de retrouver ce<br />
«feu» chez ceux et celles dont la vie donne un témoignage public spécifique du Christ<br />
par la pratique des Béatitudes et des conseils évangéliques comme aussi chez ceux qui<br />
exercent le ministère au nom du Christ et de par son autorité.<br />
Cette nouvelle génération, qui aspire à produire les saints et les saintes du nouveau<br />
millénaire, regarde la génération actuelle et la longue histoire des saints qui l’ont<br />
précédée pour trouver une inspiration, des modèles de sainteté et de service qui puissent<br />
inspirer sa propre réponse à l’appel de Dieu. Si on les écoute attentivement, cependant,<br />
ils demandent plus que de bons exemples et des modèles, des récits inspirants de fidélité<br />
à l’appel de Dieu. Même si la vie des saints et des saintes d’aujourd’hui et d’hier les<br />
inspire, ils cherchent plus qu’un plan à suivre ou une série de directives. Pour répondre<br />
fidèlement à l’appel de Dieu, ils ont besoin d’être dirigés personnellement. Ils ont<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
79
SECTIONDEUx -Action<br />
besoin de mentors qui les écouteront avec attention et<br />
les aideront à discerner l’appel unique que Dieu leur<br />
adresse:<br />
Nous avons besoin de voir cultivées nos vocations<br />
personnelles de chrétiens et de chrétiennes baptisés, qu’il<br />
s’agisse de vocation au mariage ou au célibat, à la vie<br />
consacrée ou au ministère ordonné. Mettez sur pied des<br />
équipes de discernement dans les paroisses et sur les<br />
campus universitaires, composées de croyantes et de<br />
croyants qui puissent soutenir et cultiver les vocations.<br />
Présentez-nous des mentors objectifs qui soient vraiment<br />
ouverts à la volonté de Dieu sur nous et qui puissent être<br />
pour nous des sages. Nous invitons les religieux et les<br />
religieuses à partager avec nous leur histoire personnelle, y<br />
compris leurs difficultés et leurs joies. Nous voulons<br />
apprendre. Nous invitons les directeurs spirituels à user de leurs talents, à nous accepter sans<br />
conditions, à nous offrir un havre sûr où chercher des réponses et grandir, et à nous orienter<br />
vers une vie spirituelle plus profonde 96 .<br />
Ce besoin de modèles et de mentors, de guides spirituels et de figures de sagesse, est<br />
extrêmement important. Quand on les interroge sur ce qui a inspiré leur vocation,<br />
presque tous les prêtres, les religieux et les religieuses peuvent nommer les personnes<br />
clés chez qui ils ont perçu quelque chose qui parlait directement et profondément à leur<br />
cœur et qui les a amenés à envisager de donner leur vie au Christ comme prêtre, sœur,<br />
frère. Ils peuvent aussi nommer la personne – c’est parfois celle qui les a d’abord inspirés,<br />
mais c’en est souvent une autre – qui les a encouragés directement et personnellement<br />
à s’engager dans cette voie. Quelqu’un qui a pris le temps de s’asseoir et d’écouter avec<br />
patience, quelqu’un qui a su reconnaître les dons et les talents nécessaire pour faire le<br />
travail d’un prêtre ou d’un diacre, d’une sœur ou d’un frère, mais surtout le cœur et l’âme<br />
de qui voulait le devenir, se consacrer complètement au service de Dieu. Quelqu’un qui<br />
n’a pas nécessairement essayé de les «recruter», mais qui leur a offert cet espace<br />
sécuritaire pour chercher des réponses et grandir, en les renvoyant au Seigneur qui est la<br />
source de toute vraie vocation.<br />
L’une des conséquences particulièrement tragiques de la diminution et du<br />
vieillissement du clergé et des instituts religieux en Amérique du Nord, c’est qu’il y<br />
devient de plus en plus difficile pour les jeunes hommes et les jeunes femmes de trouver<br />
ce genre de modèle et de conseiller dans la vie consacrée et le ministère ordonné. Ce<br />
n’est pas que ces modèles ou ces conseillers n’existent plus; il y en a toujours. L’âge ne<br />
doit pas être un obstacle insurmontable. Les jeunes religieuses observent souvent<br />
qu’alors que les sœurs plus jeunes ou d’âge moyen étaient accaparées par le ministère et<br />
les responsabilités communautaires, ce sont des sœurs âgées qui ont pris le temps de se<br />
tenir avec elles, de les accueillir, de leur être présentes. C’est à travers ces membres plus<br />
âgés qu’elles ont fini par se sentir «chez elles» dans la vie religieuse.<br />
Cependant, dans le clergé diocésain comme dans la vie religieuse, la pression est telle<br />
que les personnes les plus à même de jouer ce rôle de modèle ou de mentor, et qui<br />
auraient l’énergie pour établir un contact significatif avec la nouvelle génération, sont<br />
souvent extrêmement occupées. Elles sont tellement prises par leurs responsabilités<br />
80 Chapitrequatre
paroissiales, diocésaines et communautaires qu’elles n’ont plus la disponibilité, la<br />
présence personnelle qu’exige un bon accompagnement. Combien de ces personnes<br />
encourage-t-on à s’engager activement et en priorité dans la préparation de la prochaine<br />
génération de ministres ordonnés et de femmes et d’hommes consacrés<br />
La réponse : «pas assez». L’appel ne doit pas nécessairement passer par une personne<br />
consacrée; il vient souvent d’un parent ou d’un grand-parent, d’un enseignant, d’un<br />
agent de pastorale jeunesse ou même d’un ami ou d’une connaissance du même âge.<br />
Mais pour assumer un engagement de toute la vie et y grandir, les accompagnateurs et<br />
les modèles qui ont suivi une route particulière, qui en connaissent les joies et les pièges,<br />
sont extrêmement importants. Pour que ce ne soit pas là «le dernier appel pour la vie<br />
religieuse» et le ministère ordonné 97 , il nous faudra non seulement un profond acte de<br />
foi en l’Esprit Saint mais une résolution non moins profonde qui nous amènera à<br />
engager une partie importante de nos ressources – financières, humaines et spirituelles<br />
– dans la pastorale des vocations et dans une présence directe et un accompagnement<br />
des jeunes et des jeunes adultes. Ce n’est pas un luxe, c’est la condition indispensable à<br />
un sain essor du sacerdoce et de la vie consacrée au prochain millénaire.<br />
Ici encore, nous avons une série de recommandations portant sur l’exemple et<br />
l’accompagnement:<br />
• La façon la plus efficace de promouvoir le ministère ordonné et la vie consacrée<br />
comme des options viables et attrayantes est encore de présenter des témoins<br />
joyeux, équilibrés, saints et remplis de l’Esprit Saint, qui sont engagés dans ces<br />
vocations et dont la vie témoigne de la beauté d’une vie bien vécue, qui vivent<br />
«quelque chose de beau pour Dieu». Le simple fait de rappeler aux prêtres et aux<br />
religieux qu’ils devraient sourire à l’occasion a fait réfléchir plusieurs participants<br />
au Congrès.<br />
• Les jeunes savent que le ministère ordonné et la vie<br />
consacrée ne sont pas faits pour les faiblards. Ils<br />
comprennent qu’une vie de pauvreté, de chasteté et<br />
d’obéissance ou que l’engagement au célibat<br />
perpétuel et au service d’une Église locale<br />
particulière comportera sa part de difficultés<br />
comme sa part de joies. Les bons accompagnateurs<br />
ne masqueront pas ces difficultés mais sauront en<br />
faire part de manière appropriée, dans la mesure<br />
«Lesjeunesapprécientles<br />
figuresde«grand-papa/<br />
grand-maman ...»<br />
où ils aideront la personne qu’ils accompagnent à les envisager et à composer avec la<br />
peur qu’elle éprouve et avec les difficultés qu’elle rencontre.<br />
• Les diocèses et les instituts de vie consacrée devraient encourager les meilleurs de<br />
leurs prêtres et de leurs membres à verser «une dîme» de 10 à 20 pour cent de<br />
leur temps afin de rejoindre les jeunes et de leur être présents. En outre, ils<br />
devraient sérieusement envisager d’investir une proportion correspondante de<br />
leurs ressources humaines et financières - et notamment leurs membres les<br />
meilleurs et les plus efficaces – à la pastorale jeunesse et à la pastorale des<br />
vocations. Cela doit devenir une priorité explicite et urgente.<br />
• Les parents, les enseignants, les directeurs spirituels laïcs, les agents de pastorale<br />
jeunesse, etc. exercent souvent une influence positive et durable sur ceux et celles<br />
auprès de qui ils travaillent. Eux aussi ont besoin d’être formés à<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
81
SECTIONDEUx -Action<br />
«…lagrandemajoritédes<br />
jeunesadultesditn’avoirque<br />
peuoupasd’accompagnement<br />
spirituel.»<br />
l’accompagnement et à la direction spirituelle, d’apprendre les techniques du<br />
discernement, de manière à pouvoir en faire profiter ceux et celles qui dépendent<br />
de leur direction spirituelle et de leur animation pastorale.<br />
• Les jeunes apprécient les figures de «grand-papa/grand-maman» qui jouent pour<br />
eux le rôle de sages et qui incarnent à leurs yeux la beauté d’une vie marquée par<br />
un engagement fidèle et à long terme en réponse au Seigneur. Il faudrait faire<br />
preuve de créativité pour favoriser les contacts avec ces témoins plus âgés qui<br />
peuvent offrir aux jeunes catholiques un accompagnement positif.<br />
• Les jeunes adultes ont demandé expressément des accompagnateur et des guides<br />
spirituels «objectifs» qui visent moins le recrutement<br />
qu’un discernement «détaché». Les guides spirituels<br />
qualifiés – laïcs, ordonnés ou consacrés – devraient être<br />
assez assurés dans leur vocation pour en témoigner<br />
joyeusement et adéquatement tout en laissant à la<br />
personne qu’ils accompagnent toute liberté de<br />
discerner sa propre route. Il leur faudra regarder en face<br />
leurs biais et leurs préjugés pour éviter de faire obstacle<br />
au cheminement vocationnel de leur dirigé.<br />
• Au cas où quelqu’un serait seul responsable de la pastorale des vocations dans<br />
un diocèse ou un institut de vie consacrée, on lui recommande de partager ce<br />
ministère avec une équipe de manière que l’accompagnement des candidats<br />
dans le discernement ne soit pas la responsabilité exclusive d’une seule<br />
personne.<br />
• Le compagnonnage dans la prière, la direction spirituelle, l’accompagnement<br />
d’un pair, les expériences de cénacle et les «occasions de jumelage» qui<br />
permettent à un candidat potentiel de vivre, dans la mesure du possible, une<br />
«journée typique» de la vie d’un prêtre, d’une sœur ou d’un frère sont autant<br />
d’expériences pertinentes pour le discernement continu d’une vocation au<br />
ministère ordonné et à la vie consacrée.<br />
• Même si la direction spirituelle comporte généralement un aspect formel, avec<br />
des rapports bien définis et des rencontres régulières, le lien d’accompagnement<br />
est habituellement plus libre et moins structuré. Il n’en exige pas moins un<br />
investissement personnel considérable de part et d’autre. Il met l’accent sur la<br />
formation du caractère et sur l’apprivoisement progressif d’un rôle ou d’une<br />
identité.<br />
• Partout où la chose est possible, des prêtres, des diacres et des religieux et<br />
religieuses devraient se rendre disponibles pour des entrevues et des<br />
rencontres informelles dans des contextes différents : paroisses, couvents,<br />
écoles, campus universitaires et autres lieux d’apostolat. Les prêtres devraient<br />
veiller à se rendre disponibles pour célébrer la Réconciliation avec les jeunes,<br />
et des directeurs spirituels bien formés devraient travailler auprès des jeunes<br />
adultes, dans les paroisses et les écoles, sur les campus universitaires et en<br />
d’autres lieux où les jeunes adultes se réunissent et forment des communautés<br />
d’appartenance.<br />
• À l’heure qu’il est, la grande majorité des jeunes adultes dit n’avoir que peu ou<br />
pas d’accompagnement spirituel. Cette situation doit changer.<br />
82 Chapitrequatre
5. Inviter : le discernement, le choix, l’engagement<br />
La dernière mais surtout pas la moindre de nos priorités pour susciter une «culture de<br />
la vocation», c’est l’invitation spécifique à s’engager à discerner si Dieu m’appelle ou non<br />
à telle vocation particulière. S’il est vrai que la pastorale des vocations part de la notion<br />
plus générale de l’appel à la vie et à l’amour et s’amplifie graduellement pour inclure un<br />
appel à la sainteté et une invitation à participer à la mission de l’Église, elle débouche<br />
éventuellement sur une question précise.<br />
Suis-je appelé à devenir prêtre ou diacre dans ce diocèse À devenir frère, sœur ou<br />
laïc consacré dans telle congrégation ou dans tel institut À épouser un tel ou une telle <br />
À être célibataire maintenant et ici, en exerçant telle profession<br />
Au Congrès, les délégués ont insisté pour dire que les invitations à discerner un appel<br />
à la vie consacrée ou au ministère ordonné doivent demeurer une grande priorité. Les<br />
jeunes adultes ont indiqué qu’ils attendaient de ceux et celles qui les accompagneraient<br />
qu’ils se montrent objectifs pour les aider à discerner ce qui parle à leur cœur, quel que<br />
soit cet appel. (Par ailleurs, ils étaient tout à fait ouverts à la possibilité que Dieu les<br />
appelle à une vie de laïc consacré, de sœur, de frère, de diacre ou de prêtre.)<br />
Parce que l’appel vient toujours de Dieu, Jésus reste le modèle pour quiconque est<br />
engagé en pastorale des vocations; Il est «le formateur et l’intermédiaire vocationnel par<br />
excellence». La «pédagogie de la vocation» que suggère la méthode suivie par Jésus<br />
comprend cinq étapes distinctes:<br />
1. Jésus sème la bonne semence de la vocation dans chaque cœur.<br />
2. Comme avec les disciples sur la route d’Emmaüs, Jésus s’approche, marche à nos<br />
côtés, nous accompagne sur le chemin de la foi.<br />
3. Jésus fait notre éducation, en dégageant ces vérités sur nous-mêmes que nousmêmes<br />
ne connaissions pas encore.<br />
4. Jésus nous forme en chemin, nous apprenant à Le reconnaître à mesure que nous<br />
réfléchissons à notre expérience avec Lui sur la route.<br />
5. Enfin, à la lumière de ce que nous a révélé ce discernement, Jésus appelle à un<br />
choix concret et explicite, et nous envoie en mission 98 .<br />
Pris au sens large, tout travail pastoral comporte une<br />
composante vocationnelle. Cependant, les cinq<br />
actions ci-dessus décrivent plus spécifiquement le<br />
travail qui revient traditionnellement aux responsables<br />
de la pastorale des vocations. Ces femmes et ces<br />
hommes – ordonnés, consacrés, laïcs – mettent leurs<br />
talents au service de l’Église diocésaine, de<br />
congrégations religieuses particulières, et travaillent de<br />
plus en plus en équipe à promouvoir les vocations<br />
sacerdotales et religieuses. Dans certaines Églises<br />
locales, sans négliger la promotion spécifique du<br />
ministère ordonné et de la vie consacrée, ces équipes<br />
s’emploient avant tout à promouvoir une culture du<br />
discernement et à aider les jeunes (et les moins jeunes)<br />
en recherche à identifier l’appel qui leur est adressé<br />
personnellement, quel qu’il soit.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
83
SECTIONDEUx -Action<br />
De toute façon, les personnes engagées directement dans la pastorale des vocations<br />
ont la responsabilité d’agir comme médiateurs de l’appel du Christ pour une génération<br />
qui cherche à donner sens et orientation à sa vie. Ils sont appelés à être pour elle des<br />
semeurs de la bonne semence de la vocation, des compagnons sur la route de la<br />
vocation, des éducateurs partageant sa foi et capables d’une écoute attentive de Dieu, des<br />
formateurs qui développent les attitudes humaines et chrétiennes nécessaires à une<br />
réponse positive à l’appel de Dieu et, enfin et surtout, des personnes qui savent discerner<br />
la présence du don qui vient d’en haut 99 .<br />
Le ministère exercé par les responsables diocésains et religieux de la pastorale des<br />
vocations est essentiel à la vie de l’Église. Il faut souligner leur générosité, leur courage et,<br />
surtout, leur persévérance. C’est particulièrement vrai quand les résultats tangibles, en<br />
termes de nouveaux candidats au clergé diocésain et à la vie consacrée, ne correspondent<br />
pas au temps et aux efforts dépensés. Ils ont droit à nos prières, à notre appui et à notre<br />
coopération. Ils doivent aussi savoir qu’ils n’ont pas à porter seuls cette lourde<br />
responsabilité et que s’ils sont particulièrement responsables des dernières étapes de<br />
l’accompagnement et de l’invitation, c’est l’Église entière qui doit assurer les<br />
fondations que sont la prière, la catéchèse, l’évangélisation et l’expérience chrétienne.<br />
Ces cinq dimensions de l’invitation aux candidats potentiels entraînent les<br />
recommandations suivantes :<br />
«Semer»<br />
• «À semer trop peu, on récolte trop peu» (2 Co 9,6). Si «Dieu choisit régulièrement<br />
pour accomplir Sa volonté les candidats les plus improbables 100 », nous devons<br />
êtres disposés à semer libéralement la bonne semence de la vocation, partout,<br />
dans le cœur de chacun, en évitant les jugements prématurés fondés sur les<br />
apparences, la religiosité formelle ou les positions idéologiques présumées.<br />
• Le moment de la semence est d’une importance décisive. Même si c’est souvent<br />
pendant les premières années de l’âge adulte que se concrétise la décision<br />
d’embrasser une vocation particulière, ses premières manifestations remontent<br />
habituellement à l’adolescence ou même à l’enfance. La Confirmation, la fin des<br />
études primaires, secondaires et collégiales sont souvent des temps forts où une<br />
jeune personne réfléchit à son avenir: à ces moments de passage, il peut être<br />
indiqué pour les parents, les éducateurs, les pasteurs, etc. d’amener la question de<br />
la vocation.<br />
84 Chapitrequatre
• La vocation chrétienne est toujours un dialogue<br />
entre deux libertés: celle de Dieu qui appelle et celle<br />
de la personne qui répond. Il faut voir dans la<br />
vocation le plein épanouissement de l’exercice d’une<br />
liberté bien comprise et non une restriction négative,<br />
une compétition entre deux libertés. Aucune<br />
apparence de pression, qu’elle soit manifeste ou plus<br />
subtile, ne saurait être exercée en proposant une<br />
vocation au ministère ordonné ou à la vie consacrée.<br />
«… aucunepressionnedoit<br />
êtreexercéesurlesjeunes<br />
pourlesdétourner<br />
d’envisagerunevocation<br />
particulière.»<br />
• À l’inverse, aucune pression ne doit être exercée sur les jeunes pour les détourner<br />
d’envisager une vocation particulière. L’une des observations les plus troublantes<br />
qu’on ait faites ces dernières années, c’est que les familles et les pairs découragent<br />
activement les vocations sacerdotales et religieuses. Quelle que soit la cause de ce<br />
problème, il faut l’identifier et y remédier.<br />
• Les jeunes ont besoin d’être renseignés sur leurs options. Ils ont besoin de voir<br />
dans le mariage et le célibat des vocations nécessaires et respectées. Ils ont besoin<br />
de savoir comment il est possible de servir l’Église dans un ministère laïc. Mais<br />
ils ont aussi besoin de connaître la prêtrise et le diaconat et les diverses formes<br />
de vie consacrée.<br />
• La liturgie dominicale offre plusieurs occasions d’enseigner et de promouvoir<br />
une authentique «culture de la vocation». Prêtres, homélistes, musiciens et tous<br />
ceux et celles qui préparent la célébration devraient tirer parti des nombreux<br />
textes du lectionnaire qui présentent une forte dimension vocationnelle.<br />
«Accompagner»<br />
• Même s’ils ont pour tâche principale d’accompagner le discernement<br />
proprement vocationnel des candidats, les agents de pastorale des vocations<br />
devraient aussi se soucier du cheminement global des candidats vers la maturité<br />
de la foi. Même lorsque les candidats sont encore jeunes et en croissance en ce<br />
qui touche l’exercice responsable de leur liberté, il s’agit pour l’accompagnateur<br />
de les aider à grandir dans la liberté sans jamais s’y substituer.<br />
• Comme tous ceux et celles qui en guident d’autres sur le plan spirituel, les agents<br />
de pastorale vocationnelle devraient eux-mêmes être accompagnés par un<br />
directeur spirituel et/ou un confesseur qu’ils rencontrent régulièrement. Lorsque<br />
la chose est indiquée ou nécessaire, ils devraient aussi avoir accès à d’autres<br />
formes d’appui spirituel ou psychologique et à un solide réseau de parents,<br />
d’amis et de confrères ou consœurs.<br />
• Dans la démarche d’accompagnement spirituel, la confiance et une certaine<br />
complicité sont nécessaires. Ce sont des attitudes dont l’agent de pastorale<br />
vocationnelle devrait donner l’exemple avec tact. Par ailleurs, le véritable «leader»<br />
reste l’Esprit de Dieu, et la complicité à cultiver est celle qui unit le candidat au<br />
Christ. Il faut user de prudence quand les candidats développent une<br />
dépendance excessive à l’égard de la personne qui les dirige ou les accompagne.<br />
L’attention devrait toujours être centrée sur les mouvements de l’action de Dieu<br />
dans le cœur du candidat.<br />
• Dans l’accompagnement, le fait de partager concrètement son propre récit de<br />
vocation libère souvent le candidat potentiel en l’incitant à son tour à confier sa<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
85
SECTIONDEUx -Action<br />
propre histoire. Ce témoignage personnel est un<br />
élément très efficace de la démarche d’accompag -<br />
nement. Il faut communiquer la joie et<br />
l’enthousiasme qu’on éprouve pour sa propre<br />
vocation, sans masquer les difficultés et<br />
l’appréhension auxquelles le candidat pourra aussi<br />
s’identifier. Il faut favoriser les occasions qui<br />
permettront aux prêtres et aux religieux ou religieuses<br />
de raconter leur propre vocation – en entretien<br />
individuel, en classe ou à l’homélie, lors de retraites de<br />
jeunes, etc.<br />
«Éduquer»<br />
• Étymologiquement, «éduquer», c’est extraire la vérité de quelqu’un, l’aider à<br />
extérioriser et donc à s’approprier une vérité qui a déjà été plantée en lui. En ce<br />
sens, l’«éducation» vocationnelle devrait encourager chez le candidat ou la<br />
candidate la faculté de se connaître, sans aller pourtant jusqu’à une introspection<br />
excessive ou malsaine.<br />
• Les agents de pastorale vocationnelle devraient aider les candidats à percevoir le<br />
lien profond entre la connaissance de soi et la révélation du dessein et de l’appel<br />
que Dieu leur adresse. En travaillant avec des spécialistes de la psychologie ou<br />
d’autres disciplines, ils pourront aider les candidats à identifier leurs forces et<br />
leurs faiblesses, leurs craintes et leurs mécanismes de défense, et les aider ainsi à<br />
assumer leur identité véritable.<br />
• Ce travail exige des agents de pastorale vocationnelle une bonne connaissance de<br />
soi et une grande acuité spirituelle et psychologique. Ils devraient être formés à<br />
cultiver ces talents et ces attitudes.<br />
• Dans le discernement vocationnel, le but principal n’est pas la connaissance de<br />
soi mais la révélation du plan mystérieux de Dieu sur la vie de telle ou telle<br />
personne. Les agents de pastorale devront amener consciemment les candidats à<br />
développer avec le Seigneur le genre de relation qui permet une rencontre réelle<br />
et sincère de la personne de Jésus.<br />
• Il faudra aider les candidats à chercher la présence du Seigneur non seulement<br />
dans l’Écriture mais aussi dans le silence et dans les intervalles de leur vie, pour<br />
que leur réponse s’adresse vraiment au Dieu qui parle au plus profond du cœur.<br />
Il faut enseigner la pratique ignatienne de l’examen spirituel du conscient ainsi<br />
que d’autres disciplines spirituelles qui cultivent la faculté de s’examiner dans la<br />
prière et de retrouver ainsi les signes de la présence et de l’invitation divines.<br />
«Former»<br />
• «Alors leurs yeux s’ouvrirent». Dans la démarche du discernement spirituel, il y a<br />
inévitablement un ou deux «sommets», temps forts où l’on reconnaît sans<br />
équivoque la présence du Seigneur. Ce sont souvent ces expériences qui forment<br />
et façonnent la vocation. Les agents de pastorale vocationnelle doivent pouvoir<br />
vibrer à ces expériences pour aider les candidats à en sonder la profondeur et à<br />
découvrir la vérité que Dieu cherche à leur révéler.<br />
86 Chapitrequatre
• Sans jamais cesser de respecter la liberté du candidat, c’est souvent là le moment<br />
où il sera le plus ouvert à un appel à se dépasser, à s’engager dans un projet qui<br />
lui paraissait jusque-là impossible et à éprouver profondément que «c’est en<br />
perdant sa vie qu’on la trouve».<br />
• Les agents de pastorale vocationnelle ne devraient pas craindre de faire appel à<br />
la générosité des jeunes et de leur proposer le don ultime: se donner à Dieu. Si<br />
la manière la plus adéquate de vivre cette oblation devait être le ministère<br />
ordonné ou la vie consacrée, et si les candidats présentaient les talents et les<br />
dispositions nécessaires, il faudrait les aider à donner suite à ce choix. Il faudrait<br />
évidemment les aider tout autant, s’ils étaient appelés à faire don d’eux-mêmes<br />
dans une autre vocation.<br />
«Discerner»<br />
• Les jeunes habitent un monde où ils n’ont guère l’occasion de vivre – sur le plan<br />
personnel ou culturel – des engagements permanents et définitifs. Ils ont besoin<br />
d’aide et d’orientation pour apprécier ce genre d’engagements et pour pouvoir<br />
en prendre.<br />
• Il faut préparer les jeunes progressivement à prendre des engagements définitifs:<br />
leur confier des responsabilités correspondant à leurs capacités et à leur âge, les<br />
former aux choix quotidiens qui incarnent des valeurs (honnêteté, constance,<br />
modération, compassion) et qui forment le caractère. Il faudra leur enseigner que<br />
la fidélité dans les tâches quotidiennes est la meilleure façon de se préparer à<br />
répondre fidèlement à une vocation d’engagement permanent. Il faut aussi les<br />
rassurer et leur faire comprendre qu’une vie d’engagement connaît sa propre<br />
croissance interne: elle nous fait grandir en même temps qu’elle doit constamment<br />
faire l’objet d’un choix renouvelé.<br />
• Même si le discernement est une démarche<br />
continue et qui dure toute la vie, il y a parfois<br />
des moments où l’on est appelé à engager sa<br />
liberté d’une manière concrète et définitive. Les<br />
obstacles à un choix de cette nature peuvent<br />
être culturels, familiaux, sociaux,<br />
psychologiques ou spirituels. Quoi qu’il en<br />
soit, l’accent ne doit pas être mis sur les<br />
objections possibles mais sur la seule nécessité<br />
de répondre joyeusement à l’appel de Dieu,<br />
qui est toujours «vie en abondance».<br />
«…ilyaparfoisdesmoments<br />
oùl’onestappeléàengagersa<br />
libertéd’unemanièreconcrète<br />
etdéfinitive.»<br />
• Comme paradigme, le discernement personnel du plan du Seigneur doit être<br />
complété par l’idée que l’appel du Seigneur ne retentit pas dans le vide mais qu’il<br />
est médiatisé par l’Église, Corps du Christ.<br />
• Concrètement, cela signifie que les agents de pastorale vocationnelle ont une<br />
double responsabilité : envers le candidat qui est venu leur demander de le<br />
guider ou de le diriger mais aussi, ce qui est encore plus important, envers l’Église<br />
qui, à travers les autorités légitimes du diocèse ou de la communauté religieuse,<br />
leur a confié le mandat du discernement spirituel.<br />
• Dans l’idéal, il existerait un «rapport de synergie et de complémentarité» entre le<br />
discernement de l’Église et celui du sujet, si bien que «le témoignage de<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
87
SECTIONDEUx -Action<br />
l’individu aide et fait croître la foi de l’Église la foi et le témoignage de l’Église<br />
suscitent et encouragent le choix de vocation de l’individu 101 ».<br />
• Les responsables de la pastorale des vocations ont la sérieuse responsabilité de<br />
s’assurer que les candidats potentiels fassent la preuve qu’ils possèdent ou<br />
peuvent cultiver les talents et les dispositions nécessaires à la vie communautaire<br />
et à la mission à laquelle ils pourraient être appelés. Les personnes dont la foi est<br />
floue et vague, qui manquent d’espérance et de confiance, dont l’histoire est<br />
profondément trouble et qui ne semblent pas pouvoir progresser, qui présentent<br />
un grave défaut de maturité affective ou sexuelle, et qui résistent délibérément au<br />
changement et à la croissance qui font partie d’une démarche de formation,<br />
doivent être accueillies avec une grande compassion et beaucoup d’attention. On<br />
ne doit pas les encourager, cependant, à rechercher la vocation au ministère<br />
ordonnée ou à une forme de vie consacrée.<br />
Conclusion :lesvocationsetlamissiondel’Église<br />
Dans le contexte actuel, il est tout à fait compréhensible<br />
qu’une part importante de notre énergie passe à recruter<br />
activement des «candidats» potentiels au ministère<br />
ordonné et à la vie consacrée. Cependant, les itinéraires<br />
proposés dans le présent chapitre suggèrent, si nous<br />
avons profondément à cœur l’avenir à long terme de<br />
l’Église en Amérique du Nord, de changer de paradigme.<br />
Nous devrons peut-être passer d’un modèle de<br />
«recrutement», où l’on recherche activement et où l’on<br />
recrute des candidats qui «ont la vocation» au ministère<br />
ordonné et à la vie religieuse, à un modèle où le<br />
«discernement» et la «mission» passent au premier plan.<br />
Selon ce nouveau paradigme, les membres ordonnés et consacrés de l’Église<br />
donneraient la priorité à une présence pastorale vibrante auprès de la jeunesse catholique.<br />
Ils inviteraient les jeunes à participer à divers aspects de leur vie et de leur ministère et, sur<br />
la base de cette expérience, deviendraient des modèles et des accompagnateurs capables<br />
d’aider les individus à discerner l’appel unique de Dieu dans leur vie.<br />
Ce nouveau modèle a l’avantage d’être axé sur Dieu et l’appel unique de Dieu au<br />
cœur du jeune ou de la jeune, et sur les besoins du monde, plutôt que sur la survie d’une<br />
institution ou d’une congrégation. Quand ils entendent parler de «vocations» - surtout<br />
si on ne parle que de prêtrise et de vie religieuse – les jeunes sont parfois méfiants. Ils se<br />
demandent si le désir qu’a l’Église de perpétuer ses structures et de s’assurer une relève,<br />
si nécessaire et si légitime qu’il puisse être, ne risque pas de les empêcher de découvrir<br />
ce à quoi Dieu les appelle.<br />
Le témoignage et le dévouement exceptionnel des responsables de la pastorale des<br />
vocations et de tous ceux et celles qui promeuvent les vocations dans l’Église montrent<br />
que ce n’est pas le cas. L’accent doit être mis plus clairement sur le discernement, sans<br />
nier le besoin réel et pressant de nouveaux prêtres, de diacres, de femmes et d’hommes<br />
consacrés pour répondre aux besoins sacramentels et pastoraux de l’Église en Amérique<br />
du Nord.<br />
88 Chapitrequatre
Une façon de le faire, et qui s’inspire de la<br />
déclaration des jeunes adultes présents au Congrès,<br />
consiste à souligner les dimensions de la formation<br />
à la prière, de la direction spirituelle, de<br />
l’accompagnement et du discernement. Il y a tout<br />
lieu d’espérer que les jeunes catholiques vont entrer<br />
en résonance avec la génération actuelle de prêtres,<br />
de diacres et de personnes consacrées quand ils<br />
verront et reconnaîtront en eux des ministres engagés<br />
et pleins d’attention qui veulent leur bien, qui leur<br />
enseignent la pratique de la prière et du<br />
«…lescandidats…feraient<br />
l’expériencedelavieetdela<br />
missiondudiocèseoudela<br />
communauté …»<br />
discernement nécessaires pour découvrir la Parole de Dieu et y répondre, et qui donnent<br />
un témoignage de joie, de passion et de sainteté.<br />
Comment y arriver Une piste identifiée au Congrès consiste à relier toute la<br />
démarche d’invitation et de discernement vocationnel à des projets de service concrets,<br />
qui incarnent ici et maintenant la mission de l’Église, et qui répondent à des besoins<br />
réels et urgents dans le monde. Les jeunes devraient être invités à partager cette mission,<br />
qu’ils aient exprimé ou non un intérêt précis pour le ministère ordonné ou la vie<br />
consacrée.<br />
De cette façon, c’est le projet missionnaire lui-même qui devient le lieu privilégié du<br />
premier éveil et du discernement de la vocation, plutôt que les prédispositions de la<br />
personne. Il s’ensuit un déplacement du modèle de la «candidature», axé sur le désir de<br />
l’individu de devenir prêtre, religieux ou religieuse, à un autre modèle où la façon de<br />
collaborer activement au travail concret de l’Église amène d’autres personnes à<br />
reconnaître chez le candidat potentiel les talents et la passion qui suggèrent que Dieu<br />
pourrait l’appeler à une forme d’engagement plus permanente et plus définitive dans<br />
l’Église.<br />
Ce modèle aura aussi un impact sur notre façon de penser la démarche de formation<br />
au séminaire ou dans la vie religieuse ainsi que toute la période de discernement de la<br />
vocation. Il comporterait une étape d’«apprentissage» d’un an ou deux, pendant laquelle<br />
les candidats (au sacerdoce ou à la vie religieuse) feraient l’expérience de la vie et de la<br />
mission du diocèse ou de la communauté, après quoi ils seraient invités à entreprendre<br />
une formation spirituelle et théologique plus intense afin de se préparer à un<br />
engagement à long terme.<br />
Pour arriver à susciter une «culture de la vocation», c’est toute l’Église qui doit collaborer<br />
dans l’unité. Il faut aussi que les différentes instances et les différents groupes que nous<br />
formons dans l’Église se demandent sérieusement de quelle façon appliquer<br />
concrètement dans notre vie et dans notre ministère les priorités pastorales définies ici.<br />
Le prochain chapitre va examiner cette question.<br />
Cinqprioritéspastorales<br />
89
ChAPITRE5<br />
«Jésus lui-même<br />
s’approcha et il<br />
marchait avec eux…<br />
Mais ils s’efforcèrent<br />
de le retenir : «Reste<br />
avec nous : le soir<br />
approche et déjà le<br />
jour baisse.»<br />
(Luc 24,15. 29)<br />
«Àl’instantmême,ilsselevèrent<br />
etretournèrentàJérusalem.»<br />
Un plan d’action pastoral précis :<br />
suggestions pratiques<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
Invitation à tout le Peuple de Dieu<br />
Questions adressées à l’Église en Amérique du Nord<br />
Aux évêques<br />
Aux supérieures et aux supérieurs majeur(e)s<br />
Aux prêtres en paroisse<br />
Aux diacres<br />
Aux instituts séculiers<br />
Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres<br />
Aux jeunes adultes<br />
Aux éducatrices et aux éducateurs<br />
Aux parents<br />
Aux responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations<br />
Aux directrices et aux directeurs de formation<br />
Aux agents de pastorale scolaire et universitaire<br />
Aux animatrices et aux animateurs jeunesse<br />
Aux séminaristes<br />
Aux jeunes religieuses et aux religieux<br />
(novices, professes et profès temporaires)<br />
Aux Serrans, Chevaliers de Colomb et autres organismes laïcs<br />
Aux nouveaux mouvements ecclésiaux<br />
Aux communicatrices et aux communicateurs et spécialistes des médias<br />
Aux paroissiennes et paroissiens<br />
Le Congrès et tout ce qui l’a précédé ont exigé un investissement énorme de temps, d’énergie et de<br />
ressources de la part d’un grand nombre de personnes. Et nombreux sont ceux qui se posent la<br />
question : «Le Congrès changera-t-il quelque chose» La réponse réside, au moins en partie, dans<br />
l’esprit et le cœur de ceux et celles qui se posent la question. Notre désir le plus profond s’exprime<br />
dans la demande des deux voyageurs d’Emmaüs pressant Jésus de rester avec eux car déjà le jour<br />
baisse. En essayant de susciter une «culture de la vocation», nous serons sans doute parfois envahis<br />
par le sentiment que la journée est pratiquement terminée. Mais notre foi nous pousse à reconnaître<br />
et à suivre le mouvement de l’Esprit en nous et parmi nous. La journée n’est pas finie et Dieu est<br />
toujours avec nous. Il nous invite à faire confiance, à porter témoignage et à passer à l’action.<br />
90 Chapitrecinq
InvitationàtoutlePeupledeDieu<br />
L’Instrumentum Laboris (le document de travail) du Congrès nous a rappelé que Dieu<br />
continue d’inviter des femmes et des hommes à la vie consacrée et au ministère ordonné.<br />
Il a fait ressortir la responsabilité de l’ensemble du Peuple de Dieu, qui doit se faire à la<br />
fois voix et témoin pour inviter les jeunes et les moins jeunes disposés à envisager le<br />
ministère ordonné et la vie consacrée comme des options comme des choix de vie pour<br />
leur avenir.<br />
Notre invitation n’est pas d’abord une affaire de programmes et d’affiches, mais vise à<br />
susciter une «culture de la vocation» qui comporte différentes approches et diverses<br />
activités. Nous sommes appelés à trouver des façons significatives de partager le message,<br />
d’être les instruments de Dieu, d’en aider d’autres à découvrir l’appel qu’Il leur adresse.<br />
Dès le départ, le Congrès s’est fondé sur le dialogue entre évêques, prêtres, femmes et<br />
hommes consacrés, et laïcs. Le choix des membres du comité organisateur s’est fait dans<br />
le dialogue. Les premières réunions ont accordé une grande importance à la réflexion et à<br />
l’écoute respectueuse. Les membres de l’équipe ont mis en commun leurs idées et celles<br />
qui leur avaient été communiquées. L’élaboration des plans pour le Congrès s’est faite par<br />
étapes. La prière, en groupe et personnellement, et le dialogue entre les membres de<br />
l’équipe ont provoqué de nombreux changements dans les plans en chantier.<br />
L’idée originale des congrès diocésains ou régionaux a offert à un grand nombre de<br />
personnes la possibilité de participer au dialogue. Beaucoup d’idées et de réflexions<br />
excellentes ont été partagées et apportées à Montréal pour nourrir la réflexion des délégués<br />
au Congrès. Ces idées et ces réflexions ont été résumées au Chapitre 4.<br />
On a accordé une grande attention à la sélection des délégués au Congrès, en veillant à<br />
ce qu’un grand nombre de voix puissent se faire entendre, voix essentielles à une «culture<br />
de la vocation». La composition des «tables de discussion» n’a pas été laissée au hasard,<br />
afin de permettre à divers groupes de notre Église de faire connaissance. Aujourd’hui, ces<br />
délégués et plusieurs autres personnes sont invités à animer la mise en œuvre de l’étape<br />
suivante : «habiller de chair les os» du projet né des rencontres antérieures au Congrès et<br />
du Congrès lui-même.<br />
Le Congrès n’a pas été conçu pour «trouver toutes les réponses». Aussi n’a-t-il pas donné<br />
des réponses mais suggéré des questions. Ce qui importe, c’est de poser les bonnes<br />
questions – difficiles, interpellantes - qui appellent à une vraie conversion. Alors seulement<br />
l’Église en Amérique du Nord pourra-t-elle arriver à<br />
trouver des solutions adéquates aux défis<br />
complexes que pose ce qu’on appelle la «crise des<br />
vocations». Les questions suggérées ci-après sont<br />
délibérément ouvertes; il ne suffit pas d’y répondre<br />
par oui ou non. Elles cherchent aussi à être assez<br />
précises pour provoquer une réflexion sérieuse sur<br />
les problèmes en jeu. Chaque groupe a pour tâche<br />
de réfléchir à ces questions pour les préciser<br />
davantage, de manière qu’elles collent à<br />
l’expérience et à la mission de l’Église locale.<br />
Le Congrès a cherché résolument à être le plus<br />
représentatif possible. Parmi les groupes qui y ont<br />
participé, il y avait de jeunes adultes, des parents,<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
91
SECTIONDEUx -Action<br />
des pasteurs, des diacres, des enseignants, des agents de pastorale jeunesse et de pastorale<br />
universitaire, des théologiens, des évêques, des supérieurs majeurs, des religieux et des laïcs<br />
consacrés, des associés, des responsables de la pastorale des vocations, des formateurs, des<br />
associations laïques pour les vocations et, surtout, des fidèles catholiques de chaque<br />
diocèse et éparchie d’Amérique du Nord.<br />
De même que chaque Église locale est confrontée à ses propres problèmes, chaque<br />
secteur de l’Église sera confronté à ses propres questions. Le but ici est de provoquer une<br />
réflexion concrète sur la façon dont chaque groupe répond déjà – et est appelé à continuer<br />
de répondre – aux cinq défis présentés au Chapitre 4. D’une part, un appel général à la<br />
conversion, au discernement, à la mission et à une option préférentielle pour les jeunes<br />
s’adresse à tous les secteurs de notre Église. D’autre part, certains groupes dans l’Église sont<br />
plus directement axés sur la prière, sur l’éducation de la foi, sur l’expérience pastorale, sur<br />
l’accompagnement spirituel ou sur l’invitation vocationnelle proprement dite. Ce qui<br />
devrait émerger, au bout du compte, c’est l’esprit qui a animé le Congrès : la conviction<br />
que tous les catholiques ont le privilège et la responsabilité de susciter et d’encourager<br />
toutes les vocations (au célibat et au mariage, à la vie consacrée et au ministère ordonné).<br />
Questionsadressées<br />
àl’ÉgliseenAmériqueduNord<br />
Aux évêques<br />
1. Est-ce que je me rends disponible, dans la prière et le service de l’autorité, pour inspirer<br />
aux jeunes de suivre la vie du Christ dans le ministère ordonné ou la vie consacrée<br />
2. De quelles façons est-ce que j’invite les personnes qui me sont confiées à prier pour<br />
ceux et celles que Dieu appelle au ministère ordonné et/ou à la vie consacrée<br />
3. Comment est-ce que j’encourage les prêtres de mon diocèse, individuellement et<br />
comme groupe, à témoigner de l’appel à la vie sacerdotale à travers leurs efforts de<br />
sanctification<br />
4. Comment est-ce que j’encourage les gens de mon (archi)diocèse à aspirer à la<br />
sainteté et à la pureté du cœur, et à y voir l’essentiel de l’appel à la vie chrétienne<br />
5. Quels sont les programmes d’accompagnement et<br />
de discernement de la vocation actuellement<br />
disponibles dans mon (archi)diocèse Est-ce que<br />
j’engage assez de ressources (en argent, en<br />
personnel, etc.) pour soutenir l’office diocésain<br />
des vocations<br />
6. À quel genre de réponse concrète (conversion)<br />
suis-je appelé par la déclaration des jeunes adultes<br />
présents au Congrès<br />
7. Quels sont mes plans pour mettre en œuvre de<br />
manière explicite l’option préférentielle pour les<br />
jeunes proposée par le Congrès<br />
8. Peut-on dire que mon (archi)diocèse promeut<br />
une «culture de la vocation» Travaille-t-il<br />
activement à promouvoir toutes les vocations<br />
ecclésiales, en plus du clergé diocésain Comment<br />
le faire davantage<br />
92 Chapitrecinq
9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein<br />
de mon Église locale<br />
10. Comme évêque, comment puis-je mieux appuyer les efforts accomplis au plan<br />
local, régional et national par les organisations vouées au travail pour les vocations<br />
Aux supérieurs majeurs<br />
1. Est-ce que j’encourage les membres de ma congrégation<br />
à prier spécifiquement pour que répondent à l’Esprit<br />
Saint ceux et celles qui sont appelés au sacerdoce ou à<br />
la vie consacrée<br />
2. De quelle façon le témoignage des membres de ma<br />
congrégation rejoint-il les jeunes qui n’ont souvent jamais<br />
eu l’occasion de connaître des femmes et des hommes<br />
consacrés Comment intégrons-nous à nos activités<br />
quotidiennes, à notre cheminement personnel et à notre<br />
vie communautaire le souci de veiller à ce que les gens qui nous entourent aient<br />
conscience de notre engagement, de notre perspective et de notre forme de vie, et à ce qu’ils<br />
connaissent mieux l’histoire et la réalité actuelle de notre congrégation<br />
3. Quels sont mes plans pour aider les jeunes à discerner l’appel que Dieu adresse à<br />
chacun en vertu de son baptême Les membres de ma congrégation sont-ils<br />
disposés à partager leur histoire personnelle, y compris leurs difficultés et leurs<br />
joies Quels stages ma congrégation offre-t-elle à des jeunes pour qu’ils puissent<br />
faire l’expérience de la vie communautaire<br />
4. Le pape Jean-Paul II a convoqué le troisième Congrès continental sur les vocations<br />
pour toute la population du Canada et des États-Unis. Comment est-ce que<br />
j’envisage de donner suite au Congrès sur les vocations dans ma propre<br />
congrégation et en collaboration avec d’autres<br />
5. Quelles sont les mesures concrètes que j’entends prendre pour donner vie à<br />
l’option préférentielle pour les jeunes dans ma congrégation Est-ce que nos<br />
ministères nous mettent en contact avec les jeunes adultes<br />
6. Est-ce que ma congrégation croit que des hommes et des femmes reçoivent<br />
aujourd’hui l’appel Nos programmes de recrutement se fondent-ils sur la<br />
confiance au Seigneur Jésus Est-ce que la promotion des vocations est un facteur<br />
dont on tient compte au moment de décider de nouveaux projets ou d’appuyer de<br />
nouvelles initiatives<br />
7. Quels sont les efforts que je fais pour appuyer une pastorale des vocations intercongrégations<br />
(hommes et femmes) et pour rejoindre les divers groupes ethniques,<br />
culturels et économiques<br />
8. Comment est-ce que je favorise la communication, la planification et la créativité<br />
entre les supérieurs religieux et les évêques pour permettre une approche plus<br />
holistique de la pastorale des vocations dans les diocèses et les paroisses<br />
9. Qu’est-ce que je fais ou prévois faire afin de susciter et de maintenir une «culture<br />
de la vocation» chez les personnes que je sers dans mon Église locale Qu’est-ce<br />
que je fais pour les membres de ma congrégation qui ont peut-être une attitude<br />
négative et défaitiste à l’encontre de cette «culture de la vocation»<br />
10. Qu’est-ce que je peux faire de plus pour susciter une «culture de la vocation» dans<br />
mon Église locale<br />
«Est-cequemacongrégation<br />
croitquedeshommeset<br />
desfemmesreçoivent<br />
aujourd’huil’appel …»<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
93
SECTIONDEUx -Action<br />
Aux prêtres en paroisse<br />
1. Est-ce que ma vie de prière, personnelle et<br />
liturgique, est une invitation pour ceux que Dieu<br />
appelle au ministère ordonné Mon union au<br />
Christ notre Tête est-elle le sens et le but de mon<br />
service dans l’Église Sinon, à quelle conversion<br />
suis-je appelé<br />
2. Est-ce que je fais un effort assez délibéré pour<br />
parler du ministère ordonné et de la vie consacrée<br />
aux jeunes et aux jeunes adultes de ma paroisse<br />
Comment est-ce que je les aide à trouver des<br />
façons de mettre leurs talents au service de l’Église<br />
Comment est-ce que j’invite et encourage les<br />
croyants de ma paroisse à soutenir et à cultiver les<br />
vocations Que puis-je faire de plus<br />
3. Est-ce que j’offre de l’accompagnement et de la direction spirituelle pour aider les<br />
autres à discerner l’appel qu’ils reçoivent de Dieu<br />
4. Est-ce que ma foi passionnée dans l’Église et dans son ministère est une source<br />
d’inspiration dans mon ministère et dans les efforts que je fais pour promouvoir<br />
les vocations à la prêtrise, au diaconat et à la vie consacrée Sinon, comment vaisje<br />
essayer d’allumer chez les autres la flamme de la foi et de l’amour que je porte à<br />
ma vocation dans l’Église<br />
5. Quels sont les efforts que je fais pour encourager les parents à parler à leurs enfants du<br />
ministère ordonné et de la vie consacrée Est-ce que je leur donne l’occasion de<br />
s’informer sur la façon de discerner l’appel de Dieu Comment est-ce que je les aide à<br />
se réjouir de voir un de leurs enfants appelé au ministère ordonné ou à la vie consacrée<br />
6. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma<br />
paroisse Dans mon diocèse Dans mon Église locale<br />
Aux diacres<br />
1. Dans mon appel au diaconat, comment est-ce que je donne aux autres l’exemple<br />
d’une vie de disciple Quels sont les moyens que je prends pour en inviter d’autres<br />
à envisager la vie qui est la mienne<br />
2. Est-ce que je donne le témoignage que mon style de vie et celui de ma famille sont<br />
enrichis par le service que j’exerce dans l’Église<br />
3. Comment est-ce que je m’acquitte de mon devoir d’inciter les jeunes et les jeunes<br />
adultes à chercher la volonté de Dieu dans leur vocation<br />
4. Quels sont les efforts que je fais pour promouvoir le ministère ordonné (la prêtrise<br />
et le diaconat) et la vie consacrée<br />
5. Quels sont les efforts que je fais pour chercher l’occasion d’encourager les parents<br />
à parler à leurs enfants du ministère ordonné et de la vie consacrée<br />
6. Est-ce que ma foi passionnée dans l’Église et dans son ministère m’inspire dans le<br />
ministère que je remplis Sinon, comment vais-je essayer d’allumer chez les autres<br />
la flamme de la foi et de l’amour que je porte à ma vocation dans l’Église<br />
7. Dans ma participation aux mystères divins, est-ce que ma «configuration au Christ»<br />
est le facteur qui inspire mon ministère, et qui peut inspirer à d’autres de suivre le<br />
même appel du Seigneur<br />
94 Chapitrecinq
8. Est-ce que ma prière est une invitation pour ceux que Dieu appelle au ministère ordonné<br />
9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma<br />
famille Dans ma paroisse Dans mon Église locale<br />
Aux instituts séculiers<br />
1. Est-ce que je recherche et saisis des occasions d’enseigner aux jeunes et aux jeunes<br />
adultes la nécessité de discerner l’appel unique de Dieu dans la vie de chacun<br />
2. Est-ce que je partage avec les autres, à l’école, à la paroisse ou dans mon diocèse,<br />
sur le ministère ordonné et les nombreux charismes de la vie consacrée dans<br />
l’Église, notamment mon appel particulier à la mission de l’Église<br />
3. Sachant que je suis appelé à être «levain de sagesse et témoin de la grâce dans la vie<br />
culturelle, économique et politique», est-ce je vis cet appel de manière à en inciter<br />
d’autres à se mettre à l’écoute de l’Esprit pour discerner leur propre appel<br />
4. Comment mon appel à «rendre présentes dans la société la nouveauté et la<br />
puissance du Royaume du Christ» me pousse-t-il à participer activement à la<br />
promotion du ministère ordonné et de la vie consacrée auprès des membres de ma<br />
famille, des collègues et amis avec qui j’entre en contact<br />
5. Comme membre d’un institut séculier, est-ce que je vis la vie évangélique de<br />
manière que d’autres soient incités à chercher le dessein de Dieu sur eux<br />
6. En quoi ma vie de laïc consacré m’amène-t-elle à entrer en dialogue avec des jeunes<br />
adultes afin que mon institut et moi-même puissions travailler avec eux à<br />
promouvoir «l’égalité, à guérir la rupture du péché et de la douleur, et à susciter un<br />
renouveau authentique»<br />
7. Comment est-ce que j’aide d’autres laïcs<br />
consacrés à faire connaître notre vocation Mon<br />
évêque est-il au courant de mon engagement<br />
envers Dieu et envers l’Église comme membre<br />
d’un institut séculier Que puis-je faire de plus<br />
pour encourager mon institut à partager le<br />
trésor de notre vocation<br />
8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter<br />
une «culture de la vocation» au sein de mon<br />
institut séculier Dans mon Église locale<br />
«Commentmonappel…<br />
mepousse-t-ilàparticiper<br />
activementàlapromotiondu<br />
ministèreordonnéetdelavie<br />
consacrée …»<br />
Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres<br />
1. De quelle façon est-ce que j’offre un témoignage authentique et joyeux de mon<br />
style de vie, de manière à communiquer mon enthousiasme et mon profond<br />
amour pour le Christ et l’Église<br />
2. Comment est-ce que je cherche l’occasion de parler aux jeunes et aux jeunes<br />
adultes de la vie consacrée et du ministère ordonné<br />
3. Ai-je des contacts avec les parents, pour les aider à encourager leurs enfants à<br />
envisager un appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée Est-ce que je les<br />
aide à se réjouir de voir un de leur enfants ou de leurs proches appelé à exercer ces<br />
ministères dans l’Église<br />
4. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail l’option<br />
préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès Comment cette<br />
option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
95
SECTIONDEUx -Action<br />
5. Comment vais-je réagir pratiquement à la<br />
déclaration des jeunes adultes présents au<br />
Congrès À quelle conversion leur texte<br />
m’appelle-t-il, moi Et ma congrégation ou mon<br />
institut<br />
6. Comment la promotion que je fais du ministère<br />
ordonné et de la vie consacrée est-elle influencée<br />
par ma vie de prière et par celle des personnes<br />
avec qui je collabore<br />
7. Ma vie de prière, personnelle et liturgique, estelle<br />
une invitation pour ceux et celles que Dieu<br />
appelle au ministère ordonné ou à la vie<br />
consacrée<br />
8. Les jeunes adultes ont demandé un «dialogue<br />
pour qu’ensemble nous puissions travailler à<br />
l’égalité, guérir la blessure du péché et de la<br />
souffrance, et susciter un renouveau<br />
authentique». Comment ma vie consacrée<br />
répond-elle à leur demande Que puis-je faire de<br />
plus<br />
9. Est-ce que je crois vraiment que les hommes et les femmes d’aujourd’hui<br />
continuent de recevoir l’appel au ministère et à la vie consacrée Est-ce que je<br />
cherche l’occasion de partager ce que je vis avec d’autres qui pourraient recevoir cet<br />
appel<br />
10. Dans ma vie religieuse, est-ce que ma façon de suivre le Christ et d’être uni à Dieu<br />
invite les autres à envisager ce genre de vie<br />
11. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma<br />
congrégation Dans mon Église locale<br />
Aux jeunes adultes<br />
1. Est-ce que je crois à l’appel de Dieu que j’ai reçu au baptême Comment est-ce que<br />
je cherche l’occasion de découvrir ce qu’est pour moi cet appel<br />
2. Quels sont les moyens que je prends pour grandir dans ma foi Est-ce que je<br />
grandis dans ma vie de prière de manière à découvrir ma vocation dans l’Église et<br />
dans le monde, et à y répondre sans réserve<br />
3. Quels changements précis (conversions) vont se produire dans ma relation à Dieu<br />
et à l’Église, à la suite du Congrès continental<br />
4. Est-ce que je crois passionnément à l’Église et à son<br />
ministère Comment est-ce que j’invite les autres à<br />
«Est-cequejecrois<br />
passionnémentàl’Égliseetà<br />
sonministère»<br />
partager cette conviction<br />
5. Est-ce que je crois vraiment que le Seigneur<br />
continue d’appeler de nombreux jeunes au<br />
ministère ordonné et à la vie consacrée Est-ce que<br />
je me suis sérieusement posé la question de savoir si<br />
Dieu m’appelle à la prêtrise ou à la vie religieuse<br />
6. Quel est mon plan pour répondre à cet appel à la<br />
sainteté qui ne s’adresse qu’à moi<br />
96 Chapitrecinq
7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma<br />
famille Chez mes amis, mes confrères et consœurs de classe, mes collègues au<br />
travail Dans mon Église locale<br />
Aux éducatrices et aux éducateurs<br />
1. Est-ce que je suis fidèle à faire comprendre que chaque personne a une vocation<br />
Comment est-ce que je vis, moi, mon appel à devenir disciple<br />
2. Comment est-ce que je vis mon propre cheminement de foi en réponse à l’appel<br />
de Dieu<br />
3. Comment mieux intégrer une conception plus mûre de la vocation à mon travail<br />
d’éducateur ou de formateur<br />
4. Quelle est la part de mon temps que je consacre aux vocations, à la vocation en<br />
général et à certaines vocations particulières<br />
5. Comme éducateur catholique, est-ce que je me considère «catéchète» Est-ce que je<br />
vais chercher des ressources et une formation pour donner un enseignement<br />
catéchétique<br />
6. Comment est-ce que j’intègre la notion d’«appel» au programme que j’enseigne ou<br />
que j’influence<br />
7. Est-ce que je cultive une vie de foi intense et un profond renouveau spirituel dans<br />
la communauté enseignante à laquelle j’appartiens, de manière que les jeunes<br />
répondent généreusement à l’appel de Dieu<br />
8. Est-ce que je crois en l’appel que chacun a reçu de Dieu au baptême Est-ce que je<br />
cherche l’occasion d’aider des étudiants à découvrir l’appel que Dieu leur adresse<br />
9. Comment est-ce que je prévois faire ressortir<br />
dans mon travail l’option préférentielle pour<br />
les jeunes recommandée par le Congrès<br />
Comment cette option se répercutera-t-elle sur<br />
mes idées et sur mes projets<br />
10. Comment est-ce que je donne à mes étudiants<br />
le goût de vivre pleinement leur baptême et leur<br />
confirmation, comme disciples dans le monde<br />
11. Est-ce que j’encourage les parents à parler à leurs<br />
enfants du ministère ordonné et de la vie<br />
consacrée, du mariage et d’un célibat généreux<br />
Est-ce que je leur donne l’occasion de se renseigner<br />
sur la façon de discerner l’appel de Dieu<br />
12. Que puis-je faire de plus pour susciter une<br />
«culture de la vocation» dans ma classe Dans<br />
mon institution d’enseignement Dans mon<br />
Église locale<br />
Aux parents<br />
1. Suis-je disposé à laisser Dieu agir dans la vie<br />
intérieure de mes enfants et les amener au<br />
ministère ordonné ou à la vie consacrée, si telle<br />
est Sa volonté<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
97
SECTIONDEUx -Action<br />
«Suis-jedisposéàlaisser<br />
Dieuagirdanslavie<br />
intérieuredemesenfants»<br />
2. Mon plan pour répondre à l’appel à la sainteté prévoit-il une ouverture dans<br />
l’amour à ce que Dieu a choisi pour mes enfants Est-ce que cela va jusqu’à les<br />
encourager à examiner la possibilité d’un appel au ministère ordonné ou à la vie<br />
consacrée, outre le mariage ou le célibat<br />
3. Ma famille est-elle une communauté où la vie de foi intense favorise une réponse<br />
généreuse de ceux qui sont appelés au ministère ordonné ou à la vie consacrée<br />
4. Comment est-ce que je cherche l’occasion d’enrichir ma compréhension de la foi<br />
afin de pouvoir mieux réagir aux questions des jeunes en quête de réponses<br />
5. Les jeunes et les jeunes adultes d’aujourd’hui cherchent<br />
des «témoins authentiques et joyeux» des différentes<br />
vocations dans l’Église Quel est le témoignage que je<br />
donne, moi qui ai reçu les sacrements de baptême, de<br />
confirmation et de mariage et qui ai reçu la grâce d’être<br />
parent Que puis-je faire de plus pour réorienter ma vie<br />
pour appuyer la dimension de joyeux témoignage<br />
6. Comment vais-je discuter de l’appel au ministère ordonné<br />
ou à la vie consacrée avec des amis et des parents qui résistent<br />
à l’intérêt de leurs enfants pour l’un de ces appels de Dieu<br />
7. Est-ce que je cherche l’occasion de collaborer aux activités pour les jeunes et les<br />
jeunes adultes dans ma paroisse Est-ce que je les aide à reconnaître l’appel<br />
particulier qui leur est adressé<br />
8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans<br />
mon foyer Dans mon quartier Dans mon Église locale<br />
Aux responsables diocésains et<br />
religieux de la pastorale des vocations<br />
1. Comment ma façon de promouvoir le ministère ordonné et la vie consacrée estelle<br />
influencée par ma vie de prière et par celle des gens avec qui je collabore<br />
2. Comment est-ce que j’entre en contact avec les jeunes et les jeunes adultes Est-ce<br />
que je sais donner suite à ces premiers contacts<br />
3. Comment est-ce que je conserve l’enthousiasme et l’espérance dans mon travail en<br />
pastorale vocationnelle, et comment est-ce que j’aide les autres à le faire<br />
4. Que puis-je faire pour inviter plus de laïcs à s’impliquer dans la promotion des<br />
vocations Ai-je le souci de l’avenir de toutes les vocations dans l’Église, à part celle<br />
dont je suis directement responsable<br />
5. Comment puis-je mettre en pratique ce nouveau Plan pastoral nord-américain,<br />
avec l’aide et l’appui de tous les intéressés<br />
6. Est-ce que je demande et reçois assez d’appui des évêques, des supérieurs majeurs,<br />
de congrès nationaux, d’ateliers spécialisés, etc. pour mon ministère<br />
7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail l’option<br />
préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès Comment cette<br />
option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets<br />
8. Quelle sera ma réaction concrète (conversion) à la déclaration préparée par les<br />
jeunes adultes présents au Congrès sur les vocations<br />
9. Est-ce que mon programme de promotion des vocations se fonde sur «une vie de<br />
prière et un environnement spirituel» pour éveiller chez les fidèles le désir de se<br />
98 Chapitrecinq
donner totalement au Seigneur dans le ministère ordonné ou la vie consacrée<br />
10. Comment est-ce que je reste centré sur la personne de Jésus quand je présente aux<br />
jeunes et aux jeunes adultes l’appel au ministère ordonné et à la vie consacrée<br />
11. De quelle façon est-ce que je collabore avec des organismes laïcs et autres, voués à<br />
la promotion des vocations, sur le plan local, régional et national<br />
12. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans<br />
mon diocèse Dans mon institut religieux Dans mon Église locale<br />
Aux directrices et aux directeurs de formation<br />
1. Est-ce que je m’emploie à découvrir l’appel de Dieu le Père avec chacune des<br />
personnes dont la formation m’a été confiée Est-ce que je sais fournir des<br />
occasions de reconnaître cet appel et de l’assumer<br />
2. Mon programme de formation se fonde-t-il sur «une vie de prière et un<br />
environnement spirituel» afin d’éveiller un don de soi total au Seigneur dans le<br />
ministère ordonné ou la vie consacrée<br />
3. Comment est-ce que je veille à ce que Jésus Christ soit bien au cœur de mon<br />
programme de formation<br />
4. En quoi mon programme de formation favorise-t-il des relations saines entre ceux<br />
et celles qui sont appelés au ministère ordonné et à la vie consacrée dans la<br />
perspective du mystère du Christ et de l’Église<br />
5. Comment mon programme de formation<br />
amène-t-il ceux et celles qu’il forme à<br />
«marcher à la suite de Jésus»<br />
6. Mon programme de formation se fonde-t-il<br />
sur «une vie de prière et un environnement<br />
spirituel» afin d’éveiller un don de soi total<br />
au Seigneur dans le ministère ordonné ou la<br />
vie consacrée<br />
7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter<br />
une «culture de la vocation» dans mon<br />
centre de formation ou de discernement<br />
Dans mon séminaire ou mon théologat<br />
Dans mon Église locale<br />
Aux agents de pastorale<br />
scolaire et universitaire<br />
1. Comment est-ce que je fais connaître dans<br />
mon milieu les programmes vocationnels de<br />
différentes communautés<br />
2. Est-ce que j’organise des soirées ou des<br />
événements d’information vocationnelle<br />
Suis-je ouvert à l’idée que des groupes de<br />
discernement se réunissent sur mon campus,<br />
à mon école, dans ma paroisse<br />
3. Est-ce que je travaille en collaboration avec<br />
les agents de pastorale des vocations de mon<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
99
SECTIONDEUx -Action<br />
milieu Y aurait-il moyen pour moi d’inviter des religieux ou des religieuses, des<br />
laïcs consacrés, des diacres et des prêtres à participer à mon programme de<br />
pastorale universitaire, de pastorale scolaire ou de pastorale jeunesse Pourrais-je<br />
les inviter à participer à la préparation et à la célébration des liturgies<br />
4. Est-ce que je cherche l’occasion de stimuler l’intensité de la foi et la profondeur du<br />
profond renouveau spirituel dans la communauté de mon école, de mon collège<br />
ou de mon université<br />
5. Comment est-ce que je m’informe des différents outils de discernement des<br />
vocations Est-ce que je sais à qui diriger ou référer ceux et celles qui discernent un<br />
appel au ministère ordonné ou à la vie consacrée<br />
6. Est-ce que je crois en l’appel que chacun reçoit de Dieu au baptême Comment estce<br />
que je cherche l’occasion d’aider les autres à découvrir cet appel<br />
7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail à l’école ou à<br />
l’université l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès<br />
Comment cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets<br />
8. En quoi la promotion que je fais du ministère ordonné et de la vie consacrée estelle<br />
influencée par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs<br />
9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» à mon<br />
école, mon collège ou mon université Dans mon Église locale<br />
Aux animatrices et aux animateurs jeunesse<br />
1. En préparant mes activités pour les jeunes auprès de qui je travaille, comment estce<br />
que je cherche l’occasion de stimuler et de nourrir «la foi intense et le profond<br />
renouveau spirituel» que demande le Saint-Père<br />
2. Comment ma façon de vivre ma propre vocation proclame-t-elle l’Évangile «avec<br />
conviction et avec passion», de manière à éveiller chez les jeunes qui me sont<br />
confiés le désir de discerner leur propre vocation<br />
3. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes<br />
l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès Comment<br />
cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets<br />
4. Est-ce que les jeunes pour qui je travaille reconnaissent en moi une personne<br />
engagée à vivre l’appel que Dieu m’a donné avec la grâce du baptême<br />
100 Chapitrecinq
5. De quelle façon des religieux et des prêtres pourraient-ils être présents à mes<br />
activités de pastorale jeunesse<br />
6. Me serait-il possible d’associer des religieuses, des religieux et des prêtres à la<br />
planification et à la célébration des liturgies pour les jeunes<br />
7. En quoi la promotion que je fais du ministère ordonné et de la vie consacrée estelle<br />
influencée par ma propre vie de prière et par celle de mes collaborateurs<br />
8. Un groupe nombreux de jeunes adultes a participé au Congrès sur les vocations à<br />
Montréal. Quelle est ma réaction concrète à la déclaration préparée par ce groupe<br />
de jeunes adultes<br />
9. En quoi mes activités jeunesse proclament-elles l’Évangile avec conviction et avec<br />
passion<br />
10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans<br />
mon groupe de jeunes Dans ma paroisse, mon école ou mon programme de<br />
pastorale jeunesse Dans mon Église locale<br />
Aux séminaristes<br />
1. Ma vie de prière est-elle une invitation pour ceux et celles que Dieu pourrait<br />
appeler au ministère ordonné ou à la vie consacrée<br />
2. Est-ce que je donne aux autres le témoignage de ce que mon union au Christ, notre<br />
Tête, est la source et la ressource de mon désir de devenir prêtre<br />
3. Est-ce que je crois en l’appel que chacun a reçu de Dieu au baptême Comment ma<br />
façon de vivre la formation reflète-t-elle ma foi en cet appel<br />
4. Comment ma façon de recevoir ma formation me prépare-t-elle à devenir pour les<br />
autres un exemple et un accompagnateur<br />
5. Est-ce que, pour répondre à l’appel que j’ai reçu au baptême, je cherche l’occasion<br />
de parler à des jeunes adultes et de donner un enseignement ou une formation<br />
catéchétiques<br />
6. Comment est-ce que je reste centré sur la Personne de Jésus dans ma formation<br />
pour devenir prêtre de Son Église<br />
7. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans<br />
mon séminaire ou ma maison de formation Dans mon église locale<br />
Aux jeunes religieuses et religieux<br />
(novices, professes et profès temporaires)<br />
1. Comment est-ce que je me prépare à vivre mon<br />
appel à être disciple de Jésus, à partager sa<br />
mission<br />
2. Ma prière est-elle une invitation pour ceux et celles<br />
que Dieu appelle à la vie consacrée<br />
3. Comment ma réponse à ma vocation proclame-telle<br />
l’Évangile avec conviction et avec passion<br />
4. Comment est-ce que je m’engage dans ma<br />
vocation Est-ce que j’en rends souvent grâces à<br />
Dieu Est-ce que j’aide les autres à découvrir leur<br />
appel<br />
«Commentmaréponseàma<br />
vocationproclame-t-elle<br />
l’Évangileavecconvictionet<br />
avecpassion»<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
101
SECTIONDEUx -Action<br />
5. Quels changements concrets vont se produire dans ma vie, sur le plan de la<br />
promotion des vocations, à la suite du Congrès continental<br />
6. Est-ce que je crois que des hommes et des femmes reçoivent aujourd’hui encore<br />
l’appel à la prêtrise et à la vie consacrée et est-ce que je cherche l’occasion de<br />
partager ce que je vis avec d’autres qui pourraient recevoir cet appel<br />
7. Dans ma vie religieuse, est-ce que ma façon de suivre le Christ et d’être uni(e) à<br />
Dieu inspire à d’autres d’envisager ce choix de vie Est-ce que ma façon de vivre les<br />
vœux manifeste une façon joyeuse et constamment pertinente de vivre le message<br />
de l’Évangile<br />
8. Est-ce que ma participation au programme de formation suscite aujourd’hui en<br />
moi et chez les autres ce genre de sainteté<br />
9. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans ma<br />
congrégation ou mon institut religieux Dans mon Église locale<br />
Aux Serrans, Chevaliers de Colomb<br />
et autres organismes laïcs<br />
1. Est-ce que je cherche l’occasion d’aider mon organisme à promouvoir activement<br />
une vie de foi intense et un profond renouveau spirituel<br />
2. Mon organisme proclame-t-il l’Évangile avec conviction et avec passion<br />
3. Quelle est ma réaction concrète à la déclaration préparée par les jeunes adultes qui<br />
ont participé au Congrès Qu’est-ce que mon organisme prévoit faire pour y<br />
répondre<br />
4. Mon organisme prend-il l’initiative de promouvoir l’appel universel à la sainteté<br />
auprès de ses membres et des personnes à qui ils viennent en aide<br />
5. Est-ce que je cherche l’occasion de parler aux jeunes et aux jeunes adultes du<br />
ministère ordonné et de la vie consacrée dans l’Église<br />
6. Comment est-ce que j’aide les parents à encourager leurs enfants à scruter l’appel<br />
au ministère ordonné ou à la vie consacrée<br />
7. Quels changements concrets vont survenir dans ma vie, sur le plan de la fidélité à<br />
ma propre vocation et à la promotion des vocations, à la suite du Congrès<br />
continental<br />
8. Comment est-ce que je prévois faire ressortir<br />
dans mon travail avec les jeunes l’option<br />
préférentielle pour les jeunes recommandée<br />
par le Congrès Comment cette option se<br />
répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes<br />
projets À quels changements va procéder mon<br />
organisme<br />
9. Comment ma façon de promouvoir le ministère<br />
ordonné et la vie consacrée est-elle influencée et<br />
enrichie par ma propre vie de prière et par celle<br />
de mes collaborateurs<br />
10. Est-ce que je crois que les hommes et les<br />
femmes d’aujourd’hui continuent de recevoir<br />
l’appel au ministère ordonné et à la vie<br />
consacrée<br />
102 Chapitrecinq
11. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein<br />
de mon organisme Dans ma paroisse Dans mon diocèse Dans les autres<br />
secteurs de l’Église locale<br />
Aux nouveaux mouvements ecclésiaux<br />
1. En quoi ma vie exprime-t-elle l’appel à<br />
marcher à la suite de Jésus Comment puisje<br />
continuellement faire de Lui le foyer de<br />
mon existence<br />
2. En quoi ma façon de promouvoir le<br />
ministère ordonné et la vie consacrée est-elle<br />
influencée et enrichie par ma propre vie de<br />
prière et par celle de mes collaborateurs<br />
3. Dans la nouveauté de mon appel au sein de<br />
l’Église, est-ce que je cherche des façons de<br />
témoigner de ma confiance en Dieu Est-ce<br />
que je travaille en esprit de coopération avec<br />
les ministres ordonnés et d’autres personnes consacrées, avec des laïcs mariés ou<br />
célibataires, avec tous les hommes et les femmes de foi<br />
4. Comment est-ce que j’entre en contact avec les gens dans notre Église et dans la<br />
société pour les aider à scruter un appel au ministère ordonné et à la vie consacrée<br />
aussi bien qu’à mon propre style de vie dans l’Église<br />
5. Est-ce que j’entre en dialogue avec des jeunes adultes et est-ce que je suis disposé à<br />
travailler auprès des jeunes de notre Église<br />
6. Quelle est la qualité de mon engagement dans ma vocation Est-ce qu’il m’arrive<br />
souvent d’en rendre grâces à Dieu Est-ce que j’aide les autres à découvrir leur appel<br />
7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes<br />
l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès Comment<br />
cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets Quels<br />
changements vais-je recommander à mon «mouvement»<br />
8. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» au sein<br />
de mon mouvement Dans mon Église locale<br />
Aux communicatrices, aux communicateurs et<br />
spécialistes des médias<br />
«Est-cequej’entreendialogue<br />
avecdesjeunesadultesetestcequejesuisdisposé(e)à<br />
travaillerauprèsdesjeunesde<br />
notreÉglise»<br />
1. Comment ma réponse à ma vocation proclame-t-elle l’Évangile avec conviction et<br />
avec passion<br />
2. Est-ce que je crois que les hommes et les femmes d’aujourd’hui reçoivent l’appel<br />
au ministère ordonné et à la vie consacrée, et est-ce que je cherche des façons de<br />
manifester cette conviction dans mes communications avec le public<br />
3. Dans mon travail de communication et dans mon recours aux médias, est-ce que<br />
je cherche l’occasion d’informer les jeunes et les jeunes adultes sur le ministère<br />
ordonné et les diverses formes de vie consacrée dans l’Église Est-ce que j’en<br />
présente une image positive quoique réaliste<br />
4. Est-ce que je prends l’initiative de promouvoir la sainteté parmi les gens de notre<br />
Église grâce à l’information que je diffuse<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
103
SECTIONDEUx -Action<br />
5. Est-ce que j’encourage les jeunes adultes, est-ce que j’entre en dialogue avec eux et<br />
est-ce que je me déclare prêt à les aider à trouver leur place dans l’Église<br />
6. Est-ce que la forme et le contenu de mon travail traduisent ma foi en l’appel à une<br />
sainteté axée sur Jésus Est-ce que je me présente à mes collègues et au public<br />
comme quelqu’un qui est disposé à défendre une position catholique sur des<br />
questions importantes<br />
7. Comment est-ce que je prévois faire ressortir dans mon travail avec les jeunes<br />
l’option préférentielle pour les jeunes recommandée par le Congrès Comment<br />
cette option se répercutera-t-elle sur mes idées et sur mes projets Quels<br />
changements (conversion) ai-je décidé de vivre<br />
8. Face aux nombreux postes qu’offre le monde moderne, quels sont les efforts que je<br />
fais pour rapprocher ma foi et mon Dieu, de manière à réaliser ma propre vocation<br />
9. Comment est-ce que j’entre en contact avec les gens de notre Église et de la société<br />
en général pour les aider à scruter un appel au ministère ordonné ou à la vie<br />
consacrée de manière positive et fructueuse<br />
10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter une «culture de la vocation» dans la<br />
société en général, par mon engagement dans les médias Dans mon Église locale<br />
Aux paroissiennes et aux paroissiens<br />
1. En tant que membre actif de ma paroisse, est-ce que j’assume ma responsabilité de<br />
prendre au sérieux l’appel de Dieu à chacun d’entre nous<br />
2. Ma paroisse fait-elle la promotion du ministère ordonné et des différentes formes<br />
de vie consacrée dans ses activités et ses programmes Pourrions-nous faire plus<br />
3. L’enseignement religieux que nous donnons aux enfants, aux adolescents et aux<br />
adultes est-il à la hauteur de ce qu’il devrait être Parvient-il à intégrer la théologie<br />
de l’appel universel de Dieu à la sainteté et à la mission Présente-t-il clairement le<br />
ministère ordonné, la vie consacrée, le mariage et le célibat comme des vocations<br />
dignes et nécessaires dans l’Église<br />
104 Chapitrecinq
4. Les personnes qui tentent de répondre à l’appel de Dieu, les encourageons-nous à<br />
faire des retraites, à visiter des séminaires ou des maisons religieuses, à passer du<br />
temps avec des personnes consacrées Comment pourrions-nous aider à financer<br />
ce genre d’activités<br />
5. Si ma paroisse parraine une école catholique, est-ce que je sais si les<br />
administrateurs, les enseignants et le(s) conseiller(s) en orientation encouragent et<br />
aident les élèves à discerner activement leur vocation chrétienne<br />
6. Est-ce que la vie liturgique et les dévotions de la paroisse sont assez accueillantes<br />
pour les jeunes et adaptées à leurs besoins Cherche-t-elle à refléter la diversité<br />
culturelle, linguistique et raciale de notre communauté paroissiale<br />
7. Est-ce que je suis accueillant personnellement (et sommes-nous accueillants<br />
collectivement) à l’égard des jeunes et des moins jeunes qui discernent activement<br />
un appel de Dieu à une vocation ecclésiale Comment pourrions-nous les appuyer<br />
davantage<br />
8. Notre paroisse a-t-elle un comité des vocations<br />
Si oui, quel est son mandat<br />
9. Quelles vocations ecclésiales promouvonsnous<br />
dans la paroisse Pour lesquelles prionsnous<br />
10. Que puis-je faire de plus pour aider à susciter<br />
une «culture de la vocation» dans ma paroisse<br />
Dans ma région, ma zone pastorale, mon<br />
diocèse ou mon éparchie Ailleurs dans mon<br />
Église locale<br />
«Notreparoissea-t-elleun<br />
comitédesvocationsSioui,<br />
quelestsonmandat»<br />
Unpland’actionpastoralprécis:suggestionspratiques<br />
105
ChAPITRE6<br />
«Ilsl’avaientreconnuquand<br />
ilavaitrompulepain.»<br />
Guide d’animation<br />
«Ils racontaient ce<br />
qui s’était passé<br />
sur la route, et<br />
comment ils l’avaient<br />
reconnu quand il avait<br />
rompu le pain.»<br />
Luc 24:35<br />
MATIÈRE DU PRÉSENT ChAPITRE<br />
GUIDE D’ANIMATION<br />
LETTRE D’INVITATION<br />
Ordre du jour<br />
1. Prière d’ouverture<br />
APPEL À LA PRIÈRE<br />
PRIÈRE D’OUVERTURE<br />
LECTURE<br />
RÉFLEXION EN SILENCE<br />
ChANT : EN MISSION<br />
2. Vue d’ensemble du Plan pastoral – sa genèse<br />
L’hISTOIRE DU CONGRÈS<br />
LES RENCONTRES RÉGIONALES<br />
LE CONGRÈS CONTINENTAL<br />
3. Discussion du Plan pastoral<br />
4. Questions qui s’adressent à des organismes ou à des groupes<br />
particuliers<br />
5. Plan d’action<br />
Grille du Plan d’action<br />
Description d’un Plan d’action<br />
Groupe cible<br />
Personnel / matériel nécessaires à<br />
la planification (peut impliquer d’autres groupes,<br />
personnes, organismes)<br />
la mise en œuvre<br />
Démarche (les prochaines étapes)<br />
Échéancier<br />
Coûts (peut ne pas s’appliquer)<br />
Évaluation du Plan (rapport d’étape, évaluation finale)<br />
Remise du Plan d’action et résultats<br />
106 Chapitresix
GUIDED’ANIMATION<br />
pourlesréunionsdanslesparoisses,zonespastorales,diocèses,<br />
éparchies,communautés,organismesnationauxetdanslesrégions<br />
àlasuitedu<br />
TroisièmeCongrèscontinentalsurlesvocationsauministère<br />
ordonnéetàlavieconsacréeenAmériqueduNord<br />
Montréal,Québec,Canada<br />
18-21avril2002<br />
Lettred’invitation<br />
VOCACIÓN,DONDEDIEU,<br />
GIVENFORGOD’SPEOPLE<br />
Chère animatrice, Cher animateur,<br />
Bonjour! Nous avons la joie, en vous présentant le Plan pastoral pour les vocations en<br />
Amérique du Nord de partager avec vous le fruit d'un vaste effort collectif. Nous<br />
espérons que vous prendrez le temps d'en apprivoiser le contenu afin d'être en mesure<br />
d'aider votre groupe à formuler des plans d'action adaptés à la situation de votre<br />
organisme et de votre milieu.<br />
Le Plan pastoral s'appuie sur le fait que chaque organisme national ou chaque<br />
groupe particulier va contribuer d'une manière spéciale à susciter une "culture de la<br />
vocation" dans l'Église locale à travers toute l'Amérique du Nord. L'apport des<br />
éducateurs, par exemple, ne sera pas celui des agents de pastorale scolaire, des<br />
aumôniers d'université, des parents, des responsables de la pastorale des vocations ou<br />
des évêques. Et le Plan prendra un visage un peu différent dans chaque pays et dans<br />
chaque région pour répondre aux besoins les plus urgents.<br />
Le Guide d'animation a été conçu pour aider les organismes nationaux, les groupes<br />
diocésains, les paroisses et autres entités, à s'engager de façon encore plus concrète<br />
dans le travail de sensibilisation à la vocation et d'invitation explicite. Avant de<br />
formuler un plan d'action, toutefois, il est indispensable que chaque participant se<br />
familiarise avec les objectifs, l'esprit et les suites du Congrès des vocations de Montréal,<br />
afin que vos plans d'action reflètent l'appel à la conversion qui s'y est exprimé avec une<br />
telle clarté.<br />
Avant de tenir votre ou vos réunions, il y aurait avantage à remettre aux participants<br />
un exemplaire de ce Plan pastoral afin qu'ils puissent prendre connaissance de son<br />
contenu. Vous y trouverez le texte d'une prière et une démarche de réunion pour vous<br />
simplifier la tâche. Ce ne sont là que des suggestions. Vous êtes invité à adapter la<br />
démarche et le contenu de votre ou de vos réunions à votre situation particulière. Ce<br />
qui importe, c'est que vous travailliez à vous donner un plan d'action précis, qui<br />
contribuera à susciter une culture favorable aux vocations.<br />
Puisse l'Esprit vous accompagner dans votre travail de réflexion et de planification<br />
et, ce faisant, puissiez-vous connaître la grâce infinie de Dieu qui vous donne de vivre<br />
votre propre vocation dans l'Église.<br />
«Ilsl’avaientreconnuquandilavaitrompulepain.»<br />
107
SECTIONDEUx -Action<br />
Ordredujour<br />
Pourlesréunionsdediocèses,éparchies,<br />
communautés,organismesnationauxetrégions<br />
Créerune«culturedelavocation»:<br />
Démarchedediscussion/planification<br />
1 re partie : prière d’ouverture<br />
APPELÀLAPRIÈRE<br />
Anim. : Gloire à Dieu, qui jette la semence et récolte la moisson.<br />
Béni soit Dieu à jamais.<br />
Tous : Béni soit Dieu à jamais.<br />
PRIÈRED’OUVERTURE<br />
Père aimant, source de vie et de bonté, nous nous réjouissons du don de ton Fils, qui<br />
réside sans cesse parmi nous pour nous révéler la splendeur de ton amour. Nous t'en<br />
prions, appelle à ton service de fidèles disciples de Jésus, qui se donnent au ministère<br />
ordonné et à la vie consacrée. Imprégnés de ton amour et de ta miséricorde, puissentils<br />
offrir généreusement leur vie à l'Église et être aux yeux de tous des témoins vivants<br />
de ton amour.<br />
Seigneur Jésus Christ, Maître de la Moisson, lumière véritable venue dans le<br />
monde, bénis ce Plan pastoral et le fruit de nos travaux. Aide-nous à trouver des façons<br />
concrètes de le mettre en œuvre pour que s'accroisse le nombre des ouvriers pour ta<br />
moisson. Nous te demandons la grâce de prêcher et de vivre l'Évangile qui apporte à<br />
tout être humain l'espérance de la vie éternelle.<br />
Esprit Saint, tu ouvres le cœur et l'esprit à l'appel divin; tu rends efficace tout élan<br />
vers le bien, vers la vérité, vers la charité. Bénis notre façon d'appliquer le Plan pastoral<br />
et inspire la ferveur et la générosité des fidèles d'Amérique du Nord pour qu'ils<br />
encouragent et qu'ils appuient ceux et celles que tu appelles au ministère ordonné et<br />
à la vie consacrée, en particulier leurs amis et les membres de leur famille.<br />
Ô Vierge Marie, Mère de l'Église, aide ceux et celles que le Maître appelle au service<br />
de l'Évangile à faire écho à ton "oui" confiant afin que l'œuvre de l'évangélisation<br />
amène toute langue à proclamer que Jésus Christ est Seigneur pour la gloire de Dieu.<br />
Amen.<br />
108 Chapitresix
LECTURE<br />
Lecture tirée de l’Évangile de Luc (24, 13-35)<br />
La route d’Emmaüs<br />
Le même jour, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux<br />
heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s'était passé.<br />
Or, tandis qu'ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s'approcha, et il marchait avec<br />
eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit :<br />
"De quoi causiez vous donc, tout en marchant" Alors, ils s'arrêtèrent, tout tristes.<br />
L'un d'eux, nommé Cléophas, répondit : "Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient<br />
à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci." Il leur dit : "Quels événements"<br />
Ils lui répondirent : "Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un<br />
prophète puissant par ses actes et par ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple.<br />
Les chefs des prêtres et nos dirigeants l'ont livré, ils l'ont fait condamner à mort et ils<br />
l'ont crucifié. Et nous qui espérions qu'il serait le libérateur d'Israël! Avec tout cela,<br />
voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c'est arrivé. À vrai dire, nous avons été<br />
bouleversés par quelques femmes de notre groupe; elles sont même venues nous dire<br />
qu'elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu'il était vivant. Quelquesuns<br />
de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les<br />
femmes l'avaient dit; mais lui, ils ne l'ont pas vu."<br />
Il leur dit alors : "Vous n'avez donc pas compris! Comme votre cœur est lent à<br />
croire tout ce qu'ont dit les prophètes! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela<br />
pour entrer dans sa gloire" Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur<br />
expliqua, dans toute l'Écriture, ce qui le concernait.<br />
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d'aller plus<br />
loin. Mais ils s'efforcèrent de le retenir : "Reste avec nous : le soir approche et déjà le<br />
jour baisse." Il entra donc pour rester avec eux. Quand il fut à table avec eux, il prit le<br />
pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s'ouvrirent, et ils<br />
le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l'un à l'autre : "Notre<br />
cœur n'était pas brûlant en nous, tandis qu'il nous parlait sur la route, et qu'il nous<br />
faisait comprendre les Écritures"<br />
À l'instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis<br />
les onze Apôtres et leurs compagnons qui leur dirent : "C'est vrai! Le Seigneur est<br />
ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre." À leur tour, ils racontaient ce qui s'était passé<br />
sur la route, et comment ils l'avaient reconnu quand il avait rompu le pain.<br />
RÉFLExIONENSILENCE<br />
«Ilsl’avaientreconnuquandilavaitrompulepain.»<br />
109
SECTIONDEUx -Action<br />
CHANT : EN MISSION<br />
Paroles : Julie Lafontaine<br />
Musique : Julie Lafontaine and Bernie Cossentino<br />
© Oregon Catholic Press, 2001. Reproduit avec autorisation.<br />
REFRAIN<br />
&<br />
4<br />
4‰. r<br />
English<br />
Français<br />
Español<br />
œ<br />
Me<br />
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I<br />
Vo -<br />
am called,<br />
ca - tion,<br />
lla - ma,<br />
& œ œ œ œ œ œ<br />
on<br />
nous<br />
na<br />
a<br />
at -<br />
mi -<br />
to<br />
et<br />
ser -<br />
me<br />
œ<br />
love<br />
je<br />
vir<br />
& œ œ.<br />
œ œ ‰<br />
œ œ<br />
I am called,<br />
Me voi - ci,<br />
lla - ma,<br />
œ . œ<br />
œ œ<br />
I<br />
Vo -<br />
am called,<br />
ca - tion,<br />
lla - ma<br />
œ œ œ œ<br />
and serve<br />
veux ê -<br />
al<br />
j’ai une<br />
me<br />
œ . œ<br />
I am<br />
vo -<br />
lla -<br />
& b œ œ.<br />
œ œ œ œ œ œ.<br />
I<br />
Dieu<br />
Mein -<br />
am<br />
m’en -<br />
vi -<br />
called<br />
voie<br />
taa<br />
on<br />
en<br />
su<br />
a mis - sion.<br />
mis - sion.<br />
mi - sión.<br />
Œ<br />
œ<br />
the Lord.<br />
tre là.<br />
Se - ñor.<br />
ca -<br />
œ œ<br />
called,<br />
tion,<br />
ma<br />
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œ œ.<br />
I<br />
Une<br />
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am called<br />
mis - sion<br />
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Œ<br />
Me<br />
to Verses/Bridge<br />
Œ<br />
Final<br />
&<br />
b œ œ.<br />
œ œ œ œ œ œ.<br />
We<br />
Dieu<br />
Mein -<br />
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m’en -<br />
vi -<br />
called<br />
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on<br />
en<br />
su<br />
mis-siotend<br />
sión,<br />
a mis-sion.<br />
mi-<br />
mis-sion.<br />
sión.<br />
. ˙<br />
‰ j<br />
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Yes,<br />
Sí,<br />
& b œ œ.<br />
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we<br />
Dieu<br />
mein -<br />
are<br />
m’en -<br />
called<br />
voie<br />
vi - taa<br />
on<br />
en<br />
su<br />
a<br />
mis -<br />
mi -<br />
mis -<br />
sion.<br />
sión.<br />
w<br />
sion.<br />
Jésus, tu es mon guide, le Maître de ma vie,<br />
Tu m'invites à ta table, à ton Eucharistie.<br />
Je réponds à ton appel, mais parfois je suis lent,<br />
J'entends ta voix et mon cœur s'ouvre grand.<br />
Jésus, ô Bon Berger, c'est toi qui me conduis,<br />
Et à mon tour, je guide tous ceux qui ont fui.<br />
Je veux toujours te suivre et marcher dans tes pas<br />
Au long de mon chemin, je sais que tu es là.<br />
Partager son rêve, en mission il nous envoie,<br />
Bâtir son Royaume, tous ensemble toi et moi.<br />
Je mets ma foi en lui, son amour me façonne,<br />
Sa joie, sa paix, chaque jour il me les donne.<br />
Jésus, Sauveur, tu donnes les plus précieux des dons,<br />
Pour nous et pour ton peuple : la vie, la vocation.<br />
Nos vœux et nos promesses,<br />
nos vies nous les offrons,<br />
Avec toi et pour toi en mission, mission.<br />
110 Chapitresix
2 e partie : survol du Plan pastoral – sa genèse<br />
L’hISTOIREDUCONGRÈS<br />
Le troisième Congrès continental sur les vocations a été organisé à la demande du<br />
pape Jean-Paul II par les conférences épiscopales des États-Unis et du Canada.<br />
Troisième rassemblement du genre, il avait été précédé par le Congrès latinoaméricain<br />
qui s'est déroulé à Sao Paulo, au Brésil, en 1994, et par le Congrès européen<br />
de Rome, en 1997.<br />
Le Congrès nord-américain avait pour objectif d'établir en Amérique du Nord un<br />
environnement favorable:<br />
• à la promotion des vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée;<br />
• à la mobilisation et à la concertation des volontés et des efforts de l'Église en<br />
Amérique du Nord pour identifier, reconnaître et cultiver les vocations;<br />
• à l'accueil des futurs ouvriers de la moisson.<br />
Les conférences épiscopales canadienne et américaine étaient les principales<br />
responsables de l'événement. Pour le préparer, elles ont travaillé en étroite<br />
collaboration avec l'Œuvre pontificale pour les vocations ecclésiastiques, à Rome, avec<br />
les supérieurs des instituts religieux et séculiers et avec les associations de responsables<br />
diocésains et religieux de la pastorale des vocations des États-Unis et du Canada.<br />
LESRENCONTRESRÉGIONALES<br />
En préparation de cet événement, au moins 220 réunions diocésaines et régionales se<br />
sont tenues aux États-Unis et au Canada. Plus de 10 000 personnes se sont réunies<br />
dans les diocèses, les éparchies, les communautés religieuses et d'autres assemblées, et<br />
elles ont communiqué leurs réactions. Ces rencontres ont porté sur trois grandes<br />
questions:<br />
1. Quand vous réfléchissez au ministère ordonné et à la vie consacrée, qu'est-ce<br />
qui est pour vous source d'espérance<br />
2. Quels sont les obstacles qui détournent quelqu'un d'envisager/encourager la<br />
prêtrise ou la vie consacrée<br />
3. Que devons-nous faire<br />
Ce partage a jeté les bases du dialogue qui s'est déroulé au Congrès. Il se passe déjà<br />
beaucoup de choses très encourageantes aux niveaux diocésain et national.<br />
Le thème du Congrès, "Vocación, Don de Dieu, Given for God's People", indique<br />
ce que le Congrès voulait être. Dès le départ, les concepteurs ont voulu que<br />
l'événement lui-même ainsi que les rencontres préparatoires correspondent au style<br />
de rencontre nord-américain : sous le signe de l'inspiration, de l'interpellation, du<br />
dialogue et du sens pratique. Par rapport aux congrès précédents, on a invité beaucoup<br />
plus de monde, notamment une représentation laïque plus importante, et tous les<br />
participants au Congrès lui-même étaient délégués : ils n'étaient pas là en<br />
observateurs. Le sens pratique ressortait de l'objectif prioritaire fixé pour le Congrès :<br />
l'élaboration d'un Plan pastoral nord-américain pour les vocations, qui définirait pour<br />
l'avenir une série de mesures pratiques.<br />
«Ilsl’avaientreconnuquandilavaitrompulepain.»<br />
111
SECTIONDEUx -Action<br />
LECONGRÈSCONTINENTAL<br />
Le troisième Congrès continental sur les vocations au ministère ordonné et à la vie<br />
consacrée pour l'Église en Amérique du Nord s'est tenu à Montréal, au Québec, du 18<br />
au 21 avril 2002. Dès le départ, on souhaitait disposer d'un Plan pastoral pour toute<br />
l'Amérique du Nord, voire pour l'Église universelle.<br />
Le Congrès avait aussi pour but de célébrer ce qui a été vécu dans un contexte de<br />
fête et de prière. Les délégués au Congrès représentaient des secteurs diversifiés :<br />
parents, jeunes adultes, animateurs et animatrices de pastorale jeunesse, aumôniers<br />
universitaires, agents de pastorale scolaire, membres d'instituts séculiers, supérieures<br />
et supérieurs religieux, évêques, curés, responsables de la pastorale des vocations,<br />
formatrices et formateurs, séminaristes, novices, jeunes religieux et religieuses,<br />
associés, Serrans, Chevaliers de Colomb, directeurs d'organismes laïcs, éducateurs et<br />
éducatrices, membres de mouvements d'Église laïcs, représentants de diverses Églises<br />
de rite oriental, et beaucoup d'autres. La diversité devenait encore plus évidente quand<br />
les délégués coiffaient leurs écouteurs pour suivre l'interprétation simultanée en<br />
anglais, en français ou en espagnol.<br />
Le Congrès n'a pas été que l'occasion de parler des vocations au ministère ordonné<br />
et à la vie consacrée. Il a offert une tribune pour discuter de l'avenir de notre Église. Les<br />
évaluations ont montré qu'un large éventail de perspectives théologiques et<br />
ecclésiologiques reflétaient au Congrès toutes les couleurs de la réalité ecclésiale. L'une<br />
des grandes grâces du Congrès, c'est que, dans l'ensemble, tous ont pu se rencontrer<br />
autour de quelque chose et de Quelqu'un de plus grand qu'eux-mêmes. Les visées<br />
individuelles n'ont pu s'imposer parce que les énergies étaient mobilisées par une<br />
tâche commune. Des différences étonnantes ont été accueillies avec un respect non<br />
moins étonnant. Nombre de gens ont indiqué combien le Congrès les avait touchés<br />
et avait même changé leur vie.<br />
Les conférenciers et les animateurs d'ateliers ont généreusement partagé le fruit de<br />
leurs recherches, sagesse née de l'étude attentive et de la réflexion théologique et<br />
spirituelle. Ils ont invité les participants à dépasser une réaction superficielle à la "crise<br />
des vocations" pour passer à l'analyse critique, et saisir une occasion privilégiée de<br />
réfléchir au discernement et à la conversion auxquels est appelée l'Église de ce temps.<br />
Les cinq conférences principales ont abordé cinq aspects fondamentaux des vocations<br />
au ministère ordonné et à la vie consacrée:<br />
1. Quels sont les fondements bibliques et théologiques des vocations ecclésiales<br />
2. Dans l'Église et la société d'aujourd'hui, quels sont les facteurs qui ont un<br />
impact sur les vocations<br />
3. En quoi la réalité multiculturelle de nos deux pays représente-t-elle à la fois un<br />
atout et un défi pour la pastorale des vocations<br />
4. À quoi ressemblent ces jeunes que nous aimerions voir envisager le ministère<br />
ordonné et la vie consacrée Quelles sont leurs valeurs et leurs croyances<br />
5. Comment une réflexion sur la mission de l'Église dans le contexte nordaméricain<br />
actuel peut-elle appuyer nos efforts pour renouveler la pastorale des<br />
vocations<br />
112 Chapitresix
Les mots du Père Donald Senior évoquent le défi que nous sommes invités à<br />
relever : passer de l'actuel Congrès à des actions concrètes découlant de l'application<br />
du Plan pastoral. Il déclare à ceux et celles qui ont reçu le mandat de promouvoir les<br />
vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée : "… qu'à ce moment de l'histoire<br />
de l'Église en Amérique du Nord, ils doivent être un sacrement d'espérance pour une<br />
Église blessée. Ce n'est qu'à condition de croire passionnément en l'Église et en son<br />
ministère, de croire de tout notre cœur que Dieu ne nous abandonnera pas et que<br />
Dieu va nous appeler à la vie, et à condition que cette foi et cette espérance soient bien<br />
vivantes en nous que nous pourrons parler sans gêne ou sans hésitation aux jeunes<br />
chrétiens qui se sentent appelés par Dieu à porter l'Évangile au monde. Ce n'est qu'en<br />
puisant à nos meilleurs idéaux et à notre foi la plus profonde que nous serons dignes<br />
de cette jeune génération de chrétiens qui aspirent à vivre une vie de sainteté."<br />
3 e partie : discussion du Plan pastoral<br />
Participants / Délégués au Congrès<br />
En gardant le regard fixé sur l'"option préférentielle pour les jeunes", le Congrès a invité<br />
l'Église en Amérique du Nord à adopter une approche en cinq points pour susciter une<br />
véritable "culture de la vocation". Les cinq activités privilégiées sont : prier, évangéliser,<br />
expérimenter, accompagner et inviter.<br />
Relisez-les telles que les propose le Chapitre 4 du Plan pastoral, en notant spécialement les<br />
suggestions concrètes susceptibles de favoriser ces approches.<br />
Puis à propos de chacune des cinq approches, demandez-vous:<br />
• Quelles sont les suggestions concrètes auxquelles notre groupe ou notre<br />
organisme peut donner suite<br />
• Que devrons-nous faire pour qu'elles se réalisent<br />
• Quels obstacles devons-nous prévoir et comment pourrions-nous les<br />
contourner ou les surmonter<br />
4 e partie : questions adressées à des organismes<br />
ou à des groupes particuliers<br />
Le chapitre 5 du Plan pastoral donne une liste de questions compilées par chacun des groupes<br />
présents au Congrès : jeunes adultes, parents, pasteurs, diacres, éducateurs, agents de pastorale<br />
jeunesse, théologiens, évêques, supérieurs majeurs, religieux, et autres personnes consacrées,<br />
responsables de la pastorale des vocations, formateurs, associations laïques pour les vocations<br />
et plusieurs autres.<br />
Votre travail consiste à:<br />
• Étudier les questions qui concernent votre groupe.<br />
• Laisser à chaque participant un temps de réflexion en silence pour choisir les<br />
trois questions qui lui paraissent prioritaires en vue d'un plan d'action.<br />
• Dresser la liste des réponses des participants.<br />
• Retenir en priorité les trois questions les plus importantes avec les raisons pour<br />
lesquelles chacun pense que c'est par là qu'il faut commencer.<br />
«Ilsl’avaientreconnuquandilavaitrompulepain.»<br />
113
SECTIONDEUx -Action<br />
• Échanger pour voir comment votre groupe pourrait commencer de répondre à<br />
la question. Qu'est-ce qui aiderait votre groupe à donner une réponse positive<br />
5 e partie : plan d’action<br />
À l'aide de la grille ci-dessous, commencez à formuler votre Plan d'action. On vous<br />
suggère de ne choisir qu'une ou deux idées pour en élaborer la mise en application.<br />
Essayez d'être aussi précis que possible et de bien cerner des objectifs prioritaires<br />
etmesurables.<br />
La grille du Plan d'action est le document de travail qui balisera l'action<br />
de votre groupe. On vous suggère de faire le point périodiquement pour<br />
vérifier le chemin parcouru. Quand des objectifs précis ont été atteints,<br />
élaborez un nouveau Plan d'action pour vous attaquer au problème suivant.<br />
Grille du Plan d’action<br />
TÂCHE: À la lumière de votre expérience, des données recueillies lors des rencontres<br />
préparatoires et du Congrès lui-même, qu'est-ce qui vous semble être, pour vous<br />
(comme organisme, comme groupe ou personnellement) la meilleure façon de réagir<br />
pour contribuer à susciter une culture favorable aux vocations<br />
Description d’un Plan d’action :<br />
Groupe cible :<br />
Personnel / ressources nécessaires :<br />
Planification (peut impliquer d’autres groupes,<br />
personnes ou organismes) :<br />
114 Chapitresix
Mise en œuvre<br />
Démarche : (les prochaines étapes)<br />
Échéancier :<br />
Coûts : (peut ne pas s’appliquer)<br />
Évaluation du plan : (rapport d’étape, évaluation<br />
finale)<br />
Remise du Plan d’action et résultats :<br />
«Ilsl’avaientreconnuquandilavaitrompulepain.»<br />
115
SECTIONDEUx -Action<br />
AnnexeA<br />
Déclarationdesjeunesadultes<br />
DéclarationdesjeunesadultesdéléguésautroisièmeCongrès<br />
continentalsurlesvocationsauministèreordonnéetàlavie<br />
consacrée<br />
Montréal, le 21 avril 2002<br />
Pour mener à bien cette tâche, l'Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes<br />
des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile, de telle sorte qu'elle puisse<br />
répondre, d'une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des<br />
hommes et des femmes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations<br />
réciproques. Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous<br />
vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère souvent dramatique. (Vatican II,<br />
«Gaudium et Spes», 4a)<br />
Sept groupes de jeunes adultes, délégués au troisième Congrès continental sur les<br />
Vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord, se sont<br />
rassemblés pour considérer et pour réfléchir à la question du sens du mot " vocation ",<br />
à la réalisation de notre appel baptismal dans l'Église actuelle.<br />
Guidés par l'Esprit Saint, nous avons articulé nos désirs en tant que jeunes leaders de<br />
l'Église Catholique en Amérique du Nord, et c'est un honneur pour nous de partager<br />
les fruits de notre discussion avec vous, nos frères et soeurs en Christ, l'Église.<br />
«Toutcequenousdemandonsà<br />
l’Église,nousallonsluioffriren<br />
retour.»<br />
1. Nous voulons vivre une relation d'alliance avec<br />
notre Église. Tout ce que nous demandons à l'Église,<br />
nous allons lui offrir en retour. Nous demandons des<br />
prières et, en retour, nous allons prier pour l'Église.<br />
Nous désirons la sagesse et la connaissance et nous<br />
allons employer ces dons pour enrichir notre Église.<br />
Nous allons rester fidèles au Christ et à l'Église en vivant<br />
pleinement notre vocation, en promouvant une culture<br />
de vie et de joie, en menant des vies pleines d'espérance<br />
et d'amour. Nous travaillons pour devenir les saints et<br />
les saintes d'aujourd'hui et pour engendrer les saints et les saintes de la<br />
génération future. Donnons-nous les ressources nécessaires afin de répondre à<br />
l'appel de Dieu! Les biens que nous demandons, nous allons aussi les donner.<br />
Voilà la relation d'alliance que nous cherchons à vivre avec Dieu et tout son<br />
peuple.<br />
2. En tant que jeunes adultes, nous cherchons des réponses aux questions<br />
profondes habitant le fond de notre coeur. Nous désirons approfondir et<br />
perfectionner notre expérience de la prière, discerner notre vocation à la suite<br />
du Christ et intégrer tous les aspects de notre foi. Nous vous demandons de<br />
témoigner ouvertement de votre foi par votre disponibilité. Spécialement, vous<br />
qui menez une vie consacrée et servez comme ministres ordonnés, offrez-nous<br />
116 AnnexeA
un témoignage joyeux et<br />
authentique, afin que nous<br />
puissions reconnaître la<br />
passion de votre service.<br />
Invitez-nous à partager votre<br />
enthousiasme et votre amour<br />
profond du Christ et de<br />
l'Église. Offrez-nous l'occasion<br />
d'apprendre les uns des<br />
autres. Avec les bons outils,<br />
allumés par Jésus Christ,<br />
ensemble soyons un feu qui<br />
apporte de la chaleur et de la<br />
lumière au monde qui<br />
connaît le froid et des temps<br />
de noirceur.<br />
3. Nous formons un seul corps<br />
en Jésus Christ : inspireznous<br />
par un dialogue ouvert,<br />
un dialogue où nous<br />
reconnaîtrons notre rôle et<br />
notre responsabilité devant<br />
tous. Dialoguez avec nous<br />
afin qu'ensemble nous<br />
puissions cheminer vers<br />
l'égalité, le rétablissement des<br />
blessures dues au péché et à<br />
la souffrance, et amener un<br />
renouvellement authentique.<br />
Nous désirons la transparence, le respect et l'ouverture. Nous vous prions de<br />
reconnaître les dons que nous voulons mettre en oeuvre pour bâtir avec vous,<br />
dans une vie consacrée, une communauté de foi.<br />
4. Nous reconnaissons le leadership dont nous avons bénéficié durant ce congrès<br />
et nous remercions tous ceux et celles qui ont inspiré notre foi par leur exemple<br />
et leur fidélité. Nous vous demandons de continuer à nous encourager dans<br />
notre vocation de baptisés, que ce soit dans la vie de couple, dans le célibat ou<br />
dans la vie religieuse. Créez des équipes de discernement dans les paroisses et<br />
sur les campus universitaires ou collégiaux, formées de gens fidèles à la foi,<br />
capables de donner un appui et un encouragement aux vocations. Donneznous<br />
des guides sûrs, ouverts au dessein de Dieu pour chacun et chacune et<br />
capables d'être des figures de sagesse. Nous invitons les religieux et religieuses<br />
à partager avec nous leurs histoires personnelles et authentiques, sans exclure<br />
leurs défis et leurs joies. Nous sommes des apprentis qui se veulent réceptifs.<br />
Nous invitons les accompagnatrices et accompagnateurs spirituels à partager<br />
avec nous leurs habiletés, à nous accepter sans conditions, à nous offrir un lieu<br />
sécuritaire où nous pouvons poser nos questions et croître, et à nous conduire<br />
à approfondir notre vie spirituelle.<br />
AnnexeA<br />
117
5. En tant que jeunes adultes, unis à la mission du Christ par notre baptême,<br />
nous vous demandons d'enrichir notre identité en nous offrant des occasions<br />
de recevoir une catéchèse significative, une formation continue et une bonne<br />
éducation. Approfondissez notre connaissance de l'histoire catholique, ainsi<br />
que des réalités actuelles de notre foi. Donnez-nous la capacité de nous<br />
approprier notre vraie identité catholique, de la réaliser par l'enseignement.<br />
Proposez-nous des défis tout au long de notre vie. Nous sommes conscients<br />
que dans une vraie communauté nous sommes tous appelés à être des leaders.<br />
Nous savons que nous sommes appelés à prendre des risques. Nous vous<br />
demandons de nous encourager et de nous donner les outils nécessaires pour<br />
prendre ces risques pour que nous devenions des leaders pour le Royaume de<br />
Dieu. Nous vous prions de nous écouter avec un coeur ouvert lorsque nous<br />
exprimons nos idées et posons nos questions. Invitez-nous à entreprendre un<br />
dialogue transparent ayant le potentiel de nous conduire plus près d'une<br />
connaissance profonde de la volonté de Dieu.<br />
6. Comme jeunes chrétiens et chrétiennes, la célébration du côté humain de<br />
notre mission nous tient à coeur. Nous cherchons des témoins vrais et<br />
authentiques de notre foi, ceux et celles qui n'ont pas peur de se faire<br />
vulnérables pour partager leur histoire de vie, tout en parlant de leurs forces et<br />
de leurs faiblesses. Nous espérons connaître au sein de l'Église la liberté de<br />
donner de nous-mêmes, de partager notre foi et de faire connaître les désirs qui<br />
habitent notre coeur. Nous voulons entendre la voix de chacun et chacune des<br />
membres du Corps du Christ. Nous voulons nous unir comme Église, face aux<br />
questions de justice, alors qu'ensemble nous travaillons pour rendre à chaque<br />
individu sa dignité!<br />
7. Nous désirons que l'Église porte une attention particulière aux jeunes et aux<br />
jeunes adultes en offrant des occasions de faire des rencontres de foi<br />
authentique; en particulier, qu'un temps spécial soit accordé pour la croissance<br />
spirituelle en compagnie d'un guide spirituel, soit un prêtre, un diacre, une<br />
personne consacrée ou laïque, qui saura cheminer avec le ou la jeune adulte<br />
tout au long du discernement. Nous avons soif de soutien dans notre marche<br />
de foi catholique et dans notre désir de partager cette foi avec un monde<br />
affamé de Dieu.<br />
Mais Yahvé répondit : " Ne dis pas : 'Je suis un enfant!' car vers tous ceux à qui je t'enverrai,<br />
tu iras, et tout ce que je t'ordonnerai, tu le diras. N'aie aucune crainte en leur présence car je<br />
suis avec toi pour te délivrer, oracle de Yahvé. "(Jérémie 1, 7-8)<br />
118 AnnexeA
AnnexeB<br />
MessagedupapeJean-PaulII<br />
aucongrèsnord-américainsurlesvocations<br />
Au Cardinal Jean-Claude Turcotte<br />
Archevêque de Montréal<br />
1. À l'occasion du Congrès de Montréal sur la pastorale des vocations au sacerdoce et<br />
à la vie consacrée pour notre temps, je vous adresse un salut affectueux ainsi qu'aux<br />
représentants de l'épiscopat, aux prêtres, aux religieux, aux religieuses et aux laïcs des<br />
États-Unis d'Amérique et du Canada. De grand cœur je m'unis à tous dans la prière et<br />
je forme les meilleurs vœux pour que cette rencontre soit l'occasion d'un plus grand<br />
enthousiasme et d'un plus fort engagement pour les personnes qui œuvrent dans ce<br />
secteur.<br />
Le thème du Congrès, ' Vocation : don de Dieu ', exprime bien la dimension<br />
fondamentale de la vocation sacerdotale ou religieuse, et il incite tous les participants<br />
à vivre leurs journées de rencontre dans un climat fervent, invoquant la lumière et la<br />
force de l'Esprit Saint.<br />
Il est important de se rappeler qu'une<br />
intense vie de foi dans les communautés<br />
ecclésiales et le profond renouveau<br />
spirituel auquel elles se livrent favorisent<br />
une réponse généreuse de la part de ceux<br />
qui sont appelés par Dieu au ministère<br />
sacerdotal ou à la vie consacrée. En effet,<br />
c'est avant tout la vie de prière et un climat<br />
spirituel qui rendent possible la découverte<br />
des divers appels et qui suscitent chez des<br />
croyants le désir de se donner totalement<br />
au Seigneur dans la vie sacerdotale ou dans<br />
la vie consacrée.<br />
2. Le Congrès constitue le point d'arrivée<br />
d'un long et consciencieux parcours<br />
préparatoire, qui a concerné les Églises<br />
locales et les familles religieuses, et qui a<br />
connu ses moments les plus significatifs<br />
lors des Congrès diocésains et régionaux. Je<br />
suis sûr que ce travail intense donnera aux<br />
nombreux délégués, choisis par les<br />
diocèses et par divers organismes qui, aux<br />
États-Unis d'Amérique et au Canada,<br />
veillent à la promotion des vocations,<br />
l'occasion de se livrer à une profonde<br />
réflexion sur la vocation sacerdotale ou<br />
AnnexeB<br />
119
«…leshommesetles<br />
femmesdenotretemps<br />
ontsoifdelaParolede<br />
vie…»<br />
religieuse à la lumière des données bibliques et des documents du Magistère. Il est<br />
plus que jamais important de situer le sacerdoce ministériel et la vie consacrée dans la<br />
perspective du mystère du Christ et de l'Église, afin de pouvoir répondre efficacement<br />
aux défis et aux problèmes qui naissent dans le contexte social et culturel actuel.<br />
À cette fin, le recensement de toutes les forces apostoliques<br />
qui œuvrent dans les diverses Églises locales était<br />
particulièrement opportun; ce travail constitue l'un des fruits<br />
les plus significatifs du parcours préparatoire. Les données font<br />
apparaître que certains séminaires sont en train de se remplir<br />
de candidats au sacerdoce, que telle ou telle Congrégation<br />
religieuse est riche en vocations, grâce, entre autres, à la<br />
fécondité vocationnelle de Communautés et de Mouvements<br />
ecclésiaux nés récemment.<br />
3. Je rends grâce au Seigneur pour ces signes d'un printemps vocationnel prometteur,<br />
et je souhaite de tout coeur que le climat d'enthousiasme et de foi que l'on constate<br />
en de nombreuses Communautés ecclésiales raffermisse le désir de ceux qui sont<br />
enclins à se donner totalement au Christ pour étendre son Royaume.<br />
À propos de l'appel au sacerdoce ministériel, je voudrais souligner qu'il ne peut être<br />
considéré comme un appel entre beaucoup d'autres; en effet, de lui dépendent la<br />
réalisation et le développement de toutes les autres vocations. Le prêtre représente le<br />
Christ dans ses fonctions de Chef, de Pasteur, de Prêtre et d'Époux, et il est appelé à<br />
agir ' in persona Christi Capitis ' dans les moments les plus sacrés de son service de<br />
l'Église.<br />
Dans cette perspective, la promotion des vocations au ministère sacerdotal,<br />
ministère qui est l'un des éléments constitutifs de l'Église (cf. Pastores dabo vobis, n o 16),<br />
acquiert un caractère tout à fait prioritaire. Le Seigneur continue à appeler de<br />
nombreux jeunes à ce ministère. Mais sa voix est souvent étouffée par d'autres appels<br />
qui distraient malheureusement l'esprit des jeunes, et aussi par des idées sur le<br />
sacerdoce et sur le ministère sacerdotal non conformes à la foi et à la tradition<br />
ecclésiale.<br />
Face à cela, on ressent le besoin d'une action pastorale capillaire, capable de<br />
présenter cette vocation dans son intégralité et d'offrir les aides utiles à ceux qui sont<br />
l'objet de l'invitation du Seigneur : ' Venez à ma suite et je vous ferai devenir pêcheurs<br />
d'hommes ' (Mc 1, 17). Il faut créer une atmosphère adaptée à ces jeunes. Il est<br />
indispensable qu'il y a ait des modèles éloquents capables de faire briller à leurs yeux<br />
la grandeur et la sublimité du sacerdoce ministériel, ainsi que le bonheur profond<br />
qu'il y a à se donner totalement au Christ pour servir l'Église. Cela les encouragera à<br />
suivre Jésus qui veut les envoyer, comme ministres des sacrements, redire ses propres<br />
paroles : ' Ceci est mon corps, ceci est mon sang ', ou encore : ' Je te pardonne tous tes<br />
péchés '.<br />
Par ailleurs, les hommes et les femmes de notre temps ont soif de la Parole de vie<br />
et réclament de bons guides sur la voie de la sainteté.<br />
Pour toutes ces raisons, la promotion de conditions adaptées à l'accueil positif de<br />
l'appel éventuel au sacerdoce constitue un devoir urgent pour tout le peuple de Dieu,<br />
spécialement pour les autorités ecclésiastiques, pour les organismes ecclésiaux et pour<br />
120 AnnexeB
les associations instituées à cette fin. En même temps, il est nécessaire que le soin des<br />
vocations au ministère sacerdotal et la formation des futurs prêtres soient confiés à des<br />
éducateurs doués des qualités indispensables pour un sérieux discernement et pour<br />
l'accompagnement des ' appelés ' au long de leur long parcours de formation.<br />
4. Si la promotion des vocations au ministère sacerdotal est importante, il ne faut pas<br />
pour autant considérer comme moins nécessaire le soin des vocations à la vie<br />
consacrée, laquelle, sans toutefois faire partie des structures hiérarchiques de l'Église,<br />
constitue un don précieux pour la croissance et la sainteté du peuple chrétien.<br />
Le Concile Œcuménique Vatican II affirme : “ Les conseils évangéliques de chasteté<br />
vouée à Dieu, de pauvreté et d'obéissance, du fait qu'ils sont fondés sur les paroles et<br />
les exemples du Seigneur et recommandés par les apôtres, les pères et par les docteurs<br />
et pasteurs de l'Église, sont un don divin, que l'Église a reçu de son Seigneur et que,<br />
par sa grâce, elle conserve toujours ” (Lumen gentium, n o 43). Les personnes<br />
consacrées rendent visibles les biens futurs et elles attestent la vie nouvelle et éternelle<br />
acquise par la rédemption du Christ. En outre, elles sont appelées à imiter plus<br />
fidèlement et à représenter continuellement dans l'Église la forme de vie que le Fils<br />
de Dieu a prise en s'incarnant (cf. Ibid, n o 44). Notre monde, notamment la jeunesse,<br />
a besoin de témoins et de modèles d'une vie profondément réussie dans la<br />
consécration à Dieu.<br />
Non seulement les ministres ordinaires mais aussi les personnes consacrées ont<br />
donc, bien qu'à des titres différents, une mission particulière à accomplir pour le bien<br />
de tous. Il n'est pas inutile de redire ici ce que je rappelais dans l'Exhortation<br />
apostolique post-synodale Vita consecrata, à savoir que ' le problème des vocations est<br />
un véritable défi, lancé directement aux Instituts, mais qui implique toute l'Église '. Il<br />
faut avoir foi dans le Seigneur Jésus qui continue à appeler à sa suite, et se confier à<br />
l'Esprit Saint, auteur et inspirateur des charismes de la vie consacrée.' Hormis la<br />
promotion de la prière pour les vocations, il est urgent d'encourager fortement, par<br />
une annonce explicite et par une catéchèse adaptée, ceux qui sont appelés à la vie<br />
consacrée pour qu'ils donnent une réponse libre, mais prompte et généreuse, qui rend<br />
opérante la grâce de la vocation ' (n o 64).<br />
5. Seule une communauté chrétienne plus engagée dans la voie<br />
de la sainteté et plus déterminée à affirmer la primauté du<br />
surnaturel et à reconnaître dans la liturgie ' le sommet et la<br />
source ' de toute œuvre apostolique sera capable de susciter le<br />
désir et la joie de s'offrir totalement au Seigneur et de cultiver<br />
les germes de vocations au sacerdoce et à la vie consacrée, que<br />
Jésus continue à semer dans le cœur de tant de garçons et de<br />
filles.<br />
«…heureusement,les<br />
appelsdivinsne<br />
manquentpas. »<br />
Formant le vœu que le Congrès représente un moment spécial de grâce pour les<br />
Églises des États-Unis d'Amérique et du Canada, et qu'il voie fleurir un nouveau<br />
printemps vocationnel, je prie pour qu'il contribue aussi à la croissance de la sainteté<br />
de tous les fidèles.<br />
Le logo du Congrès, le Semeur qui sème à pleine main (cf. Mt 13, 3-9, 18-23),<br />
rappelle que, heureusement, les appels divins ne manquent pas. Encore faut-il que le<br />
grain tombe sur la bonne terre, c'est-à-dire dans des cœurs disposés à répondre avec<br />
AnnexeB<br />
121
générosité à l'invitation de Jésus. La tâche de chaque Église est donc de préparer un tel<br />
terrain humain, capable de produire des fruits abondants.<br />
Je ne saurais conclure ce message sans tourner mon regard vers la Journée<br />
mondiale de la Jeunesse, qui sera célébrée à Toronto en juillet prochain et à laquelle<br />
on se prépare activement dans toutes les Églises. Puisse cet événement extraordinaire<br />
aider les jeunes à se mettre à l'écoute du Seigneur, qui les appelle à servir avec une<br />
générosité toujours plus vive la cause du Royaume!<br />
Dans ces sentiments, je confie les travaux et les projets du Congrès à l'intercession<br />
maternelle de Marie, Mater Ecclesiae et Regina Apostolorum, et j'envoie de tout cœur<br />
à chacun une Bénédiction apostolique spéciale.<br />
Du Vatican, le 12 avril 2002.<br />
JOANNES PAULUS II<br />
122 AnnexeB
AnnexeC<br />
Comité d’organisation du Congrès<br />
LetroisièmeCongrèscontinentalsurlesvocations<br />
auxministèresordonnésetàlavieconsacréeenAmériquedunord<br />
ConvoquéparlepapeJean-PaulIIettenu<br />
àl’hôtelFairmontReineElizabeth<br />
Montréal,Québec<br />
18au21avril,2002<br />
Conseillers épiscopaux<br />
M gr Roger L. Schwietz, o.m.i.<br />
(Anchorage, AK)<br />
Archevêque d’Anchorage, Alaska<br />
Président, Secrétariat pour les vocations et<br />
la formation des prêtres, USCCB<br />
M gr Richard J. Grecco<br />
(Barrie, ON)<br />
Evêque auxiliaire de Toronto, ON<br />
M gr André Rivest<br />
(Montréal, QC)<br />
Évêque auxiliaire de Montréal, QC<br />
Coprésidents<br />
M. l’abbé Edward J. Burns (Washington, DC)<br />
Prêtre du diocèse de Pittsburgh<br />
Directeur, Secrétariat pour les vocations et<br />
la formation des prêtres, USCCB<br />
Coprésident du congrès (E.U.)<br />
M. l’abbé Raymond Lafontaine<br />
(Montréal, QC)<br />
Prêtre de l’archidiocèse de Montréal<br />
Aumônier et professeur de théologie<br />
Université Concordia<br />
Coprésident du congrès (Canada)<br />
AnnexeC<br />
123
Comité exécutif<br />
Sr Catherine Bertrand, S.S.N.D.<br />
(Chicago, IL)<br />
Soeur des écoles de Notre-Dame<br />
Directrice, Conférence nationale<br />
des vocations religieuses (E.U.)<br />
Présidente du comité du programme<br />
M. l’abbé Paul Boily (Montréal, QC)<br />
Prêtre de l’archidiocèse de Sherbrooke<br />
Directeur de l’Office national de<br />
liturgie, CECC<br />
Président du comité de liturgie<br />
M. Allan Calvert (Ancaster, ON)<br />
Laïc marié<br />
Adjoint au directeur de l’éducaiton<br />
Conseil catholique d’Hamilton-<br />
Wentworth<br />
Président de Serra International,<br />
Conseil canadien<br />
Président du comité de logistique<br />
Mme Dorothy Foss (Little River, NC)<br />
Laîque mariée<br />
Directrice, Conférence nationale<br />
des directeurs diocésains des<br />
vocations (E.U.)<br />
Membre du comité du programme<br />
Sr Cécile Gagné, r.h.s.j. (Montréal, QC)<br />
Religieuse hospitalière de<br />
Saint-Joseph<br />
Directrice, Le Centre vocationnel<br />
de Montréal<br />
Membre du comité du programme<br />
et présidente du sous-comité des<br />
jeunes adultes<br />
Sr Barbara Gooding, RSM<br />
(Washington, DC)<br />
Religieuse des Sisters of Mercy<br />
of Alma<br />
Présidente de la Conférence des<br />
supérieures majeures des<br />
communautés de soeurs (E.U.)<br />
Membre du comité de<br />
documentation<br />
M. l’abbé Julien Guillot (Québec, QC)<br />
Prêtre et directeur des vocations de<br />
l’archidiocèse de Québec<br />
Président de l’Association des<br />
directrices et directeurs diocésains<br />
de la pastorale des vocations<br />
Président du comité des<br />
communications<br />
124 AnnexeC
Sr Susan Kidd, c.n.d. (Toronto, ON)<br />
Religieuse et directrice des vocations<br />
de la Congrégation Notre-Dame<br />
Représentante de l’Association<br />
nationale des directeurs des vocations<br />
et de la formation (Canada)<br />
Membre des comités du programme<br />
et de la documentation<br />
M. William Kokesch (Pointe Claire, QC)<br />
Diacre de l’archidiocèse de Montréal<br />
Directeur des communications, CECC<br />
Membre du comité des<br />
communications<br />
M. l’abbé William Kubacki (Toledo, OH)<br />
Prêtre et directeur des vocations du<br />
diocèse de Toledo<br />
Président sortant, Conférence<br />
nationale des directeurs diocésains des<br />
vocations (E.U.)<br />
Président du comité des congrès<br />
diocésains et régionaux<br />
Sr Patricia McDermott, r.s.m.<br />
Religieuse des Soeurs de la<br />
miséricorde des Amériques<br />
Représentante du Leadership<br />
Conference of Women Religious (E.U.)<br />
Membre du comité du programme<br />
F. James McVeigh, o.s.f. (Brooklyn, NY)<br />
Frère franciscain et directeur des<br />
vocations<br />
Membre du bureau de direction,<br />
Conférence nationale des vocations<br />
religieuses (E.U.)<br />
Membre du comité du programme<br />
P. Richard Renshaw, c.s.c., (Ottawa, ON)<br />
Prêtre de la congrégation de<br />
Sainte-Croix<br />
Secrétaire général associé<br />
Conférence religieuse canadienne<br />
Membre du comité de documentation<br />
D r Patricia Skarda (Northampton, MA)<br />
Membre de l’Institut séculier<br />
Caritas Christi<br />
Professeur d’anglais, Smith College<br />
Présidente du comité de<br />
documentation<br />
Mme Renée Stevens (Huntsville, ON)<br />
(voir livret de la Conférence)<br />
M. Wilfrid Wilkinson<br />
Laïc marié<br />
Président, Club Rotary<br />
Fondation Internationale<br />
Président du comité des finances et du<br />
financement<br />
Membres des comités<br />
Mme Ann-Marie M. Anderson<br />
(Communications)<br />
M. l’abbé Len Altilia, s.j. (Atelier)<br />
M gr Gregory M. Aymond<br />
(Programme, Atelier)<br />
M. Kevin Axe (Congrès<br />
diocésains/régionaux)<br />
F. Paul Bednarcyk, c.s.c.<br />
(Atelier)<br />
P. Daniel Cadrin, o.p.<br />
(Atelier)<br />
M. l’abbé Raymond Carey (Atelier)<br />
P. Bernard Carrière, o.m.i.<br />
(Atelier)<br />
M gr Thomas Collins (Programme)<br />
M. Bernie Cossentino (Liturgie)<br />
Sr Lisette Ducharme, ss.cc.j.m.<br />
(Documentation, Atelier)<br />
M. l’abbé Pascal Ducharme (Liturgie)<br />
Mme Hélène Dugal (Liturgie)<br />
M gr Paul-André Durocher (Liturgie)<br />
Sr Martha Fauteux, S.S.N.D.<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
Sr Ileana Fernandezs, c.s.j.<br />
(Atelier)<br />
Sr Toyleen Fook, s.p. (Programme)<br />
M. l’abbé Mark Gatto<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
M gr Richard Garcia<br />
(Atelier)<br />
M. l’abbé Robert Harris (Liturgie)<br />
AnnexeC<br />
125
M. l’abbé Brian Hughes (Programme,<br />
Atelier)<br />
M. l’abbé David Hulshof (Atelier)<br />
Mme Simone Huneault (Atelier)<br />
M. Kenneth Korotsky (Finance)<br />
Sr Barbara Kraemer, o.s.f.<br />
(Documentation, Atelier)<br />
M. l’abbé Daniel J. Kutys<br />
(Documentation)<br />
Mme Julie Lafontaine (Liturgie)<br />
M. l’abbé Gérald Langevin<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
Mme Deanna Light (Liturgie)<br />
Mme Hélène Lussier (Logistique)<br />
M. Benoit Marineau (Liturgie)<br />
Sr Amédée Maxwell, S.B.S.<br />
(Programme, Atelier)<br />
M. George Newman<br />
(Atelier)<br />
April et Robert O’Donoughue<br />
(Logistique)<br />
Mme Dolores Orzel<br />
(Communications)<br />
M. Richard J. Osicki<br />
(Communications)<br />
Mme Micheline Paré (Logistique)<br />
Sr Mary Pellegrino, c.s.j. (Atelier)<br />
P. Xavier Perna (Liturgie)<br />
Sr Diane Poplawski, o.p. (Atelier)<br />
Mme Julie Racine<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
M. l’abbé John Regan (Atelier)<br />
Sr Deanna Sabetta, c.n.d.<br />
(Atelier)<br />
M. Sylvain Salvas<br />
(Communications)<br />
Sr Louise Stafford, f.s.p.<br />
(Communications)<br />
Mme Renée Stevens<br />
(Facilitatrice, Programme)<br />
M. Jason Straczewski (Logistique)<br />
Monseigneur John J. Strynkowski<br />
(Documentation)<br />
M. l’abbé André Tiphane<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
Sr Maryanne Tracey, s.c.<br />
(Congrès diocésains/régionaux)<br />
Sr Carol Tropiano, r.s.m.<br />
(Programme)<br />
M. l’abbé Carlos Valesquez<br />
(Programme)<br />
F. Rick van Lier, o.p.<br />
(Documentation)<br />
Sr Mary Ann Walsh, r.s.m.<br />
(Communications)<br />
126 AnnexeC
Conférenciers<br />
Sr Marie Chin, r.s.m.<br />
Sr Mary Johnson, SNDdeN.<br />
P. Donald Senior, c.p.<br />
P. Ronald Rolheiser, o.m.i.<br />
M. l’abbé Gilles Routhier<br />
Célébrants<br />
Son Éminence le Cardinal Jean-<br />
Claude Turcotte<br />
M gr Jacques Berthelet, c.s.v.<br />
M gr Wilton D. Gregory<br />
Invités du Saint-Siège<br />
Card. Zenon Grocholewski, préfet<br />
Congrégation pour l’éducation<br />
catholique<br />
M gr Giuseppe Pittau, s.j.<br />
Secrétaire, Congrégation pour<br />
l’éducation catholique<br />
M gr Piergiorgio Silvano Nesti, c.p.<br />
Secrétaire, Congrégation pour les<br />
Instituts de vie consacrée et les<br />
Sociétés de vie apostolique<br />
P. Amedeo Cencini, F.d.C.C.<br />
Membre de P.O.V.E.<br />
P. Eusebio Hernandez, O.A.R.<br />
Congrégation pour les Instituts de<br />
vie consacrée et les Sociétés de vie<br />
apostolique<br />
AnnexeC<br />
127
Notes<br />
1<br />
On trouvera à l’annexe C le nom des membres du comité exécutif.<br />
2<br />
Renvoyer au chapitre portant sur l’historique dans les Actes du Congrès.<br />
3<br />
Gaudium et Spes, 4<br />
4<br />
Parce que le Mexique avait participé directement au Congrès latino-américain<br />
de 1994 et parce que, sur les plans linguistique, historique, économique et<br />
culturel, la situation du Mexique est plus proche de celle de l’Amérique<br />
centrale et de l’Amérique du Sud que ce celle de ses voisins du Nord, il fut<br />
décidé que le Congrès nord-américain porterait sur l’expérience du Canada et<br />
des États-Unis. Cependant, comme l’ont fait remarquer plusieurs délégués au<br />
Congrès, l’augmentation rapide de la population catholique de langue<br />
espagnole aux États-Unis et au Canada devrait stimuler la collaboration et la<br />
solidarité entre nous et nos frères et sœurs du Mexique, voire de toute<br />
l’Amérique latine.<br />
5<br />
Ron Rolheiser, o.m.i., «Vocations: the Cultural, Biblical, and Ecclesial Moment», le<br />
19 Avril 2002.<br />
6<br />
Marie Chin, r.s.m., «Many More Miles Before We Sleep: Culture, Our Sacred<br />
Dwelling Place», le 20 avril 2002.<br />
7<br />
M. l’abbé Gilles Routhier, «Le renouveau de la mission, condition du réveil des<br />
vocations», le 21 avril 2002.<br />
8<br />
Mary Johnson S.N.D.de N., «A Portrait of Young Adult Catholics: Their Hope and<br />
Promise», le 20 avril 2002. Voir aussi D. Hoge, M. Johnson et al., Young Adult<br />
Catholics: Religion in the Culture of Choice, Notre Dame IN, U. of Notre Dame Press,<br />
2001.<br />
9<br />
Annexe A : Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002.<br />
10<br />
Bilan établi à partir de la compilation des recommandations des délégués,<br />
dressée par Mme. Julie Racine, M. l’abbé André Tiphane et Sœur Monica Mary<br />
De Quardo, le 21 avril 2002.<br />
11<br />
Voir les documents publiés au terme de ces deux Congrès: Pastoral Strategy for<br />
Vocations in the Continent of Hope (23-27 mai 1994: Itaici-Sao Paulo, Brésil) et In<br />
verbo tuo … New Vocations for a New Europe (5-10 mai 1997, Rome, Italie)<br />
12<br />
Référence à Christifideles Laici, Pastores Dabo Vobis, Vita Consecrata.<br />
13<br />
Donald Senior, c.p., «Come, Follow Me: Foundations for the Christian Vocations of<br />
Ordained Ministry and Consecrated Life», le 19 avril 2002.<br />
14<br />
Documents de Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de<br />
ce temps Gaudium et Spes, 4.<br />
15<br />
«Vous êtes jeunes, et le Pape est vieux et un peu fatigué. Mais il s’identifie<br />
quand même pleinement à vos espoirs et à vos aspirations.» (Homélie de la<br />
messe papale, 17 e Journée mondiale de la Jeunesse, Toronto, le 28 juillet 2002)<br />
16<br />
Géographiquement parlant, l’Amérique du Nord comprend évidemment le<br />
Mexique – comme l’ont fait remarquer bon nombre de délégués et<br />
d’observateurs. Le choix de se concentrer sur le Canada et les États-Unis est<br />
expliqué à la note 4 du Chapitre 1.<br />
17<br />
Rolheiser, “Vocations: the Cultural, Ecclesial and Biblical Moment”.<br />
18<br />
Voir Hoge, Dinges, Johnson et Gonzalez, Young Adult Catholics: Religion in the<br />
Culture of Choice (U. of Notre Dame, 2001); Tom Beaudoin, Virtual Faith; Howe<br />
et Strauss, The Millennials; Reginald Bibby, Teen Trends: A Nation in Motion.<br />
19<br />
Pour trouver un rapport complet sur ces données, analysées par Kevin Ax de<br />
Chicago (États-Unis et Canada anglais) et Julie Racine de Gatineau, QC<br />
(Canada français), se reporter aux Actes du Congrès. Les conclusions ont été<br />
présentées au Congrès le 19 avril 2002 par Sœur Catherine Bertrand S.S.N.D.,<br />
Sœur Cécile Gagné r.h.s.j., Sœur Susan Kidd c.n.d., Monsieur l’abbé William<br />
Kubacki et Madame Renée Stevens.<br />
20<br />
Ce jugement négatif fait écho à celui du Congrès européen sur les vocations de<br />
1997, qui caractérise la culture où baignent les jeunes Européens de «pluraliste<br />
et ambivalente, ‘polythéiste’ et neutre»: l’importance accordée à la réussite et à<br />
la réalisation de soi exclut souvent l’horizon de l’au-delà de soi et du don de<br />
soi, et le désir de liberté personnelle dégénère souvent en subjectivisme et en<br />
arbitraire. Même si on peut y relever des éléments positifs de générosité et<br />
d’engagement, il se dégage une mentalité «anti-vocationnelle» telle que «le<br />
128 Notes
modèle anthropologique dominant semble être celui de ‘l’homme sans<br />
vocation’». New Vocations for a New Europe : 14-17.<br />
21<br />
Rolheiser, page 3.<br />
22<br />
Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002, n° 2.<br />
23<br />
Marie Chin, r.s.m., page 9.<br />
24<br />
Cardinal Zenon Grocholewski, le 18 avril 2002.<br />
25<br />
M gr Wilton Gregory, Homélie en la basilique St-Patrick, le 19 avril 2002.<br />
26<br />
New Vocations for a New Europe, page 16.<br />
27<br />
Chin.<br />
28<br />
Rolheiser, qui cite Kathleen Norris, page 1.<br />
29<br />
Chin, page 8.<br />
30<br />
«C’est cette ouverture radicale de la contemplation qui nous révélera la vérité,<br />
frères et sœurs: le monde qui nous entoure n’est pas un monde blanc et<br />
monolithique; c’est un monde extrêmement multiculturel, où l’auto-révélation<br />
de Dieu se produit à tout moment.» (Chin, page 9)<br />
31<br />
«Mais nous portons encore et toujours une semence d’espérance – le<br />
christianisme est notre enfant. Nous ne sommes pas du tout post-chrétiens. Et<br />
ce n’est pas que nous nous contentions d’accrocher des ornements chrétiens.<br />
Notre réalité – la fibre profonde, structurelle, morale et religieuse de notre<br />
génération est toujours chrétienne. Il y a de profondes réalités morales en nous<br />
qui nous viennent de 2000 ans de compréhension de la Crucifixion.»<br />
(Rolheiser, page 2)<br />
32<br />
Senior, «Come Follow Me», page 10.<br />
33<br />
Rolheiser, «Vocations», page 2.<br />
34<br />
Senior, pages 9-10.<br />
35<br />
Senior, page 10.<br />
36<br />
Chin, page 6.<br />
37<br />
Inspiré par quatre images bibliques (Jr 29; Mt 15,21-28; Lc 24,13-49) suggérées<br />
par R. Rolheiser.<br />
38<br />
NCCB, 1998.<br />
39<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Homélie, messe de clôture de la Journée mondiale de<br />
la Jeunesse, le 28 juillet 2002.<br />
40<br />
Ce qui a été très souvent le cas des vocations au diaconat permanent; c’est aussi<br />
un élément important de l’expérience récente de plusieurs instituts séculiers et<br />
communautés religieuses féminines.<br />
41<br />
Sur la Génération X, voir Reginald Bibby, Teen Trends: A Nation in Motion<br />
(Toronto, Stoddard, 1992); Tom Beaudoin, Virtual Faith: The Irreverent Spiritual<br />
Quest of Generation X (San Francisco, Josey-Bass, 1998). Sur la Génération du<br />
Millénaire, voir surtout Neil Howe et William Strauss, Millennials Rising: The<br />
Next Great Generation (New York, Vintage Books, 2000); Don Tapscott, Growing<br />
Up Digital: the Rise of the Net Generation (New York, McGraw Hill, 1998);<br />
Reginald Bibby, Canada’s Teens: today, Yesterday, and Tomorrow (Toronto,<br />
Stoddard, 2001).<br />
42<br />
À cet égard, la description de la situation des jeunes adultes lors du Congrès<br />
européen des vocations ne manque pas de pertinence: «D’un côté, ils cherchent<br />
passionnément l’authenticité, l’affection, les rapports personnels, la grandeur<br />
d’horizons, mais, de l’autre, ils sont profondément seuls, « blessés » par le bienêtre,<br />
déçus par les idéologies, perdus par la désorientation éthique.» De l’autre,<br />
«ils ont une nostalgie de la liberté et cherchent la vérité, la spiritualité,<br />
l’authenticité, l’originalité personnelle et la transparence, qui nourrissent en<br />
même temps un désir d’amitié et de réciprocité », qui cherchent de « la<br />
compagnie et veulent construire une nouvelle société fondée sur des valeurs<br />
comme la paix, la justice, le respect de l’environnement, l’attention envers les<br />
diversités, la solidarité, le volontariat et l’égale dignité de la femme.». (NVNE:<br />
17-18)<br />
43<br />
«A Portrait of Young Adult Catholics: Their Hope and Promise», le 20 avril<br />
2002. Les conclusions se fondent sur une enquête approfondie menée par Dean<br />
R. Hoge, William Dinges, Mary Johnson S.N.D.deN., et Juan L. Gonzales: Young<br />
Adult Catholics: Religion in the Culture of Choice, Notre Dame, IN, U. of Notre<br />
Dame Press, 2001.<br />
Notes<br />
129
44<br />
«Pour nombre de jeunes adultes, le catholicisme est moins une communauté de<br />
disciples qu’une trousse culturelle de produits symboliques religieux/spirituels à<br />
laquelle on peut avoir recours pour se construire une identité religieuse<br />
personnelle.» (Young Adult Catholics, page 226.)<br />
45<br />
Déclaration des jeunes adultes, le 21 avril 2002, n° 2.<br />
46<br />
Johnson, page 3; Young Adult Catholics, page 236.<br />
47<br />
Déclaration des jeunes adultes, n° 5.<br />
48<br />
Gilles Routhier, Renouveau de la Mission: Condition d’un réveil vocationnel, le 21<br />
avril 2002, pages 13-14.<br />
49<br />
M. Chin, Many Miles to Go, page 9.<br />
50<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Pastores dabo vobis, n° 1.<br />
51<br />
Document de travail pour le troisième Congrès continental sur les vocations au<br />
ministère ordonné et à la vie consacrée, Instrumentum Laboris (ci-après IL), page 15.<br />
52<br />
NVNE, III, 27, d. Le document européen signale les grands principes que voici<br />
pour la pastorale des vocations: elle est «graduelle et convergente, à la fois<br />
générale et spécifique, universelle et permanente, personnelle et<br />
communautaire»; en outre, elle confère à toute la pastorale «une perspective<br />
unitaire et de synthèse», 57-65.<br />
53<br />
D’après Donald Senior c.p., “Come, Follow Me: Foundations for the Christian<br />
Vocation of Ordained Ministry and Consecrated Life,” le 19 avril 2002. Origins.<br />
54<br />
NVNE, page 64.<br />
55<br />
Senior, page 6.<br />
56<br />
M gr Giuseppe Pittau, s.j.: «Time of Crisis, Time of Opportunity», le 21 avril 2002,<br />
page 3.<br />
57<br />
NVNE, n° 19c.<br />
58<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour 39 e JMPV, n° 2.<br />
59<br />
Cardinal Zenon Grocholewski, préfet de la Sacrée Congrégation pour<br />
l’Éducation catholique, «The Identity of Ministerial Priesthood and the Promotion of<br />
Vocations», page 4 (citation de Novo Millennio Ineunte, 57).<br />
60<br />
Christifideles laici (1988); Pastores dabo vobis (1992), Vita consecrata (1996).<br />
61<br />
Il vaut la peine de relever que les trois premiers congrès continentaux sur les<br />
vocations ont vu s’élargir graduellement la portée de la discussion sur les<br />
«vocations de consécration spéciale»: «vocations sacerdotales et religieuses» en<br />
Amérique latine (1994), «vocations au sacerdoce et à la vie consacrée» en<br />
Europe (1997) et enfin «vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée»<br />
en Amérique du Nord (2002).<br />
62<br />
Jean-Paul II, Lettre au cardinal Turcotte, le 12 avril 2002, page 2.<br />
63<br />
Senior, page 9.<br />
64<br />
IL, page 26.<br />
65<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Lettre au cardinal Turcotte, le 12 avril 2002, n° 4.<br />
66<br />
IL, page 19, qui cite S. Schneiders, I.H.M., Religious Life in a New Millennium<br />
(2000): 324-27.<br />
67<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Vita consecrata, n° 104, cité dans IL, page 19.<br />
68<br />
Vita consecrata, 3.<br />
69<br />
Le Catéchisme de l’Église catholique, 917, à partir de Lumen Gentium, 43.<br />
70<br />
Senior, 9-10.<br />
71<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, JMPV, 8 septembre 2001, n° 3.<br />
72<br />
Tiré de l’Osservatore Romano , 15 février 2002, page 5; cité par D. Senior, page<br />
10; voir aussi l’allocution du cardinal Card. Z. Grocholewski, page 7.<br />
73<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour la 39 e JMPV, n° 2.<br />
74<br />
Voir NVNE, n° 22a, pages 46-47: «Le ministère ordonné et les vocations dans la<br />
réciprocité de la communion».<br />
75<br />
M gr Giuseppe Pittau, s.j., le 21 avril 2002, page 1.<br />
76<br />
Donald Senior, «Come and See». page 7.<br />
77<br />
Voir partie IV, New Vocations for a New Europe, pages 81-105, et tout<br />
particulièrement les pages 82-85.<br />
130 Notes
78<br />
Voir les Actes: «Rapport sommaire des données recueillies lors des congrès<br />
diocésains et régionaux de préparation au troisième Congrès continental sur les<br />
vocations au ministère ordonné et à la vie consacrée en Amérique du Nord»<br />
79<br />
S.S. le pape Jean-Paul II, Message pour la 39 e JMPV, le 8 septembre 2001, n° 4.<br />
80<br />
Ibid., n° 4.<br />
81<br />
Rolheiser, le 19 avril 2002, page 13.<br />
82<br />
M. Johnson, le 20 avril 2002, page 3.<br />
83<br />
Johnson, page 5.<br />
84<br />
NVNE 16c, page 33.<br />
85<br />
Ces quatre éléments sont présentés dans le document final du Congrès<br />
européen comme des «itinéraires pastoraux de vocation» essentiels. (NVNE,<br />
n° 27, pages 65-71)<br />
86<br />
NVNE, n° 28, page 72.<br />
87<br />
Déclaration des jeunes adultes, n° 2.<br />
88<br />
Mary Johnson, page 4.<br />
89<br />
Déclaration des jeunes adultes, n° 3.<br />
90<br />
Mary Johnson, page 5.<br />
91<br />
NVNE, n° 27c, pages 69-70.<br />
92<br />
«Ceux qui vivent avec attention et générosité le témoignage de la foi ne<br />
tarderont pas à saisir le projet de Dieu sur eux pour se consacrer à sa réalisation<br />
avec toutes leurs énergies.» (NVNE, n° 27d, page 70)<br />
93<br />
Homélie papale, Toronto, le 28 juillet 2002.<br />
94<br />
Déclaration des jeunes adultes, n° 2.<br />
95<br />
Ibid., n° 2.<br />
96<br />
Ibid., n° 4.<br />
97<br />
Sean Sammon F.M.S., “Last Call for Religious Life”, Human Development.<br />
98<br />
NVNE, n° 32-37, pages 82-105.<br />
99<br />
NVNE, n° 32, page 82.<br />
100<br />
M gr Wilton Gregory, homélie, le 19 avril 2002.<br />
101<br />
NVNE, n° 37, page 100.<br />
Notes<br />
131
TABLEDESMATIÈRESDÉTAILLÉE<br />
LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA CECC, M gr Jacques Berthelet, c.s.v., . . . . . . . . . . . 4<br />
LETTRE DU PRÉSIDENT DE LA USCCB, M gr Wilton D. Gregory . . . . . . . . . . . . . . 5<br />
SECTION UN<br />
LESFONDEMENTS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7<br />
CHAPITRE 1<br />
«NOTRE CŒUR N’ÉTAIT-IL PAS BRÛLANT EN NOUS»<br />
L’HISTOIRE DU CONGRÈS NORD-AMÉRICAIN DE 2002 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8<br />
Une histoire digne d’être racontée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8<br />
Les gens au cœur de l’histoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9<br />
L’endroit et le moment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12<br />
Les jeunes et jeunes adultes : «une option préférentielle» . . . . . . . . . . . . . . . . 14<br />
Les délégués : principales recommandations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16<br />
La genèse du Plan pastoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17<br />
Le Congrès et l’Église universelle . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18<br />
CHAPITRE 2<br />
«LE CHAMP, C’EST LE MONDE.»<br />
LES VOCATIONS DANS LE CONTEXTE DE LA SOCIÉTÉ NORD-AMÉRICAINE . . . .20<br />
Connaissance du terrain . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20<br />
Facteurs historiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 21<br />
Une réalité complexe et diversifiée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22<br />
Les congrès diocésains/régionaux : principales conclusions . . . . . . . . . . . . . . 23<br />
Facteurs positifs et négatifs dans la culture nord-américaine . . . . . . . . . . . . . 23<br />
Église et culture : un engagement critique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25<br />
Pluralisme, liberté, subjectivité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26<br />
La pastorale des vocations en contexte de scandale et de «défaveur» . . . . . . 28<br />
La jeunesse et les jeunes adultes catholiques, un signe d’espérance . . . . . . 32<br />
La Journée mondiale de la Jeunesse : moment vocationnel . . . . . . . . . . 32<br />
Des études récentes : «génération du millénaire» et «génération X» . . . . . 33<br />
Les jeunes adultes catholiques : identité, spiritualité, communauté, mission . . . 34<br />
Jeunesse, mission, leadership et audace . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 37<br />
Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39<br />
CHAPITRE 3<br />
«JÉSUS LEUR EXPLIQUA, DANS TOUTE L’ÉCRITURE, CE QUI LE CONCERNAIT.»<br />
FONDEMENTS BIBLIQUES ET THÉOLOGIQUES DE LA PASTORALE DES VOCATIONS . . 41<br />
Préambule : la vertu d’espérance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41<br />
Un postulat central : l’appel du Dieu d’amour est universel . . . . . . . . . . . . . . 42<br />
Fondements bibliques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 43<br />
132 Tabledesmatièresdétaillée
Fondements théologiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45<br />
Fondements ecclésiologiques :<br />
«Dans l’Église et le monde, pour l’Église et le monde» . . . . . . . . . . . . . . 46<br />
Les vocations particulières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 47<br />
Vocations au ministère ordonné . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />
Les diacres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 48<br />
Les prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 49<br />
Les évêques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 50<br />
La vie consacrée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 51<br />
Le mariage et la vie familiale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 53<br />
Le célibat . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 54<br />
Les vocations dans «la réciprocité de la communion» :<br />
harmoniser les vocations laïques, consacrées et ordonnées . . . . . . . . . . 55<br />
Un espoir pour la route . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 56<br />
SECTION DEUX<br />
ACTION ............................................................ 59<br />
CHAPITRE 4<br />
«JÉSUS LUI-MÊME S’APPROCHA, ET IL MARCHAIT AVEC EUX.»<br />
CINQ PRIORITÉS PASTORALES<br />
PRIER, ÉVANGÉLISER, EXPÉRIMENTER, ACCOMPAGNER, INVITER . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />
Susciter une «culture de la vocation» et une «option préférentielle<br />
pour les jeunes» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 60<br />
Cinq priorités pour l’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 62<br />
1. Prier : la sainteté, la conversion, le culte . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 63<br />
2. Évangéliser : l’enseignement, la formation, la catéchèse . . . . . . . . . . . 66<br />
3. Expérimenter : le culte, la communauté, le service, le témoignage . . . . . . . . 70<br />
La liturgie et la prière (leiturgia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71<br />
La communion ecclésiale (koinonia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 73<br />
Le service et la charité (diakonia) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 75<br />
Le témoignage et la proclamation (martyria, kerygma). . . . . . . . . . . 77<br />
4. Accompagner : l’accompagnateur, le guide, le modèle, le témoin . . . 79<br />
5. Inviter : le discernement. le choix, l’engagement . . . . . . . . . . . . . . . . . 83<br />
«Semer» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 84<br />
«Accompagner» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 85<br />
«Éduquer» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />
«Former» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 86<br />
«Discerner» . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87<br />
Conclusion : les vocations et la mission de l’Église . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 88<br />
Tabledesmatièresdétaillée<br />
133
CHAPITRE 5<br />
«À L’INSTANT MÊME, ILS SE LEVÈRENT ET RETOURNÈRENT À JÉRUSALEM.»<br />
PLAN D’ACTION PASTORAL PRÉCIS : SUGGESTIONS PRATIQUES . . . . . . . . . . . 90<br />
Invitation à tout le Peuple de Dieu . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 91<br />
Questions adressées à l’Église en Amérique du Nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />
Aux évêques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 92<br />
Aux aux supérieurs majeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 93<br />
Aux prêtres en paroisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94<br />
Aux diacres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 94<br />
Aux instituts séculiers . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95<br />
Aux religieuses et aux religieux frères et prêtres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 95<br />
Aux jeunes adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 96<br />
Aux éducatrices et aux éducateurs . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />
Aux parents . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 97<br />
Aux responsables diocésains et religieux de la pastorale des vocations . . . 98<br />
Aux directrices et aux directeurs de formation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />
Aux agents de pastorale scolaire et universitaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99<br />
Aux animatrices et aux animateurs jeunesse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 100<br />
Aux séminaristes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101<br />
Aux jeunes religieuses et religieux<br />
(novices, professes et profès temporaires) . . . . . . . . . . . . . . . . . . 101<br />
Aux Serrans, Chevaliers de Colomb et autres organismes laïcs . . . . . 102<br />
Aux nouveaux mouvements ecclésiaux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 103<br />
Aux communicatrices, aux communicateurs et spécialistes des médias . . . 103<br />
Aux paroissiennes et aux paroissiens . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 104<br />
CHAPITRE 6<br />
«ILS L’AVAIENT RECONNU QUAND IL AVAIT ROMPU LE PAIN.» . . . . . . . . . . . 106<br />
Guide d’animation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />
Lettre d’invitation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 107<br />
Ordre du jour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />
1 re partie : prière d’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />
Appel à la prière . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />
Prière d’ouverture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 108<br />
Lecture . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109<br />
Réflexion en silence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109<br />
Chant : En mission . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 110<br />
2 e partie : survol du Plan pastoral — sa genèse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />
L’histoire du congrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />
Les rencontres régionales . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 111<br />
Le congrès continental . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 112<br />
3 e partie : discussion du Plan pastoral . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 113<br />
134 Tabledesmatièresdétaillée
4 e partie : questions adressées à des groupes/organismes particuliers . . . . . 113<br />
5 e partie : plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114<br />
Grille du Plan d’action . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 114<br />
Description du Plan d’action:<br />
Groupe cible<br />
Personnel / ressources nécessaires<br />
Planification (peut impliquer d’autres groupes, personnes ou organismes)<br />
Mise en œuvre<br />
Démarche (les prochaines étapes)<br />
Échéancier<br />
Coûts (peut ne pas s’appliquer)<br />
Évaluation du plan (rapport d’étape, évaluation finale)<br />
Remise du Plan d’action et résultats<br />
ANNEXE A : Déclaration des jeunes adultes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 116<br />
ANNEXE B : Message du pape Jean-Paul II . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 119<br />
ANNEXE C : Comité d’organisation du Congrès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 123<br />
NOTES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 128<br />
Tabledesmatièresdétaillée<br />
135