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Instabilité de la circulation thermohaline Atlantique: implications ...

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Instabilités <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> At<strong>la</strong>ntique: <strong>implications</strong> pour les<br />

changements climatiques rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire<br />

Olivier Arzel et A<strong>la</strong>in Colin <strong>de</strong> Verdière<br />

Laboratoire <strong>de</strong> Physique <strong>de</strong>s Océans / Université <strong>de</strong> Bretagne Occi<strong>de</strong>ntale (LPO/UBO)<br />

Les analyses du rapport isotopique (δ 18 O) <strong>de</strong> l'oxygène dans <strong>de</strong>s carottes <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ces extraites<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> calotte Groen<strong>la</strong>ndaise révèlent très c<strong>la</strong>irement sur <strong>la</strong> figure 1, que les <strong>de</strong>rnières pério<strong>de</strong>s<br />

g<strong>la</strong>ciaires étaient marquées par <strong>de</strong>s changements climatiques rapi<strong>de</strong>s dans l'Hémisphère Nord<br />

(Loulergue et al., 2008). Ces changements climatiques sont associés à <strong>de</strong>s réchauffements intenses<br />

8-16°C du climat <strong>de</strong>s hautes <strong>la</strong>titu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique Nord sur une échelle <strong>de</strong> temps al<strong>la</strong>nt <strong>de</strong><br />

quelques années à quelques décennies (Lang et al., 1999; Severinghaus and Brook, 1999). Ces<br />

réchauffements climatiques naturels sont connus sont le nom d'évènements <strong>de</strong> Dansgaard-Oeschger<br />

(DO) d'après le nom <strong>de</strong> leurs découvreurs en 1984 (Dansgaard et al., 1984 ; Oeschger et al., 1984).<br />

Ils surviennent tous les 1000 à 2000 ans au cours <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire mais Bond et al.<br />

(1999) ont proposé que ces événements étaient périodiques avec une pério<strong>de</strong> moyenne autour <strong>de</strong><br />

1500 ans. L’époque interg<strong>la</strong>ciaire actuelle, l'Holocène, amorcée il y a environ 10000 ans est en<br />

contraste très stable et ne montre pas <strong>de</strong> tels évènements climatiques majeurs. Bien que <strong>la</strong> quantité<br />

d’indicateurs climatiques (ou proxy) documentant cette <strong>de</strong>rnière g<strong>la</strong>ciation augmente <strong>de</strong> manière<br />

continue, le mécanisme physique sous-jacent aux événements DO <strong>de</strong>meure encore aujourd'hui<br />

inconnu. Cependant <strong>de</strong> nombreuses hypothèses phénoménologiques parfois appuyées par <strong>de</strong>s<br />

modèles <strong>de</strong> climat fortement idéalisés ont été avancées pour expliquer l'origine <strong>de</strong>s différentes<br />

stabilités <strong>de</strong>s climats g<strong>la</strong>ciaires et interg<strong>la</strong>ciaires. La question centrale est évi<strong>de</strong>mment <strong>de</strong> savoir si <strong>la</strong><br />

variabilité DO est forcée <strong>de</strong> l’extérieur, via les variations so<strong>la</strong>ires par exemple, ou bien résulte d’une<br />

instabilité interne propre au système climatique. Etant donné les échelles <strong>de</strong> temps millénaires<br />

impliquées dans ces variations, le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion océanique est souvent invoqué car les<br />

échelles <strong>de</strong> temps associées à cette circu<strong>la</strong>tion sont précisément dans ce domaine <strong>de</strong> fréquences: si<br />

on divise le volume V <strong>de</strong> l’At<strong>la</strong>ntique Nord par le débit ψ <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion actuelle, on trouve un<br />

temps <strong>de</strong> rési<strong>de</strong>nce:<br />

τ= V/ψ ∼1000 ans<br />

avec V ~ 4.10 17 m 3 et ψ ∼ 15 Sv, (1 Sv = 10 6 m 3 s -1 ). C’est donc sous cet angle que l’origine <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

variabilité DO est abordé ici.<br />

La circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> est cette part <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion globale océanique induite par les<br />

contrastes gran<strong>de</strong> échelle <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité et donc <strong>de</strong> température et salinité dans <strong>la</strong> direction méridienne<br />

(voir Wunsch 2002, pour une discussion). Dans l'océan At<strong>la</strong>ntique, cette circu<strong>la</strong>tion est un élément<br />

clé du système climatique. Elle transporte d'énormes quantités <strong>de</strong> sel et <strong>de</strong> chaleur O(10 15 ) W vers le<br />

Nord, et affecte en conséquence <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion atmosphérique et <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer. Moyennée dans <strong>la</strong><br />

direction zonale, une circu<strong>la</strong>tion méridienne <strong>de</strong> retournement (Meridional Overturning Circu<strong>la</strong>tion,<br />

MOC, en ang<strong>la</strong>is) apparaît, avec un écoulement vers le Nord en surface et un retour vers le Sud en<br />

profon<strong>de</strong>ur. Evi<strong>de</strong>mment le Gulf Stream en surface et le courant profond <strong>de</strong> bord Ouest en<br />

profon<strong>de</strong>ur (qui transporte l’eau dite NADW formée en Mer <strong>de</strong> Norvège) sont les bras actifs <strong>de</strong><br />

cette MOC. L'étu<strong>de</strong> d'intercomparaison multi-modèles <strong>de</strong> Stouffer et al. (2006) réalisée dans le<br />

cadre du WCRP (World Climate Research Program) souligne l'importance <strong>de</strong> cette circu<strong>la</strong>tion pour<br />

le climat <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique Nord: un arrêt total <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC en réponse à une décharge massive (1Sv)<br />

d'eau douce dans les hautes <strong>la</strong>titu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> l'At<strong>la</strong>ntique Nord entraîne un refroidissement maximal <strong>de</strong>


l'Europe du Nord variant <strong>de</strong> 7°C à 12°C dépendant du type <strong>de</strong> modèle utilisé (EMICs 1 ou AOGCM 2<br />

respectivement).<br />

La difficulté <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> théorique <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> tient dans son caractère<br />

intrinsèquement non linéaire : les termes <strong>de</strong> transport <strong>de</strong> chaleur et <strong>de</strong> sel par <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion<br />

répon<strong>de</strong>nt aux forçages respectifs en surface mais <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion elle même dépend <strong>de</strong>s gradients <strong>de</strong><br />

température et <strong>de</strong> salinité. Ces transports sont responsables <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux rétroactions (feedbacks) <strong>de</strong><br />

signes opposés, qui affectent <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion (en particulier <strong>la</strong> MOC At<strong>la</strong>ntique). La<br />

première rétroaction fonctionne comme suit: supposons le système à l’équilibre puis perturbons <strong>la</strong><br />

circu<strong>la</strong>tion qui transporte alors un peu plus <strong>de</strong> sel vers le Nord que requis par le forçage (les<br />

distributions E-P) supposé constant en surface. La salinité va alors augmenter au Nord ce qui<br />

augmente le gradient méridien <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité et donc les gradients <strong>de</strong> pression et donc <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion. La<br />

convection dans les régions <strong>de</strong> formation d’eau profon<strong>de</strong> va également être soutenue par ces apports<br />

<strong>de</strong> sel excé<strong>de</strong>ntaires. Cette rétroaction positive entre <strong>la</strong> MOC et <strong>la</strong> salinité est combattue par une<br />

<strong>de</strong>uxième rétroaction, négative celle <strong>la</strong> : en effet si <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion est un peu plus forte qu’a<br />

l’équilibre, le transport <strong>de</strong> chaleur vers le Nord va lui aussi augmenter. Alors <strong>la</strong> température va<br />

augmenter et <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité diminuer au Nord. Cependant il y a une gran<strong>de</strong> différence entre cette<br />

rétroaction et <strong>la</strong> précé<strong>de</strong>nte. En effet le forçage en surface pour <strong>la</strong> température peut s’adapter. Si <strong>la</strong><br />

température est plus forte, les pertes <strong>de</strong> chaleur à l’interface air-mer vont augmenter et venir<br />

gommer l’anomalie positive <strong>de</strong> température. Un modèle océanique forcé en conditions mixtes,<br />

(rappel sur un gradient <strong>de</strong> température atmosphérique fixe et flux E-P imposés) <strong>de</strong>vient instable<br />

précisément par <strong>la</strong> victoire inéluctable <strong>de</strong> <strong>la</strong> première rétroaction. Mais évi<strong>de</strong>mment il n’y aucune<br />

raison <strong>de</strong> prendre l’atmosphère comme fixée bien au contraire et <strong>de</strong> nombreuses autres rétroactions<br />

ont <strong>la</strong> capacité d'affecter <strong>la</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion. On peut citer le transport turbulent <strong>de</strong> chaleur<br />

et <strong>de</strong> vapeur d’eau par les tourbillons <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> échelle, mais aussi le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer<br />

(Nakamura et al., 1994; Marotzke, 1996). Dans cet article nous nous concentrons cependant<br />

uniquement sur <strong>la</strong> dynamique intrinsèque océanique et l’usage implicite <strong>de</strong>s conditions mixtes. Ces<br />

conditions sont au cœur <strong>de</strong> l'existence d'équilibres multiples dans le modèle ultra simple imaginé<br />

par Stommel (1961). Il montre que si température et salinité sont rappelées sur <strong>de</strong>s valeurs<br />

réservoirs avec <strong>de</strong>s constantes <strong>de</strong> temps différentes, on peut avoir <strong>de</strong>ux équilibres stables avec<br />

respectivement une forte ou une faible circu<strong>la</strong>tion, une possibilité vérifiée par Bryan (1986) dans un<br />

modèle océanique basé sur les équations primitives et par Manabe et Stouffer (1988) dans un<br />

modèle couplé océan - atmosphère. Pour une visualisation <strong>de</strong> ces effets avec un modèle en boites<br />

très simple mais qui gar<strong>de</strong> <strong>la</strong> possibilité <strong>de</strong> convection active ou inhibée dans une boîte po<strong>la</strong>ire, voir<br />

Colin <strong>de</strong> Verdière (2010).<br />

Dans l'hypothèse où le temps <strong>de</strong> rappel sur <strong>la</strong> température est très petit <strong>de</strong>vant l'échelle <strong>de</strong><br />

temps advective <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion, <strong>la</strong> température du modèle <strong>de</strong> Stommel reste toujours proche <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

température du réservoir et <strong>la</strong> dynamique se réduit alors à une équation d'évolution pour le contraste<br />

<strong>de</strong> salinité équateur-pôle, ici écrite sous forme adimensionnelle:<br />

ẏ=−1− y y+μ (1)<br />

où y=β ΔS /αΔT 0 est le rapport <strong>de</strong>s effets halins et thermiques sur <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité, 1− y est <strong>la</strong><br />

circu<strong>la</strong>tion proportionnelle au gradient <strong>de</strong> <strong>de</strong>nsité et µ est le forçage en sel. Ce système dynamique<br />

admet, pour 0


Cette possibilité d’équilibres multiples <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> a donné naissance au<br />

paradigme selon lequel les transitions climatiques rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire sont le<br />

résultat <strong>de</strong> sauts entre <strong>de</strong>ux équilibres stables ou instables <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC At<strong>la</strong>ntique (Broecker et al.,<br />

1985). Voir également Alley (2007) pour une revue <strong>de</strong>s travaux <strong>de</strong> Wal<strong>la</strong>ce S. Broecker. Si les<br />

équilibres sont stables, un forçage externe est évi<strong>de</strong>mment nécessaire pour permettre au système <strong>de</strong><br />

sauter d’un état à l’autre alors que si les équilibres sont instables, <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions internes<br />

autonomes apparaissent spontanément. Selon les cas il existe un <strong>la</strong>rge ensemble <strong>de</strong> mécanismes<br />

physiques pouvant offrir <strong>de</strong> telles transitions quasi-périodiques et nous allons en explorer quelques<br />

unes.<br />

Ganopolski et Rahmstorf (2001) reproduisent <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions simi<strong>la</strong>ires en structure<br />

temporelle et spatiale aux cycles DO dans un modèle à basse résolution soumis à un forçage d'eau<br />

douce périodique. L'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> millénaire présente dans le forçage n’est pas spécifiée,<br />

bien qu'une origine so<strong>la</strong>ire ait été proposée (Bond et al., 2001) mais elle reste cependant<br />

controversée (Muscheler et Beer, 2006). Ce mécanisme est illustré dans <strong>la</strong> figure 2b pour le système<br />

dynamique (1). Des transitions simi<strong>la</strong>ires furent ensuite reproduites en ajoutant au forçage d'eau<br />

douce oscil<strong>la</strong>nt l’effet <strong>de</strong> <strong>la</strong> variabilité synoptique atmosphérique (non résolue explicitement) par un<br />

bruit b<strong>la</strong>nc stochastique (Vélez-Belchi et al. 2001 ; Ganopolski et Rahmstorf, 2002). Ce mécanisme<br />

est connu sous le nom <strong>de</strong> résonance stochastique (SR). Il est présent dans les systèmes admettant<br />

<strong>de</strong>s équilibres multiples mais ne présentant pas nécessairement <strong>de</strong> variabilité intrinsèque. Il permet<br />

en outre d'abaisser le seuil <strong>de</strong> variabilité du forçage pour lequel <strong>de</strong>s transitions rapi<strong>de</strong>s émergent<br />

entre les <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s stables <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC par rapport au cas où un bruit stochastique est absent. Ce<br />

mécanisme est illustré sur <strong>la</strong> figure 2c pour le système dynamique (1) modifié par l'ajout d'un<br />

transport méridien <strong>de</strong> sel (dont l’origine serait <strong>la</strong> turbulence océanique) entre <strong>la</strong> boîte tropicale et<br />

po<strong>la</strong>ire :<br />

ẏ=−1− y y+μ− Ny σ (2)<br />

où N est un bruit b<strong>la</strong>nc gaussien stochastique et σ son écart-type. Bien que le mécanisme SR semble<br />

être un bon candidat pour expliquer les propriétés statistiques (i.e temps écoulé entre <strong>de</strong>ux<br />

évènements DO) <strong>de</strong>s reconstructions paléoclimatiques (Alley et al. 2001), rien ne prouve que les<br />

transitions climatiques rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière ère g<strong>la</strong>ciaire soient causées par ce mécanisme. En effet<br />

<strong>de</strong> nombreuses incertitu<strong>de</strong>s persistent, en lien avec 1/ <strong>la</strong> diversité <strong>de</strong>s métho<strong>de</strong>s statistiques utilisées<br />

pour analyser les reconstructions paléoclimatiques, 2/ <strong>la</strong> chronologie <strong>de</strong>s carottes <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce et 3/ <strong>la</strong><br />

définition d'une transition climatique. Le mécanisme SR reste donc un mécanisme controversé. En<br />

outre comme nous allons le voir <strong>de</strong> nombreux autres processus physiques sont capables <strong>de</strong><br />

reproduire <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions abruptes millénaires en l'absence <strong>de</strong> forçage périodique externe (so<strong>la</strong>ire).<br />

Le mécanisme <strong>de</strong> résonance <strong>de</strong> cohérence (coherence resonance en ang<strong>la</strong>is, CR) par<br />

exemple, équivalent à une résonance stochastique autonome, peut survenir <strong>de</strong> manière plus générale<br />

dans <strong>de</strong>s systèmes excitables (i.e avec une variabilité intrinsèque), sans le besoin d'un forçage<br />

externe périodique. Ce mécanisme ne peut pas survenir dans le modèle <strong>de</strong> Stommel qui est<br />

dépourvu <strong>de</strong> variabilité intrinsèque mais il apparaît en revanche dans le modèle <strong>de</strong> We<strong>la</strong>n<strong>de</strong>r (1982)<br />

qui est un modèle <strong>de</strong> convection sans circu<strong>la</strong>tion (voir Cessi, 1996), en opposition au modèle <strong>de</strong><br />

Stommel qui est un modèle <strong>de</strong> circu<strong>la</strong>tion sans convection. Le mécanisme CR résulte <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

combinaison d'un bruit stochastique et d'un cycle limite intrinsèque au système physique, avec le<br />

niveau <strong>de</strong> bruit contrô<strong>la</strong>nt <strong>la</strong> périodicité. La cohérence <strong>de</strong> <strong>la</strong> réponse (i.e périodicité) est obtenue<br />

pour une amplitu<strong>de</strong> optimale, ou résonante, du bruit stochastique. Ce concept fut utilisé par<br />

Timmermann et al. (2003) pour montrer que <strong>de</strong>s transitions climatiques rapi<strong>de</strong>s d'échelle millénaire


peuvent être excitées lorsque le niveau <strong>de</strong> bruit dépasse un certain seuil. Ce mécanisme est illustré<br />

sur <strong>la</strong> figure 3 sur <strong>la</strong> base d'un modèle à six boîtes <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> At<strong>la</strong>ntique soumis<br />

à <strong>de</strong>s conditions mixtes <strong>de</strong> surface. Notez que ce modèle produit <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions millénaires<br />

autonomes (sans bruit) dans une fenêtre d’intensité du cycle hydrologique (voir <strong>la</strong> figure 4 ci<strong>de</strong>ssous<br />

et Colin <strong>de</strong> Verdière et al., 2006 pour plus <strong>de</strong> détails). En <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cette fenêtre, lorsque<br />

l'amplitu<strong>de</strong> σ du bruit est en <strong>de</strong>ssous d'un certain seuil, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion varie autour <strong>de</strong> l'état stable<br />

donné par le modèle déterministe. Lorsqu'en revanche, l'amplitu<strong>de</strong> du bruit est au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce seuil,<br />

<strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions périodiques apparaissent entre les <strong>de</strong>ux états instables associés au modèle<br />

stochastique. Cet effet <strong>de</strong>s fluctuations stochastiques sur le diagramme <strong>de</strong> bifurcation <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

circu<strong>la</strong>tion est montré sur <strong>la</strong> figure 4. De plus, Timmermann et al. (2003) montrent qu'une<br />

variabilité abrupte millénaire peut être déclenchée par un apport initial d'eau douce dans les hautes<br />

<strong>la</strong>titu<strong>de</strong>s en présence <strong>de</strong> bruit stochastique, mais uniquement si l'amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> cet apport est assez<br />

gran<strong>de</strong>. Ce mécanisme est illustré sur <strong>la</strong> figure 3c, un résultat qui a conduit ces auteurs à suggérer<br />

que <strong>la</strong> variabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire résulte d'une interaction entre les calottes<br />

continentales et <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion océanique: une débâcle massive d'icebergs en At<strong>la</strong>ntique Nord (i.e un<br />

événement <strong>de</strong> Heinrich) initie une série d'évènements DO qui à leur tour déclenchent un évènement<br />

<strong>de</strong> Heinrich avec une périodicité d'environ 10000 ans. Dans ce mécanisme, <strong>la</strong> calotte continentale<br />

croît par accumu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong> neige durant les phases froi<strong>de</strong>s (i.e stadiaires) successives associées aux<br />

cycles <strong>de</strong> DO. Lorsque le volume <strong>de</strong> <strong>la</strong> calotte dépasse un certain seuil (explicitement prescrit dans<br />

leur étu<strong>de</strong>), elle se désagrège en une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> 300 ans, impliquant alors une décharge massive<br />

(0.32 Sv) d’eau douce dans l’océan avant qu'un nouveau cycle ne recommence. Dans les<br />

enregistrements paléoclimatiques <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire, ces cycles longs O(10000 ans)<br />

sont connus sous le nom <strong>de</strong> cycles <strong>de</strong> Bond (Bond et al., 1993).<br />

En plus <strong>de</strong> ces mécanismes liés à <strong>la</strong> présence d'un forçage oscil<strong>la</strong>nt ou d'un bruit<br />

stochastique, <strong>de</strong> nombreuses étu<strong>de</strong>s réalisées avec une hiérarchie <strong>de</strong> modèles (en boîtes à<br />

intermédiaires) ont montré l'existence <strong>de</strong> variabilité abrupte millénaire sous forçage externe<br />

constant et sans bruit stochastique. Ces oscil<strong>la</strong>tions sont connues sous le nom <strong>de</strong> ``<strong>de</strong>ep-<strong>de</strong>coupling<br />

oscil<strong>la</strong>tions'' (DDO) d'après l'article original <strong>de</strong> Winton et Sarachik (1993). Le terme ``<strong>de</strong>ep<strong>de</strong>coupling''<br />

provient du fait que l’océan profond est découplé <strong>de</strong>s flux <strong>de</strong> surface durant les phases<br />

<strong>de</strong> l'oscil<strong>la</strong>tion où <strong>la</strong> MOC est affaiblie car <strong>la</strong> convection est absente. Notez que les oscil<strong>la</strong>tions<br />

associées au mécanisme CR sont <strong>de</strong>s DDO induites par le bruit. Le mécanisme <strong>de</strong>s DDO<br />

initialement proposé par Winton et Sarachik (1993) est le suivant: lorsque <strong>la</strong> MOC est dans son état<br />

faible, l'océan po<strong>la</strong>ire profond n’est plus irrigué par <strong>la</strong> convection car une halocline (i.e poche d'eau<br />

douce) se forme en surface. Il accumule lentement <strong>de</strong> <strong>la</strong> chaleur par diffusion turbulente avec les<br />

couches <strong>de</strong> surface chau<strong>de</strong> <strong>de</strong>s basses <strong>la</strong>titu<strong>de</strong>s. A un certain moment, <strong>la</strong> colonne d'eau po<strong>la</strong>ire<br />

stablement stratifiée <strong>de</strong>vient instable et <strong>la</strong> convection est re-initiée: <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion s'intensifie<br />

rapi<strong>de</strong>ment et <strong>la</strong> chaleur accumulée pendant <strong>de</strong>s siècles par l'océan profond est restituée à<br />

l'atmosphère par <strong>la</strong> convection sur une pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> quelques années à quelques décennies. La<br />

rétroaction positive entre <strong>la</strong> salinité et <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion tend, durant cette phase re<strong>la</strong>tivement courte <strong>de</strong><br />

l'oscil<strong>la</strong>tion, à renforcer l'intensification <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion. Cependant l'augmentation conjointe du<br />

transport <strong>de</strong> chaleur vers le Nord tend à diminuer <strong>la</strong> <strong>de</strong>nsité <strong>de</strong> l'océan po<strong>la</strong>ire <strong>de</strong> surface à travers<br />

son effet sur <strong>la</strong> SST et <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer. En fait l’équilibre <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion forte est lui aussi instable.<br />

Par conséquent, à un certain point, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion ralentit et <strong>la</strong> rétroaction positive entre <strong>la</strong> salinité et<br />

<strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion travaille en sens inverse: <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion s'affaiblit encore plus et un nouveau cycle<br />

recommence.<br />

Le diagramme <strong>de</strong> bifurcation <strong>de</strong> ces oscil<strong>la</strong>tions a été récemment étudié par Colin <strong>de</strong><br />

Verdière et al. (2006) à l'ai<strong>de</strong> d'un modèle à six boîtes, i<strong>de</strong>ntique à celui utilisé dans <strong>la</strong> figure 3 ci<strong>de</strong>ssus.<br />

Si l'amplitu<strong>de</strong> du cycle hydrologique est assez forte et les précipitations po<strong>la</strong>ires assez


faibles, <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion oscille sur <strong>de</strong>s échelles millénaires entre <strong>de</strong>ux mo<strong>de</strong>s instables, i.e un mo<strong>de</strong><br />

instable halin avec une faible circu<strong>la</strong>tion et un mo<strong>de</strong> instable thermique avec une convection active.<br />

Il paraît difficile <strong>de</strong> supporter ce mécanisme <strong>de</strong> déclenchement pour les cycles millénaires <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

<strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire puisque les oscil<strong>la</strong>tions millénaires DDO ne se développent ici que si le<br />

cycle hydrologique est assez fort ce qui est beaucoup plus vraisemb<strong>la</strong>ble dans un climat chaud. Les<br />

analyses d'épaisseur <strong>de</strong>s couches annuelles dans les carottes <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce du Groen<strong>la</strong>nd, confirment en<br />

effet <strong>de</strong>s valeurs bien inférieures à celles <strong>de</strong> l'Holocène (Svensson et al., 2008), en accord avec un<br />

océan <strong>de</strong> surface plus froid durant <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire. La stabilité <strong>de</strong>s climats g<strong>la</strong>ciaires<br />

serait alors supérieure à celle <strong>de</strong>s climats interg<strong>la</strong>ciaires à cause <strong>de</strong> leur cycle hydrologique affaibli.<br />

Or c'est exactement l'inverse qui se produit ! Comment pouvons nous donc alors réconcilier<br />

l’instabilité <strong>de</strong>s climats g<strong>la</strong>ciaires avec le mécanisme <strong>de</strong> déclenchement <strong>de</strong>s DDO <br />

Un premier élément <strong>de</strong> réponse fut apporté par Winton (1997). En étudiant <strong>la</strong> sensibilité <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> MOC à <strong>la</strong> température atmosphérique moyenne <strong>de</strong> surface dans son modèle couplé océanatmosphère<br />

2D (<strong>la</strong>titu<strong>de</strong>-profon<strong>de</strong>ur), il montre que <strong>la</strong> MOC est moins stable pour <strong>de</strong>s climats<br />

froids. L'instabilité se manifeste par <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions abruptes millénaires dont <strong>la</strong> structure<br />

temporelle est simi<strong>la</strong>ire aux DDO. Pour Winton l’ingrédient essentiel est <strong>la</strong> non-linéarité <strong>de</strong><br />

l'équation d'état : le fait que le coefficient d’expansion thermique diminue avec <strong>la</strong> température<br />

implique une plus forte sensibilité <strong>de</strong>s eaux po<strong>la</strong>ires au flux d’eau douce <strong>de</strong> surface. En utilisant un<br />

modèle océanique 3D couplé à un EBM (energy ba<strong>la</strong>nce mo<strong>de</strong>l) et à <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer, Loving et<br />

Vallis (2005) montrèrent que l’apparition <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions n’était pas du tout liée à <strong>la</strong> nonlinéarité <strong>de</strong><br />

l’équation d’état mais à un climat suffisamment froid : <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions abruptes millénaires<br />

apparaissent en effet dès lors que l'émissivité p<strong>la</strong>nétaire est assez élevée. Ce comportement est<br />

reproduit en figure 5 à l'ai<strong>de</strong> du modèle couplé (UVic) dans un contexte assez proche <strong>de</strong> celui <strong>de</strong><br />

Loving et Vallis (Arzel et al., 2010). Ces étu<strong>de</strong>s montrent donc que l'intensité critique du cycle<br />

hydrologique au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>vient instable diminue lorsque le climat se<br />

refroidit.<br />

Dans le but d'éluci<strong>de</strong>r l'origine physique <strong>de</strong> ce comportement, Colin <strong>de</strong> Verdière et te Raa<br />

(2010) comparent le diagramme <strong>de</strong> bifurcation <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC dans un modèle 2D couplé océanatmosphère-g<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> mer sous différentes conditions climatiques moyennes. Il ressort <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong><br />

que <strong>la</strong> stabilité réduite <strong>de</strong>s climats froids est essentiellement causée par un transport méridien <strong>de</strong><br />

chaleur par <strong>la</strong> MOC plus faible en climat froid. Pourquoi Le transport <strong>de</strong> chaleur peut<br />

grossièrement être estimé par le produit <strong>de</strong> l'intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC et <strong>de</strong> <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> température<br />

entre <strong>la</strong> surface et <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur à <strong>la</strong>quelle <strong>la</strong> MOC exporte <strong>de</strong> l'eau vers le sud. Puisque l'intensité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC reste équivalente entre les climats chauds et froids dans leur étu<strong>de</strong>, en accord avec les<br />

observations <strong>de</strong> Lynch-Stieglitz et al. (2007), <strong>la</strong> réduction du transport <strong>de</strong> chaleur lors <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s<br />

g<strong>la</strong>ciaires ne peut être due qu’à une réduction du contraste thermique entre <strong>la</strong> surface et le fond.<br />

Mais comme <strong>la</strong> température basse du système est assez bien contrôlée par <strong>la</strong> température <strong>de</strong> fusion<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer, seule <strong>la</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> température <strong>de</strong>s couches <strong>de</strong> surface en climat froid<br />

peut venir changer <strong>la</strong> stratification thermique. Le refroidissement <strong>de</strong> l'océan <strong>de</strong> surface est causé en<br />

réalité par l'effet combiné <strong>de</strong> <strong>la</strong> réduction <strong>de</strong> <strong>la</strong> concentration en CO 2 atmosphérique et <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

présence <strong>de</strong>s énormes calottes continentales (i.e Laurentienne et Fenno-Scandinave). Or ce transport<br />

méridien <strong>de</strong> chaleur est un régu<strong>la</strong>teur majeur compte tenu <strong>de</strong> son implication dans <strong>la</strong> rétroaction<br />

thermique négative comme nous l'avons expliqué au début. L'instabilité <strong>de</strong>s climats g<strong>la</strong>ciaires<br />

trouverait donc sa cause dans l'affaiblissement <strong>de</strong> cette rétroaction négative entre température et<br />

circu<strong>la</strong>tion. Cette conclusion s'est avérée robuste dans l'étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Arzel et al. (2011) basée sur un<br />

modèle couplé global <strong>de</strong> complexité intermédiaire, où le transport <strong>de</strong> chaleur vers le Nord dans<br />

l'océan At<strong>la</strong>ntique sous conditions g<strong>la</strong>ciaires est environ 10% inférieur à celui obtenu pour un climat<br />

interg<strong>la</strong>ciaire (figure 6).


En conclusion, <strong>de</strong> nombreuses hypothèses existent pour expliquer l'origine <strong>de</strong> <strong>la</strong> variabilité<br />

abrupte millénaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire. On distinguera les causes déterministes du<br />

système physique où les non-linéarités présentes sont au cœur <strong>de</strong> l’existence d’oscil<strong>la</strong>tions<br />

autonomes <strong>de</strong> celles associées à <strong>la</strong> séparation entre les échelles rapi<strong>de</strong>s (i.e variabilité synoptique<br />

atmosphérique par exemple) souvent représentées en termes <strong>de</strong> bruit b<strong>la</strong>nc stochastique, et les<br />

échelles lentes (i.e gran<strong>de</strong> échelle) qui sont explicitement prises en compte dans les équations.<br />

Parmi les mécanismes revus ici, <strong>la</strong> résonance stochastique est sans doute le plus controversé à<br />

cause, en particulier, <strong>de</strong> <strong>la</strong> difficulté d'analyse statistique <strong>de</strong> séries temporelles liées à <strong>de</strong>s processus<br />

non-linéaires. Le mécanisme brut <strong>de</strong> résonance <strong>de</strong> cohérence qui se traduit par l’excitation d'un<br />

cycle limite intrinsèque au système physique par <strong>de</strong>s fluctuations stochastiques, ne permet pas <strong>de</strong><br />

dire pourquoi les climats g<strong>la</strong>ciaires sont moins stables que les climats interg<strong>la</strong>ciaires. Ce mécanisme<br />

est uniquement pertinent pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière pério<strong>de</strong> g<strong>la</strong>ciaire s'il fait intervenir <strong>de</strong>s perturbations<br />

externes, comme les évènements <strong>de</strong> Heinrich, pour exciter stochastiquement le système couplé. Il<br />

faut noter que ces hypothèses stochastiques n'ont été que très peu testées dans <strong>de</strong>s modèles couplés<br />

idéalisés à intermédiaires. Ceci crée nécessairement un doute sur leur robustesse mais ne peut en<br />

aucun cas les discriminer. En revanche, les mécanismes déterministes reposant uniquement sur <strong>la</strong><br />

dynamique non-linéaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion <strong>thermohaline</strong> At<strong>la</strong>ntique se sont montrés robustes à travers<br />

une gran<strong>de</strong> hiérarchie <strong>de</strong> modèles purement océaniques et couplés océan-g<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> mer-atmosphère.<br />

Les résultats montrent que <strong>la</strong> réduction du transport <strong>de</strong> chaleur vers le Nord dans l'Océan At<strong>la</strong>ntique<br />

pourrait bien être une <strong>de</strong>s clés du puzzle enfoui dans les reconstructions paléoclimatiques <strong>de</strong>s<br />

pério<strong>de</strong>s g<strong>la</strong>ciaires.<br />

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FIGURE 1. Evolution du rapport isotopique (δ 18 O ) <strong>de</strong> l'oxygène piégé dans <strong>la</strong> carotte <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce<br />

NGRIP (North Green<strong>la</strong>nd Ice Core Project, 1996-2003) au cours <strong>de</strong>s 100 000 <strong>de</strong>rnières années, avec<br />

une résolution <strong>de</strong> 50 ans (NGRIP, 2004). Le site NGRIP est localisé à 75.10°N-42.32°W à une<br />

altitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> 2917 mètres. La carotte <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce est longue <strong>de</strong> 3085 mètres, et s'étend donc jusqu'en<br />

<strong>de</strong>ssous du niveau <strong>de</strong> <strong>la</strong> mer. Lorsque l'air se refroidit, <strong>la</strong> vapeur d'eau se con<strong>de</strong>nse, et les molécules<br />

les plus lour<strong>de</strong>s contenant les atomes 18 O ten<strong>de</strong>nt à précipiter en premières, <strong>la</strong>issant alors une plus<br />

gran<strong>de</strong> concentration d'oxygène 16 dans <strong>la</strong> masse d'air. Les valeurs hautes <strong>de</strong> δ 18 O indiquent par<br />

conséquent <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s climatiques anormalement chau<strong>de</strong>s. Les évènements <strong>de</strong> Dansgaard-<br />

Oeschger sont numérotés en rose. La ligne pointillée délimite <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> interg<strong>la</strong>ciaire actuelle<br />

(l'Holocène) du <strong>de</strong>rnier âge <strong>de</strong> g<strong>la</strong>ce. L'Eémien est le <strong>de</strong>rnier interg<strong>la</strong>ciaire (114-131 ka avant le<br />

présent).


FIGURE 2. Solutions du modèle du Stommel sous conditions variées. (a) Diagramme <strong>de</strong><br />

bifurcation du système dynamique (1). Deux équilibres stables thermique y < 1 et halin y >1 en<br />

traits pleins rouge et bleu, respectivement, et un équilibre thermique y < 1 instable (trait rouge<br />

pointillé) apparaissent pour 0


FIGURE 3. Illustration du mécanisme <strong>de</strong> résonance <strong>de</strong> cohérence (CR): <strong>de</strong>s transitions abruptes<br />

millénaires <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC sont excitées par un forçage d'eau douce (1.5 m an -1 ) contenant une<br />

composante stochastique issue d'une distribution gaussienne. (a) La géométrie du modèle est celle<br />

d'un modèle à six boîtes soumis aux conditions mixtes <strong>de</strong> surface. Les équations sont simi<strong>la</strong>ires à<br />

celles du modèle <strong>de</strong> Stommel sauf que l’instabilité convective est présente. (b) Lorsque l'amplitu<strong>de</strong><br />

σ du bruit est en <strong>de</strong>ssous d'un certain seuil (bleu), <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion varie autour <strong>de</strong> l'état stable donné<br />

par le modèle déterministe (sans bruit). Lorsqu'en revanche, l'amplitu<strong>de</strong> du bruit est au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ce<br />

seuil (noir), <strong>de</strong>s oscil<strong>la</strong>tions périodiques apparaissent entre les <strong>de</strong>ux états instables associés au<br />

modèle stochastique. (c) Réponse du modèle à un apport d'eau douce F dans <strong>la</strong> boîte po<strong>la</strong>ire en<br />

présence <strong>de</strong> bruit stochastique d'amplitu<strong>de</strong> σ= 0.04 Sv. La perturbation est maintenue pendant les<br />

100 premières années <strong>de</strong> l'expérience. Des oscil<strong>la</strong>tions abruptes millénaires apparaissent lorsque<br />

l'amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> perturbation initiale est assez forte. Notez qu’en l'absence <strong>de</strong> bruit stochastique<br />

(solutions autonomes), le modèle n’oscille pas quelque soit l'amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> perturbation initiale<br />

pour cette intensité particulière <strong>de</strong> forçage d'eau douce (1.5 m an -1 ). Les oscil<strong>la</strong>tions millénaires<br />

autonomes apparaissent en fait pour <strong>de</strong>s cycles hydrologiques plus intenses (figure 4).


FIGURE 4. Diagrammes <strong>de</strong> stabilité <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC dans le modèle à six boîtes utilisé dans <strong>la</strong> Fig. 3<br />

sans bruit stochastique (a) et avec une composante <strong>de</strong> flux d'eau douce stochastique <strong>de</strong> 0.12 Sv<br />

appliquée sur les trois boîtes <strong>de</strong> surface (b). La fenêtre d'oscil<strong>la</strong>tions abruptes millénaires du modèle<br />

déterministe est é<strong>la</strong>rgie lorsqu'une composante stochastique est inclue. Les mo<strong>de</strong>s stables (instables)<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion sont représentés par <strong>de</strong>s cercles (croix).


FIGURE 5. Evolution temporelle <strong>de</strong> l'intensité <strong>de</strong> <strong>la</strong> MOC simulée par le modèle océanatmosphère-g<strong>la</strong>ce<br />

<strong>de</strong> mer UVic en réponse à une évolue lente du climat <strong>de</strong> conditions interg<strong>la</strong>ciaires<br />

(CO 2 = 280 ppm sans g<strong>la</strong>ce continentale) vers <strong>de</strong>s conditions g<strong>la</strong>ciaires (CO 2 =200 ppm, bord <strong>de</strong><br />

g<strong>la</strong>ce continentale à 50°N). La géométrie du modèle est idéalisée et correspond aux dimensions<br />

approximatives <strong>de</strong> l'océan At<strong>la</strong>ntique (secteur sphérique à <strong>de</strong>ux hémisphères, <strong>la</strong>rge <strong>de</strong> 60° <strong>de</strong><br />

longitu<strong>de</strong> et profond <strong>de</strong> 4500 m, avec un courant zonal périodique dans l'hémisphère sud entre 50°S<br />

et 60°S pour représenter simplement le Courant Antarctique Circumpo<strong>la</strong>ire). Des oscil<strong>la</strong>tions<br />

abruptes millénaires émergent lorsque le climat est suffisamment froid. Voir Arzel et al. (2010) pour<br />

plus <strong>de</strong> détails.


FIGURE 6. (a) Transport <strong>de</strong> chaleur océanique dans le bassin At<strong>la</strong>ntique (1 PW = 10 15 W) dans le<br />

modèle <strong>de</strong> complexité intermédiaire UVic en géométrie globale sous conditions g<strong>la</strong>ciaires (bleu) et<br />

pré-industrielle (rouge) pour une amplitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> flux d'eau douce <strong>de</strong> -0.29 Sv. (b) Le plus faible<br />

transport <strong>de</strong> chaleur sous conditions g<strong>la</strong>ciaires implique l'existence <strong>de</strong> variabilité abrupte millénaire<br />

dans une fenêtre d'intensité du cycle hydrologique. (c) Sous conditions pré-industrielle en revanche,<br />

le transport <strong>de</strong> chaleur plus élevé stabilise le climat quelque soit l'intensité du cycle hydrologique et<br />

aucune variabilité abrupte millénaire n'apparaît. Les mo<strong>de</strong>s stables (instables) <strong>de</strong> <strong>la</strong> circu<strong>la</strong>tion sont<br />

représentés par <strong>de</strong>s cercles (croix). Voir Arzel et al. (2011) pour plus <strong>de</strong> détails.

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