dossier prod une femme seule 010911 - La Strada et compagnies
dossier prod une femme seule 010911 - La Strada et compagnies
dossier prod une femme seule 010911 - La Strada et compagnies
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
EXTRAITS<br />
« Voilà-t-il pas que mon mari, à me voir si hébétée, s’est imaginé que je buvais ! il a mis le Fern<strong>et</strong><br />
sous clef ! L'idiot ! Ensuite il a eu des soupçons… il m’a fait suivre. Un jour j’étais là, dans la<br />
chambre du je<strong>une</strong> homme… debout, nue… lui aussi était là, debout, nu, nous nous disions bonjour<br />
« Comment vas-tu Bien <strong>et</strong> toi », la porte s’ouvre mon mari entre tout habillé. Comme je ne<br />
savais pas quoi dire, j’ai dit : « Ah, c’est toi » Eh, madame, ça n’arrive pas tous les jours de se<br />
r<strong>et</strong>rouver là, toute nue, avec un étranger, tout nu, <strong>et</strong> le mari en pardessus. Qu’est ce que je n’avais<br />
pas dit : « Oui, c’est moioi ! « Il se m<strong>et</strong> à crier comme un fou… il voulait étrangler le garçon… en<br />
même temps il voulait m’étrangler, moi… mais il n’a que deux mains, il avait beau serrer, il n’y<br />
arrivait pas… pourtant je collaborais, je l’aidais… je serrai mon cou contre celui du je<strong>une</strong> homme <strong>et</strong><br />
j’avais même cessé de respirer… je fermais la bouche. Mais mon nez se m<strong>et</strong>tait à respirer tout seul.<br />
J’ai un nez indépendant !! Arrive la mère, la sœur, la grand-mère.. <strong>et</strong> moi qui étais là, nue comme<br />
un ver, avec mon nez indépendant. Je me sauve à la salle de bains, je m’enferme… je prends <strong>une</strong><br />
lame de rasoir qui se trouvait là <strong>et</strong> tsam, tsam, tsim, tsann… je me taillade toutes les veines que je<br />
trouve ! Je les cherchais. En voilà encore <strong>une</strong> : tsam ! Une autre : tsam ! Quelle coupaillerie ! Et on<br />
en a, des veines ! Je les tailladais dans le sens de la longueur… Pour mourir plus vite… Mais mon<br />
mari voulait me tuer de ses propres mains, il a enfoncé la porte à coups d’épaule… quand il m’a<br />
vue là avec tout ce sang… rouge ! Car j’ai le sang très rouge… il me fait : « Je ne veux plus te tuer.<br />
Je t’emmène à l’hôpital ». Il m’a enroulée dans <strong>une</strong> belle couverture, pour ne pas salir sa voiture… il<br />
m’a emmenée à l’hôpital… <strong>et</strong> puis il m’a pardonné… il a été très généreux. Mais depuis ce jour-là, il<br />
m’enferme à la maison. »<br />
« Une <strong>femme</strong> <strong>seule</strong> » Dario Fo / Franca Rame