Le secteur de la construction au Luxembourg. - Eures

Les cahiers transfrontaliers d’EURES
Luxembourg n°1/2011
Avec plus de 37.600 emplois salariés en
mars 2010, le secteur de la construction au
Luxembourg est incontournable dans le paysage
économique du pays. Il représente à lui
seul plus de 11 % de l’emploi salarié total.
Très majoritairement masculine (91,7 %), la
main-d’oeuvre employée est composée de 10
% de résidents Luxembourgeois, 40 % de résidents
étrangers et 50 % de frontaliers.
En croissance, ce secteur a, depuis les années
2000, changé diront certains, évolué et s’est
adapté, nuancerons d’autres.
Les progrès techniques, les contraintes socioéconomiques,
l’énergie, le développement
durable, … autant d’éléments qui ont impacté
peu ou prou les entreprises du secteur en termes
de besoins de main-d’oeuvre, de formation,
de qualification, de compétences.
Le secteur de la construction au Luxembourg
Pierre Gramme
Cellule EURES de l’ADEM
Les activités du secteur de la construction en 2010
Selon la définition du code NACE 1 , le
secteur de la construction englobe un
ensemble d’activités qui se regroupent
en trois grandes catégories :
• la construction de bâtiments
(la promotion immobilière 2 et la
construction de bâtiments résidentiels
et non résidentiels) ;
• le génie civil
(construction de routes, autoroutes,
voies ferrées, ponts tunnels, réseaux
pour fluide, réseaux électriques et
de télécommunications) ;
• les travaux de construction spécialisés
(démolition et préparations de sites,
forage, sondage, installations
électriques, plomberie, chauffage,
sanitaire, plâtrerie, menuiserie, carrelages
et revêtements de sols, peinture,
vitreries, couvertures…).
Le secteur de la construction comporte
donc une multitude d’activités que
l’on peut aussi synthétiser en activités
de construction générales et spécialisées,
en activités d’installation de bâtiments
rendant la construction utilisable
(chauffage, sanitaire électricité,
isolation, ….) et en activités d’achèvement,
de finition de bâtiment. 3
Ce type d’approche est aussi à mettre
en relation avec les métiers : on évoque
alors souvent les métiers du gros
œuvre et des travaux publics mais
aussi ceux du parachèvement . 4
1 Nomenclature statistique des Activités économiques
dans la Communauté européenne approuvée
par la Commission européenne le 6 juin 2008
2 Dans la Nace V1, la promotion immobilière était
comptabilisée ailleurs (Immobilier).
3 Voir à ce sujet la plate forme d’informations Horizons
emploi : www.leforem.be
4 Selon la classification des métiers ROME V2. C’est la
version v3 qui est aujourd’hui utilisée. Le ROME (Répertoire
Opérationnel des Métiers et des Emplois)
est un référentiel conçu par Pôle emploi France. Il
présente l’ensemble des métiers regroupés par fiches,
organisées par domaines professionnels.

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
Description et évolution de la main-d’oeuvre salariée
Au 31 mars 2010, on dénombrait au
Luxembourg 37 669 postes de travail
salarié dans le secteur de la construction.
Cela représente 11,1% de l’ensemble
des 339 557 salariés occupés sur le
territoire.
L’évolution depuis 2000 est positive
chaque année et ce aussi bien pour le
secteur de la construction que pour
l’ensemble des salariés (tous secteurs
confondus). Cependant, compte
tenu du changement de nomenclature
NACE, les valeurs enregistrées en
2009 et 2010 ne mesurent pas « stricto
sensu » les mêmes composantes pour
ce qui concerne les salariés de la
construction.
Néanmoins les tendances observées
nous montrent bien des évolutions
à la hausse globalement similaires
même si, depuis 2003 et jusqu’à 2008,
une croissance légèrement supérieure
pour la construction comparée à l’ensemble
des secteurs est constatée.
Comparaison de l’emploi salarié dans la construction avec les autres secteurs
Sources : CCSS /IGSS. Situation au 31 mars.
Emplois salariés 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Construction 26 048 27 347 28 627 29 478 30 397 31 211 32 592 34 279 36 074 37 424 37 669
Tous Secteurs 242 267 256 874 267 641 273 427 280 206 288 285 299 502 311 681 328 776 336 064 339 557
Selon la NACE V1
de 2000 à 2008
Selon la NACE V2
de 2009 à 2010
Selon la NACE V1 de 2000 à 2008
Selon la NACE V2
de 2009 à 2010
☞ De 2000 à 2008, le secteur de la construction a enregistré
une hausse de 38,5 % (+10 026 salariés).
Durant cette même période, l’emploi total a, lui,
progressé de 35,7 % (+86 509 salariés).
☞ De 2009 à 2010, le secteur
de la construction a enregistré
une hausse de 0,7 %
(+245 salariés).
L’emploi total a progressé de
1,0 % (+3 493 salariés).

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
Une main-d’oeuvre essentiellement frontalière et étrangère.
Frontaliers
de Belgique
37 802 (11,1%)
Frontaliers d’Allemagne
37 311 (11,0%)
Résidents
luxembourgeois
100 104 (29,5%)
Emplois salariés :
total tous secteurs
339 557 (100%)
En 2010, la répartition des salariés du
secteur de la construction, selon qu’ils
soient résidents (Luxembourgeois et
étrangers) ou frontaliers, est différente
de celles de l’ensemble des salariés du
pays.
Frontaliers
de France
73 428 (21,6%)
Résidents
étrangers
90 912 (26,8%)
Pour l’ensemble des 339 557 emplois
salariés au 31 mars 2010, la maind’oeuvre
est composée de 56,3 % de
résidents (luxembourgeois : 29,5 %
et étrangers : 26,8 %) et de 43,7 %
de frontaliers (de France: 21,6 %, de
Belgique : 11,1% et d’Allemagne : 11,0%).
Frontaliers d’Allemagne
6 935 (18,4%)
Résidents
luxembourgeois
3 662 (9,7%)
Frontaliers
de Belgique
4 381 (11,6%)
Emplois salariés :
total construction
37 669 (100%)
Frontaliers
de France
7 646 (20,3%)
Résidents
étrangers
15 045 (39,9%)
Par contre, pour les 37 669 salariés du secteur de la construction en mars
2010, les frontaliers sont majoritaires avec 50,3% de la main-d’oeuvre.
Parmi les 49,7 % de résidents, les étrangers sont très nombreux (39,9 %)
et les résidents luxembourgeois ne représentent plus que 9,7 % de la
main-d’oeuvre totale de ce secteur.

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
Une évolution différente de la structure de la main-d’oeuvre
(résidents / frontaliers).
Sources : CCSS /IGSS.
Situation au 31 mars.
Depuis 2000, la structure de la maind’oeuvre
(résidents / frontaliers) a évolué
de manière différente si l’on examine
l’ensemble des salariés ou uniquement
ceux du secteur de la construction.
L’emploi salarié total affiche une tendance
à la hausse pour les différentes composantes.
La croissance est cependant plus
forte pour les frontaliers et ce surtout
pour la période de 2000 à 2008.
Evolution de l’emploi salarié total des résidents et des frontaliers de 2000 à 2010.
200000
180000
Résidents
160000
140000
120000
Frontaliers
100000
80000
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Pour les frontaliers une ventilation selon le pays de résidence s’avère intéressante à observer.
Evolution de l’emploi salarié total des frontaliers par pays de résidence de 2000 à 2010.
80000
70000
France
60000
50000
40000
30000
Belgique
Allemagne
20000
10000
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Depuis mars 2000 jusqu’à mars 2008
et ce indépendamment de leur pays
de résidence, tous les frontaliers sont
en augmentation.
En 2009 et 2010, les valeurs mesurées
se sont tassées ou stabilisées, la crise
étant passée par là marquant un ralentissement
voire un arrêt dans la
progression constante enregistrée les
années précédentes.
Remarquons la progression très forte
des frontaliers venant d’Allemagne
qui entre 2000 et 2010 ont connu
une variation à la hausse de 135 % (+
21.472) alors que dans le même temps
les frontaliers de France et de Belgique
n’enregistraient qu’une augmentation
de respectivement 63,3 % et 60,2 %.
L’emploi salarié dans la construction a
connu lui aussi des périodes de croissance
de 2000 à 2008. Par après, la

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
crise a eu aussi des influences dans
ce secteur même si ce sont essentiellement
au niveau des missions intérimaires
non abordées ici que les conséquences
ont été les plus visibles.
N’oublions pas que la nouvelle nomenclature
de la NACE v2 influence
les commentaires pour les valeurs de
2009 et 2010 car elle ne permet pas de
comparer pour les années antérieures
exactement les mêmes choses. Les
évolutions ne seront donc commentées
pour ce secteur que jusqu’en mars
2008.
Entre mars 2000 et mars 2008, le
nombre de salariés dans le secteur a
augmenté de 10 026 unités soit une
progression de 38,5 %. Cette forte augmentation
traduit cependant des réalités
très différentes. Les résidents progressent
globalement de 17,7 % mais
en fait il s’agit uniquement des résidents
étrangers (+ 22,9 %) car les résidents
luxembourgeois enregistrent un
recul de 0,6 % sur 8 ans. Les frontaliers
quant à eux augmentent de 7 284 unités
(+68,9 %) et sont à partir de 2009 à
proportion égale avec les résidents.
De 2009 à 2010, le nombre de salariés
de la construction augmente de 0,7 %,
uniquement dû à la progression de
1,3 % des frontaliers
Evolution de l’emploi salarié dans la construction des résidents et des frontaliers de 2000 à 2010.
20000
18000
Résidents
16000
14000
Frontaliers
12000
10000
8000
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Selon la NACE V1 de 2000 à 2008
Selon la NACE V2
de 2009 à 2010
Ici aussi la ventilation des frontaliers selon le pays de résidence est riche en informations.
Evolution de l’emploi salarié dans la construction des frontaliers par pays de résidence de 2000 à 2010.
8000
7000
France
6000
5000
4000
Allemagne
Belgique
3000
2000
1000
2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Selon la NACE V1 de 2000 à 2008
Selon la NACE V2
de 2009 à 2010
Au delà de la tendance générale à la
hausse enregistrée de 2000 à 2008
c’est ici l’ampleur qu’il convient de
mentionner. En effet les frontaliers
d’Allemagne enregistrent ici aussi la
progression le plus importante avec
+3 845 salariés (+154,5 %). Le nombre
de frontaliers de Belgique augmente
de +1 765 salariés (+68,9 %). Les frontaliers
de France bien que les plus présents
ne progressent que de 30,3 %
(+1 674 salariés).
De 2009 à 2010, les frontaliers d’Allemagne
et de France progressent respectivement
de 2,7 et 2,2 %. Par contre,
les salariés de Belgique diminuent de
111 unités (-2,5 %).

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
Le secteur de la construction : tendances, conjoncture et indicateurs.
Particulier par sa structure résidents/
frontaliers mais aussi par son évolution,
le secteur de la construction a
traversé lui aussi la période 2008-2010
et a dû faire face aux conditions socioéconomiques
défavorables. Cependant
c’est avec un certain décalage dans le
temps que les premiers indicateurs
d’activités, de carnet de commandes,
… ont été impactés.
Enquête de conjoncture - Construction : évolution de l’activité
Selon les données du STATEC
provenant de l’enquête de
conjoncture dans la construction,
l’évolution de l’activité
nous montre bien une diminution
sensible de l’activité entre
début 2009 et début 2010.
Cette diminution est nettement
plus visible le « Bâtiment
» que pour le « génie
civil » moins sensible à des variations
conjoncturelles
Appréciation du carnet de commandes
L’appréciation du carnet de
commandes nous confirme
bien le fort ralentissement
constaté en 2009 et ici aussi
beaucoup plus marqué pour le
« Bâtiment » que pour le « génie
civil ».
Remarquons depuis fin 2009
et début 2010 une inversion
de tendance et un nouveau
départ à la hausse
Source : STATEC. Moyenne mobile de 12 mois du solde des réponses positives et négatives

Les cahiers transfrontaliers d’EURES Luxembourg
Les autorisations de bâtir
constituent aussi un bon
indicateur du secteur de la
construction. On peut ici
apprécier les variations pour
le total du premier semestre
2008, 2009 et 2010 du nombre
de bâtiments concernés, du
nombre de logements et du
volume bâti.
3000
2500
2000
1er semestre 2008
1er semestre 2009
1er semestre 2010
1866
2954
2607
2341
Pour les trois indicateurs
les observations constatées
nous montrent des variations
à la baisse entre le premier
semestre 2009 par rapport
à 2008 et des variations à la
hausse entre 2009 et 2010. Les
plus significatives concernent
le nombre de bâtiments :
+ 54% entre 2009 et 2010. Les
valeurs enregistrées en 2010
sont toutes supérieures à celles
de 2008.
1500
1000
500
0
993
764
642
Nombre de bâtiments
1563
1435
Nombre de logements
Volume bâti
La construction : un secteur à suivre ...
En fonction de facteurs économiques et
technologiques mais aussi d’éléments
liés à la législation et aux normes en
vigueur, aux choix politiques (aides,
incitants financiers, …), le secteur de la
construction change, se modifie pour
s’adapter aux nouvelles composantes
du marché et à l’environnement*.
Le secteur est sensible à la conjoncture.
Une haute conjoncture influence à la
hausse la demande de main-d’oeuvre.
Le niveau des taux hypothécaires
jouent également un rôle favorable
dans l’augmentation de l’activité aussi
bien dans le gros œuvre que dans le
parachèvement.
La construction durable, les performances
énergétiques des bâtiments,
l’isolation thermique et acoustique,
l’utilisation de matériaux de construction
écologiques et à forte efficacité
énergétique sont autant de composantes
technologiques qui influencent
et vont influencer le présent et l’avenir
de ce secteur porteur d’emplois.
Tous ces éléments socioéconomiques,
technologiques, législatifs, vont influencer
le secteur au niveau des métiers
présents et futurs et donc des
besoins de main-d’oeuvre, de compétences
à acquérir ou à améliorer mais
aussi de formations existantes à adapter
ou de nouvelles à mettre en place.
* voir à ce sujet « 20 ans d’évolution de l’emploi et des
secteurs d’activités en Wallonie » - www.leforem.
be.
Ont collaboré à ce numéro :
Pierre Gramme et Fabienne Jacquet (Cellule EURES de l’ADEM)
Avec le soutien financier du programme EURES de l’Union Européenne (europa.eu.int/eures)
EURES Luxembourg
Une collaboration ADEM - CEPS/INSTEAD
Rue Bender, 1 • L-1229 Luxembourg
Tél : 00 352 247 85 478
FAX : 00 352 26 19 08 21
fabienne.jacquet@adem.etat.lu
CRD EURES Luxembourg
BP 48 • L-4501 Differdange
Tél : 00 352 58 58 55 900
FAX : 00 352 58 55 53
franz.clement@ceps.lu

Cliquez sur...
www.eureslux.org
pour trouver de nombreuses publications et
des renseignements utiles sur ...
LES PARAMÈTRES SOCIAUX
LE CALCUL FISCAL
LES CONDITIONS DE VIE
ET DE TRAVAIL
DANS LA GRANDE RÉGION
EURES Luxembourg
Une collaboration ADEM-CEPS/INSTEAD
fabienne.jacquet@adem.etat.lu
franz.clement@ceps.lu
ec.europa.eu/eures/