Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Ãglise Catholique d ...
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Célébration d un passage - Alger<br />
il nous montrait souvent des fleurs<br />
qu’il adorait, on les appelait « les<br />
fleurs qui vivent un jour ». Il adorait<br />
contempler ce cycle : le matin, elles<br />
sont blanches et épanouies, puis le<br />
soir elles prennent une jolie couleur<br />
rose, se ferment gracieusement et<br />
tombent… et d’autres naissent le lendemain.<br />
<strong>Pierre</strong> a vu défiler devant lui des centaines<br />
d’étudiants, il les a tous aidés,<br />
tous aimés, il a su partager avec chacun<br />
d’entre eux un instant d’éternité.<br />
Chaque étudiant qui a connu <strong>Pierre</strong><br />
garde de lui un souvenir, une chaleur<br />
qu’il a reçu malgré lui, sans s’y attendre…<br />
Son Amour nous a surpris.<br />
Lorsque nous étions tristes, peinés,<br />
stressés, nous venions au CCU… le<br />
sourire de <strong>Pierre</strong> faisait tout disparaître<br />
sans un mot… la haine, le chagrin,<br />
la bassesse… plus rien. Il nous aimait<br />
infiniment et grâce à lui, on arrivait à<br />
s’aimer, « un peu ». Mais nous venions<br />
aussi au CCU pour partager notre<br />
joie, un événement, une réussite,<br />
oui, la réussite qu’on lui doit et qu’on<br />
lui devra toujours… car dès nos premiers<br />
pas dans la médecine, il était<br />
là… il lui suffisait de savoir quel stage<br />
on faisait ou en quelle année on était<br />
pour dire « j’ai ce qu’il te faut » et il<br />
avait toujours ce qu’il nous fallait, le<br />
livre qu’il faut, l’article qu’il faut… je<br />
n’ai pas besoin de dire à quel point il<br />
était efficace dans son travail, dévoué.<br />
Le pas léger, rapide, il en fallait de<br />
la force pour déplacer toute cette profondeur<br />
et cette gravité.<br />
Au delà du bibliothécaire qui nous<br />
a orienté, guidé, au delà de l’homme<br />
de culture, de savoir, il y avait l’homme<br />
qui nous a aimés, il a aimé chacun<br />
d'entre nous avec ses tords, ses maladresses,<br />
avec toutes ses vérités…<br />
Cela dit, ce qu’il ne faut surtout<br />
pas oublier, c’est que <strong>Pierre</strong> avait<br />
beaucoup d’humour… blagueur… espiègle<br />
comme pour chasser toute cette<br />
profondeur qui s’imposait à chaque<br />
rencontre. Son regard était profond,<br />
jusqu’à la douleur, son regard nous<br />
disait « je sais », comme s’il lisait en<br />
nous et puis, par une petite moquerie,<br />
il chassait tout ça, peut-être pour nous<br />
épargner trop de gravité… oui on a<br />
beaucoup rigolé avec <strong>Pierre</strong>, on se<br />
charriait, se taquinait… cette légèreté<br />
s’imposait pour émousser la puissance<br />
de sa présence, de sa prestance. En<br />
nous charriant, il nous donnait la permission<br />
d’accéder à lui, ce que l’admiration<br />
et la gratitude nous interdisait…<br />
Oui, c’était une mine de joie, de bonheur<br />
dans laquelle nous venions nous<br />
ressourcer, pour trouver la force de<br />
nous battre, non pas « contre », mais<br />
« pour » toutes les choses pour lesquelles<br />
il a résisté. En ce moment, il<br />
doit bien se moquer de mes « phrases<br />
trop sérieuses » et de mes métaphores<br />
« trouvées par terre »…<br />
Je le vois d’ici dire : « t’exagère morpione<br />
».<br />
Pour lui, ayons la force de continuer.<br />
Lilia<br />
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