Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Église Catholique d ...

Témoignages de vie
De petite sœur Maria Chiara (petite
soeur de Jésus), chargée du lien entre les
communautés de petites sœurs de Jésus
du Moyen Orient et celles du Maghreb et
qui s’est trouvée à Alger de retour de
Beni Abbès juste au moment de la mort
de Pierre.
Amman, 8 décembre 2010
J’ai pu aller voir Pierre à l’hôpital et
seule avec lui quelques minutes,
échanger quelques mots. Je crois que
le Seigneur a voulu me faire toucher
quelque chose pendant ce court
temps. D’abord ce visage et ce regard
de Pierre (il est mort 2 ou 3 heures
après), si apaisé et sans tourment, et
si vif en même temps, avec son petit
sourire, complètement lucide. Il s’est
intéressé à ma visite à Beni Abbés,
spécialement aux novices, à leur avenir,
en Algérie peut-être pour l’une ou
l’autre. Il était tout entier présent à ce
que je lui disais. Il savait et sentait
qu’il allait très mal et qu’il allait mourir,
et pourtant dans ses dernières
heures, c’est comme s’il n’avait pas
d’angoisses, pas de retour sur lui ou
peur pour lui, il était simplement présent
à l’autre devant lui. Je ne pense
pas qu’on peut s’inventer cette attitude
à la dernière heure, je pense plutôt
que c’est le fruit d’une vie pour les
autres. Son attitude, rendue encore
plus précieuse parce que si proche de
la mort, m’a fait vivre une rencontre
qui laisse une marque.
J’ai senti la douleur et l’émotion de
chacune de vous, et combien il est
votre (notre) frère, votre ami pour
toujours dans le sens le plus fort du
terme.
Aussi les funérailles, avec toute cette
jeunesse musulmane en larmes, n’avaient
pas besoin de commentaire. Je
ne pouvais pas m’empêcher de sentir
la force du témoignage de cette Église
petite et cachée, aimante sans demande
de contrepartie. J’ai mieux senti, et
on pouvait presque le toucher, combien
cette forme est l’essence même
de l’Église en Algérie, dans sa non importance
numérique, non visibilité,
non revendication de ses droits, dans
sa rencontre humble et quotidienne,
sans plus, avec l’autre si autre, et si
proche dans son humanité. Cette forme
de présence est la parole d’Évangile
que le Seigneur a voulu planter là,
et aucun j’espère, n’a le droit de l’extirper.
La mort de Pierre n’est pas la
fin d’une époque, mais plutôt un surplus
de semence planté dans la terre
et dans l’Église d’Algérie, avec tous
ceux qui l’ont précédé, pour un fruit
qui restera dans les mains de Dieu…
ps Maria Chiara
« Toujours là pour nous aider et disponible pour nous guider. Vous êtes et
vous resterez toujours dans nos curs. On ne vous oubliera jamais et on
n oubliera jamais votre sourire. Que Dieu vous compte parmi ses biens
aimés ». A.
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