Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Ãglise Catholique d ...
Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Ãglise Catholique d ...
Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Ãglise Catholique d ...
- No tags were found...
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Une histoire algérienne<br />
Pardonner, c’est toute une démarche<br />
difficile et d’abord une démarche d’intelligence.<br />
S’il y a pardon, il y a un acte<br />
entre deux personnes, acte assez important<br />
pour avoir brisé le lien entre<br />
elles. Ici, c’est le crime. On ne peut pas<br />
pardonner le crime et ce qui y a<br />
conduit. Le comment, le pourquoi<br />
sont essentiels. Il faut « démonter »<br />
l’idée qui est derrière cet acte, dénoncer<br />
l’intérêt. Il n’y a pas de compromission<br />
possible. C’est là que nous<br />
sommes lâches, de la lâcheté de l’intelligence.<br />
On dit : cela ne fait rien ! Ce<br />
ne sont que des idées ! Ils ne savaient<br />
pas, etc. peut il y avoir une condescendance<br />
qui participe au crime.<br />
Quand Christian pardonne à l’ « ami<br />
de la dernière minute », il pardonne<br />
l’ami, mais pas le crime. Il le dit : « je<br />
ne saurais le souhaiter ». Il se révulse<br />
contre sa mort. Le Christ aussi s’est<br />
révulsé contre sa mort. On ne peut<br />
englober le criminel et son acte. Ne<br />
voir la personne que dans son crime,<br />
c’est comme si on nous réduisait à l’un<br />
de nos actes. Or, on est bien plus que<br />
cela, et la possibilité de reconstruire<br />
ce lien doit être préservée : c’est cela<br />
la réconciliation, mais à condition que<br />
le crime ait été dénoncé non seulement<br />
pour l’acte lui-même, mais pour<br />
tout ce qui y a conduit, pour repartir<br />
sur de bonnes bases. Le pardon sans<br />
cette reconnaissance est une lâcheté<br />
et c’est encore de la condescendance.<br />
Il faut respecter le criminel, mais cela<br />
inclut qu’il voit son crime. Il faut démonter<br />
la perversité de l’idéologie. Là,<br />
nous ne sommes pas suffisamment<br />
lucides. Christian l’était. Relisons le<br />
texte : regardons-le sous cet angle :<br />
aucune compromission avec le crime,<br />
le mensonge. C’est fondamental. Nous<br />
y avons tous été confrontés par la violence<br />
des deux bords. La compromission,<br />
le mensonge existent partout. Il<br />
s’agit de vivre éveillé par respect pour<br />
l’adversaire en gardant dans le regard<br />
cette lueur d’espérance dans l’autre,<br />
et en le réduisant à ce qui apparaît en<br />
premier.<br />
Être en recherche là aussi.<br />
20