Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Église Catholique d ...

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Une histoire algérienne
1997 à Jacques et Michelle
Je vous sais proche de nous actuellement dans la tempête que nous traversons.
Paradoxalement, si la fatigue est réelle, ni angoisse ni découragement ne pointent.
Au contraire, Christian a magnifiquement exprimé dans son testament,
Duval dans sa vie, ce qui est mon choix. J’aimerais leur être un tant soit peu
conforme ; Et puis, la vie éclate tellement !
Dans la tendresse exprimée, dans le travail sur soi que se livrent ici tant de mes
interlocuteurs, dans les découragements et les abandons aussi.
1998 à Jacques et Michelle
Bernard (notre frère décédé à 29 ans) m’écrivait d’avoir confiance en la
« souveraine liberté de l’homme ».C’est un souci constant, difficile à maintenir,
à raviver sans cesse dans les difficultés d’une situation aux « fractures de l’humanité
» qu’évoquait Pierre Claverie et où Bernard aimait lui-même se tenir. A
cette confiance, souvent mise à mal, j’essaie de joindre une lucidité, elle aussi
bien fragile, qu’il mania lui-même comme un point affiché, un peu trop peutêtre.
Comment concilier, tranchant de l’esprit et tendresse du cœur, la paresse
nous poussant bien souvent à fermer notre cœur et à nous replier dans le
conformisme des modes de pensée.
1998 à Jacques et Michelle
Les festivités de Noël sont noyées pour nous dans un Ramadhan omniprésent
et dictatorial. Mais, l’esprit est libre qui me permettra de me pencher moi aussi
sur la crèche. Nous serons nous à Belcourt avec les petites sœurs et petits frères
de Foucauld. Deux vieilles personnes de 85 et 90 ans ont accepté de se joindre
à nous ; c’est tout le petit monde de la paroisse Saint Paul qui faisait la gloire
avec Scotto. Mais sa gloire serait plus grande si ce mois de tous les dangers
connaissait l’accalmie dans la haine meurtrière qui semble s’installer.
Cette dernière année qui s’ouvre dans le siècle, permettra-t-elle d’aborder avec
courage et sérénité les problèmes fantastiques qui se posent à nous ou sera-telle
encore faux semblants et comédies électorales sans lendemain
1999 à Jacques et Michelle
Pour nous ici, la banalité est faite d’horreur, de crainte et de colère ; Le meurtre
de Matoub Lounes qui domine ces jours, du souvenir des morts de Tahar
Djaout, du Président Boudiaf, viennent répéter à n’en plus finir la longue série
d’assassinats symboliques. Et, quand dans le cas d’aujourd’hui, il touche dans
beaucoup d’âmes kabyles, la conscience souvent outrancière d’une identité
agressée, il y a tout à redouter des réactions, pour le moment, non canalisées