Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Église Catholique d ...

Une histoire algérienne
un peu plus à la radicalité des choix mais nous menacent aussi de fermeture et
de frilosité.
Un ami, de culture primaire, qui vit avec moi à la Maison Diocésaine me disait à
l’évocation d’une éventuelle irruption de terroristes : « Je ne crois pas que je
me défendrai car quelle est la limite entre la légitime défense et l’injustice vis-à
-vis de l’agresseur. ». Question difficile et fondamentale non pas tant au moment
où cela arrive, on doit agir par réflexe, mais dans une disposition d’esprit
à l’abord du refus total de soi. J’ai regretté qu’aucune parole n’ait invité à penser,
à prier peut-être pour les agresseurs. Henri et Paule Hélène sont partis,
riches de ce qu’ils ont accueilli, durant tant d’années, de l’autre, riches de ce
qu’ils laissent dans la personnalité de tous ceux qu’ils ont formé. Mais eux, ces
trois criminels, si pauvres, si démunis, si peu libres dans leur système de pensée.
Eux et leurs commanditaires, eux et leurs idéologues, casseurs terrifiants
qui détruisent ce qu’ils ne peuvent avoir, ce qu’ils ne peuvent comprendre ; et
tout cela, au nom de Dieu ! A ces illuminés qui, dans le camp où il était enfermé
au sud, voulaient l’amener à prier, un de mes anciens élèves rétorquait
: « Apprenez-moi qui est Dieu . Ainsi , je saurai qui prier ». Ils n’eurent
point de réponse.
Tahar Djaout, tombait il y a un an, lui qui apprit à écrire en s’ouvrant au monde
par les livres de la bibliothèque de Ben Cheneb. Aujourd’hui, ce sont Henri et
Paule Hélène, et combien d’autres durant cette année terrible . Mais il faut vivre,
vivre à fond, sans crainte, le regard fixé sur ces êtres qui justifient le monde,
comme disait, je crois, Camus, de sa mère, en croyant surtout que dans tout
être abordé se trouve cet être qui justifie le monde et en le croyant assez fort
et de façon suffisamment proche que cet être grandisse et s’affermisse.
Je suis bien mais je crains de ne pas arriver à vivre au niveau que tout ce que
j’ai reçu de vous et de tous ceux qui m’ont fait, exigerait que je fus.
1996 à Jacques et Michelle
Pour nous ici, la difficulté est toujours aussi grande à percevoir des perspectives
aux destins individuels et collectifs. Les plaies s’ajoutent aux plaies, les peurs
s’avivent et referment chacun sur son petit monde, sur ses biens, sur ses privilèges.
Murs, portes blindées, systèmes de sécurité, cœurs cadenassés ; C’est le nouveau
paysage.
Que signifie pour notre toute petite communauté la célébration de Pâques
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