Janvier 2011 - numéro spécial Pierre Lafitte - Ãglise Catholique d ...
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Une histoire algérienne<br />
massacre. Pour ma part, je vis très mal le doux confort dans lequel je suis, sachant<br />
pertinemment que mon départ sur Belcourt ne changera pas fondamentalement<br />
l’absurdité d’être à la lisière d’un monde dans lequel on désire vivre<br />
et dont tout, de la sécurité immédiate à la possibilité d’espérance et à la capacité<br />
de distance, nous sépare.<br />
Je me demande si je ferai long feu sur ces terres. De plus en plus, germe l’idée<br />
de suivre mon chemin personnel, naturel : rejoindre la France, rester d’église<br />
dans l’esprit mais sans bénéficier de son parapluie protecteur, chercher du travail,<br />
n’en pas trouver et aller au bout de la logique, loin des faux discours, loin<br />
des justifications faciles. Est-ce tentation devant l’insoutenable Est-ce la voie<br />
à suivre Je ne sais pas. Je suis désarçonné.<br />
J’ai vécu le 20 Septembre dans ces pensées, le bref chemin de Bernard, lu comme<br />
refus intelligent aux concessions de l’esprit mais sans fermeture de cœur.<br />
« Une bougie qui s éteint d un coup. Une perte pour<br />
nous tous. Que Dieu lui offre un grand paradis. Jamais<br />
je n oublierai ton sourire, le bien que tu<br />
transmettais autour de toi ». L.<br />
1994 à Pantxika, Jacques et Michelle<br />
Voilà une semaine bien terrible qui s’achève, nous maintenant dans la situation<br />
horrible du pays, me touchant personnellement dans mon affection pour Esther<br />
et Caridad que je connaissais depuis longtemps, plus particulièrement depuis<br />
mon passage comme curé de Bab-el-Oued. Nous étions vraiment une même<br />
famille, mémoire commune et reconnaissance silencieuse. Et nous voilà<br />
tous, meurtris, révoltés et pour ma part singulièrement agressif. Mais comment<br />
se battre, comment exprimer notre dégoût profond pour tant de folie meurtrière.<br />
Vendredi, nous avons célébré une messe avec Miguel Larburu de Lequeitio.<br />
A un moment donné, il y avait un chant où revenaient les paroles « No pasaran<br />
». De toute mon énergie, je les ai hurlées, sûr que comme dans le passé, si<br />
la force parait brutale, parait un temps s’imposer, elle sera supplantée par la<br />
raison, par le droit, par la justice. Mais encore faut-il que cette raison et ce droit<br />
et cette justice soient conservés dans la libre volonté d’hommes qui refusent<br />
d’abdiquer leur dignité. Il en existe dans ce pays, de plus en plus, que le dégoût<br />
amène à la réflexion et la réflexion à la liberté. Nous avons déjà vaincu parce<br />
que nous sommes encore là, tout refus, tout désir, tout espoir. Il nous reste à<br />
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