Boniface Okouya - ReMeD
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PALUDISME<br />
DONS DE MEDICAMENTS DANS LE<br />
CONTEXTE DES OBJECTIFS DU MILLENAIRE<br />
POUR LE DEVELOPPEMENT<br />
Dr <strong>Boniface</strong> <strong>Okouya</strong><br />
1
Le paludisme en Afrique<br />
première cause de morbidité et de mortalité : environ<br />
400 millions de cas par an avec 1 million de morts,<br />
3000 décès d s par jour et 10 nouveaux cas par seconde.<br />
avec 12 milliards de dollars de PIB en Afrique<br />
subsaharienne .<br />
Le paludisme au Congo<br />
Les enfants de moins de cinq ans sont les plus touchés.<br />
Statistiques des services de santé en 2006 :<br />
46,7% des motifs de consultation sont liés s au paludisme<br />
58% des hospitalisations en médecine m<br />
générale g<br />
sont<br />
enregistrées es comme paludisme<br />
56,4% de décès d s des enfants de moins de 5 ans sont<br />
attribués à des crises de paludisme<br />
2
En République<br />
R<br />
Démocratique du Congo<br />
49,3% des motifs de consultation<br />
70% d’hospitalisationd<br />
66,4% des décès. d<br />
Au Burkina Faso<br />
48,2% des motifs de consultation<br />
62,7% d’hospitalisationd<br />
60,6% des décès. d<br />
3
Sur le plan<br />
macroéconomique<br />
conomique<br />
Dans les pays les plus touchés s le paludisme<br />
représente 40% de dépenses d<br />
publiques de<br />
santé et 25% de dépenses d<br />
de ménage. m<br />
Devant l’ampleur l<br />
que constitue la pandémie, la<br />
mobilisation dans la lutte contre le paludisme<br />
se manifeste à tous les niveaux. Ainsi,<br />
partenaires techniques, organisations<br />
internationales, et acteurs de la santé se sont<br />
engagés s dans la lutte contre le paludisme.<br />
4
La poursuite des Objectifs<br />
du Millénaire<br />
Les initiatives prises par l’OMS l<br />
en collaboration<br />
avec certaines ONG pour lutter efficacement<br />
contre le paludisme sont encourageantes.<br />
Les annonces portées par les organisations<br />
internationales de mettre à disposition des<br />
thérapeutiques combinées<br />
à base d’artd<br />
artémisine<br />
à<br />
un prix de 100 FCFA le traitement constituent sur<br />
le papier un objectif de nature à agir efficacement<br />
pour la réalisation r<br />
des Objectifs du Millénaire<br />
relatifs à la réduction r<br />
de la pauvreté et à la<br />
réduction de la mortalité infantile.<br />
5
L’objectif N°8 N<br />
8 prévoit de<br />
Mettre en place un partenariat mondial<br />
pour le développementd<br />
veloppement,<br />
Et la cible 8A vise à<br />
« Poursuivre la mise en place d’un d<br />
système<br />
commercial et financier multilatéral ouvert,<br />
réglementé, , prévisible et non discriminatoire ».<br />
6
Les dons de médicaments m<br />
apportés<br />
par des organisations<br />
internationales à large échelle dans<br />
les pays du Sud ne semblent pas<br />
cohérents<br />
à la mise en œuvre de<br />
l’objectif N°8A.<br />
N<br />
En effet, même s’il s<br />
est prévu de distribuer dans les<br />
circuits existants ces médicaments, m<br />
en dehors de<br />
tout contexte micro-économique conomique (c'est-à-dire sans<br />
tenir compte de viabilité économique et financière<br />
des structures chargés s de la distribuer) puisqu’ils<br />
ils<br />
sont subventionnés, s, les méthodes m<br />
de contrôle<br />
existantes ne sont pas à même de sanctuariser le<br />
circuit de distribution prévu.<br />
7
L’Afrique est devenue un terrain<br />
de prédilection où o<br />
s’exercent<br />
les réseaux r<br />
mafieux<br />
Les dons de médicaments m<br />
même faits en tout bonne<br />
foi court-circuitent circuitent en réalitr<br />
alité les systèmes locaux de<br />
contrôle d’importation d<br />
et de distribution des<br />
médicaments alimentant ainsi les trafics et les ventes<br />
illicites.<br />
Ces dons circulent sans surveillance. La provenance<br />
des anti-paludiques du Sud-est Asiatique, l’Aml<br />
Amérique<br />
du Sud est douteuse.<br />
L’on rencontre plusieurs médicaments m<br />
anti-paludiques<br />
de nouvelle génération g<br />
que sont les combinaisons à<br />
base d’artd<br />
artémisine<br />
sur le marché dont le contrôle de<br />
qualité à révéler une insuffisance du principe actif.<br />
8
En Afrique, un anti-paludique sur cinq<br />
est vendu périm<br />
p<br />
rimé, , détérior<br />
d<br />
rioré ou de<br />
mauvaise qualité<br />
un anti-paludique sur trois est vendu<br />
hors du circuit autorisé.<br />
D’après s une étude récente r<br />
publiée e par The<br />
lancet jusqu’à<br />
40% des produits supposés<br />
contenir de l’Artl<br />
Artésunate<br />
ne contiendraient<br />
pas de principe actif et n’auraient n<br />
donc<br />
aucun effet thérapeutique. Or l’Artl<br />
Artésunate<br />
est le meilleur médicament m<br />
disponible<br />
contre le palu chimiorésistance.<br />
9
Au Nigeria<br />
sur dix médicaments<br />
m<br />
anti-paludiques<br />
vendus six<br />
ne seraient pas homologués<br />
En Guinée<br />
60% des médicaments m<br />
anti-paludiques seraient<br />
issus de la contrefaçon.<br />
on.<br />
C’est dire toute l’ampleur l<br />
du problème dans<br />
les pays oùo<br />
les réglementations<br />
r<br />
pharmaceutiques ne sont pas assez strictes<br />
10
Les dons des anti-paludiques envoyés<br />
dans les villages sont gérés g<br />
s par des<br />
personnes non assermentées es ce qui<br />
cause aussi des désastres.<br />
d<br />
Au Congo un homme de 23 ans atteint de<br />
paludisme est mort tout simplement parce qu’il<br />
avait pris un faux médicament, m<br />
ce dernier ne<br />
contenait que 20% de l’artl<br />
artémisine<br />
annoncée.<br />
Un ministre de la Santé ayant mal estimé les<br />
besoins des centres socio sanitaires avait distribué<br />
des médicaments m<br />
anti-paludiques en provenance<br />
de Chine dont la date de péremption p<br />
était proche :<br />
ces médicaments m<br />
furent vendus dans les marchés<br />
et il est sûr s r que les désastres d<br />
furent constatés.<br />
s.<br />
11
La distribution à large échelle des<br />
médicaments non conformes ou de<br />
mauvaise qualité en particulier dans<br />
les pays d'Afrique est en partie due<br />
à l'intensification des échanges commerciaux,<br />
à la demande croissante des traitements médicamenteux<br />
m<br />
et en vaccins,<br />
à la prolifération ration de petites industries pharmaceutiques,<br />
ainsi qu'à la régulation r<br />
insuffisante de la fabrication et du<br />
commerce de ces produits.<br />
La demande des antipaludéens en Afrique va croissant.<br />
Cette demande assure le maintien du marché informel<br />
des antipaludéens faux ou de mauvaise qualité qui<br />
constitue la dernière<br />
re étape des circuits de distribution des<br />
médicaments contrefaits échappant au contrôle des<br />
autorités s sanitaires.<br />
12
La libre circulation de ces produits, leur<br />
mauvaise distribution ou dispensation<br />
faite par des personnes non assermentés,<br />
s,<br />
peuvent engendrer une aggravation grave<br />
de l'état clinique du patient, susceptible<br />
d'entraîner ner la mort par la maladie elle<br />
même du fait de l'inefficacité du<br />
traitement.<br />
Ces pratiques induisent très s souvent un<br />
allongement de la durée e du traitement qui<br />
se répercute r<br />
sur les dépenses d<br />
de santé du<br />
ménage.<br />
13
Une initiative prise par le<br />
ministère camerounais de traiter<br />
le paludisme"simple" par des<br />
relais communautaires<br />
Louable en soi cette initiative nous laisse sceptique<br />
La nature a horreur du vide, nous savons que le marché<br />
illicite au Cameroun appelé "gazon" est très s florissant,<br />
l'état a des difficultés s pour l'enrayer; les act dans les mains<br />
des bénévoles b<br />
ou volontaires n'est ce pas un abandon des<br />
circuits officiels de distribution pour officialiser les circuits<br />
informels<br />
N’est-ce pas la caution qui manquait aux vendeurs illicites<br />
de s'accaparer des réseaux r<br />
officiels<br />
N’est-ce pas une caution à l'exercice illégal de la<br />
médecine Car la différence entre le paludisme simple ou<br />
compliqué ne peut être fait par simple constat visuel.<br />
14
En réalit<br />
r<br />
alité, , l’acc<br />
l<br />
accès s aux médicaments<br />
m<br />
ne peut pas être sépar<br />
s<br />
paré de la bonne<br />
gouvernance.<br />
Et les actions généreuses g<br />
de dons massifs vont entraîner<br />
ner<br />
et entrainent déjàd<br />
des conséquences sur l’él<br />
’équilibre<br />
économique des opérateurs de terrain.<br />
Si les actions se poursuivent de cette façon, c'est-à-dire<br />
sans concertation avec les acteurs de terrain, et sans<br />
mettre en place les outils de surveillance et de contrôle des<br />
circuits de distribution, les dons de médicaments<br />
m<br />
à large<br />
échelle vont entraîner ner la disparition d’acteurs d<br />
économiques<br />
qui participent à l’accès s aux médicaments, m<br />
et renforcer la<br />
pauvreté, , ce qui semble contradictoire avec les objectifs<br />
internationaux poursuivis. A-t-on A<br />
prévu la distribution<br />
massive d’antibiotiques d<br />
contre les infections respiratoires,<br />
contre les diarrhées infectieuses, etc..<br />
15
En conclusion<br />
Un circuit d’approvisionnement d<br />
et de distribution des<br />
anti-paludiques a besoin d’un d<br />
circuit financier et d’un d<br />
circuit économique<br />
équilibré pour fonctionner.<br />
L’introduction massive des dons de médicaments,<br />
m<br />
voie choisie par l’aide l<br />
internationale déstabilise d<br />
totalement des systèmes qui sont encore fragiles.<br />
Les centrales d’achats d<br />
doivent être des partenaires<br />
fiables pour pérenniser p<br />
le système et éviter les<br />
gaspillages.<br />
Les programmes nationaux de lutte contre le<br />
paludisme devraient en leur sein avoir des<br />
pharmaciens pour une gestion rationnelle du<br />
médicament.<br />
16
En conclusion (suite)<br />
Une concertation hardie entre les bailleurs de<br />
fonds, les industries pharmaceutiques, les<br />
officines pharmaceutiques permettrait non<br />
seulement d’obtenir d<br />
une réduction r<br />
sensible du<br />
coût t des anti-paludiques mais aussi permettre<br />
aux africains de se soigner à moindre coût.<br />
Faire respecter la charte de l’OMS l<br />
sur les dons<br />
des médicaments, m<br />
renforcer et appliquer la<br />
législation pharmaceutique en vigueur dans<br />
tous les pays est une façon efficace de lutter<br />
contre la mortalité infantile.<br />
17
En conclusion (suite)<br />
En revanche, détruire d<br />
les systèmes existants est une<br />
façon efficace de renforcer la pauvreté.<br />
Les Objectifs du Millénaire<br />
pour le développement d<br />
n’ont n<br />
pas été prévus pour se détruire d<br />
les uns les autres, mais<br />
une approche globale doit être privilégi<br />
giée. Nous<br />
souhaitons que les organisations internationales luttent<br />
pour atteindre TOUS les Objectifs du Millénaire, et ne<br />
soient pas les acteurs du renforcement de la<br />
déstabilisation de systèmes fragilisés s par un contexte<br />
économique mondial non prévisible et discriminatoire<br />
18