Les attitudes face à la contrainte légale - rimhe

Les attitudes face à la contrainte légale : L’exemple de l’intégration professionnelle des personnes handicapées
Yvan BAREL et Sandrine FREMEAUX
d’entreprise, une souplesse d’aménagement des postes, une évolution des
modes de recrutement, de gestion des carrières et de management. La politique
d’intégration des personnes en situation de handicap est alors structurée
et durable, pour « qu’une fois embauchées, les personnes handicapées
bénéficient des mêmes opportunités de carrière, d’évolution et de mobilité
que les personnes valides, à compétences égales » (Point et al., 2010, p.
303). Cette façon d’appréhender l’intégration professionnelle en situation de
handicap met l’accent sur les choix organisationnels et managériaux. Dans
une étude portant sur l’emploi des personnes handicapées dans les grandes
surfaces de bricolage, Everaere (2010) évoque les conditions de travail et
les pratiques de management permettant l’intégration et le maintien dans
l’emploi des personnes handicapées, comme par exemple la nomination de
responsables ou l’approche par compétences.
Notre étude propose un rapprochement - que nous présentons ci-après dans
le tableau 1 - des deux cadres théoriques précités : la division tripartite des
approches du droit selon Ewick et Silbey (1998) et la distinction des deux
attitudes à l’égard de la loi du 11 février 2005 selon Point et al. (2010).
En effet, la « résistance » au droit, en tant qu’elle cherche à éviter la mise
en œuvre du droit et se contente d’une application des seules dispositions
légales impératives, peut être génératrice d’une attitude réactive. De même,
le « jeu » qui vise non pas la finalité visée par le droit mais l’utilisation du
droit en fonction de ses intérêts peut aboutir à une attitude réactive.
Il convient également de savoir quelle attitude la « conformité » peut générer.
D’un côté, une reconnaissance de l’autonomie du droit aide à appréhender
la loi dans ses objectifs multiples, et non exclusivement au travers d’une
disposition jugée impérative ou utile. D’un autre côté, la « conformité »
ne suffit pas à aller au-delà du minimum légal. Elle révèle certes qu’il est
possible d’adhérer aux finalités visées par la loi, mais cette sensibilité aux
objectifs de la loi ne favorise pas nécessairement un comportement proactif.
Tableau 1 : Rapprochement des cadres théoriques d’Ewick et Silbey (1998)
et de Point et al. (2010)
Approches
du droit
résistance
jeu
conformité
Ewick et Silbey (1998)
Définition des
approches du droit
refus ou crainte du
droit
instrumentalisation
du droit en fonction
de ses intérêts
reconnaissance
d’une autonomie du
droit
Perceptions de la loi
analyse des seules dispositions
légales impératives
analyse des seules dispositions
légales utiles
analyse des dispositions légales
dans leur globalité et perception
des finalités de la loi
Point, Charles-Fontaine
et Berthélemé (2010)
Attitudes par rapport à
la loi du 11/02/2005
attitude réactive
attitude réactive
attitude proactive ou
réactive
38 RIMHE, Revue Interdisciplinaire sur le Management et l’Humanisme
n°2 - NE - mai-juin-juillet 2012 - VARIA