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BAT BE 196 part2 - 091009 OK:<strong>Bretagne</strong> economique 9/10/09 15:19 Page 36<br />
Ils ont créé <strong>le</strong>ur “boîte”<br />
ROBERT FRANÇOISE A CRÉÉ SA MARQUE DE PRÊT-À-PORTER MASCULIN<br />
Afficher une bel<strong>le</strong> tenue<br />
GROS PLAN<br />
Ancien footbal<strong>le</strong>ur aujourd’hui animateur sportif à Pacé (35), Robert Françoise s’est attelé en 2006 à créer<br />
sa marque de prêt à porter masculin : Nuño. Du casual chic qu’il entend positionner par la qualité des mélanges utilisés,<br />
un stylisme pointu et un référencement en boutiques déjà engagés. Mais qui restent à confirmer.<br />
“Le problème avec Le Printemps, c’est que vous<br />
pouvez faire un malheur au centre Alma lors de la Semaine des<br />
Créateurs mais vous ne serez pas pour autant référencé par <strong>le</strong>ur<br />
centra<strong>le</strong> d’achats nationa<strong>le</strong>. C’est toujours descendant – ce qui<br />
marche à Paris descend en province –, jamais ascendant !” Et<br />
pourtant, présent en 2007 dans <strong>le</strong> magasin de l’agglomération<br />
rennaise pour présenter sa première col<strong>le</strong>ction, Robert<br />
Françoise avait fait aussi bien, “voire mieux en termes de<br />
ventes” que <strong>le</strong>s autres marques (réputées) qui l’environnaient.<br />
On <strong>le</strong> sait, dans <strong>le</strong> texti<strong>le</strong> en général, et <strong>le</strong> prêt-à-porter en particulier,<br />
entre <strong>le</strong>s grands groupes dotés de moyens marketing<br />
considérab<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s “jeaneurs-copain-des-peop<strong>le</strong>”, rien de plus<br />
diffici<strong>le</strong> que de s’imposer. Avec un bon business plan 1 , mais<br />
aussi parce qu’il a su taper dans <strong>le</strong> ballon, Robert a gardé, lui,<br />
quelques bons réf<strong>le</strong>xes en forme de “touches” : “j’ai pu m’appuyer<br />
sur des joueurs qui portaient mes col<strong>le</strong>ctions ou encore<br />
sur des clubs qui, pour <strong>le</strong>urs relations publiques, m’ont acheté<br />
des modè<strong>le</strong>s. Le problème, c’est que <strong>le</strong>s contrats des joueurs<br />
sont de plus en plus verrouillés : ils ne sont même plus libres<br />
de porter ce qu’ils veu<strong>le</strong>nt.”<br />
A l’image des chemises et polos de Nuno.<br />
Une ligne volontairement courte – une<br />
chemise, un polo, deux cou<strong>le</strong>urs –,<br />
même si ceinture et ligne de bagages<br />
ont déjà <strong>le</strong>urs prototypes et que des<br />
pulls (laine et soie mélangées) feront<br />
partie de la col<strong>le</strong>ction automne-hiver<br />
(près de 10 000 euros d’investissements<br />
pour 1 500 pièces).<br />
“Dessinées par un styliste, je<br />
voulais des lignes ajustées qui<br />
se différencient mais dans une gamme de prix abordab<strong>le</strong>.<br />
Encore que s’imposer dans <strong>le</strong> moyen haut de gamme est délicat<br />
: <strong>le</strong> marché est tiré par l’entrée de gamme ou <strong>le</strong> luxe.”<br />
“On ne lance pas sa marque pour satisfaire son ego”<br />
La qualité (et <strong>le</strong>s quotas de production) : grosse partie “de<br />
négo” avec <strong>le</strong>s fournisseurs aux quatre coins du globe : “j’ai<br />
commencé à travail<strong>le</strong>r avec <strong>le</strong> Portugal, un gros avantage : <strong>le</strong> pays<br />
est dans la zone euro. Mais <strong>le</strong>s fournisseurs m’imposaient 900<br />
pièces pour un polo en 3 cou<strong>le</strong>urs ! Même chose avec la Chine.”<br />
Direction la Turquie. “Le pays travail<strong>le</strong> de beaux cotons avec une<br />
bel<strong>le</strong> qualité de popeline et assure des séries courtes.”<br />
Cette rentrée, Nuño sera référencé dans une seconde<br />
boutique rennaise après un positionnement ce printemps chez<br />
Crazy Republic, l’une des boutiques <strong>le</strong>s plus courues de la<br />
vil<strong>le</strong>. La suite “A compter de cette rentrée, je serai au Printemps<br />
de Tours jusque janvier 2010 et j’ai un commercial qui assure mon<br />
développement dans tout <strong>le</strong> Grand Ouest.” De quoi donner des<br />
ai<strong>le</strong>s à Robert Françoise Au début de l’été, il s’envolait pour<br />
Istanbul voir ses fournisseurs mais aussi “en vue d’implanter la<br />
marque”. Via des ventes privées Cela lui est arrivé à Dubaï où<br />
il a connu une anecdote révélatrice des aléas du métier. “Un<br />
intermédiaire qui implante des produits haut de gamme dans <strong>le</strong>s<br />
pays du Golfe m’avait proposé de me distribuer dans un “mall”.<br />
En fait, il voulait me racheter ma marque ! Je n’étais pas contre<br />
à condition de rester en charge de la production avec un<br />
pourcentage sur <strong>le</strong> chiffre d’affaires réalisé. Ça n’a pas abouti<br />
mais des collaborateurs m’ont demandé de <strong>le</strong>ur vendre<br />
des pièces. Quoi qu’il en soit, je dois aujourd’hui me<br />
faire accompagner dans mon développement pour<br />
rester cohérent et efficace. Actuel<strong>le</strong>ment, je<br />
m’occupe de tout : <strong>le</strong> matin avant d’al<strong>le</strong>r au<br />
travail et <strong>le</strong> soir en rentrant. Et c’est moi qui<br />
assure encore la réception de la marchandise et<br />
la distribue. A terme, mon idée est de tout faire<br />
livrer depuis l’usine. Ce qui m’intéresse, c’est<br />
moins la rapidité de mon développement que<br />
l’idée de <strong>le</strong> pérenniser.”<br />
Marquer un essai, c’est bien. Le transformer,<br />
c’est encore mieux.<br />
■ Serge Marshall<br />
1<br />
Mise de départ (pour production des lignes,<br />
déplacements à l’étranger) : 50 000 euros dont 20 000<br />
dégagés sur fonds propres. Prêt bancaire : 6 000 euros.<br />
Dispositifs venus abonder : PCE/ Conseil régional<br />
et garantie Sofaris (21 000 euros)<br />
36<br />
BRETAGNE ÉCONOMIQUE • N°196 • OCTOBRE-NOVEMBRE 2009