L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
L’AIDE CIVILE AUX RÉSISTANTS<br />
La documentation sur les formes de secours apportées <strong>aux</strong> proscrits de la société<br />
entre 1940 <strong>et</strong> 1944 est bien souvent très parcellaire. C’est pourquoi le musée d’Histoire<br />
de la Résistance <strong>et</strong> de la Déportation de l’Ain <strong>et</strong> du Haut-Jura a choisi de présenter pour le dossier<br />
seulement l’exemple du Service de Santé du maquis, pour lequel il dispose d’une documentation<br />
relativement fournie sur le suj<strong>et</strong> : collections, archives <strong>et</strong> témoignages or<strong>aux</strong>.<br />
La situation géographique du département de l'Ain<br />
(dont les limites sont formées par les vallées de<br />
la Saône <strong>et</strong> du Rhône <strong>et</strong> par la frontière suisse à l'est) <strong>et</strong><br />
la présence d'axes de communication européens vers<br />
la Suisse, l'Italie <strong>et</strong> l'est en font un secteur particulièrement<br />
stratégique durant la Seconde Guerre mondiale.<br />
La présence par ailleurs d'une topographie à la fois de<br />
plaines <strong>et</strong> collines à l'ouest <strong>et</strong> de la zone de moyenne<br />
montagne ouverte du Bugey à l'est, ainsi que la mise en<br />
place de la ligne de démarcation, puis de la zone d'occupation<br />
italienne dans le Bas Bugey, vont favoriser le refuge<br />
<strong>et</strong> les passages frontaliers. Les proscrits du régime de<br />
Vichy vont tenter de fuir vers la Suisse, se réfugier dans<br />
les maquis, où se cacher dans c<strong>et</strong>te zone de moyenne<br />
montagne. Les Alliés britanniques, conscients de l’intérêt<br />
de la topographie du département vont établir en Bresse<br />
<strong>et</strong> en Dombes une véritable base logistique pour<br />
approvisionner la majeure partie des groupes de résistance<br />
dans la région Rhône-Alpes <strong>et</strong> en Saône-<strong>et</strong>-Loire.<br />
Les formes d’aides apportées <strong>aux</strong> <strong>personnes</strong> persécutées<br />
ou pourchassées ont été multiples. Certains vont cacher<br />
des <strong>personnes</strong>, d’autres vont confectionner des f<strong>aux</strong>papiers,<br />
approvisionner les maquis, soigner les résistants<br />
blessés, tenter de faire passer la frontière à des familles<br />
juives… C<strong>et</strong>te aide est le fait de <strong>personnes</strong> individuelles<br />
ou de rése<strong>aux</strong> plus ou moins organisés.<br />
L E SERVICE DE SANTÉ DES MAQUIS DE L’AIN<br />
Les premières aides apportées<br />
par des médecins à<br />
la Résistance dans l’Ain<br />
De nombreux membres du corps<br />
médical ont aidé la Résistance,<br />
le maquis, ou se sont engagés dans<br />
des mouvements de résistance<br />
dans l’Ain.<br />
A Bourg-en-Bresse, le chirurgien<br />
dentiste Rémond Charv<strong>et</strong> est responsable<br />
du Service de Renseignement<br />
des Mouvements Unis de la Résistance.<br />
Le docteur Ponc<strong>et</strong> est membre du<br />
Comité Départemental de Libération<br />
clandestin <strong>et</strong> est aussi inspecteur<br />
départemental de la Santé.<br />
Le docteur Gustave Léger, médecin<br />
des prisons, facilite l’évasion de<br />
résistants <strong>et</strong> accueille à son domicile<br />
des réunions importantes des<br />
Mouvements Unis de la Résistance<br />
où sont présents Jean Moulin <strong>et</strong><br />
le général Delestraint.<br />
A Nantua, Emile Mercier, médecin,<br />
devient chef de l’Armée Secrète<br />
<strong>et</strong> s’engage dès 1940 avec son épouse<br />
Paul<strong>et</strong>te, pharmacienne, dans<br />
la Résistance. Fin 1943, il prend<br />
la responsabilité du Service de Santé<br />
des camps des maquis de l’Ain avec<br />
quelques médecins : les docteurs<br />
Noël, Bastian <strong>et</strong> Caraco de Thoir<strong>et</strong>te.<br />
Dénoncé, il est fusillé lors de la rafle<br />
du 14 décembre 1943.<br />
A partir de juin 1944, s’organise un<br />
véritable Service de Santé du maquis.<br />
Les Docteurs Georges, Guill<strong>et</strong>,<br />
Parker <strong>et</strong> le Service de Santé<br />
du maquis de l’Ain<br />
Jacques Guttières dit « Docteur<br />
Georges », adhérent du mouvement<br />
« Libération » depuis 1942, est<br />
contraint de quitter son poste de<br />
médecin ORL à Villeneuve-sur-Lot,<br />
suite à son fort engagement dans<br />
la résistance locale. Sur l’ordre d’Henri<br />
Gabrielle, responsable du Comité<br />
Médical de la Résistance auprès de<br />
l’Etat Major régional des Forces<br />
Françaises de l’Intérieur, Jacques<br />
Guttières est affecté au maquis<br />
de l’Ain pour organiser un Service<br />
de Santé en avril 1944. Il est aidé par<br />
le Docteur René Guill<strong>et</strong> qui le rejoint<br />
le 24 juin 1944, <strong>et</strong> une douzaine<br />
d’autres médecins.<br />
Sa première tâche consiste à recruter<br />
de jeunes médecins <strong>et</strong> à les affecter<br />
<strong>aux</strong> groupements princip<strong>aux</strong> de<br />
combattants. Ainsi par exemple, le<br />
Docteur Valentin (Paulin) est affecté<br />
au camp Rolland, le Docteur Bastien<br />
au camp Jo, le Docteur L<strong>et</strong>eyssier<br />
dans le secteur de Jujurieux, le Docteur<br />
Weiler au groupement Chabot.<br />
Il se m<strong>et</strong> ensuite en quête de<br />
matériel sanitaire. Il organise par<br />
ailleurs des Postes de Secours disposant<br />
de quelques lits dans des loc<strong>aux</strong> vides<br />
sous la responsabilité de médecins à<br />
Hauteville, Champagne-en-Valromey,<br />
Brénod, Bellegarde-sur-Valserine,<br />
Saint-Germain-de-Joux, Oyonnax,<br />
Chavannes-sur-Suran, Corveissiat…<br />
Des postes de repli sont prévus en<br />
cas d’attaque à Lantenay, au Poizat,<br />
à Charix.<br />
Fin juin 1944, des hôpit<strong>aux</strong><br />
complémentaires sont installés à<br />
Oyonnax <strong>et</strong> dans l’hôtel de France<br />
à Nantua .<br />
Dans la nuit du 7 au 8 juill<strong>et</strong>,<br />
le chirurgien britannique Geoffray<br />
Edward Parker dit « Parsifal »<br />
débarque d’un avion Dakota avec du<br />
matériel. Le 9 juill<strong>et</strong> 1944, un centre<br />
chirurgical est organisé sous sa direction<br />
dans l’Ecole Pratique d’Oyonnax.<br />
Début août 1944, sur ordre d’Henri<br />
P<strong>et</strong>it dit « Romans », chef des maquis<br />
de l’Ain, « Parsifal », spécialiste en<br />
chirurgie de guerre, prend la direction<br />
du Service de Santé <strong>et</strong> est secondé<br />
par René Guill<strong>et</strong>.<br />
René Guill<strong>et</strong>, Coll. René Guill<strong>et</strong><br />
5