L'aide aux personnes pourchassées et persécutées - Maison d'Izieu
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S’ENGAGER POUR LA COLONIE D’IZIEU : DES SOLIDARITÉS INSTITUTIONNELLES ET LOCALES<br />
L’aide de la Sous-préfecture<br />
Aux enfants de Campestre<br />
s’ajoutent à la colonie d’Izieu de nouve<strong>aux</strong><br />
arrivants provenant de différentes<br />
maisons d’enfants cachés. Leur<br />
nombre ne cesse de croître pour<br />
atteindre, en septembre 1943, la<br />
soixantaine. Un p<strong>et</strong>it groupe d’éducateurs<br />
est chargé de leur encadrement.<br />
Quant à l’administration de<br />
l’OSE, elle verse des pensions pour<br />
les enfants dépendant de ses services.<br />
Le Sous-préf<strong>et</strong> Pierre-Marcel<br />
Wiltzer fait alors valoir son influence<br />
pour aider au bon fonctionnement<br />
de la colonie. Il est secondé activement<br />
dans sa tâche par sa secrétaire<br />
en chef, Marie-Antoin<strong>et</strong>te Cojean.<br />
Pour le ravitaillement, il récupère<br />
une quarantaine de cartes d’alimentation<br />
mais elles ne suffisent pas à<br />
nourrir tous les enfants. A Brégnier-<br />
Cordon, la boulangerie <strong>et</strong> la boucherie<br />
donnent des denrées ainsi que la<br />
confiserie Bilbor qui distribue quelquefois<br />
des sucreries <strong>et</strong> du chocolat.<br />
Les meubles <strong>et</strong> les couvertures sont<br />
fournis par le Secours national.<br />
La bonne volonté<br />
de fonctionnaires<br />
de l’Education Nationale<br />
La volonté de scolariser les<br />
enfants va être l’un des premiers<br />
soucis de la direction de la colonie<br />
d’Izieu. Des fonctionnaires de<br />
l’Education nationale vont se mobiliser<br />
pour les aider. Le 4 mai 1943,<br />
Marcel Bulka, 13 ans, fait sa rentrée<br />
en classe de sixième, au cours du<br />
3 ème trimestre, au collège moderne<br />
de garçons de Belley. Il est le premier<br />
enfant à être scolarisé. Pour la rentrée<br />
d’octobre 1943, Marcel Bulka<br />
est accompagné de Max Balsam, 12<br />
Pierre-Marcel Wiltzer, Sous-préf<strong>et</strong> de Belley © Wiltzer<br />
Carte postale datant de l’avant-guerre représentant la maison qui hébergea la colonie <strong>d'Izieu</strong>.<br />
© <strong>Maison</strong> d’Izieu / Collection succession Sabine Zlatin<br />
ans, qui rentre en cinquième ; Henri<br />
Goldberg, 12 ans, est orienté au sein<br />
du même établissement en 1 ère<br />
année de l’école saisonnière d’agriculture<br />
<strong>et</strong> d’artisanat rural. En<br />
décembre, c’est un nouvel arrivant à<br />
Izieu qui fait sa rentrée, Maurice<br />
Gerenstein, 12 ans.<br />
L’accueil de ces enfants doit<br />
beaucoup à la personnalité du directeur<br />
du collège moderne de Belley :<br />
Gaston Lavoille. Marcel Ramillon,<br />
ancien élève du collège se souvient :<br />
« La carrure d’un catcheur, la poigne<br />
solide, une chevelure poivre <strong>et</strong> sel,<br />
épaisse <strong>et</strong> légèrement ondulante, toujours<br />
habillé d’une manière élégante<br />
que soulignait un éternel nœud<br />
papillon, tel apparaissait Gaston<br />
Lavoille. (...) Avant d’être le Directeur<br />
de l’Ecole Primaire Supérieure de<br />
Belley, il avait été professeur d’histoiregéographie<br />
à l’Ecole Normale de Bourg.<br />
(...) Sa formation d’historien l’a aidé à<br />
comprendre les enjeux de l’époque <strong>et</strong><br />
à assumer pleinement sa responsabilité<br />
d’homme <strong>et</strong> de chef d’établissement :<br />
accueillir quatre enfants juifs de la colonie<br />
d’Izieu n’était pas une entreprise<br />
sans risque, Belley avait son lot de collaborateurs<br />
<strong>et</strong> de miliciens ». Un voile<br />
de discrétion entoure ces nouve<strong>aux</strong><br />
venus. André Castelnau, qui avait leur<br />
âge, évoque l’atmosphère particulière<br />
de leur arrivée : « On nous a discrètement<br />
mis au courant en nous recommandant<br />
de ne pas trop leur parler ou<br />
tout au moins les questionner.<br />
Nous jouions tous le jeu : “bonjour”,<br />
“bonjour”, “ça va”, “ça va”.<br />
Les jours passent <strong>et</strong> à la faveur<br />
des conversations entre professeurs <strong>et</strong><br />
les nouve<strong>aux</strong> arrivants, nous essayons<br />
de comprendre d’autant que nous<br />
avons appris qu’ils ne mangent pas<br />
au réfectoire mais qu’ils logent chez<br />
Madame <strong>et</strong> Monsieur Lavoille ».<br />
Parallèlement, dans les premiers<br />
mois de l’installation de la colonie, se<br />
pose aussi le problème de la scolarisation<br />
des plus jeunes dans le primaire.<br />
Dans ses « Mémoires », Pierre-Marcel<br />
Wiltzer, rapporte la proposition qu’il<br />
fit à Sabine Zlatin : « (...) vers le mois<br />
de juin, juill<strong>et</strong>, je proposais à mon interlocutrice<br />
de créer une classe pour ces<br />
enfants, dans le souci de leur donner<br />
un but, une occupation. Avec son<br />
accord, je demandais à l’Inspecteur<br />
Primaire, M. Gonn<strong>et</strong>, la possibilité de<br />
créer ce poste <strong>et</strong> il fut immédiatement<br />
consentant. Il n’était évidemment pas<br />
question de mêler le ministère à l’affaire :<br />
cela s’est fait en douce avec<br />
l’Inspection Académique. On a parlé<br />
d’enfants réfugiés, ce qui n’a pas posé<br />
de problème, la région de Lyon étant<br />
noyée de dizaines de milliers de<br />
réfugiés expulsés de la Moselle. »<br />
Ce qui fut fait. En plein cœur de l’été,<br />
le dossier est sérieusement suivi par<br />
M. Gonn<strong>et</strong>, l’Inspecteur de<br />
l’Enseignement Primaire de Belley.<br />
De concert avec l’Inspecteur<br />
d’Académie de l’Ain à Bourg-en-Bresse<br />
<strong>et</strong> le maire d’Izieu Henri Tissot,<br />
M. Gonn<strong>et</strong> obtient du Ministère de<br />
l’Education Nationale, le 23 septembre<br />
1943, l’autorisation d’ « ouvrir, à titre<br />
essentiellement provisoire <strong>et</strong> pour la<br />
durée de la guerre, une classe primaire<br />
destinée <strong>aux</strong> enfants réfugiés de<br />
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