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Résumé des communications - gemca - UCL

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Mémoire de la littérature passée et création littéraire :<br />

réception, histoire littéraire, intertextualité<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012<br />

Journées d’étu<strong>des</strong> organisées par Maxime Perret (FNRS-<strong>UCL</strong>),<br />

sous l’égide du GEMCA<br />

<strong>Résumé</strong> <strong>des</strong> interventions<br />

par ordre alphabétique<br />

ARONICA CLAIRE (LYON III), « CORNEILLE ENTRÉ DANS L’HISTOIRE. MICHELET<br />

LECTEUR DU CID »<br />

Claire Aronica est doctorante à l’Université Jean Moulin Lyon III et travaille sous la<br />

direction d’Olivier Leplâtre au GADGES. Sa thèse s’intitule « L’illusion héroïque.<br />

Rodrigue et la représentation du héros dans la tragédie du premier XVII e siècle français ».<br />

Cette communication se donne pour objet d’étudier comment, dans son Histoire de France,<br />

Jules Michelet étudie et interprète la façon dont Le Cid fut reçu à sa création et quelle place bien<br />

particulière il assigne au chef-d’œuvre de Corneille dans le déroulement de l’Histoire du<br />

XVII e siècle.<br />

Dans le tome XII de son Histoire de France, Michelet explique de fait, et non sans<br />

hardiesse, que c’est grâce à la pièce de Corneille, et notamment à la mode espagnole qu’elle a<br />

suscitée, que Louis XIII s’est rapproché de son épouse Anne d’Autriche qui a ainsi pu donner<br />

naissance à l’héritier du royaume. Telle est la thèse de Michelet : du Cid est né Louis XIV.<br />

Cette thèse audacieuse, pour ne pas dire provocatrice, impose réflexion : pourquoi<br />

Michelet attribue-t-il à une pièce de théâtre, à cette pièce en particulier, un rôle aussi déterminant<br />

dans l’Histoire de la France Pourquoi prête-t-il à la réception de la première tragédie de<br />

Corneille <strong>des</strong> conséquences historiques aussi fondamentales L’inversion du processus historique<br />

auquel se livre également Michelet ici – l’œuvre d’art non plus découlant de l’événement<br />

historique ou l’accompagnant, mais bel et bien le provoquant – invite de même à réfléchir sur<br />

l’importance respective que l’historien accorde à une naissance royale et à une pièce de théâtre.<br />

Mais la réflexion historique se double d’une véritable dimension littéraire. Michelet était<br />

homme de lettres. S’il choisit Le Cid pour pierre angulaire de son raisonnement, c’est parce qu’il<br />

propose de la tragi-comédie de Corneille une lecture originale et qui, nous le verrons, permet<br />

d’éclairer à la fois l’accueil réservé au Cid au XVII e siècle et au XIX e siècle.<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 1<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012


CHARRIÉ NOËMIE (MONTPELLIER III–<strong>UCL</strong>), « “ŒDIPE SANS LA PSYCHANALYSE”,<br />

JACQUES RANCIÈRE LECTEUR DE PIERRE CORNEILLE »<br />

Noëmie Charrié est doctorante en cotutelle à l’Université Paul Valéry Montpellier III et à<br />

l’Université catholique de Louvain. Elle travaille sous la direction conjointe de Bénédicte<br />

Louvat-Molozay (IRCL) et de Pierre Piret (ECR). Sa thèse s’intitule « Le théâtre du<br />

XVII e siècle à l’épreuve <strong>des</strong> sciences humaines (Roland Barthes, Michel Foucault, Lucien<br />

Goldmann, Jacques Lacan) ».<br />

La pensée de Jacques Rancière, en s’attachant à l’identification <strong>des</strong> différents régimes<br />

historiques de la pensée de l’art, maintient un rapport de type axiologique avec le théâtre du<br />

XVII e siècle. Dans le sillage de Sartre, de Lyotard ou encore d’Althusser, la référence aux<br />

productions dramatiques de « l’âge classique » souffre de la comparaison d’avec les œuvres –<br />

sinon d’avec « l’ouvrage » – de la « seconde modernité ». La réception de l’Œdipe de Pierre<br />

Corneille, dont le philosophe rend compte dans un essai portant sur L’inconscient esthétique, sera<br />

pour nous l’occasion d’analyser respectivement le diagnostic de Jacques Rancière sur la reprise<br />

cornélienne d’Œdipe Roi, les réserves de l’abbé d’Aubignac sur cette dernière, ainsi que les propres<br />

commentaires du dramaturge sur sa relation aux tragédies de Sophocle et de Sénèque. Nous<br />

étudierons en particulier les différentes positions d’énonciation que ces auteurs adoptent à l’égard<br />

du « texte d’origine » ; lequel est peut être moins à penser en termes d’« influence » qu’en tant que<br />

« dispositif » où se greffent, se suspendent, s’élaborent et parfois se défont les modèles<br />

d’interprétations spécifiques ou représentatifs d’une époque. Les écarts de Corneille seront ainsi<br />

doublement mis en perspective : d’une part face au contenu doctrinal avancé par la Troisième<br />

Dissertation de l’abbé d’Aubignac sous l’autorité d’Aristote ; d’autre part face au « scénario œdipien<br />

de la révélation » tel que l’universalise, selon Jacques Rancière, le père de la psychanalyse. En ce<br />

sens nous montrerons comment le prisme de la création littéraire vient perturber les<br />

cloisonnements hérités <strong>des</strong> discours historiographiques, mais également la transposition, parfois<br />

un peu trop prompte, de l’épistémè foucaldienne dans le domaine <strong>des</strong> arts et <strong>des</strong> lettres du<br />

XVII e siècle, dont notre (re-) lecture du « théâtre classique » demeure encore très largement<br />

tributaire.<br />

DECUBBER JONATHAN (<strong>UCL</strong>-VUB), « LA RÉCEPTION DE L’ILLUSION COMIQUE EN<br />

FRANCE, D’APRÈS LES MISES EN SCÈNE DE G. STREHLER (1984) ET G. STOEV (2008) »<br />

Jonathan Decubber est doctorant en cotutelle à l’Université catholique de Louvain et à la<br />

Vrije Universiteit Leuven. Il travaille sous la direction conjointe d’Agnès Guiderdoni<br />

(GEMCA) et de Karel Vanhaesebrouck (THEA). Ses recherches portent sur la réception<br />

de L’Illusion comique de Pierre Corneille et de son théâtre, de 1636 à 2008.<br />

L’Illusion comique constitue, au XVII e siècle, un manifeste d’une réflexion sur le théâtre :<br />

Corneille théorise et met en pratique dans sa pièce l’illusion, principe fondateur de l’art scénique.<br />

Il cherche alors à donner à son public une définition de la nature d’un théâtre qui sera plus tard<br />

appelé « baroque », transformant la séance en lieu de réflexions et de négociations théoriques<br />

entre praticiens et public sur les enjeux et limites de la représentation. Soucieux de répondre aux<br />

attentes du public ou de respecter les règles <strong>des</strong> théoriciens de son siècle, Corneille apporta de<br />

nombreuses modifications au texte de L’Illusion comique. Il rendit ainsi l’œuvre plus perméable aux<br />

influences <strong>des</strong> divers contextes de réception, encourageant les adaptations et l’apposition<br />

anachronique de grilles théoriques, comme celle du concept du « baroque », forgé au XVIII e siècle.<br />

Sur cet horizon, nous voudrions analyser les choix de mises en scène et les différentes critiques<br />

dramatiques de deux représentations de L’Illusion comique en France : celle de Giorgio Strehler en<br />

1984, au théâtre de l'Odéon à Paris, et celle de Galin Stoev en 2008, à la Comédie-Française.<br />

Notre objectif est d’étudier le rapport à L’Illusion comique qu’ont les metteurs en scène et le<br />

public, en tâchant notamment de répondre à ces questions : par quelles voies de transmission, au<br />

niveau de l’encodage (l’avant-représentation), metteurs en scène et spectateurs reçoivent-ils<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 2<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012


parallèlement la pièce Quels facteurs contextuels (sociaux, politiques, culturels, théoriques)<br />

déterminent l’image qu’ils construisent de l’œuvre D’après quels choix interprétatifs sont<br />

élaborées d’une part les mises en scène de Giorgio Strehler et Galin Stoev, d’autre part les<br />

attentes d’un public qui vient voir la représentation d’un auteur du patrimoine national Dans<br />

quelle mesure les discours critiques entourant les nouvelles interprétations réorientent-ils la<br />

perception de L’Illusion comique Quelles données historiques permettent cette réorientation <br />

HAMADOUCHE OUARDA (METZ-PARIS IV), « LA CONTESTATION DE BOILEAU DANS LES<br />

PÉRIODIQUES DU XVIII E SIÈCLE (1711-1740) »<br />

Ouarda Hamadouche est doctorante en cotutelle à l’Université Paris-Sorbonne IV et à<br />

l’Université de Metz. Elle travaille sous la direction conjointe de Gérard Ferreyrolles<br />

(CELLF) et d’Anne-Élisabeth Spica (Écritures). Ses recherches portent sur la réception <strong>des</strong><br />

œuvres de Nicolas Boileau-Despréaux de la fin du XVII e siècle à l’aube du XX e siècle dans le<br />

discours préfaciel (tant verbal qu’iconographique), dans les ouvrages à vocation pédagogique et<br />

dans les périodiques. Elle est actuellement maître-vacataire dans le second degré à l’Académie<br />

de Paris.<br />

L’on croirait à tort que la démythification de Boileau n’a commencé qu’avec les travaux<br />

de Jean Demeure et de la critique du XX e siècle. Elle est née bien avant cela, au lendemain même<br />

de la mort de Boileau et à contre-courant de sa mythification. Dès la publication du commentaire<br />

de Brossette (1716), plusieurs voix dénoncent cette tendance à sélectionner une poignée d’auteurs<br />

qui seraient représentatifs du XVII e siècle, et tentent de se mettre à l’encontre du ‘canon’ qui se<br />

formait alors sous la plume <strong>des</strong> partisans de Boileau en vertu de leur conception de l’esthétique et<br />

<strong>des</strong> Belles-Lettres. Forts de la foi dans le progrès, certains contestataires s’acharnent sur cette<br />

figure emblématique d’une esthétique asservie, à leurs yeux, aux contraintes de l’antiquité et<br />

cherchent à se constituer par rapport à l’ancien et au voisin. L’on tente alors de dénier à Boileau<br />

tantôt son statut de représentant de l’antiquité, tantôt de l’y asservir, ou encore à le réduire au<br />

statut de satirique médisant en lui refusant impartialité, sensibilité, profondeur philosophique et<br />

positionnement théologique.<br />

L’ampleur de cette contestation est indubitable et le périodique en devient très vite le<br />

porte-voix. Afin de cerner au mieux les tenants et les aboutissants du rôle de la presse du<br />

XVIII e siècle dans la remise en question de la légende boléanienne, nous limiterons notre champ<br />

d’investigation à six périodiques 1 sur les trois premières décennies de la réception du ‘Législateur<br />

du Parnasse’. Dans ses attaques contre Boileau, le discours journalistique fait appel à l’éloquence<br />

et, de fait, implique <strong>des</strong> fonctions culturelles diverses. La concurrence qui s’opère entre les<br />

discours pro et anti-canonisation de Boileau, via une tranche intellectuelle dont l’influence sur le<br />

champ culturel n’est que trop manifeste, permet de mesurer jusqu’à quel point la réception de<br />

l’auteur interfère dans le regard que pose le siècle <strong>des</strong> Lumières sur son prédécesseur : dès lors,<br />

c’est toute une vision esthétique et historique du XVII e siècle qui est défendue ou rejetée.<br />

1 Journal de Trévoux, Nouvelles littéraires, Journal historique et critique de la République <strong>des</strong> Lettres, Journal littéraire, Bibliothèque<br />

ancienne et moderne et Bibliothèque choisie.<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 3<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012


MEURÉE CHRISTOPHE (FNRS-<strong>UCL</strong>), « SIÈCLE ADORÉ, SIÈCLE DÉTESTÉ : DES FINS DE<br />

MONDE CLASSIQUES DANS L’IMAGINAIRE DURASSIEN »<br />

Christophe Meurée est chargé de recherches au F.R.S.-FNRS. Il a soutenu sa thèse (« La<br />

scène d’atemporalité dans le récit contemporain de langue française : inventer l’envers du<br />

temps ») à l’Université catholique de Louvain en 2009. Ses recherches actuelles, menées au<br />

sein du Centre de recherche sur l’Imaginaire (CRI), portent sur les discours et imaginaires<br />

prophétiques dans la littérature contemporaine (XX e -XXI e siècles).<br />

« J’ai dû aller et venir souvent entre les siècles et les siècles pour finalement découvrir que<br />

c’était la fin du XVII e siècle français qui chaque fois me rendait plus violemment à la lecture. »<br />

(« La lecture dans le train », Le monde extérieur, p. 141). Marguerite Duras répète à l’envi qu’elle ne<br />

lit pratiquement pas ; pourtant, elle consent à évoquer parfois les gran<strong>des</strong> lectures de sa vie, avec<br />

lesquelles elle écrit. Les auteurs cités sont le plus souvent <strong>des</strong> auteurs du XIX e siècle. Pourtant, à<br />

partir <strong>des</strong> années 1980, après avoir produit une réécriture de la Bérénice de Racine ensuite adaptée<br />

au cinéma, puis réécrite à nouveau pour une commande de la télévision italienne, Duras répète à<br />

l’envi son amour pour la littérature français du XVII e siècle, et en particulier ses trente dernières<br />

années. Cet aveu tardif dans la carrière de l’auteur de L’amant tient sans doute à deux facteurs :<br />

d’une part, à une relecture de certains textes, et, d’autre part, à une association entre l’époque de<br />

Racine et la sienne, sur le plan de la perception imaginaire du mouvement de l’Histoire. Il<br />

convient donc d’en prendre la mesure, en explorant le type d’influence exercée par la littérature<br />

du Grand Siècle sur son écriture mais aussi en retraçant, au travers du paratexte produit dans les<br />

années 1980, la parenté imaginaire que Duras <strong>des</strong>sine entre le règne de Louis XIV et la<br />

présidence de François Mitterand.<br />

PERNOUD HERMELINE (PARIS 3), « LA POURSUITE DE CHARLES PERRAULT PAR LÉO<br />

LESPÈS DANS LES CONTES DE PERRAULT CONTINUÉS PAR TIMOTHÉE TRIMM (1865) »<br />

Hermeline Pernoud est doctorante à l’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 et travaille sous<br />

la direction de Paolo Tortonese (CRP 19). Ses recherches portent sur l’image de la femme<br />

dans le conte de fées francophone de la seconde moitié du XIX e siècle.<br />

Aux dires <strong>des</strong> Goncourt, « l’homme le plus lu, dans le ci-devant pays de Balzac, d’Hugo et<br />

de Michelet, est Léo Lespès 2 ». Pourtant aujourd’hui, Lespès est un inconnu.<br />

En 1865, lorsqu’il publie sous un pseudonyme Les contes de Perrault continués par<br />

Timothée Trimm, Lespès dit vouloir combler une lacune de la trame narrative : « Et ils<br />

demandent sans cesse à leurs mères, à leurs nourrices, à leurs bonnes, ce que sont devenus Riquet<br />

à la Houppe ou l’Adroite Princesse 3 ».<br />

Les œuvres tentant un rapprochement avec les contes de Perrault (références dans le titre,<br />

citations, mises en exergue) sont nombreuses au XIX e siècle, mais le recueil de Lespès se distingue<br />

par sa composition : au milieu <strong>des</strong> neuf contes qu’il a inventés, Lespès juxtapose les contes<br />

perraltiens correspondants. Intercaler les textes de Perrault témoigne d’une continuité voulue et<br />

revendiquée. Par cette disposition, Lespès souligne que ses textes ne peuvent se comprendre sans<br />

ceux de Perrault, et invite ainsi à comprendre ceux de Perrault à la lumière <strong>des</strong> siens.<br />

Nous chercherons donc à déterminer si les textes de Perrault sont <strong>des</strong> modèles absolus ou<br />

de simples sources d’inspiration pour Léo Lespès. Nous démontrerons également combien le fait<br />

de revendiquer l’influence de Perrault permet de légitimer une continuation.<br />

2 Edmond et Jules GONCOURT, Journal, Mémoires de la vie, cités par Pierre-Robert Leclercq dans Les <strong>des</strong>tins<br />

extraordinaires de Timothée Trimm et de son « Petit Journal », Paris, Anne Carrière, 2011, p. 13.<br />

3 Léo LESPÈS, Les contes de Perrault continué par Thimothée Trimm, Paris, Librairie du Petit Journal, 1865.<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 4<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012


Par ailleurs, il nous semble indispensable de lier le choix de Lespès pour le conte de fées<br />

aux découvertes de son époque : la question de la croyance est intrinsèque aux contes de fées et<br />

permet de penser la révolution scientifique.<br />

Enfin, nous mettrons en avant le caractère didactique de ces contes. Pour Perrault, les<br />

contes devaient éduquer notre âme ; pour Lespès, les contes doivent éveiller l’imagination,<br />

entraîner les esprits de contradiction. Il ne s’agit plus de rêver mais d’acquérir les moyens d’agir.<br />

De Perrault à Lespès nous démontrerons comment nous sommes passés d’un siècle théorique à<br />

un siècle pratique.<br />

STIKER-MÉTRAL CHARLES-OLIVIER (LILLE III), « LE XVII E SIÈCLE DANS LE TABLEAU DE<br />

LA LITTÉRATURE FRANÇAISE DES ÉDITIONS GALLIMARD (1939) »<br />

Charles-Olivier Stiker-Métral est maître de conférences à l’Université Charles de Gaule<br />

Lille III. Il est l’auteur de Narcisse contrarié. L’amour propre dans le discours<br />

moral en France (1650-1715) publié chez Champion en 2007. Il est membre du centre<br />

de recherches ALITHILA où il prépare une HDR sur l’élaboration de la catégorie de<br />

moraliste dans l’histoire littéraire.<br />

J’envisagerai d’étudier dans cette communication le traitement du XVII e siècle dans le<br />

Tableau de la littérature française <strong>des</strong> éditions Gallimard (1939) coordonné par Gide et Malraux, qui<br />

en confièrent les notices à <strong>des</strong> écrivains en vue de la NRF (Schlumberger, Fernandez, Thibaudet,<br />

Benda, Giraudoux entre autres). Le travail se présente délibérément en rupture avec les savoirs<br />

universitaires, préférant privilégier le face-à-face entre les écrivains du passé et ceux du présent.<br />

Le choix de la galerie de portraits rompt aussi avec l’écriture de l’histoire littéraire, soucieuse de<br />

périodiser. Il serait intéressant de confronter les images du XVII e siècle qui apparaissent dans cet<br />

ouvrage à celles que véhicule, au même moment, l’institution universitaire. Y a-t-il convergence<br />

entre l’histoire de la littérature pratiquée par les écrivains et celle <strong>des</strong> savants Il s’agirait de<br />

mettre en relation deux institutions, qui disposent chacune de leur légitimité, et qui, malgré la<br />

différence de leurs métho<strong>des</strong>, ne sont pas sans s’influencer réciproquement, afin d’explorer les<br />

représentations de la première modernité littéraire.<br />

TABET EMMANUELLE (CNRS), « DE VIRGILE À CHATEAUBRIAND : RÉÉCRITURES ET<br />

RÉINTERPRÉTATIONS »<br />

Emmanuelle Tabet est chargée de recherches au CNRS, attachée au Centre d’étude de la<br />

langue et de la littérature françaises <strong>des</strong> 17 e et 18 e siècles (CELLF 17-18). Elle est l’auteur<br />

de Chateaubriand et le XVII e siècle : mémoire et création littéraire, publié chez<br />

Champion en 2002.<br />

Le poète de Mantoue connaît dans le second XVIII e siècle un immense rayonnement.<br />

Nous étudierons ici comment Chateaubriand a traduit et réinterprété une œuvre qu’il relit sans<br />

cesse non comme un modèle figé mais comme un texte vivant, porteur d’une modernité à<br />

laquelle la rupture révolutionnaire confère une résonance nouvelle. Nous verrons comment il a<br />

réécrit et transposé dans un contexte chrétien la geste païenne d’Énée et comment cette œuvre<br />

classique par excellence est devenue sous sa plume une œuvre-miroir, fragmentée en citations<br />

éparses qui, du Voyage en Italie aux Mémoires d’outre-tombe, témoignent de l’intériorisation d’une<br />

mémoire antique venant se fondre avec les souvenirs intimes du narrateur.<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 5<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012


ZÉKIAN STÉPHANE (CNRS), « L’INVENTION DE LA LITTÉRATURE NATIONALE : LES<br />

ÉTUDES DE RÉCEPTION COMME ARCHÉOLOGIE DISCIPLINAIRE »<br />

Stéphane Zékian est chargé de recherches au CNRS, attaché à l’UMR LIRE. La thèse<br />

qu’il a préparée sous la direction de Françoise Mélonio a été soutenue en 2007 et a été<br />

publiée dans une version remaniée aux éditions du CNRS sous le titre L’invention <strong>des</strong><br />

classiques. « Le Siècle de Louis XIV » existe-t-il (2012).<br />

Il s’agira d’étudier les réceptions littéraires à l’échelle d’une génération, donc d’un point de<br />

vue collectif et non pas individuel. L’objectif sera de montrer comment le jeu <strong>des</strong> exclusions et<br />

<strong>des</strong> inclusions dans le Panthéon culturel français contribue à délimiter, en même temps que les<br />

contours de « la littérature nationale », ceux de « la littérature » tout court. Le champ <strong>des</strong> étu<strong>des</strong><br />

de réception ainsi envisagé ne se conçoit que dans un rapport d’étroite relation avec l’histoire <strong>des</strong><br />

régimes de discours (pour ne pas dire <strong>des</strong> disciplines). Il permet en effet de mettre en valeur<br />

l’émergence historique de l’entité « littérature », au croisement de considérations politiques<br />

(comment la France choisit-elle de se définir ) et épistémologiques (où décide-t-on de faire<br />

passer la frontière entre la littérature et le reste ).<br />

« Mémoire de la littérature passée et création littéraire » 6<br />

Louvain-la-Neuve, 11-12 mai 2012

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