HAMEAU DES SABLETTES
HAMEAU DES SABLETTES
HAMEAU DES SABLETTES
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Programme : Station balnéaire<br />
Département - Ville : Var - La Seyne-sur-Mer<br />
Commanditaire : Ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme<br />
Architecte : Fernand Pouillon (1912-1986)<br />
Dates de construction : 1950-1953<br />
<strong>HAMEAU</strong> <strong>DES</strong> <strong>SABLETTES</strong><br />
9<br />
La Seyne-sur-Mer 9<br />
Var 83<br />
7<br />
: platane<br />
: palmier<br />
: olivier de bohême<br />
: pin parasol<br />
8<br />
50 M<br />
Hameau des Sablettes, avenue Charles de Gaulle, corniche Georges Pompidou, 83500 La Seyne-sur-Mer.<br />
Patrimoine XX e 00 © DRAC Provence-Alpes-Côte d’Azur / septembre 2000 / ISBN 2-11-092-168-4.<br />
Crédits photographiques : © INAMA-A. Fuzibet : 1256(1996) et 8 (1992) / © CRMH-S. Denante : 3 4(1998) 7 (2000).<br />
Graphisme Bik et Book<br />
1
2 3 4 5 6<br />
Le contexte<br />
Le commanditaire<br />
L’édifice<br />
Actualité<br />
La corniche de Tamaris et l’isthme des Sablettes<br />
qui ferme la rade de Toulon offrent un paysage<br />
exceptionnel qui devint, des années 1860 jusqu’à<br />
la Deuxième Guerre mondiale, un site très fréquenté<br />
de villégiature balnéaire. Au printemps de<br />
1944, l’importance des ouvrages défensifs liés au<br />
port de guerre incita les Allemands à raser le village<br />
de pêcheurs des Sablettes pour éviter le risque<br />
d’un débarquement à Toulon. Le Ministère de la<br />
Reconstruction et de l’Urbanisme (M.R.U.), créé<br />
en novembre 1944, avait pour mission de prendre<br />
en charge les chantiers de la Reconstruction. Celle<br />
du hameau des Sablettes donna à Fernand Pouillon<br />
l’occasion d’orienter son programme vers un<br />
modèle de station balnéaire comportant équipements,<br />
espaces publics, commerces et résidences,<br />
qui influencera les villages de vacances répandus<br />
par la suite sur la côte méditerranéenne.<br />
La maîtrise d’ouvrage, assurée par le M.R.U., est<br />
déléguée à l’Association syndicale des Sablettes qui<br />
regroupe des sinistrés privés. Devenue en 1948<br />
propriétaire des terrains, elle gère le périmètre de<br />
reconstruction. Le financement est assuré par<br />
l’État, les aménagements publics complémentaires<br />
sont pris en charge par la commune et les Ponts et<br />
Chaussées. L’opération, confiée à l’agence Egger-<br />
Pouillon en 1950, sera conduite par ce dernier. Le<br />
chantier dure environ 18 mois.<br />
L’architecte<br />
Connu pour ses réalisations en Provence, en région<br />
parisienne et dans le bassin méditerranéen, Fernand<br />
Pouillon construit au même moment la résidence<br />
des 200 Logements à Aix-en-Provence et surtout<br />
participe à la reconstruction du Vieux-Port de<br />
Marseille où son intervention à la Tourette est très<br />
remarquée. Sa production se distingue à cette<br />
époque par son caractère expérimental, tant en<br />
termes de gestion de chantiers que de création<br />
architecturale et d’innovations techniques. Pour le<br />
modeste programme des Sablettes, Pouillon imagine<br />
un village traditionnel où il souhaite réinstaller<br />
les sinistrés à moindre frais tout en leur offrant des<br />
logements plus vastes qu’auparavant. Les murs sont<br />
en pierre pré-taillée (récupérée sur le chantier du<br />
quai du Vieux-Port), les planchers en béton armé et<br />
les voûtes minces en briques creuses remplacent les<br />
charpentes en bois classiques. La conception d’ensemble,<br />
le traitement des espaces publics, l’emploi<br />
de matériaux traditionnels et le soin apporté aux<br />
détails confèrent à l’ensemble une harmonie et une<br />
intemporalité caractéristiques.<br />
Le hameau reconstruit comporte 35 logements, 28<br />
boutiques, une pension de famille, un hôtel-restaurant,<br />
5 cafés-restaurants, un établissement de bains,<br />
un casino (réalisé par des architectes locaux), un<br />
petit port et tous les services afférents. Les bâtiments<br />
de faible hauteur s’organisent le long de deux<br />
axes majeurs articulés par la tour-signal à quatre<br />
étages de l’hôtel ; une voie principale parallèle au<br />
rivage est traitée en rue commerçante agrémentée<br />
de placettes et traversée par trois passages piétons ;<br />
un axe secondaire rejoint la corniche de Tamaris.<br />
Les espaces verts, jardin public, massifs et alignements,<br />
sont plantés d’essences méditerranéennes et<br />
exotiques d’usage local. Tournée vers l’extérieur,<br />
l’architecture invite ici à la promenade, avec esplanade<br />
piétonne confortant la plage, patios, passages<br />
couverts sous voûtes de briques, murets en claustras<br />
de terre cuite ou en pierre appareillée, fontaines et<br />
statues. Le second œuvre et les arts appliqués enrichissent<br />
l’ensemble d’une multitude de détails<br />
apportant surprise et fantaisie : calades en galets,<br />
dalles de calcaire polychrome, menuiseries aux<br />
motifs variés, décors de céramique émaillée. Les<br />
artistes aixois, amis et collaborateurs des chantiers<br />
provençaux, apportent leur contribution. Jean<br />
Amado réalise par exemple la fontaine en céramique<br />
d’une placette ; Louis Arnaud sculpte une<br />
monumentale naïade accroupie ; Philippe Sourdive<br />
livre des céramiques décoratives, sous forme de<br />
panneaux ou de carreaux multicolores ; Carlos<br />
Fernandez incruste des plats en céramique sur le<br />
mur de l’hôtel. Pendant cette période, tous ces<br />
éléments sont des constantes de la production de<br />
Pouillon ; mais aux Sablettes, l’importance et la<br />
concentration du décor accentuent le caractère<br />
pittoresque et méditerranéen du hameau.<br />
Dans les années 1970-80, le quartier a subi d’importantes<br />
dégradations : démolitions (pension de famille,<br />
débarcadère), annexion d’espaces publics, multiplication<br />
d’enseignes disgracieuses, transformations insidieuses<br />
appauvrissant l’ensemble.<br />
Plusieurs tentatives ont été initiées depuis 1988 : prescription<br />
d’une zone de protection, étude d’un règlement<br />
adapté à la spécificité architecturale, études patrimoniales.<br />
À ce jour, une politique de gestion et de sensibilisation<br />
est engagée d’autant que le hameau se trouve en lisière<br />
du parc paysager Fernand Braudel réaménagé sur 4 ha à<br />
l’arrière de la plage des Sablettes. Un périmètre de<br />
Z.P.P.A.U.P. englobant le quartier lui-même mais aussi<br />
le secteur de Tamaris a été voté par le Conseil Municipal.<br />
Ce travail devrait aboutir très bientôt : la future<br />
zone de protection du patrimoine architectural, urbain<br />
et paysager (Z.P.P.A.U.P.) a pour objectif de préserver<br />
cet ensemble et d’en faire comprendre la qualité aux<br />
usagers, qu’ils soient permanents ou occasionnels.<br />
PHOTOGRAPHIES<br />
Couverture<br />
1 Arcades avec voûtes en brique et mur en pierre<br />
de l’ancien établissement de bains.<br />
Séquence intérieure<br />
2 Fontaine Amado ; au fond l’ancien hôtel<br />
Provence-Plage.<br />
3 Détail d’un balcon avec semis de carreaux<br />
de céramique.<br />
4 Étage d’un logement au-dessus des commerces :<br />
génoise et décor céramique.<br />
5 Entrée d’un immeuble : mise en oeuvre de matériaux<br />
variés.<br />
6 Plats en céramique de Carlos Fernandez sur le mur<br />
de l’ancien hôtel.<br />
Dernière de couverture<br />
7 Vue aérienne.<br />
8 Plan.<br />
RÉDACTEUR<br />
Sylvie Denante, chargée d’études documentaires.