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Rencontre « Une personne = une voix » ou l'économie ... - L'Atelier

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L’ESS ET LA QUESTION DU GENRE : À LA RECHERCHE D’UNE RECONNAISSANCE EN TANT QU’ÊTRE HUMAIN<br />

Même si l’<strong>ou</strong>vrage « Femmes, économie et<br />

développement » ne porte pas directement<br />

sur l’économie sociale et solidaire, de<br />

nombreux points de convergence sont<br />

relevés par les auteurs.<br />

En premier lieu, t<strong>ou</strong>tes ces initiatives sont<br />

au croisement de l’économie et de la<br />

solidarité. Les deux relèvent s<strong>ou</strong>vent de ce<br />

que certains appellent « l’économie de la<br />

vie quotidienne » qui se caractérise par<br />

l’ancrage territorial des initiatives décrites.<br />

T<strong>ou</strong>t comme les projets d’ESS, elles<br />

répondent moins à <strong>une</strong> opportunité de<br />

marché qu’à un besoin non ass<strong>ou</strong>vi sur un<br />

territoire donné. D’ailleurs, dans les deux<br />

approches, les <strong>ou</strong>tils classiques d’accompagnement<br />

du créateur d’entreprise<br />

ff(étude de marché, business plan, etc…) ne<br />

suffisent pas à comprendre et à rendre<br />

compte de l’utilité sociale de ces initiatives.<br />

C’est p<strong>ou</strong>rquoi,<br />

on s’intéresse aussi<br />

aux travaux sur les n<strong>ou</strong>veaux<br />

indicateurs de richesse,<br />

explique Madeleine Hersent.<br />

On doit mettre en place<br />

d’autres critères et<br />

se demander ce que cela<br />

produit au niveau<br />

de la cohésion sociale,<br />

du lien social, <strong>ou</strong> encore,<br />

comme on dit en Equateur,<br />

du « bien vivre ensemble »<br />

C’est aussi ce qu’on a essayé de faire dans<br />

cet <strong>ou</strong>vrage en travaillant sur les alliances<br />

avec la recherche, les m<strong>ou</strong>vements sociaux<br />

(syndicats, Marche mondiale des femmes,<br />

m<strong>ou</strong>vement altermondialiste…) <strong>ou</strong> encore<br />

les médias, même si avec eux, les choses<br />

sont plus compliquées ».<br />

<strong>Une</strong> autre passerelle entre l’économie<br />

sociale et solidaire et les initiatives de<br />

femmes réside dans la quête de visibilité :<br />

« Il y a <strong>une</strong> sorte d’homologie entre la<br />

quête de reconnaissance et de valorisation<br />

des initiatives d’ESS et des initiatives de<br />

femmes » résume Laurent Fraisse.<br />

publiques, l’ESS et la question des initiatives<br />

de femmes partageraient un même<br />

besoin de reconnaissance. « Auj<strong>ou</strong>rd’hui,<br />

on veut bien reconnaître l’utilité de telles<br />

initiatives de femmes, mais on ne met pas<br />

les moyens p<strong>ou</strong>r qu’elles s’organisent et<br />

fonctionnent différemment » regrette<br />

Madeleine Hersent.<br />

On peut se demander s’il faut des<br />

politiques publiques de genre p<strong>ou</strong>r avoir<br />

plus de reconnaissance, d’insertion et<br />

d’égalité des femmes dans l’économie,<br />

comme on peut se demander s’il est nécessaire<br />

d’avoir des politiques d’ESS p<strong>ou</strong>r<br />

permettre à des projets <strong>ou</strong> initiatives de<br />

femmes d’éclore <br />

« Est-ce que les politiques territoriales<br />

d’ESS aident vraiment les initiatives, quand<br />

elles devraient être les leviers qui<br />

permettent de décloisonner… les réseaux<br />

Comment sortir<br />

du traditionnel<br />

« 1 homme<br />

= 1 <strong>voix</strong> » <br />

C’est la question posée par le gr<strong>ou</strong>pe<br />

« Femmes dans l’ESS » créé notamment<br />

par les auteurs après les États généraux<br />

de l’ESS. « Même dans ce secteur, la<br />

question du genre brille par son absence ! »<br />

martèle Madeleine Hersent. En effet, de<br />

nombreuses <strong>personne</strong>s s’interrogent sur<br />

le décalage persistant entre d’<strong>une</strong> part la<br />

participation effective des femmes au<br />

développement de l’ESS en tant que<br />

salariées, chefs d’entreprises, animatrices<br />

de réseaux, bénévoles, universitaires,<br />

chercheures, élues, et d’autre part la<br />

quasi inexistence des mandats exercés<br />

par des femmes dans les instances<br />

décisionnelles et représentatives du<br />

secteur. Le gr<strong>ou</strong>pe a donc lancé <strong>une</strong><br />

pétition publique sur le credo : « Cent<br />

femmes s’engagent, au nom d'<strong>une</strong><br />

<strong>personne</strong>, <strong>une</strong> <strong>voix</strong> p<strong>ou</strong>r l’égalité maintenant<br />

dans l'Économie sociale et solidaire ! »<br />

http://www.lelabo-ess.org/Socialeset-solidaires-les-FemmESS<br />

réponses et d’<strong>ou</strong>tils en fonction des types<br />

d’activités » répond Laurent Fraisse à <strong>une</strong><br />

interpellation du public.<br />

Institutionnalisation des initiatives :<br />

Relais <strong>ou</strong> récupération par <strong>une</strong> politique publique <br />

Comment peser sur l’action publique<br />

sans se faire récupérer Encore <strong>une</strong> fois,<br />

la question est posée par un participant.<br />

La dernière partie de l’<strong>ou</strong>vrage traite<br />

…précisément de l’institutionnalisation.<br />

Isabelle Guérin répond : « À mon avis, ces<br />

initiatives n’ont de légitimité que si elles<br />

agissent localement t<strong>ou</strong>t en étant reliées<br />

à <strong>une</strong> cause plus globale ». Et de donner<br />

deux exemples présentés de façon plus<br />

détaillée dans le livre :<br />

• Dans le contexte québécois p<strong>ou</strong>rtant<br />

considéré comme un modèle en matière<br />

d’ESS, la considération p<strong>ou</strong>r la question<br />

du genre est catastrophique : plus le<br />

secteur s’est institutionnalisé, et plus les<br />

féministes et les revendications féministes<br />

s’en sont fait évincer, p<strong>ou</strong>r arriver à <strong>une</strong><br />

• Le cas des cantines populaires implantées<br />

un peu part<strong>ou</strong>t en Amérique Latine<br />

montre combien cette institutionnalisation<br />

est aussi l’<strong>une</strong> des raisons d’être de ces<br />

initiatives. Mais, si elles ne sont pas relayées<br />

par <strong>une</strong> politique publique, on assiste<br />

seulement à <strong>une</strong> tentative de mutualisation,<br />

sans qu’il y ait vraiment de réponse<br />

globale. Les femmes travaillant dans ces<br />

cantines restent largement s<strong>ou</strong>s-valorisées<br />

et concrètement s<strong>ou</strong>s-payées.<br />

« Si on ne pèse pas<br />

sur les politiques publiques<br />

un moment, on reste dans<br />

des trajectoires de précarité… »<br />

Isabelle Guérin<br />

-3-

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