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Rencontre « Une personne = une voix » ou l'économie ... - L'Atelier

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de l’Économie Sociale et Solidaire<br />

<strong>Rencontre</strong><br />

Chercheurs - Acteurs<br />

observatoire-ess-iledefrance.fr<br />

Les rencontres Chercheurs-acteurs :<br />

En partenariat avec des instituts de recherche franciliens, ces rencontres v<strong>ou</strong>s permettent d’échanger sur les derniers travaux de recherche sur l’économie sociale<br />

et solidaire et d’approfondir votre connaissance du secteur. Ces rencontres sont organisées dans le cadre de l’observatoire régional de l’économie sociale et<br />

solidaire en Île-de-France porté par l’Atelier et la CRESS IDF.<br />

#3<br />

« <strong>Une</strong> <strong>personne</strong> = <strong>une</strong> <strong>voix</strong> »<br />

<strong>ou</strong> l’économie sociale<br />

et solidaire revue à travers<br />

la question du genre<br />

Dans le cadre des rencontres organisées<br />

par l’Atelier, les auteurs de l’<strong>ou</strong>vrage<br />

« Femmes, économie et développement »<br />

ont croisé leurs regards de chercheurs et<br />

d’acteurs œuvrant auprès des collectifs de<br />

femmes engagées dans <strong>une</strong> activité<br />

économique.<br />

Il existe part<strong>ou</strong>t dans le monde <strong>une</strong> multitude<br />

d’initiatives locales spécifiquement<br />

féminines combinant activités économiques<br />

(production, consommation,<br />

finance, etc.) et politiques (défense des<br />

droits) et p<strong>ou</strong>rtant celles-ci sont quasiment<br />

ignorées de l’opinion publique et du<br />

domaine académique. La mobilisation des<br />

femmes p<strong>ou</strong>r faire de l’économique autrement<br />

est-elle <strong>une</strong> résistance et un palliatif<br />

à la mondialisation libérale Ou assistet-on<br />

à la construction d’<strong>une</strong> alternative <br />

L’objectif de l’<strong>ou</strong>vrage : sortir des<br />

approches trop cloisonnées en la matière.<br />

Lors de cette rencontre, les auteurs ont<br />

confirmé la pertinence de l’approche<br />

« genre » p<strong>ou</strong>r comprendre les spécificités<br />

et les points communs de ces initiatives de<br />

femmes, au Nord et au Sud, mais plus<br />

largement par rapport à t<strong>ou</strong>te l’économie<br />

sociale et solidaire.<br />

Coopérative de commerce équitable en<br />

Bolivie, coopérative de beurre de karité au<br />

Burkina Faso, restauration collective dans<br />

les quartiers en France, cantines populaires<br />

au Pér<strong>ou</strong>, gr<strong>ou</strong>pement d’épargne et de<br />

crédit dans le contexte indien… Ces initiatives<br />

de femmes, au Nord comme au Sud,<br />

ont t<strong>ou</strong>tes en commun d’avoir un pied<br />

dans l’économique, et l’autre dans la<br />

politique. Un bras dans la sphère productive,<br />

et l’autre dans la sphère « reproductive<br />

». Ces femmes assurent leur quotidien<br />

de mère et d’ép<strong>ou</strong>se, à travers les activités<br />

incompressibles de soin, santé, enfants,<br />

repas. Leurs activités collectives de production<br />

<strong>ou</strong> de consommation viennent donc<br />

s’aj<strong>ou</strong>ter à leurs tâches domestiques et ce<br />

avec <strong>une</strong> finalité politique récurrente : celle<br />

d’agir au sens large sur les conditions de<br />

vie et les modes de régulation.<br />

LES AUTEURS :<br />

<strong>une</strong> rencontre de<br />

chercheurs et d’acteurs<br />

Isabelle Guérin est socio-économiste,<br />

chercheure à l’Institut de<br />

Recherche p<strong>ou</strong>r le Développement,<br />

responsable du programme « Travail,<br />

finances et dynamiques sociales » de<br />

l’Institut Français de Pondichéry.<br />

Madeleine Hersent est directrice de<br />

l’association ADEL (Association p<strong>ou</strong>r le<br />

développement économique local) et<br />

accompagne depuis 30 ans des collectifs<br />

de femmes engagées dans <strong>une</strong><br />

activité économique.<br />

www.adel.asso.fr<br />

Laurent Fraisse est socio-économiste,<br />

chercheur au Laboratoire Interdisciplinaire<br />

p<strong>ou</strong>r la Sociologie<br />

Économique<br />

(LISE/<br />

CNRS).<br />

« Outre l’envie de sortir d’<strong>une</strong> vision trop cloisonnée,<br />

n<strong>ou</strong>s avons s<strong>ou</strong>haité rendre visibles ces initiatives, qui p<strong>ou</strong>r la plupart<br />

restent dans l’ombre. Le livre a d’abord <strong>une</strong> approche descriptive p<strong>ou</strong>r donner<br />

à voir le fonctionnement au quotidien de ces initiatives de femmes ».<br />

Isabelle Guérin<br />

-1-


Môm'artre / Crédit photos : © Séb! Godefroy<br />

N’EST NI UN CHOIX, NI UNE QUALITÉ NATURELLE !<br />

Si ces initiatives partagent <strong>une</strong> dimension<br />

synonyme de compromis et non de<br />

contestation frontale, c’est bien parce<br />

qu’elles sont le fruit d’<strong>une</strong> construction<br />

sociale révélée à travers l’inégalité de<br />

genre : celle-ci se traduit par <strong>une</strong> inégalité<br />

d’accès aux ress<strong>ou</strong>rces, à l’emploi, et a<br />

fortiori, aux rênes du p<strong>ou</strong>voir.<br />

La confrontation est trop risquée : « Par<br />

exemple, au Bangladesh <strong>ou</strong> aux Philippines,<br />

les initiatives syndicales de femmes préfèrent<br />

maintenir la discussion possible avec les<br />

DES INITIATIVES INTRINSÈQUEMENT FRAGILES<br />

Et c’est bien ce qui rend leur combat si<br />

difficile : ces femmes doivent p<strong>ou</strong>rsuivre<br />

leurs activités incompressibles à côté de<br />

leur engagement économique et politique<br />

et risquent, à t<strong>ou</strong>t moment, de perdre leur<br />

emploi, si elles vont trop loin. « On constate<br />

combien ces initiatives sont également très<br />

précaires, avec un fonctionnement<br />

chaotique, fait d’apprentissages, d’avancées,<br />

dans <strong>une</strong> sorte de statu quo au point que les<br />

<strong>personne</strong>s engagées se déc<strong>ou</strong>ragent »<br />

rappelle Isabelle Guérin. « Et si au contraire,<br />

ces initiatives prennent <strong>une</strong> certaine envergure<br />

économique, elles sont rapidement<br />

récupérées ». Entre le trop et le pas assez, le<br />

point d’équilibre est fragile…<br />

Sans compter qu’au Nord, les législations<br />

en vigueur exigent de ces femmes qu'elles<br />

soient des professionnelles dans la gestion<br />

de leur entreprise avant même d’avoir<br />

réuni les fonds p<strong>ou</strong>r démarrer. « Quand<br />

j’accompagne des collectifs de femmes,<br />

de services p<strong>ou</strong>r répondre aux besoins quotidiens<br />

des femmes concernées » illustre<br />

Isabelle Guérin.<br />

Certaines initiatives se positionnent davantage<br />

sur l’aspect économique et présente<br />

un potentiel assez limité en matière de<br />

transformation sociale. D’autres, au<br />

contraire, plaident p<strong>ou</strong>r <strong>une</strong> revalorisation<br />

des activités dites reproductives, et<br />

engagent à <strong>une</strong> véritable révision des<br />

modes d’organisation de la société. Il s’agit<br />

alors de montrer et d’accepter la plus-value<br />

sociale de ces activités qu’il faudrait rémunérer<br />

à leur juste valeur.<br />

s<strong>ou</strong>vent d’origine immigrée, dans des zones<br />

urbaines dites sensibles, relate Madeleine<br />

Hersent. On demande à ces <strong>personne</strong>s d’être<br />

en capacité de t<strong>ou</strong>t gérer au niveau légal,<br />

administratif, gestionnaire, hygiène,<br />

sécurité… En France, on demande à ces<br />

initiatives d’être hyper professionnelles ! Mais<br />

ce n’est pas la même chose selon moi de<br />

demander à des cadres <strong>ou</strong> à des <strong>personne</strong>s<br />

qui n’ont pas les pré-requis nécessaires p<strong>ou</strong>r<br />

cette création d’activité, de faire leurs preuves<br />

de manière identique ».<br />

Dernier point de fragilité relevé par les<br />

auteurs, la femme peut être elle-même…<br />

« <strong>une</strong> l<strong>ou</strong>ve p<strong>ou</strong>r la femme », p<strong>ou</strong>r reprendre<br />

la célèbre formule de T. Hobbes. « Les collectifs<br />

féminins sont également traversés de<br />

hiérarchies et peuvent t<strong>ou</strong>t à fait reproduire<br />

des inégalités entre femmes, avec notamment<br />

<strong>une</strong> certaine monopolisation des<br />

décrit<br />

Isabelle Guérin.<br />

« Initiatives »,<br />

de quoi<br />

parle-t-on <br />

Madeleine Hersent, la « praticienne » du<br />

trio des auteurs, n<strong>ou</strong>s en offre <strong>une</strong><br />

« Par initiative,<br />

j’entends des <strong>personne</strong>s qui se<br />

prennent en charge et qui veulent faire les<br />

choses par elles-mêmes, parce qu’à un<br />

moment, elles tr<strong>ou</strong>vent que les besoins<br />

sont peu <strong>ou</strong> mal c<strong>ou</strong>verts, décident d’y<br />

répondre et s’auto-organisent p<strong>ou</strong>r cela ».<br />

Laurent Fraisse s<strong>ou</strong>ligne aussi le caractère<br />

informel et non statutaire des<br />

activités décrites dans l’<strong>ou</strong>vrage. « Le<br />

mot « initiative » désigne quelque chose<br />

d’indéterminé et d’hybride. On parle<br />

également d’initiatives p<strong>ou</strong>r ne pas<br />

rabattre celles-ci à la seule dimension<br />

entrepreneuriale, où l'unique déb<strong>ou</strong>ché<br />

s<strong>ou</strong>haité p<strong>ou</strong>r ces initiatives féminines<br />

serait l’activité marchande.<br />

Certaines initiatives ne se réduisent pas à<br />

cette trajectoire, et notamment, t<strong>ou</strong>tes les<br />

expériences de gestion collective, qu’on<br />

appellerait ici des services d’intérêts<br />

généraux (<strong>ou</strong> gestion de biens publics)<br />

qui, justement, ne relèvent pas d’<strong>une</strong><br />

logique entrepreneuriale. A travers ce<br />

terme d’initiative, on fait appel à des<br />

registres de l’action hybrides et non<br />

fermés dans <strong>une</strong> case marchande et<br />

entrepreneuriale, avec <strong>une</strong> forme statu-<br />

Le terme d’initiative renvoie donc à <strong>une</strong><br />

manière de penser l’hybridation et de fuir<br />

les catégories très appréciées des<br />

programmes de développement et de<br />

-2-


L’ESS ET LA QUESTION DU GENRE : À LA RECHERCHE D’UNE RECONNAISSANCE EN TANT QU’ÊTRE HUMAIN<br />

Même si l’<strong>ou</strong>vrage « Femmes, économie et<br />

développement » ne porte pas directement<br />

sur l’économie sociale et solidaire, de<br />

nombreux points de convergence sont<br />

relevés par les auteurs.<br />

En premier lieu, t<strong>ou</strong>tes ces initiatives sont<br />

au croisement de l’économie et de la<br />

solidarité. Les deux relèvent s<strong>ou</strong>vent de ce<br />

que certains appellent « l’économie de la<br />

vie quotidienne » qui se caractérise par<br />

l’ancrage territorial des initiatives décrites.<br />

T<strong>ou</strong>t comme les projets d’ESS, elles<br />

répondent moins à <strong>une</strong> opportunité de<br />

marché qu’à un besoin non ass<strong>ou</strong>vi sur un<br />

territoire donné. D’ailleurs, dans les deux<br />

approches, les <strong>ou</strong>tils classiques d’accompagnement<br />

du créateur d’entreprise<br />

ff(étude de marché, business plan, etc…) ne<br />

suffisent pas à comprendre et à rendre<br />

compte de l’utilité sociale de ces initiatives.<br />

C’est p<strong>ou</strong>rquoi,<br />

on s’intéresse aussi<br />

aux travaux sur les n<strong>ou</strong>veaux<br />

indicateurs de richesse,<br />

explique Madeleine Hersent.<br />

On doit mettre en place<br />

d’autres critères et<br />

se demander ce que cela<br />

produit au niveau<br />

de la cohésion sociale,<br />

du lien social, <strong>ou</strong> encore,<br />

comme on dit en Equateur,<br />

du « bien vivre ensemble »<br />

C’est aussi ce qu’on a essayé de faire dans<br />

cet <strong>ou</strong>vrage en travaillant sur les alliances<br />

avec la recherche, les m<strong>ou</strong>vements sociaux<br />

(syndicats, Marche mondiale des femmes,<br />

m<strong>ou</strong>vement altermondialiste…) <strong>ou</strong> encore<br />

les médias, même si avec eux, les choses<br />

sont plus compliquées ».<br />

<strong>Une</strong> autre passerelle entre l’économie<br />

sociale et solidaire et les initiatives de<br />

femmes réside dans la quête de visibilité :<br />

« Il y a <strong>une</strong> sorte d’homologie entre la<br />

quête de reconnaissance et de valorisation<br />

des initiatives d’ESS et des initiatives de<br />

femmes » résume Laurent Fraisse.<br />

publiques, l’ESS et la question des initiatives<br />

de femmes partageraient un même<br />

besoin de reconnaissance. « Auj<strong>ou</strong>rd’hui,<br />

on veut bien reconnaître l’utilité de telles<br />

initiatives de femmes, mais on ne met pas<br />

les moyens p<strong>ou</strong>r qu’elles s’organisent et<br />

fonctionnent différemment » regrette<br />

Madeleine Hersent.<br />

On peut se demander s’il faut des<br />

politiques publiques de genre p<strong>ou</strong>r avoir<br />

plus de reconnaissance, d’insertion et<br />

d’égalité des femmes dans l’économie,<br />

comme on peut se demander s’il est nécessaire<br />

d’avoir des politiques d’ESS p<strong>ou</strong>r<br />

permettre à des projets <strong>ou</strong> initiatives de<br />

femmes d’éclore <br />

« Est-ce que les politiques territoriales<br />

d’ESS aident vraiment les initiatives, quand<br />

elles devraient être les leviers qui<br />

permettent de décloisonner… les réseaux<br />

Comment sortir<br />

du traditionnel<br />

« 1 homme<br />

= 1 <strong>voix</strong> » <br />

C’est la question posée par le gr<strong>ou</strong>pe<br />

« Femmes dans l’ESS » créé notamment<br />

par les auteurs après les États généraux<br />

de l’ESS. « Même dans ce secteur, la<br />

question du genre brille par son absence ! »<br />

martèle Madeleine Hersent. En effet, de<br />

nombreuses <strong>personne</strong>s s’interrogent sur<br />

le décalage persistant entre d’<strong>une</strong> part la<br />

participation effective des femmes au<br />

développement de l’ESS en tant que<br />

salariées, chefs d’entreprises, animatrices<br />

de réseaux, bénévoles, universitaires,<br />

chercheures, élues, et d’autre part la<br />

quasi inexistence des mandats exercés<br />

par des femmes dans les instances<br />

décisionnelles et représentatives du<br />

secteur. Le gr<strong>ou</strong>pe a donc lancé <strong>une</strong><br />

pétition publique sur le credo : « Cent<br />

femmes s’engagent, au nom d'<strong>une</strong><br />

<strong>personne</strong>, <strong>une</strong> <strong>voix</strong> p<strong>ou</strong>r l’égalité maintenant<br />

dans l'Économie sociale et solidaire ! »<br />

http://www.lelabo-ess.org/Socialeset-solidaires-les-FemmESS<br />

réponses et d’<strong>ou</strong>tils en fonction des types<br />

d’activités » répond Laurent Fraisse à <strong>une</strong><br />

interpellation du public.<br />

Institutionnalisation des initiatives :<br />

Relais <strong>ou</strong> récupération par <strong>une</strong> politique publique <br />

Comment peser sur l’action publique<br />

sans se faire récupérer Encore <strong>une</strong> fois,<br />

la question est posée par un participant.<br />

La dernière partie de l’<strong>ou</strong>vrage traite<br />

…précisément de l’institutionnalisation.<br />

Isabelle Guérin répond : « À mon avis, ces<br />

initiatives n’ont de légitimité que si elles<br />

agissent localement t<strong>ou</strong>t en étant reliées<br />

à <strong>une</strong> cause plus globale ». Et de donner<br />

deux exemples présentés de façon plus<br />

détaillée dans le livre :<br />

• Dans le contexte québécois p<strong>ou</strong>rtant<br />

considéré comme un modèle en matière<br />

d’ESS, la considération p<strong>ou</strong>r la question<br />

du genre est catastrophique : plus le<br />

secteur s’est institutionnalisé, et plus les<br />

féministes et les revendications féministes<br />

s’en sont fait évincer, p<strong>ou</strong>r arriver à <strong>une</strong><br />

• Le cas des cantines populaires implantées<br />

un peu part<strong>ou</strong>t en Amérique Latine<br />

montre combien cette institutionnalisation<br />

est aussi l’<strong>une</strong> des raisons d’être de ces<br />

initiatives. Mais, si elles ne sont pas relayées<br />

par <strong>une</strong> politique publique, on assiste<br />

seulement à <strong>une</strong> tentative de mutualisation,<br />

sans qu’il y ait vraiment de réponse<br />

globale. Les femmes travaillant dans ces<br />

cantines restent largement s<strong>ou</strong>s-valorisées<br />

et concrètement s<strong>ou</strong>s-payées.<br />

« Si on ne pèse pas<br />

sur les politiques publiques<br />

un moment, on reste dans<br />

des trajectoires de précarité… »<br />

Isabelle Guérin<br />

-3-


et après <br />

Initiatives de femmes <strong>ou</strong> projets d’ESS, les<br />

deux ont en commun <strong>une</strong> portée politique<br />

qui, au minimum, pose <strong>une</strong> question de<br />

société : « Par exemple, p<strong>ou</strong>r la garde<br />

d’enfants, <strong>une</strong> initiative peut y répondre mais<br />

elle pose aussi <strong>une</strong> question de politique<br />

publique et de choix de société : qui garde et<br />

éduque les enfants dans la société, p<strong>ou</strong>r quel<br />

illustre<br />

Laurent Fraisse.<br />

Elles posent également la question de<br />

l’articulation entre le professionnalisme et<br />

la dimension militante : « On va p<strong>ou</strong>voir<br />

retr<strong>ou</strong>ver cette question sur la façon<br />

d’accéder et de peser sur le débat public, et<br />

comment on le met en scène : soit de façon<br />

frontale et revendicative, soit de manière<br />

plus négociée. Il y a un champ en tension qui<br />

peut être créatif mais aussi paralysant. En<br />

cela, l’approche genre questionne l’ESS. »<br />

conclut Laurent Fraisse.<br />

sur « Les organisations féminines au<br />

ress<strong>ou</strong>rces<br />

Burkina Faso » qui a participé à l’<strong>ou</strong>vrage,<br />

confondre le genre en tant qu’analyse des<br />

rapports de p<strong>ou</strong>voir entre hommes et<br />

femmes, et en même temps, objectif<br />

d’égalité entre hommes et femmes. « Cette<br />

confusion entre la cause et la solution fait,<br />

qu’auj<strong>ou</strong>rd’hui, on a des politiques publiques<br />

qui ne vont plus parler de genre mais<br />

d’égalité hommes-femmes, et font ainsi en<br />

sorte qu’on ne parle plus des rapports de<br />

domination… C’est <strong>une</strong> autre manière de<br />

gommer l’enjeu et le cœur de la question. »<br />

Et contre les racc<strong>ou</strong>rcis plus faciles qui<br />

préfère rappeler le processus qui p<strong>ou</strong>sse les<br />

femmes à être plus présentes en ESS : « Le<br />

genre ne se « raj<strong>ou</strong>te » pas à l’ESS, il est au<br />

cœur de l’ESS. Il faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs rappeler que le<br />

genre façonne le rapport entre les hommes et<br />

les femmes, ce qui amène les femmes à être<br />

dans des espaces où l’ESS p<strong>ou</strong>rra davantage<br />

se déployer, et donc, les femmes vont<br />

développer des compétences et des savoirfaire<br />

dans ces espaces, qu’il faut valoriser, et<br />

qui peuvent être alternatifs. Il faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs<br />

rappeler ce cheminement. Les femmes ne<br />

sont pas naturellement plus aptes dans ces<br />

sphères-là !<br />

Le genre et l’ESS partagent un même<br />

message qu’il faut t<strong>ou</strong>j<strong>ou</strong>rs rappeler aux<br />

politiques : il ne faut pas enfermer un homme<br />

<strong>ou</strong> <strong>une</strong> femme dans <strong>une</strong> activité, dans <strong>une</strong><br />

sphère, c’est bien la capacité à sortir d’<strong>une</strong><br />

catégorie déterminée : que chacun puisse<br />

accéder à <strong>une</strong> redistribution, et à <strong>une</strong> reconnaissance<br />

dans son statut en tant qu’être<br />

humain. »<br />

En accueillant et en orientant quotidiennement<br />

les porteurs de projets de l’ESS,<br />

femmes et hommes, l’Atelier contribue à<br />

leur donner de la visibilité et <strong>une</strong> certaine<br />

reconnaissance, voire à générer des relais,<br />

p<strong>ou</strong>r t<strong>ou</strong>tes ces initiatives porteuses d’un<br />

message sociétal fort sur le « bien vivre<br />

ensemble ».<br />

RÉFÉRENCES DE L’OUVRAGE<br />

• Femmes, économie et développement,<br />

de la résistance à la justice sociale, s<strong>ou</strong>s la<br />

direction de Isabelle Guérin, Madeleine<br />

Hersent, Laurent Fraisse, Collection<br />

« Sociologie économique », dirigée par<br />

Jean-L<strong>ou</strong>is Laville, Editions Erès, 384 pages<br />

- ACC.2/013*<br />

DES MÊMES AUTEURS<br />

• Les politiques publiques d’économie<br />

solidaire : un enjeu d’avenir p<strong>ou</strong>r les<br />

initiatives locales, Elisabetta Bucolo /<br />

Bérénice Dondeyne / Laurent Fraisse –<br />

RTES – 2007 - ACC.1.2/002 *<br />

POUR ALLER PLUS LOIN :<br />

• La croissance dépend aussi des<br />

femmes... Womenomics, Avivah Wittenberg-Cox<br />

et Alison Maitland - Eyrolles, 2008<br />

– ACC.2/002 *<br />

• Les femmes entrepreneurs en France,<br />

Bertrand Duchéneaut et Muriel Orhan - Seli<br />

Arslan (Paris), 2000 – ACC.2/001 *<br />

• Chronique de la discrimination<br />

ordinaire, Vincent Eldin et Saïd<br />

Hamm<strong>ou</strong>che - Gallimard, 2012 -<br />

GEN.6.6/016<br />

• L'économie des inégalités, Thomas<br />

Piketty - La Déc<strong>ou</strong>verte, 2008 – GEN.1/007 *<br />

• Manifeste féministe, Laure Adler - Autrement,<br />

2011.<br />

• Le Pacte. P<strong>ou</strong>r en finir avec les discriminations<br />

: Sexisme, homophobie, handicap,<br />

âge, origine, L<strong>ou</strong>is-Georges Tin -<br />

Autrement, 2012 – GEN.6.6/017 *<br />

*Ces références v<strong>ou</strong>s permettent de retr<strong>ou</strong>ver<br />

facilement les <strong>ou</strong>vrages et articles dans le<br />

fonds documentaire de l'Atelier.<br />

notre espace ress<strong>ou</strong>rces<br />

Accédez à des guides pratiques, <strong>ou</strong>vrages, de la presse spécialisée <strong>ou</strong> encore <strong>une</strong> veille média… le t<strong>ou</strong>t dans un lieu convivial à deux<br />

pas de la Gare de l’Est.<br />

La consultation de l’espace ress<strong>ou</strong>rces de l’Atelier est en accès libre : Le mardi et mercredi, de 14h à 18h et le jeudi, de 17h à 20h<br />

8-10, impasse B<strong>ou</strong>tron - 75010 Paris - Tél. 01 40 38 40 38 - www.atelier-idf.org<br />

L'Observatoire régional de l'ESS en Île-de-France, porté<br />

conjointement par l'Atelier – Centre de ress<strong>ou</strong>rces régional de<br />

l'économie sociale et solidaire et la Chambre régionale de l'économie<br />

sociale et solidaire en Île-de-France (CRESS IDF), p<strong>ou</strong>rsuit les<br />

finalités suivantes : f<strong>ou</strong>rnir aux acteurs de l'ESS et aux collectivités<br />

territoriales des données scientifiques quantitatives et qualitatives<br />

fiables, permettant de mieux comprendre l'ESS auj<strong>ou</strong>rd'hui et<br />

d'accompagner son développement futur.<br />

observatoire-ess-iledefrance.fr<br />

Synthèse réalisée par Estelle Héd<strong>ou</strong>in<br />

Graphisme : A’Kâ Clémence Callebaut – 06 70 57 80 55

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