18.01.2015 Views

Télécharger la revue - Église Catholique d'Algérie

Télécharger la revue - Église Catholique d'Algérie

Télécharger la revue - Église Catholique d'Algérie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

pax<br />

concordia<br />

troisième trimestre 2012 - n° 11<br />

Revue de l’église catholique d’Algérie<br />

ISSN : 2170-1709<br />

Indépendance : Quel regard sur notre histoire <br />

Dossier : Marie d’Algérie<br />

JEUNES : L’é<strong>la</strong>n des JAJ


03 éditorial et mot de <strong>la</strong> rédaction<br />

05 église universelle<br />

Crise au Mali et brèves<br />

07 Regard sur l’Algérie<br />

Le Petit Lecteur d’Oran<br />

09 1962-2012 Indépendance<br />

Quel regard sur notre histoire <br />

par J. Toussaint<br />

Le père Scotto, par Jean Perrette<br />

Sous ton ciel bleu, par Samira<br />

13 Dossier<br />

Marie d’Algérie<br />

21 Dialogue<br />

Partition saharienne, par A. de Boissieu<br />

22 Actualité Église d’Algérie<br />

Jeunes : l’é<strong>la</strong>n des JAJ<br />

24 Actualité des diocèses<br />

Alger, Oran, Constantine, Ghardaïa<br />

28 Des livres à lire<br />

D. Marguerat, J.-M. Ploux, P. & C. Chaulet,<br />

Kh. Al Khamissi<br />

30 Trois mois en bref<br />

L’Algérie au fil des jours<br />

31 Bloc-notes<br />

et bulletin d’abonnement<br />

Embarqué dans « le train du<br />

n°10 », je me permets de vous<br />

livrer quelques impressions :<br />

(…) Le père Raymond et sa<br />

re<strong>la</strong>tion avec les habitants<br />

de Mascara. Magnifiques les<br />

derniers paragraphes de ce<br />

texte. (…) Quel beau témoignage aussi de cette femme<br />

kabyle dont je retiens cette phrase sur l’école des sœurs<br />

b<strong>la</strong>nches qui nous donnaient une « formation humaine<br />

qui nous a préservés de <strong>la</strong> haine ». Merci madame pour<br />

ce témoignage.<br />

Georges et Maryse Faucheux<br />

Mgr Duval n’est pas mort à 97 ans -comme le dit l’article<br />

de Christine Ray- mais à 92 ans (novembre 1903 – mai<br />

1996).<br />

Lydia<br />

Plusieurs d’entre vous ont réagi au dernier article de<br />

<strong>la</strong> rubrique « Dialogue ». Le plus souvent pour dire<br />

combien ils avaient apprécié l’interview du père<br />

Raymond Gonnet. Quelquefois en réagissant avec<br />

amusement au surnom de Cheikh Raymond, qui<br />

évoquait plus immédiatement pour eux le grand<br />

musicien de maalouf de Constantine. Il en est qui ont<br />

pensé à d’autres Raymond dont l’enracinement leur<br />

vaut aussi ce surnom...<br />

RECTIFICATIF<br />

L’auteur du roman Djebel Amour est Roger Frison-<br />

Roche et non Pierre Benoit comme écrit par erreur<br />

dans le n°10, page 14.<br />

Trimestriel<br />

éditeur : Association diocésaine d’Algérie (ADA),<br />

n° d’agrément 18, en date du 16 novembre 1974, délivré<br />

par le Ministère de l’Intérieur.<br />

Adresse : Pax et Concordia, Archevêché d’Alger<br />

13 rue Khelifa Boukhalfa, 16000 Alger-Gare<br />

Dépôt légal : n° 2201-2010<br />

Directeur de publication : Mgr Ghaleb Bader<br />

équipe de rédaction : Dominique Lebon, Marie-Christine<br />

Rousseau, Marie-Danièle Ligouzat, Michel Guil<strong>la</strong>ud<br />

Coordinateur de <strong>la</strong> rédaction : Michel Guil<strong>la</strong>ud<br />

Gérante : Marie-Danièle Ligouzat<br />

Mise en page : Raphaël Watier<br />

Courriel rédaction : paxetconcordia@gmail.com<br />

Courriel abonnements :<br />

paxetconcordia.abonnements@gmail.com<br />

Site internet de l’église d’Algérie :<br />

http://www.eglise-catholique-algerie.org<br />

Dessin de couverture : Le ksar de Timimoun, dessin de Reno<br />

Marca extrait, avec l’aimable autorisation des auteurs, de<br />

Algérie - Soyez les bienvenus, Voyages de <strong>la</strong> Méditerranée au<br />

Sahara, de C<strong>la</strong>ire et Reno Marca, Éditions Aubanel, 2008,<br />

pp. 106-107.<br />

Photo de <strong>la</strong> page 13 : statue de Marie dans le chœur de <strong>la</strong><br />

basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger, auteur Bernard<br />

Lefebvre.


Mgr C<strong>la</strong>ude Rault<br />

évêque de Laghouat-Ghardaïa<br />

Marie et l’Afrique<br />

Puisque le dossier de ce numéro est plus spécialement consacré à<br />

Marie, je voudrais vous livrer une note bien personnelle : ce qui a<br />

marqué et marque le plus ma dévotion à Marie, Vierge et Mère.<br />

Tout d’abord ce sont les récits évangéliques qui <strong>la</strong> nourrissent. Les<br />

"Évangiles de l’enfance" bien sûr, mais tout au long de <strong>la</strong> vie de<br />

Jésus, de façon discrète mais forte, nous voyons combien le lien est profond et<br />

nuancé, tendu parfois, entre <strong>la</strong> mère et le fils.<br />

Cette note est aussi marquée par ce que j’ai reçu dans mon enfance. Très tôt, j’ai<br />

été bercé par le chapelet ; je me souviens encore de ma mère l’égrenant sous<br />

les bombes durant <strong>la</strong> guerre (1939-45) alors que nous étions réfugiés sous un<br />

abri de fortune. À <strong>la</strong> paroisse, nous chantions les litanies de <strong>la</strong> Vierge en <strong>la</strong>tin,<br />

suivions les processions, participions aux nombreuses fêtes en son honneur.<br />

Mon curé se faisait un devoir de mettre dans l’église paroissiale les nombreuses<br />

statues qui représentaient <strong>la</strong> Vierge des différentes apparitions. Rien n’était trop<br />

beau pour elle. Au fil des années, je finissais par me demander ce que devenait<br />

Jésus dans tout ce<strong>la</strong> ! Cet excès "pieux" de dévotion mariale venait sans doute<br />

compenser sa présentation d’un Dieu marquée par <strong>la</strong> peur du "péché", pour ne<br />

pas dire celle de l’enfer. Marie venait apporter une note de douceur dans cette<br />

re<strong>la</strong>tion à un Dieu vengeur et lointain. Mais ce n’est pas ainsi que Jésus nous<br />

parle de Dieu ! Il nous Le révèle comme "Abba, Père", et nous dévoile <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion<br />

d’intimité filiale et affectueuse qu’il entretient avec Lui.<br />

Elle participe à cette rahma divine<br />

édito<br />

L’is<strong>la</strong>m, de son côté, nous Le dévoile comme "le Clément, le Miséricordieux". La<br />

racine sémite, aussi bien hébraïque qu’arabe, évoque à travers <strong>la</strong> racine "RHM"<br />

les entrailles maternelles.<br />

Il y a en effet du féminin en Dieu. Marie participe à cette rahma divine, dans sa<br />

maternité et dans tout son être de femme. Elle est vraiment notre mère, parce<br />

que mère du Christ. Du haut de <strong>la</strong> croix, Jésus nous l’a confiée comme telle :<br />

Femme, voici ton fils, lui dit-il en désignant Jean. Fils, voici ta mère, dit-il au disciple<br />

qu’il aimait. À partir de cet instant, ce disciple <strong>la</strong> prit chez lui (Jn 19, 25-27). Ne<br />

craignons donc pas de <strong>la</strong> prendre chez nous. Elle ne fait pas barrage à son Fils,<br />

au contraire, elle nous renvoie à Lui. Déjà à Cana, son invitation est pressante :<br />

Tout ce qu’Il vous dira, faites-le ! (Jn 2, 5). Marie nous met en présence de Jésus et<br />

s’efface ensuite au rang des disciples.<br />

Tout récemment, parti pour le Mali et le Burkina Faso, réfléchissant à cet éditorial,<br />

j’ai été sensible au lien noué entre Marie et l’Afrique. À Alger, le sanctuaire qui lui<br />

est dédié n’a-t-il pas été surnommé "Madame l’Afrique" Appel<strong>la</strong>tion qui révèle<br />

<strong>la</strong> connivence entre Marie et ce continent. Cette attention m’a accompagné tout<br />

au long de mes dép<strong>la</strong>cements : invitation à <strong>la</strong> récitation du chapelet pendant<br />

nos voyages en voiture, visite à de nombreuses congrégations rattachées<br />

pax concordia


édito<br />

Connivence entre Marie<br />

et ce continent<br />

à Marie, fondées sur ce continent : Sœurs de Notre Dame du Lac, Sœurs de<br />

l’Annonciation de Bobo, Sœurs de l’Immaculée Conception, Sœurs Missionnaires<br />

de Notre Dame d’Afrique, pour n’énumérer que les familles spirituelles visitées.<br />

Sans compter les nombreux sanctuaires, lieux de pèlerinage, fêtes religieuses,<br />

qui lui sont réservés dans les paroisses et les diocèses. Tout ce<strong>la</strong> me par<strong>la</strong>it de<br />

Marie, et semb<strong>la</strong>it m’inviter à renouveler mon regard sur sa présence constante<br />

et attentive sur le continent africain.<br />

Présente au cœur de l’Église naissante dès le début des Actes des apôtres,<br />

elle veille sur cette Afrique où l’Église est en croissance et l’humanité en<br />

souffrance. Ne <strong>la</strong> séparons pas de l’Église dont elle reste le modèle et <strong>la</strong><br />

mère, dans <strong>la</strong> joie comme dans l’épreuve.<br />

Impuissante au pied de <strong>la</strong> croix de Jésus, elle embrasse tous ceux et celles<br />

qui, aujourd’hui sur ce continent, endurent les tourments de <strong>la</strong> guerre, de<br />

l’exploitation, de <strong>la</strong> corruption, des crimes, des viols, des famines... L’image de<br />

<strong>la</strong> Pieta, de <strong>la</strong> mère recevant sur ses genoux son fils descendu de <strong>la</strong> croix reste<br />

d’une brû<strong>la</strong>nte actualité. Les bourreaux d’hier, de quelque bord qu’ils soient,<br />

ont changé d’étiquette, mais continuent leur triste ouvrage, soit en faisant leur<br />

œuvre de mort, soit en s’en <strong>la</strong>vant les mains comme Pi<strong>la</strong>te !<br />

Mais ne l‘oublions pas, Marie continue aussi d’accueillir les cierges qui brûlent à<br />

ses pieds, de danser au rythme des tambours, des c<strong>la</strong>quements de mains et des<br />

chants, mê<strong>la</strong>nt sa présence à <strong>la</strong> nôtre, portant son enfant sur son dos. Et si cet<br />

enfant encore tout fragile était l’Afrique tout entière <br />

Marche avec nous, Marie !<br />

+ C<strong>la</strong>ude Rault<br />

Le mot de <strong>la</strong> rédaction<br />

Marie, chemin de rencontre<br />

Il est bien connu que, quand chrétiens et musulmans<br />

parlent de Marie, ils trouvent plus facilement une<br />

connivence spirituelle que quand ils parlent de<br />

Jésus ou de Mohammed. Le dossier de ce numéro<br />

estival de Pax et Concordia n’a d’autre ambition que<br />

de nous dire comment Marie, mère de Jésus, oriente<br />

à <strong>la</strong> rencontre entre chrétiens et musulmans :<br />

rencontre de son fils, rencontre les uns des autres. Le<br />

mystère de <strong>la</strong> Visitation sur lequel médite Christian<br />

de Chergé -on trouve d’ailleurs un texte proche<br />

chez Pierre C<strong>la</strong>verie- est au cœur de <strong>la</strong> spiritualité de<br />

l’Église d’Algérie.<br />

La basilique Notre-Dame d’Afrique, un des hautlieux<br />

de <strong>la</strong> capitale, a accueilli un pèlerinage peu<br />

habituel pour <strong>la</strong> fête des Rameaux : des jeunes<br />

chrétiens venus de tout le pays. Dans <strong>la</strong> dynamique<br />

des JMJ, ce rassemblement marquera probablement<br />

une étape dans <strong>la</strong> vie de l’Église d’Algérie et pas<br />

seulement dans celle des participants.<br />

Indépendance<br />

L’été 2012 nous trouve en effet au cœur des commémorations<br />

de l’Indépendance de l’Algérie. Si l’évangile de<br />

Jean dit que le chrétien n’est pas « du monde », quel est<br />

alors son rapport à sa patrie Chacun sait que rien n’est<br />

moins neutre que le regard sur l’histoire, pour se dire et<br />

pour se construire. Jean Toussaint, prêtre à Alger, nous<br />

propose une réflexion sur le nationalisme et sur le rapport<br />

à l’histoire de nos peuples, appuyée sur <strong>la</strong> Bible et<br />

quelques auteurs. Deux témoignages complètent cette<br />

rubrique, celui d’une mère de famille et un autre sur un<br />

Ancien, le père Scotto.<br />

Lecteurs<br />

Enfin, <strong>la</strong> rubrique « Regard sur l’Algérie » ouvre ses colonnes<br />

à l’association Le Petit Lecteur d’Oran et présente<br />

son beau parcours initié il y a bientôt vingt ans. La rubrique<br />

« Des livres à lire » présente comme promis deux<br />

autres ouvrages recommandés par le GREA, Groupe de<br />

réflexion de l’Église d’Algérie (Un admirable christianisme<br />

et Dieu n’est pas ce que vous croyez).


MALI et autres brèves<br />

Crise au Mali<br />

Le Mali est confronté, depuis le début de<br />

l’année, à <strong>la</strong> plus grave crise qu’ait connu<br />

le pays depuis son indépendance en 1960.<br />

Tout le nord du pays a été conquis par des<br />

groupes armés, rentrés pour beaucoup<br />

d’entre eux de Libye après <strong>la</strong> chute du régime<br />

Khaddafi, pendant qu’à Bamako un coup d’État iso<strong>la</strong>it<br />

le pays. Des dizaines de milliers de personnes ont fui<br />

<strong>la</strong> région, ce qui aggrave encore, dans le sud du Mali<br />

et dans les pays voisins, <strong>la</strong> crise alimentaire qui depuis<br />

février 2012 frappe toute l’Afrique de l’Ouest.<br />

Le conflit a une tonalité religieuse : le nord du pays est<br />

contrôlé par des indépendantistes touareg auxquels<br />

sont associés des groupes is<strong>la</strong>mistes qui, eux, veulent<br />

instaurer par <strong>la</strong> force <strong>la</strong> charia dans tout le pays. Ces<br />

sa<strong>la</strong>fistes ont pris le nom d’Ansar ed-Dine, le nom de<br />

<strong>la</strong> principale confrérie musulmane du Mali qui, elle,<br />

cultive une approche paisible et pluraliste de <strong>la</strong> vie en<br />

commun, comme s’ils vou<strong>la</strong>ient signifier qu’un Is<strong>la</strong>m<br />

devait en remp<strong>la</strong>cer un autre.<br />

Des maliens musulmans ont eu à souffrir des sa<strong>la</strong>fistes<br />

qui, à Tombouctou par exemple, ont profané le mausolée<br />

d’un des saints de <strong>la</strong> ville, Cheikh Sidi Mahmoud ben<br />

Amar, un des grands érudits de <strong>la</strong> cité des 333 saints. Les<br />

chrétiens du nord ont été victimes de leur violence, leurs<br />

églises ont été détruites, et ils ont dû fuir. Certains, en<br />

ces moments difficiles, ont été protégés par des compatriotes<br />

musulmans.<br />

Peu après le coup d’État de Bamako, fin mars 2012, 25 000<br />

personnes ont participé à un grand rassemblement<br />

pour <strong>la</strong> paix dans <strong>la</strong> capitale. Dans une déc<strong>la</strong>ration<br />

commune lue en français, en bambara et en arabe,<br />

les responsables religieux musulmans, catholiques et<br />

protestants ont exhorté les Maliens et les Maliennes de<br />

l’intérieur comme de l’extérieur à <strong>la</strong> retenue, à <strong>la</strong> sagesse<br />

et au calme. Ils ont demandé aux forces vives de <strong>la</strong><br />

nation de privilégier le dialogue. Ils ont invité <strong>la</strong> c<strong>la</strong>sse<br />

politique à mettre l’intérêt supérieur de l’État au-dessus<br />

de toutes les autres considérations et ont demandé aux<br />

pays voisins et aux partenaires du Mali d’accompagner<br />

et de soutenir les efforts entrepris par <strong>la</strong> nation. Des<br />

prières et bénédictions ont conclu <strong>la</strong> cérémonie.<br />

Une biographie de Shahbaz Bhatti<br />

Au printemps 2011, mourait le ministre<br />

pakistanais Shahbaz Bhatti, assassiné<br />

parce que, chargé des minorités,<br />

il vou<strong>la</strong>it <strong>la</strong> réforme de <strong>la</strong> loi sur le<br />

b<strong>la</strong>sphème. Un an après, sa biographie<br />

est parue en Italie, intitulée : Shahbaz Bhatti, Vita<br />

e martirio di un cristiano in Pakistan, écrite par<br />

R. Pietrolucci et R. Zuccolini. « C’est l’histoire d’un<br />

chrétien qui ne s’est pas rendu, face à qui pense<br />

qu’au Pakistan il est impossible de vivre ensemble.<br />

C’est l’histoire d’un homme qui a lutté à mains nues.<br />

C’est une histoire précieuse, non seulement pour les<br />

chrétiens, mais pour tous : pour son pays qui, depuis<br />

1947, cherche une voie pour <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> cohabitation,<br />

comme pour le monde entier, habité encore par trop<br />

de conflits, à fond politique, ethnique et religieux »<br />

(Andrea Riccardi).<br />

Lors de <strong>la</strong> présentation de l’ouvrage, le cardinal<br />

Tauran a dit de Shahbaz qu’il était un martyr du<br />

dialogue, rappe<strong>la</strong>nt ce qu’il lui avait confié: « Je sais<br />

qu’ils me tueront, j’offre ma vie pour le dialogue<br />

interreligieux ». Selon le cardinal, toujours, ce martyre<br />

– qu’il n’a pas cherché - n’est pas un martyre « contre<br />

les autres », mais une façon de « donner sa vie pour<br />

tous ».<br />

église universelle<br />

pax concordia


église universelle<br />

6<br />

Jordanie : ensemble au service des<br />

personnes handicapées<br />

Bien que <strong>la</strong> Jordanie soit considérée comme<br />

l’un des pays à <strong>la</strong> pointe de <strong>la</strong> promotion<br />

des droits des personnes handicapées<br />

au sein du monde arabe, il reste<br />

encore beaucoup à faire.<br />

Le Centre Notre-Dame de <strong>la</strong> Paix, près d'Amman,<br />

fondé en 2002 par le Patriarcat <strong>la</strong>tin de Jérusalem,<br />

a pour but de soutenir les personnes handicapées<br />

et leurs familles, musulmanes et chrétiennes. Il a<br />

développé des comités incluant musulmans et<br />

chrétiens, personnes valides et handicapées, dans<br />

tous les gouvernorats de <strong>la</strong> Jordanie, qui ont pour<br />

rôle de sensibiliser le peuple au problème de ces<br />

personnes.<br />

Que des musulmans et des chrétiens acceptent d’agir<br />

ensemble reste difficile<br />

: des préjugés persistent,<br />

<strong>la</strong> communauté<br />

chrétienne reste trop<br />

souvent fermée sur elle-même,<br />

et <strong>la</strong> communauté<br />

musulmane se<br />

sent facilement menacée<br />

face aux projets de<br />

l’Église. Cependant, peu<br />

à peu les murs tombent<br />

entre musulmans et chrétiens, dès lors qu'ils prennent<br />

soin ensemble des plus fragiles.<br />

Jordanie : Centre Notre-Dame de <strong>la</strong> Paix<br />

Le monastère syrien de Mar Moussa essaime<br />

dans le Kurdistan irakien, à proximité de<br />

<strong>la</strong> frontière iranienne, à <strong>la</strong> demande de<br />

l’évêque de Kirkouk. Comme à Mar Moussa<br />

et à Qaryaten en Syrie, une communauté<br />

mixte, œcuménique, organisant sa vie autour de <strong>la</strong><br />

prière, du travail et de « l’hospitalité abrahamique »<br />

pour « tous ceux qui veulent s’approcher de Dieu et<br />

© Jean-Luc Manaud<br />

Mar Moussa essaime en Irak<br />

Prière à Mar Moussa<br />

écouter sa voix », se consacrera au dialogue entre<br />

musulmans et chrétiens. « L’amour du Christ pour les<br />

musulmans et leur monde constitue le cœur de notre<br />

vocation », écrit le frère Jens Petzold, qui, le premier,<br />

a rejoint Souleymanieh : « Nous sommes sûrs qu’Il<br />

voit avec bienveil<strong>la</strong>nce leur engagement honnête de<br />

vivre une vie vertueuse. » Majoritairement composée<br />

de Kurdes, cette petite ville compte environ cent<br />

cinquante familles chrétiennes, dont certaines ont<br />

fui Badgad et Mossoul. Créer un lieu spirituel ouvert<br />

où les différentes composantes de <strong>la</strong> société kurde<br />

pourraient se trouver à l’aise est un défi, tant les<br />

guerres successives et l’utilisation de <strong>la</strong> religion à des<br />

fins politiciennes dans cette région du monde ont<br />

enraciné <strong>la</strong> méfiance entre communautés.<br />

Des jeunes pour un monde uni<br />

Plus de cent mille adolescents de toutes<br />

cultures et religions appartenant au<br />

mouvement des Foco<strong>la</strong>ri ont participé<br />

à <strong>la</strong> troisième course-re<strong>la</strong>is mondiale<br />

pour <strong>la</strong> paix et <strong>la</strong> fraternité. Celle-ci avait<br />

lieu dans 180 villes des cinq continents le samedi 12<br />

© Run4Unity Burkina Faso<br />

mai. À Tlemcen, des jeunes se sont associés à cette<br />

manifestation.<br />

Les re<strong>la</strong>is ont traversé des lieux symboles de paix et<br />

d’unité. À Césarée maritime, ils étaient 400 jeunes<br />

venus des Territoires palestiniens et de différentes<br />

villes d’Israël, de religion juive, musulmane et<br />

chrétienne. Au Luxembourg, le re<strong>la</strong>is est passé par<br />

Schengen, localité célèbre pour <strong>la</strong> convention qui<br />

garantit un espace unique de libre circu<strong>la</strong>tion, de<br />

sécurité et de justice en Europe.<br />

Les jeunes ont pu exprimer leur volonté de col<strong>la</strong>borer<br />

ensemble à <strong>la</strong> construction d’un monde uni par <strong>la</strong><br />

diversité, source de richesses et non de division.<br />

Informations rassemblées par Dominique Lebon


Oran : à <strong>la</strong> rencontre des petits lecteurs ...<br />

Le Petit Lecteur est une association pour <strong>la</strong><br />

promotion de <strong>la</strong> lecture enfantine. Créée<br />

dans <strong>la</strong> tourmente en octobre 1993, elle<br />

est partie d’une préoccupation vive chez<br />

des mères de familles de divers horizons :<br />

nos enfants ne lisent plus rien en dehors du manuel<br />

sco<strong>la</strong>ire. Ils ne connaissent pas <strong>la</strong> "lecture p<strong>la</strong>isir".<br />

Conscientes que le goût de <strong>la</strong> lecture est vital pour<br />

élever le niveau des enfants, développer leur sens<br />

critique et leur personnalité, elles se sont attelées à<br />

<strong>la</strong> tâche sans discontinuer.<br />

Les objectifs de l’association sont c<strong>la</strong>irs : acheminer<br />

le livre vers l’enfant où qu’il se trouve, dans tous<br />

ses lieux de vie, l’école, le quartier, dans les lieux<br />

qui recueillent sa détresse comme les hôpitaux ou<br />

les centres pour l’enfance abandonnée.<br />

On a d’abord appelé ces femmes "les porteuses de<br />

valises" parce que, sans notoriété et sans aucun<br />

moyen pour agir, elles ne disposaient que de leur<br />

profonde conviction, de leur volonté et des livres<br />

de leurs propres enfants pour jeter des ponts<br />

avec le directeur de l’Éducation, quelques chefs<br />

d’établissement et des enseignantes motivées. À<br />

partir de là, dans les établissements qui ont bien<br />

voulu leur ouvrir les portes, elles ont fait circuler<br />

des valises de livres itinérantes, contenant environ<br />

200 livres chacune.<br />

L’accueil des enfants fut <strong>la</strong> meilleure<br />

récompense à cette action. Les distributions<br />

étaient attendues, elles se faisaient dans les<br />

c<strong>la</strong>sses ou même dans les cours de récréation.<br />

Il a fallu « tordre le cou » à certaines pratiques<br />

dont les plus courantes sont :<br />

• on ne donne les livres qu’aux meilleurs<br />

élèves, comme une récompense,<br />

• l’enseignant zélé croit bien faire en<br />

choisissant les lectures de ses élèves,<br />

• on oblige l’élève à faire des notes de<br />

lecture,<br />

• on ne donne pas de livres à tous les<br />

enfants de peur qu’ils ne les abîment.<br />

Quelle aventure ! Le bouche à oreille se met à<br />

fonctionner et <strong>la</strong> presse s’en mêle. Des parents font<br />

des dons de livres, on organise des rencontres pour<br />

faire l’état des lieux de <strong>la</strong> lecture et des espaces<br />

de lecture. L’université ouvre même ses portes<br />

et finance un séminaire sur l’édition et <strong>la</strong> lecture<br />

publique. Il en ressort en substance que si l’enfant<br />

ne lit pas, ce n’est pas par paresse ou manque<br />

d’intérêt. Les livres en librairie sont en français,<br />

ils sont beaux, ils sont chers… Les livres faits en<br />

Algérie sont de mauvaise qualité, peu attrayants et<br />

ne répondent pas aux normes de <strong>la</strong> littérature de<br />

jeunesse.<br />

L’édition en Algérie, et particulièrement l’édition<br />

pour les jeunes, est inexistante. Tous ces constats<br />

affinent <strong>la</strong> démarche de l’association et délimitent<br />

c<strong>la</strong>irement ses axes de travail :<br />

• multiplier les espaces de lecture,<br />

• encourager <strong>la</strong> création littéraire,<br />

• encourager l’édition,<br />

• créer des événements autour du livre.<br />

En 1994, nos contacts avec <strong>la</strong> Bibliothèque<br />

Régionale du Livre d’Oran révèlent qu’elle est<br />

dotée d’un espace-jeunesse parfaitement équipé<br />

regard sur l’algérie<br />

pax concordia


egard sur l’algérie<br />

et contenant un fonds documentaire appréciable.<br />

Mais cet espace est fermé faute d’animateurs pour<br />

le gérer. Avec l’aval du directeur, Le Petit Lecteur<br />

investit cet espace. La recherche de partenariat<br />

aboutit à des dons de livres tant en Algérie qu’à<br />

l’étranger, qui viennent enrichir les rayonnages.<br />

Au début, <strong>la</strong> bibliothèque ne fonctionne qu’avec<br />

les bénévoles de l’association. Par <strong>la</strong> suite, nous<br />

faisons appel à de jeunes diplômés de l’Institut de<br />

bibliothéconomie qui se trouvent sans travail et<br />

nous renforçons leur formation dans le domaine<br />

de <strong>la</strong> gestion du fonds documentaire. L’animation<br />

continue avec le bénévo<strong>la</strong>t autour d’ateliers : heure<br />

du conte, patrimoine, environnement, art, santé…<br />

Au fur et à mesure, le re<strong>la</strong>is est passé au personnel<br />

de cette bibliothèque.<br />

L’année 2003 voit <strong>la</strong> réalisation d’un beau rêve<br />

avec une première édition de six titres à <strong>la</strong> faveur<br />

de l’Année de l’Algérie en France. Parmi ces titres,<br />

trois manuscrits sont ceux des <strong>la</strong>uréats d’un<br />

concours d’écriture, sélectionnés quelques années<br />

auparavant, mais que nous n’avions pu alors éditer,<br />

faute de financements. C’est le début d’une longue<br />

occupons. La bibliothèque compte à ce jour 1800<br />

inscrits, avec un taux de renouvellement de 200<br />

nouveaux lecteurs par an ; des ateliers de lecture et<br />

d’écriture s’y déroulent régulièrement.<br />

En 2007, Oran organise le festival du conte et cet<br />

événement devient incontournable. Oran accueille<br />

des conteurs venus de plusieurs pays : France,<br />

Maroc, Congo, Sénégal, Italie, Burkina Faso, Côte<br />

d’Ivoire, qui vont, avec un conteur algérien, à <strong>la</strong><br />

rencontre des enfants dans les écoles et centres<br />

culturels. Il n’est pas exagéré de dire qu’entre les<br />

conteurs et les enfants s’écrit une grande histoire<br />

d’amour ! Cette histoire continue d’année en année.<br />

La 6 e édition de « Si Oran m’était contée… », en<br />

2012, a vu émerger de nouveaux conteurs locaux<br />

suite aux diverses formations assurées depuis trois<br />

ans, en partenariat avec <strong>la</strong> traditionnelle « Nuit<br />

du Conte » à l’Institut Français d’Oran. Le conte a<br />

ainsi investi <strong>la</strong> scène du Théâtre Régional d’Oran et<br />

d’autres espaces publics.<br />

L’association continue à se développer par des<br />

mises en réseau de bibliothèques. En 2009, elle a<br />

bénéficié d’un financement dont l’objectif<br />

principal était <strong>la</strong> promotion de <strong>la</strong> littérature-jeunesse.<br />

Cette promotion s’est déroulée<br />

en trois actions complémentaires :<br />

• l’édition de livres de jeunesse en<br />

encourageant <strong>la</strong> création notamment<br />

dans le secteur du patrimoine algérien,<br />

• l’action de formation sur les métiers<br />

du livre, plus particulièrement du livrejeunesse,<br />

• <strong>la</strong> création d’une bibliothèque itinérante<br />

(bibliobus) qui effectue une tournée<br />

dans les communes éloignées, en<br />

partenariat avec les écoles.<br />

série puisqu’à ce jour, avec différents financements,<br />

nous avons édité plus de cinquante titres tandis<br />

que six autres sont en cours de réalisation. C’est<br />

une année faste puisqu’elle voit aussi l’ouverture<br />

de <strong>la</strong> bibliothèque « jeunesse » du Petit Lecteur<br />

grâce à un cofinancement de <strong>la</strong> délégation de <strong>la</strong><br />

Commission Européenne et <strong>la</strong> contribution de <strong>la</strong><br />

mairie d’Oran, propriétaire de l’espace que nous<br />

Quand je pense à tous les livres qu’il me<br />

reste encore à lire,<br />

j’ai <strong>la</strong> certitude d’être encore heureux.<br />

Jules Renard<br />

Rachid Megharfi<br />

Association Le Petit Lecteur, Oran


Quel regard sur l’histoire de nos<br />

Vivre entre mémoire et oubli 2<br />

Dans son court-métrage J’ai habité<br />

l’absence deux fois 3 , Drifa, une jeune<br />

algérienne du quartier de Kouba<br />

(Alger), cherche à reconstituer ce qui<br />

s’est passé durant les deux dernières<br />

décennies. Elle se heurte au silence de son père<br />

habité par une colère intérieure, <strong>la</strong> colère de<br />

ceux dont <strong>la</strong> révolution a été confisquée, et au<br />

mutisme de sa mère qui attend depuis 19 ans le<br />

retour de son fils émigré en Angleterre. Son frère<br />

aîné témoigne de l’espoir qu’avait suscité pour sa<br />

génération l’ouverture du début des années 1980<br />

et de son attente d’une nouvelle naissance.<br />

Drifa conclut :<br />

« Chez nous on dit : ce qui est passé est mort.<br />

). Ce n’est pas sûr. Ce qui est passé ألى فات مات (<br />

se reproduit. L’identité est encore ce qu’elle est :<br />

un gouffre. Le départ, <strong>la</strong> fuite, l’exil, <strong>la</strong> harga, le<br />

mépris, sont écrits sur les murs et les visages. Mais<br />

pour que le passé ne se reproduise pas, il faut<br />

qu’on apprenne à se souvenir. »<br />

« Il faut apprendre à se souvenir. » C’est donc que<br />

le rapport au passé est à construire : Comment faire<br />

droit au passé sans en devenir le prisonnier, sans<br />

en être ma<strong>la</strong>de Comment aller de l’avant sans se<br />

priver de <strong>la</strong> richesse de l’expérience de ceux qui<br />

nous ont précédés Il y a comme un entre-deux<br />

que chacun d’entre nous doit construire à partir<br />

de sa propre histoire. Vivre dans cet entre-deux<br />

suppose une double rupture : avec ce faux oubli<br />

qu’est l’amnésie et avec cette fausse mémoire<br />

qu’est le ressentiment.<br />

La Bible éc<strong>la</strong>ire cette démarche en appe<strong>la</strong>nt<br />

à une mémoire axée sur le présent et le futur.<br />

peuples <br />

Le cinquantenaire de l’Indépendance de l’Algérie donne lieu à de nombreuses<br />

manifestations, animées par des témoins et des historiens. N’étant ni l’un ni<br />

l’autre, je me pose cependant comme croyant deux questions à l’occasion de<br />

cet anniversaire. La première concerne notre re<strong>la</strong>tion au passé, <strong>la</strong> seconde<br />

notre re<strong>la</strong>tion à <strong>la</strong> nation. 1<br />

« Souviens-toi » est un impératif répété 222 fois<br />

dans l’Ancien Testament. Donnons-en un seul<br />

exemple : « Souviens-toi que tu as été en servitude<br />

au pays d’Égypte et que Yahvé ton Dieu t’en a<br />

racheté ; aussi je t’ordonne de mettre cette parole<br />

en pratique » (Dt 24, 18). Cet impératif articule<br />

trois éléments : le souvenir d’un événement du<br />

passé souvent douloureux comme <strong>la</strong> captivité en<br />

Égypte, le rappel de l’intervention salutaire de<br />

Dieu et l’appel à en tenir compte aujourd’hui.<br />

Un rabbin de Bras<strong>la</strong>v (Lituanie) a résumé ce<strong>la</strong> dans<br />

<strong>la</strong> formule suivante : « Souviens-toi de ton futur ». 4<br />

Le souvenir, <strong>la</strong> mémoire, sont à mettre au service<br />

de <strong>la</strong> vie à venir. Penser au futur demande de ne<br />

pas se <strong>la</strong>isser obséder par le passé, surtout s’il a<br />

été dramatique. Penser au futur demande de faire<br />

de <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce pour de nouvelles expériences et de<br />

nouvelles aventures, pour <strong>la</strong> vie nouvelle que Dieu<br />

nous aide à faire germer.<br />

Le Jeudi Saint, lorsque Jésus dit à ses disciples :<br />

« Faites ceci en mémoire de moi », il leur demande<br />

exactement de se souvenir pour le futur. La<br />

mémoire de sa naissance, de sa vie, de sa passion,<br />

de sa mort et de sa résurrection qui est le cœur de <strong>la</strong><br />

vie chrétienne et de l‘eucharistie, est entièrement<br />

mise au service du présent et du futur, d’un faire-<br />

1<br />

Cet article fait écho aux Journées du diocèse de<br />

Constantine (20-21 avril 2012).<br />

2<br />

Olivier Abel, « Le pardon entre <strong>la</strong> mémoire et<br />

l’oubli », Bulletins de l’Oratoire, n°787, juin 2011.<br />

3<br />

Drifa Mezenner, J’ai habité l’absence deux fois,<br />

court-métrage réalisé dans le cadre de l’atelier de<br />

création documentaire de Béjaïa.<br />

4<br />

Rabbi Nahman de Bras<strong>la</strong>v.<br />

1962 - 2012 indépendance<br />

pax concordia


1962 - 2012 indépendance<br />

aujourd’hui-pour-demain, ce que l’évangéliste<br />

Jean résume magnifiquement par le geste du<br />

<strong>la</strong>vement des pieds.<br />

Peut-on être nationaliste <br />

À l’heure de <strong>la</strong> mondialisation et des replis<br />

identitaires, <strong>la</strong> question se pose du juste rapport<br />

à <strong>la</strong> nationalité. La Bible peut éc<strong>la</strong>irer cette<br />

question 5 .<br />

L’émergence des nations<br />

Dès les premiers chapitres de <strong>la</strong> Genèse, on trouve<br />

l’affirmation de l’origine unique de l’humanité<br />

(Gn 1). Mais, très vite, les liens du sang apparaissent<br />

insuffisants pour contenir <strong>la</strong> violence. Au risque de<br />

<strong>la</strong> fusion meurtrière, illustré par l’épisode de <strong>la</strong> Tour<br />

de Babel (Gn 10), répond <strong>la</strong> nécessaire et difficile<br />

séparation de l’humanité en différentes branches,<br />

<strong>la</strong>ngues, c<strong>la</strong>ns et pays, qui préfigure l’émergence<br />

des nations (Gn 11).<br />

Au cœur de ces nations, une entité se distingue :<br />

<strong>la</strong> nation élue d’Israël. Les accents guerriers de<br />

certains passages bibliques ne doivent pas faire<br />

illusion ; Israël n’a jamais constitué une nation<br />

politiquement indépendante ou mono-ethnique.<br />

Devenu une province colonisée, Israël s’est<br />

centré sur son identité religieuse. Face au risque<br />

permanent de l’idolâtrie, <strong>la</strong> frontière n’était plus<br />

extérieure mais intérieure, dans un monde marqué<br />

par <strong>la</strong> pluralité.<br />

é<strong>la</strong>rgissement sera confirmé par <strong>la</strong><br />

Pentecôte (Ac 2). Les nations ne sont<br />

pas abolies : chacun est désigné par<br />

son appartenance nationale et c’est<br />

dans sa <strong>la</strong>ngue que lui parvient le<br />

message. Mais le lien entre toutes<br />

ces personnes d’origine différente n’est plus ni<br />

une terre commune, ni une <strong>la</strong>ngue commune, c’est<br />

l’Esprit de Jésus-Christ, lumière des nations.<br />

Paul en est convaincu, le Christ est le début<br />

d’une humanité nouvelle. Il ne renie ni son<br />

appartenance juive, ni sa citoyenneté romaine, ni<br />

sa culture grecque, mais il met entièrement ces<br />

trois appartenances au service de cette humanité<br />

nouvelle : « Il n’y a plus ni Juif ni Grec, il n’y a plus<br />

ni esc<strong>la</strong>ve ni libre, il n’y a plus ni homme ni femme ;<br />

car tous vous êtes un en Jésus-Christ » (Ga 3, 28).<br />

Il prend le risque de créer des communautés<br />

originales qui croisent leurs histoires dans le Christ.<br />

On peut être croyant circoncis ou incirconcis, on<br />

peut être croyant en gardant les coutumes de<br />

sa culture, on peut être croyant et prier en toute<br />

<strong>la</strong>ngue.<br />

Dernier éc<strong>la</strong>irage biblique, celui de l’Apocalypse<br />

qui propose un horizon mobilisateur : « Après quoi,<br />

voici qu’apparut à mes yeux une foule immense,<br />

que nul ne pouvait dénombrer, de toute nation,<br />

race, peuple et <strong>la</strong>ngue » (Ap 7, 9).<br />

Dans les temps qui sont les nôtres, marqués<br />

par <strong>la</strong> mondialisation et le repli identitaire, les<br />

frontières restent nécessaires pour éviter le<br />

risque de <strong>la</strong> fusion mortifère et créer un espace<br />

de respect des libertés. Si <strong>la</strong> nationalité reste un<br />

des facteurs identifiants des personnes, elle perd<br />

toute pertinence dans <strong>la</strong> perspective de <strong>la</strong> foi<br />

ou du salut. C’est cet horizon que nous sommes<br />

appelés à signifier humblement dans l’expérience<br />

de <strong>la</strong> rencontre et dans une vie communautaire<br />

internationale. Autant le patriotisme peut rester<br />

une valeur, autant le nationalisme exclusif est<br />

totalement contradictoire avec le patrimoine<br />

spirituel qui nous est confié.<br />

Jean Toussaint<br />

De Babel à <strong>la</strong> Pentecôte<br />

D’abord centrée sur les « brebis perdues du peuple<br />

d’Israël » (Mt 15, 24), <strong>la</strong> mission de Jésus s’é<strong>la</strong>rgit<br />

progressivement pour « rassembler dans l’unité<br />

les enfants de Dieu dispersés » (Jn 11, 52). Cet<br />

5<br />

« Nations et Patries - Échos bibliques », de Jean-<br />

C<strong>la</strong>ude Lavigne et Ignace Berten, éd. Lumen Vitae<br />

(Connaître <strong>la</strong> Bible n°21-22).


Curé pied-noir, évêque algérien 1 ,<br />

Du « petit Jeannot » fils d’un cafetier pied-noir, né à<br />

Hussein Dey le 1 er avril 1913, à l’élu de <strong>la</strong> première<br />

Assemblée Popu<strong>la</strong>ire Communale d’Alger en I967 et<br />

à l’évêque de Constantine en 1970, que de chemin<br />

parcouru et de remises en cause !<br />

Grâce au mouvement scout, le jeune pied-noir va<br />

découvrir le monde algérien musulman avec ses<br />

problèmes de pauvreté et de marginalisation. Au<br />

fil des ans, il prend conscience qu’il doit crever <strong>la</strong><br />

« bulle coloniale » dans <strong>la</strong>quelle s’étaient enfermés<br />

beaucoup d’Européens. Ce message d’ouverture au<br />

monde musulman, il va s’efforcer de le faire passer à<br />

ses « ouailles » dans les différentes paroisses où il sera<br />

nommé : Hussein-Dey, Bab-el-Oued, Maison Carrée,<br />

puis Belcourt.<br />

Le 1 er novembre 1954 éc<strong>la</strong>te l’insurrection armée.<br />

Très vite, il a compris qu’on al<strong>la</strong>it vers l’indépendance<br />

et que c’était justice. D’un côté,<br />

il fal<strong>la</strong>it préparer ses frères<br />

pieds-noirs à l’éventualité<br />

d’une convivialité avec des<br />

musulmans dans un futur<br />

État indépendant. De l’autre,<br />

il n’hésitait pas à se mouiller<br />

pour <strong>la</strong> cause algérienne en<br />

dénonçant les exactions et<br />

les tortures, à l’instar de Mgr<br />

Duval, et en offrant souvent<br />

des services ponctuels<br />

d’entraide ou d’hébergement<br />

de personnes menacées.<br />

Durant sa dernière année à<br />

Bab-el-Oued, il eut beaucoup<br />

à souffrir de l’OAS : menaces,<br />

p<strong>la</strong>sticages de son église, ruine<br />

de ses espoirs d’envisager<br />

une convivialité des deux<br />

communautés pour l’avenir.<br />

Dès l’indépendance en 1962, il demande et obtient<br />

<strong>la</strong> nationalité algérienne : il veut vivre à fond <strong>la</strong><br />

communauté de destin avec le peuple algérien, pour<br />

le meilleur et pour le pire. En juillet 1963, il est nommé<br />

curé de Belcourt. Avec des Algériens du quartier,<br />

notamment Larbi Touat et « Ammi » Ramdane, ils<br />

créent l’Association Familiale d’Éducation Popu<strong>la</strong>ire<br />

le père Scotto (1913-1993)<br />

avec pour objectif l’alphabétisation des adultes puis,<br />

par <strong>la</strong> suite, l'organisation de cours de rattrapage<br />

sco<strong>la</strong>ire pour les adolescents avec Pierre Laffite.<br />

Dans cette association, chrétiens, musulmans, athées<br />

travaillent au coude à coude, unis dans le même souci<br />

de servir <strong>la</strong> promotion humaine des plus pauvres.<br />

Aux élections municipales de 1967, malgré ses<br />

réticences, il figure sur <strong>la</strong> liste des candidats. Il sera élu<br />

avec 100% des voix ! Il travaillera dans les commissions<br />

à caractère social dans le souci de <strong>la</strong> promotion de<br />

l’homme.<br />

En août 1970, il est nommé évêque de Constantine<br />

et d’Hippone. « Je ne l’ai pas désiré, je ne l’ai pas<br />

refusé, dira-t-il, dans un esprit de service » 2 . Il écrit<br />

en 1980 : « Lorsque je pense à l’Église qui est en<br />

Algérie et à ceux qui en sont les membres, je me dis<br />

que nous avons de <strong>la</strong> chance… Minuscule Église,<br />

accrochée avec amour à un<br />

pays, à une histoire en train<br />

de se faire, installée dans le<br />

provisoire 3 ». Il restera treize<br />

ans à Constantine.<br />

Pour sa retraite, il propose<br />

de revenir à Alger dans le<br />

quartier de Belcourt où il<br />

a des liens et où il est bien<br />

connu. Il y restera jusqu’à <strong>la</strong><br />

fin de ses jours avec son fidèle<br />

ami Henri Bonnamour.<br />

Homme d’intuition plus<br />

qu’un intellectuel, plein<br />

de sensibilité, d’humour et<br />

de délicatesse avec tous, il<br />

s’est donné jusqu’au bout<br />

et avec générosité à son<br />

Dieu et au peuple algérien<br />

qu’il aimait.<br />

Jean Perrette pfj<br />

1<br />

Jean Scotto, curé pied-noir évêque algérien,<br />

Souvenirs recueillis par Charles Ehlinger, préface<br />

d’André Mandouze, Desclée de Brouwer, 1991.<br />

2<br />

Idem, p. 208.<br />

3<br />

Ibidem, p. 219.<br />

1962 - 2012 indépendance<br />

pax concordia


1962 - 2012 indépendance<br />

Sous ton ciel bleu<br />

Née 11 ans après l’indépendance, je suis<br />

aujourd’hui mère de famille. Mes souvenirs<br />

de l’Algérie d’avant l’indépendance<br />

sont les fruits de <strong>la</strong> mémoire des autres,<br />

principalement de mon grand-père et de<br />

ma mère qui ont vécu dans des milieux très mé<strong>la</strong>ngés<br />

à Oran.<br />

Je suis de <strong>la</strong> première génération de l’École Fondamentale.<br />

On sentait déjà les premières percées de l’is<strong>la</strong>misme.<br />

Mon premier professeur d’ang<strong>la</strong>is était is<strong>la</strong>miste.<br />

Sorti des camps de Reggane (dans le Grand Sud) où<br />

il était emprisonné, il est mort dans des circonstances<br />

inexpliquées, comme tant d’autres. Il ne par<strong>la</strong>it jamais<br />

de religion en c<strong>la</strong>sse. Je lui dois d’être professeur d’ang<strong>la</strong>is<br />

aujourd’hui.<br />

Difficile pour moi d’oublier<br />

mon cursus sco<strong>la</strong>ire car les<br />

trois rendez-vous importants<br />

de ma sco<strong>la</strong>rité sont marqués<br />

par trois événements, loin<br />

d’être banals :<br />

1988, année du BEF, pleine<br />

d’événements. Elle a été un<br />

tournant décisif sur tous les<br />

p<strong>la</strong>ns, avec ses espoirs et ses<br />

déceptions. Après les émeutes<br />

d’Octobre, hé<strong>la</strong>s sang<strong>la</strong>ntes,<br />

<strong>la</strong> démocratie a pu faire ses<br />

premiers pas en Algérie.<br />

L’année où j’ai passé le bac,<br />

celui-ci a été annulé pour fraude. A ce choc vient s’ajouter<br />

<strong>la</strong> nouvelle de l’assassinat du président Boudiaf.<br />

Mes quatre années de fac eurent lieu pendant les pires<br />

années du terrorisme. L’insécurité partout. N’importe<br />

qui pouvait mourir n’importe où et pour n’importe<br />

quelle raison ! Bref : comme l’a si bien décrit Mgr C<strong>la</strong>verie,<br />

« chaque jour vécu était arraché à <strong>la</strong> mort ».<br />

Enfin, vient 1996, l’année de ma licence et<br />

malheureusement l’année de l’assassinat de Mgr<br />

C<strong>la</strong>verie, lui qui disait : « C’est le moment de demeurer,<br />

même silencieux et impuissants, au chevet de ceux<br />

qu’on aime, simple présence offerte qui accompagne <strong>la</strong><br />

souffrance en tenant seulement <strong>la</strong> main » 1 . Par sa mort<br />

et celle d’autres religieux et religieuses, j’ai vu se mêler<br />

le destin de non-Algériens à celui des Algériens. Des<br />

personnes qui ont choisi de rester par fraternité. Ce<strong>la</strong><br />

m’a fait mûrir dans mon attachement et confirmer mon<br />

choix de rester.<br />

Même si j’ai l’impression d’avoir comme gâché une<br />

partie de ma vie où j’aurais pu profiter plus, vivre autre<br />

chose que de <strong>la</strong> tristesse, je garde le meilleur, même des<br />

pires moments : comme <strong>la</strong> solidarité entre les citoyens,<br />

<strong>la</strong> maturité, <strong>la</strong> prise de conscience qu’on n’est pas au<br />

centre du monde, qu’il y a l’autre dont il faut se soucier<br />

et prendre soin, <strong>la</strong> responsabilité et l’attachement à <strong>la</strong><br />

vie malgré tout. Celle-ci a un sens, elle n’est plus vécue<br />

n’importe comment.<br />

La période « post-terrorisme » inaugure<br />

un nouvel horizon pour le pays.<br />

Après quelques années de chômage, j’ai<br />

pu avoir un poste dans l’enseignement<br />

secondaire.<br />

Il me semble qu’actuellement, l’État<br />

soutient plus les jeunes pour qu’ils s’en<br />

sortent et ce<strong>la</strong> me réjouit : par exemple<br />

par <strong>la</strong> création de l’ANEM 2 et l’ANSEJ 3 .<br />

Je suis entre deux générations, celle qui<br />

a fait <strong>la</strong> guerre et celle qui est l’avenir.<br />

Avec cette jeunesse, je suis en contact<br />

permanent. Je veille à ce que notre<br />

re<strong>la</strong>tion soit basée sur l’entente, le respect<br />

et surtout le dialogue. Dans un monde<br />

où sont souvent utilisés des moyens<br />

détournés, je sens ma responsabilité<br />

d’influencer positivement leur évolution et ma<br />

présence peut leur transmettre un certain nombre de<br />

valeurs.<br />

Algérie, mon Algérie que j’aime, j’ose espérer que<br />

sous ton ciel bleu, toutes les générations confondues<br />

puissent vivre dans <strong>la</strong> stabilité, <strong>la</strong> prospérité et <strong>la</strong> paix<br />

surtout !<br />

Samira<br />

1<br />

Pierre C<strong>la</strong>verie, Lettres et messages d’Algérie,<br />

Kartha<strong>la</strong>, 1996, p. 180.<br />

2<br />

Agence Nationale de l’Emploi.<br />

3<br />

Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des<br />

Jeunes. .


Marie d’Algérie<br />

pax concordia<br />

11<br />

Dossier coordonné par Jean-Louis Rognon


DOSSIER<br />

Marie, chemin de rencontre<br />

Un regard sur Marie dans notre <strong>revue</strong> ne<br />

relève pas d’une dévotion particulière.<br />

Marie a une p<strong>la</strong>ce unique dans <strong>la</strong> vie de<br />

notre peuple et de notre Église. Marie<br />

est mère et, comme toute mère, elle est<br />

attentive à tous ses enfants et veille à leur unité. Rien ne<br />

<strong>la</strong> fait tant souffrir que de voir ses enfants se déchirer. Or,<br />

Marie est un chemin de rencontre. Au Liban, chrétiens et<br />

musulmans ont, depuis deux ans, une fête commune et<br />

c’est une fête de Marie, le 25 mars, fête de l’Annonciation<br />

de <strong>la</strong> Vierge Marie, devenue Fête Nationale chômée.<br />

En ce jour, des témoignages, des prières et des chants,<br />

retransmis par <strong>la</strong> télévision libanaise, rassemblent dans<br />

un é<strong>la</strong>n de ferveur, des croyants musulmans et chrétiens<br />

autour de <strong>la</strong> Vierge Marie. Une p<strong>la</strong>ce de Beyrouth porte<br />

désormais le nom de Marie.<br />

Nos frères et sœurs musulmans connaissent Marie,<br />

<strong>la</strong> vénèrent et certains <strong>la</strong> prient. En lisant le Coran, les<br />

musulmans entendent cette « salutation angélique » :<br />

« O Marie ! Dieu t’a choisie en vérité ; il t’a purifiée ; il t’a<br />

choisie de préférence à toutes les femmes de l’Univers »<br />

(Coran 3, 42). Une sourate (19) du Coran porte son nom,<br />

<strong>la</strong> sourate Myriam, où elle est <strong>la</strong>rgement évoquée.<br />

Certains mystiques <strong>la</strong> décrivent comme <strong>la</strong> « Reine du<br />

paradis », écho de l’invocation chrétienne de Marie<br />

« Porte du Ciel ». Les réserves de l’orthodoxie musulmane<br />

par crainte de dérive idolâtrique n’empêchent pas<br />

l’importante dévotion popu<strong>la</strong>ire à Marie. Combien de<br />

musulmans, musulmanes montent chaque jour à <strong>la</strong><br />

basilique Notre-Dame d’Afrique à Alger. Ils sont saisis<br />

par l’invocation écrite au centre de <strong>la</strong> fresque, ornant<br />

l’abside de <strong>la</strong> Basilique : « Notre-Dame d’Afrique, priez<br />

pour nous et pour les musulmans ». Combien viennent<br />

se recueillir dans cette basilique et y déposer leurs peines<br />

trop lourdes à porter. Nous avons des témoignages des<br />

nombreuses grâces obtenues par Marie qui ne fait pas<br />

de différence entre tous ses enfants.<br />

Pour nous chrétiens, le regard de <strong>la</strong> foi nous fait approcher<br />

en profondeur de l’œuvre de Marie dans <strong>la</strong> vie de<br />

ses enfants. Marie ne relève pas d’une dévotion douçâtre.<br />

Marie n’est pas une matrone ou une déesse assise<br />

sur un trône dans le Ciel, et dont <strong>la</strong> vénération ferait<br />

de l’ombre à celle de son Fils. Marie est mère.<br />

Son nom est Conception. L’Immaculée Conception<br />

continue son unique mission : coopérer, dans<br />

l’Esprit Saint, à l’engendrement du Fils dans <strong>la</strong><br />

chair. Cette mission lui a été renouvelée au pied de<br />

<strong>la</strong> Croix : « Femme, voici ton fils » (Jn19, 26). Marie<br />

n’a qu’un Fils et en ce Fils, chacun, chacune est son<br />

fils, sa fille. Combien pourraient ainsi témoigner du<br />

rôle de Marie dans leur chemin vers <strong>la</strong> connaissance<br />

et l’accueil du Mystère de Jésus, et ce fut pour<br />

eux comme une naissance. Comme à Cana, Marie<br />

est attentive à ce dont ses enfants ont besoin pour<br />

qu’ils connaissent <strong>la</strong> vraie joie : s’abandonner à <strong>la</strong><br />

Présence qui frappe à <strong>la</strong> porte de leur cœur. Pour<br />

ce<strong>la</strong> elle continue de dire à chacune, à chacun :<br />

« Quoi qu’Il vous dise, faites-le » (Jn 2, 5).<br />

La présence de Marie est tout entière en Dieu et<br />

par Dieu. Le Cœur maternel de Marie dans son<br />

Assomption a pris les dimensions du Cœur de son<br />

Fils. Son Cœur de maman répond à l’appel de tous<br />

ses enfants qui s’adressent à elle avec confiance. Tous<br />

ceux qui <strong>la</strong> fréquentent font d’elle une expérience de<br />

proximité, d’aide et de soutien maternel. Bienheureuse<br />

présence pour ceux qui savent lui dire simplement :<br />

« Maman » !<br />

© Bernard Lefebvre<br />

+ Mgr Paul Desfarges<br />

14


Madame l’Afrique<br />

DOSSIER<br />

La basilique Notre-Dame d’Afrique n’est<br />

pas seulement un sanctuaire pour<br />

les chrétiens. Dès le début, "Madame<br />

l’Afrique", comme on l’appelle ici, a<br />

accueilli les musulmans d’Algérie qui<br />

venaient prier Marie, parfois sans savoir que l’une des<br />

sourates du Coran porte son nom, et bien souvent en<br />

ignorant qu’un texte coranique rejoignait les paroles<br />

même du "Je vous salue Marie". Les savants chrétiens<br />

et musulmans recherchent dans leurs patrimoines<br />

spirituels respectifs ce qui peut renforcer les liens<br />

fraternels entre les deux communautés. Mais ici,<br />

dans <strong>la</strong> maison de Marie, depuis longtemps déjà, des<br />

croyants au cœur simple, chrétiens et musulmans,<br />

se trouvaient ensemble, comme compagnons d’un<br />

pèlerinage spirituel, pour présenter à Dieu leurs<br />

supplications ou leur action de grâce.<br />

Un ancien recteur du sanctuaire, Paul Marioge, père<br />

b<strong>la</strong>nc, parle de <strong>la</strong> dévotion des musulmans à Notre-<br />

Dame d’Afrique :<br />

« Femmes, jeunes filles et grands-mères, parfois<br />

seules, parfois avec leurs enfants ou les maris, entrent<br />

"prier Notre-Dame". Les visiteurs interrogent :<br />

"Qui est Marie ", "Pourquoi quatre évangiles ",<br />

etc. Ils regardent les stations du chemin de croix<br />

ou les fresques évoquant <strong>la</strong> vie de saint Augustin<br />

d’Hippone et au-dessus desquelles on lit une de ses<br />

paroles : "L’amour fraternel vient de Dieu et est Dieu<br />

même", en français, en arabe et en tamazight. »<br />

« Ils viennent rencontrer une sainte, une amie de<br />

Dieu qui peut intercéder pour eux et les consoler.<br />

On leur a dit simplement : "Va faire brûler un cierge<br />

et exprime ton vœu, il est souvent exaucé !" Alors<br />

ils viennent, poussés par l’espoir. Ils ne savent pas<br />

ce que signifie <strong>la</strong> statue, ils demandent où est le<br />

tombeau de <strong>la</strong> sainte pour pouvoir le toucher (il y<br />

a en Algérie des pèlerinages à des marabouts, qui<br />

sont des mausolées). »<br />

Quel sens ce<strong>la</strong> a-t-il pour nous chrétiens « Vivre ici,<br />

dit Paul Marioge, c’est toucher du doigt le fait que<br />

Marie aime les musulmans et qu’elle a une tendresse<br />

spéciale pour eux. Ayons donc toujours une grande<br />

vénération pour Notre-Dame d’Afrique, celle qui a<br />

un amour particulier pour les musulmans et qui nous<br />

apprendra à les aimer comme Jésus les aime. »<br />

Un horizon de fraternité, dans le respect des<br />

différences : n’est-ce pas ce vers quoi nous oriente<br />

<strong>la</strong> prière qui se trouve, depuis les origines, au-dessus<br />

de l’abside : "Notre-Dame d’Afrique priez pour nous<br />

et pour les musulmans" « Quel a été l’impact de<br />

<strong>la</strong> formule lisible dans l’église sur les musulmans<br />

eux-mêmes », s’interroge pour sa part Youssef<br />

Nacib, un intellectuel algérien : « Il est possible qu’ils<br />

aient compris que les catholiques avaient réalisé<br />

que <strong>la</strong> sainteté de <strong>la</strong> Sainte Vierge Marie constituait<br />

un patrimoine spirituel partagé avec eux. Ce qui<br />

est le cas… les Français reconnaissaient enfin que<br />

"l’indigène" pouvait être un homme héritier d’une<br />

civilisation et "re" producteur de culture. C’était<br />

peut-être Lal<strong>la</strong> Meryem qui, symboliquement,<br />

réveil<strong>la</strong>it <strong>la</strong> conscience du colonisateur… »<br />

Comme l’a encore montré le récent chantier de<br />

restauration de <strong>la</strong> basilique, dans lequel étaient<br />

engagées ensemble des structures publiques ou<br />

privées algériennes, françaises ou européennes,<br />

Notre-Dame d’Afrique, p<strong>la</strong>ntée au bord de <strong>la</strong><br />

Méditerranée, ne cesse d’inviter hommes et femmes<br />

des deux rives à construire ensemble un monde de<br />

paix et de fraternité.<br />

Dominique Lebon<br />

pax concordia<br />

15


DOSSIER<br />

Ténès : Notre-Dame de l’Immaculée Conception<br />

La statue de <strong>la</strong> Vierge a été érigée en 1930, pour le<br />

centenaire des apparitions à Catherine Labouré. Il y avait<br />

en effet (et il y a toujours) à Ténès une communauté de<br />

Filles de <strong>la</strong> Charité. La statue monumentale est celle de <strong>la</strong><br />

Vierge de <strong>la</strong> « médaille miraculeuse », priée ici de veiller<br />

sur les pêcheurs, toujours à <strong>la</strong> merci d’un naufrage, et<br />

sur les moissons. Si, après l’indépendance, <strong>la</strong> Vierge de<br />

Ténès reçut beaucoup moins de visites, une association,<br />

rassemb<strong>la</strong>nt Pieds-noirs et Algériens, a été créée pour <strong>la</strong><br />

préserver et, en 2010, socle et murets ont été restaurés<br />

par <strong>la</strong> commune. Lors de <strong>la</strong> dernière coupe du monde<br />

de football, le socle était peint aux couleurs du drapeau<br />

algérien, signe de l’inculturation de Notre-Dame !<br />

Oran : La basilique Notre-Dame du Salut à Santa Cruz<br />

Le sanctuaire de Notre-Dame du Salut, sur le f<strong>la</strong>nc du<br />

Murdjadjo, domine <strong>la</strong> baie d’Oran. Il a été fondé en 1849, en<br />

reconnaissance du « miracle de <strong>la</strong> pluie » qui arrêta cette annéelà<br />

une épidémie de choléra ayant fait près de deux mille morts<br />

à Oran. Une première chapelle fut bénie en 1850. Le premier<br />

évêque d’Oran, Mgr Callot, fit construire <strong>la</strong> tour en pierre taillée,<br />

au sommet de <strong>la</strong>quelle fut p<strong>la</strong>cée, en 1873, une statue qui est<br />

<strong>la</strong> copie de celle de Notre-Dame de Fourvière. Au milieu du<br />

XX e siècle, on construisit le cloître et <strong>la</strong> petite basilique de style<br />

roman, avec son dôme à <strong>la</strong> b<strong>la</strong>ncheur éc<strong>la</strong>tante.<br />

Tibhirine : Notre-Dame de l’At<strong>la</strong>s<br />

En septembre 1939, soit un an après <strong>la</strong> fondation<br />

du monastère de Tibhirine, les frères sont allés<br />

chercher à Staouëli, premier monastère trappiste<br />

en Algérie (de 1843 à 1904), une grande statue de<br />

<strong>la</strong> Vierge, qu’ils mirent sur un socle au sommet de<br />

<strong>la</strong> montagne qui surplombe le monastère, et visible<br />

de toute <strong>la</strong> contrée. Cette statue représente <strong>la</strong><br />

femme de l’Apocalypse, <strong>la</strong> Vierge de l’Avent, qui<br />

est discrètement enceinte, Marie du temps de <strong>la</strong><br />

Visitation. Et les frères de Tibhirine en <strong>la</strong> contemp<strong>la</strong>nt<br />

ne pouvaient que se rappeler <strong>la</strong> devise du<br />

monastère : « Un signe sur <strong>la</strong> montagne ».<br />

16<br />

En Algérie, sont présentes neuf familles spirituelle<br />

Vierge Marie, honorée chaque fois avec un titre pa<br />

1. Filles du Cœur Immaculé de Marie<br />

2. Filles de Notre-Dame d’Afrique (Dames Africai<br />

3. Frères Maristes et Sœurs Missionnaires de <strong>la</strong> S<br />

4. Missionnaires de l’Immaculée (PIME)<br />

5. Œuvre de Marie (Foco<strong>la</strong>ri)<br />

6. Sœurs de Notre-Dame des Apôtres<br />

7. Sœurs du Cœur Immaculé de Marie Réparatric<br />

8. Sœurs Franciscaines Missionnaires de Marie<br />

9. Sœurs Missionnaires de Notre-Dame d’Afrique


Alger : La basilique Notre-Dame d’Afrique<br />

La construction de <strong>la</strong> basilique commence en 1858 et<br />

dure quatorze ans. En 1872, elle est consacrée par Mgr<br />

Lavigerie, qui y fait transférer <strong>la</strong> statue en bronze de<br />

<strong>la</strong> Vierge. Elle sera couronnée « Reine d’Afrique » en<br />

1876. De style éclectique, avec des éléments romans,<br />

byzantins et mozarabes, et un campanile en forme<br />

de minaret maghrébin, elle est comme un livre qui<br />

raconte toute l’histoire de l’Église d’Algérie. Et les exvoto<br />

qui couvrent les murs disent <strong>la</strong> foi des chrétiens<br />

et aussi de musulmans qui les ont déposés depuis<br />

un siècle et demi. Aujourd’hui, « Madame l’Afrique »,<br />

restaurée, a retrouvé sa beauté originelle et reçoit<br />

plus de 100 000 personnes chaque année.<br />

DOSSIER<br />

Constantine : Notre-Dame de <strong>la</strong> Paix<br />

La statue de Marie se trouve à Constantine, sur un terrain<br />

qui surplombe <strong>la</strong> vallée du Rhummel. Installée solennellement<br />

au printemps 1960, elle était auparavant à Lourdes.<br />

Elle a été donnée par l’évêque de Lourdes au diocèse de<br />

Constantine. Jusque-là, il n’y avait pas de lieu de pèlerinage<br />

marial dans le Constantinois.<br />

On l’appelle Notre-Dame de <strong>la</strong> Paix. En effet, elle est venue<br />

dans une période de troubles. Les chrétiens de <strong>la</strong> région<br />

de Constantine y montaient avec joie et piété, tant pour<br />

admirer le paysage que pour prier <strong>la</strong> Vierge, jusqu’à ce<br />

que le site devienne domaine militaire à <strong>la</strong> fin des années 1960.<br />

s dont le nom fait référence à <strong>la</strong><br />

rticulier.<br />

Touggourt : Notre-Dame du Sahara<br />

Notre-Dame du Sahara a été vénérée dès<br />

les débuts de <strong>la</strong> Fraternité des petites sœurs<br />

de Jésus par leur fondatrice et les premières<br />

petites sœurs à Touggourt.<br />

La Kouba qui figure sur l’image que Sœur<br />

Magdeleine a fait faire pour traduire ce geste<br />

de Marie qui donne l’enfant Jésus aux nomades<br />

du Sahara, et que l’on a appelée « <strong>la</strong> Kouba de<br />

Lal<strong>la</strong> Meriem », était un lieu que visitaient leurs<br />

voisines, dans les année 1940.<br />

nes)<br />

ociété de Marie (Sœurs Maristes)<br />

e<br />

(Sœurs B<strong>la</strong>nches)<br />

pax concordia<br />

17


DOSSIER<br />

Marie en Is<strong>la</strong>m<br />

Un non-musulman peut être surpris de découvrir<br />

l’importance et le rang de <strong>la</strong> mère<br />

de Jésus parmi tous les saints personnages<br />

évoqués par le Livre saint de l’is<strong>la</strong>m et les<br />

propos de <strong>la</strong> Tradition prophétique. Dès son<br />

enfance, <strong>la</strong> Sainte Vierge évolue entre des personnages<br />

sacrés comme celui dont le nom rappelle le chant mystique<br />

(dhikr), Zakariyya et son épouse, et sur un espace<br />

lui-même saint : le Temple de Jérusalem dont elle assure<br />

l’entretien. Cet espace est celui de <strong>la</strong> mosquée vénérée<br />

entre toutes (mesdjed-el aqsa) considérée comme un<br />

des haut-lieux de <strong>la</strong> spiritualité musulmane, puisqu’elle<br />

fut le point de départ du mi’raj mohammédien.<br />

Deux sourates sont quasiment consacrées à <strong>la</strong> sainte<br />

Vierge Meryem (Meryem el adhra) : <strong>la</strong> troisième et <strong>la</strong><br />

dix-neuvième intitulées respectivement « <strong>la</strong> famille<br />

d’Imran » et « Meryem ». Dès sa naissance, elle est<br />

p<strong>la</strong>cée sous <strong>la</strong> protection divine. Ce qui <strong>la</strong>isse entendre<br />

que sa trajectoire se situera loin de Satan, c’est-à-dire<br />

à l’écart du péché. Or, c’est précisément ce que son<br />

entourage pourra observer de visu lorsqu’elle mettra<br />

au monde miraculeusement l’enfant Jésus. Sa famille<br />

dans une première réaction élèvera une énergique<br />

protestation devant ce qu’elle appréhende comme une<br />

faute. Youssef, le charpentier de l’Évangile s’insurge aussi<br />

contre ce qu’il perçoit comme un péché. Embarrassé, il<br />

demande à Meryem :<br />

- Le blé peut-il pousser sans semence <br />

- Oui, répond Meryem, ne sais-tu pas que Dieu a fait<br />

pousser le blé sans semence lorsqu’il l’a créé <br />

S’agissant par surcroît d’une jeune fille pieuse et<br />

exemp<strong>la</strong>ire, ce qui est dans un premier temps assimilé à<br />

un péché se transmute en formidable prodige quand le<br />

nouveau-né s’exprime à partir du berceau et innocente<br />

sa mère du même coup.<br />

Or, Marie et son fils sont nés dans <strong>la</strong> pureté et sont voués<br />

à <strong>la</strong> pureté. C’est un célèbre hadith transmis par Boukhari<br />

et Mouslem qui le confirme : « Tout fils d’Adam, nouveauné,<br />

est touché par Satan, sauf le fils de Marie et sa mère ; à<br />

ce contact, l’enfant jette son premier cri ».<br />

Le Coran et le Hadith affirment c<strong>la</strong>irement que Meryem<br />

est élue au-dessus de toutes les femmes du monde. Un<br />

hadith rapporte un mot célèbre du Prophète qui p<strong>la</strong>ce<br />

<strong>la</strong> mère de Jésus devant sa propre fille Fatima et sa<br />

première épouse Khadija. Il n’est pas surprenant dès lors<br />

que <strong>la</strong> religiosité popu<strong>la</strong>ire musulmane ait dép<strong>la</strong>cé et<br />

dép<strong>la</strong>ce encore des milliers de musulmanes vers Notre-<br />

Dame d’Afrique pour y implorer l’intercession de Lal<strong>la</strong><br />

Meryem pour que Dieu exauce leurs prières.<br />

L’exceptionnelle vénération dont Marie est entourée<br />

chez les musulmans comme chez les chrétiens fait<br />

d’elle un lieu de convergence spirituelle privilégié et de<br />

dialogue élévateur entre les deux religions célestes et<br />

abrahamiques que sont l’is<strong>la</strong>m et le christianisme.<br />

Dr Youssef Nacib<br />

Université d'Alger<br />

Pour prolonger <strong>la</strong> lecture de cet article :<br />

- Youssef Nacib, La Sainte Vierge chez les Musulmans, Zyriab Éditions, Alger, 2009,<br />

- Luigi Bressan, Maria nel<strong>la</strong> devozione e nel<strong>la</strong> pittura dell’Is<strong>la</strong>m, Jaca Book, Mi<strong>la</strong>n, 2011 (cf. recensions<br />

dans Oasis 14, déc. 2011 et Is<strong>la</strong>mochristiana 37, 2011),<br />

- Des musulmans parlent de Marie, DVD produit par <strong>la</strong> Communauté du Chemin Neuf et réalisé par Net<br />

for God, à voir sur http://www.netforgod.tv/VOD/ (35mn, disponible en de nombreuses <strong>la</strong>ngues).<br />

© Bernard Lefebvre<br />

18


Marie de <strong>la</strong> Visitation<br />

DOSSIER<br />

Le mystère de <strong>la</strong> Visitation occupait une p<strong>la</strong>ce centrale dans <strong>la</strong> spiritualité de<br />

Charles de Foucauld, qui a très probablement prié devant <strong>la</strong> statue de Notre-<br />

Dame de l’At<strong>la</strong>s, quand il était hôte de <strong>la</strong> Trappe de Staouëli. La Visitation,<br />

selon lui, était le modèle des communautés contemp<strong>la</strong>tives « hors chrétienté ».<br />

De fait, elle était devenue <strong>la</strong> quasi-fête patronale du monastère de Tibhirine.<br />

Christian de Chergé, prieur de <strong>la</strong> communauté, dans une retraite donnée à des<br />

petites sœurs de Jésus, dit <strong>la</strong> portée de ce mystère pour nous aujourd’hui.<br />

J’imagine assez bien que nous sommes<br />

dans <strong>la</strong> situation de Marie qui va voir sa<br />

cousine Élisabeth, et qui porte en elle un<br />

secret vivant qui est encore celui que nous<br />

pouvons porter nousmêmes,<br />

une Bonne Nouvelle<br />

vivante.<br />

Elle l’a reçu d’un ange. C’est<br />

son secret et c’est aussi le<br />

secret de Dieu. Et elle ne<br />

doit pas savoir comment<br />

s’y prendre pour livrer<br />

ce secret. Va-t-elle dire<br />

quelque chose à Élisabeth <br />

Peut-elle le dire Comment<br />

le dire Comment s’y<br />

prendre Faut-il le cacher <br />

Et pourtant tout en elle<br />

déborde, mais elle ne sait<br />

pas. D’abord, c’est le secret<br />

de Dieu. Et puis, il se passe<br />

quelque chose de semb<strong>la</strong>ble<br />

dans le sein d’Élisabeth. Elle<br />

aussi porte un enfant. Et ce<br />

que Marie ne sait pas trop,<br />

c’est le lien, le rapport entre<br />

cet enfant qu’elle porte, et<br />

l’enfant qu’Élisabeth porte.<br />

Et ça lui serait plus facile de<br />

s’exprimer si elle savait ce<br />

lien. Mais sur ce point précis,<br />

elle n’a pas de révé<strong>la</strong>tion,<br />

Marie et Élisabeth, icône copte<br />

sur <strong>la</strong> dépendance mutuelle<br />

entre les deux enfants. Elle sait simplement qu’il<br />

y a un lien puisque c’est le signe qui lui a été<br />

donné : sa cousine Élisabeth.<br />

Et il en est ainsi de notre Église qui porte en elle<br />

une Bonne Nouvelle – et notre Église c’est chacun<br />

de nous – et nous sommes venus un peu comme<br />

Marie, d’abord pour rendre service (finalement<br />

c’est sa première ambition)… mais aussi, en<br />

portant cette Bonne Nouvelle, comment allonsnous<br />

nous y prendre pour <strong>la</strong> dire Nous savons<br />

que ceux que nous sommes venus rencontrer sont<br />

un peu comme Élisabeth, ils sont porteurs d’un<br />

message qui vient de Dieu. Et notre Église ne<br />

nous dit pas et ne sait pas quel est le lien exact<br />

entre <strong>la</strong> Bonne Nouvelle que nous portons et<br />

ce message qui fait vivre<br />

l’autre. Finalement, mon<br />

Église ne me dit pas quel<br />

est le lien entre le Christ<br />

et l’Is<strong>la</strong>m, et je vais vers<br />

les musulmans sans savoir<br />

quel est ce lien !<br />

Et voici que, quand Marie<br />

arrive, c’est Élisabeth qui<br />

parle <strong>la</strong> première. Pas<br />

tout à fait exact, car<br />

Marie a dit : Es-sa<strong>la</strong>m<br />

a<strong>la</strong>ykum ! Et ça, c’est une<br />

chose que nous pouvons<br />

faire ! On dit <strong>la</strong> paix : La<br />

paix soit avec vous ! Et<br />

cette simple salutation a<br />

fait vibrer quelque chose,<br />

quelqu’un, en Élisabeth. Et<br />

dans sa vibration, quelque<br />

chose s’est dit… qui était<br />

<strong>la</strong> Bonne Nouvelle, pas<br />

toute <strong>la</strong> Bonne Nouvelle,<br />

mais ce qu’on pouvait<br />

en percevoir dans le<br />

moment.<br />

Et Élisabeth a libéré le<br />

Magnificat de Marie… Si<br />

nous sommes attentifs et si<br />

nous situons à ce niveau-là notre rencontre avec<br />

l’autre, dans une attention et une volonté de le<br />

rejoindre, et aussi dans un besoin de ce qu’il est<br />

et de ce qu’il a à nous dire, vraisemb<strong>la</strong>blement,<br />

il va nous dire quelque chose qui va rejoindre<br />

ce que nous portons, montrant qu’il est de<br />

connivence... et nous permettant d’é<strong>la</strong>rgir notre<br />

Eucharistie, car, finalement, le Magnificat que<br />

nous pouvons, qu’il nous est donné de chanter,<br />

c’est l’Eucharistie.<br />

Christian de Chergé (1990)<br />

pax concordia 19


DOSSIER<br />

Prières mariales<br />

Quand nous prions Marie, ou quand nous prions avec Marie, celle-ci nous<br />

oriente vers le Christ, afin que nous devenions de mieux en mieux les vrais<br />

adorateurs du Dieu Unique, qui est Père, Fils et Esprit.<br />

Prière à Notre-Dame d’Afrique<br />

Notre-Dame d’Afrique, mère de <strong>la</strong> famille humaine,<br />

regarde tes enfants africains chez eux ou partis sur<br />

d’autres continents.<br />

Toi, comblée de grâces, vois tous ceux qui ne<br />

connaissent pas Jésus, le Fils envoyé du Père. Que Sa<br />

Lumière les attire et les ouvre au don de <strong>la</strong> Foi.<br />

Toi unie au Christ dans <strong>la</strong> souffrance et dans <strong>la</strong> gloire,<br />

vois ceux que l’épreuve assaille. Qu’ils découvrent sa<br />

pâque libératrice et en vivent dans l’espérance.<br />

Toi qui prias Jésus quand manquait le vin de <strong>la</strong> joie,<br />

vois les peuples en détresse. Que règnent <strong>la</strong> Justice et<br />

<strong>la</strong> Paix, dans un monde solidaire où brille <strong>la</strong> Charité.<br />

Toi qui, au milieu des apôtres, reçut le souffle<br />

de l’Esprit, vois les apôtres d’aujourd’hui. Qu’ils<br />

annoncent <strong>la</strong> parole avec assurance et <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>ment<br />

par toute leur vie. Que les jeunes entendent l’appel<br />

du Christ et le suivent dans <strong>la</strong> joie.<br />

Notre Dame d’Afrique, Reine de l’Univers, vois<br />

l’humanité en marche. Que le Christ ton Fils <strong>la</strong><br />

rassemble dans l’unité de Son Esprit, à <strong>la</strong> gloire du<br />

Père pour les siècles des siècles. Amen<br />

Prière des Sœurs Missionnaires de Notre-Dame<br />

d’Afrique<br />

en kabyle<br />

Amarezg inem a Meôyama<br />

A tin yeccuren d ennâayem<br />

Mass ukud yidem ittili<br />

Kem d tambaôekt ger t<strong>la</strong>wim irkelli<br />

D ambaôek Yassuâ agummu n tadist inem.<br />

A meryama tamqeddest<br />

A tayemmat n Yillu<br />

èall fell-a$ nekwni s imednab<br />

Tura d wass mara ad nemmet. Amin.<br />

Je vous salue Marie<br />

السالم عليك،‏ يا مرمي،‏ يا ممتلئة نعمة،‏ الرب معك،‏<br />

مباركة انت في النساء،‏ ومباركة ثمرة<br />

بطنك يسوع.‏<br />

يا قديسة مرمي،‏ يا والدة اهلل،‏ صلي الجلنا نحن اخلطأة،‏<br />

اآلن وفي ساعة موتنا.‏<br />

آمني<br />

اللهمّ‏ ربّنا وربّ‏ كلّ‏ شيء،‏ أيّها اإللهُ‏ العظيمُ‏ املنّان<br />

مرسلُ‏ جبريلَ‏ بالبشارة إلى سيّدة نساءِ‏ اجلنّة واألكوان<br />

مرمي البتول أمتَك الوضيعة على مرِّ‏ الدّهورِ‏ واألزمان<br />

أنت اإللهُ‏ السميعُ‏ اجمليبُ‏ الهادي الرحيمُ‏ والرحمان<br />

إلهنا نسألك أن حتبِّبنا إليك،‏ وأن حتبِّبنا إلى مالئكتك وإلى جميع<br />

أنبيائك ورسلك،‏<br />

... اللهمّ‏ حبِّبنا بسيّدتنا مرمي البتول الطاهرة،‏ واجعلها قدوة لنا<br />

في حياتنا ومعاشنا،‏<br />

... اللهمّ‏ اجعل حبّك أحبّ‏ األشياء إلينا،واجعل خشيتك أعظم<br />

األشياء لدينا.‏<br />

... اللهم إننا برحمتك نستغيث فأغثنا وأصلح لنا شأننا كلّه،‏<br />

وشأن حكّ‏ امنا والقائمني على أمورنا،‏<br />

وشأن وطننا وكلّ‏ من سكن أرضه مسلمني ومسيحيّني.‏<br />

... اللهمّ‏ ربّ‏ السموات السبع وربّ‏ العرش العظيم،‏<br />

نسألك،‏ كما اصطفيت العذراء مرمي،‏ وفضّ‏ لتها على نساء<br />

العاملني،‏<br />

أن تصطفي لبنان مبسيحيّيه ومسلميه،وجتعله رسالة إلى كلّ‏<br />

بالد العالم،‏<br />

وأن تطهّ‏ ر قلوب اللبنانيّني من األحقاد،‏ وتنصرهم على أنفسهم<br />

وعلى مصاحلهمالشخصيّة،‏<br />

حتى ال يروا بعد ذلك،‏ إال مصلحة بلدهم الواحد بجميع أبنائه<br />

ومواطنيه.‏<br />

‏...اللهمّ‏ إننا نسألك أن تعيد أيّام هذا العيد املبارك<br />

على املسيحيّني واملسلمني في لبنان وجميع أنحاء العالم،‏<br />

‏)إنك يا إلهنا سميع مجيب(‏<br />

اللهمّ‏ آمني<br />

en arabe<br />

Le 25 mars est au Liban jour de fête nationale is<strong>la</strong>mo-chrétienne.<br />

Cette prière commune est récitée chaque année.<br />

20


Notre arrivée à Ghardaïa a été une<br />

plongée dans un environnement<br />

auquel je ne connaissais pour<br />

ainsi dire rien. Alors, dans <strong>la</strong><br />

musique jouée par cette petite<br />

Église saharienne, comment j’interprète ma<br />

partition <br />

D’abord, pour pouvoir <strong>la</strong> lire, il me faut faire<br />

un peu de solfège. La première facette de <strong>la</strong><br />

mission pour moi, c’est ouvrir les yeux, les<br />

oreilles et aussi mon cœur et mon intelligence,<br />

être à l’écoute de ce monde nouveau qui<br />

m’entoure, qui m’est parfois si « étrange ».<br />

Me mettre à l’école de l’autre, ça a été me retrouver<br />

vraiment comme une enfant : à soixante ans, apprendre<br />

à dire bonjour, à lire et à écrire, et même à faire <strong>la</strong> chaine<br />

à <strong>la</strong> bou<strong>la</strong>ngerie ! Voilà qui me révèle quelque chose de<br />

l’Évangile. Ne rien « maîtriser », quel apprentissage de<br />

<strong>la</strong> rencontre : dans <strong>la</strong> plupart des re<strong>la</strong>tions, je ne peux<br />

mobiliser mes manières de voir, mes représentations,<br />

Accueil à Dar Keltoum : Anne deuxième à droite et Patrick au fond<br />

mes repères habituels. Dépouillement... Je suis obligée<br />

d’admettre une vraie altérité. Je ne peux pas tricher.<br />

Le premier morceau de musique que j’ai eu à déchiffrer<br />

c’est « une Église de <strong>la</strong> présence et du travail humain »! Le<br />

travail ne manque pas : le secrétariat et ses à-côtés ; avec<br />

Patrick, l’accueil à Dar Keltoum, <strong>la</strong> maison diocésaine ;<br />

et des cours de français. En plus de ceux prévus au<br />

CCDS et à <strong>la</strong> Maison de <strong>la</strong> Jeune Fille, j’ai <strong>la</strong> chance de<br />

pouvoir intervenir à l’université pour du « renforcement<br />

linguistique » pour des étudiants en licence de français.<br />

Témoignage<br />

Partition saharienne<br />

Dans l’ordinaire des jours, il<br />

y a aussi des improvisations,<br />

comme en jazz, les re<strong>la</strong>tions<br />

de voisinage, un thé ou un<br />

couscous, les ba<strong>la</strong>des le weekend,<br />

etc. J’ai envie de vous<br />

dire deux mots sur l’atelier<br />

« patchwork-français » que<br />

j’ai <strong>la</strong>ncé en décembre à Dar<br />

Keltoum, après avoir bavardé<br />

avec l’une ou l’autre voisine ;<br />

tout ce qu’il y a de plus informel,<br />

en principe tous les 15 jours. Il est<br />

devenu « patchwork-broderietricotage<br />

» selon ce que l’une ou l’autre avait envie de<br />

faire. Finalement, c’est moi qui me suis mise au tissage.<br />

C’est Yamina qui m’a initiée : elle terminait une nappe<br />

et m’a mise à l’ouvrage avec elle ! Un vrai stage intensif<br />

« tissage-arabe » : vous connaissez el khou<strong>la</strong><strong>la</strong> Puis j’ai<br />

commencé un petit tapis... Des re<strong>la</strong>tions que j’ai pu avoir<br />

grâce aux liens déjà tissés par nos voisines les sœurs !<br />

Peu à peu, au fil des jours et des rencontres, nous<br />

nous apprivoisons.<br />

Il y a aussi tout un répertoire intitulé « Une Église du<br />

dialogue avec nos frères et sœurs de l’is<strong>la</strong>m ». J’y ai<br />

trouvé le Ribât es-salâm (le Lien de <strong>la</strong> paix). Rejoindre<br />

ce groupe J’ai bien hésité ; mais vraiment, cette<br />

musique-là me tentait beaucoup. J’ai participé à<br />

deux rencontres du Ribât, et je ne le regrette pas !<br />

C’est pour moi une facette essentielle de <strong>la</strong> mission<br />

ici, celle de <strong>la</strong> rencontre avec des musulmans au p<strong>la</strong>n<br />

spirituel. Comment dans un pays si religieux ne pas<br />

rechercher le dialogue aussi sur ce terrain-là Mais être<br />

du Ribât se veut surtout un engagement au quotidien,<br />

qui façonne ma prière.<br />

Le lien de <strong>la</strong> paix - cette paix que le Christ nous donne.<br />

Cette paix qui a tant de mal à advenir, que ce soit à<br />

mon niveau personnel, au niveau interpersonnel ou<br />

international !<br />

Anne de Boissieu<br />

Volontaire DCC, avec son mari Patrick,<br />

au service du diocèse de Ghardaïa<br />

dialogue<br />

pax concordia


église d’algérie<br />

Journées Algériennes de <strong>la</strong> Jeunesse<br />

Que se passe-t-il ce jeudi 29 mars à Notre-Dame<br />

d’Afrique <br />

Un à un, des cars viennent sagement se ranger<br />

sur l’esp<strong>la</strong>nade. Regardez les immatricu<strong>la</strong>tions ! Ils<br />

viennent d’Annaba, de Sidi Bel-Abbès, de Constantine,<br />

de Tiaret, de Bejaïa, d’Oran, de Blida, de Tizi Ouzou...<br />

On a l’habitude des bus d’étrangers précédés d’une<br />

escorte. Ici, rien de tout ça. Ce sont en majorité des<br />

étudiants africains qui descendent et qui, aussitôt,<br />

disparaissent à l’intérieur de <strong>la</strong> basilique. Suivonsles<br />

!<br />

… Traversant <strong>la</strong> basilique, nous arrivons dans <strong>la</strong><br />

cour du rectorat. Derrière un stand, des personnes<br />

s’affairent à distribuer des livrets, des fou<strong>la</strong>rds, des<br />

badges. Une fois équipés, les jeunes s’engouffrent<br />

par une autre porte … et ressortent dans un immense<br />

jardin qui surplombe <strong>la</strong> baie d’Alger.<br />

Où sommes-nous Des banderoles, une sono,<br />

un podium, c’est une manifestation <br />

Oui, une manifestation de joie. « Soyez toujours<br />

joyeux dans le Seigneur ! » en est le slogan. Il est tiré<br />

de <strong>la</strong> Bible, de saint Paul (Ph 4, 4). Plutôt <strong>la</strong> Joie que le<br />

« dégoûtage » !<br />

C’est un pèlerinage à Notre-Dame d’Afrique. C’est<br />

de là que sont partis les premiers « Missionnaires<br />

d’Afrique », les Pères B<strong>la</strong>ncs, pour annoncer l’Évangile<br />

sur le continent. Alors c’est un retour, une action de<br />

grâce.<br />

Nous sommes dans les jardins de <strong>la</strong> Nonciature,<br />

assez grands pour accueillir les centaines de jeunes<br />

chrétiens venus de tout le pays pour ce rassemblement<br />

national. Ils permettent aussi des échanges en petits<br />

groupes avec différents témoins répartis en stands, et<br />

des espaces plus discrets où est célébré le sacrement<br />

L’é<strong>la</strong>n des jeunes !<br />

de <strong>la</strong> réconciliation.<br />

Pourquoi aujourd’hui <br />

Cette année, l’Algérie fête<br />

ses cinquante ans d’Indépendance.<br />

Ça vaut le coup<br />

de marquer cette année<br />

aussi par un événement<br />

chrétien, puisque nous<br />

sommes une composante<br />

de <strong>la</strong> société.<br />

Nous sommes à <strong>la</strong> veille<br />

des Rameaux, date traditionnelle<br />

des rassemblements<br />

de jeunes. Dans<br />

l’Église, c’est <strong>la</strong> Journée<br />

Mondiale de <strong>la</strong> Jeunesse,<br />

célébrée localement, sauf<br />

quand il y a un rassemblement mondial comme en<br />

août dernier à Madrid ou en juillet prochain (23 au 28<br />

juillet 2013) à Rio de Janeiro.<br />

Ce sont les vingt jeunes qui représentaient l’Église<br />

d’Algérie aux JMJ de l’an dernier qui ont le plus insisté<br />

pour l’organisation de ces Journées.<br />

Journées Algériennes de <strong>la</strong> Jeunesse, JAJ,<br />

comme JMJ Vous êtes gonflés !!!<br />

Un peu. Mais sans provocation, tout se passe à<br />

l’intérieur d’espaces ecclésiaux, sauf <strong>la</strong> procession<br />

des Rameaux où on traversera l’esp<strong>la</strong>nade, en silence,<br />

pour rentrer solennellement dans <strong>la</strong> basilique, après<br />

une nuit de fête, enseignements, témoignages et<br />

prière. Mais à 6h du matin, ça reste discret, non <br />

Quand l’Algérie donne des bourses à des étudiants<br />

de tout le continent, elle le fait de manière ouverte,<br />

sans les réserver à des musulmans. En 2006, elle


a même publié un décret concernant les cultes<br />

non-musulmans. Les chrétiens ne sont pas des<br />

c<strong>la</strong>ndestins !<br />

Outre les étudiants sub-sahariens, il y a aussi quelques<br />

jeunes algériens, heureux de pouvoir se rassembler<br />

en Église, et de se sentir partie prenante de cette<br />

Église catholique, c<strong>la</strong>irement « universelle » comme<br />

le signifie ce mot.<br />

Les Autorités sont là <br />

L’archevêque d’Alger et l’évêque de Constantine<br />

sont là pour du non-stop, de 14h à demain 9h ! Ils<br />

donneront même des catéchèses, avec d’autres<br />

pasteurs ou témoins : première intervention à 22h,<br />

seconde à 2h du matin, et <strong>la</strong> messe à 7h00 !<br />

On a pensé inviter le ministre des Affaires religieuses,<br />

mais on a été timides. Ce sera pour <strong>la</strong> prochaine fois.<br />

Ça coûte cher, un rassemblement comme ça <br />

Oui, bien sûr, il a fallu faire un budget. Le transport,<br />

les bus, l’inscription (500 dinars par<br />

personne), les participants ont payé !<br />

Les cuisiniers étaient des étudiants<br />

bénévoles qui ont tout préparé à <strong>la</strong><br />

maison de Ben Smen. Ce n’est pas<br />

rien de cuire 80 poulets ou 50 kg<br />

de riz, et une autre nuit pour cuire<br />

les gâteaux, déployer des centaines<br />

de mètres de tissu en décoration et<br />

fou<strong>la</strong>rds, etc. Heureusement, il y a eu<br />

de beaux gestes de générosité, par<br />

des amis musulmans et chrétiens. Le<br />

podium par exemple a été offert par des amis algériens<br />

de Kabylie, montage compris. Des entreprises ont<br />

sponsorisé pour certains produits alimentaires. Des<br />

commerçants amis pour les tissus. L’Algérie est<br />

généreuse. Il y a eu aussi des aides d’amis chrétiens,<br />

de congrégations religieuses, l'engagement fort des<br />

diocèses, le livret a été imprimé par <strong>la</strong> basilique qui<br />

nous a accueillis gratuitement, du matériel prêté par les<br />

paroisses et par l’Église anglicane, sans compter tous<br />

les coups de main sur p<strong>la</strong>ce et pour <strong>la</strong> préparation.<br />

Qu’est-ce qui a le plus plu aux participants <br />

Le nombre d’abord : quand on vient de pays où<br />

les assemblées chrétiennes sont très nombreuses,<br />

c’est surprenant de se trouver dans des petites<br />

communautés discrètes comme ici. Vivre un grand<br />

rassemblement et l’ambiance qui va avec, ça compte.<br />

La fraternité aussi, celle déployée dans l’ardeur de <strong>la</strong><br />

préparation et <strong>la</strong> chaleur de <strong>la</strong> rencontre. L’exploit<br />

enfin pourrait-on dire d’une nuit b<strong>la</strong>nche pour louer<br />

Dieu ! La beauté aussi des<br />

chants de chorales qui avaient<br />

longuement répété ensemble<br />

un week-end à Blida. Ce<br />

rassemblement festif semble<br />

avoir été un temps fort spirituel<br />

marquant pour mieux vivre<br />

avec assurance et sérénité sa<br />

foi en terre algérienne.<br />

Page préparée par Michel<br />

Guil<strong>la</strong>ud<br />

église d’algérie<br />

Père Jean-Paul Kaboré, vous êtes aumônier national des étudiants, vous avez coordonné,<br />

encouragé, arbitré, soutenu … et vécu ces JAJ. Qu’auriez-vous envie d’ajouter <br />

Oui, je vous remercie. Que puis-je ajouter à ce qui est déjà susdit Depuis sept ans que j’accompagne les étudiants,<br />

j’avoue que c’est une première de coordonner un événement de cette taille, surtout en Algérie. Mais heureusement,<br />

l’ensemble des aumôniers et sœurs conseillères et même des étudiants m’ont été d’un grand soutien pour que ce<br />

rêve devienne réalité. J’exprime à tous ma profonde gratitude.<br />

Au soir de ce méga rassemblement, dans l’action de grâce et de reconnaissance à Dieu, principal instigateur de cette<br />

réussite, je puis dire sans risque de me tromper que « qui ne risque rien n’a rien ». Risquer pour Dieu, quelle noble et<br />

belle tâche ! Et ce<strong>la</strong> ne réserve que du bonheur au final... La jeunesse chrétienne, soutenue par tous ses responsables,<br />

a cru en <strong>la</strong> force de <strong>la</strong> foi capable de dép<strong>la</strong>cer des montagnes et elle a réussi. Elle a sauté dans le vide avec confiance<br />

et Dieu l’a reçue dans ses bras. Quelle belle aventure ! Que du bonheur ! Ma prière est que, par l’Esprit Saint, l’ardeur<br />

de cette jeunesse aille grandissant dans cette Algérie, pour <strong>la</strong> gloire de Dieu et pour <strong>la</strong> joie de tous.<br />

pax concordia


ACTUALITÉ DES DIOCÈSES<br />

Le sourire de Reinaudi<br />

Notre Église une fois encore est touchée par<br />

un décès ; celui de notre frère Reinaudi<br />

Cavalcante Carvalho de <strong>la</strong> communauté<br />

‘Sa<strong>la</strong>m’. Notre Église est en souffrance.<br />

Chacun de ses<br />

membres est surpris, bouleversé,<br />

ému, peiné. Chacun est perdu<br />

devant cet inattendu qui nous<br />

<strong>la</strong>isse sans voix et interrogatifs !<br />

La mort de Reinaudi nous rejoint<br />

au cœur même du mystère pascal<br />

de <strong>la</strong> mort et de <strong>la</strong> résurrection<br />

du Christ que nous venons de<br />

fêter en Église. Un des derniers<br />

gestes posés par Reinaudi a été<br />

d’allumer le cierge pascal au<br />

début de l’Eucharistie. Acte de foi<br />

au Ressuscité !<br />

Ce visage que nous connaissions<br />

était souvent habité par un sourire<br />

éc<strong>la</strong>tant. Il transpirait <strong>la</strong> joie de<br />

vivre, <strong>la</strong> joie de croire, <strong>la</strong> joie de s’être donné, <strong>la</strong> joie<br />

de servir. Ce sourire était le premier cadeau qu’il nous<br />

offrait, nous invitant à le partager, à en illuminer nos<br />

propres vies, nos journées.<br />

Il était arrivé en Algérie fin 2010, rejoignant<br />

Radameques et Eugenia. Il s’est vite inséré à travers<br />

les activités qui nous sont propres : auprès des jeunes<br />

lycéens à <strong>la</strong> bibliothèque de Ben Cheneb deux fois par<br />

semaine, auprès des enfants deux jours par semaine<br />

sur <strong>la</strong> colline de <strong>la</strong> Dame d’Afrique chez les sœurs de<br />

Mère Teresa, et auprès des étudiants notamment sur<br />

<strong>la</strong> paroisse Saint-Charles de Blida.<br />

Ce sont quelques-uns des lieux où il s’était investi<br />

avec son sourire qui le rendait proche des uns et des<br />

autres, disponible envers chacun. Aux dernières JAJ,<br />

il avait pris une part très active.<br />

Partout, il était heureux d’être un témoin du Ressuscité<br />

qui rassemble les uns et les autres dans sa maison.<br />

Diocèse d’Alger<br />

Christian Mauvais<br />

Congrégations religieuses : ensemble pour<br />

<strong>la</strong> mission<br />

L’assemblée annuelle de l’Union des Supérieurs(es)<br />

Majeurs(es) d’Algérie (USMDA) s’est tenue à <strong>la</strong> Maison<br />

diocésaine d’Alger du 27 au 29 février 2012.<br />

Ensemble pour <strong>la</strong><br />

même mission,<br />

servir ce que l’Esprit<br />

nous demande<br />

aujourd’hui.<br />

Cette année nous avons voulu<br />

mettre en évidence : « L’Inter-<br />

Congrégation au service<br />

de <strong>la</strong> mission. Modes de<br />

concertation et de réflexion ».<br />

C’est le défi : une col<strong>la</strong>boration<br />

é<strong>la</strong>rgie et plus concrète entre<br />

nos différentes communautés<br />

dans l’ouverture aussi aux<br />

<strong>la</strong>ïcs qui s’engagent dans <strong>la</strong><br />

mission.<br />

Les préoccupations sont<br />

communes, avec des nuances intéressantes. La<br />

préoccupation prioritaire des congrégations est<br />

celle d’assurer <strong>la</strong> relève (sans oublier le problème<br />

des visas). Mais, particulièrement pour les jeunes,<br />

c’est une plus grande attention au contenu et aux<br />

méthodes de <strong>la</strong> pastorale, un désir d’innovation et<br />

d’initiative, surtout dans le dialogue et les re<strong>la</strong>tions<br />

avec l’is<strong>la</strong>m.<br />

Les évêques des quatre diocèses ont aussi exprimé<br />

leurs préoccupations : le service de toutes les<br />

catégories de personnes qui font partie de notre<br />

Église, l’urgence d’unité dans l’Église locale dans <strong>la</strong><br />

variété de sa réalité, le besoin de spiritualité et de<br />

formation, le désir de garder <strong>la</strong> mémoire du passé.<br />

Il s’agit de regarder non seulement l’avenir avec<br />

espoir, mais aussi le présent avec intelligence, pour<br />

cueillir les signes de vie. Le passé sert à l’avenir, non<br />

à lui-même.<br />

Sœur Gabriel<strong>la</strong>


Diocèse d’Oran<br />

Mostaganem : amitié et solidarité<br />

Depuis <strong>la</strong> dernière rentrée les étudiants<br />

chrétiens subsahariens ont accepté<br />

de se faire proches des détenus que le<br />

père Bernard visite tous les 15 jours à<br />

Mostaganem. Ces hommes sont pour <strong>la</strong><br />

plupart camerounais, nigérians et maliens. Beaucoup<br />

n’ont jamais de visites et souffrent de cet isolement.<br />

Les étudiants ont accepté d’ouvrir leur cœur à ces frères<br />

poussés par <strong>la</strong> misère à devenir des migrants. À Noël une<br />

collecte se fait et on décide d’envoyer un colis à chaque<br />

détenu, avec une carte de vœux. Aux messes du vendredi<br />

ils sont présents dans <strong>la</strong> prière universelle. Pour Pâques<br />

nouvelle collecte et on fait parvenir un poulet à chacun.<br />

Une grande carte est signée par tous, puis photocopiée<br />

et envoyée à tous. Les détenus n’en reviennent pas. L’un<br />

d’eux leur écrit : « Vous nous avez donné un souffle de<br />

vie alors que vous ne nous connaissez pas ; vos souhaits<br />

de Pâques nous vont tout droit au cœur ; qu’ils soient<br />

<strong>la</strong> volonté de Dieu ; et je vous dis merci au nom de <strong>la</strong><br />

communauté chrétienne de <strong>la</strong> prison de Mostaganem. »<br />

On « jubile » à Oran<br />

Au total, 150 ans au service du Seigneur.<br />

Action de grâces pour les 50 ans de<br />

ministère presbytéral des pères Thierry<br />

Becker, Bernard de Monvallier et René You.<br />

Ce 27 avril, <strong>la</strong> cathédrale est bien remplie :<br />

<strong>la</strong> famille du père Thierry venue de loin, religieux et<br />

prêtres, et <strong>la</strong> foule des grands jours, venue des paroisses<br />

de l’intérieur, mais surtout paroissiens d’Oran, migrants<br />

et étudiants, avec de beaux chants.<br />

Le père évêque, pour l’homélie, fait une belle lectio divina<br />

du chapitre 21 (v. 15-17) de l’évangile selon saint<br />

Jean : un souffle d’émotion traverse les jubi<strong>la</strong>ires et<br />

même toute l’assemblée quand il pose, au nom du<br />

Christ et pour les années encore à venir, ces trois<br />

questions :« Thierry, m’aimes-tu Bernard, m’aimestu<br />

René, m’aimes-tu » Puis il adresse cette même<br />

interpel<strong>la</strong>tion aux jeunes de l’assemblée.<br />

L’après-midi, chaque jubi<strong>la</strong>ire a présenté les<br />

grands moments de sa vie à <strong>la</strong> suite du Christ.<br />

Les trois jubi<strong>la</strong>ires<br />

Incontestablement et sans qu’ils se soient mis d’accord<br />

préa<strong>la</strong>blement, <strong>la</strong> part <strong>la</strong> plus importante a été <strong>la</strong><br />

rencontre et le compagnonnage avec leurs frères et<br />

sœurs de l’Is<strong>la</strong>m.<br />

Restait enfin au père Théoneste Bazirikana, du diocèse de<br />

Constantine, de nous dire et de dire surtout aux jeunes<br />

présents à <strong>la</strong> fête, comment à son tour, il est entré dans<br />

cette aventure qui se poursuivra, souhaitons-le pour<br />

tous, bien au-delà du cinquantenaire.<br />

Tiaret, rencontre nationale des aumôniers<br />

d’étudiants<br />

Quinze hommes et femmes qui, à travers<br />

le pays, sont au service des étudiants<br />

subsahariens chrétiens, se sont retrouvés<br />

les 8 et 9 mai à Tiaret. Ils ont consacré<br />

une journée à leur propre formation,<br />

s’intéressant à l’univers religieux des étudiants, aidés<br />

pour ce<strong>la</strong> par le père Chris<strong>la</strong>in Loubelo, qui leur a parlé<br />

des religions traditionnelles, par deux étudiants de<br />

Tiaret, qui ont témoigné de leur parcours chrétien, et<br />

par le film burkinabé Yaaba. Ils ont aussi fait un bi<strong>la</strong>n des<br />

récentes Journées Algériennes de <strong>la</strong> Jeunesse, et préparé<br />

les sessions d’été. En perspective : une réflexion sur le<br />

catéchuménat, puisque chaque année des étudiants se<br />

préparent aux sacrements de l’initiation.<br />

actualité des diocèses<br />

pax concordia


ACTUALITÉ DES DIOCÈSES<br />

Diocèse de Constantine et Hippone<br />

Journées diocésaines : un regard chrétien sur<br />

nos appartenances nationales<br />

Il n’y a pas que l’Algérie à célébrer 50 années<br />

d’indépendance. C’est aussi le cas de plusieurs des<br />

pays dont sont originaires les étudiants de nos<br />

communautés chrétiennes. Nos journées diocésaines<br />

ont donc retenu le thème : « 50 ans d’indépendance,<br />

quel regard chrétien sur l’histoire de mon peuple »<br />

Notre rencontre nous a donné l’occasion de réfléchir<br />

sur <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion entre notre foi et notre agir de citoyens.<br />

Le père Jean Toussaint nous a fait réfléchir sur <strong>la</strong><br />

mémoire, l’oubli et les défis qu’ils doivent affronter,<br />

d’abord à partir d’un court-métrage algérien « J’ai<br />

habité l’absence deux fois » puis à partir de <strong>la</strong> tradition<br />

biblique. Son exposé du deuxième jour « Foi chrétienne<br />

et nationalisme » nous faisait ainsi parcourir toute <strong>la</strong><br />

Bible de <strong>la</strong> Genèse à l’Apocalypse…<br />

Des carrefours, en trois <strong>la</strong>ngues différentes, ont permis<br />

aux participants d’approfondir leur réflexion et de les<br />

adapter à leurs différents horizons.<br />

Raphaël Abdil<strong>la</strong> : un au-revoir<br />

Le père Raphaël Abdil<strong>la</strong>, qui a assuré <strong>la</strong> continuité de <strong>la</strong><br />

présence de l’ordre de saint Augustin (OSA) à <strong>la</strong> basilique<br />

d’Hippone pendant près d’une décennie a été autorisé<br />

par ses supérieurs à exercer un ministère dans son pays<br />

natal et proche de sa famille. Le diocèse de Constantine<br />

et Hippone lui doit une immense reconnaissance et les<br />

Autorités civiles d’Annaba ont tenu à le remercier pour<br />

les bonnes re<strong>la</strong>tions qu’il a su créer et entretenir entre<br />

elles et <strong>la</strong> basilique. La communauté chrétienne lui a<br />

également fait <strong>la</strong> fête !<br />

L’arrivée du père Joseph Enamanungal (venant de<br />

Éducatrices de jeunes enfants<br />

l’Inde) deux jours avant le départ de Raphaël nous<br />

donne l’espoir que <strong>la</strong> communauté augustinienne<br />

pourra continuer le travail commencé dans le même<br />

climat de confiance.<br />

Petite enfance<br />

La formation des éducatrices de jeunes enfants est<br />

une demande très forte dans une Algérie où les mères<br />

de familles sont de plus en plus appelées à travailler à<br />

l’extérieur du foyer.<br />

Notre diocèse essaie, avec <strong>la</strong> col<strong>la</strong>boration de <strong>la</strong> Caritas<br />

et de formatrices venues d’Alger, d’apporter sa modeste<br />

réponse à ce besoin en engageant un cycle de formation<br />

pour jardinières d’enfants, dont une deuxième session<br />

vient de se tenir au mois de mars. Les avis des stagiaires<br />

au bi<strong>la</strong>n de fin de session nous encouragent à continuer<br />

cette formation, d’abord par une autre session en juin<br />

(pour les enfants de cinq ans), puis par <strong>la</strong> formation de<br />

personnes pouvant elles-mêmes devenir formatrices<br />

pour donner d’autres sessions à l’avenir à Constantine.<br />

Le père Abdil<strong>la</strong> chaleureusement remercié par le Wali<br />

d’Annaba (au centre), en présence du Consul de France<br />

Quelques réactions de stagiaires<br />

J’avais honte de dire que je travail<strong>la</strong>is dans un<br />

jardin d’enfants, maintenant j’ai compris que c’est<br />

le plus beau métier du monde parce que l’activité<br />

manuelle permet à l’enfant de se valoriser.<br />

J’ai dépassé ma peur des travaux manuels, je<br />

croyais que je ne pouvais rien faire avec les enfants<br />

parce que moi-même je n’avais pas d’idées.<br />

Je veux continuer pour permettre à ces enfants de<br />

s’orienter vers un avenir plus beau, pour respecter<br />

l’enfant dans sa personnalité.


Diocèse de Laghouat-Ghardaïa<br />

Du 19 au 22 avril, une soixantaine de membres du diocèse du Sud se sont<br />

retrouvés à Ghardaïa. Joie des retrouvailles et réflexion pour discerner les<br />

nouvelles pistes de <strong>la</strong> mission étaient au menu de ces journées. Écho d’une<br />

participante venue de France pour l’occasion.<br />

Assemblée diocésaine 2012<br />

Il y a 3 ans, de passage à l’Assekrem puis<br />

Tamanrasset, j’ai découvert ce beau livre de Mgr<br />

C<strong>la</strong>ude Rault Désert ma cathédrale. Un diocèse hors<br />

norme, ancré en ce vaste désert saharien… Je ne<br />

pensais pas qu’un jour je serais à Ghardaïa parmi<br />

vous pour vivre cette Assemblée diocésaine.<br />

Trois jours, c’est bien peu pour découvrir une telle réalité<br />

et s’en imprégner, mais l’intensité et <strong>la</strong> qualité de ces<br />

journées ne peuvent <strong>la</strong>isser indemne.<br />

Le premier soir, alors que nous étions réunis pour<br />

prier se fit entendre le muezzin : instants que j’ai vécus<br />

avec beaucoup d’intensité, me reliant à tous ces frères<br />

musulmans rassemblés eux aussi pour <strong>la</strong> prière. Votre<br />

présence sur cette terre d’is<strong>la</strong>m prenait davantage sens ;<br />

au fil de ces jours j’al<strong>la</strong>is en découvrir quelques facettes.<br />

Touggourt, Timimoun, Béni-Abbès, des noms que j’avais<br />

pu voir sur <strong>la</strong> carte et qui soudain prenaient visage, mais<br />

quelle diversité d’âges, de cultures, d’histoires qui se<br />

tissent et se détissent au fil du temps, en s’inscrivant<br />

dans le passé, mais qui supposent adaptation pour<br />

accueillir <strong>la</strong> nouveauté, les mutations. Dép<strong>la</strong>cements<br />

permanents auxquels vous êtes appelés pour aller sur<br />

le terrain de l’autre.<br />

Ce qui m’est apparu comme fondateur de votre<br />

rencontre, c’est tout ce travail fait en amont sur<br />

l’Exode et qui s’est poursuivi le premier jour, donnant<br />

consistance à ces journées, les colorant aussi, nous<br />

invitant au détour tout comme Moïse. Se <strong>la</strong>isser habiter<br />

par <strong>la</strong> parole de Dieu, prier et célébrer sont le ferment de<br />

votre communion et essentiels pour vivre votre mission<br />

au quotidien.<br />

Votre réflexion menée avec lucidité en s’atte<strong>la</strong>nt aux<br />

vraies questions, qu’il s’agisse des effets de <strong>la</strong> mondialisation,<br />

de <strong>la</strong> présence des migrants subsahariens, du développement<br />

des Églises évangéliques, de <strong>la</strong> question<br />

de <strong>la</strong> transmission, de votre renouvellement (pour n’en<br />

citer que quelques-unes) est significative. Votre avenir<br />

peut paraître incertain comme le soulignait Mgr Rault,<br />

mais vous avez des ressources. Votre enracinement et<br />

votre présence gratuite au cœur de ce peuple, les priorités<br />

données, votre audace, cette foi en l’homme et en<br />

Dieu sont source d’Espérance et contribuent à ouvrir<br />

des chemins nouveaux.<br />

Bon vent à chacune et chacun de vous malgré les grains<br />

de sable… et un immense merci pour votre accueil et<br />

votre fraternité.<br />

Brigitte Lorrain<br />

S’il vous p<strong>la</strong>it… dessine-moi ton Église : projet<br />

diocésain au Sahara algérien<br />

É<strong>la</strong>boré depuis quelques années, fondé sur l’expérience<br />

de ses membres, ce projet nous dit comment l’Église de<br />

Laghouat-Ghardaïa, dispersée, ultraminoritaire, vit son<br />

témoignage évangélique et sa vocation de proximité<br />

avec le monde musulman dans un souci de fraternité et<br />

de communion universelle. Il s’articule autour de trois<br />

grands axes : celui de <strong>la</strong> Caritas (exercice de <strong>la</strong> Charité) :<br />

œuvre du Père ; celui de <strong>la</strong> Culture (signe de notre incarnation)<br />

: œuvre du Fils ; celui de <strong>la</strong> Contemp<strong>la</strong>tion : œuvre<br />

de l’Esprit, les trois reliés ensemble par un « C » plus<br />

vaste qui les enveloppe : <strong>la</strong> Communion. Petite brochure<br />

de 32 pages, facile<br />

à lire, bien illustrée,<br />

elle vous fera mieux<br />

connaître <strong>la</strong> vie<br />

du diocèse de Laghouat-Ghardaïa.<br />

actualité des diocèses<br />

pax concordia


des livres à lire<br />

Luc fait comprendre aux chrétiens de son temps qu’ils sont les maillons<br />

d’une chaîne humaine, belle, digne, intellectuellement respectable - en<br />

un mot admirable. Son texte vient du fond des âges, mais l’horizon qu’il<br />

dessine dit notre futur.<br />

Ces mots tirés de l’introduction suffiraient à dire l’intérêt de ce livre<br />

pour relire en Algérie les Actes des apôtres. En vérité, cet ouvrage de taille<br />

modeste aborde beaucoup de questions : après trois chapitres d’ordre plutôt<br />

théologique, il évoque le rapport aux autres religions (ch. 5) et aux questions<br />

d’argent (ch. 6).<br />

Le chapitre 4 m’a particulièrement intéressé, en cette année où le cinquantenaire<br />

de l’indépendance algérienne nous fait réfléchir sur notre rapport à l’histoire.<br />

Dans <strong>la</strong> reconstitution par Luc des origines du christianisme, Daniel Marguerat<br />

rend compte de l’écart entre le livre des Actes et les lettres de Paul concernant<br />

<strong>la</strong> figure de l’Apôtre. Luc sauvegarde <strong>la</strong> mémoire qu’ont ses contemporains<br />

des actes héroïques de Paul, à une époque où les lettres de ce dernier n’ont<br />

pas encore été rassemblées et sont ignorées de <strong>la</strong> plupart, y compris peut-être<br />

de Luc lui-même. L’auteur nous éc<strong>la</strong>ire sur les choix de Luc dans sa lecture de<br />

l’Histoire : Décidé à faire de Paul l’emblème du christianisme pour l’avenir (p. 54),<br />

Luc retient ce qui lui paraît porteur, s’abstenant de développer ce qui lui semble<br />

moins pertinent pour ses contemporains. Parfois, il complète ce que les lettres ne<br />

disent pas ; il arrive qu’il pacifie ce qui fut une âpre lutte, qu’il simplifie ou taise ce<br />

qui n’est plus d’actualité (p. 59).<br />

Écrit d’une plume alerte, ce petit livre est riche et dynamisant.<br />

Michel Guil<strong>la</strong>ud<br />

Un admirable<br />

christianisme<br />

Relire les Actes des apôtres<br />

Daniel Marguerat<br />

Éditions du Moulin (Suisse), 2008<br />

93 pages<br />

L’ouvrage de Bachir Hadjadj présenté dans le n°7 (p. 28) est disponible en Algérie sous les<br />

références suivantes : Bachir Hadjadj, Le serment à l’aïeul [Les voleurs de rêves] - Cent cinquante<br />

ans d’histoire d’une famille algérienne, préface de Jean Lacouture, Hibr Editions, Alger, 2009.<br />

Michel Cuypers, qui a animé une session d’is<strong>la</strong>mologie à Alger en 2007, vient de publier La<br />

Composition du Coran. Nazm al-Qur’ân, Rhétorique Sémitique, éd. Gabalda, Paris, 2012.<br />

Petit livre, apparemment vite lu, fait de mots très simples, de<br />

phrases très courtes, de chapitres très brefs. On aimerait le voir<br />

entre les mains de beaucoup de ceux qui s’éloignent déçus du<br />

christianisme, ou qui campent allègrement dans l’indifférence<br />

religieuse avec au moins encore un brin d’ouverture pour un Dieu<br />

qui puisse intéresser l’homme d’aujourd’hui, malgré tant de déconvenues.<br />

Trois parties, qu’on peut découvrir comme trinitaires : une dé-construction<br />

très radicale du « Bon Dieu » d’hier, nous ne pouvons plus adhérer au Dieu<br />

créateur, au Dieu tout-puissant, au Dieu « absolu » (et comme tel, meurtrier<br />

de l’homme), au Dieu qui voudrait « s’imposer à nous » … Puis, dans ce quasi<br />

désert de sens, une re-découverte de Dieu à partir de l’homme et de l’humanité<br />

de Jésus totalement pris au sérieux, selon le choix d’une christologie d‘ « enbas<br />

» que l’on devine articulée sur celle de Joseph Moingt, ce qui nous vaut de<br />

très belles pages, par exemple sur les paraboles de <strong>la</strong> perle ou du samaritain.<br />

Et enfin <strong>la</strong> confiance dans l’Esprit-Saint, qui ne peut engendrer qu’un Dieu<br />

qui soit l’amour, un Dieu « digne de l’homme », une représentation de Dieu<br />

n’étant juste que si « elle sert <strong>la</strong> vie de l’homme ». Nous avons peut-être là <strong>la</strong><br />

principale intuition du livre, comme si en quelque sorte l’homme était… <strong>la</strong><br />

mesure de Dieu.<br />

Lisez aussi ce petit chef d’œuvre avec un petit groupe, je l’ai expérimenté sur<br />

les chemins de Compostelle (à une dizaine) et ça marchait, ça faisait marcher.<br />

Dominique Motte<br />

Dieu n’est pas ce<br />

que vous croyez<br />

Jean-Marie Ploux<br />

Bayard, 2004<br />

140 pages


Dans <strong>la</strong> préface, Redha Malek écrit : « Lorsqu’on prend au mot<br />

les idéaux de notre jeunesse, ils deviennent fatalement <strong>la</strong><br />

pierre de touche de notre manière de penser et d’agir ». Ces<br />

idéaux furent le christianisme social pour Pierre, les valeurs<br />

républicaines et <strong>la</strong>ïques pour C<strong>la</strong>udine.<br />

Leur itinéraire familial couvre le XX e siècle et, à travers ce parcours en<br />

Algérie, retrace toute leur vie. C’est aussi, avec <strong>la</strong> guerre d’Algérie, <strong>la</strong> lutte<br />

des peuples en marche vers <strong>la</strong> décolonisation.<br />

Un index de près de mille noms fait défiler <strong>la</strong> longue chaine de grandes<br />

amitiés et de plus modestes qui ont accompagné leur route, de l’engagement<br />

social à l’engagement politique.<br />

Moments d’histoire de l’Algérie, tragiques comme l’amitié et <strong>la</strong> mort d’Abane<br />

Ramdane, et moments d’histoire familiale, rendent ce travail en cinq livres<br />

indispensable pour tous ceux que questionne l’Algérie. En effet, jeunes<br />

étudiants, Pierre et C<strong>la</strong>udine surent reconnaître et écouter les étudiants<br />

algériens. Ils complètent cette histoire avec des « textes à l’appui » comme<br />

« travail de réparation, de justice, de reconstruction sociale, de prévention<br />

des récidives » et en dix-sept pages apportent un éc<strong>la</strong>irage à une « histoire<br />

de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion coloniale depuis 1943 ».<br />

Merci pour ce livre qui se lit comme un roman et nous entraîne dans l’histoire<br />

de <strong>la</strong> famille Chaulet. Mais, de ces grands témoins du XX e siècle, témoins de<br />

<strong>la</strong> décolonisation, de <strong>la</strong> lutte pour l’indépendance de l’Algérie, ne pouvonsnous<br />

pas attendre d’autres témoignages qui vérifieraient leur « conclusion<br />

en forme de bi<strong>la</strong>n provisoire » <br />

Jean Gernigon<br />

Le choix de l’Algérie<br />

Deux voix, une mémoire<br />

Pierre & C<strong>la</strong>udine<br />

Chaulet<br />

Barzakh, 2012<br />

502 pages<br />

des livres à lire<br />

Khaled al Khamissi, l’auteur de Taxi, rapporte de multiples<br />

conversations avec les chauffeurs de taxi du Caire dans les années<br />

2005-2006. Elles expriment le « ras-le-bol » du peuple cairote qui vit<br />

vraiment au jour le jour.<br />

Les difficultés quotidiennes, <strong>la</strong> corruption à tous les échelons,<br />

l’omniprésence et <strong>la</strong> brutalité des services de sécurité, le blocage du système<br />

politique, les humiliations … tous les ingrédients sont là, en effet, pour<br />

l’explosion de janvier 2011.<br />

Mais ce qui rend ce livre si attachant, outre son réalisme, son impertinence, son<br />

humour, c’est aussi sa profonde humanité. Chacun de ces chauffeurs de taxi,<br />

en effet, nous touche par son humaine authenticité. « Pourquoi s’entêtent-ils<br />

à nous prendre tous pour des retardés mentaux » dit l’un d’eux. Comment<br />

oublier celui qui avait « autant de rides sur le visage que d’étoiles dans le<br />

ciel. Chacune poussait l’autre tendrement créant un visage typiquement<br />

égyptien » Et celui-ci : « Même <strong>la</strong> fourmi noire sur un rocher noir reçoit sa part<br />

de bonté divine ». Une autre figure de sage : celui qui partage sa journée entre<br />

le taxi, sa femme et ses enfants et <strong>la</strong> pêche dans le Nil. Ce moment le calme<br />

de toutes ses angoisses : « J’ai peur pour mes enfants, peur du futur, peur du<br />

monde entier ». Mais « à <strong>la</strong> surface du Nil, je lis les paroles de Dieu. Après quatre<br />

heures comme ça je me sens léger ». Il y a enfin cet ange noir avec des ailes<br />

noires venant du Sud noir. Il a fait de sa maison un « nid » où il a installé oiseaux<br />

et poissons… « Chez moi, je suis hors de l’espace et du temps. Je sens que je<br />

suis dans un paradis bien loin de l’enfer du Caire. »<br />

Chantal Laurette<br />

Taxi<br />

Titre original : hawâdît almachâwir<br />

Khaled al Khamissi<br />

Actes Sud, 2007<br />

Éd. originale : Dâr el Shourouq, 2009<br />

Traduit de l’arabe (Égypte) : Hussein<br />

Amera et Moïna Fauchier De<strong>la</strong>vigne<br />

pax concordia


trois mois en bref<br />

© www.nordec<strong>la</strong>ir.fr<br />

L’Algérie au fil des jours<br />

L’Adieu à un monument de l’histoire.<br />

Premier Président de l’Algérie indépendante, Ben Bel<strong>la</strong><br />

s’est éteint le 11 avril à l’âge de 96 ans. Responsable<br />

politique controversé, il a eu à mener les destinées de<br />

l’Algérie dans une période de trouble (1963-1965) avant<br />

d’être déposé par le colonel Houari Boumédiène le 19 juin<br />

1965. Après avoir passé près de 17 ans en détention, il a<br />

été libéré par le président Chadli en 1981 avant de fonder,<br />

à l’étranger, un parti politique, le MDA (Mouvement pour<br />

<strong>la</strong> démocratie en Algérie).<br />

Le président Bouteflika a<br />

décrété un deuil national de<br />

8 jours. El Watan, 12.04.2012.<br />

L’hommage du Maghreb<br />

(Maroc, Tunisie, République<br />

sahraouie et Mauritanie) à<br />

Ahmed Ben Bel<strong>la</strong>. Il a été<br />

inhumé à El Alia au carré des<br />

Martyrs.<br />

Ahmed Ben Bel<strong>la</strong> El Watan, 14.04.2012.<br />

Les légis<strong>la</strong>tives du 10 mai n’ont pas chamboulé le<br />

rapport de forces politique. Bond du FLN (220 sièges),<br />

recul du RND (68 sièges), les 2 partis au pouvoir, déroute<br />

des is<strong>la</strong>mistes (48 sièges) sur 462 sièges de <strong>la</strong> Chambre<br />

basse du Parlement à pourvoir. Nombre de députées<br />

femmes : 145, soit 31%. Votants : 42.9%, dont une forte<br />

proportion de personnes âgées, des plus de 50 ans.<br />

L’is<strong>la</strong>misme triomphant au Maroc, arrogant en Tunisie<br />

et agressif en Égypte, est anesthésié en Algérie. Mounir<br />

B. dans Liberté, 11-12.05.20012. Quot. Oran, 12.04.2012.<br />

Le statut quo. Les partis au pouvoir reconduits. Ce<br />

changement n’est, certes, pas compatible avec<br />

l’is<strong>la</strong>misme, mais il ne l’est surtout pas avec l’alternance<br />

démocratique. Sur ce p<strong>la</strong>n-là, le statu quo est total. Ali<br />

Benyahiadans. El Watan, 12.04.2012.<br />

La maison chaouie de Ghoufi. Protection et<br />

réhabilitation du patrimoine architectural berbère. La<br />

symbiose entre un site difficilement domptable et une<br />

pratique ancestrale berbère millénaire a fait que le mode<br />

d’habitat dans <strong>la</strong> « dechra aurassienne » a été une parfaite<br />

harmonie entre l’homme et son milieu de vie, dégageant<br />

une organisation spatiale qui est l’un des derniers<br />

témoignages de l’entente que l’homme a pu établir avec<br />

<strong>la</strong> nature et son espace de vie. Liberté, 29.04.2012<br />

Maisons chaouies de Ghoufi<br />

Alger. Des jeunes filles avec des livres… dans le<br />

métro ! « Si à Alger vous cherchez un coin propre, calme<br />

et serein pour souffler et discuter, allez dans le métro »,<br />

propos d’une sœur parmi les « gens du livre »… Le métro,<br />

parce qu’il fonctionne<br />

et qu’on y redevient ce<br />

que nous sommes, des<br />

humains capables de<br />

convivialité, souriant à<br />

l’émerveillement des<br />

enfants, est un révé<strong>la</strong>teur<br />

du désordre urbain sans<br />

nom dans lequel nous<br />

baignons.<br />

© club.ados.fr<br />

Quot. Oran, 29.04.2012<br />

Sétif. Un bol d’air pour les enfants autistes. Une sortie<br />

au parc d’attractions. Sortie réalisée par une équipe<br />

d’orthophonistes, psychologues et jeunes médecins<br />

pédiatres. Samira Khaled, orthophoniste, souligne : « À<br />

travers une telle action, faire comprendre l’autisme et<br />

tordre le cou aux idées reçues sur <strong>la</strong> pathologie, démonter<br />

en outre qu’il est possible de compenser le handicap et<br />

de vivre en société dans <strong>la</strong> plupart des cas… »<br />

El Watan, 09.04.2012<br />

Biskra. Des enfants handicapés découvrent <strong>la</strong> reine<br />

des Ziban. La DASS de Biskra vient d’accueillir plus de 300<br />

enfants du Nord du pays pour 10 jours. Ces enfants, issus<br />

de familles démunies, de 8 à 16 ans, ont sillonné <strong>la</strong> wi<strong>la</strong>ya<br />

pour en découvrir les richesses artisanales, architecturales,<br />

culinaires et touristiques, sous <strong>la</strong> protection d’une armada<br />

de médecins, d’infirmiers spécialisés et d’éducateurs.<br />

El Watan, 28.03.2012<br />

Brèves g<strong>la</strong>nées par Gérard de Be<strong>la</strong>ir


Couples<br />

Avec l’aide de <strong>la</strong> Communauté du Chemin<br />

Neuf, le diocèse de Constantine<br />

organise au Bon Pasteur une session de<br />

formation pour couples du 4 au 9 juillet.<br />

Les enfants de ces couples pourront<br />

être pris en charge à Skikda pendant <strong>la</strong> même période.<br />

eveche.constant@gmail.com<br />

Sessions d’été<br />

Pax et Concordia n°10 indiquait déjà six sessions<br />

proposées aux étudiants au cours de l’été. À noter que<br />

<strong>la</strong> session « Gestuation des récitatifs bibliques » à Skikda<br />

du 6 au 12 septembre est ouverte à tous. Il s’agit d’un<br />

travail biblique passant par <strong>la</strong> mémorisation des textes,<br />

pour que <strong>la</strong> Parole prenne Corps. La session sera animée<br />

par une équipe rentrant d’un stage de formation pour<br />

« nouveaux transmetteurs ».<br />

Retraites spirituelles<br />

La retraite des prêtres, ouverte à tous, organisée par<br />

le diocèse d’Alger aura lieu du 3 (16h) au 7 septembre<br />

(14h). Elle sera animée par le père Jean Desforges, du<br />

Prado : « 5 jours de retraite, de désert pour se renouveler<br />

et apprendre à se renouveler dans <strong>la</strong> Connaissance de<br />

Jésus Christ ; « de l’or et de l’argent, je n’en ai pas, mais<br />

ce que j’ai je te le donne, au Nom de Jésus de Nazareth,<br />

lève-toi et marche ! » evechealger@yahoo.fr<br />

Le diocèse d’Oran organise une retraite du 3 au 8<br />

septembre au Foco<strong>la</strong>re de Tlemcen avec le père C<strong>la</strong>ude<br />

Tassin, cssp, ayant pour thème « La prière apostolique<br />

selon saint Paul ». Renseignements et inscriptions :<br />

evecheoran@yahoo.fr<br />

Merci d’être attentif à <strong>la</strong> date<br />

d’échéance de votre abonnement<br />

mentionnée sur l’étiquette-adresse<br />

Abonnement à <strong>la</strong> <strong>revue</strong><br />

pour une année (4 numéros)<br />

Version papier :<br />

Je souhaite aussi recevoir <strong>la</strong> version internet<br />

Algérie et Afrique 600 DA<br />

Autres continents 20 € (2000 DA)<br />

Soutien<br />

30 € (3000 DA)<br />

Version internet seule<br />

Algérie et Afrique<br />

Autres continents<br />

Soutien<br />

150 DA<br />

10 € (1000 DA)<br />

30 € (3000 DA)<br />

Prix de revient au numéro : 300 DA<br />

En avant !<br />

que l’on paie en euros ou en dinars, retourner ce bulletin à :<br />

Pax & Concordia, Archevêché d’Alger, 13 rue Khelifa Boukhalfa<br />

DZ - 16000 Alger ALGéRIE<br />

Civilité : _______<br />

On peut aussi demander<br />

le riche programme du<br />

Centre spirituel jésuite de<br />

Ben Smen à Alger :<br />

bensmendz@yahoo.fr<br />

Apprendre l’arabe<br />

Le Centre diocésain des Glycines organise à Alger des<br />

stages de formation à l’arabe c<strong>la</strong>ssique et à l’arabe<br />

dialectal, du 1 er au 12 juillet (40h) et du 16 septembre<br />

au 4 octobre (60h). Possibilité de s’inscrire pour une<br />

semaine seulement (20h). Hébergement possible sur<br />

p<strong>la</strong>ce. Renseignements : Centre de <strong>la</strong>ngues des Glycines<br />

+213 (0) 21 23 94 85 arabec<strong>la</strong>ssdial@yahoo.fr<br />

Session d’is<strong>la</strong>mologie<br />

Le Centre diocésain des Glycines organise une session<br />

d’is<strong>la</strong>mologie du 16 au 19 octobre à Alger.<br />

glycinesced@yahoo.fr<br />

S’il vous p<strong>la</strong>it…dessine-moi ton Église !<br />

Vous pouvez vous procurer le livret du projet du diocèse<br />

du Sahara en vous adressant au secrétariat de l’évêché<br />

de Ghardaïa : BP 62, 47008 GHARDAIA CTR ou<br />

sec.evghardaia@yahoo.fr<br />

Liturgie et Dialogue<br />

« Rencontre et Dialogue dans <strong>la</strong> liturgie dominicale<br />

-Année B- 3 e partie : de <strong>la</strong> Fête-Dieu au Christ-Roi ». Des<br />

pistes pour chaque dimanche de l’année liturgique<br />

proposées par les Pères B<strong>la</strong>ncs. À demander à :<br />

pbprovmaghreb@yahoo.fr<br />

Nom : _______________________<br />

Prénom : _____________________<br />

établissement : ______________________________<br />

Adresse : __________________________________<br />

Complément d’adresse : _______________________________<br />

E-mail : ____________________________________<br />

Code postal : _______ Ville : __________________________<br />

Pays : ________________________<br />

Pour tout autre renseignement, contacter le service des abonnements<br />

à l’adresse : paxetconcordia.abonnements@gmail.com<br />

Paiement par :<br />

Chèque bancaire ou postal en dinars à l’ordre de Association Diocésaine d’Algérie (en toutes lettres)<br />

Chèque bancaire ou postal en euros à l’ordre de AEM (Pax & Concordia)<br />

Virement en euros (hors France) : IBAN : FR 67 2004 1010 0800 2936 7K02 989 - BIC : P S S T F R P P M A R<br />

Espèces<br />

bloc-notes<br />

abonnement


pax et concordia

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!