LES ENCHAÎNÉS - Espace Malraux
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<strong>LES</strong> <strong>ENCHAÎNÉS</strong><br />
Texte Philippe Dorin<br />
Mise en scène Ismaïl Safwan<br />
Compagnie Flash Marionnettes<br />
Mardi 7 et mercredi 8 octobre à 19h30<br />
Jeudi 9 octobre à 10h & 14h30<br />
Vendredi 10 octobre à 10h<br />
THEATRE CHAR<strong>LES</strong> DULLIN<br />
CHAMBERY<br />
Nous vous remercions de préparer vos élèves afin qu’ils puissent<br />
profiter au mieux de la représentation. Vous pouvez entamer la<br />
discussion avec les enfants en posant les questions suivantes :<br />
Combien y-a-t’il de téléviseur dans votre maison Où sont-ils<br />
localisés Combien de temps regardez-vous la télévision par jour <br />
Quand vous regardez la télévision, qui choisit le programme <br />
Comment Qui éteint le téléviseur <br />
Arrive-t-il que vos parents vous interdisent de regarder la télé <br />
Pour quelles raisons <br />
Avez-vous assez de temps pour jouer, lire, écouter de la musique,<br />
vous ennuyer <br />
Lorsque vous n’êtes pas à l’école, quelle est votre activité<br />
préférée Si c’est la télévision que vous préférez, pouvez-vous<br />
expliquer pourquoi <br />
Que pensez-vous de cette phrase d’Albert Cossery mise en<br />
exergue du texte de Philippe Dorin : La télévision est un complot<br />
qui vise à éradiquer l’intelligence de la planète.
Les Enchaînés<br />
Durée : 1h10<br />
Texte de Philippe Dorin édité à l’Ecole des Loisirs<br />
Mise en scène, musique Ismaïl Safwan<br />
Compagnie Flash Marionnettes<br />
Comédiens-marionnettistes (en alternance) :<br />
Philippe Cousin<br />
Vincent Eloy<br />
Stéphanie Gramont<br />
Michel Klein<br />
Corine Linden<br />
Vanessa Rivelaygue<br />
Ismaïl Safwan<br />
Marie Seux<br />
Marionnettes<br />
Michel Klein<br />
Jaime Olivares<br />
Scénographie, lumières<br />
Gerdi Nehlig<br />
Accessoires décor<br />
Jaime Olivares<br />
Costumes<br />
Françoise Dapp-Mahieu (avec la collaboration de Rita Tataï ),<br />
Construction<br />
Castor<br />
Régie (en alternance)<br />
Pascal Mazeau<br />
Mehdi Ameur,<br />
Collaboration artistique<br />
Corine Linden<br />
Coproduction Le TJP Strasbourg / CDN d’Alsace, La Passerelle / centre culturel de Rixheim, Le Palais des<br />
Arts de Vannes, avec le soutien du Conseil Régional d’Alsace, Ville de Strasbourg, Conseil Général du Bas-<br />
Rhin, ADAMI, DMDTS-commande aux auteurs, Centre National du Théâtre-aide nationale à la création<br />
Flash Marionnettes est une compagnie conventionnée avec le Ministère de la Culture - DRAC Alsace
Les EnchaÎnÉs<br />
C’est à nouveau un texte de Philippe Dorin (huit ans après Babel France) et à nouveau un<br />
sujet d’une brûlante actualité : on s’y empoigne méchamment, radicalement,<br />
burlesquement, avec la télévision (celle du « temps de cerveau humain disponible »). Les<br />
Enchaînés se présente sous la forme de courtes scènes qui mettent en situation les<br />
personnages du petit écran, mais aussi ceux qui les regardent, assis devant leur poste. La<br />
trame principale est soutenue par deux métaphores animalières : un singe d’une part,<br />
figure avide du petit écran et un chien d’autre part, compagnon fidèle du téléspectateur,<br />
perméable à tous les commentaires.<br />
Philippe Dorin : Les Enchaînés pose la question du regard entre ceux qui sont à l’intérieur<br />
du petit écran et ceux qui sont à l’extérieur. S’ils s’adressent les uns aux autres, dans le<br />
spectacle jamais ils ne se croisent. La pièce se présente sous la forme d’un face à face<br />
avec le public, qui est tantôt mis dans la position de la caméra à laquelle s’adressent les<br />
personnages de la télévision, tantôt dans celle du poste de télé devant lequel est cloué le<br />
téléspectateur. Les yeux dans les yeux, le public est continuellement pris directement à<br />
témoin. C’est à lui avant tout que s’adressent les personnages de cette histoire.<br />
Extrait du texte :<br />
HIPPOLYTE DANS SON COIN<br />
Hippolyte joue sur le côté, en poussant un caillou du pied. Il s’arrête. Il regarde la scène<br />
vide. Séverine l’interpelle.<br />
SEVERINE : Qu’est-ce que tu fiches dans le coin, toi <br />
HIPPOLYTE : Moi Je regarde.<br />
SEVERINE : Tu peux pas rester à regarder comme ça dans le coin.<br />
HIPPOLYTE : Ah bon <br />
SEVERINE : Non !<br />
HIPPOLYTE : Et pourquoi <br />
SEVERINE : Parce que c’est la télévision ici.<br />
HIPPOLYTE : Et alors <br />
SEVERINE : Et alors, soit tu te mets devant le poste, soit tu te mets dedans.<br />
HIPPOLYTE : Ah ouais <br />
SEVERINE : Ouais ! Tu peux pas rester sur le côté.<br />
HIPPOLYTE : Et pourquoi
SEVERINE : Parce qu’à la télévision, soit tu fais le téléspectateur, soit tu fais le<br />
présentateur.<br />
HIPPOLYTE : Ah bon <br />
SEVERINE : Ouais !<br />
HIPPOLYTE : Ca gène pas bien si je reste dans le coin <br />
SEVERINE : Si !<br />
HIPPOLYTE : Et pourquoi <br />
SEVERINE : Parce qu’à la télévision, on aime bien regarder les gens en face. Si y en a qui<br />
commencent à se mettre dans les coins, ça va plus aller du tout. C’est agaçant, tu<br />
comprends <br />
HIPPOLYTE : Ouais ouais !<br />
SEVERINE : Ouais !<br />
Un temps.<br />
HIPPOLYTE : Mais moi, j’aime bien rester dans les coins.<br />
SEVERINE : Ah bon <br />
HIPPOLYTE : Ouais !<br />
SEVERINE : A quoi ça sert <br />
HIPPOLYTE : A penser.<br />
SEVERINE : Ah ouais <br />
HIPPOLYTE : Ouais ! Je m’asseois sur un banc. Je suis là. Je fume. Je pense à ci, je<br />
pense à ça. Personne me regarde. Je dérange personne. Je prends mon temps. Je casse<br />
les aiguilles de la montre.<br />
SEVERINE : Et bien ici, c’est pas possible.<br />
HIPPOLYTE : Ah bon <br />
SEVERINE : Non !<br />
HIPPOLYTE : Et pourquoi <br />
SEVERINE : Parce que, ici, y a pas à penser. Soit t’es dans le poste et tu causes, sois t’es<br />
devant et tu écoutes.<br />
HIPPOLYTE : Ah ouais <br />
SEVERINE : Ouais ! C’est pas plus compliqué.<br />
HIPPOLYTE : …<br />
SEVERINE : Alors <br />
HIPPOLYTE : Alors quoi <br />
SEVERINE : Qu’est-ce que tu choisis <br />
HIPPOLYTE : Choisir quoi <br />
SEVERINE : Tu vas dedans ou tu restes devant <br />
HIPPOLYTE : Dedans devant quoi
SEVERINE : La télévision ! Mais il est bouché celui-là. Tu vas dans le poste ou tu te mets<br />
devant <br />
HIPPOLYTE : J’en sais rien.<br />
SEVERINE : Dépêche-toi, parce que la minute coûte cher, ici.<br />
HIPPOLYTE : Faut que je réfléchisse.<br />
SEVERINE : Alors dégage !<br />
HIPPOLYTE : En fait, ce que j’aimerais, c’est avoir un copain.<br />
SEVERINE : Pour quoi faire <br />
HIPPOLYTE : Pour jouer !<br />
SEVERINE : Ah ouais <br />
HIPPOLYTE : Ouais ! Faire une bêtise ou deux avec un copain, ça j’aimerais bien.<br />
SEVERINE : Eh bien, des copains, y en a plus.<br />
HIPPOLYTE : Ah bon <br />
SEVERINE : Non ! Ils sont tous devant la télévision, les copains, maintenant.<br />
HIPPOLYTE : Ah ouais <br />
SEVERINE : Ouais, ouais ! Comme ça plus personne ne fait de bêtises, tu comprends <br />
HIPPOLYTE : Ouais, c’est pour ça que la rue est vide, alors <br />
SEVERINE : Eh ouais, tout le monde est bien sagement devant son poste.<br />
HIPPOLYTE : Où <br />
SEVERINE : Là !<br />
Hyppolyte quitte son coin. Il vient au centre de la scène et découvre le public.<br />
HIPPOLYTE : Ah ouais, ils sont tous là les copains. Hou là là, la tête qu’ils font, les<br />
copains ! On dirait du beurre qu’on a oublié sur la table en plein soleil. (A Séverine.) Dites,<br />
je pourrais pas leur proposer de venir jouer avec moi, là dans le coin <br />
SEVERINE : Sûrement pas !<br />
HIPPOLYTE : Deux ou trois bêtises qu’on pourrait faire ensemble ! Ca leur redonnerait<br />
des couleurs.<br />
SEVERINE : C’est pas le moment, là ! Ils regardent un bon film.<br />
HIPPOLYTE : J’ai trouvé une petite pierre, là. On pourrait s’amuser à se la lancer, comme<br />
ça, hop hop !<br />
SEVERINE : Manquerait plus que ça !<br />
HIPPOLYTE : Allez, attrapez, les gars !<br />
Hyppolyte tape dans son caillou en direction du public..<br />
SEVERINE : Non, pas par là, c’est l’écran. Surtout pas !<br />
Fracas de vitre qui se brise.
Philippe Dorin<br />
Philippe Dorin est, de 1980 à 1990, l’auteur de plusieurs textes écrits pour le Théâtre<br />
Jeune Public, Centre Dramatique National d’Alsace, mis en scène par Eric de Dadelsen.<br />
En 1994, il fonde avec Sylvette Fortuny la Compagnie Pour Ainsi Dire. Ensemble, ils<br />
créent trois spectacles : En attendant le Petit Poucet, Dans ma maison de papier j’ai des<br />
poèmes sur le feu et Ils se marièrent et eurent beaucoup.<br />
Depuis 1999, il a d’autres compagnons metteurs en scène : Ismaïl Safwan de Flash<br />
marionnettes pour qui il a écrit Babel France, Michel Froehly et la Cie L’heure du Loup<br />
(Bouge plus ! et Christ sans Hache).<br />
En 2004-2005, il est auteur engagé au Théâtre de l’Est parisien (direction Catherine Anne)<br />
et en 2006, il est invité à la Chartreuse de Villeneuve-lez-Avignon (CNES) pour mener un<br />
travail d’archéologie poétique avec une douzaine de classes.<br />
Ses pièces sont publiées à l’Ecole des loisirs et aux Solitaires intempestifs.<br />
Ismaïl Safwan<br />
Metteur en scène, musicien, directeur artistique de la compagnie Flash Marionnettes.<br />
A partir de 1981, il réalise les mises en scène et les musiques de tous les spectacles de<br />
Flash Marionnettes, parmi lesquels : Babel France de Philippe Dorin sur une idée originale<br />
de Corine Linden (1999), Un Roman de Renart, dont il signe l’adaptation (2001), Les<br />
Pantagruéliques d’après l’œuvre de Rabelais, dont il signe l’adaptation (2002), La<br />
Polyphonie qu’il co-écrit avec Corine Linden (2004), Pinocchio dont il signe l’adaptation<br />
d’après l’œuvre de Collodi (2005).<br />
Il a également mis en scène deux spectacles de la Compagnie de l’Ange d’Or<br />
(Strasbourg) : Village cherche idiot de Michel Rietsch (2001) et Des souris et des hommes<br />
d’après John Steinbeck (2004).
Ce qu’en dit la presse<br />
[…] C’est la pertinence du dispositif scénique, la performance des comédiens, les effets<br />
comiques provoqués par le langage et les situations, le pathétique des marionnettes qui<br />
nous regardent et que nous regardons… Oui, c’est surtout ce face à face troublant, où<br />
nous nous sentons tantôt traités comme un public qui regarde, tantôt comme un spectacle<br />
à regarder, qui finalement nous tient enchaînés à notre tour.<br />
La Marseillaise - octobre 2007<br />
[…] Par un procédé d‘accumulations, de coups donnés, de coups reçus, d’humiliations<br />
répétées, ce spectacle témoigne, à gros traits, du vide d’une certaine forme de télévision.<br />
Le public d’enfants applaudit, rit, gesticule face à ce catalogue de situations formatées<br />
dont il reconnaît le langage et les codes. […] Jamais dans le théâtre jeune public les<br />
méfaits de la télévision n’ont été abordés aussi crûment. Une expérience théâtrale à vivre<br />
en famille !<br />
Figaroscope - décembre 2007<br />
[…] Les Flash Marionnettes frappent un grand coup sur le poste avec leur nouvelle<br />
création, Les Enchaînés. Entre humour et critique virulente, le spectacle dénonce la bêtise<br />
de la télé et l’aliénation qu’elle engendre. Attention, ça décoiffe.<br />
Dernières Nouvelles d’Alsace - janvier 2007<br />
[…] Un regard sans concession sur la télévision. Un vrai combat, mots contre maux, verbe<br />
épuré taillé au scalpel, contre logorrhée aliénante cynique. Ni manifeste, ni morale, Les<br />
Enchaînés prennent le pari jubilatoire d’une parole crue, directe. […] C’est du Guignol<br />
dans sa férocité à dépeindre les travers de notre temps, une farce cruelle et lucide qui fait<br />
le miel des marionnettistes de la compagnie Flash Marionnettes. En un mot, Les<br />
Enchaînés sont une grande cause nationale.<br />
CNDP - janvier 2007