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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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production, et qui sont en général surmontées par les services productifs, s’accroissent dans<br />

une proportion plus rapide, et ne tardent pas à surpasser la satisfaction qui peut résulter de<br />

l’usage qu’on fait du produit. Alors on peut bien créer une chose utile, mais son utilité ne<br />

vaut pas ce qu’elle coûte, et elle ne remplit pas la condition essentielle d’un produit, qui est<br />

d’égaler tout au moins en valeur ses frais de production. Quand on a obtenu d’un territoire<br />

toutes les denrées alimentaires qu’on en peut obtenir, si l’on fait venir de plus loin de<br />

nouvelles denrées alimentaires, leur production peut se trouver tellement dispendieuse que<br />

la chose procurée ne vaille pas ce qu’elle coûte. Si le travail de trente journées d’hommes ne<br />

pouvait les nourrir que pendant vingt jours, il ne serait pas possible de se livrer à une<br />

semblable production ; elle ne favoriserait pas le développement de nouveaux individus, qui<br />

par conséquent ne formeraient pas la demande de nouveaux vêtements, de nouvelles<br />

habitations, etc.<br />

À la vérité, le nombre des consommateurs étant borné par les denrées alimentaires, leurs<br />

autres besoins peuvent se multiplier indéfiniment, et les produits capables de les satisfaire<br />

peuvent se multiplier de même et s’échanger entre eux. Ils peuvent se multiplier également<br />

pour former des accumulations et des capitaux. Toutefois, les besoins devenant de moins en<br />

moins pressants, on conçoit que les consommateurs feraient graduellement moins de<br />

sacrifices pour les satisfaire ; c’est-à-dire qu’il serait de plus en plus difficile de trouver<br />

dans le prix des produits une juste indemnité de leurs frais de production. Toujours est-il<br />

vrai que les produits se vendent d’autant mieux que les nations ont plus de besoins, et<br />

qu’elles peuvent offrir plus d’objets en échange ; c’est-à-dire qu’elles sont plus<br />

généralement civilisées.<br />

Chapitre XVI. Quels avantages résultent de l’activité de<br />

circulation de l’argent et des marchandises.<br />

On entend souvent vanter les avantages d’une active circulation 133 , c’est-à-dire de ventes<br />

rapides et multipliées. Il s’agit de les apprécier à leur juste valeur.<br />

Les valeurs employées dans le cours de la production ne peuvent se réaliser en argent, et<br />

servir à une production nouvelle, que lorsqu’elles sont parvenues à l’état de produit<br />

complet, et vendues au consommateur. Plus tôt un produit est terminé et vendu, plus tôt<br />

aussi cette portion de capital peut être appliquée à un nouvel usage productif. Ce capital,<br />

occupé moins longtemps, coûte moins d’intérêts, il y a économie sur les frais de<br />

production ; Dès lors il est avantageux que les transactions qui ont lieu dans le cours de la<br />

production, se fassent activement.<br />

Suivons, dans l’exemple d’une pièce de toile peinte, les effets de cette activité de<br />

circulation.<br />

Un négociant fait un envoi de marchandises d’Europe au Brésil et en fait venir des<br />

cotons. Il lui convient que ses agents en Amérique fassent promptement ses ventes, ses<br />

achats et ses expéditions. Son coton arrivé, il doit désirer de le vendre promptement à un<br />

négociant français, afin de rentrer plus tôt dans ses avances, et de pouvoir recommencer une<br />

opération nouvelle et également lucrative. Et si le négociant français ne garde pas<br />

133 Ce mot, comme la plupart des termes de l’économie <strong>politique</strong>, est journellement employé, même par des<br />

personnes qui attachent quelque prix à la précision, absolument au hasard : « Plus la circulation est également<br />

répartie, dit un académicien, moins il y a d’indigence dans la nation. » J’en demande pardon à La Harpe : dans<br />

cette phrase, extraite d’un de ses ouvrages, le mot circulation ne signifie rien, et ne peut rien signifier.

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