15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

est très propre à vivifier l’industrie intérieure. Les chinois, qui laissent faire à d’autres<br />

nations tout leur commerce extérieur, n’en font pas moins des profits considérables,<br />

puisqu’ils suffisent, sur un territoire égal à l’Europe en surface, à l’entretien d’un nombre<br />

d’habitants double de ce qu’en contient l’Europe. Un marchand dont la boutique est bien<br />

achalandée, ne fait pas de moins bonnes affaires que le porte-balle qui va offrant la sienne<br />

par le pays 87 . Les jalousies commerciales ne sont guère que des préjugés, des fruits<br />

sauvages qui tomberont quand ils seront parvenus à maturité.<br />

En tout pays, le commerce extérieur qui se fait est peu considérable, comparé au<br />

commerce intérieur. Il suffit, pour s’en convaincre, de remarquer, soit dans un<br />

rassemblement considérable, soit sur les tables mêmes les plus somptueuses, combien la<br />

valeur des choses tirées du dehors qu’on peut apercevoir, est modique, en comparaison de la<br />

valeur des choses qui viennent de l’intérieur, surtout si l’on y comprend, comme on le doit,<br />

la valeur des bâtiments et autres constructions où l’on habite, et qui sont bien un produit de<br />

88<br />

l’intérieur .<br />

Il y a un commerce qu’on appelle de spéculation, et qui consiste à acheter des<br />

marchandises dans un temps pour les revendre au même lieu et intactes, à une époque où<br />

l’on suppose qu’elles se vendront plus cher. Ce commerce lui-même est productif : son<br />

utilité consiste à employer des capitaux, des magasins, des soins de conservation, une<br />

industrie enfin, pour retirer de la circulation une marchandise lorsque sa surabondance<br />

l’avilirait, en ferait tomber le prix au-dessous de ses frais de production, et découragerait<br />

par conséquent sa production, pour la revendre lorsqu’elle deviendra trop rare, et que son<br />

prix étant porté au-dessus de son taux naturel (les frais de production) elle causerait de la<br />

perte à ses consommateurs. Ce commerce tend, comme on voit, à transporter, pour ainsi<br />

dire, l marchandise d’un temps dans un autre, au lieu de la transporter d’un endroit dans un<br />

autre. S’il ne donne point de bénéfice, s’il donne de la perte, c’est une preuve qu’il était<br />

inutile, que la marchandise n’était point trop abondante au moment où on l’achetait, et<br />

qu’elle n’était point trop rare au moment où on l’a revendue. On a aussi appelé les<br />

opérations de ce genre, commerce de réserve, et cette désignation est bonne. Lorsqu’elles<br />

tendent à accaparer toutes les denrées d’une même espèce, pour s’en réserver le monopole<br />

et la revente à des prix exagérés, on nomme cela des accaparements. Ils sont heureusement<br />

d’autant plus difficiles que le pays a plus de commerce, et par conséquent plus de<br />

marchandises de tout genre dans la circulation.<br />

Le commerce de transport proprement dit, celui que Smith appelle ainsi carrying trade,<br />

consiste à acheter des marchandises hors de son pays pour les revendre hors de son pays.<br />

Cette industrie est favorable non seulement au négociant qui l’exerce, mais aux deux<br />

nations chez lesquelles il va l’exercer, par les raisons que j’ai exposées en parlant du<br />

commerce extérieur. Ce commerce convient peu aux nations où les capitaux sont rares, et<br />

qui en manquent pour exercer leur industrie intérieure, celle qui mérite d’être favorisée de<br />

87 On dit à ce sujet : Pourquoi ne joindrions-nous pas à la production agricole et manufacturière la production<br />

commerciale Par la même raison qui fait qu’un fabricant d’étoffes de laine envoie teindre ses étoffes chez un<br />

teinturier, et, s’il a des capitaux et du temps de reste, trouve plus d’avantage à étendre sa fabrique qu’à établir<br />

une teinturerie et à faire les profits du teinturier.<br />

88 L’évaluation exacte en serait impossible à faire, même dans les pays où les calculs de ce genre sont en<br />

grande vénération. Elle serait, du reste, bien superflue ; et en général les évaluations statistiques, qui, fussentelles<br />

exactes, ne sont jamais permanentes, ont en elles-mêmes peu d’utilité. Ce qui est vraiment utile, c’est de<br />

bien connaître les faits généraux, les lois générales, c’est-à-dire la chaîne qui lie les effets aux causes. Cela<br />

seulement peut indiquer la conduite qu’il faut tenir dans chaque situation où l’on se trouve. La statistique ne peut<br />

fournit à l’économie <strong>politique</strong> que des exemples pour faire comprendre des principes qui doivent être démontrés<br />

sans elle, ou pour les confirmer. Elle ne saurait fonder des principes. Ceux-ci -ne peuvent être fondés que sur la<br />

nature des choses. La meilleure statistique ne fait connaître que la quantité des choses.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!