15.01.2015 Views

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

Traité d'économie politique - Institut Coppet

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

végétaux précieux, une terre où d’habiles irrigations ont répandu une eau fécondante,<br />

doivent la majeure partie de leur faculté productive à des travaux, à des constructions qui<br />

sont le fait d’une production antérieure, et qui font partie des capitaux consacrés à la<br />

production actuelle. Il en est de même des défrichements, des bâtiments de ferme, des<br />

clôtures, et de toutes les améliorations répandues sur un fonds de terre. Ces valeurs font<br />

partie d’un capital, quoiqu’il soit désormais impossible de les séparer du fonds sur lequel<br />

elles sont fixées 62 .<br />

Dans le travail des machines par le moyen desquelles l’homme ajoute tant à sa<br />

puissance, une partie du produit obtenu est due à la valeur capitale de la machine, et une<br />

autre partie à l’action des forces de la nature. Qu’on suppose qu’en place des ailes d’un<br />

moulin à vent il y ait une roue à marcher<br />

63<br />

que dix hommes feraient tourner : alors le<br />

produit du moulin pourrait être considéré comme le fruit du service d’un capital, qui serait<br />

la valeur de la machine, et du service des dix hommes qui la feraient tourner ; et si l’on<br />

substitue des ailes à la roue à marcher, il devient évident que le vent, qui est un agent fourni<br />

par la nature, exécute l’ouvrage de dix hommes.<br />

Dans ce cas-ci, l’action d’un agent naturel pourrait être suppléée par une autre force ;<br />

mais, dans beaucoup de cas, cette action ne saurait être suppléée par rien, et n’en est pas<br />

moins réelle. Telle est la force végétative du sol ; telle est la force vitale qui concourt au<br />

développement des animaux dont nous sommes parvenus à nous emparer. Un troupeau de<br />

moutons est le résultat, non seulement des soins du maître et du berger, et des avances<br />

qu’on a faites pour le nourrir, l’abriter, le tondre ; mais il est aussi le résultat de l’action des<br />

viscères et des organes de ces animaux, dont la nature a fait les frais.<br />

C’est ainsi que la nature est presque toujours en communauté de travail avec l’homme et<br />

ses instruments ; et dans cette communauté nous gagnons d’autant plus, que nous<br />

réussissons mieux à épargner notre travail et celui de nos capitaux, qui est nécessairement<br />

coûteux, et que nous parvenons à faire exécuter, au moyen des services gratuits de la nature,<br />

une plus grande part des produits 64 .<br />

Smith s’est donné beaucoup de peine pour expliquer l’abondance des produits dont<br />

jouissent les peuples civilisés, comparée avec la pénurie des nations grossières, et<br />

62 C’est au propriétaire du fonds, c’est au propriétaire du capital, lorsqu’ils sont distincts l’un de l’autre, à<br />

débattre la valeur et l’influence de chacun de ces agents dans la production. Il nous suffit, à nous, de comprendre,<br />

sans être obligés de la mesurer, la part que chacun de ces agents prend à la production des richesses.<br />

63 Une roue en forme de tambour qu’on fait tourner en marchant dans son intérieur.<br />

64 On verra plus tard (livre II, chap. 4) que cette production, qui est le fait de la nature, ajoute aux revenus des<br />

hommes, non seulement une valeur d’utilité, la seule que lui attribuent Smith et Ricardo, mais une valeur<br />

échangeable. En effet, quand un manufacturier, à l’aide d’un procédé qui lui est particulier, parvient à faire pour<br />

15 francs un produit qui, avant l’emploi de ce procédé, coûtait 20 francs de frais de production, il gagne 5 francs<br />

aussi longtemps que son procédé demeure secret et qu’il profite seul du travail gratuit de la nature ; et quand le<br />

procédé devient public et que la concurrence oblige le producteur à baisser le prix de son produit de 20 à 15<br />

francs, ce sont alors les consommateurs du Produit qui font ce en ; car lorsqu’une personne dépense 15 francs là<br />

où elle en dépensait 20, elle jouit d’une valeur de 5 francs qu’elle peut consacrer à tout autre emploi.<br />

M. MacCulloch, dans son Commentaire sur Smith, note 1, prétend que j’ai dit dans ce passage que l’action des<br />

agents naturels ajoute, non seulement à l’utilité des produits, mais à leur valeur échangeable ; tandis que j’ai dit<br />

qu’ils ajoutent aux revenus des hommes, à ceux du consommateur, quand ce n’est pas à ceux du producteur.<br />

Cette doctrine sera plus développée au second livre de cet ouvrage, où j’examine en quoi consiste l’importance<br />

de nos revenus ; mais je me suis vu forcé d’en dire un mot dans ce chapitre, qui s’est trouvé vivement attaqué par<br />

Ricardo, dans la troisième édition de ses Principes d’Économie <strong>politique</strong>, chap. 20. Je n’aurais pas fait ici<br />

l’apologie de ma doctrine si elle avait été attaquée par un homme moins justement célèbre ; car s’il me fallait<br />

défendre les principes établis dans ce livre-ci contre toutes les critiques dont ils ont été l’objet, je serais forcé<br />

d’en doubler le volume. Les raisons que je donne sur chaque point ont paru suffire aux lecteurs qui ont cherché<br />

de bonne foi à s’en pénétrer.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!