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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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cette même utilité ; de même qu’un baromètre n’indique la pesanteur de l’atmosphère<br />

qu’autant qu’il n’est soumis à aucune action autre que celle de la pesanteur de l’atmosphère.<br />

En effet, lorsqu’un homme vend à un autre un produit quelconque, il lui vend l’utilité qui<br />

est dans ce produit ; l’acheteur ne l’achète qu’à cause de son utilité, de l’usage qu’il en peut<br />

faire. Si, par une cause quelconque, l’acheteur est obligé de le payer au-delà de ce que vaut<br />

pour lui cette utilité, il paie une valeur qui n’existe pas, et qui, par conséquent, ne lui est pas<br />

livrée 45 .<br />

C’est ce qui arrive quand l’autorité accorde à une certaine classe de négociants le<br />

privilège exclusif de faire un certain commerce, celui des marchandises de l’Inde, par<br />

exemple ; le prix de ces marchandises en est plus élevé, sans que leur utilité, leur valeur<br />

intrinsèque soit plus grande. Cet excédant de prix est un argent qui passe de la bourse des<br />

consommateurs dans celle des négociants privilégiés, et qui n’enrichit les uns qu’en<br />

appauvrissant inutilement les autres exactement de la même somme.<br />

De même, quand le gouvernement met sur le vin un impôt qui fait vendre 15 sous une<br />

bouteille qui sans cela se serait vendue 10 sous, que fait-il autre chose que faire passer, pour<br />

chaque bouteille, 5 sous de la main des producteurs ou des consommateurs de vin 46 dans<br />

celle du percepteur La marchandise n’est ici qu’un moyen d’atteindre plus ou moins<br />

commodément le contribuable, et sa valeur courante est composée de deux éléments,<br />

savoir : en premier lieu, sa valeur réelle fondée sur son utilité, et ensuite la valeur de l’impôt<br />

que le gouvernement juge à propos de faire payer pour la laisser fabriquer, passer ou<br />

consommer.<br />

Il n’y a donc véritablement production de richesse que là où il y a création ou<br />

augmentation d’utilité.<br />

Sachons comment cette utilité est produite.<br />

Chapitre II. Des différentes sortes d’industries, et comment elles<br />

concourent à la production.<br />

Les objets que la nature ne livre pas tout préparés pour satisfaire nos besoins, peuvent y<br />

être rendus propres par notre industrie.<br />

Lorsqu’elle se borne à les recueillir des mains de la nature, on la nomme industrie<br />

agricole, ou simplement agriculture.<br />

Lorsqu’elle sépare, mélange, façonne les produits de la nature, pour les approprier à nos<br />

besoins, on la nomme industrie manufacturière 47 .<br />

Lorsqu’elle met à notre portée les objets de nos besoins qui n’y seraient pas sans cela, on<br />

la nomme industrie commerciale, ou simplement commerce.<br />

45 Ceci recevra de nouveaux développements. Il nous suffit, quant à présent, de savoir qu’en quelque état que<br />

se trouve la société, plus la liberté de produire et de contracter est entière, et plus les prix courants se rapprochent<br />

de la valeur réelle des choses.<br />

46 Au troisième Livre de cet ouvrage, on verra quelle portion de cet impôt paie le producteur, et quelle portion<br />

le consommateur.<br />

47 Comme on ne peut transformer, mêler, séparer des matières que par des moyens mécaniques ou par des<br />

moyens physico-chimiques, tous les arts manufacturiers Peuvent se ranger en deux classes, les arts mécaniques<br />

et les arts physico-chimiques, suivant que l’un ou l’autre de ces procédés domine dans les préparations.

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