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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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On peut ajouter que les intérêts payés par le trésor, et mis en réserve par la caisse, sont<br />

un appât qui provoque de nouvellessdépenses pour lesquelles on n’ose avoir recours à de<br />

nouveaux emprunts. Les fonds des caisses d’amortissement d’Angleterre et de France ont<br />

été, par diverses lois, détournés de cette manière, de l’emploi auquel ils avaient été destinés,<br />

et la nation a perdu ainsi le fruit du sacrifice supplémentaire qu’on lui avait demandé en<br />

empruntant.<br />

Mais en supposant même que le fonds d’amortissement pût être religieusement respecté,<br />

en supposant des législatures parfaitement indépendantes et capables d’opposer, à toutes les<br />

époques, une résistance inébranlable aux propositions des ministres, une caisse<br />

d’amortissement est une institution qui entraîne des frais, des abus, et qui ne rend<br />

effectivement aucun service quand l’état est bien administré.<br />

Pour un état, comme pour un particulier, il n’y a pas deux moyens de s’affranchir de ses<br />

dettes. Cet unique moyen est d’y consacrer l’excédant de ses revenus sur ses dépenses. Les<br />

dépenses atteignent-elles le revenu La dette n’est pas diminuée, quoi qu’on fasse ; elle est<br />

même augmentée s’il y a un excédant du côté de la dépense. Les revenus excèdent-ils la<br />

dépense Le procédé le plus expéditif et le moins coûteux, est d’employer immédiatement<br />

cet excédant au rachat d’une partie des obligations de l’état. La manœuvre des intérêts<br />

composés n’est qu’un pur charlatanisme. Quand l’état est assez heureux pour avoir cette<br />

année un excédant de vingt millions sur ses recettes, et qu’il rachète en conséquence un<br />

million de ses rentes, n’a-t-il pas ce million à payer de moins l’année prochaine Et si ses<br />

recettes et ses dépenses sont encore dans la même situation, son excédant de l’année<br />

prochaine ne sera-t-il pas de vingt un millions, qui rachèteront un million et cinquante mille<br />

francs N’est-ce pas là tout l’effet qu’on peut attendre de l’intérêt composé <br />

On voit que le point esseniel pour éteindre une dette, c’est, tout bonnement, de réduire<br />

les dépenses et d’y employer les recettes excédantes. Pendant toutes les années de la guerre<br />

que l’Angleterre a fait à la révolution française, et même quelques années après,<br />

l’Angleterre a constamment emprunté des sommes beaucoup plus considérables que celles<br />

qui étaient rachetées par sa caisse d’amortissement. Il aurait mieux valu pour elle qu’elle eût<br />

employé à ses dépenses les impôts additionnels qu’elle avait établis au profit de son<br />

amortissement, et qu’elle eût emprunté de moins le montant de ces charges additionnelles.<br />

C’est maintenant une vérité dont on convient en Angleterre, et sur laquelle on peut appeller<br />

en témoignage deux économistes célèbres de notre époque. Robert Hamilton, à qui nous<br />

devons le meilleur ouvrage qu’on ait fait sur la dette publique, prononce qu’on n’a retiré de<br />

la caisse d’amortissement qu’un avantage fictif et illusoire 487 ; et David Ricardo déclare<br />

qu’elle n’a été caisse d’amortissement que de nom 488 .<br />

On a maintes fois proposé d’affranchir un état de ses dettes par une banqueroute brusque<br />

ou graduelle ; mais une mesure de ce genre, en mettant même à part ce qu’elle peut avoir<br />

d’injuste, ne rémédierait nullement au mal : elle n’aurait d’autre effet que de le transporter<br />

sur d’autres individus. Sans doute on déchargerait les revenus des contribuables de tout<br />

l’impôt qu’on leur fait payer pour acquitter es intérêts de la dette ; mais on diminuerait les<br />

revenus des créanciers de l’état de tout le montant de la même somme. Ce rsultat serait<br />

même plus funeste pour les créanciers, qu’il ne serait favorable aux contribuables ; car<br />

enfin, parmi ces derniers il n’en est aucun à qui l’impôt, quelque exagéré qu’il soit, ravisse<br />

la totalité de son revenu, tandis qu’en supprimant l’intérêt que l’on paie aux rentiers, il en<br />

est eaucoup d’entre eux qu’on laisserait absolument sans ressources.<br />

487 Robert Hamilton : On national Debt, page 238 de la troisième édition anglaise.<br />

488 David Ricardo : On political Economy, page 289 de la troisième édition anglaise.

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