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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Beaucoup de personnes respectables, mais trop peu accoutumées à suivre les faits jusque<br />

dans leurs dernières conséquences, vantent avec enthousiasme la puissance du crédit<br />

public ; des négociants qui ont voué par état une sorte de culte à la fidélité scrupuleuse que<br />

l’on doit mettre à payer ses dettes, ne s’aperçoivent pas que, pour les gouvernements, il est<br />

une vertu plus haute : c’est de n’en pas contracter. Il est impossible aux gouvernements de<br />

ne pas rejeter le fardeau de leurs dettes sur le peuple, et ils doivent toujours craindre que le<br />

peuple ne se lasse de supporter des charges qui ne sont pas accompagnées d’avantages<br />

proportionnés. Si nous, génération présente, avons, du moins par notre silence, consenti à<br />

grever les revenus de nos neveux, nos neveux ne jugeront-ils pas convenable de secouer ce<br />

fardeau, s’ils viennent à s’apercevoir qu’il n’a servi en rien à leur bonheur, ni à leur gloire <br />

L’avenir peut se croire fondé à demander des comptes au résent. Les représentants futurs<br />

d’une nation reprocheront peut-être à leurs prédécesseurs de ne l’avoir pas bien représentée.<br />

Combien d’emprunts ne pourront-ils pas imputer à des votes corrompus, à une fausse<br />

<strong>politique</strong>, un orgueil national mal entendu, à des systèmes surannés Enfin, nos neveux<br />

peuvent se trouver dans des circonstances fâcheuses, et ne prendre conseil que de leurs<br />

embarras et de leur pouvoir.<br />

On a cru prévenir ces extrémités par des caisses d’amortissement. Elles offriraient un<br />

moyen d’éteindre et de rembourser les emprunts non remboursables, si l’on respectait<br />

invariablement l’objet de leur institution. Voici ce qu’il y a de fondamental dans leurs<br />

opérations.<br />

Si l’état emprunte cent millions à cinq pour cent, il faut qu’il se procure toutes les années<br />

une portion du revenu national égale à cinq millions pour acquitter les intérêts de cet<br />

emprunt. Il établit ordinairement un impôt dont le produit s’élève à cette somme chaque<br />

année.<br />

Si l’état porte l’impôt à une somme un peu plus forte, à celle de 5 millions 462400<br />

francs, par exemple ; s’il charge une caisse particulière d’employer les 462400 francs<br />

d’excédant, à racheter chaque année, sur la place, une somme pareille de ses engagements ;<br />

si cette caisse emploie au rachat, non seulement le fonds annuel qui lui est affecté, mais de<br />

plus les arrérages des rentes dont elle a racheté le titre, au bout de cinquante ans elle aura<br />

racheté le principal tout entier de l’emprunt de cent millions.<br />

Telle est l’opération qu’exécute une caisse d’amortissement.<br />

L’effet qui en résulte est dû à la puissance de l’intérêt composé, c’est-à-dire, d’un intérêt<br />

qu’on accumule chaque année pour l’ajouter à son principal, et qui lui-même porte ainsi<br />

intérêt pour toutes les années suivantes.<br />

On voit que, moyennant un sacrifice annuel égal, tout au plus, au dixième de l’intérêt, on<br />

peut, avant cinquante années, racheter une rente de cinq pour cent. Cependant, comme la<br />

vente des contrats de rente est libre, si les possesseurs des contrats ne veulent pas s’en<br />

dessaisir au pair, c’est-à-dire, sur le pied de vingt fois la rente, alors le rachat est un peu plus<br />

long ; mais cette difficulté même est un signe du bon état du crédit. Si au contraire le crédit<br />

chancelle, et que pour la même somme on puisse racheter une plus forte somme de contras,<br />

alors l’amortissement peut avoir lieu à un terme plus rapproché. De façon que plus le crédit<br />

décline, et plus une caisse d’amortissement a de ressources pour le remonter, et que les<br />

ressources qu’elle offre ne s’affaiblissent qu’autant que le crédit public a moins besoin de<br />

son secours.<br />

À l’aide d’une semblable caisse, un gouvernement peut soutenir le prix des effets<br />

publics, et par conséquent emprunter à de meilleures conditions. C’est sans doute ce qui a<br />

fait dire à Smith, que les caisses d’amortissement, qui avaient été imaginées pour la<br />

réduction de la dette, ont été favorables à son accroissement.

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