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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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On a dit en faveur de la dette publique qu’elle offrait aux capitalistes qui ne trouvent<br />

point d’emploi avantageux de leurs fonds, un placement qui les empêche de les envoyer au<br />

dehors. Tant pis. C’est une amorce qui attire les capitaux vers leur destruction, et grève la<br />

nation de l’intérêt que le gouvernement en paie : il vaudrait bien mieux que ce capital eût<br />

été prêté à l’étranger ; il en reviendrait tôt ou tard, et, en attendant, ce serait l’étranger qui<br />

paierait les intérêts.<br />

Des emprunts publics modérés, et dont les capitaux seraient employés par le<br />

gouvernement en établissements utiles, auraient cet avantage d’offrir un emploi à de petits<br />

capitaux situés entre des mains peu industrieuses et qui, sion ne leur ouvrait pas ce facile<br />

placement, languiraient dans des coffres, ou se dépenseraient en détail. C’est peut-être sous<br />

ce seul point de vue que les emprunts publics peuvent produire quelque bien ; mais ce bien<br />

même est un danger, s’il est pour les gouvernements une occasion de dissiper les épargnes<br />

des nations. Car à moins que le principal n’ait été dépensé d’une manière constamment utile<br />

au public, comme en routes, en facilités pour la navigation, etc., il valait mieux pour le<br />

public que ce capital restât enfoui : alors du moins si le public perdait pour un temps l’usage<br />

du fonds, il n’en payait pas les intérêts.<br />

En résumé, il peut être expédient d’emprunter lorsqu’on n’a, comme les gouvernements,<br />

qu’un usufruit à dépenser, et que l’on est forcé de dépenser un capital ; mais qu’on ne<br />

s’imagine pas travailler à la prospérité publique en empruntant. Quiconque emprunte,<br />

particulier ou prince, grève son revenu d’une rente et s’appauvrit de toute la valeur du<br />

principal s’il le consomme ; or, c’est ce que fon presque toujours les nations qui<br />

empruntent.<br />

II. Du crédit public, de ce qui le fonde, de ce qui l’altère.<br />

Le crédit public est la confiance qu’on accorde aux engagements contractés par le<br />

gouvernement. L’état emprunte à des conditions d’autant meilleures que cette confiance est<br />

plus entière ; on peut présumer Dès lors que les contribuables sont d’autant moins chargés<br />

d’impôts, que le gouvernement a plus de crédit. On verra tout à l’heure jusqu’à quel point<br />

cette présomption est justifiée par l’expérience.<br />

Le crédit de tous les gouvernements a été fort peu stable jusque vers la fin du dixhuitième<br />

siècle. Les monarques absolus, ou à peu près bsolus, inspiraient peu de confiance :<br />

leurs recettes et leurs dépenses étant tenues secrètes, le public ne pouvait juger ni la nature<br />

de leurs embarras, ni l’étendue de leurs ressources. Là où la volonté d’un seul fait la loi, les<br />

prêteurs n’ont d’autre gage de la solidité des promesses, que la bonne volonté du prince ou<br />

du ministre en crédit ; l’avénement d’un nouveau prince, ou seulement d’un autre ministre,<br />

peut anéantir les promesses les plus solennelles. Pour suppléer au crédit, on offrait<br />

différentes amorces aux prêteurs : tantôt c’était l’appât des gros intérêts des rentes viagères<br />

et des tontines, tantôt celui des annuités, des primes, des lots ajoutés à l’intérêt stipulé. En<br />

Angleterre même, au milieu des brillantes victoires de Marlborough, les billets de<br />

l’échiquier perdaient jusqu’à quarante pour cent 481 . La reine Anne emprunta neuf millions<br />

sterling, auxquels on attacha des lots qui ne montèrent pas à moins de 2723918 livres<br />

sterling, indépendamment des intérêts 482 . Le crédit de l’Angleterre d’abord, et de plusieurs<br />

autres états, s’est affermi depuis ; ce qu’il faut attribuer principalement à l’exactitude<br />

scrupuleuse avec laquelle ils ont acquitté les intérêts de leur dette.<br />

481 Steuart, Économie <strong>politique</strong>, tome II, page 384 de l’édition française.<br />

482 Robert Hamilton, On the national Debt, troisième édition, page 73 de l’édition anglaise.

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