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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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prévaut, et surtout s’il se propage, s’étend et se consolide, il est à craindre qu’il ne replonge<br />

dans la barbarie les nations dont l’industrie nous étonne le plus ; il est à craindre que ces<br />

nations ne deviennent de vastes galères, où l’on verrait peu à peu la classe indigente, c’està-dire<br />

le plus grand nombre, tourner avec envie ses regards vers la condition du sauvage…<br />

du sauvage qui n’est pas bien pourvu à la vérité, ni lui ni sa famille, mais qui du moins n’est<br />

pas tenu de subvenir, par des efforts perpétuels, à d’énormes consommations publiques,<br />

dont le public ne profite pas, ou qui tournent même à son détriment.<br />

Chapitre XI. De la dette publique.<br />

I. Des emprunts des gouvernements, et de leurs effets généraux.<br />

Il y a cette grande différence entre les particuliers qui empruntent et les gouvernements<br />

qui empruntent, que le plus souvent les premiers cherchent à se procurer des fonds pour les<br />

faire valoir, pour les employer d’une manière productive ; tandis que les seconds<br />

n’empruntent ordinairement que pour dissiper sans retour le fonds qu’on leur a prêté. C’est<br />

afin de pourvoir à des besoins imprévus, et de repousser des périls imminens, qu’on fait des<br />

emprunts publics ; on accomplit, ou bien l’on n’accomplit pas son dessein ; mais, dans tous<br />

les cas, la somme empruntée est une valeur consommée et perdue, et le revenu public se<br />

trouve grevé des intérêts de ce capital.<br />

Melon dit que les dettes d’un état sont des dettes de la main droite à la main gauche, dont<br />

le corps ne se trouve pas affaibli. Il se trompe : l’état se trouve affaibli en ce que le capital<br />

prêté au gouvernement, ayant été détruit par la consommation que le gouvernement en a<br />

faite, ne donnera plus à personne le profit, ou, si l’on veut, l’intérêt qu’il pouvait rapporter<br />

en sa qualité de fonds productif. Avec quoi l’état paie-t-il donc l’intérêt de sa dette Avec<br />

la portion d’un autre revenu qu’il transporte d’un contribuable au rentier.<br />

Deux fonds productifs, deux revenus résultant de ces fonds, existaient avant l’emprunt ;<br />

savoir, le capital du prêteur, et le fonds quelconque d’où le contribuable tirait la portion du<br />

revenu qu’on va lui demander. Après l’emprunt, de ces deux fonds il ne reste qu’un, celui<br />

du contribuable, dont il ne peut plus employer le revenu à son usage, puisque le<br />

gouvernement est obligé de le lui demander sous la forme d’un impôt pour satisfaire le<br />

rentier. Le rentier n’y perd aucune portion de revenu, c’est le contribuable qui la perd.<br />

Bien des gens, parce qu’ils ne voient point de perte de numéraire à la suite des emprunts<br />

publics, n’y voient point de perte de valeur, et s’imaginent qu’il en résulte seulement un<br />

déplacement de richesse. Afin de rendre leur erreur encore plus sensible, je place ici un<br />

tableau qui montre synoptiquement ce que devient le fonds prêté, et d’où vient la rente<br />

payée dans les emprunts publics.<br />

Fonds général d’où<br />

sortent tous les revenus<br />

d’une nation. Il se<br />

compose de l’évaluation<br />

en principal de tous les<br />

agents naturels (terres,<br />

cours d’eau, etc.), de<br />

tous les capitaux, de<br />

toutes les facultés<br />

industrielles de cette<br />

nation; il est censé<br />

divisé ici pu portions de<br />

1000 francs chacune,<br />

donnant 50 francs de<br />

La marche des valeurs dans les emprunts publics<br />

FONDS DE<br />

MILLE FRANCS.<br />

FONDS DE<br />

MILLE FRANCS.<br />

Duquel sort par<br />

supposition un revenu<br />

de<br />

Cette portion du fonds<br />

général, de laquelle<br />

pouvait sortir un<br />

revenu de 50 francs, est<br />

censée prêtée par son<br />

propriétaire au<br />

gouvernement qui la<br />

consomme<br />

improductivement; elle<br />

Revenus : 50<br />

francs<br />

50 francs<br />

Cette portion de revenu<br />

est censée reçue et<br />

consommée propriétaire<br />

du fonds qui l’a<br />

produite.<br />

Cette portion de revenu<br />

est payée au rentier cidevant<br />

possesseur du<br />

fonds de mille francs<br />

qui a été prêté au<br />

gouvernement, fonds<br />

qui, ayant été<br />

consommé par le<br />

gouvernement, ne<br />

Ces trois portions<br />

du fonds général<br />

desquelles il<br />

sortait avant<br />

l’opération de<br />

l’emprunt, un<br />

revenu total de<br />

150 francs, ne<br />

produisent plus<br />

qu’un revenu total<br />

de 100 francs, par<br />

la raison qu’une<br />

des portions du<br />

fonds général,

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