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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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Un propriétaire, par ses soins, son économie, son intelligence, augmente son revenu<br />

annuel de cinq mille francs. Si l’état lui demande un cinquième de cette augmentation de<br />

revenu, ne lui reste-t-il pas quatre mille francs d’augmentation pour lui servir<br />

d’encouragement <br />

On peut prévoir telles circonstances où la fixité de l’impôt, ne se proportionnant pas aux<br />

facultés des contribuables et aux circonstances du sol, produirait autant de mal qu’il a fait<br />

de bien dans d’autres cas : il forcerait à abandonner la culture des terrains qui, soit par une<br />

cause, soit par une autre, ne pourraient plus fournir le même revenu. On en a vu l’exemple<br />

en Toscane. On y fit, en 1496, un recensement ou cadastre, dans lequel on évalua peu les<br />

plaines et les vallons, où les inondations fréquentes et les ravages des torrens ne<br />

permettaient aucune culture profitable ; les coteaux, qui étaient seuls cultivés, y furent<br />

évalués fort haut : des alluvions ont eu lieu ; les inondations, les torrens ont été contenus, et<br />

les plaines fertilisées ; leurs produits, peu chargés d’impôts, ont pu être donnés à meilleur<br />

marché que ceux des coteaux ; ceux-ci, ne pouvant soutenir la concurrence, parce que<br />

l’impôt y est resté le même, sont devenus presque incultes et déserts 472 . Si l’impôt s’était<br />

prêté aux circonstances des deux terrains, ils auraient continué à être cultivés l’un et l’autre.<br />

Si je me suis un peu étendu sur quelques impôts en particulier, c’est parce qu’ils se lient<br />

à des principes généraux. Ces principes ne sont point fondés sur de vaines théories, mais sur<br />

l’observation et la nature des choses. C’est faute de les comprendre qu’on commet<br />

d’importantes erreurs dans la pratique, comme l’assemblée constituante qui porta beaucoup<br />

trop loin les contributions directes, et surtout la contribution foncière, en vertu de ce<br />

principe des économistes dont elle eut les oreilles rebattues, que toute richesse venant de la<br />

terre, tous les impôts retombaient sur elle avec d’autant plus de surcharge, que les cascades<br />

étaient plus multipliés.<br />

Dans l’état présent de l’économie <strong>politique</strong>, la théorie fondamentale de l’impôt doit au<br />

contraire, ce me semble, être exprimée ainsi : l’impôt est une valeur fournie par la société,<br />

et qui ne lui est pas restituée par la consommation qu’on en fait.<br />

Il coûte à la société non seulement les valeurs qu’il fait entrer dans le trésor, mais les<br />

frais de perception et les services personnels qu’il exige, ainsi que la valeur des produits<br />

dont il empêche la création.<br />

Le sacrifice, volontaire ou foocé, résultant de l’impôt, affecte le contribuable en sa<br />

qualité de producteur, lorsqu’il altère ses profits, c’est-à-dire ses revenus ; et il l’affecte en<br />

sa qualité de consommateur, lorsqu’il augmente ses dépenses en renchérissant les produits.<br />

Dans le plus grand nombre des cas, le contribuable est affecté par l’impôt, en ses deux<br />

qualités à la fois de producteur et de consommateur ; et lorsqu’il ne peut suffire avec son<br />

revenu, à payer, tout à la fois, sa propre consommation et les charges de l’état, il entame ses<br />

capitaux. Quand les valeurs capitales, ainsi entamées par les uns, ne sont pas balancées au<br />

moyen des valeurs épargnées par les autres, la richesse sociale va en déclinant 473 .<br />

Celui qui paie au collecteur le montant de l’impôt n’est pas toujours le vrai contribuable,<br />

du moins pour la totalité de la valeur payée. Souvent il ne fait qu’avancer, sinon en totalité,<br />

au moins pour une partie, l’impôt qui lui est alors remboursé par d’autres classes de la<br />

société d’une manière très compliquée, et souvent à la suite de plusieurs opérations ;<br />

tellement que bien des gens paient des portions de contributions au moment qu’ils s’en<br />

doutent le moins, soit par les prix auxquels ils achètent les denrées, soit par les pertes qu’ils<br />

éprouvent sans pouvoir en assigner les causes.<br />

472 Forbonnais, Principes et Observations, etc., t. II, page 247.<br />

473 Voyez, à la suite de cet ouvrage, l’Épitomé, aux mots Revenus et Richesses.

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