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Traité d'économie politique - Institut Coppet

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élève pas le prix total de tout le montant de l’impôt. Il faudrait pour cela que la demande<br />

totale restât la même ; ce qui est impossible. L’impôt, dans ce cas, porte donc en partie sur<br />

ceux des consommateurs qui persistent à consommer, malgré le renchérissement ; et en<br />

partie sur les producteurs, qui ont fait une moins grande quantité du produit, et qui, l’impôt<br />

déduit, se trouvent l’avoir donné à plus bas prix, en raison d’une demande moins vive. Le<br />

trésor public profite de ce que le consommateur paie de plus, et du sacrifice que le<br />

producteur est obligé de faire d’une partie de ses profits. C’est l’effort de la poudre qui agit<br />

à la fois sur le boulet qu’elle chasse, et sur le canon qu’elle fait reculer.<br />

Quand on met un droit sur les draps comme objet de consommation, la consommation<br />

des laines diminue, et l’agriculteur qui élève les moutons, en voit son revenu affecté. Il peut<br />

se livrer à un autre genre de culture, dira-t-on ; mais il faut supposer que, dans la situation et<br />

par la nature de son terrain, l’éducation des bêtes à laine était la culture qui lui rapportait le<br />

plus, puisqu’il l’avait préférée ; un changement de culture est donc pour lui une diminution<br />

de revenu : ce qui n’empêche point, au reste, que le manufacturier de draps, et le capitaliste<br />

dont les fonds sont engagés dans son entreprise, ne supportent leur part du même impôt.<br />

Chaque producteur ne supporte une part de l’impôt sur les consommations, qu’en<br />

proportion de la part qu’il prend à la production de la chose imposée. Si le propriétaire<br />

foncier fournit la majeure parte de la valeur du produit, comme lorsque les produits peuvent<br />

être onsommés sans beaucoup de préparation, alors il supporte presque entière cette part de<br />

l’impôt qui tombe sur les producteurs. Qu’on mette un droit d’entrée aux villes sur les vins,<br />

les cultivateurs de vignobles en souffriront beaucoup. Qu’on metteun droit, même très fort,<br />

sur la vente des dentelles, les cultivateurs qui fournissent le lin s’en apercevront à peine.<br />

Mais, à leur tour, les producteurs, entre les mains de qui cette marchandise acquiert sa<br />

principale valeur, entrepreneurs, ouvriers et marchands, en seront violemment affectés.<br />

Quand la valeur a été donnée partie par des producteurs étrangers, partie par des<br />

producteurs nationaux, ceux-ci supportent presque tout le fardeau de l’impôt. Si l’on impose<br />

chez nous les cotonnades, la demande de ces produits devenant moins forte, les services<br />

productifs de nos fabricants seront moins payés ; ils porteront une part de cet impôt : mais<br />

les services productifs de ceux qui cultivent le coton en Amérique, ne seront pas payés<br />

sensiblement moins, s’il n’y a pas d’autres raisons que celle-là. En effet, cet impôt, qui<br />

altère peut-être la consommation de la France en coton d’un dixième, ne diminuera les<br />

ventes de l’Amérique que d’un centième, en supposant que la France n’entre que pour un<br />

dixième dans le débouché que l’Amérique trouve pour ses cotons.<br />

Un impôt mis sur un objet de consommation, lorsqu’il est de nécessité première, affecte<br />

plus ou moins le prix de presque tousles autres produits, et par conséquent se prend sur les<br />

revenus de tous les autres consommateurs. Un droit d’octroi mis à l’entrée d’une ville sur la<br />

viande, les grains, les combustibles, fait renchérir tous les produits fabriqués dans cette<br />

ville ; mais un droit mis sur le tabac dans la même ville ne fait renchérir aucune autre<br />

denrée. Il affecte les producteurs et les consommateurs de tabac, et nul autre. La raison en<br />

est évidente : le producteur qui consomme des superfluités, est obligé de soutenir la<br />

concurrence de celui qui n’en fait pas d’usage ; tandis que le producteur qui paie un droit<br />

sur ce qui est indispensable, n’a pas de concurrence à redouter, tous les producteurs comme<br />

lui étant forcés de le ayer.<br />

Les contributions directes qu’on fait payer aux producteurs, affectent, à plus forte raison,<br />

les consommateurs de leurs produits ; mais, par les raisons qu’on a vues plus haut, ils ne<br />

peuvent jamais élever le prix de leurs produits assez pour être complètement remboursés du<br />

montant de l’impôt ; car, encore une fois, le renchérissement restreint la demande, et une<br />

demande moins forte réduit le profit de tous les services productifs.

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